Undes avantages de ce type de plantes, c’est qu’on peut facilement les associer avec d’autres fleurs pour crĂ©er des ensembles de plantes en nuances contrastĂ©es. On peut Ă©galement les utiliser pour orner un espace extĂ©rieur. Si vous aimez le jardinage et que vous cultivez Ă©galement des lĂ©gumes, il vous serait utile de savoir que ses plantes s’associent
N°92 - janvier 2021 Les vieux » par Marie Rajablat Marie Rajablat InfirmiĂšre psychiatrique retraitĂ©e, animatrice SOS MĂ©diterranĂ©e Si les seniors » sont perçus comme des personnes actives, insĂ©rĂ©es dans la vie sociale ou Ă©conomique, les personnes
 Lire la suite N°92 - janvier 2021 Georges Y. Federmann, entretiens, Le Serment de Yoram » mĂ©decin des exilĂ©s par Françoise Lagabrielle Il s’agit d’une plaquette totalement strasbourgeoise, publiĂ©e par Origine, coll. ProphĂšte en son pays », 2020. PrĂ©sentĂ© par ses amis, Georges Y. Federmann explique sa pratique de psychiatre 
 Lire la suite N°92 - janvier 2021 HumanitĂ© et soin en gĂ©riatrie fin 2020 par Sophie Moulias Sophie Moulias MĂ©decin gĂ©riatre Depuis mars 2020, avec le confinement, le port du masque, les rapports interhumains ont changĂ©. OĂč en est aujourd’hui l’humanitĂ© dans le soin masquĂ© ? Les rĂ©flexions
 Lire la suite N°91 - octobre 2020 Pratiques des mĂ©thodes somatiques en pĂ©riode de confinement corps pliĂ©s, corps dĂ©pliĂ©s par Nathalie Touaty Nathalie Touaty Praticienne-enseignante certifiĂ©e Feldenkraisℱ depuis 2004. Master Danse UniversitĂ© Paris 8, Techniques du corps et monde du soin » UniversitĂ© Paris 8. Elle travaille Ă  Marseille
 Lire la suite N°90 - juillet 2020 1943 annĂ©e prĂ©paratoire Ă  la mĂ©decine, universitĂ© de Strasbourg-Clermont Ferrand par Françoise Lagabrielle Françoise Lagabrielle, MĂ©decin psychiatre retraitĂ©e, membre du Collectif Aquitaine de rĂ©flexion sur l’éthique biomĂ©dicale. Un mĂ©decin aux cheveux blancs et belle barbe de mĂȘme couleur entre en se
 Lire la suite N°90 - juillet 2020 Chronique d’une journĂ©e extra ordinaire par Caroline Lecollaire Caroline Lecollaire, ErgothĂ©rapeute Ă  La RĂ©union Aujourd’hui, on aurait dĂ» faire, avec certains patients de notre unitĂ© fermĂ©e, une sortie thĂ©rapeutique comme il y en a quelques dimanches par an,
 Lire la suite N°89 - avril 2020 Du tabou Ă  la perte de sens par Anne Perraut Soliveres, LĂ©a Schleck Entretien avec LĂ©a Schleck, MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste. Une jeune mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste partage son sentiment quant Ă  la crise actuelle du systĂšme de soins. Entre le tabou des aspects relationnels du mĂ©tier de
 Lire la suite N°89 - avril 2020 De l’impossible compression du soin par CĂ©drick Moreau CĂ©drick Moreau, MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste. Quand la maladie rĂ©vĂšle la nĂ©cessitĂ© pour une personne de s’éloigner de ce qui la rend malade le travail ou son absence, les attentes de la sociĂ©tĂ© qui la mettent
 Lire la suite N°89 - avril 2020 Art, ville, mĂ©decine une entente prĂ©alable ? par Isabelle FerrĂ© Isabelle FerrĂ©, Art-thĂ©rapeute, artiste, gĂ©ographe-urbaniste. Comment et avec quels moyens dĂ©ployer, au cƓur mĂȘme de l’espace public, des Ă©quipements oĂč se croiseraient mĂ©decins, artistes,
 Lire la suite N°89 - avril 2020 RĂ©flexivitĂ© et formation soignante par Catherine Thomas Catherine Thomas, Anthropologue. L’apport de l’anthropologie dans les formations soignantes apparaĂźt bien souvent insignifiant. Cependant, les Ă©tudiants, en grande partie formĂ©s au travers de
 Lire la suite N°89 - avril 2020 Au nom de la colĂšre par ClĂ©mence Le Joubioux ClĂ©mence Le Joubioux, MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste. Dans un monde empreint de violences et de discriminations, de privilĂšges et d’austĂ©ritĂ©, quelle est la place laissĂ©e Ă  l’utopie et Ă  la solidaritĂ© ? En
 Lire la suite N°89 - avril 2020 Je me souviens par Fabrice Leroy Fabrice Leroy, Psychologue au Centre mĂ©dico psychopĂ©dagogique CMPP La Passerelle Ă  Paris, psychanalyste. Je me souviens. Les couloirs, les blouses blanches, le blues au fond des yeux. Le
 Lire la suite N°88 - janvier 2020 Cherche psychiatre dĂ©sespĂ©rĂ©ment par Jean-Luc De la Rue Jean-Luc De La Rue Éducateur Educ de rue, diplĂŽme d’État d’éducateur spĂ©cialisĂ©, 30 ans d’expĂ©rience, cherche dĂ©sespĂ©rĂ©ment psychiatre pour aide et soutien Ă  son action Ă©ducative ! » Cette petite
 Lire la suite N°88 - janvier 2020 L’IME oĂč je suis accueilli par Thomas Rime Thomas Rime Tolten Psychologue clinicien Ă  l’IME La PinĂšde Jacou 34 Je ne sais pas si je vais faire toute ma vie Ă  l’Institut mĂ©dico-Ă©ducatif IME, je ne sais pas si je suis dĂ©finitivement
 Lire la suite N°88 - janvier 2020 L’Être et le Lieu par FrĂ©dĂ©rique Astruc, Marina Deleuze FrĂ©dĂ©rique Astruc Marina Deleuze Accueillantes permanentes au Lieu de vie Le Pas sage » Si ces enfants-lĂ , dits autistes » ou psychotiques », s’épuisent de ne pas pouvoir exister, c’est avant tout
 Lire la suite N°87 - octobre 2019 Faute de grives
 par Olivier Boitard Olivier Boitard Psychyatre On mange des merles. Vous pouvez chercher dĂ©sespĂ©rĂ©ment un mĂ©decin, vous n’en trouverez pas. Quelques alternatives Comme le recommande le ministĂšre de la SantĂ©,
 Lire la suite N°87 - octobre 2019 Un psychiatre dans le territoire ? par Eric Bogaert Éric Bogaert Psychiatre de secteur retraitĂ© Trouver un psychiatre dans un dispositif de santĂ© organisĂ© sur la base du territoire espace ? Histoire ou science-fiction temps. Pour ça, le secteur
 Lire la suite N°87 - octobre 2019 Saint-Alban sur Limagnole par Isabelle Canil Isabelle Canil Orthophoniste Nous avons Ă©tĂ© trois de Pratiques Ă  nous rendre aux 34e Rencontres de Saint-Alban, les 14 et 15 juin derniers.. Saint-Alban sur Limagnole. En LozĂšre. C’est loin.
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s tout par Lanja Andriantsehenoharinala Lanja Andriantsehenoharinala MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste Cette fois, je dirai tout. Je dirai que j’entends bien les Ă©preuves par lesquelles elle est passĂ©e, mais qu’elle n’est pas obligĂ©e de mentir, ici.
 Lire la suite N°86 - juillet 2019 Entre vĂ©ritĂ© et mensonge par Eric Bogaert Éric Bogaert Psychiatre de secteur retraitĂ© Dans la relation patient-soignant, oĂč situer vĂ©ritĂ© et mensonge ? La dramaturgie de la rencontre entre un ĂȘtre qui souffre et celui auquel il s’adresse de
 Lire la suite N°86 - juillet 2019 Un jour, je me suis rĂ©veillĂ©e autre par Anne Gil Anne Gil Sans profession Un matin du printemps 1996, j’avais perdu la raison. Je ne m’en suis pas aperçue tout de suite le monde avait changĂ© de couleur et celle de la veille Ă©tait devenue opaque,
 Lire la suite N°86 - juillet 2019 Incertitude quoi de neuf sous le soleil de la modernitĂ© ? par Lanja Andriantsehenoharinala Lanja Andriantsehenoharinala MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste L’incertitude, un point de dĂ©part peut-ĂȘtre utile pour explorer le couple dual vĂ©ritĂ©s-mensonges. Incertitude partout La pratique soignante est une
 Lire la suite N°86 - juillet 2019 Trop de vĂ©ritĂ© par Martine Devries Martine Devries MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste retraitĂ©e DĂ©but septembre, alors que j’étais de retour de vacances prolongĂ©es, contente d’ĂȘtre Ă  nouveau chez moi et de reprendre mes activitĂ©s, soudain, comme un
 Lire la suite N°86 - juillet 2019 Taire ce qui n’est pas entendu – n° 1 par CĂ©lia Sciuto CĂ©lia Sciuto MĂ©decin Femme, 31 ans, auxiliaire de vie J’ai eu un trĂšs trĂšs gros dĂ©saccord avec mon mĂ©decin sur ma dĂ©cision de me faire stĂ©riliser
 Autant ça s’était vachement bien passĂ© avec elle
 Lire la suite N°86 - juillet 2019 Taire ce qui n’est pas entendu – n° 2 par CĂ©lia Sciuto CĂ©lia Sciuto MĂ©decin Homme, 52 ans, ancien gendarme, magasinier cariste, chĂŽmeur Mon mĂ©decin m’avait fait un courrier pour un
 mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste, mais qui fait des consultations d’addictologie
 et je
 Lire la suite N°86 - juillet 2019 VĂ©ritĂ©, vertueuse ou vertigineuse ? par VĂ©ronique Comparin-Ainard, Marie-Laure Tourenq VĂ©ronique Comparin-Ainard Psychologue clinicienne, UnitĂ© de soins palliatifs et Consultation douleur chronique, HĂŽpital Joseph Ducuing, Toulouse Marie-Laure Tourenq Psychologue clinicienne, RĂ©seau
 Lire la suite N°86 - juillet 2019 Ne jamais dire jamais
 par Mathilde Boursier Mathilde Boursier MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste ...ni toujours ! Car la vĂ©ritĂ© » est anagramme de relative » On a affirmĂ© Ă  celui-ci qu’il devrait se piquer quatre fois par jour, si ce n’est plus, pour toujours, et
 Lire la suite N°86 - juillet 2019 Je dis stop par SĂ©raphin CollĂ© SĂ©raphin CollĂ© MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste Écrire sur sa pratique implique d’utiliser le je. Mais ce jeu ne pourrait pas se faire sans le tu. Alors comment faire, si tu es absent, pour t’expliquer sans
 Lire la suite N°86 - juillet 2019 Carabistouille ? par Sylvie Cognard Sylvie Cognard MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste retraitĂ©e Vendredi soir 20 heures. Le docteur Bertrand ramasse ses affaires pour rentrer chez lui. C’est Ă  ce moment que Julie, quinze ans, arrive pour quelque
 Lire la suite N°86 - juillet 2019 Le soin avec toutes autres choses par Marie Haloux Marie Haloux RĂ©cits d’ateliers d’écriture avec des participants volontaires, des adultes et des adolescents, curieux de dĂ©couvrir, d’explorer cette approche. Ces ateliers se sont dĂ©roulĂ©s au sein
 Lire la suite N°86 - juillet 2019 Mensonge et vĂ©ritĂ©, contrepoint par Martine Devries Martine Devries MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste retraitĂ©e Trop de vĂ©ritĂ©, me fait dire l’épisode prĂ©cĂ©dent, surtout quand la vĂ©ritĂ© est une erreur
 Mais dans l’histoire suivante, pas d’erreur, et pas de vĂ©rité  Pour
 Lire la suite N°86 - juillet 2019 Le coĂ»t de la panne par Axelle Moret-Soer Axelle Moret-Soer Interne en mĂ©decine gĂ©nĂ©rale La vie d’interne de mĂ©decine gĂ©nĂ©rale comporte, comme toute expĂ©rience, son lot de premiĂšres fois. Les premiĂšres douleurs de tel ou tel type, le premier
 Lire la suite N°85 - avril 2019 Demain il y a Ă©cole
 par Victor Victor Professeur des Ă©coles On dit trop souvent qu’à l’école on doit apprendre Ă  lire, Ă©crire, compter. Mais, ce qu’on omet souvent, c’est qu’à l’école on chante aussi des chansons, on participe Ă  des
 Lire la suite N°85 - avril 2019 Prendre soin au temps des algorithmes par Marie-JosĂ© Del Volgo, Roland Gori Roland Gori Psychanalyste, Professeur honoraire de psychopathologie clinique Aix Marseille – La nuditĂ© du pouvoir. Comprendre le moment Macron, Les liens qui libĂšrent, 2018 et Marie-JosĂ© del
 Lire la suite N°85 - avril 2019 Comme elle vient par Sylvie Cognard, Georges Yoram Federmann Entretien avec Georges Federmann Psychiatre Le film Comme elle vient est le deuxiĂšme volet d’un travail rĂ©alisĂ© par Swen de Pauw, le premier Ă©tant Le divan du monde. Ce mouvement documentaire repose
 Lire la suite N°85 - avril 2019 Un lieu formidable par Brigitte Brunel Brigitte Brunel Orthophoniste Au dĂ©part, on les a baptisĂ©s Maison bleue, verte, ouverte, petite
 ou Jardin. Ces noms sont Ă©vocateurs d’enfance, d’abris, de chanson, de rencontres sur un banc au
 Lire la suite N°85 - avril 2019 Des orthophonistes aux Ateliers suite par Sandrine Lombard Pour le premier article, voir Pratiques n° 83 Faire autrement pour se soigner. », page 91 Des orthophonistes aux Ateliers » par Isabelle Canil. Sandrine Lombard Orthophoniste Les Ateliers Claude
 Lire la suite N°84 - janvier 2019 Ne confondons pas logopĂšdes et lagopĂšdes par Brigitte Cappe Brigitte Cappe Orthophoniste en pĂ©dopsychiatrie Quand les orthophonistes rĂ©sistent Ă  l’air du temps. L’étymologie nous Ă©claire sur deux modes de reprĂ©sentation de notre mĂ©tier d’orthophonistes alors
 Lire la suite N°84 - janvier 2019 La mĂ©taphore du champ de maĂŻs par Manolis Kosadinos, Brian Stork Dr Brian Stork Traduction de l’anglais en français Emmanuel Kosadinos PremiĂšre publication en anglais le 4 octobre 2015 sur le site La marchandisation
 Lire la suite N°83 - octobre 2018 Une traversĂ©e par Marie-Annick LalĂšs Marie-Annick LalĂšs MĂ©decin acupuncteur C’est en dehors des murs de l’hĂŽpital et de la facultĂ© que j’ai ouvert mon cƓur et mon esprit et gagnĂ© ma libertĂ© d’ĂȘtre dans ma pratique de mĂ©decin. Bonjour
 Lire la suite N°83 - octobre 2018 Les croque-monsieur par VĂ©ronique Philippe VĂ©ronique Philippe Orthophoniste Parfois les petits plats peuvent aider Ă  trouver les bons mots. A la salle Ă  manger, la table est joliment dressĂ©e. Sur la longue table en bois, une nappe rose
 Lire la suite N°83 - octobre 2018 Les maladies changent et nous aussi
 par Anssoufouddine Mohamed Anssoufouddine Mohamed Cardiologue L’augmentation des maladies non-transmissibles et le flĂ©chissement de la charge due aux maladies infectieuses dans les pays du Nord ont, avec un recul de
 Lire la suite N°83 - octobre 2018 Du point de vue de l’accueil par Elodie Garcin Élodie Garcin Accueillante dans une maison mĂ©dicale bruxelloise La premiĂšre personne avec qui le patient entre en contact, c’est la personne Ă  l’accueil. Comment sa prĂ©sence et sa posture
 Lire la suite N°83 - octobre 2018 MĂ©diter pour soigner par Marina Dasse-Hartaut, Jean-Marc Grynblat Jean-Marc Grynblat MĂ©decin gĂ©riatre et Marina Dasse-Hartaut Neuropsychologue Tout commence il y a quinze ans par une recherche de mieux-ĂȘtre, aprĂšs plusieurs Ă©pisodes de burn-out finalement
 Lire la suite N°83 - octobre 2018 A la recherche de l’impossible par Philippe Garcia Philippe Garcia MĂ©decin des HĂŽpitaux, psychothĂ©rapeute, pĂ©dopsychiatre. Dialogue avec mon ami. Au sujet de l’accueil dans un service des urgences. Aujourd’hui, l’accueil comme modĂšle des
 Lire la suite N°83 - octobre 2018 Un sĂ©jour en hĂŽpital difficile Ă  vivre par Bruno Lombard Bruno Lombard Directeur administratif et financier, Le Monde diplomatique Soigner ne consiste pas Ă  seulement traiter la maladie
 Ce tĂ©moignage montre combien le patient comme sa famille a besoin
 Lire la suite N°83 - octobre 2018 Rechercher le rĂ©flexe de Moro ? par Jean-Pierre Lellouche Jean-Pierre Lellouche PĂ©diatre Il y a un danger Ă  considĂ©rer le bĂ©bĂ©, dĂšs la naissance, comme une machine que l’on croit pouvoir explorer par des procĂ©dĂ©s techniques dont on n’a Ă©valuĂ© ni l’efficacitĂ© ni
 Lire la suite N°82 - juillet 2018 Un explorateur de la mĂ©decine par Marc Jamoulle Marc Jamoulle MĂ©decin de famille Auteur de Éthique d’un mĂ©decin de famille, 2017 Ă  commander sur le site Le livre en papier Marc Jamoulle est installĂ© depuis plus de quarante ans en maison mĂ©dicale
 Lire la suite N°82 - juillet 2018 Rire Ă  la consultation par Didier MĂ©nard Didier MĂ©nard MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste Le rire permet de faciliter la communication pour Ă©tablir la confiance si nĂ©cessaire quand on soigne des populations prĂ©caires et vulnĂ©rables, dont l’origine
 Lire la suite N°82 - juillet 2018 Le rire fou par Olivier Boitard Olivier Boitard Psychiatre, de Clermont de l’Oise Les histoires drĂŽles » de fous nous renseignent sur la reprĂ©sentation populaire du ou des fous, mais aussi peuvent Ă©clairer la clinique. Le
 Lire la suite N°82 - juillet 2018 Le pas de cĂŽtĂ© par Guillaume Getz Guillaume Getz MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste Quand la consultation dĂ©borde ou Ă©chappe, le rire et l’humour permettent le dĂ©calage, le changement de point de vue. Ils relient deux ĂȘtres humains. M. D, 65 ans,
 Lire la suite N°82 - juillet 2018 Un chihuahua avec une perruque verte par Sylvie Cognard Sylvie Cognard MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste retraitĂ©e Une consultation rĂ©ussie, ça commence en pleurant et ça finit en riant. La tutrice de l’Union dĂ©partementale des associations familiales UDAF,
 Lire la suite N°82 - juillet 2018 Un accueil bienveillant par Brigitte Tregouet Brigitte TregouĂ«t MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste Presqu’aucune consultation ne se passe sans un sourire, un petit mot, une blague et parfois survient un improbable fou rire. C’est une maniĂšre d’accueillir qui
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 Lire la suite N°81 - avril 2018 Le patient souffre comme il le dit par Georges Yoram Federmann Georges Federmann Psychiatre Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours fait confiance Ă  mes patients, d’autant plus que j’avais saisi chez certains de mes maĂźtres-enseignants une dĂ©fiance
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 Lire la suite N°81 - avril 2018 MĂ©decinD’HommesViolents par Nelly N Guyen Nelly N Guyen MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste S’il est Ă©videmment prioritaire de s’occuper des victimes de violences, la prise en compte de l’agresseur est Ă©galement nĂ©cessaire, l’homme violent est aussi un sujet
 Lire la suite N°81 - avril 2018 Ce lieu oĂč l’on ne veut pas ĂȘtre par Mathilde P. Mathilde P. Animatrice Je travaille en maison de retraite, dans une grande ville de France. Il y a trois ans, cet Ă©tablissement a voulu se doter d’une unitĂ© d’accueil spĂ©cialisĂ©e dans les troubles de
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 par Fabienne Gooset Fabienne Gooset PhD/Docteur en Langues, Lettres et Traductologie ThĂšse Les mots littĂ©raires au secours des maux cliniques. Une analyse ricƓurienne de la souffrance au sein de rĂ©cits contemporains »  Lire la suite N°81 - avril 2018 Le chant des cors par Annie-Maria Madeleine Annie Maria Madeleine InfirmiĂšre de secteur psychiatrique Ils ne sont pas lĂ  pour leurs cors aux pieds ! » et pourtant
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 Lire la suite N°80 - janvier 2018 Ces filles » par IrĂšne MĂ©riaux IrĂšne MĂ©riaux GynĂ©cologue Quand j’ai commencĂ© mon travail de mĂ©decin au sein d’une association de soutien aux prostituĂ©es marseillaises Autres regards, je n’avais encore rien lu sur ce thĂšme qui fait
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 Lire la suite N°80 - janvier 2018 Bernard se dope au plasma par SĂ©raphin CollĂ© SĂ©raphin CollĂ© MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste Une technique d’infiltration articulaire à base de concentré autologue. de sang s’est développée ces dix dernières années, le PRP plasma riche en plaquettes.
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 par Isabelle NĂšgre Isabelle NĂšgre MĂ©decin anesthĂ©siste, coresponsable du diplĂŽme universitaire sur le stress soignant Ă  BicĂȘtre Chaque expĂ©rience Ă  son histoire, et celle du diplĂŽme universitaire DU Stress en
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 Lire la suite N°78 - juillet 2017 Le premier des mĂ©dicaments essentiels par Michel Thomas Michel Thomas Professeur honoraire de mĂ©decine interne, facultĂ© de mĂ©decine de Bobigny Les techniques n’ont jamais Ă©tĂ© aussi dĂ©veloppĂ©es. Les connaissances sont, via Internet, facilement accessibles aux
 Lire la suite N°78 - juillet 2017 Bricoler du soin par Jacques De Turenne Jacques de Turenne Infirmier, psychologue Bricoler du soin, c’est relancer soignants et soignĂ©s dans un travail de construction identitaire Ă  travers le repĂ©rage des traces et effets de leur
 Lire la suite N°78 - juillet 2017 Prenez soin de vos petites mains
 ! par Annie-Maria Madeleine Annie-Maria Madeleine infirmiĂšre psychiatrique InfirmiĂšre de secteur psychiatrique, j’éprouve un sentiment d’urgence Ă  tĂ©moigner de la difficultĂ© grandissante pour nous, les petites mains », de
 Lire la suite N°78 - juillet 2017 RĂ©sistance par Marc Jamoulle Marc Jamoulle MĂ©decin de famille Le texte repris ci-dessous sert de prologue Ă  un livre de l’auteur Ă  paraĂźtre dĂ©nommĂ© Éthique d’un mĂ©decin de famille. La mĂ©decine de famille est une discipline
 Lire la suite N°77 - avril 2017 Les rĂ©fugiĂ©s face au refus de refuge par AurĂ©lie Ruby AurĂ©lie Ruby Metteuse en scĂšne et comĂ©dienne Quand le traitement rĂ©servĂ© aux rĂ©fugiĂ©s ajoute du traumatisme au traumatisme de l’exil. Comme James Bond Haitham vient de raconter comment il a Ă©tĂ© blessé  Lire la suite N°77 - avril 2017 Saisir le patient Ă  la gorge par Yacine Lamarche-Vadel Yacine Lamarche-Vadel Médecin aux urgences, Fontainebleau Jeune Ă©tudiant en mĂ©decine, j’étais attentif et touchĂ© jusqu’au bouleversement par les patients en train de s’extraire des pires moments de
 Lire la suite N°77 - avril 2017 MĂ©decine du travail tout le contraire par Marie-Claude Bruder Marie-Claude Bruder MĂ©decin du travail En pensant que le dĂ©cret de modernisation de la mĂ©decine du travail – appliquĂ© depuis le 1er janvier 2017 – est le contraire de ce qu’il faudrait pour la santĂ© au
 Lire la suite N°77 - avril 2017 Le professionnel antimathĂ©matique » par Monica Montabone Monica Montabone Psychologue, Val d’Aoste, Italie Traduction par l’auteure et Alain Chabert Psychiatre, Aix-les-Bains Deux n’est pas le double de un, mais son contraire, le contraire de la
 Lire la suite N°77 - avril 2017 DerriĂšre les mots par ClĂ©ment Le Glatin ClĂ©ment Le Glatin MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste membre du rĂ©seau d’éducation Maladie Chronique 44 - Asthme » Soumise Ă  nos reprĂ©sentations de l’éducation et de la pĂ©dagogie, l’éducation thĂ©rapeutique du patient
 Lire la suite N°77 - avril 2017 IVG des restructurations problĂ©matiques par Yves Demettre Yves Demettre MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste Les restructurations hospitaliĂšres perturbent l’accompagnement et le soutien des femmes dans les centres d’orthogĂ©nie et entraĂźnent une surcharge de travail pour les
 Lire la suite N°77 - avril 2017 Le dĂ©sir au travail par Michel Djedid, Michel Paszt Michel Djedid Coordinateur socioprofessionnel et MichaĂ«l Paszt Psychologue Comment l’accompagnement d’un projet professionnel par une Ă©quipe attentive et respectueuse peut se transformer en tout
 Lire la suite N°77 - avril 2017 Chosifier l’homme, rĂ©ifier la relation par Lionel Leroi-Cagniart Lionel Leroi Cagniart Psychologue du travail Le patient Ă  l’hĂŽpital peut se sentir tout petit. Il peut aussi lui sembler parfois qu’on trahit sa confiance en la science et dans la relation humaine
 Lire la suite N°76 - janvier 2017 Canguilhem et la surmĂ©dicalisation par Marc Uzan Marc Uzan MĂ©decin hospitalier Interniste, actuellement remplaçant en mĂ©decine gĂ©nĂ©rale Le philosophe et mĂ©decin Georges Canguilhem a consacrĂ© une grande partie de sa vie Ă  rĂ©flĂ©chir et Ă  Ă©crire sur la
 Lire la suite N°76 - janvier 2017 Accompagner plutĂŽt que manager par Anne Perraut Soliveres Anne Perraut Soliveres Cadre supĂ©rieur infirmier, praticien-chercheure Ces quelques situations montrent que les difficultĂ©s passagĂšres ou permanentes des personnes doivent ĂȘtre prises en compte dans
 Lire la suite N°76 - janvier 2017 BouĂ©es de sauvetage par Yves Demettre Yves Demettre MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste Faut-il persĂ©vĂ©rer au travail quand la santĂ© ne va plus ? Certaines observations mettent en lumiĂšre des solutions possibles pour ne pas ajouter de la souffrance Ă  la
 Lire la suite N°76 - janvier 2017 Renouer avec le plaisir du travail par Anne Perraut Soliveres Anne Perraut Soliveres Cadre supĂ©rieur infirmier, praticien-chercheure Les infirmiĂšres ont coutume de se plaindre de tout ce qui les opprime, mais ont du mal Ă  voir en quoi leur propre inertie,
 Lire la suite 15 dĂ©cembre 2016 Formation Repenser nos postures de soignants et soignĂ©s », du 12 au 16 dĂ©cembre 2016 par Pratiques. Les cahiers de la mĂ©decine utopique A vos agendas pour noter les dates du 12 au 16 dĂ©cembre, dans la DrĂŽme ; les retrouvailles pour questionner et repenser nos postures de soignĂ©s et soignants n’attendent que vous !! Jetez un Ɠil ici
 Lire la suite 5 novembre 2016 Une ministre sous influence ? par Didier MĂ©nard Notre Ministre de la SantĂ©, est-elle sous influence ? Probablement oui, sous l’influence de l’industrie pharmaceutique et d’un certain nombre d’acteurs qui Ɠuvrent au traitement de la maladie
 Lire la suite N°75 - octobre 2016 Une souffrance illĂ©gitime ? par IrĂšne MĂ©riaux IrĂšne MĂ©riaux GynĂ©cologue Lors d’une fausse couche, il est essentiel de reconnaĂźtre la souffrance liĂ©e Ă  la perte de l’espĂ©rance. Hier, en consultation gynĂ©co, j’ai reçu une patiente d’une trentaine
 Lire la suite N°75 - octobre 2016 Toxic Affair par OĂ»ti S. Oûtí S. Douloureux d’écrire sur cette affaire
 MĂȘme si je ne vois plus ces patientes, l’histoire n’est hĂ©las pas terminĂ©e pour moi
 J’avais dit oui lorsque Christine m’avait demandĂ© de soigner sa mĂšre.
 Lire la suite N°75 - octobre 2016 Un lieu pour le dire par IrĂšne MĂ©riaux Comment, en mĂ©decine, permettre l’expression de la violence subie par les femmes ? N°75 - octobre 2016 Permettre de parler par Gilles Lazimi Gilles Lazimi MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste, MaĂźtre de confĂ©rences, Membre du Haut conseil Ă  l’égalitĂ© entre les femmes et les hommes Permettre de parler des violences subies, de rĂ©vĂ©ler sa souffrance de
 Lire la suite N°75 - octobre 2016 La violence marque en couleurs par Yacine Lamarche-Vadel Yacine Lamarche-Vadel MĂ©decin aux urgences, Fontainebleau. La mortalitĂ© des violences familiales est Ă©norme. En France, deux enfants par jour, une femme tous les deux jours, un homme tous les
 Lire la suite N°74 - juillet 2016 Vivre aprĂšs un cancer favoriser le soin de soi par Jean-Pierre Lellouche PrĂ©sentĂ© par Jean-Pierre Lellouche PĂ©diatre Vivre aprĂšs un cancer favoriser le soin de soi, Jean Christophe Mino, CĂ©line LefĂšve, Dunod, 2016. Comment vit-on aprĂšs un cancer et, plus
 Lire la suite N°74 - juillet 2016 Un besoin commun de reconnaissance par Pierrette Lavy Pierrette Lavy, infirmiĂšre de secteur psychiatrique au CHS de la Savoie Bassens ChambĂ©ry 73 Le tissage d’un lien avec le migrant est un risque Ă  prendre le lien d’une part peut nourrir, d’autre
 Lire la suite N°74 - juillet 2016 La ferme ou je t’enferme ! par Fred et Olivia d'Humapsy Entretien avec Olivia et Fred d’HumaPsy Propos recueillis par Françoise Acker et Anne Perraut Soliveres Quand des patients psy se mobilisent pour ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des humains comme les
 Lire la suite N°73 - avril 2016 C’est vous qui voyez, Docteur
* par Jean-Pierre Lellouche PrĂ©sentĂ© par Jean-Pierre Lellouche PĂ©diatre La quatriĂšme de couverture nous apprend que l’auteur a Ă©crit un roman sur Schubert Le voyage inachevĂ©. Son livre plein de rĂ©fĂ©rences musicales est un
 Lire la suite N°73 - avril 2016 Fins de vie ? par Christian Bonnaud Écrire aujourd’hui en tant que soignant sur la fin de vie, c’est Ă©crire sur l’équilibre entre l’espace du soin et la demande du patient. C’est de lĂ  que va partir ma
 Lire la suite N°73 - avril 2016 Le rhumato m’a dit par Isabelle Canil Quand le rhumato me va, tout va
 N°73 - avril 2016 Subjectobjectivement par Alain Chabert Enoncer un diagnostic rĂ©duit le champ des possibles ». N°73 - avril 2016 Regards sur la loi handicap par Philippe Oglobeff La loi de 2005 a dĂ©fini son objet – qu’est-ce qu’un handicap » ? – Ă  partir de choix comme celui de l’égalitĂ© donnant accĂšs Ă  la pleine citoyennetĂ© pour tous. Elle a cependant du mal Ă  apprĂ©hender la
 Lire la suite N°73 - avril 2016 Laisser sa vie au vestiaire par Anne Perraut Soliveres Ce n’est pas la distinction parfois indĂ©cidable entre subjectivitĂ© et objectivitĂ© qui importe, mais plutĂŽt la domination manifeste de l’objectivisme dans la conception de la mĂ©decine qui l’amĂšne à
 Lire la suite N°72 - janvier 2016 De quoi Hippocrate* est-il le nom ? par CĂ©line LefĂšve CĂ©line LefĂšve MaĂźtre de confĂ©rences en philosophie, directrice du Centre Georges Canguilhem, UniversitĂ© Paris Diderot. Responsable du programme inter-disciplinaire Sorbonne Paris CitĂ© La Personne en
 Lire la suite N°72 - janvier 2016 Ma boussole par Didier MĂ©nard Didier Ménard Médecin généraliste Cultiver l’utopie qui nous permet de revendiquer l’impossible dans notre pratique au quotidien
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 Lire la suite N°72 - janvier 2016 Le caducĂ©e est-il caduc ? par Alain Guy Alain Guy Psychanalyste, UniversitĂ© Paris 8 La mĂ©decine est-elle encore un art de soigner, un savoir dire, une science qui place l’homme, le sujet qui gĂźt dans l’humain, au cƓur des soins ? Et
 Lire la suite N°72 - janvier 2016 Du pain pour tenir la route par Lanja Andriantsehenoharinala Lanja Andriantsehenoharinala MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste Rencontres sur le chemin de l’utopie. Hier, si on m’avait dit que je serai pratiquement installĂ©e en mĂ©decine gĂ©nĂ©rale en libĂ©ral et payĂ©e Ă  l’acte,
 Lire la suite N°71 - octobre 2015 Lisa par Mathilde Boursier Mathilde Boursier MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste Lisa, 16 ans vient consulter au cabinet oĂč je remplace, accompagnĂ©e de sa maman. À peine entrĂ©e, cette derniĂšre me dit Ça va ĂȘtre rapide, c’est pour son
 Lire la suite N°71 - octobre 2015 Conseils Ă  une voyageuse par SĂ©raphin CollĂ© SĂ©raphin CollĂ© MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste La vaccination du voyageur demande subtilitĂ© et finesse. Tout repose sur le dialogue. Voici une conversation tĂ©lĂ©phonique qui l’illustre Ă  merveille. Je suis Ă  mon
 Lire la suite N°71 - octobre 2015 Le guide du vaccineur est arrivĂ© ! par SĂ©raphin CollĂ© SĂ©raphin CollĂ© MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste, MaĂźtre de stage universitaire Les recommandations vaccinales arrivent maintenant chaque annĂ©e, Ă©mises par le ComitĂ© technique des vaccinations. Elles font Ă©voquer à
 Lire la suite N°71 - octobre 2015 Un vaccin anti-volcans par Sylvie Cognard Sylvie Cognard MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste. Un vaccin contre l’herpĂšs ? Pas vraiment concluant
 Qui a dĂ©jĂ  eu des boutons de fiĂšvre sur le visage ? Ces choses qui commencent par une tache rouge terriblement
 Lire la suite N°71 - octobre 2015 Carabistouille par Sylvie Cognard Sylvie Cognard Médecin généraliste enseignante Une consultation pour une vaccination chez un adolescent qui pose des questions peut rĂ©server des surprises et prendre bien plus que cinq minutes

 Lire la suite N°70 - juillet 2015 Ah non ! pas les petits bobos ! par Florence Leroy Florence Leroy Infirmière Dans un collĂšge de quartier sensible, la prĂ©vention, l’éducation Ă  la santĂ© passent par la parole. Une infirmiĂšre raconte ce qu’elle a pu inventer, Ă©paulĂ©e par toute l’équipe
 Lire la suite N°69 - mai 2015 Pratiques c’est pas ma faute ! par Didier MĂ©nard Se mettre dans la peau du malade n’est pas de la bonne mĂ©decine, mais ne pas s’y mettre, c’est participer Ă  la genĂšse de la maladie. N°68 - fĂ©vrier 2015 Savoir = autonomie par Catherine Kapusta-Palmer Depuis ses dĂ©buts, la lutte contre le sida a Ă©tĂ© marquĂ©e par la mobilisation des malades. Changement historique puisque le corps mĂ©dical a dĂ» renĂ©gocier sa place dans la relation avec le
 Lire la suite N°68 - fĂ©vrier 2015 Un chemin vers soi
 par Nicole Sicard Quel rĂŽle peut avoir le mĂ©decin dans l’autonomie et l’autonomisation de la personne qui le consulte ? Comment trouver une attitude juste d’accompagnement entre faire Ă  la place et laisser faire 
 Lire la suite N°68 - fĂ©vrier 2015 Les conditions de l’autonomie par Philippe RĂ©fabert Un psychanalyste Ă©voque Ă  quelles conditions un parent peut laisser le petit enfant dĂ©velopper son autonomie. Et comment cela peut se transposer dans la relation
 Lire la suite N°68 - fĂ©vrier 2015 Le Club et l’institution de l’autonomie par Catherine De Luca Bernier La participation active de tous au Club dans la clinique de La Borde une possibilitĂ© d’émancipation et d’autonomie pour chacun. N°68 - fĂ©vrier 2015 L’éducation thĂ©rapeutique un Ă©change par Didier MĂ©nard L’éducation thĂ©rapeutique du patient une injonction Ă  l’autonomie ou une formidable rencontre des savoirs ? N°68 - fĂ©vrier 2015 L’autonomie concrĂšte pour les IMC par Philippe Oglobeff Quand on vit une situation de handicap spĂ©cifique, comme celle des IMC, par oĂč concrĂštement passent les enjeux de l’autonomie ? Le prĂ©sident de l’association CitoyennetĂ© IMC rĂ©pond par des exemples
 Lire la suite 22 janvier 2015 Fromage et dessert par Elisabeth Maurel-Arrighi Avoir le droit au fromage et au dessert, c’est une expression que j’emploie souvent pour dire que le menu de la vie peut ĂȘtre plus gĂ©nĂ©reux que l’on en croit. Oui, on a le droit de ne pas se laisser
 Lire la suite 30 novembre 2014 DĂ©contractez-vous
 par Martine Lalande L’examen gynĂ©cologique est une Ă©preuve particuliĂšre, et la plupart des femmes ne l’apprĂ©cient pas. Mais il faut bien le faire, n’est-ce pas, et l’apprendre aux Ă©tudiants qui, mĂȘme s’ils l’ont expĂ©rimenté  Lire la suite 28 novembre 2014 Nous deux par Elisabeth Maurel-Arrighi Un jour, pour un patient qui n’allait pas bien, qui avait eu un parcours de vie marquĂ© par la solitude et que je voulais revoir, il m’est venu l’expression On se revoit quand, nous deux ?, en
 Lire la suite 17 novembre 2014 Le bout du nez, les lĂšvres et le partage du savoir par Elisabeth Maurel-Arrighi Avant d’ĂȘtre publiĂ© dans le prochain Pratiques n° 68, cet article a Ă©tĂ© lu par le ComitĂ© de RĂ©daction dont certains membres ont fait des commentaires. Il y a quelque chose que j’aime bien faire et
 Lire la suite N°67 - octobre 2014 Transmettre la force de l’écoute par Louis Velluet Entretien avec Louis Velluet Propos recueillis par Sylvie Cognard Louis Velluet a ƓuvrĂ© sur le terrain et au niveau institutionnel pour que la mĂ©decine gĂ©nĂ©rale, qui intĂšgre la connaissance du
 Lire la suite N°67 - octobre 2014 Boniments, enfermements par Anne Paulaire Pamphlet poĂ©tique, souvenirs de la maison des fous d’une artiste peintre, ayant autrefois beaucoup frĂ©quentĂ© la psychiatrie. N°67 - octobre 2014 Dialogue par Sylvie Cognard, Christophe Esnault Christophe et moi, nous nous sommes rencontrĂ©s lors d’une soirĂ©e oĂč il prĂ©sentait son spectacle avec son coĂ©quipier » du groupe Le Manque, des textes, dĂ©calĂ©s, osĂ©s, rĂ©voltĂ©s, vivants. Nous avons Ă©changé  Lire la suite N°67 - octobre 2014 Psychose, vous avez dit psychose ? par Isabelle Canil OĂč commence la folie ? Qu’est-ce que la psychose ? Comment la contenir ? N°67 - octobre 2014 La folie ordinaire en mĂ©decine par Marion Thierry-Mieg Dans les cabinets de mĂ©decine gĂ©nĂ©rale se rencontrent toutes sortes de folies psychiatrie, addictions, maltraitance, travail qui devient une souffrance
 Tout ce qui est la folie ordinaire » du
 Lire la suite N°67 - octobre 2014 Trouver des oasis - Des oasis ? par Isabelle Martin, Elisabeth Maurel-Arrighi Dans le paysage dĂ©sertique qu’est la psychiatrie, trouver pour les patients en grande crise un lieu de refuge , humain et accueillant est un art difficile . Des gĂ©nĂ©ralistes Ă©voquent leur quĂȘte des
 Lire la suite N°67 - octobre 2014 Contrainte et confiance en psychiatrie par Anne-Laure Donskoy Confiance et contrainte en psychiatrie sont un sujet Ă©pineux au cƓur du dĂ©bat juridique et Ă©thique contemporain. Qu’en est-il de la perspective des patients peuvent-ils ou doivent-ils faire confiance
 Lire la suite N°67 - octobre 2014 Le refus et la rĂ©cusation des soins par Jean-Pierre Martin Le refus et la rĂ©cusation des soins appellent une Ă©coute des soignants, la recherche d’un soin acceptable pour le patient. N°67 - octobre 2014 La violence de la riviĂšre par Jean-Louis Gross Un gĂ©nĂ©raliste tĂ©moigne. En prenant acte de la souffrance du patient en crise psychiatrique, en osant y voir une rĂ©volte contre une violence sous-jacente, il est parfois humainement amenĂ© à
 Lire la suite N°67 - octobre 2014 Ma petite... par Annie Trebern Ces dĂ©ments frontaux », si on se prend Ă  les Ă©couter, animent nos maisons de retraite de violence parfois, mais aussi de beaucoup d’humanitĂ© et de poĂ©sie. N°67 - octobre 2014 MĂ©decin de famille dans le premier monde par Marc Jamoulle Un mĂ©decin de famille, installĂ© dans une banlieue d’une ville post industrielle de Belgique, nous fait part de sa solitude et de son dĂ©sarroi devant les problĂšmes de santĂ© mentale qu’il affronte au
 Lire la suite N°67 - octobre 2014 Un diagnostic en suspens par Elisabeth Maurel-Arrighi Le cadre de la mĂ©decine gĂ©nĂ©rale peut offrir Ă  l’énigme de la psychose un espace de rencontre, et des formulations qui aident Ă  dĂ©passer les Ă©tiquettes psychiatriques. Le ressenti de chacun devient une
 Lire la suite N°67 - octobre 2014 Ma formation par Adeline LefĂšbvre Le tĂ©moignage d’une interne de premiĂšre annĂ©e en psychiatrie Critiquer, penser, ruer dans les brancards
 Quelles possibilitĂ©s ? 2 novembre 2014 Meeting du collectif des 39, samedi 1er novembre 2014 Ă  Montreuil FĂ©dĂ©rons nos rĂȘves pour rĂ©sister Ă  l’occupation de nos libertĂ©s de conscience par Pratiques. Les cahiers de la mĂ©decine utopique PROCHAIN MEETING DU COLLECTIF DES 39 FĂ©dĂ©rons nos rĂȘves pour rĂ©sister Ă  l’occupation de nos libertĂ©s de conscience. Le SAMEDI 1er NOVEMBRE 2014 La Parole errante Ă  la Maison de l’arbre 9, rue
 Lire la suite 29 octobre 2014 Au contact des mains par CĂ©line Pabois Jour aprĂšs jour, celle qui vient d’ailleurs est reçue chez eux, dans l’intimitĂ© de ces personnes ĂągĂ©es. Elle ouvre la porte. Elle entre dans la chambre. Elle fait la toilette, sans gants
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 par Anne Perraut Soliveres La perspective d’une mort prĂ©maturĂ©e est une question difficile Ă  aborder par les patients, mais aussi par les soignants qui cherchent souvent Ă  Ă©viter cet ultime
 Lire la suite N°66 - juillet 2014 C’est plutĂŽt mal barré  par SĂ©raphin CollĂ©, Brigitte Galaup TĂ©moignage d’un binĂŽme mĂ©decin-infirmiĂšre d’équipe d’appui d’un rĂ©seau de soins palliatifs quand l’affaire est difficile, douloureuse, mal engagĂ©e ou dĂ©licate
 N°66 - juillet 2014 Soutenir dans la durĂ©e par AngĂ©lique David La fin de vie peut ĂȘtre longue. L’auxiliaire de vie s’occupe d’une personne, d’un couple, assure une prĂ©sence jusqu’à son dĂ©part, et au-delĂ . N°66 - juillet 2014 Gravement malade et sa vie devant soi ? par ValĂ©rie Milewski, David Solub Retour sur une dĂ©marche singuliĂšre la biographie hospitaliĂšre. Regards croisĂ©s d’un mĂ©decin et d’une biographe. N°66 - juillet 2014 Monsieur F. vient de mourir par Irma Bonnet, Jean-Marc Grynblat, Delphine Lombard, Jacques Vilar De la difficultĂ© d’accompagner les personnes en fin de vie dans un service de gĂ©riatrie, une rĂ©flexion d’équipe Ă  quatre voix. N°66 - juillet 2014 Les ayatollahs des soins palliatifs par VĂ©ronique Bernard La violence n’est toujours pas lĂ  oĂč l’on croit. Une gĂ©nĂ©raliste dĂ©nonce l’abus de pouvoir qu’elle a pu voir dans certains services de soins palliatifs. N°66 - juillet 2014 Dien Bien Phu par Jean-Luc Landas La mort non annoncĂ©e, mais prĂ©visible, au beau milieu d’un combat entrepris, mais vouĂ© Ă  un Ă©chec certain. Combat oĂč les rĂšgles Ă©crites des conditions d’arrĂȘt des soins ne sont ni respectĂ©es ni
 Lire la suite N°66 - juillet 2014 Tenir la main de Victoire par Bastien Doudaine De quel espace disposent les soignants dans un service d’urgence pour accompagner dĂ©cemment une personne en fin de vie ? N°66 - juillet 2014 Hommage Ă  Jean Oury par Paul Machto Paul Machto nous parle de Jean Oury et de l’importance de son enseignement dans son propre parcours de psychiatre. Jean Oury est mort le 14 mai dernier et nous n’avons pas pu terminer l’entretien
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 Lire la suite N°65 - mai 2014 MĂȘme pas peur... par Anne Perraut Soliveres L’urgence Ă  l’hĂŽpital pour une infirmiĂšre est une rĂ©alitĂ© dont la prise en charge peut ĂȘtre trĂšs diffĂ©rente selon le contexte de sa survenue, l’environnement et l’expĂ©rience. Certains prĂ©fĂšrent s’armer
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 par Isabelle Canil Comment s’élabore Pratiques ? Isabelle Canil avait pris sur le vif un de nos remue mĂ©ninges pour le lancement du numĂ©ro 49 La place du patient »... Le vendredi 5 dĂ©cembre 2009 ; a eu lieu Ă  Toulouse,
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Aristote Traduction de Pascale Nau Livre 1 Chapitre 1 [980a] Tous les hommes ont un désir naturel de savoir, comme le témoigne lñ€ℱardeur avec laquelle on recherche les connaissances qui sñ€ℱacquiÚrent par les sens. On les recherche, en effet, pour elles-mÃÂȘmes et indépendamment de leur utilité, surtout celles que nous devons à la vue ; car ce nñ€ℱest pas seulement dans un but pratique, cñ€ℱest sans vouloir en faire aucun usage, que nous préférons en quelque maniÚre cette sensation à toutes les autres ; cela vient de ce quñ€ℱelle nous fait connaÃtre plus dñ€ℱobjets, et nous découvre plus de différences. La nature a donné aux animaux la faculté de sentir mais chez les uns, la sensation ne produit pas la mémoire, chez les autres, elle la produit ; [980b] et cñ€ℱest pour cela que ces derniers sont plus intelligents et plus capables dñ€ℱapprendre que ceux qui nñ€ℱont pas la faculté de se ressouvenir. Lñ€ℱintelligence toute seule, sans la faculté dñ€ℱapprendre, est le partage de ceux qui ne peuvent entendre les sons, comme les abeilles et les autres animaux de cette espÚce ; la capacité dñ€ℱapprendre est propre à tous ceux qui réunissent à la mémoire le sens de lñ€ℱouïe. Il y a des espÚces qui sont réduites à lñ€ℱimagination et à la mémoire, et qui sont peu capables dñ€ℱexpérience mais la race humaine sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lÚve jusquñ€ℱà lñ€ℱart et jusquñ€ℱau raisonnement. Cñ€ℱest la mémoire qui dans lñ€ℱhomme produit lñ€ℱexpérience ; car plusieurs ressouvenirs dñ€ℱune mÃÂȘme chose constituent une expérience ; aussi lñ€ℱexpérience paraÃt-elle presque semblable à la science et à lñ€ℱart ; [981a] et cñ€ℱest de lñ€ℱexpérience que lñ€ℱart et la science viennent aux hommes ; car, comme le dit Polus, et avec raison, cñ€ℱest lñ€ℱexpérience qui fait lñ€ℱart, et lñ€ℱinexpérience le hasard. Lñ€ℱart commence, lorsque, de plusieurs données empruntées à lñ€ℱexpérience, se forme une seule notion générale, qui sñ€ℱapplique à tous les cas analogues. Savoir que Callias étant attaqué de telle maladie, tel remÚde lui a réussi, ainsi quñ€ℱà Socrate ; et de mÃÂȘme à plusieurs autres pris individuellement, cñ€ℱest de lñ€ℱexpérience ; mais savoir dñ€ℱune maniÚre générale que tous les individus compris dans une mÃÂȘme classe et atteints de telle maladie, de la pituite, par exemple, ou de la bile ou de la fiÚvre, ont été guéris par le mÃÂȘme remÚde, cñ€ℱest de lñ€ℱart. Pour la pratique, lñ€ℱexpérience ne diffÚre pas de lñ€ℱart, et mÃÂȘme les hommes dñ€ℱexpérience atteignent mieux leur but que ceux qui nñ€ℱont que la théorie sans lñ€ℱexpérience ; la raison en est que lñ€ℱexpérience est la connaissance du particulier, lñ€ℱart celle du général, et que tout acte, tout fait tombe sur le particulier ; car ce nñ€ℱest pas lñ€ℱhomme en général que guérit le médecin, mais lñ€ℱhomme particulier, mais Callias ou Socrate, ou tout autre individu semblable, qui se trouve ÃÂȘtre un homme ; si donc quelquñ€ℱun possÚde la théorie sans lñ€ℱexpérience, et connaÃt le général sans connaÃtre le particulier dont il se compose, celui-là se trompera souvent sur le remÚde à employer ; car ce quñ€ℱil sñ€ℱagit de guérir, cñ€ℱest lñ€ℱindividu. Cependant on croit que le savoir appartient plus à lñ€ℱart quñ€ℱà lñ€ℱexpérience, et on tient pour plus sages les hommes dñ€ℱart que les hommes dñ€ℱexpérience ; car la sagesse est toujours en raison du savoir. Et il en est ainsi parce que les premiers connaissent la cause, tandis que les seconds ne la connaissent pas ; les hommes dñ€ℱexpérience en effet, savent bien quñ€ℱune chose est, mais le pourquoi, ils lñ€ℱignorent ; les autres, au contraire, savent le pourquoi et la cause. Aussi on regarde en toute circonstance les architectes comme supérieurs en considération, en savoir et en sagesse aux simples manÅ“uvres, parce quñ€ℱils savent la raison de ce qui se fait, tandis quñ€ℱil en est de ces derniers comme de ces espÚces inanimées qui agissent sans savoir ce quelles font, par exemple, le feu qui brûle sans savoir quñ€ℱil brûle. [981b] Les ÃÂȘtres insensibles suivent lñ€ℱimpulsion de leur nature ; les manÅ“uvres suivent lñ€ℱhabitude ; aussi nñ€ℱest-ce pas par rapport à la pratique quñ€ℱon préfÚre les architectes aux manÅ“uvres, mais par rapport à la théorie, et parce quñ€ℱils ont la connaissance des causes. Enfin, ce qui distingue le savant, cñ€ℱest quñ€ℱil peut enseigner ; et cñ€ℱest pourquoi on pense quñ€ℱil y a plus de savoir dans lñ€ℱart que dans lñ€ℱexpérience ; car lñ€ℱhomme dñ€ℱart peut enseigner, lñ€ℱhomme dñ€ℱexpérience ne le peut pas. En outre, on nñ€ℱattribue la sagesse à aucune des connaissances qui viennent par les sens, quoiquñ€ℱils soient le vrai moyen de connaÃtre les choses particuliÚres ; mais ils ne nous disent le pourquoi de rien ; par exemple, ils ne nous apprennent pas pourquoi le feu est chaud, mais seulement quñ€ℱil est chaud. Dñ€ℱaprÚs cela, il était naturel que le premier qui trouva, au-dessus des connaissances sensibles, communes à tous, un art quelconque, celui-là fut admiré des hommes, non seulement à cause de lñ€ℱutilité de ses découvertes, mais aussi comme un sage supérieur au reste des hommes. Les arts sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tant multipliés, et les uns se rapportant aux nécessités, les autres aux agréments de la vie, les inventeurs de ceux-ci ont toujours été estimés plus sages que les inventeurs de ceux-là , parce que leurs découvertes ne se rapportaient pas à des besoins. Ces deux sortes dñ€ℱarts une fois trouvés, on en découvrit dñ€ℱautres qui nñ€ℱavaient plus pour objet ni le plaisir ni la nécessité, et ce fut dñ€ℱabord dans les pays oÃÂč les hommes avaient du loisir. Ainsi, cñ€ℱest en Égypte que les mathématiques se sont formées ; là , en effet, beaucoup de loisir était laissé à la caste des prÃÂȘtres. Du reste, nous avons dit dans la Morale en quoi diffÚrent lñ€ℱart et la science et les autres degrés de connaissance ; ce que nous voulons établir ici, cñ€ℱest que tout le monde entend par la sagesse à proprement parler la connaissance des premiÚres causes et des principes ; de telle sorte que, comme nous lñ€ℱavons déjà dit, sous le rapport de la sagesse, lñ€ℱexpérience est supérieure à la sensation, lñ€ℱart à lñ€ℱexpérience, lñ€ℱarchitecte au manÅ“uvre et la théorie à la pratique. [982a] Il est clair dñ€ℱaprÚs cela que la sagesse par excellence, la philosophie est la science de certains principes et de certaines causes. Chapitre 2 Puisque telle est la science que nous cherchons, il nous faut examiner de quelles causes et de quels principes sñ€ℱoccupe cette science qui est la philosophie. Cñ€ℱest ce que nous pourrons éclaircir par les diverses maniÚres dont on conçoit généralement le philosophe. On entend dñ€ℱabord par ce mot lñ€ℱhomme qui sait tout, autant que cela est possible, sans savoir les détails. En second lieu, on appelle philosophe celui qui peut connaÃtre les choses difficiles et peu accessibles à la connaissance humaine ; or les connaissances sensibles étant communes à tous et par conséquent faciles, nñ€ℱont rien de philosophique. Ensuite on croit que plus un homme est exact et capable dñ€ℱenseigner les causes, plus il est philosophe en toute science. En outre, la science quñ€ℱon étudie pour elle-mÃÂȘme et dans le seul but de savoir, paraÃt plutÎt la philosophie que celle quñ€ℱon apprend en vue de ses résultats. Enfin, de deux sciences, celle qui domine lñ€ℱautre, est plutÎt la philosophie que celle qui lui est subordonnée ; car le philosophe ne doit pas recevoir des lois, mais en donner ; et il ne doit pas obéir à un autre, mais cñ€ℱest au moins sage à lui obéir. Telle est la nature et le nombre des idées que nous nous formons de la philosophie et du philosophe. De tous ces caractÚres de la philosophie, celui qui consiste à savoir toutes choses, appartient surtout à lñ€ℱhomme qui possÚde le mieux la connaissance du général ; car celui-là sait ce qui en est de tous les sujets particuliers. Et puis les connaissances les plus générales sont peut-ÃÂȘtre les plus difficiles à acquérir ; car elles sont les plus éloignées des sensations. Ensuite, les sciences les plus exactes sont celles qui sñ€ℱoccupent le plus des principes. En effet, celles dont lñ€ℱobjet est plus simple sont plus exactes que celles dont lñ€ℱobjet est plus composé. Lñ€ℱarithmétique, par exemple, est plus exacte que la géométrie. Dñ€ℱailleurs, la science la plus apte à enseigner est celle qui étudie les causes, car enseigner, cñ€ℱest dire les causes de chaque chose. De plus, savoir uniquement pour savoir, appartient surtout à la science de ce quñ€ℱil y a de plus scientifique. En effet, celui qui veut apprendre dans le seul but dñ€ℱapprendre, choisira sur toute autre la science par excellence, cñ€ℱest-à -dire la science de ce quñ€ℱil y a de plus scientifique ; et ce quñ€ℱil y a de plus scientifique, [982b] ce sont les principes et les causes ; car cñ€ℱest à lñ€ℱaide des principes et par eux que nous connaissons les autres choses, et non pas les principes par les sujets particuliers. Enfin, la science souveraine, faite pour dominer toutes les autres, est celle qui connaÃt pourquoi il faut faire chaque chose ; or, ce pourquoi est le bien dans chaque chose, et, en général, cñ€ℱest le bien absolu dans toute la nature. De tout ce que nous venons de dire, il résulte que le mot Philosophie dont nous avons recherché les diverses significations, se rapporte à une seule et mÃÂȘme science. Une telle science sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lÚve aux principes et aux causes ; or, le bien, la raison des choses, est au nombre des causes. Et quñ€ℱelle nñ€ℱa pas un but pratique, cñ€ℱest ce qui est évident par lñ€ℱexemple des premiers qui se sont occupés de philosophie. Ce fut, en effet, lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tonnement dñ€ℱabord comme aujourdñ€ℱhui, qui fit naÃtre parmi les hommes les recherches philosophiques. Entre les phénomÚnes qui les frappaient, leur curiosité se porta dñ€ℱabord sur ce qui était le plus à leur portée ; puis, sñ€ℱavançant ainsi peu à peu, ils en vinrent à se demander compte de plus grands phénomÚnes, comme des divers états de la lune, du soleil, des astres, et enfin de lñ€ℱorigine de lñ€ℱunivers. Or, douter et sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tonner, cñ€ℱest reconnaÃtre son ignorance. Voilà pourquoi on peut dire en quelque maniÚre que lñ€ℱami de la philosophie est aussi celui des mythes ; car la matiÚre du mythe, cñ€ℱest lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tonnant, le merveilleux. Si donc on a philosophé pour échapper à lñ€ℱignorance, il est clair quñ€ℱon a poursuivi la science pour savoir et sans aucun but dñ€ℱutilité. Le fait en fait foi car tout ce qui regarde les besoins, le bien-ÃÂȘtre et la commodité de la vie était déjà trouvé, lorsquñ€ℱon entreprit un tel ordre de recherches. Il est donc évident que nous ne cherchons la philosophie dans aucun intérÃÂȘt étranger ; et comme nous appelons homme libre celui qui sñ€ℱappartient à lui-mÃÂȘme et qui nñ€ℱappartient pas à un autre, de mÃÂȘme la philosophie est de toutes les sciences la seule libre ; car seule elle est à elle-mÃÂȘme son propre but. Aussi, ne serait-ce pas sans quelque raison quñ€ℱon regarderait comme plus quñ€ℱhumaine la possession de cette science ; car la nature de lñ€ℱhomme est esclave à beaucoup dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©gards ; la divinité seule, pour parler comme Simonide, aurait ce privilÚge, et il ne convient pas à lñ€ℱhomme de ne pas se borner à la science qui est à son usage. Si donc les poÚtes disent vrai, et si la nature divine doit ÃÂȘtre envieuse, [983a] cñ€ℱest surtout au sujet de cette prétention, et tous les téméraires qui la partagent, en portent la peine. Mais la divinité ne peut connaÃtre lñ€ℱenvie ; les poÚtes, comme dit le proverbe, sont souvent menteurs, et il nñ€ℱy a pas de science à laquelle il faille attacher plus de prix. Car la plus divine est celle quñ€ℱon doit priser le plus ; or, celle-ci porte seule ce caractÚre à un double titre. En effet, une science qui appartiendrait à Dieu, et qui sñ€ℱoccuperait de choses divines, serait sans contredit une science divine et seule, celle dont nous parlons satisfait à ces deux conditions. Dñ€ℱune part, Dieu est reconnu de tout le monde comme le principe mÃÂȘme des causes ; et de lñ€ℱautre, la science des causes lui appartient exclusivement ou dans un degré supérieur. Ainsi toutes les sciences sont plus nécessaires que la philosophie, mais nulle nñ€ℱest plus excellente. Et rien ne diffÚre plus que la possession de cette science et son début. On commence, ainsi que nous lñ€ℱavons dit, par sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tonner que les choses soient de telle façon ; et comme on sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©merveille en présence des automates, quand on nñ€ℱen connaÃt pas les ressorts, de mÃÂȘme nous nous étonnons des révolutions du soleil et de lñ€ℱincommensurabilité du diamÚtre ; car il semble étonnant à tout le monde quñ€ℱune quantité ne puisse ÃÂȘtre mesurée par une quantité si petite quñ€ℱelle soit. Cñ€ℱest, comme dit le proverbe, par le contraire et par le meilleur quñ€ℱil faut finir, comme il arrive dans le cas que nous venons de citer, lorsquñ€ℱenfin on est parvenu à sñ€ℱen rendre compte car rien nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tonnerait plus un géomÚtre que si le diamÚtre devenait commensurable. Nous venons de déterminer la nature de la science que nous cherchons, le but de cette science et de tout notre travail. Chapitre 3 Il est évident quñ€ℱil faut acquérir la science des causes premiÚres, puisque nous ne pensons savoir une chose que quand nous croyons en connaÃtre la premiÚre cause. Or, on distingue quatre sortes de causes, la premiÚre est lñ€ℱessence et la forme propre de chaque chose ; car il faut pousser la recherche des causes aussi loin quñ€ℱil est possible, et cñ€ℱest la raison derniÚre dñ€ℱune chose qui en est le principe et la cause. La seconde cause est la matiÚre et le sujet ; la troisiÚme le principe du mouvement ; la quatriÚme, enfin, celle qui répond à la précédente, la raison et le bien des choses ; car la fin de tout phénomÚne et de tout mouvement, cñ€ℱest le bien. Ces points de vue ont été suffisamment expliqués dans les livres de physique ; [983b] reprenons cependant les opinions des philosophes qui nous ont précédés dans lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tude des ÃÂȘtres et de la vérité. Il est évident quñ€ℱeux aussi reconnaissent certaines causes et certains principes cette revue peut donc nous ÃÂȘtre utile pour la recherche qui nous occupe. Car il arrivera ou que nous rencontrerons un ordre de causes que nous avions omis, ou que nous prendrons plus de confiance dans la classification que nous venons dñ€ℱexposer. La plupart des premiers philosophes ont cherché dans la matiÚre les principes de toutes choses. Car ce dont toute chose est, dñ€ℱoÃÂč provient toute génération et oÃÂč aboutit toute destruction, lñ€ℱessence restant la mÃÂȘme et ne faisant que changer dñ€ℱaccidents, voilà ce quñ€ℱils appellent lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément et le principe des ÃÂȘtres ; et pour cette raison, ils pensent que rien ne naÃt et que rien ne périt, puisque cette nature premiÚre subsiste toujours. Nous ne disons pas dñ€ℱune maniÚre absolue que Socrate naÃt, lorsquñ€ℱil devient beau ou musicien, ni quñ€ℱil périt lorsquñ€ℱil perd ces maniÚres dñ€ℱÃÂȘtre, attendu que le mÃÂȘme Socrate, sujet de ces changements, nñ€ℱen demeure pas moins ; il en est de mÃÂȘme pour toutes les autres choses ; car il doit y avoir une certaine nature, unique ou multiple, dñ€ℱoÃÂč viennent toutes choses, celle-là subsistant la mÃÂȘme. Quant au nombre et à lñ€ℱespÚce de ces déments, on ne sñ€ℱaccorde pas. ThalÚs, le fondateur de cette maniÚre de philosopher, prend lñ€ℱeau pour principe, et voilà pourquoi il a prétendu que la terre reposait sur lñ€ℱeau, amené probablement à cette opinion parce quñ€ℱil avait observé que lñ€ℱhumide est lñ€ℱaliment de tous les ÃÂȘtres, et que la chaleur elle-mÃÂȘme vient de lñ€ℱhumide et en vit ; or, ce dont viennent les choses est leur principe. Cñ€ℱest de là quñ€ℱil tira sa doctrine, et aussi de ce que les germes de toutes choses sont de leur nature humides, et que lñ€ℱeau est le principe des choses humides. Plusieurs pensent que dÚs la plus haute antiquité, bien avant notre époque, les premiers théologiens ont eu la mÃÂȘme opinion sur la nature car ils avaient fait lñ€ℱOcéan et Téthys auteurs de tous les phénomÚnes de ce monde, et ils montrent les Dieux jurant par lñ€ℱeau que les poÚtes appellent le Styx. [984a] En effet, ce quñ€ℱil y a de plus ancien est ce quñ€ℱil y a de plus saint ; et ce quñ€ℱil y a de plus saint, cñ€ℱest le serment. Y a-t-il réellement un systÚme physique dans cette vieille et antique opinion ? Cñ€ℱest ce dont on pourrait douter. Mais pour ThalÚs on dit que telle fut sa doctrine. Quant à Hippon, sa pensée nñ€ℱest pas assez profonde pour quñ€ℱon puisse le placer parmi ces philosophes. AnaximÚne et DiogÚne prétendaient que lñ€ℱair est antérieur à lñ€ℱeau, et quñ€ℱil est le principe des corps simples ; ce principe est le feu, selon Hippase de Métaponte et Héraclite dñ€ℱÉphÚse. Empédocle reconnut quatre éléments, ajoutant la terre à ceux que nous avons nommés ; selon lui, ces éléments subsistent toujours et ne deviennent pas, mais le seul changement quñ€ℱils subissent est celui de lñ€ℱaugmentation ou de la diminution, lorsquñ€ℱils sñ€ℱagrÚgent ou se séparent. Anaxagore de ClazomÚnes, qui naquit avant ce dernier, mais qui écrivit aprÚs lui, suppose quñ€ℱil y a une infinité de principes il prétend que toutes les choses formées de parties semblables comme le feu et lñ€ℱeau, ne naissent et ne périssent quñ€ℱen ce sens que leurs parties se réunissent ou se séparent, mais que du reste rien ne naÃt ni ne périt, et que tout subsiste éternellement. De tout cela on pourrait conclure que jusquñ€ℱalors on nñ€ℱavait considéré les choses que sous le point de vue de la matiÚre. Quand on en fut là , la chose elle-mÃÂȘme força dñ€ℱavancer encore, et imposa de nouvelles recherches. Si tout ce qui naÃt doit périr et vient dñ€ℱun principe unique ou multiple, pourquoi en est-il ainsi et quelle en est la cause ? Car ce nñ€ℱest pas le sujet qui peut se changer lui-mÃÂȘme ; lñ€ℱairain, par exemple, et le bois ne se changent pas eux-mÃÂȘmes, et ne se font pas lñ€ℱun statue, lñ€ℱautre lit, mais il y a quelque autre cause à ce changement. Or, chercher cette cause, cñ€ℱest chercher un autre principe, le principe du mouvement, comme nous disions. Ceux des anciens qui dans lñ€ℱorigine touchÚrent ce sujet, et qui avaient pour systÚme lñ€ℱunité de substance, ne se tourmentÚrent pas de cette difficulté ; mais quelques-uns de ces partisans de lñ€ℱunité, inférieurs en quelque sorte à cette question, disent que lñ€ℱunité et tout ce qui est, réel nñ€ℱadmet pas de mouvement, ni pour la génération et la corruption, ni mÃÂȘme pour tout autre changement. [984b] Aussi, de tous ceux qui partent de lñ€ℱunité du tout, pas un ne sñ€ℱest occupé de ce point de vue, si ce nñ€ℱest peut-ÃÂȘtre Parménide, et encore ne le fait-il quñ€ℱautant quñ€ℱà cÎté de son systÚme de lñ€ℱunité, il admet en quelque sorte deux principes. Mais ceux qui admettent la pluralité des principes, le chaud et le froid, par exemple, ou le feu et la terre, étaient plus à mÃÂȘme dñ€ℱarriver à cet ordre des recherches ; car ils attribuaient au feu la puissance motrice, à lñ€ℱeau, à la terre et aux autres éléments de cette sorte, la qualité contraire. AprÚs ces philosophes et de pareils principes, comme ces principes étaient insuffisants pour produire les choses, la vérité elle-mÃÂȘme, comme nous lñ€ℱavons déjà dit, força de recourir à un autre principe. En effet, il nñ€ℱest guÚre vraisemblable que ni le feu, ni la terre, ni aucun autre élément de ce genre, soit la cause de lñ€ℱordre et de la beauté qui rÚgnent dans le monde, éternellement chez certains ÃÂȘtres, passagÚrement chez dñ€ℱautres ; ni que ces philosophes aient eu une pareille pensée dñ€ℱun autre cÎté, rapporter un tel résultat au hasard ou à la fortune nñ€ℱeût pas été raisonnable. Aussi quand un homme vint dire quñ€ℱil y avait dans la nature, comme dans les animaux, une intelligence qui est la cause de lñ€ℱarrangement et de lñ€ℱordre de lñ€ℱunivers, cet homme parut seul avoir conservé sa raison au milieu des folies de ses devanciers. Or, nous savons avec certitude quñ€ℱAnaxagore entra le premier dans ce point de vue ; avant lui Hermotime de ClazomÚnes paraÃt lñ€ℱavoir soupçonné. Ces nouveaux philosophes érigÚrent en mÃÂȘme temps cette cause de lñ€ℱordre en principe des ÃÂȘtres, principe doué de la vertu dñ€ℱimprimer le mouvement. On pourrait dire quñ€ℱavant eux, Hésiode avait entrevu cette vérité, Hésiode ou quiconque a mis dans les ÃÂȘtres comme principe lñ€ℱamour ou le désir, par exemple Parménide. Celui-ci dit, en effet, dans sa théorie de la formation de lñ€ℱunivers Il fit lñ€ℱamour le premier de tous les dieux. Hésiode dit de son cÎté Avant toutes choses était le chaos ; ensuite, La terre au vaste seinñ€© Puis lñ€ℱamour, le plus beau de tous les immortels. Comme sñ€ℱils avaient reconnu la nécessité dñ€ℱune cause dans les ÃÂȘtres capable de donner le mouvement et le lien aux choses. Quant à la question de savoir à qui appartient la priorité, quñ€ℱil nous soit permis de la décider plus tard. Ensuite, comme à cÎté du bien dans la nature, on voyait aussi son contraire, non seulement de lñ€ℱordre et de la beauté, mais aussi du désordre et de la laideur, comme le mal paraissait mÃÂȘme lñ€ℱemporter sur le bien et le laid sur le beau, un autre philosophe introduisit lñ€ℱamitié et la discorde, causes opposées de ces effets opposés. Car si lñ€ℱon veut suivre de prÚs Empédocle, et sñ€ℱattacher au fond de sa pensée plutÎt quñ€ℱà la maniÚre presquñ€ℱenfantine dont il lñ€ℱexprime, on trouvera que lñ€ℱamitié est la cause du bien, et la discorde celle du mal ; de sorte que peut-ÃÂȘtre nñ€ℱaurait-t-on pas tort de dire quñ€ℱEmpédocle a parlé en quelque maniÚre et a parlé le premier du bien et du mal comme principes, puisque le principe de tous les biens est le bien lui-mÃÂȘme, et le mal le principe de tout ce qui est mauvais. Jusquñ€ℱici nous avons vu ces philosophes reconnaÃtre deux des genres de causes déterminés par nous dans la Physique la matiÚre et le principe du mouvement. Mais ils lñ€ℱont fait confusément et indistinctement, comme agissent dans les combats les soldats mal exercés. Ceux-ci frappent souvent de bons coups dans la mÃÂȘlée, mais ils le font sans science. De mÃÂȘme nos philosophes paraissent avoir parlé sans bien savoir ce quñ€ℱils disaient, car lñ€ℱusage quñ€ℱon les voit faire de leurs principes est nul ou peu sñ€ℱen faut. Anaxagore se sert de lñ€ℱintelligence comme dñ€ℱune machine pour faire le monde, et quand il désespÚre de trouver la cause réelle dñ€ℱun phénomÚne, il met en scÚne lñ€ℱintelligence. Mais dans tout autre cas, il aime mieux donner aux faits une autre cause. [985a] Empédocle se sert davantage, mais dñ€ℱune maniÚre insuffisante encore, de ses principes, et dans leur emploi il ne sñ€ℱaccorde pas avec lui-mÃÂȘme. Souvent chez lui, lñ€ℱamitié sépare, la discorde réunit en effet, lorsque dans lñ€ℱunivers les éléments sont séparés par la discorde, toutes les particules de feu nñ€ℱen sont pas moins unies en un tout, ainsi que celles de chacun des autres éléments ; et lorsque, au contraire, cñ€ℱest lñ€ℱamitié qui unit tous les éléments, il faut bien pour cela que les particules de chaque élément se divisent. Empédocle fut donc le premier des anciens qui employa en le divisant le principe du mouvement, et ne supposa plus une cause unique, mais deux causes différentes et opposées. Quant à la matiÚre, il est le premier qui ait parlé des quatre éléments ; toutefois, il ne sñ€ℱen sert pas comme sñ€ℱils étaient quatre, mais comme sñ€ℱils nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©taient que deux, à savoir, le feu tout seul, et en opposition au [985b] feu, la terre, lñ€ℱair et lñ€ℱeau, ne faisant quñ€ℱune seule et mÃÂȘme nature. Cñ€ℱest là du moins ce que ses vers donnent à entendre. Voilà , selon nous, la nature et le nombre des principes dñ€ℱEmpédocle. Leucippe et son ami Démocrite disent que les éléments primitifs sont le plein et le vide, quñ€ℱils appellent lñ€ℱÃÂȘtre et le non-ÃÂȘtre ; le plein ou le solide, cñ€ℱest lñ€ℱÃÂȘtre ; le vide ou le rare, cñ€ℱest le non-ÃÂȘtre ; cñ€ℱest pourquoi ils disent que lñ€ℱÃÂȘtre nñ€ℱexiste pas plus que le non-ÃÂȘtre, parce que le corps nñ€ℱexiste pas plus que le vide telles sont, sous le point de vue de la matiÚre, les causes des ÃÂȘtres. De mÃÂȘme que ceux qui posent comme principe une substance unique, expliquent tout le reste par les modifications de cette substance ñ€“ en donnant pour principe à ces modifications le rare et le dense ñ€“ ainsi ces philosophes placent dans les différences les causes de toutes choses. Ces différences sont au nombre de trois la forme, lñ€ℱordre et la position. Ils disent, en effet, que les différences de lñ€ℱÃÂȘtre viennent de la configuration, de lñ€ℱarrangement et de la tournure, Or, la configuration cñ€ℱest la forme, lñ€ℱarrangement lñ€ℱordre, et la tournure la position. Ainsi, A diffÚre de N par la forme, AN de NA par lñ€ℱordre, et Z de N par la position. Quant au mouvement, à ses lois et à sa cause, ils ont traité cette question avec beaucoup de négligence, comme les autres philosophes. Par conséquent, nos devanciers nñ€ℱont pas été plus loin sur ces deux genres de causes. Chapitre 4 Parmi eux et avant eux, ceux quñ€ℱon nomme Pythagoriciens, sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tant occupés des mathématiques, furent les premiers à les mettre en avant ; et nourris dans cette étude, ils pensÚrent que les principes de cette science étaient les principes de tous les ÃÂȘtres. Comme, par nature, les nombres sont les premiers des ÃÂȘtres, et ils leur paraissaient avoir plus dñ€ℱanalogie avec les choses et les phénomÚnes ñ€“ comme le feu, lñ€ℱair ou lñ€ℱeau, ñ€“ que la modification des nombres semblait ÃÂȘtre la justice, une autre rame et intelligence, un autre propos, et à peu prÚs ainsi de toutes les autres choses ñ€“ ; comme ils voyaient de plus dans les nombres les modifications et les rapports de lñ€ℱharmonie ; [986a] par ces motifs joints à ces deux premiers que la nature entiÚre a été formée à la ressemblance des nombres, et que les nombres sont les premiers de tous les ÃÂȘtres, ils posÚrent les éléments des nombres comme les éléments de tous les ÃÂȘtres, et le ciel tout entier comme une harmonie et un nombre. Tout ce quñ€ℱils pouvaient montrer dans les nombres et dans la musique qui sñ€ℱaccordùt avec les phénomÚnes du ciel, ses parties et toute son ordonnance, ils le recueillirent, et ils en composÚrent un systÚme ; et si quelque chose manquait, ils y suppléaient pour que le systÚme fût bien dñ€ℱaccord et complet. Par exemple, comme la décade paraÃt ÃÂȘtre quelque chose de parfait et qui embrasse tous les nombres possibles, ils prétendent quñ€ℱil y a dix corps en mouvement dans le ciel, et comme il nñ€ℱy en a que neuf de visibles, ils en supposent un dixiÚme quñ€ℱils appellent antichtone. Mais tout ceci a été déterminé ailleurs avec plus de soin. Si nous y revenons, cñ€ℱest pour constater à leur égard comme pour les autres écoles, quels principes ils posent, et comment ces principes tombent sous notre classification. Or, ils paraissent penser que le nombre est principe des ÃÂȘtres sous le point de vue de la matiÚre, en y comprenant les attributs et les maniÚres dñ€ℱÃÂȘtre ; que les éléments du nombre sont le pair et lñ€ℱimpair ; que lñ€ℱimpair est fini, le pair infini ; que lñ€ℱunité tient de ces deux éléments, car elle est à la fois pair et impair, et que le nombre vient de lñ€ℱunité ; enfin que les nombres sont tout le ciel. Dñ€ℱautres pythagoriciens disent quñ€ℱil y a dix principes, dont voici la liste Fini et infini, Impair et pair, Unité et pluralité, Droit et gauche, Mùle et femelle, Repos et mouvement, Droit et courbe, LumiÚre et ténÚbres, Bien et mal, Carré et toute figure à cÎtés inégaux. Alcméon de Crotone paraÃt avoir professé une doctrine semblable il la reçut des Pythagoriciens ou ceux-ci la reçurent de lui ; car lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©poque oÃÂč il florissait correspond à la vieillesse de Pythagore ; et son systÚme se rapproche de celui de ces philosophes. Il dit que la plupart des choses humaines sont doubles, désignant par là leurs oppositions, mais, à la différence de ceux-ci, sans les déterminer, et prenant au hasard le blanc et le noir, le doux et lñ€ℱamer, le bon et le mauvais, le petit et le grand. Il sñ€ℱexprima ainsi dñ€ℱune maniÚre indéterminée sur tout le reste, [986b] tandis que les Pythagoriciens montrÚrent quelles sont ces oppositions et combien il y en a. On peut donc tirer de ces deux systÚmes que les contraires sont les principes des choses et de lñ€ℱun deux quel est le nombre et la nature de ces principes. Maintenant comment est-il possible de les ramener à ceux que nous avons posés, cñ€ℱest ce quñ€ℱeux-mÃÂȘmes nñ€ℱarticulent pas clairement ; mais ils semblent les considérer sous le point de vue de la matiÚre ; car ils disent que ces principes constituent le fonds dont se composent et sont formés les ÃÂȘtres. Nous en avons dit assez pour faire comprendre la pensée de ceux des anciens qui admettent la pluralité dans les éléments de la nature. Il en est dñ€ℱautres qui ont considéré le tout comme étant un ÃÂȘtre unique, mais ils diffÚrent et par le mérite de lñ€ℱexplication et par la maniÚre de concevoir la nature de cette unité. Il nñ€ℱest nullement de notre sujet, dans cette recherche des principes, de nous occuper dñ€ℱeux ; car ils ne font pas comme quelques-uns des physiciens qui, ayant posé une substance unique, engendrent lñ€ℱÃÂȘtre de cette unité considérée sous le point de vue de la matiÚre ; ils procÚdent autrement les physiciens, en effet, ajoutent le mouvement pour engendrer lñ€ℱunivers ; ceux-ci prétendent que lñ€ℱunivers est immobile ; mais nous nñ€ℱen dirons que ce qui se rapporte à notre sujet. Lñ€ℱunité de Parménide paraÃt avoir été une unité rationnelle, celle de Mélisse une unité matérielle, et cñ€ℱest pourquoi lñ€ℱun la donne comme finie, lñ€ℱautre comme infinie. Xénophane qui le premier parla dñ€ℱunité car Parménide passe pour son disciple, ne sñ€ℱest pas expliqué dñ€ℱune maniÚre précise et paraÃt étranger au point de vue de lñ€ℱun et lñ€ℱautre de ses deux successeurs ; mais ayant considéré lñ€ℱensemble du inonde, il dit que lñ€ℱunité est Dieu. Encore une fois, il faut négliger ces philosophes dans la recherche qui nous occupe ñ€“ et deux, surtout, dont les idées sont un peu trop grossiÚres, Xénophane et Mélisse. Parménide paraÃt avoir eu des vues plus profondes. Persuadé que, hors de lñ€ℱÃÂȘtre, le non-ÃÂȘtre nñ€ℱest rien, il pense que lñ€ℱÃÂȘtre est nécessairement un, et quñ€ℱil nñ€ℱy a rien autre chose que lui. Cñ€ℱest un point sur lequel nous nous sommes expliqués plus clairement dans la Physique. Mais forcé de se mettre dñ€ℱaccord avec les faits, et, en admettant lñ€ℱunité par la raison, dñ€ℱadmettre aussi la pluralité par les sens, Parménide en revint à poser deux principes et deux causes, le chaud et le froid, par exemple le feu et la terre il rapporte [987a] lñ€ℱun de ces deux principes, le chaud à lñ€ℱÃÂȘtre, et lñ€ℱautre au non-ÃÂȘtre. Voici le résultat de ce que nous avons dit, et de tous les systÚmes que nous avons parcourus jusquñ€ℱici chez les premiers de ces philosophes, un principe corporel ; car lñ€ℱeau, le feu et les autres choses de cette nature sont des corps, principe unique selon les uns, multiple selon les autres, mais toujours considéré sous le point de vue de la matiÚre ; chez quelques-uns, dñ€ℱabord ce principe, et à cÎté de ce principe, celui du mouvement, unique dans certains systÚmes, double dans dñ€ℱautres. Ainsi, jusquñ€ℱà lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©cole italique exclusivement, les anciens philosophes ont parlé de toutes ces choses dñ€ℱune maniÚre vague, et nñ€ℱont mis en usage, ainsi que nous lñ€ℱavons dit, que deux sortes de principes, dont lñ€ℱun, celui du mouvement, est regardé tantÎt comme unique et tantÎt comme double. Quant aux Pythagoriciens, comme les précédents, ils ont posé deux principes ; mais ils ont en outre introduit cette doctrine qui leur est propre, savoir que le fini, lñ€ℱinfini et lñ€ℱunité, ne sont pas des qualités distinctes des sujets oÃÂč ils se trouvent, comme le feu, la terre et tout autre principe semblable sont distincts de leurs qualités, mais quñ€ℱils constituent lñ€ℱessence mÃÂȘme des choses auxquelles on les attribue ; de sorte que le nombre est lñ€ℱessence de toutes choses. Ils se sont expliqués sur ces points de la maniÚre que nous venons de dire ; de plus, ils ont commencé à sñ€ℱoccuper de lñ€ℱessence des choses et ont proposé une définition. Cependant, leur essai fut un peu trop grossier. Ils la définissaient superficiellement. Pour eux, le premier objet auquel semblait convenir la définition donnée, ils le considéraient comme lñ€ℱessence de la chose définie ñ€“ comme si lñ€ℱon pensait, par exemple, que le double est la mÃÂȘme chose que le nombre deux, parce que cñ€ℱest dans le nombre deux que se rencontre en premier lieu le caractÚre du double ; mais deux ou double ne sont pas la mÃÂȘme chose, autrement lñ€ℱunité sera multiple, comme il arrive dans le systÚme Pythagoricien. Voilà ce quñ€ℱon peut tirer des premiers philosophes et de leurs successeurs. Chapitre 5 AprÚs ces différentes philosophies, parut la philosophie de Platon, qui suivit en beaucoup de points ses devanciers, mais qui eut aussi ses points de doctrine particuliers, et alla plus loin que lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©cole italique. DÚs sa jeunesse, Platon se familiarisa dans le commerce de Cratyle avec les opinions dñ€ℱHéraclite, que toutes les choses sensibles sont dans un perpétuel écoulement, et quñ€ℱil nñ€ℱy a pas de science de ces choses ; et dans la suite, il garda ces opinions. [987b] Dñ€ℱune autre part, Socrate sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tant occupé de morale, et non plus dñ€ℱun systÚme de physique, et ayant dñ€ℱailleurs cherché dans la morale ce quñ€ℱil y a dñ€ℱuniversel, et porté le premier son attention sur les définitions, Platon qui le suivit et le continua fut amené à penser que les définitions devaient porter sur un ordre dñ€ℱÃÂȘtres à part et nullement sur les objets sensibles ; car comment une définition commune sñ€ℱappliquerait-elle aux choses sensibles, livrées à un perpétuel changement ? Or, ces autres ÃÂȘtres, il les appela Idées, et dit que les choses sensibles existent en dehors des idées et sont nommées dñ€ℱaprÚs elles ; car il pensait que toutes les choses dñ€ℱune mÃÂȘme classe tiennent leur nom commun des idées, en vertu de leur participation avec elles. Du reste, le mot Participation est le seul changement quñ€ℱil apporta ; les Pythagoriciens, en effet, disent que les ÃÂȘtres sont à lñ€ℱimitation des nombres, Platon en participation avec les idées. Comment se fait maintenant cette participation ou cette imitation des idées ? Cñ€ℱest ce que celui-ci et ceux-là ont également négligé de rechercher. De plus, outre les choses sensibles et les idées, il reconnaÃt des ÃÂȘtres intermédiaires qui sont les choses mathématiques, différentes des choses sensibles en ce quñ€ℱelles sont éternelles et immuables, et des idées en ce quñ€ℱelles admettent un grand nombre de semblables, tandis que toute idée en elle-mÃÂȘme a son existence à part. Voyant dans les idées les raisons des choses, il pensa que leurs éléments étaient les éléments de tous les ÃÂȘtres. Les principes dans ce systÚme sont donc, sous le point de vue de la matiÚre, le grand et le petit, et sous celui de lñ€ℱessence, lñ€ℱunité ; et en tant que formées de ces principes et participant de lñ€ℱunité, les idées sont les nombres. [988a] Ainsi, en avançant que lñ€ℱunité est lñ€ℱessence des ÃÂȘtres et que rien autre chose que cette essence nñ€ℱa le titre dñ€ℱunité, Platon se rapprocha des pythagoriciens. Comme eux, il dit que les nombres sont les causes des choses et de leur essence ; mais faire une dualité de cet infini quñ€ℱils regardaient comme un, et composer lñ€ℱinfini du grand et da petit, voilà ce qui lui est propre ñ€“ avec cette supposition que les nombres existent en dehors des choses sensibles, tandis que les pythagoriciens disent que les nombres sont les choses mÃÂȘmes, et ne donnent pas aux choses mathématiques un rang intermédiaire. Cette existence que Platon attribue à lñ€ℱunité et au nombre en dehors des choses, à la différence des pythagoriciens, ainsi que lñ€ℱintroduction des idées, est due à ses recherches logiques car les premiers philosophes étaient étrangers à la dialectique ; et il fut conduit à faire une dyade de cette autre nature différente de lñ€ℱunité, parce que lés nombres, à lñ€ℱexception des nombres primordiaux, sñ€ℱengendrent aisément de cette dyade, comme dñ€ℱune sorte de matiÚre. Cependant, les choses se passent autrement, et cela est contraire à la raison. Dans ce systÚme, on fait avec la matiÚre un grand nombre dñ€ℱÃÂȘtres, et lñ€ℱidée nñ€ℱengendre quñ€ℱune seule fois ; mais au vrai, dñ€ℱune seule matiÚre on ne fait quñ€ℱune seule table, tandis que celui qui apporte lñ€ℱidée, tout en étant un lui-mÃÂȘme, en fait un grand nombre. Il en est de mÃÂȘme du mùle à lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©gard de la femelle ; la femelle est fécondée par un seul accouplement, tandis que le mùle en féconde plusieurs or, cela est lñ€ℱimage de ce qui a lieu pour les principes dont nous parlons. Cñ€ℱest ainsi que Platon sñ€ℱest prononcé sur ce qui fait lñ€ℱobjet de nos recherches il est clair, dñ€ℱaprÚs ce que nous avons dit, quñ€ℱil ne met en usage que deux principes, celui de lñ€ℱessence et celui de la matiÚre ; car les idées sont pour les choses les causes de leur essence, comme lñ€ℱunité lñ€ℱest pour les idées Et quelle est la matiÚre ou le sujet auquel sñ€ℱappliquent les idées dans les choses sensibles et lñ€ℱunité dans les idées ? Cñ€ℱest cette dyade, composée du grand et du petit de plus il attribua à lñ€ℱun de ces deux éléments la cause du bien, à lñ€ℱautre la cause du mal, de la mÃÂȘme maniÚre que lñ€ℱont fait dans leurs recherches quelques-uns des philosophes précédents, comme Empédocle et Anaxagore. Chapitre 6 Nous, venons de voir, briÚvement et sommairement, il est vrai, quels sont ceux qui se sont occupés des principes et de la vérité, et comment ils lñ€ℱont fait cette revue rapide nñ€ℱa pas laissé de nous faire reconnaÃtre, que de tous les philosophes qui ont traité de principe et de cause, pas un nñ€ℱest sorti de la classification que nous avons établie dans la Physique, et que tous plus ou moins nettement lñ€ℱont entrevue. Les uns considÚrent le principe sous le point de vue de la matiÚre, soit quñ€ℱils lui attribuent lñ€ℱunité ou la pluralité, soit quñ€ℱils le supposent corporel ou incorporel ; tels sont le grand et le petit de Platon, lñ€ℱinfini de lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©cole italique ; le feu, la terre, lñ€ℱeau et lñ€ℱair dñ€ℱEmpédocle ; lñ€ℱinfinité des homéoméries dñ€ℱAnaxagore. Tous ont évidemment touché cet ordre de causes, et de mÃÂȘme ceux qui ont choisi lñ€ℱair, le feu ou lñ€ℱeau, ou un élément plus dense que le feu et plus délié que lñ€ℱair ; car telle est la nature que quelques-uns ont donnée à lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément premier. Ceux-là donc nñ€ℱont atteint que le principe de la matiÚre, quelques autres le principe du mouvement, comme ceux par exemple qui font un principe de lñ€ℱamitié ou de la discorde, de lñ€ℱintelligence ou de lñ€ℱamour. Quant à la forme et à lñ€ℱessence, nul nñ€ℱen a traité clairement, mais ceux qui lñ€ℱont fait le mieux sont les partisans des idées. [988b] En effet, ils ne regardent pas les idées et les principes des idées, comme la matiÚre des choses sensibles, ni comme le principe dñ€ℱoÃÂč leur vient le mouvement car ce seraient plutÎt, selon eux, des causes dñ€ℱimmobilité et de repos ; mais cñ€ℱest lñ€ℱessence que les idées fournissent à chaque chose, comme lñ€ℱunité la fournit aux idées. Quant à la fin en vue de laquelle se font les actes, les changements et les mouvements, ils mentionnent bien en quelque maniÚre ce principe, mais ils ne le font pas dans cet esprit, ni dans le vrai sens de la chose ; car ceux qui mettent en avant lñ€ℱintelligence et lñ€ℱamitié, posent bien ces principes, comme quelque chose de bon, mais non comme un but en vue duquel tout ÃÂȘtre est ou devient ; ce sont plutÎt des causes dñ€ℱoÃÂč leur vient le mouvement. Il eu est de mÃÂȘme de ceux qui prétendent que lñ€ℱunité ou lñ€ℱÃÂȘtre est cette mÃÂȘme nature ; ils disent quñ€ℱelle est la cause de lñ€ℱessence, mais ils ne disent pas quñ€ℱelle est la fin pour laquelle les choses sont et deviennent. De sorte quñ€ℱil leur arrive en quelque façon de parler à la fois et de ne pas parler du principe du bien ; car ils nñ€ℱen parlent pas dñ€ℱune maniÚre spéciale, mais seulement par accident. Ainsi, que le nombre et la nature des causes ait été déterminé par nous avec exactitude, cñ€ℱest ce que semblent témoigner tous ces philosophes dans lñ€ℱimpossibilité oÃÂč ils sont dñ€ℱindiquer aucun autre principe. Outre cela, il est clair quñ€ℱil faut, dans la recherche des principes, ou les considérer tous comme nous lñ€ℱavons fait, ou adopter les vues de quelques-uns de ces philosophes. Exposons dñ€ℱabord les difficultés que soulÚvent les doctrines de nos devanciers et la question de la nature mÃÂȘme des principes. Chapitre 7 Tous ceux qui ont prétendu que lñ€ℱunivers est un, et qui, dominés par le point de vue de la matiÚre, ont voulu quñ€ℱil y ait une seule et mÃÂȘme nature, et une nature corporelle et étendue, ceux-là sans contredit se trompent de plusieurs maniÚres ; car ainsi, ils posent seulement les éléments des corps et non ceux des choses incorporelles, quoiquñ€ℱil existe de telles choses. Puis, quoiquñ€ℱils entreprennent de dire les causes de la génération et de la corruption, et dñ€ℱexpliquer la formation des choses, ils suppriment le principe du mouvement. Ajoutez quñ€ℱils ne font pas un principe de lñ€ℱessence et de la forme ; et aussi, quñ€ℱils donnent sans difficulté aux corps simples, à lñ€ℱexception de la terre, un principe quelconque, sans avoir examiné comment ces corps peuvent naÃtre les uns des autres ; je parle du feu, de la terre, de lñ€ℱeau et de lñ€ℱair, lesquels naissent, en effet, les uns des autres, soit par réunion, soit par séparation. Or, cette distinction importe beaucoup pour la question de lñ€ℱantériorité et de la postériorité des éléments. Dñ€ℱun cÎté, le plus élémentaire de tous semblerait ÃÂȘtre celui dñ€ℱoÃÂč naissent primitivement tous les autres par voie de réunion ; et ce caractÚre appartiendrait à celui des corps dont les parties seraient les plus petites et les plus déliées. Cñ€ℱest pourquoi tous ceux qui posent comme principe le feu, se prononceraient de la maniÚre la plus conforme à cette vue. Tel est aussi le caractÚre que tous les autres sñ€ℱaccordent à assigner à lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément des corps. Aussi, aucun philosophe, dñ€ℱune époque plus récente, qui admet un seul élément, nñ€ℱa jugé convenable de choisir la terre, sans doute à cause de la grandeur de ses parties, tandis que chacun des trois autres éléments a eu son partisan les uns se déclarent pour le feu, les autres pour lñ€ℱeau, les autres pour lñ€ℱair ; et pourtant pourquoi nñ€ℱadmettent-ils pas aussi bien la terre, comme font la plupart des hommes qui disent que tout est terre ? Hésiode lui-mÃÂȘme dit que la terre est le premier des corps ; tellement ancienne et populaire se trouve ÃÂȘtre cette opinion. Dans ce point de vue, ni ceux qui adoptent à lñ€ℱexclusion du feu un des éléments déjà nommés, ni ceux qui prennent un élément plus dense que lñ€ℱair et plus délié que lñ€ℱeau, nñ€ℱauraient raison ; mais si ce qui est postérieur dans lñ€ℱordre de formation est antérieur dans lñ€ℱordre de la nature, et que, dans lñ€ℱordre de formation, le composé soit postérieur, lñ€ℱeau sera tout au contraire antérieure à lñ€ℱair et la terre à lñ€ℱeau. Nous nous bornerons à cette observation sur ceux qui admettent un principe unique tel que nous lñ€ℱavons énoncé. Il y en aurait autant à dire de ceux qui admettent plusieurs principes pareils, comme Empédocle qui dit quñ€ℱil y a quatre corps, matiÚre des choses ; car sa doctrine donne lieu dñ€ℱabord aux mÃÂȘmes critiques, puis à quelques observations particuliÚres. Nous voyons, en effet, ces éléments naÃtre les uns des autres, de sorte que le feu et la terre ne demeurent jamais le mÃÂȘme corps nous avons traité de ce sujet dans la Physique. [989b] Quant à la cause qui fait mouvoir les choses, et à la question de savoir si elle est une ou double, on doit penser quñ€ℱEmpédocle ne sñ€ℱest prononcé ni tout-à -fait convenablement, ni dñ€ℱune maniÚre tout-à -fait déraisonnable. En somme, quand on admet sou systÚme, on est forcé de rejeter tout changement, car le froid ne viendra pas du chaud ni le chaud du froid ; car quel serait le sujet qui éprouverait ces modifications contraires, et quelle serait la nature unique qui deviendrait feu et eau ? Cñ€ℱest ce quñ€ℱil ne dit pas. Pour Anaxagore, si on pense quñ€ℱil reconnaÃt deux éléments, on le pense dñ€ℱaprÚs des raisons quñ€ℱil nñ€ℱa pas lui-mÃÂȘme clairement articulées, mais auxquelles il aurait été obligé de se rendre, si on les lui eût présentées. En effet, sñ€ℱil est absurde de dire quñ€ℱà lñ€ℱorigine tout était mÃÂȘlé, pour plusieurs motifs ñ€“ entre autres parce quñ€ℱil faut que les éléments du mélange aient existé dñ€ℱabord séparés et il nñ€ℱest pas dans la nature des choses quñ€ℱun élément, quel quñ€ℱil soit, se mÃÂȘle avec tout autre, quel quñ€ℱil soit. De plus, les qualités et les attributs seraient séparés de leur substance ; car ce qui peut ÃÂȘtre mÃÂȘlé peut ÃÂȘtre séparé. Cependant, quand on vient à approfondir et à développer ce quñ€ℱil veut dire, on lui trouvera peut-ÃÂȘtre un sens peu commun. Car lorsque rien nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait séparé, il est clair quñ€ℱon ne pouvait rien affirmer de vrai de cette substance mixte. Par exemple, comme elle nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait ni blanche ni noire, ni dñ€ℱaucune autre couleur, elle était de nécessité sans couleur ; autrement, elle aurait eu quelquñ€ℱune des couleurs que nous pouvons citer. Elle était de mÃÂȘme sans saveur, et pour la mÃÂȘme raison elle ne possédait aucun attribut de ce genre ; car elle ne pouvait avoir ni qualité ni quantité ni détermination quelconque. Autrement quelquñ€ℱune des formes spéciales sñ€ℱy serait rencontrée, et cela est impossible lorsque tout est mÃÂȘlé. En effet, pour cela, il y aurait déjà séparation, et Anaxagore dit que tout est mÃÂȘlé, excepté lñ€ℱintelligence, qui seule est pure et sans mélange. Il faut donc quñ€ℱil reconnaisse pour principes lñ€ℱunité dñ€ℱabord ; car cñ€ℱest bien là ce qui est simple et sans mélange, et dñ€ℱun autre cÎté quelque chose, ainsi que nous désignons lñ€ℱindéfini avant quñ€ℱil soit défini et participe dñ€ℱaucune forme. Ce nñ€ℱest sñ€ℱexprimer ni justement, ni clairement ; mais au fond il a voulu dire quelque chose qui se rapproche davantage des doctrines qui ont suivi et de la réalité. Tous ces philosophes ne sont familiers quñ€ℱavec ce qui regarde la génération, la corruption et le mouvement, car ils sñ€ℱoccupent à peu prÚs et exclusivement de cet ordre de choses, des principes et des causes qui sñ€ℱy rapportent. Mais ceux qui étendent leurs recherches à tous les ÃÂȘtres, et qui admettent dñ€ℱun cÎté des ÃÂȘtres sensibles, de lñ€ℱautre des ÃÂȘtres qui ne tombent pas sous les sens, ceux-là ont dû naturellement faire lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tude de lñ€ℱune et de lñ€ℱautre de ces deux classes dñ€ℱÃÂȘtres ; et cñ€ℱest pourquoi il faut sñ€ℱarrÃÂȘter davantage sur ces philosophes pour savoir ce quñ€ℱils disent de bon ou de mauvais qui puisse éclairer nos recherches. Ceux quñ€ℱon appelle pythagoriciens font jouer aux principes et aux éléments un rÎle bien plus étrange que les physiciens ; la raison en est quñ€ℱils ne les ont pas empruntés aux choses sensibles. Les ÃÂȘtres mathématiques sont sans mouvement, à lñ€ℱexception de ceux dont sñ€ℱoccupe lñ€ℱastronomie ; et cependant les pythagoriciens ne dissertent et ne font de systÚme que sur la physique. Ils engendrent le ciel, [990a] ils observent ce qui arrive dans toutes ses parties, dans leurs rapports, dans leurs mouvements, et ils épuisent à cela leurs causes et leurs principes, comme sñ€ℱils convenaient avec les physiciens que lñ€ℱÃÂȘtre est tout ce qui est sensible, et tout ce quñ€ℱembrasse ce quñ€ℱor appelle le ciel. Or, les causes et les principes quñ€ℱils reconnaissent sont bons pour sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lever, comme nous lñ€ℱavons dit, à ce quñ€ℱil y a de supérieur dans les ÃÂȘtres, et conviennent plus à cet objet quñ€ℱà lñ€ℱexplication des choses naturelles. Puis, comment pourra-t-il y avoir du mouvement, si on ne suppose dñ€ℱautres sujets que le fini et lñ€ℱinfini, le pair et lñ€ℱimpair ? Ils ne le disent nullement ; ou comment est-il possible que sans mouvement ni changement, il y ait génération et corruption, et toutes les révolutions des corps célestes ? Ensuite, en supposant quñ€ℱon leur accorde ou quñ€ℱil soit démontré que de leurs principes on tire lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tendue, comment alors mÃÂȘme rendront-ils compte de la légÚreté et de la pesanteur ? Car dñ€ℱaprÚs leurs principes et leur prétention mÃÂȘme, ils ne traitent pas moins des corps sensibles que des corps mathématiques. Aussi nñ€ℱont-ils rien dit de bon sur le feu, la terre et les autres choses semblables, et cela, parce quñ€ℱils nñ€ℱont rien dit, je pense, qui convienne proprement aux choses sensibles. De plus, comment faut-il entendre que le nombre et les modifications du nombre sont la cause des ÃÂȘtres qui existent et qui naissent dans le monde, depuis lñ€ℱorigine jusquñ€ℱà présent, tandis que dñ€ℱautre part il nñ€ℱy a aucun autre nombre hors celui dont le monde est formé ? En effet, lorsque pour eux, lñ€ℱopinion et le sens sont dans une certaine partie du ciel, et un peu plus haut ou un peu plus bas lñ€ℱinjustice et la séparation ou le mélange, attendu, selon eux, que chacune de ces choses est un nombre, et lorsque déjà dans ce mÃÂȘme espace se trouvent rassemblées une multitude de grandeurs, parce que ces grandeurs sont attachées chacune à un lieu, alors le nombre quñ€ℱil faut regarder comme étant chacune de ces choses, est-il le mÃÂȘme que celui qui est dans le ciel, ou un autre outre celui-là ? Platon dit que cñ€ℱest un autre nombre ; et pourtant lui aussi pense que les choses sensibles et les causes de ces choses sont des nombres ; mais pour lui les nombres qui sont causes, sont intelligibles, et les autres sont des nombres sensibles. Chapitre 8 Laissons maintenant les Pythagoriciens ; [990b] ce que nous en avons dit, suffira. Quant à ceux qui posent pour principes les idées, dñ€ℱabord, en cherchant à saisir les principes des ÃÂȘtres que nous voyons, ils en ont introduit dñ€ℱautres en nombre égal à celui des premiers, comme si quelquñ€ℱun voulant compter des objets, et ne pouvant le faire, alors mÃÂȘme quñ€ℱils sont en assez petit nombre, sñ€ℱavisait de les multiplier pour les compter. Les idées sont presque en aussi grand nombre que les choses pour lñ€ℱexplication desquelles on a eu recours aux idées. Chaque chose individuelle se trouve avoir un homonyme, non seulement les existences individuelles, mais toutes celles oÃÂč lñ€ℱunité est dans la pluralité, et cela pour les choses de ce monde et pour les choses éternelles. En second lieu, de tous les arguments dont on se sert pour établir lñ€ℱexistence des idées, aucun ne la démontre la conclusion quñ€ℱon tire des uns nñ€ℱest pas rigoureuse, et dñ€ℱaprÚs les autres, il y aurait des idées là mÃÂȘme oÃÂč les Platoniciens nñ€ℱen admettent pas. Ainsi dñ€ℱaprÚs les considérations puisées dans la nature de la science, il y aura des idées de toutes les choses dont il y a science ; et dñ€ℱaprÚs lñ€ℱargument qui se tire de lñ€ℱunité impliquée dans toute pluralité, il y aura des idées des négations mÃÂȘmes ; et par ce motif quñ€ℱon pense aux choses qui ont péri, il y en aura des choses qui ne sont plus car nous nous en formons quelque image. En outre, on est conduit, en raisonnant rigoureusement, à supposer des idées pour le relatif dont on ne prétend pourtant pas quñ€ℱil forme par lui-mÃÂȘme un genre à part, ou bien à lñ€ℱhypothÚse du troisiÚme homme. Enfin, les raisonnements quñ€ℱon fait sur les idées renversent ce que les partisans des idées ont plus à cÅ“ur que lñ€ℱexistence mÃÂȘme des idées car il arrive que ce nñ€ℱest plus la dyade qui est avant le nombre, mais le nombre qui est avant la dyade, que le relatif est antérieur à lñ€ℱabsolu, et toutes les conséquences en contradiction avec leurs propres principes, auxquelles ont été poussés certains partisans de la doctrine des idées. De plus, dans lñ€ℱhypothÚse sur laquelle on établit lñ€ℱexistence des idées, il y aura des idées non seulement pour les substances, mais aussi pour beaucoup dñ€ℱautres choses car ce ne sont pas les substances seules, mais les autres choses aussi que nous concevons sous la raison de lñ€ℱunité, et toutes les sciences né portent pas seulement sur lñ€ℱessence, mais sur dñ€ℱautres choses encore ; et il y a mille autres difficultés de ce genre. Mais de toute nécessité, ainsi que dñ€ℱaprÚs les opinions établies sur les idées, si les idées sont quelque chose dont participent les ÃÂȘtres, il ne peut y avoir dñ€ℱidées que des essences car ce nñ€ℱest pas par lñ€ℱaccident quñ€ℱil peut y avoir participation des idées ; cñ€ℱest par son cÎté substantiel que chaque chose doit participer dñ€ℱelles. Par exemple si une chose participe du double en soi, elle participe de lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©ternité, mais selon lñ€ℱaccident car ce nñ€ℱest que par accident que le double est éternel ; en sorte que les idées seront lñ€ℱessence, et que dans le monde sensible et au-dessus elles désigneront lñ€ℱessence ; ou sinon, que signifiera-t-il de dire quñ€ℱil doit y avoir quelque chose de plus que les choses particuliÚres, à savoir, lñ€ℱunité dans la pluralité ? Si les idées et les choses qui en participent, sont du mÃÂȘme genre, il y aura entre elles quelque chose de commun car pourquoi y aurait-il dans les dualités périssables et les dualités multiples, mais éternelles, une dualité une et identique, plutÎt que dans la dualité idéale et dans telle ou telle dualité déterminée ? Si, au contraire, elles ne sont pas du mÃÂȘme genre, il nñ€ℱy aura entre elles que le nom de commun, et ce sera comme si on donnait le nom dñ€ℱhomme à Callias et à un morceau de bois, sans avoir vu entre eux aucun rapport. La plus grande difficulté, cñ€ℱest de savoir ce que font les idées aux choses sensibles, soit à celles qui sont éternelles, soit à celles qui naissent et qui périssent car elles ne sont causes pour elles ni dñ€ℱaucun mouvement, ni dñ€ℱaucun changement. Dñ€ℱautre part, elles ne servent en rien à la connaissance des choses, puisquñ€ℱelles nñ€ℱen sont point lñ€ℱessence car alors elles seraient en elles ; elles ne les font pas ÃÂȘtre non plus, puisquñ€ℱelles ne résident pas dans les choses qui participent dñ€ℱelles. A moins quñ€ℱon ne dise peut-ÃÂȘtre quñ€ℱelles sont causes, comme serait, par exemple, la blancheur cause de lñ€ℱobjet blanc, en se mÃÂȘlant à lui ; mais il nñ€ℱy a rien de solide dans cette opinion quñ€ℱAnaxagore le premier, et aprÚs lui Eudoxe et quelques autres, ont mise en avant ; et il est facile de rassembler contre une pareille hypothÚse une foule de difficultés insolubles. Ainsi les choses ne sauraient venir des idées, dans aucun des cas dans lesquels, on a coutume de lñ€ℱentendre. Dire que ce sont des exemplaires et que les autres choses en participent, cñ€ℱest prononcer de vains mots et faire des métaphores poétiques ; car, quñ€ℱest-ce qui produit jamais quelque chose en vue des idées ? De plus, il se peut quñ€ℱil existe ou quñ€ℱil naisse une chose semblable à une autre, sans avoir été modelée sur elle ; et, par exemple, que Socrate existe ou nñ€ℱexiste pas, il pourrait naÃtre un personnage tel que Socrate. Dñ€ℱun autre cÎté, il est également vrai que, en admettant un Socrate éternel, il faudra quñ€ℱil y ait plusieurs exemplaires et par conséquent plusieurs idées de la mÃÂȘme chose ; de lñ€ℱhomme, par exemple, il y aurait lñ€ℱanimal, le bipÚde, tout aussi bien que lñ€ℱhomme en soi. Il faut en outre quñ€ℱil y ait des idées exemplaires non seulement pour des choses sensibles, mais encore pour les idées elles-mÃÂȘmes, comme le genre en tant que comprenant des espÚces ; de sorte que la mÃÂȘme chose sera à la fois exemplaire et copie. De plus, il semble impossible que lñ€ℱessence soit séparée de la chose dont elle est lñ€ℱessence si cela est, comment les idées qui sont les essences des choses, en seraient-elles séparées ? Dans le Phédon, il est dit que les causes de lñ€ℱÃÂȘtre et du devenir sont les Idées. Pourtant, mÃÂȘme en admettant lñ€ℱexistence des Idées, les ÃÂȘtres participants ne sont pas engendrés sans lñ€ℱintervention de la cause motrice. Et comme beaucoup dñ€ℱautres objets sont produits, par exemple une maison et un anneau, dont nous disons quñ€ℱil nñ€ℱy a pas dñ€ℱIdées, il en résulte quñ€ℱil est évidemment possible, pour les autres choses aussi, dñ€ℱexister et de devenir par des causes analogues à celles des objets dont nous parlons. Maintenant, si les idées sont des nombres, comment ces nombres seront-ils causes ? Sera-ce parce que les ÃÂȘtres sont dñ€ℱautres nombres, et que tel nombre par exemple est lñ€ℱhomme, tel autre Socrate, tel autre Callias ? Mais en quoi ceux-là sont-ils causes de ceux-ci ? Car, que les uns soient éternels, les autres non, cela nñ€ℱy fera rien. Si cñ€ℱest parce que les choses sensibles sont des rapports de nombres, comme est par exemple une harmonie, il est évident quñ€ℱil y a quelque chose qui est le sujet de ces rapports ; et si ce quelque chose existe, savoir la matiÚre, il est clair quñ€ℱà leur tour les nombres eux-mÃÂȘmes seront des rapports de choses différentes. Par exemple, si Callias est une proportion en nombres de feu, de terre, dñ€ℱeau et dñ€ℱair, cela supposera des sujets particuliers, distincts de la proportion elle-mÃÂȘme ; et lñ€ℱidée nombre, lñ€ℱhomme en soi, que ce soit un nombre ou non, nñ€ℱen sera pas moins une proportion de nombres qui suppose des sujets particuliers et non pas un pur nombre, et on nñ€ℱen peut tirer non plus aucun nombre particulier. Ensuite, de la réunion de plusieurs nombres, résulte un nombre unique ; comment de plusieurs idées fera-t-on une seule idée ? Si on prétend que la somme nñ€ℱest pas formée de la réunion des idées elles-mÃÂȘmes, mais des éléments individuels compris sous les idées, comme est par exemple une myriade, comment sont les unités qui composent cette somme ? Si elles sont de mÃÂȘme espÚce, il sñ€ℱensuivra beaucoup de choses absurdes ; si dñ€ℱespÚce diverse, elles ne seront ni les mÃÂȘmes, ni différentes ; car en quoi différeraient-elles, puisquñ€ℱelles nñ€ℱont pas de qualités ? Toutes ces choses ne sont ni raisonnables ni conformes au bon sens. Et puis, il est nécessaire dñ€ℱintroduire un autre genre de nombre qui soit lñ€ℱobjet de lñ€ℱarithmétique, et de ce que plusieurs appellent les choses intermédiaires ; autrement de quels principes viendront ces choses ? Pourquoi doit-il y avoir des intermédiaires entre le monde sensible et les Idées ? De plus, les unités, dans la Dyade indéfinie, viendront chacune dñ€ℱune dyade antérieure, ce qui est pourtant impossible. En outre, comment [992a] expliquer que le Nombre idéal, composé dñ€ℱunités, soit une unités ? Ce nñ€ℱest pas tout. Si les unités sont différentes entre elles, on devrait parler comme ceux qui admettent deux ou quatre éléments, tous entendant par là , non un élément commun, le Corps en général, par exemple, mais le Feu ou la Terre, que le Corps soit, ou non, quelque chose de commun. Mais, en réalité, les platoniciens sñ€ℱexpriment comme si lñ€ℱUn en soi était, à la façon du Feu ou de lñ€ℱEau, une sorte dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément homéomÚre. Sñ€ℱil en est ainsi, les Nombres ne seront pas des substances, mais il est clair que, si lñ€ℱUn en soi existe, et quñ€ℱil soit principe, lñ€ℱUn ne recevra quñ€ℱune diversité de dénomination, autrement il y aurait là une impossibilité. Dans le but de ramener les choses aux principes de cette théorie, on compose les longueurs du long et du court, cñ€ℱest-à -dire dñ€ℱune certaine espÚce de grand et de petit, la surface du large et de lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©troit, le corps du profond et de son contraire. Or, comment le plan pourra-t-il contenir la ligne, ou le solide la ligne et le plan ? Car le large et lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©troit sont une espÚce différente du profond et de son contraire. De mÃÂȘme donc que le nombre ne se trouve pas dans ces choses, parce que ses principes, le plus ou le moins, sont distincts de ceux que nous venons de nommer, il est clair que de ces diverses espÚces, celles qui sont supérieures, ne pourront se trouver dans les inférieures. Et il ne faut pas dire que le profond soit une espÚce du large ; car alors, le corps serait une sorte de plan. Et les points, dñ€ℱoÃÂč viendront-ils ? Platon combattait lñ€ℱexistence du point, comme étant une pure conception géométrique ; dñ€ℱautre part, il lñ€ℱappelait le principe de la ligne, il en a fait souvent des lignes indivisibles. Pourtant, il faut que ces lignes aient une limite ; de sorte que par la mÃÂȘme raison que la ligne existe, le point existe aussi. Enfin, quand il appartient à la philosophie de rechercher la cause des phénomÚnes, cñ€ℱest cela mÃÂȘme que lñ€ℱon néglige car on ne dit rien de la cause qui est le principe du changement ; et on sñ€ℱimagine expliquer lñ€ℱessence des choses sensibles, en posant dñ€ℱautres essences ; mais comment celles-ci sont-elles les essences de celles-là ? Cñ€ℱest sur quoi on ne se paie que de mots, car participer, comme nous lñ€ℱavons déjà dit, ne signifie rien. Et ce principe que nous regardons comme la fin des sciences, en vue duquel agit toute intelligence et tout ÃÂȘtre ; ce principe que nous avons rangé parmi les principes premiers, les idées ne lñ€ℱatteignent nullement. Mais, les Mathématiques sont devenues, pour les modernes, toute la Philosophie, quoiquñ€ℱils disent quñ€ℱon ne devrait les cultiver [992b] quñ€ℱen vue du reste. De plus, cette dyade, dont ils font la matiÚre des choses, on pourrait bien la regarder comme une matiÚre purement mathématique, comme un attribut et une différence de ce qui est et de la matiÚre, plutÎt que comme la matiÚre mÃÂȘme cñ€ℱest comme ce que les physiciens appellent le rare et le dense, ne désignant par là que les différences premiÚres du sujet ; car tout cela nñ€ℱest autre chose quñ€ℱune sorte de plus et de moins. Quant à ce qui est du mouvement, si le grand et le petit renferment le mouvement, il est clair que les idées seront en mouvement sinon, dñ€ℱoÃÂč est-il venu ? Cñ€ℱen est assez pour supprimer dñ€ℱun seul coup toute étude de la nature. Il eût paru facile à cette doctrine de démontrer que tout est un ; mais elle nñ€ℱy parvient pas, car, des raisons quñ€ℱon expose, il ne résulte pas que toutes choses soient lñ€ℱunité, mais seulement quñ€ℱil y a une certaine unité existante, et il reste à accorder quñ€ℱelle soit tout or cela, on ne le peut, quñ€ℱen accordant lñ€ℱexistence du genre universel, ce qui est impossible pour certaines choses. Pour les choses qui viennent aprÚs les nombres, à savoir, les longueurs, les surfaces et les solides, on nñ€ℱen rend pas raison, on nñ€ℱexplique ni comment elles sont et deviennent, ni si elles ont quelque vertu. Il est impossible que ce soient des idées ; car ce ne sont pas des nombres, ni des choses intermédiaires, car ces derniÚres sont les choses mathématiques, ni enfin des choses périssables ; mais il est évident quñ€ℱelles constituent une quatriÚme classe dñ€ℱÃÂȘtres. Enfin, rechercher les éléments des ÃÂȘtres sans les distinguer, lorsque leurs dénominations les distinguent de tant de maniÚres, cñ€ℱest se mettre dans lñ€ℱimpossibilité de les trouver, surtout si on pose la question de cette maniÚre Quels sont les éléments des ÃÂȘtres ? Car de quels éléments viennent lñ€ℱaction ou la passion ou la direction rectiligne, cñ€ℱest ce quñ€ℱon ne peut certainement pas saisir ; on ne le peut que pour les substances ; de sorte que rechercher les éléments de tous les ÃÂȘtres ou sñ€ℱimaginer quñ€ℱon les connaÃt, est une chimÚre. Et puis, comment pourra-t-on apprendre quels sont les éléments de toutes choses ? Évidemment, il est impossible alors quñ€ℱon ne possÚde aucune connaissance préalable ; car quand on apprend la géométrie, on a des connaissances préalables, sans quñ€ℱon sache dñ€ℱavance rien de ce que renferme la géométrie et de ce quñ€ℱil sñ€ℱagit dñ€ℱapprendre ; et il en est ainsi de tout le reste ; si donc il y a une science de toutes choses, comme quelques-uns le prétendent, il nñ€ℱy a plus de connaissance préalable. Cependant, toute science, aussi bien celle qui procÚde par démonstration que celle q ni procÚde par définitions, ne sñ€ℱacquiert quñ€ℱà lñ€ℱaide de connaissances préalables, totales ou particuliÚres ; car toute définition suppose des données connues dñ€ℱavance ; et il en est de mÃÂȘme de la science par induction. Mais, dñ€ℱun autre cÎté, si la science se trouvait actuellement innée, il serait étonnant [993a] quñ€ℱà notre insu nous possédions en nous la plus haute des sciences. Et puis, comment connaÃtra-t-on les éléments de toutes choses et comment arrivera-t-on à une certitude démonstrative ? Car cela est sujet à difficulté ; et on pourrait douter sur ce point comme on doute au sujet de certaines syllabes les uns disent, en effet, que la syllabe ZA est composée des trois lettres S, D et A ; les autres prétendent que cñ€ℱest un autre son, différent de tous ceux que nous connaissons. Enfin, les choses qui tombent sous la sensation, comment celui qui est dépourvu de la faculté de sentir, pourra-t-il les connaÃtre ? Pourtant, il le faudrait si les idées sont les éléments dont se composent toutes choses, comme des sons composés viennent tous des sons élémentaires. Chapitre 9 Ainsi donc, il résulte clairement de tout ce que nous avons dit jusquñ€ℱici les recherches de tous les philosophes se rapportent aux quatre principes déterminés par nous dans la Physique, et quñ€ℱen dehors de ceux-là il nñ€ℱy en a pas dñ€ℱautre. Mais ces recherches ont été faites sans précision ; et si, en un sens, on a parlé avant nous de tous les principes, on peut dire en un autre quñ€ℱil nñ€ℱen a pas été parlé car la philosophie primitive, jeune et faible encore, semble bégayer sur toutes choses. Par exemple, lorsque Empédocle dit que ce qui fait lñ€ℱos cñ€ℱest la proportion, il désigne par là la forme et lñ€ℱessence de la chose ; mais il faut aussi que ce principe rende raison de la chair et de toutes les autres choses, ou de rien ; cñ€ℱest donc par la proportion que la chair et lñ€ℱos et toutes les autres choses existeront, et non pas par la matiÚre, laquelle est selon lui feu, terre et eau. Quñ€ℱun autre eût dit cela, Empédocle en serait nécessairement convenu ; mais il ne sñ€ℱest pas expliqué clairement. Lñ€ℱinsuffisance des recherches de nos devanciers a été assez montrée. Maintenant, reprenons les difficultés qui peuvent sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lever sur le sujet, lui-mÃÂȘme ; leur solution nous conduira peut-ÃÂȘtre à celle des difficultés qui se présenteront ensuite. Livre 2 Chapitre 1 La science qui a pour objet la vérité, est difficile sous un point de vue et facile sous un autre. Ce qui le prouve, cñ€ℱest quñ€ℱil est impossible dñ€ℱatteindre complÚtement la vérité, et que tous la manquent complÚtement. [993b] Pourtant, chaque philosophe explique quelque secret de la nature. Ce que chacun en particulier ajoute à la connaissance de la vérité nñ€ℱest rien sans doute ou nñ€ℱest que peu de chose ; mais la réunion de toutes les idées présente dñ€ℱimportants résultats. De sorte quñ€ℱil en est ici, ce nous semble, comme de ce que nous disons dans le proverbe Qui ne mettrait pas la flÚche dans une porte ? Considérée ainsi, cette science est chose facile. Mais lñ€ℱimpossibilité dñ€ℱune possession complÚte de la vérité dans son ensemble et dans ses parties, montre tout ce quñ€ℱil y a de difficile dans la recherche dont il sñ€ℱagit. Cette difficulté est double. Toutefois, elle a peut-ÃÂȘtre sa cause non pas dans les choses, mais dans nous-mÃÂȘmes. En effet, de mÃÂȘme que les yeux des chauves-souris sont offusqués par la lumiÚre du jour, de mÃÂȘme lñ€ℱintelligence de notre ùme est offusquée par les choses qui portent en elles la plus éclatante évidence. Il est donc juste dñ€ℱavoir de la reconnaissance non-seulement pour ceux dont on partage les opinions, mais pour ceux-là mÃÂȘmes qui ont traité les questions dñ€ℱune maniÚre un peu superficielle ; car eux aussi ont contribué pour leur part. Ce sont eux qui ont préparé par leurs travaux lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tat actuel de la science. Si Timothée nñ€ℱavait point existé, nous nñ€ℱaurions pas toutes ces belles mélodies ; mais sñ€ℱil nñ€ℱy avait point eu de Phrynes, il nñ€ℱeût point existé de Timothée. Il en est de mÃÂȘme de ceux qui ont exposé leurs idées sur la vérité. Nous avons adopté quelques-unes des opinions de plusieurs philosophes ; les autres philosophes ont été causes de lñ€ℱexistence de ceux-là . Enfin cñ€ℱest à juste titre quñ€ℱon nomme la philosophie, la science théorétique de la vérité. En effet, la fin de la spéculation, cñ€ℱest la vérité ; celle de la pratique, cñ€ℱest lñ€ℱÅ“uvre ; et les praticiens, quand ils considÚrent le comment des choses, nñ€ℱexaminent pas la cause pour elle-mÃÂȘme, mais en vue dñ€ℱun but particulier, dñ€ℱun intérÃÂȘt présent. Or, nous ne savons pas le vrai si nous ne savons la cause. De plus, une chose est vraie par excellence, quand cñ€ℱest à elle que les autres choses empruntent ce quñ€ℱelles ont en elles de vérité ; et, de mÃÂȘme que le feu est le chaud par excellence, parce quñ€ℱil est la cause de la chaleur des autres ÃÂȘtres ; de mÃÂȘme la chose qui est la cause de la vérité dans les ÃÂȘtres qui dérivent de cette chose est aussi la vérité par excellence. Cñ€ℱest pourquoi les principes des ÃÂȘtres éternels sont nécessairement lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©ternelle vérité. Car, ce nñ€ℱest pas dans telle circonstance seulement quñ€ℱils sont vrais ; et il nñ€ℱy a rien qui soit la cause de leur vérité ; ce sont eux au contraire qui sont causes de la vérité des autres choses. En sorte que tel est le rang de chaque chose dans lñ€ℱordre de lñ€ℱÃÂȘtre, tel est son rang dans lñ€ℱordre de la vérité. Chapitre 2 [994a] Il est évident quñ€ℱil y a un premier principe, et quñ€ℱil nñ€ℱexiste ni une série infinie de causes, ni une infinité dñ€ℱespÚces de causes. Ainsi, sous le point de vue de la matiÚre, il est impossible quñ€ℱil y ait production à lñ€ℱinfini ; que la chair, par exemple, vienne de la terre, la terre de lñ€ℱair, lñ€ℱair du feu, sans que cela sñ€ℱarrÃÂȘte. De mÃÂȘme pour le principe du mouvement on ne dira pas que lñ€ℱhomme a été mis en mouvement par lñ€ℱair, lñ€ℱair par le soleil, le soleil par la discorde, et ainsi à lñ€ℱinfini. De mÃÂȘme encore, on ne peut, pour la cause finale, aller à lñ€ℱinfini et dire que la marche est en vue de la santé, la santé en vue du bonheur, le bonheur en vue dñ€ℱautre chose, et que toute chose est toujours ainsi en vue dñ€ℱune autre. De mÃÂȘme enfin pour la cause essentielle. Toute chose intermédiaire est précédée et suivie dñ€ℱautre chose, et ce qui précÚde est nécessairement cause de ce qui suit. Si lñ€ℱon nous demandait laquelle dñ€ℱune série de trois choses est la cause, nous dirions que cñ€ℱest la premiÚre. Car ce nñ€ℱest point la derniÚre ce qui est à la fin nñ€ℱest cause de rien. Ce nñ€ℱest point non plus lñ€ℱintermédiaire elle nñ€ℱest cause que dñ€ℱune seule chose. Peu importe ensuite que ce qui est intermédiaire soit un ou plusieurs, infini ou fini. Car toutes les parties de cette infinité de causes, et, en général, toutes les parties de lñ€ℱinfini, si vous partez du fait actuel pour remonter de cause en cause, ne sont également que des intermédiaires. De sorte que si rien nñ€ℱest premier, il nñ€ℱy a absolument pas de cause. Mais sñ€ℱil faut, en remontant, arriver à un principe, on ne peut pas non plus, en descendant, aller à lñ€ℱinfini, et dire, par exemple, que le feu produit lñ€ℱeau, lñ€ℱeau la terre, et que la chaÃne de la production des ÃÂȘtres se continue ainsi sans cesse et sans fin. En effet, ceci succÚde à cela, signifie deux choses ; ou bien une succession simple AprÚs les jeux Isthmiques, les jeux Olympiens ; ou bien un rapport dñ€ℱun autre genre Lñ€ℱhomme, par lñ€ℱeffet dñ€ℱun changement, vient de lñ€ℱenfant, lñ€ℱair de lñ€ℱeau. Et voici dans quel sens nous entendons que lñ€ℱhomme vient de lñ€ℱenfant ; cñ€ℱest dans le sens oÃÂč nous disons que ce qui est devenu a été produit par ce qui devenait, ou bien que ce qui est parfait a été produit par lñ€ℱÃÂȘtre qui se perfectionnait ; car, de mÃÂȘme que entre lñ€ℱÃÂȘtre et le non-ÃÂȘtre il y a toujours le devenir, de mÃÂȘme aussi entre ce qui nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait pas et ce qui est, il y a ce qui devient. Ainsi, celui qui étudie devient savant, et cñ€ℱest ce quñ€ℱon entend en disant que dñ€ℱapprenant quñ€ℱon était on devient instruit. Quant à cet autre exemple Lñ€ℱair vient de lñ€ℱeau ; là , il y a lñ€ℱun des deux éléments qui périt dans la production de lñ€ℱautre. Aussi, dans le premier cas nñ€ℱy a-t-il point de retour de ce qui est produit à ce qui a produit [994b] dñ€ℱhomme on ne devient pas enfant ; car ce qui est produit ne lñ€ℱest pas par la production mÃÂȘme, mais vient aprÚs la production. De mÃÂȘme pour la succession simple le jour vient de lñ€ℱaurore, uniquement parce quñ€ℱil lui succÚde ; mais par cela mÃÂȘme lñ€ℱaurore ne vient pas du jour. Dans lñ€ℱautre espÚce de production, au contraire, il y a retour de lñ€ℱun des éléments à lñ€ℱautre. Mais dans les deux cas il est impossible dñ€ℱaller à lñ€ℱinfini. Dans le premier, il faut que les intermédiaires aient une fin ; dans le dernier il y a retour perpétuel dñ€ℱun élément à lñ€ℱautre, car la destruction de lñ€ℱun est la production de lñ€ℱautre. Et puis, il est impossible que lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément premier, sñ€ℱil est éternel, périsse comme il le faudrait alors. Car, puisque, en remontant de cause en cause, la chaÃne de la production nñ€ℱest pas infinie, il faut nécessairement que lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément premier qui, en périssant, a produit quelque chose, ne soit pas éternel. Or, cela est impossible. Ce nñ€ℱest pas tout la cause finale est une fin. Par cause finale on entend ce qui ne se fait pas en vue dñ€ℱautre chose, mais au contraire ce en vue de quoi autre chose se fait. De sorte que sñ€ℱil y a ainsi quelque chose qui soit le dernier terme, il nñ€ℱy aura pas de production infinie sñ€ℱil nñ€ℱy a rien de tel, il nñ€ℱy a point de cause finale. Ceux qui admettent ainsi la production à lñ€ℱinfini, ne voient pas quñ€ℱils suppriment par là mÃÂȘme le bien. Or, y a-t-il quelquñ€ℱun qui voudrait entreprendre une chose, sñ€ℱil ne devait pas arriver à lñ€ℱachever ? Ce serait lñ€ℱacte dñ€ℱun insensé. Lñ€ℱhomme raisonnable agit toujours en vue de quelque chose ; et cñ€ℱest-là une fin, car le but quñ€ℱon se propose est une fin. On ne peut pas non plus ramener indéfiniment lñ€ℱessence à une autre essence. Il faut sñ€ℱarrÃÂȘter. Toujours lñ€ℱessence qui précÚde est plus essence que celle qui suit ; mais si ce qui précÚde ne lñ€ℱest pas encore, à plus forte raison ce qui suit. Bien plus, ce genre de systÚme rend toute connaissance impossible. On ne peut savoir, il est impossible de rien connaÃtre, avant dñ€ℱarriver à ce qui est simple et indivisible. Or, comment penser à cette infinité dñ€ℱÃÂȘtres dont on nous parle ? Il nñ€ℱen est pas ici comme de la ligne, qui ne sñ€ℱarrÃÂȘte pas dans ses divisions la pensée a besoin de points dñ€ℱarrÃÂȘt. Aussi, si vous parcourez cette ligne qui se divise à lñ€ℱinfini, vous nñ€ℱen pouvez compter toutes les divisions. Ajoutons que nous ne concevons la matiÚre que dans un objet en mouvement. Or, aucun de ces objets nñ€ℱest marqué du caractÚre de lñ€ℱinfini. Si ces objets sont réellement infinis, le caractÚre propre de lñ€ℱinfini nñ€ℱest pas lñ€ℱinfini. Et quand bien mÃÂȘme on dirait seulement quñ€ℱil y a un nombre infini dñ€ℱespÚces de causes, la connaissance serait encore impossible. Car nous croyons savoir quand nous connaissons les causes ; et il nñ€ℱest point possible que dans un temps fini, nous puissions parcourir une série infinie. Chapitre 3 Les auditeurs sont soumis à lñ€ℱinfluence de lñ€ℱhabitude. Nous aimons quñ€ℱon se serve dñ€ℱun langage conforme à celui qui nous est familier. Sans cela, les choses ne paraissent plus ce quñ€ℱelles nous paraissaient ; il nous semble, par ce quñ€ℱelles ont dñ€ℱinaccoutumé, que nous les connaissons moins, et quñ€ℱelles nous sont plus étrangÚres. Ce qui nous est habituel nous est, en effet, mieux connu. Une chose qui montre bien quelle est la force de lñ€ℱhabitude, ce sont les lois, oÃÂč des fables et [995a] des puérilités ont plus de puissance, par lñ€ℱeffet de lñ€ℱhabitude, que nñ€ℱen aurait la vérité mÃÂȘme. Il est des hommes qui nñ€ℱadmettent dñ€ℱautres démonstrations que celles des mathématiques ; dñ€ℱautres ne veulent que des exemples ; dñ€ℱautres ne trouvent pas mauvais quñ€ℱon invoque le témoignage dñ€ℱun poÚte. Il en est enfin qui demandent que tout soit rigoureusement démontré ; tandis que dñ€ℱautres trouvent cette rigueur insupportable, ou bien parce quñ€ℱils ne peuvent suivre la chaÃne des démonstrations, ou bien parce quñ€ℱils pensent que cñ€ℱest se perdre dans des futilités. Il y a, en effet, quelque chose de cela dans lñ€ℱaffectation de la rigueur. Aussi quelques-uns la regardent-ils comme indigne dñ€ℱun homme libre, non-seulement dans la conversation, mais mÃÂȘme dans la discussion philosophique. Il faut donc que nous apprenions avant tout quelle sorte de démonstration convient à chaque objet particulier ; car il serait absurde de mÃÂȘler ensemble et la recherche de la science, et celle de sa méthode deux choses dont lñ€ℱacquisition présente de grandes difficultés. On ne doit pas exiger en tout la rigueur mathématique, mais seulement quand il sñ€ℱagit dñ€ℱobjets immatériels. Aussi la méthode mathématique nñ€ℱest-elle pas celle des physiciens ; car la matiÚre est probablement le fond de toute la nature. Ils ont à examiner dñ€ℱabord ce que cñ€ℱest que la nature. De cette maniÚre, en effet, ils verront clairement quel est lñ€ℱobjet de la physique, et si lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tude des causes et des principes de la nature est le partage dñ€ℱune science unique ou de plusieurs sciences. Livre 3 Chapitre 1 Il est nécessaire, dans lñ€ℱintérÃÂȘt de la science que nous cherchons, de commencer par exposer les difficultés que nous avons à résoudre dÚs lñ€ℱabord. Ces difficultés, ce sont, outre les opinions contradictoires des divers philosophes sur les mÃÂȘmes sujets, tous les points obscurs quñ€ℱils peuvent avoir négligé dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©claircir si lñ€ℱon veut arriver à une solution vraie, il est utile de se bien poser dñ€ℱabord ces difficultés. Car la solution vraie à laquelle on parvient ensuite, nñ€ℱest autre chose que lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©claircissement de ces difficultés or, il est impossible de délier un nÅ“ud si lñ€ℱon ne sait pas la maniÚre de sñ€ℱy prendre. Ceci est évident surtout pour les difficultés, les doutes de la pensée. Douter, pour elle, cñ€ℱest ÃÂȘtre dans lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tat de lñ€ℱhomme enchaÃné pas plus que lui elle ne peut aller en avant. Il nous faut donc commencer par examiner toutes les difficultés, et pour ces motifs, et aussi parce que chercher sans se les ÃÂȘtre posées dñ€ℱabord, cñ€ℱest ressembler à ceux qui marchent sans savoir vers quel but il faut marcher, cñ€ℱest sñ€ℱexposer mÃÂȘme à ne point reconnaÃtre si lñ€ℱon a découvert ou non ce que lñ€ℱon cherchait. En effet, on nñ€ℱa point alors de but marqué le but est marqué au contraire pour celui qui a commencé par se les bien poser. Enfin, on doit nécessairement ÃÂȘtre mieux à mÃÂȘme de juger, quand on a entendu, comme parties adverses en quelque sorte, toutes les raisons opposées. La premiÚre difficulté est celle que nous nous sommes déjà proposée dans lñ€ℱintroduction. LĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tude des causes appartient-elle à une seule science, ou à plusieurs, et la science doit-elle sñ€ℱoccuper seulement des premiers principes des ÃÂȘtres, ou bien doit-elle embrasser aussi les principes généraux de la démonstration, tels que celui-ci Est-il possible, ou non, dñ€ℱaffirmer et de nier en mÃÂȘme temps une seule et mÃÂȘme chose ? Et tous les autres principes de ce genre ? Et si elle ne sñ€ℱoccupe que des principes des ÃÂȘtres, y a-t-il une seule science ou plusieurs pour tous ces principes ? Et sñ€ℱil y en a plusieurs, y a-t-il entre toutes quelque affinité, on bien les unes doivent-elles ÃÂȘtre considérées comme des philosophies, les autres non ? Il est nécessaire encore de rechercher si lñ€ℱon ne doit reconnaÃtre que des substances sensibles, ou sñ€ℱil y en a dñ€ℱautres en dehors de celles-là . Y a-t-il une seule espÚce de substance, ou bien y en a-t-il plusieurs ? De ce dernier avis sont, par exemple, ceux qui admettent les idées, et les substances mathématiques intermédiaires entre les idées et les objets sensibles. Ce sont là , disons-nous, des difficultés quñ€ℱil faut examiner, et encore celle-ci Notre étude nñ€ℱembrasse-t-elle que les essences, ou bien sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tend-elle aussi aux accidents essentiels des substances ? Ensuite, à quelle science appartient-il de sñ€ℱoccuper de lñ€ℱidentité et de lñ€ℱhétérogénéité, de la similitude et de la dissimilitude, de lñ€ℱidentité et de la contrariété, de lñ€ℱantériorité et de la postériorité, et des autres principes de ce genre à lñ€ℱusage des Dialecticiens, lesquels ne raisonnent que sur le vraisemblable ? Ensuite, quels sont les accidents propres de chacune de ces choses ? Il ne faut pas seulement rechercher ce quñ€ℱest chacune dñ€ℱelles, mais encore si elles sont opposées les unes aux autres. Sont-ce les genres qui sont les principes et les éléments ; sont-ce les parties intrinsÚques de chaque ÃÂȘtre ? Et si ce sont les genres, sont-ce les plus rapprochés des individus, ou bien les genres les plus élevés ? Est-ce lñ€ℱanimal, par exemple, ou bien lñ€ℱhomme, qui est principe ; et le genre lñ€ℱest-il plutÎt que lñ€ℱindividu ? Une autre question non moins digne dñ€ℱÃÂȘtre étudiée et approfondie est celle-ci y a-t-il ou non, en dehors de la substance, quelque chose qui soit cause en soi ? Ce quelque chose en est-il ou non indépendant ; est-il un ou multiple ? Est-il ou non en dehors de lñ€ℱensemble et par lñ€ℱensemble jñ€ℱentends ici la substance avec sel attributs ? En dehors de quelques individus et non des autres ; et quels sont alors les ÃÂȘtres en dehors desquels il existe ? Ensuite, les principes soit formels soit substantiels, sont-ils numériquement distincts ou réductibles à des genres ? [996a] Les principes des ÃÂȘtres périssables et ceux des ÃÂȘtres impérissables sont-ils les mÃÂȘmes ou différents ; sont-ils tous impérissables, ou bien les principes des ÃÂȘtres périssables sont-ils périssables ? De plus, et cñ€ℱest là la difficulté la plus grande, la plus embarrassante, lñ€ℱunité et lñ€ℱÃÂȘtre constituent-ils ou non la substance des ÃÂȘtres, comme le prétendaient les Pythagoriciens et Platon ; ou bien y a-t-il quelque chose qui leur serve de sujet, de substance, comme lñ€ℱAmitié dñ€ℱEmpédocle, le feu, lñ€ℱeau, lñ€ℱair de tel ou tel autre philosophe ? Les principes sont-ils relatifs au général, ou bien aux choses particuliÚres ? Sont-ils en puissance ou en acte ? Sont-ils en mouvement ou autrement ? Ce sont là de graves difficultés. Ensuite, les nombres, les longueurs, les figures, les points, sont-ils ou non des substances ; et, sñ€ℱils sont des substances, sont-ils indépendants des objets sensibles, ou existent-ils dans ces objets ? Sur tous ces points, non seulement il est difficile dñ€ℱarriver à la vérité par une bonne solution, mais il nñ€ℱest pas mÃÂȘme bien facile de se poser nettement les difficultés. Chapitre 2 Dñ€ℱabord, comme nous nous le sommes demandé en commençant, appartient-il à une seule science ou à plusieurs, dñ€ℱexaminer toutes les espÚces de causes ? Mais comment appartiendrait-il à une seule science de connaÃtre des principes qui ne sont pas contraires les uns aux autres ? Et de plus, il y a un grand nombre dñ€ℱobjets oÃÂč ces principes ne se trouvent pas tous réunis. Comment, par exemple, serait-il possible de rechercher la cause du mouvement ou le principe du bien dans ce qui est immobile ? En effet, tout ce qui est bien en soi et par sa nature est un but, et par cela mÃÂȘme une cause, puisque cñ€ℱest en vue de ce bien que se produisent, quñ€ℱexistent les autres choses. Un but, ce en vue de quoi, est nécessairement but de quelque action or, il nñ€ℱy a point dñ€ℱaction sans mouvement ; de sorte que dans les choses immobiles on ne peut admettre ni lñ€ℱexistence de ce principe du mouvement, ni celle du bien en soi. Aussi ne démontre-t-on rien dans les sciences mathématiques au moyen de la cause du mouvement. On ne sñ€ℱy occupe pas davantage du mieux et du pire ; et mÃÂȘme aucun mathématicien ne tient compte de ces principes. Cñ€ℱest pour ce motif que quelques sophistes, Aristippe par exemple, repoussaient ignominieusement les sciences mathématiques. Dans tous les arts, disaient-ils, mÃÂȘme dans les arts manuels, dans celui du maçon, du cordonnier, on sñ€ℱoccupe sans cesse du mieux et du pire ; [996b] tandis que les mathématiques ne font jamais mention du bien ni du mal. Mais sñ€ℱil y a plusieurs sciences des causes, si chacune dñ€ℱelles sñ€ℱoccupe de principes différents, laquelle de toutes ces sciences sera celle que nous cherchons ; ou, parmi les hommes qui les posséderont, lequel connaÃtra le mieux lñ€ℱobjet de nos recherches ? Il est possible quñ€ℱun seul objet réunisse toutes ces espÚces de causes. Ainsi, dans une maison, le principe du mouvement, cñ€ℱest lñ€ℱart et lñ€ℱouvrier ; la cause finale, cñ€ℱest lñ€ℱÅ“uvre ; la matiÚre, la terre et les pierres ; le plan est la forme. Il convient donc, dñ€ℱaprÚs la définition que nous avons assignée précédemment à la philosophie, de donner ce nom à chacune des sciences qui sñ€ℱoccupent de ces causes. La science par excellence, celle qui dominera toutes les autres, à laquelle les autres sciences devront céder en esclaves, cñ€ℱest assurément celle qui sñ€ℱoccupe du but et du bien ; car tout le reste nñ€ℱexiste quñ€ℱen vue du bien. Mais la science des causes premiÚres, celle que nous avons définie la science de ce quñ€ℱil y a de plus scientifique, ce sera la science de lñ€ℱessence. On peut, en effet, connaÃtre la mÃÂȘme chose de bien des maniÚres ; mais ceux qui connaissent un objet par ce quñ€ℱil est, connaissent mieux que ceux qui le connaissent par ce quñ€ℱil nñ€ℱest pas. Parmi les premiers mÃÂȘme nous distinguons des degrés de connaissance ceux-là en ont la science la plus parfaite, qui connaissent, non point sa quantité, ses qualités, ses modifications, ses actes, mais son essence. Il en est de mÃÂȘme aussi de toutes les choses dont il y a démonstration. Nous croyons en avoir la connaissance lorsque nous savons ce en quoi elles consistent Quñ€ℱest-ce, par exemple, que construire un carré équivalent à un rectangle donné ? Cñ€ℱest trouver la moyenne proportionnelle entre les deux cÎtés du rectangle. Et de mÃÂȘme pour tous les autres cas. Pour la production, au contraire, pour lñ€ℱaction, pour toute espÚce de changement, nous croyons avoir la science, lorsque nous connaissons le principe du mouvement, lequel est différent de la cause finale, et en est précisément lñ€ℱopposé. Il paraÃtrait donc dñ€ℱaprÚs cela que ce sont des sciences différentes qui doivent examiner chacune de ces causes. Ce nñ€ℱest pas tout. Les principes de la démonstration appartiennent-ils à une seule science ou à plusieurs ? Cñ€ℱest encore là une question. Jñ€ℱappelle principe de la démonstration, ces axiomes généraux sur lesquels tout le monde sñ€ℱappuie pour démontrer ; ceux-ci, par exemple Il faut nécessairement affirmer ou nier une chose ; Une chose ne peut pas ÃÂȘtre et nñ€ℱÃÂȘtre pas en mÃÂȘme temps ; et toutes les autres propositions de ce genre. Hé bien, la science de ces principes est-elle la mÃÂȘme que celle de lñ€ℱessence, ou en diffÚre-t-elle ? Si elle en diffÚre, laquelle des deux reconnaÃtrons-nous pour celle que nous cherchons ? Les principes de la démonstration nñ€ℱappartiennent pas à une seule science, cela est évident pourquoi la géométrie sñ€ℱarrogerait-elle, plutÎt que toute autre science, le droit de traiter de ces principes ? Si donc toute science quelconque a également ce privilÚge, et si pourtant elles ne peuvent pas toutes en jouir, lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tude des principes ne dépendra pas plus de la science qui connaÃt les essences, que de toute autre. Et puis, comment y aurait-il une science des principes ? Nous connaissons de prime abord ce quñ€ℱest chacun dñ€ℱeux ; aussi tous les arts les emploient-ils comme choses bien connues. Tandis que sñ€ℱil y avait une science démonstrative des principes, il faudrait admettre lñ€ℱexistence dñ€ℱun genre commun, objet de cette science ; il faudrait dñ€ℱun cÎté les accidents du genre, de lñ€ℱautre des axiomes, car il est impossible de tout démontrer. Toute démonstration doit partir dñ€ℱun principe, porter sur un objet, démontrer quelque chose de cet objet. Il sñ€ℱensuit que tout ce qui se démontre pourrait se ramener à un genre unique. Et en effet, toutes les sciences démonstratives se servent des axiomes. Or, si la science des axiomes est une autre science que la science de lñ€ℱessence, laquelle des deux sera la science souveraine, la science premiÚre ? Les axiomes sont ce quñ€ℱil y a de plus général ; ils sont les principes de toutes choses si donc ils ne font pas partie de la science du philosophe, quel autre sera chargé de vérifier leur vérité ou leur fausseté ? Enfin, y a-t-il une seule science pour toutes les essences, y en a-t-il plusieurs ? Sñ€ℱil y en a plusieurs, de quelle essence traite la science qui nous occupe ? Quñ€ℱil nñ€ℱy ait quñ€ℱune science de toutes les essences, cñ€ℱest ce qui nñ€ℱest pas probable. Dans ce cas il y aurait une seule science démonstrative de tous les accidents essentiels des ÃÂȘtres, puisque toute science démonstrative soumet au contrÎle de principes communs tous les accidents essentiels dñ€ℱun sujet donné. Il appartient donc à la mÃÂȘme science dñ€ℱexaminer dñ€ℱaprÚs des principes communs seulement les accidents essentiels dñ€ℱun mÃÂȘme genre. En effet, une science sñ€ℱoccupe de ce qui est ; une autre science, soit quñ€ℱelle se confonde avec la précédente ou sñ€ℱen distingue, traite des causes de ce qui est. De sorte que ces deux sciences, ou cette science unique, dans le cas oÃÂč elles nñ€ℱen font quñ€ℱune, sñ€ℱoccuperont elles-mÃÂȘmes des accidents du genre qui est leur objet. Mais, dñ€ℱailleurs, la science nñ€ℱembrasse-t-elle que les essences, ou bien porte-t-elle aussi sur leurs accidents ? Par exemple, si nous considérons comme des essences, les solides, les lignes, les plans, la science de ces essences sñ€ℱoccupera-t-elle en mÃÂȘme temps des accidents de chaque genre, accidents sur lesquels portent les démonstrations mathématiques, ou bien sera-ce lñ€ℱobjet dñ€ℱune autre science ? Sñ€ℱil nñ€ℱy a quñ€ℱune science unique, la science de lñ€ℱessence sera alors une science démonstrative or, lñ€ℱessence, à ce quñ€ℱil semble, ne se démontre pas ; et sñ€ℱil y a deux sciences différentes, quelle est donc celle qui traitera des accidents de la substance ? Cñ€ℱest une question dont la solution est des plus difficiles. De plus, ne faut-il admettre que des substances sensibles, ou bien y en a-t-il dñ€ℱautres encore ? Nñ€ℱy a-t-il quñ€ℱune espÚce de substance, y en a-t-il plusieurs ? De ce dernier avis sont, par exemple, ceux qui admettent les idées, ainsi que les ÃÂȘtres intermédiaires objets des sciences mathématiques. Ils disent que les idées sont par elles-mÃÂȘmes causes et substances, comme nous lñ€ℱavons vu, en traitant cette question dans le premier livre. Cette doctrine est sujette à mille objections. Mais ce quñ€ℱil y a de plus absurde, cñ€ℱest de dire quñ€ℱil existe des ÃÂȘtres particuliers en dehors de ceux que nous voyons dans lñ€ℱunivers, mais que ces ÃÂȘtres sont les mÃÂȘmes que les ÃÂȘtres sensibles, à cette seule différence prÚs que les uns sont éternels, les autres périssables en effet, tout ce quñ€ℱils disent, cñ€ℱest quñ€ℱil y a lñ€ℱhomme en soi, le cheval, la santé en soi ; imitant en cela ceux qui disent quñ€ℱil y a des dieux, mais que ces dieux ressemblent aux hommes. Les uns ne font pas autre chose que des hommes éternels ; les idées des autres ne sont de mÃÂȘme que des ÃÂȘtres sensibles éternels. Si, outre les idées et les objets sensibles, lñ€ℱon veut admettre les ÃÂȘtres intermédiaires, il sñ€ℱen suit une multitude de difficultés. Car, évidemment, il y aura aussi des lignes intermédiaires entre lñ€ℱidée de la ligne et la ligne sensible ; et de mÃÂȘme pour toute espÚce de choses. Prenons pour exemple lñ€ℱAstronomie. Il y aura un autre ciel, en dehors de celui qui tombe sous nos sens, un autre soleil, une autre lune ; et de mÃÂȘme pour tout ce qui est dans le ciel. Or, comment croire à leur existence ? Ce nouveau ciel, on ne peut raisonnablement le faire immobile ; et, dñ€ℱun autre cÎté il est tout-à -fait impossible quñ€ℱil soit en mouvement. Il en est de mÃÂȘme pour les objets dont traite lñ€ℱOptique, et pour les rapports mathématiques des sons musicaux. Là encore on ne peut admettre, et pour les mÃÂȘmes raisons, des ÃÂȘtres en dehors de ceux que nous voyons ; car, si vous admettez des ÃÂȘtres sensibles intermédiaires, il vous faudra nécessairement admettre des sensations intermédiaires pour les percevoir, ainsi que des animaux intermédiaires entre les idées des animaux et les animaux périssables. On peut se demander sur quels ÃÂȘtres porteraient les sciences intermédiaires. Car si vous reconnaissez que la Géodésie ne diffÚre de la Géométrie, quñ€ℱen ce que lñ€ℱune porte sur des objets sensibles, lñ€ℱautre sur des objets que nous ne percevons point par les sens, il vous faut évidemment faire la mÃÂȘme chose pour la Médecine et pour toutes les autres sciences, et dire quñ€ℱil y a une science intermédiaire entre la Médecine idéale et la Médecine sensible. Et comment admettre une pareille supposition ? Il faudrait alors dire aussi quñ€ℱil y a une santé intermédiaire entre la santé des ÃÂȘtres sensibles et la santé en soi. Mais il nñ€ℱest pas mÃÂȘme vrai de dire que la Géodésie est une science de grandeurs sensibles et périssables, car, dans ce cas, elle périrait, quand périraient ces grandeurs. Lñ€ℱAstronomie elle-mÃÂȘme, la science du ciel qui tombe sous nos sens, nñ€ℱest pas une science de grandeurs sensibles. Les lignes sensibles ne sont pas les lignes du géomÚtre, car les sens ne
Lierre(Hedera) : Culture, Taille & Entretien. Guides & Conseils / Par Guillaume / 16 juillet 2020. TolĂ©rant Ă  l’ombre, facile Ă  cultiver et Ă  feuilles persistantes, le lierre a beaucoup Ă  offrir aux jardiniers. Leur croissance dense et leurs fleurs riches en nectar sont Ă©galement utiles pour la faune. Il vit sur des piliers.

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Cest une plante cultivĂ©e dans le but de rĂ©colter un lĂ©gume : le concombre. Mais elle peut Ă©galement ĂȘtre utilisĂ©e en condiment*, dans ce cas, elle est rĂ©coltĂ©e prĂ©cocement, le fruit est alors appelĂ© « cornichon ». Plante potagĂšre annuelle, son port est grimapant ou rampant. Ses tiges sont poilues, presque piquantes, volubiles et Aristote Traduction de Pascale Nau Livre 1 Chapitre 1 [980a] Tous les hommes ont un désir naturel de savoir, comme le témoigne lñ€ℱardeur avec laquelle on recherche les connaissances qui sñ€ℱacquiÚrent par les sens. On les recherche, en effet, pour elles-mÃÂȘmes et indépendamment de leur utilité, surtout celles que nous devons à la vue ; car ce nñ€ℱest pas seulement dans un but pratique, cñ€ℱest sans vouloir en faire aucun usage, que nous préférons en quelque maniÚre cette sensation à toutes les autres ; cela vient de ce quñ€ℱelle nous fait connaÃtre plus dñ€ℱobjets, et nous découvre plus de différences. La nature a donné aux animaux la faculté de sentir mais chez les uns, la sensation ne produit pas la mémoire, chez les autres, elle la produit ; [980b] et cñ€ℱest pour cela que ces derniers sont plus intelligents et plus capables dñ€ℱapprendre que ceux qui nñ€ℱont pas la faculté de se ressouvenir. Lñ€ℱintelligence toute seule, sans la faculté dñ€ℱapprendre, est le partage de ceux qui ne peuvent entendre les sons, comme les abeilles et les autres animaux de cette espÚce ; la capacité dñ€ℱapprendre est propre à tous ceux qui réunissent à la mémoire le sens de lñ€ℱouïe. Il y a des espÚces qui sont réduites à lñ€ℱimagination et à la mémoire, et qui sont peu capables dñ€ℱexpérience mais la race humaine sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lÚve jusquñ€ℱà lñ€ℱart et jusquñ€ℱau raisonnement. Cñ€ℱest la mémoire qui dans lñ€ℱhomme produit lñ€ℱexpérience ; car plusieurs ressouvenirs dñ€ℱune mÃÂȘme chose constituent une expérience ; aussi lñ€ℱexpérience paraÃt-elle presque semblable à la science et à lñ€ℱart ; [981a] et cñ€ℱest de lñ€ℱexpérience que lñ€ℱart et la science viennent aux hommes ; car, comme le dit Polus, et avec raison, cñ€ℱest lñ€ℱexpérience qui fait lñ€ℱart, et lñ€ℱinexpérience le hasard. Lñ€ℱart commence, lorsque, de plusieurs données empruntées à lñ€ℱexpérience, se forme une seule notion générale, qui sñ€ℱapplique à tous les cas analogues. Savoir que Callias étant attaqué de telle maladie, tel remÚde lui a réussi, ainsi quñ€ℱà Socrate ; et de mÃÂȘme à plusieurs autres pris individuellement, cñ€ℱest de lñ€ℱexpérience ; mais savoir dñ€ℱune maniÚre générale que tous les individus compris dans une mÃÂȘme classe et atteints de telle maladie, de la pituite, par exemple, ou de la bile ou de la fiÚvre, ont été guéris par le mÃÂȘme remÚde, cñ€ℱest de lñ€ℱart. Pour la pratique, lñ€ℱexpérience ne diffÚre pas de lñ€ℱart, et mÃÂȘme les hommes dñ€ℱexpérience atteignent mieux leur but que ceux qui nñ€ℱont que la théorie sans lñ€ℱexpérience ; la raison en est que lñ€ℱexpérience est la connaissance du particulier, lñ€ℱart celle du général, et que tout acte, tout fait tombe sur le particulier ; car ce nñ€ℱest pas lñ€ℱhomme en général que guérit le médecin, mais lñ€ℱhomme particulier, mais Callias ou Socrate, ou tout autre individu semblable, qui se trouve ÃÂȘtre un homme ; si donc quelquñ€ℱun possÚde la théorie sans lñ€ℱexpérience, et connaÃt le général sans connaÃtre le particulier dont il se compose, celui-là se trompera souvent sur le remÚde à employer ; car ce quñ€ℱil sñ€ℱagit de guérir, cñ€ℱest lñ€ℱindividu. Cependant on croit que le savoir appartient plus à lñ€ℱart quñ€ℱà lñ€ℱexpérience, et on tient pour plus sages les hommes dñ€ℱart que les hommes dñ€ℱexpérience ; car la sagesse est toujours en raison du savoir. Et il en est ainsi parce que les premiers connaissent la cause, tandis que les seconds ne la connaissent pas ; les hommes dñ€ℱexpérience en effet, savent bien quñ€ℱune chose est, mais le pourquoi, ils lñ€ℱignorent ; les autres, au contraire, savent le pourquoi et la cause. Aussi on regarde en toute circonstance les architectes comme supérieurs en considération, en savoir et en sagesse aux simples manÅ“uvres, parce quñ€ℱils savent la raison de ce qui se fait, tandis quñ€ℱil en est de ces derniers comme de ces espÚces inanimées qui agissent sans savoir ce quelles font, par exemple, le feu qui brûle sans savoir quñ€ℱil brûle. [981b] Les ÃÂȘtres insensibles suivent lñ€ℱimpulsion de leur nature ; les manÅ“uvres suivent lñ€ℱhabitude ; aussi nñ€ℱest-ce pas par rapport à la pratique quñ€ℱon préfÚre les architectes aux manÅ“uvres, mais par rapport à la théorie, et parce quñ€ℱils ont la connaissance des causes. Enfin, ce qui distingue le savant, cñ€ℱest quñ€ℱil peut enseigner ; et cñ€ℱest pourquoi on pense quñ€ℱil y a plus de savoir dans lñ€ℱart que dans lñ€ℱexpérience ; car lñ€ℱhomme dñ€ℱart peut enseigner, lñ€ℱhomme dñ€ℱexpérience ne le peut pas. En outre, on nñ€ℱattribue la sagesse à aucune des connaissances qui viennent par les sens, quoiquñ€ℱils soient le vrai moyen de connaÃtre les choses particuliÚres ; mais ils ne nous disent le pourquoi de rien ; par exemple, ils ne nous apprennent pas pourquoi le feu est chaud, mais seulement quñ€ℱil est chaud. Dñ€ℱaprÚs cela, il était naturel que le premier qui trouva, au-dessus des connaissances sensibles, communes à tous, un art quelconque, celui-là fut admiré des hommes, non seulement à cause de lñ€ℱutilité de ses découvertes, mais aussi comme un sage supérieur au reste des hommes. Les arts sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tant multipliés, et les uns se rapportant aux nécessités, les autres aux agréments de la vie, les inventeurs de ceux-ci ont toujours été estimés plus sages que les inventeurs de ceux-là , parce que leurs découvertes ne se rapportaient pas à des besoins. Ces deux sortes dñ€ℱarts une fois trouvés, on en découvrit dñ€ℱautres qui nñ€ℱavaient plus pour objet ni le plaisir ni la nécessité, et ce fut dñ€ℱabord dans les pays oÃÂč les hommes avaient du loisir. Ainsi, cñ€ℱest en Égypte que les mathématiques se sont formées ; là , en effet, beaucoup de loisir était laissé à la caste des prÃÂȘtres. Du reste, nous avons dit dans la Morale en quoi diffÚrent lñ€ℱart et la science et les autres degrés de connaissance ; ce que nous voulons établir ici, cñ€ℱest que tout le monde entend par la sagesse à proprement parler la connaissance des premiÚres causes et des principes ; de telle sorte que, comme nous lñ€ℱavons déjà dit, sous le rapport de la sagesse, lñ€ℱexpérience est supérieure à la sensation, lñ€ℱart à lñ€ℱexpérience, lñ€ℱarchitecte au manÅ“uvre et la théorie à la pratique. [982a] Il est clair dñ€ℱaprÚs cela que la sagesse par excellence, la philosophie est la science de certains principes et de certaines causes. Chapitre 2 Puisque telle est la science que nous cherchons, il nous faut examiner de quelles causes et de quels principes sñ€ℱoccupe cette science qui est la philosophie. Cñ€ℱest ce que nous pourrons éclaircir par les diverses maniÚres dont on conçoit généralement le philosophe. On entend dñ€ℱabord par ce mot lñ€ℱhomme qui sait tout, autant que cela est possible, sans savoir les détails. En second lieu, on appelle philosophe celui qui peut connaÃtre les choses difficiles et peu accessibles à la connaissance humaine ; or les connaissances sensibles étant communes à tous et par conséquent faciles, nñ€ℱont rien de philosophique. Ensuite on croit que plus un homme est exact et capable dñ€ℱenseigner les causes, plus il est philosophe en toute science. En outre, la science quñ€ℱon étudie pour elle-mÃÂȘme et dans le seul but de savoir, paraÃt plutÎt la philosophie que celle quñ€ℱon apprend en vue de ses résultats. Enfin, de deux sciences, celle qui domine lñ€ℱautre, est plutÎt la philosophie que celle qui lui est subordonnée ; car le philosophe ne doit pas recevoir des lois, mais en donner ; et il ne doit pas obéir à un autre, mais cñ€ℱest au moins sage à lui obéir. Telle est la nature et le nombre des idées que nous nous formons de la philosophie et du philosophe. De tous ces caractÚres de la philosophie, celui qui consiste à savoir toutes choses, appartient surtout à lñ€ℱhomme qui possÚde le mieux la connaissance du général ; car celui-là sait ce qui en est de tous les sujets particuliers. Et puis les connaissances les plus générales sont peut-ÃÂȘtre les plus difficiles à acquérir ; car elles sont les plus éloignées des sensations. Ensuite, les sciences les plus exactes sont celles qui sñ€ℱoccupent le plus des principes. En effet, celles dont lñ€ℱobjet est plus simple sont plus exactes que celles dont lñ€ℱobjet est plus composé. Lñ€ℱarithmétique, par exemple, est plus exacte que la géométrie. Dñ€ℱailleurs, la science la plus apte à enseigner est celle qui étudie les causes, car enseigner, cñ€ℱest dire les causes de chaque chose. De plus, savoir uniquement pour savoir, appartient surtout à la science de ce quñ€ℱil y a de plus scientifique. En effet, celui qui veut apprendre dans le seul but dñ€ℱapprendre, choisira sur toute autre la science par excellence, cñ€ℱest-à -dire la science de ce quñ€ℱil y a de plus scientifique ; et ce quñ€ℱil y a de plus scientifique, [982b] ce sont les principes et les causes ; car cñ€ℱest à lñ€ℱaide des principes et par eux que nous connaissons les autres choses, et non pas les principes par les sujets particuliers. Enfin, la science souveraine, faite pour dominer toutes les autres, est celle qui connaÃt pourquoi il faut faire chaque chose ; or, ce pourquoi est le bien dans chaque chose, et, en général, cñ€ℱest le bien absolu dans toute la nature. De tout ce que nous venons de dire, il résulte que le mot Philosophie dont nous avons recherché les diverses significations, se rapporte à une seule et mÃÂȘme science. Une telle science sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lÚve aux principes et aux causes ; or, le bien, la raison des choses, est au nombre des causes. Et quñ€ℱelle nñ€ℱa pas un but pratique, cñ€ℱest ce qui est évident par lñ€ℱexemple des premiers qui se sont occupés de philosophie. Ce fut, en effet, lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tonnement dñ€ℱabord comme aujourdñ€ℱhui, qui fit naÃtre parmi les hommes les recherches philosophiques. Entre les phénomÚnes qui les frappaient, leur curiosité se porta dñ€ℱabord sur ce qui était le plus à leur portée ; puis, sñ€ℱavançant ainsi peu à peu, ils en vinrent à se demander compte de plus grands phénomÚnes, comme des divers états de la lune, du soleil, des astres, et enfin de lñ€ℱorigine de lñ€ℱunivers. Or, douter et sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tonner, cñ€ℱest reconnaÃtre son ignorance. Voilà pourquoi on peut dire en quelque maniÚre que lñ€ℱami de la philosophie est aussi celui des mythes ; car la matiÚre du mythe, cñ€ℱest lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tonnant, le merveilleux. Si donc on a philosophé pour échapper à lñ€ℱignorance, il est clair quñ€ℱon a poursuivi la science pour savoir et sans aucun but dñ€ℱutilité. Le fait en fait foi car tout ce qui regarde les besoins, le bien-ÃÂȘtre et la commodité de la vie était déjà trouvé, lorsquñ€ℱon entreprit un tel ordre de recherches. Il est donc évident que nous ne cherchons la philosophie dans aucun intérÃÂȘt étranger ; et comme nous appelons homme libre celui qui sñ€ℱappartient à lui-mÃÂȘme et qui nñ€ℱappartient pas à un autre, de mÃÂȘme la philosophie est de toutes les sciences la seule libre ; car seule elle est à elle-mÃÂȘme son propre but. Aussi, ne serait-ce pas sans quelque raison quñ€ℱon regarderait comme plus quñ€ℱhumaine la possession de cette science ; car la nature de lñ€ℱhomme est esclave à beaucoup dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©gards ; la divinité seule, pour parler comme Simonide, aurait ce privilÚge, et il ne convient pas à lñ€ℱhomme de ne pas se borner à la science qui est à son usage. Si donc les poÚtes disent vrai, et si la nature divine doit ÃÂȘtre envieuse, [983a] cñ€ℱest surtout au sujet de cette prétention, et tous les téméraires qui la partagent, en portent la peine. Mais la divinité ne peut connaÃtre lñ€ℱenvie ; les poÚtes, comme dit le proverbe, sont souvent menteurs, et il nñ€ℱy a pas de science à laquelle il faille attacher plus de prix. Car la plus divine est celle quñ€ℱon doit priser le plus ; or, celle-ci porte seule ce caractÚre à un double titre. En effet, une science qui appartiendrait à Dieu, et qui sñ€ℱoccuperait de choses divines, serait sans contredit une science divine et seule, celle dont nous parlons satisfait à ces deux conditions. Dñ€ℱune part, Dieu est reconnu de tout le monde comme le principe mÃÂȘme des causes ; et de lñ€ℱautre, la science des causes lui appartient exclusivement ou dans un degré supérieur. Ainsi toutes les sciences sont plus nécessaires que la philosophie, mais nulle nñ€ℱest plus excellente. Et rien ne diffÚre plus que la possession de cette science et son début. On commence, ainsi que nous lñ€ℱavons dit, par sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tonner que les choses soient de telle façon ; et comme on sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©merveille en présence des automates, quand on nñ€ℱen connaÃt pas les ressorts, de mÃÂȘme nous nous étonnons des révolutions du soleil et de lñ€ℱincommensurabilité du diamÚtre ; car il semble étonnant à tout le monde quñ€ℱune quantité ne puisse ÃÂȘtre mesurée par une quantité si petite quñ€ℱelle soit. Cñ€ℱest, comme dit le proverbe, par le contraire et par le meilleur quñ€ℱil faut finir, comme il arrive dans le cas que nous venons de citer, lorsquñ€ℱenfin on est parvenu à sñ€ℱen rendre compte car rien nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tonnerait plus un géomÚtre que si le diamÚtre devenait commensurable. Nous venons de déterminer la nature de la science que nous cherchons, le but de cette science et de tout notre travail. Chapitre 3 Il est évident quñ€ℱil faut acquérir la science des causes premiÚres, puisque nous ne pensons savoir une chose que quand nous croyons en connaÃtre la premiÚre cause. Or, on distingue quatre sortes de causes, la premiÚre est lñ€ℱessence et la forme propre de chaque chose ; car il faut pousser la recherche des causes aussi loin quñ€ℱil est possible, et cñ€ℱest la raison derniÚre dñ€ℱune chose qui en est le principe et la cause. La seconde cause est la matiÚre et le sujet ; la troisiÚme le principe du mouvement ; la quatriÚme, enfin, celle qui répond à la précédente, la raison et le bien des choses ; car la fin de tout phénomÚne et de tout mouvement, cñ€ℱest le bien. Ces points de vue ont été suffisamment expliqués dans les livres de physique ; [983b] reprenons cependant les opinions des philosophes qui nous ont précédés dans lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tude des ÃÂȘtres et de la vérité. Il est évident quñ€ℱeux aussi reconnaissent certaines causes et certains principes cette revue peut donc nous ÃÂȘtre utile pour la recherche qui nous occupe. Car il arrivera ou que nous rencontrerons un ordre de causes que nous avions omis, ou que nous prendrons plus de confiance dans la classification que nous venons dñ€ℱexposer. La plupart des premiers philosophes ont cherché dans la matiÚre les principes de toutes choses. Car ce dont toute chose est, dñ€ℱoÃÂč provient toute génération et oÃÂč aboutit toute destruction, lñ€ℱessence restant la mÃÂȘme et ne faisant que changer dñ€ℱaccidents, voilà ce quñ€ℱils appellent lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément et le principe des ÃÂȘtres ; et pour cette raison, ils pensent que rien ne naÃt et que rien ne périt, puisque cette nature premiÚre subsiste toujours. Nous ne disons pas dñ€ℱune maniÚre absolue que Socrate naÃt, lorsquñ€ℱil devient beau ou musicien, ni quñ€ℱil périt lorsquñ€ℱil perd ces maniÚres dñ€ℱÃÂȘtre, attendu que le mÃÂȘme Socrate, sujet de ces changements, nñ€ℱen demeure pas moins ; il en est de mÃÂȘme pour toutes les autres choses ; car il doit y avoir une certaine nature, unique ou multiple, dñ€ℱoÃÂč viennent toutes choses, celle-là subsistant la mÃÂȘme. Quant au nombre et à lñ€ℱespÚce de ces déments, on ne sñ€ℱaccorde pas. ThalÚs, le fondateur de cette maniÚre de philosopher, prend lñ€ℱeau pour principe, et voilà pourquoi il a prétendu que la terre reposait sur lñ€ℱeau, amené probablement à cette opinion parce quñ€ℱil avait observé que lñ€ℱhumide est lñ€ℱaliment de tous les ÃÂȘtres, et que la chaleur elle-mÃÂȘme vient de lñ€ℱhumide et en vit ; or, ce dont viennent les choses est leur principe. Cñ€ℱest de là quñ€ℱil tira sa doctrine, et aussi de ce que les germes de toutes choses sont de leur nature humides, et que lñ€ℱeau est le principe des choses humides. Plusieurs pensent que dÚs la plus haute antiquité, bien avant notre époque, les premiers théologiens ont eu la mÃÂȘme opinion sur la nature car ils avaient fait lñ€ℱOcéan et Téthys auteurs de tous les phénomÚnes de ce monde, et ils montrent les Dieux jurant par lñ€ℱeau que les poÚtes appellent le Styx. [984a] En effet, ce quñ€ℱil y a de plus ancien est ce quñ€ℱil y a de plus saint ; et ce quñ€ℱil y a de plus saint, cñ€ℱest le serment. Y a-t-il réellement un systÚme physique dans cette vieille et antique opinion ? Cñ€ℱest ce dont on pourrait douter. Mais pour ThalÚs on dit que telle fut sa doctrine. Quant à Hippon, sa pensée nñ€ℱest pas assez profonde pour quñ€ℱon puisse le placer parmi ces philosophes. AnaximÚne et DiogÚne prétendaient que lñ€ℱair est antérieur à lñ€ℱeau, et quñ€ℱil est le principe des corps simples ; ce principe est le feu, selon Hippase de Métaponte et Héraclite dñ€ℱÉphÚse. Empédocle reconnut quatre éléments, ajoutant la terre à ceux que nous avons nommés ; selon lui, ces éléments subsistent toujours et ne deviennent pas, mais le seul changement quñ€ℱils subissent est celui de lñ€ℱaugmentation ou de la diminution, lorsquñ€ℱils sñ€ℱagrÚgent ou se séparent. Anaxagore de ClazomÚnes, qui naquit avant ce dernier, mais qui écrivit aprÚs lui, suppose quñ€ℱil y a une infinité de principes il prétend que toutes les choses formées de parties semblables comme le feu et lñ€ℱeau, ne naissent et ne périssent quñ€ℱen ce sens que leurs parties se réunissent ou se séparent, mais que du reste rien ne naÃt ni ne périt, et que tout subsiste éternellement. De tout cela on pourrait conclure que jusquñ€ℱalors on nñ€ℱavait considéré les choses que sous le point de vue de la matiÚre. Quand on en fut là , la chose elle-mÃÂȘme força dñ€ℱavancer encore, et imposa de nouvelles recherches. Si tout ce qui naÃt doit périr et vient dñ€ℱun principe unique ou multiple, pourquoi en est-il ainsi et quelle en est la cause ? Car ce nñ€ℱest pas le sujet qui peut se changer lui-mÃÂȘme ; lñ€ℱairain, par exemple, et le bois ne se changent pas eux-mÃÂȘmes, et ne se font pas lñ€ℱun statue, lñ€ℱautre lit, mais il y a quelque autre cause à ce changement. Or, chercher cette cause, cñ€ℱest chercher un autre principe, le principe du mouvement, comme nous disions. Ceux des anciens qui dans lñ€ℱorigine touchÚrent ce sujet, et qui avaient pour systÚme lñ€ℱunité de substance, ne se tourmentÚrent pas de cette difficulté ; mais quelques-uns de ces partisans de lñ€ℱunité, inférieurs en quelque sorte à cette question, disent que lñ€ℱunité et tout ce qui est, réel nñ€ℱadmet pas de mouvement, ni pour la génération et la corruption, ni mÃÂȘme pour tout autre changement. [984b] Aussi, de tous ceux qui partent de lñ€ℱunité du tout, pas un ne sñ€ℱest occupé de ce point de vue, si ce nñ€ℱest peut-ÃÂȘtre Parménide, et encore ne le fait-il quñ€ℱautant quñ€ℱà cÎté de son systÚme de lñ€ℱunité, il admet en quelque sorte deux principes. Mais ceux qui admettent la pluralité des principes, le chaud et le froid, par exemple, ou le feu et la terre, étaient plus à mÃÂȘme dñ€ℱarriver à cet ordre des recherches ; car ils attribuaient au feu la puissance motrice, à lñ€ℱeau, à la terre et aux autres éléments de cette sorte, la qualité contraire. AprÚs ces philosophes et de pareils principes, comme ces principes étaient insuffisants pour produire les choses, la vérité elle-mÃÂȘme, comme nous lñ€ℱavons déjà dit, força de recourir à un autre principe. En effet, il nñ€ℱest guÚre vraisemblable que ni le feu, ni la terre, ni aucun autre élément de ce genre, soit la cause de lñ€ℱordre et de la beauté qui rÚgnent dans le monde, éternellement chez certains ÃÂȘtres, passagÚrement chez dñ€ℱautres ; ni que ces philosophes aient eu une pareille pensée dñ€ℱun autre cÎté, rapporter un tel résultat au hasard ou à la fortune nñ€ℱeût pas été raisonnable. Aussi quand un homme vint dire quñ€ℱil y avait dans la nature, comme dans les animaux, une intelligence qui est la cause de lñ€ℱarrangement et de lñ€ℱordre de lñ€ℱunivers, cet homme parut seul avoir conservé sa raison au milieu des folies de ses devanciers. Or, nous savons avec certitude quñ€ℱAnaxagore entra le premier dans ce point de vue ; avant lui Hermotime de ClazomÚnes paraÃt lñ€ℱavoir soupçonné. Ces nouveaux philosophes érigÚrent en mÃÂȘme temps cette cause de lñ€ℱordre en principe des ÃÂȘtres, principe doué de la vertu dñ€ℱimprimer le mouvement. On pourrait dire quñ€ℱavant eux, Hésiode avait entrevu cette vérité, Hésiode ou quiconque a mis dans les ÃÂȘtres comme principe lñ€ℱamour ou le désir, par exemple Parménide. Celui-ci dit, en effet, dans sa théorie de la formation de lñ€ℱunivers Il fit lñ€ℱamour le premier de tous les dieux. Hésiode dit de son cÎté Avant toutes choses était le chaos ; ensuite, La terre au vaste seinñ€© Puis lñ€ℱamour, le plus beau de tous les immortels. Comme sñ€ℱils avaient reconnu la nécessité dñ€ℱune cause dans les ÃÂȘtres capable de donner le mouvement et le lien aux choses. Quant à la question de savoir à qui appartient la priorité, quñ€ℱil nous soit permis de la décider plus tard. Ensuite, comme à cÎté du bien dans la nature, on voyait aussi son contraire, non seulement de lñ€ℱordre et de la beauté, mais aussi du désordre et de la laideur, comme le mal paraissait mÃÂȘme lñ€ℱemporter sur le bien et le laid sur le beau, un autre philosophe introduisit lñ€ℱamitié et la discorde, causes opposées de ces effets opposés. Car si lñ€ℱon veut suivre de prÚs Empédocle, et sñ€ℱattacher au fond de sa pensée plutÎt quñ€ℱà la maniÚre presquñ€ℱenfantine dont il lñ€ℱexprime, on trouvera que lñ€ℱamitié est la cause du bien, et la discorde celle du mal ; de sorte que peut-ÃÂȘtre nñ€ℱaurait-t-on pas tort de dire quñ€ℱEmpédocle a parlé en quelque maniÚre et a parlé le premier du bien et du mal comme principes, puisque le principe de tous les biens est le bien lui-mÃÂȘme, et le mal le principe de tout ce qui est mauvais. Jusquñ€ℱici nous avons vu ces philosophes reconnaÃtre deux des genres de causes déterminés par nous dans la Physique la matiÚre et le principe du mouvement. Mais ils lñ€ℱont fait confusément et indistinctement, comme agissent dans les combats les soldats mal exercés. Ceux-ci frappent souvent de bons coups dans la mÃÂȘlée, mais ils le font sans science. De mÃÂȘme nos philosophes paraissent avoir parlé sans bien savoir ce quñ€ℱils disaient, car lñ€ℱusage quñ€ℱon les voit faire de leurs principes est nul ou peu sñ€ℱen faut. Anaxagore se sert de lñ€ℱintelligence comme dñ€ℱune machine pour faire le monde, et quand il désespÚre de trouver la cause réelle dñ€ℱun phénomÚne, il met en scÚne lñ€ℱintelligence. Mais dans tout autre cas, il aime mieux donner aux faits une autre cause. [985a] Empédocle se sert davantage, mais dñ€ℱune maniÚre insuffisante encore, de ses principes, et dans leur emploi il ne sñ€ℱaccorde pas avec lui-mÃÂȘme. Souvent chez lui, lñ€ℱamitié sépare, la discorde réunit en effet, lorsque dans lñ€ℱunivers les éléments sont séparés par la discorde, toutes les particules de feu nñ€ℱen sont pas moins unies en un tout, ainsi que celles de chacun des autres éléments ; et lorsque, au contraire, cñ€ℱest lñ€ℱamitié qui unit tous les éléments, il faut bien pour cela que les particules de chaque élément se divisent. Empédocle fut donc le premier des anciens qui employa en le divisant le principe du mouvement, et ne supposa plus une cause unique, mais deux causes différentes et opposées. Quant à la matiÚre, il est le premier qui ait parlé des quatre éléments ; toutefois, il ne sñ€ℱen sert pas comme sñ€ℱils étaient quatre, mais comme sñ€ℱils nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©taient que deux, à savoir, le feu tout seul, et en opposition au [985b] feu, la terre, lñ€ℱair et lñ€ℱeau, ne faisant quñ€ℱune seule et mÃÂȘme nature. Cñ€ℱest là du moins ce que ses vers donnent à entendre. Voilà , selon nous, la nature et le nombre des principes dñ€ℱEmpédocle. Leucippe et son ami Démocrite disent que les éléments primitifs sont le plein et le vide, quñ€ℱils appellent lñ€ℱÃÂȘtre et le non-ÃÂȘtre ; le plein ou le solide, cñ€ℱest lñ€ℱÃÂȘtre ; le vide ou le rare, cñ€ℱest le non-ÃÂȘtre ; cñ€ℱest pourquoi ils disent que lñ€ℱÃÂȘtre nñ€ℱexiste pas plus que le non-ÃÂȘtre, parce que le corps nñ€ℱexiste pas plus que le vide telles sont, sous le point de vue de la matiÚre, les causes des ÃÂȘtres. De mÃÂȘme que ceux qui posent comme principe une substance unique, expliquent tout le reste par les modifications de cette substance ñ€“ en donnant pour principe à ces modifications le rare et le dense ñ€“ ainsi ces philosophes placent dans les différences les causes de toutes choses. Ces différences sont au nombre de trois la forme, lñ€ℱordre et la position. Ils disent, en effet, que les différences de lñ€ℱÃÂȘtre viennent de la configuration, de lñ€ℱarrangement et de la tournure, Or, la configuration cñ€ℱest la forme, lñ€ℱarrangement lñ€ℱordre, et la tournure la position. Ainsi, A diffÚre de N par la forme, AN de NA par lñ€ℱordre, et Z de N par la position. Quant au mouvement, à ses lois et à sa cause, ils ont traité cette question avec beaucoup de négligence, comme les autres philosophes. Par conséquent, nos devanciers nñ€ℱont pas été plus loin sur ces deux genres de causes. Chapitre 4 Parmi eux et avant eux, ceux quñ€ℱon nomme Pythagoriciens, sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tant occupés des mathématiques, furent les premiers à les mettre en avant ; et nourris dans cette étude, ils pensÚrent que les principes de cette science étaient les principes de tous les ÃÂȘtres. Comme, par nature, les nombres sont les premiers des ÃÂȘtres, et ils leur paraissaient avoir plus dñ€ℱanalogie avec les choses et les phénomÚnes ñ€“ comme le feu, lñ€ℱair ou lñ€ℱeau, ñ€“ que la modification des nombres semblait ÃÂȘtre la justice, une autre rame et intelligence, un autre propos, et à peu prÚs ainsi de toutes les autres choses ñ€“ ; comme ils voyaient de plus dans les nombres les modifications et les rapports de lñ€ℱharmonie ; [986a] par ces motifs joints à ces deux premiers que la nature entiÚre a été formée à la ressemblance des nombres, et que les nombres sont les premiers de tous les ÃÂȘtres, ils posÚrent les éléments des nombres comme les éléments de tous les ÃÂȘtres, et le ciel tout entier comme une harmonie et un nombre. Tout ce quñ€ℱils pouvaient montrer dans les nombres et dans la musique qui sñ€ℱaccordùt avec les phénomÚnes du ciel, ses parties et toute son ordonnance, ils le recueillirent, et ils en composÚrent un systÚme ; et si quelque chose manquait, ils y suppléaient pour que le systÚme fût bien dñ€ℱaccord et complet. Par exemple, comme la décade paraÃt ÃÂȘtre quelque chose de parfait et qui embrasse tous les nombres possibles, ils prétendent quñ€ℱil y a dix corps en mouvement dans le ciel, et comme il nñ€ℱy en a que neuf de visibles, ils en supposent un dixiÚme quñ€ℱils appellent antichtone. Mais tout ceci a été déterminé ailleurs avec plus de soin. Si nous y revenons, cñ€ℱest pour constater à leur égard comme pour les autres écoles, quels principes ils posent, et comment ces principes tombent sous notre classification. Or, ils paraissent penser que le nombre est principe des ÃÂȘtres sous le point de vue de la matiÚre, en y comprenant les attributs et les maniÚres dñ€ℱÃÂȘtre ; que les éléments du nombre sont le pair et lñ€ℱimpair ; que lñ€ℱimpair est fini, le pair infini ; que lñ€ℱunité tient de ces deux éléments, car elle est à la fois pair et impair, et que le nombre vient de lñ€ℱunité ; enfin que les nombres sont tout le ciel. Dñ€ℱautres pythagoriciens disent quñ€ℱil y a dix principes, dont voici la liste Fini et infini, Impair et pair, Unité et pluralité, Droit et gauche, Mùle et femelle, Repos et mouvement, Droit et courbe, LumiÚre et ténÚbres, Bien et mal, Carré et toute figure à cÎtés inégaux. Alcméon de Crotone paraÃt avoir professé une doctrine semblable il la reçut des Pythagoriciens ou ceux-ci la reçurent de lui ; car lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©poque oÃÂč il florissait correspond à la vieillesse de Pythagore ; et son systÚme se rapproche de celui de ces philosophes. Il dit que la plupart des choses humaines sont doubles, désignant par là leurs oppositions, mais, à la différence de ceux-ci, sans les déterminer, et prenant au hasard le blanc et le noir, le doux et lñ€ℱamer, le bon et le mauvais, le petit et le grand. Il sñ€ℱexprima ainsi dñ€ℱune maniÚre indéterminée sur tout le reste, [986b] tandis que les Pythagoriciens montrÚrent quelles sont ces oppositions et combien il y en a. On peut donc tirer de ces deux systÚmes que les contraires sont les principes des choses et de lñ€ℱun deux quel est le nombre et la nature de ces principes. Maintenant comment est-il possible de les ramener à ceux que nous avons posés, cñ€ℱest ce quñ€ℱeux-mÃÂȘmes nñ€ℱarticulent pas clairement ; mais ils semblent les considérer sous le point de vue de la matiÚre ; car ils disent que ces principes constituent le fonds dont se composent et sont formés les ÃÂȘtres. Nous en avons dit assez pour faire comprendre la pensée de ceux des anciens qui admettent la pluralité dans les éléments de la nature. Il en est dñ€ℱautres qui ont considéré le tout comme étant un ÃÂȘtre unique, mais ils diffÚrent et par le mérite de lñ€ℱexplication et par la maniÚre de concevoir la nature de cette unité. Il nñ€ℱest nullement de notre sujet, dans cette recherche des principes, de nous occuper dñ€ℱeux ; car ils ne font pas comme quelques-uns des physiciens qui, ayant posé une substance unique, engendrent lñ€ℱÃÂȘtre de cette unité considérée sous le point de vue de la matiÚre ; ils procÚdent autrement les physiciens, en effet, ajoutent le mouvement pour engendrer lñ€ℱunivers ; ceux-ci prétendent que lñ€ℱunivers est immobile ; mais nous nñ€ℱen dirons que ce qui se rapporte à notre sujet. Lñ€ℱunité de Parménide paraÃt avoir été une unité rationnelle, celle de Mélisse une unité matérielle, et cñ€ℱest pourquoi lñ€ℱun la donne comme finie, lñ€ℱautre comme infinie. Xénophane qui le premier parla dñ€ℱunité car Parménide passe pour son disciple, ne sñ€ℱest pas expliqué dñ€ℱune maniÚre précise et paraÃt étranger au point de vue de lñ€ℱun et lñ€ℱautre de ses deux successeurs ; mais ayant considéré lñ€ℱensemble du inonde, il dit que lñ€ℱunité est Dieu. Encore une fois, il faut négliger ces philosophes dans la recherche qui nous occupe ñ€“ et deux, surtout, dont les idées sont un peu trop grossiÚres, Xénophane et Mélisse. Parménide paraÃt avoir eu des vues plus profondes. Persuadé que, hors de lñ€ℱÃÂȘtre, le non-ÃÂȘtre nñ€ℱest rien, il pense que lñ€ℱÃÂȘtre est nécessairement un, et quñ€ℱil nñ€ℱy a rien autre chose que lui. Cñ€ℱest un point sur lequel nous nous sommes expliqués plus clairement dans la Physique. Mais forcé de se mettre dñ€ℱaccord avec les faits, et, en admettant lñ€ℱunité par la raison, dñ€ℱadmettre aussi la pluralité par les sens, Parménide en revint à poser deux principes et deux causes, le chaud et le froid, par exemple le feu et la terre il rapporte [987a] lñ€ℱun de ces deux principes, le chaud à lñ€ℱÃÂȘtre, et lñ€ℱautre au non-ÃÂȘtre. Voici le résultat de ce que nous avons dit, et de tous les systÚmes que nous avons parcourus jusquñ€ℱici chez les premiers de ces philosophes, un principe corporel ; car lñ€ℱeau, le feu et les autres choses de cette nature sont des corps, principe unique selon les uns, multiple selon les autres, mais toujours considéré sous le point de vue de la matiÚre ; chez quelques-uns, dñ€ℱabord ce principe, et à cÎté de ce principe, celui du mouvement, unique dans certains systÚmes, double dans dñ€ℱautres. Ainsi, jusquñ€ℱà lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©cole italique exclusivement, les anciens philosophes ont parlé de toutes ces choses dñ€ℱune maniÚre vague, et nñ€ℱont mis en usage, ainsi que nous lñ€ℱavons dit, que deux sortes de principes, dont lñ€ℱun, celui du mouvement, est regardé tantÎt comme unique et tantÎt comme double. Quant aux Pythagoriciens, comme les précédents, ils ont posé deux principes ; mais ils ont en outre introduit cette doctrine qui leur est propre, savoir que le fini, lñ€ℱinfini et lñ€ℱunité, ne sont pas des qualités distinctes des sujets oÃÂč ils se trouvent, comme le feu, la terre et tout autre principe semblable sont distincts de leurs qualités, mais quñ€ℱils constituent lñ€ℱessence mÃÂȘme des choses auxquelles on les attribue ; de sorte que le nombre est lñ€ℱessence de toutes choses. Ils se sont expliqués sur ces points de la maniÚre que nous venons de dire ; de plus, ils ont commencé à sñ€ℱoccuper de lñ€ℱessence des choses et ont proposé une définition. Cependant, leur essai fut un peu trop grossier. Ils la définissaient superficiellement. Pour eux, le premier objet auquel semblait convenir la définition donnée, ils le considéraient comme lñ€ℱessence de la chose définie ñ€“ comme si lñ€ℱon pensait, par exemple, que le double est la mÃÂȘme chose que le nombre deux, parce que cñ€ℱest dans le nombre deux que se rencontre en premier lieu le caractÚre du double ; mais deux ou double ne sont pas la mÃÂȘme chose, autrement lñ€ℱunité sera multiple, comme il arrive dans le systÚme Pythagoricien. Voilà ce quñ€ℱon peut tirer des premiers philosophes et de leurs successeurs. Chapitre 5 AprÚs ces différentes philosophies, parut la philosophie de Platon, qui suivit en beaucoup de points ses devanciers, mais qui eut aussi ses points de doctrine particuliers, et alla plus loin que lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©cole italique. DÚs sa jeunesse, Platon se familiarisa dans le commerce de Cratyle avec les opinions dñ€ℱHéraclite, que toutes les choses sensibles sont dans un perpétuel écoulement, et quñ€ℱil nñ€ℱy a pas de science de ces choses ; et dans la suite, il garda ces opinions. [987b] Dñ€ℱune autre part, Socrate sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tant occupé de morale, et non plus dñ€ℱun systÚme de physique, et ayant dñ€ℱailleurs cherché dans la morale ce quñ€ℱil y a dñ€ℱuniversel, et porté le premier son attention sur les définitions, Platon qui le suivit et le continua fut amené à penser que les définitions devaient porter sur un ordre dñ€ℱÃÂȘtres à part et nullement sur les objets sensibles ; car comment une définition commune sñ€ℱappliquerait-elle aux choses sensibles, livrées à un perpétuel changement ? Or, ces autres ÃÂȘtres, il les appela Idées, et dit que les choses sensibles existent en dehors des idées et sont nommées dñ€ℱaprÚs elles ; car il pensait que toutes les choses dñ€ℱune mÃÂȘme classe tiennent leur nom commun des idées, en vertu de leur participation avec elles. Du reste, le mot Participation est le seul changement quñ€ℱil apporta ; les Pythagoriciens, en effet, disent que les ÃÂȘtres sont à lñ€ℱimitation des nombres, Platon en participation avec les idées. Comment se fait maintenant cette participation ou cette imitation des idées ? Cñ€ℱest ce que celui-ci et ceux-là ont également négligé de rechercher. De plus, outre les choses sensibles et les idées, il reconnaÃt des ÃÂȘtres intermédiaires qui sont les choses mathématiques, différentes des choses sensibles en ce quñ€ℱelles sont éternelles et immuables, et des idées en ce quñ€ℱelles admettent un grand nombre de semblables, tandis que toute idée en elle-mÃÂȘme a son existence à part. Voyant dans les idées les raisons des choses, il pensa que leurs éléments étaient les éléments de tous les ÃÂȘtres. Les principes dans ce systÚme sont donc, sous le point de vue de la matiÚre, le grand et le petit, et sous celui de lñ€ℱessence, lñ€ℱunité ; et en tant que formées de ces principes et participant de lñ€ℱunité, les idées sont les nombres. [988a] Ainsi, en avançant que lñ€ℱunité est lñ€ℱessence des ÃÂȘtres et que rien autre chose que cette essence nñ€ℱa le titre dñ€ℱunité, Platon se rapprocha des pythagoriciens. Comme eux, il dit que les nombres sont les causes des choses et de leur essence ; mais faire une dualité de cet infini quñ€ℱils regardaient comme un, et composer lñ€ℱinfini du grand et da petit, voilà ce qui lui est propre ñ€“ avec cette supposition que les nombres existent en dehors des choses sensibles, tandis que les pythagoriciens disent que les nombres sont les choses mÃÂȘmes, et ne donnent pas aux choses mathématiques un rang intermédiaire. Cette existence que Platon attribue à lñ€ℱunité et au nombre en dehors des choses, à la différence des pythagoriciens, ainsi que lñ€ℱintroduction des idées, est due à ses recherches logiques car les premiers philosophes étaient étrangers à la dialectique ; et il fut conduit à faire une dyade de cette autre nature différente de lñ€ℱunité, parce que lés nombres, à lñ€ℱexception des nombres primordiaux, sñ€ℱengendrent aisément de cette dyade, comme dñ€ℱune sorte de matiÚre. Cependant, les choses se passent autrement, et cela est contraire à la raison. Dans ce systÚme, on fait avec la matiÚre un grand nombre dñ€ℱÃÂȘtres, et lñ€ℱidée nñ€ℱengendre quñ€ℱune seule fois ; mais au vrai, dñ€ℱune seule matiÚre on ne fait quñ€ℱune seule table, tandis que celui qui apporte lñ€ℱidée, tout en étant un lui-mÃÂȘme, en fait un grand nombre. Il en est de mÃÂȘme du mùle à lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©gard de la femelle ; la femelle est fécondée par un seul accouplement, tandis que le mùle en féconde plusieurs or, cela est lñ€ℱimage de ce qui a lieu pour les principes dont nous parlons. Cñ€ℱest ainsi que Platon sñ€ℱest prononcé sur ce qui fait lñ€ℱobjet de nos recherches il est clair, dñ€ℱaprÚs ce que nous avons dit, quñ€ℱil ne met en usage que deux principes, celui de lñ€ℱessence et celui de la matiÚre ; car les idées sont pour les choses les causes de leur essence, comme lñ€ℱunité lñ€ℱest pour les idées Et quelle est la matiÚre ou le sujet auquel sñ€ℱappliquent les idées dans les choses sensibles et lñ€ℱunité dans les idées ? Cñ€ℱest cette dyade, composée du grand et du petit de plus il attribua à lñ€ℱun de ces deux éléments la cause du bien, à lñ€ℱautre la cause du mal, de la mÃÂȘme maniÚre que lñ€ℱont fait dans leurs recherches quelques-uns des philosophes précédents, comme Empédocle et Anaxagore. Chapitre 6 Nous, venons de voir, briÚvement et sommairement, il est vrai, quels sont ceux qui se sont occupés des principes et de la vérité, et comment ils lñ€ℱont fait cette revue rapide nñ€ℱa pas laissé de nous faire reconnaÃtre, que de tous les philosophes qui ont traité de principe et de cause, pas un nñ€ℱest sorti de la classification que nous avons établie dans la Physique, et que tous plus ou moins nettement lñ€ℱont entrevue. Les uns considÚrent le principe sous le point de vue de la matiÚre, soit quñ€ℱils lui attribuent lñ€ℱunité ou la pluralité, soit quñ€ℱils le supposent corporel ou incorporel ; tels sont le grand et le petit de Platon, lñ€ℱinfini de lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©cole italique ; le feu, la terre, lñ€ℱeau et lñ€ℱair dñ€ℱEmpédocle ; lñ€ℱinfinité des homéoméries dñ€ℱAnaxagore. Tous ont évidemment touché cet ordre de causes, et de mÃÂȘme ceux qui ont choisi lñ€ℱair, le feu ou lñ€ℱeau, ou un élément plus dense que le feu et plus délié que lñ€ℱair ; car telle est la nature que quelques-uns ont donnée à lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément premier. Ceux-là donc nñ€ℱont atteint que le principe de la matiÚre, quelques autres le principe du mouvement, comme ceux par exemple qui font un principe de lñ€ℱamitié ou de la discorde, de lñ€ℱintelligence ou de lñ€ℱamour. Quant à la forme et à lñ€ℱessence, nul nñ€ℱen a traité clairement, mais ceux qui lñ€ℱont fait le mieux sont les partisans des idées. [988b] En effet, ils ne regardent pas les idées et les principes des idées, comme la matiÚre des choses sensibles, ni comme le principe dñ€ℱoÃÂč leur vient le mouvement car ce seraient plutÎt, selon eux, des causes dñ€ℱimmobilité et de repos ; mais cñ€ℱest lñ€ℱessence que les idées fournissent à chaque chose, comme lñ€ℱunité la fournit aux idées. Quant à la fin en vue de laquelle se font les actes, les changements et les mouvements, ils mentionnent bien en quelque maniÚre ce principe, mais ils ne le font pas dans cet esprit, ni dans le vrai sens de la chose ; car ceux qui mettent en avant lñ€ℱintelligence et lñ€ℱamitié, posent bien ces principes, comme quelque chose de bon, mais non comme un but en vue duquel tout ÃÂȘtre est ou devient ; ce sont plutÎt des causes dñ€ℱoÃÂč leur vient le mouvement. Il eu est de mÃÂȘme de ceux qui prétendent que lñ€ℱunité ou lñ€ℱÃÂȘtre est cette mÃÂȘme nature ; ils disent quñ€ℱelle est la cause de lñ€ℱessence, mais ils ne disent pas quñ€ℱelle est la fin pour laquelle les choses sont et deviennent. De sorte quñ€ℱil leur arrive en quelque façon de parler à la fois et de ne pas parler du principe du bien ; car ils nñ€ℱen parlent pas dñ€ℱune maniÚre spéciale, mais seulement par accident. Ainsi, que le nombre et la nature des causes ait été déterminé par nous avec exactitude, cñ€ℱest ce que semblent témoigner tous ces philosophes dans lñ€ℱimpossibilité oÃÂč ils sont dñ€ℱindiquer aucun autre principe. Outre cela, il est clair quñ€ℱil faut, dans la recherche des principes, ou les considérer tous comme nous lñ€ℱavons fait, ou adopter les vues de quelques-uns de ces philosophes. Exposons dñ€ℱabord les difficultés que soulÚvent les doctrines de nos devanciers et la question de la nature mÃÂȘme des principes. Chapitre 7 Tous ceux qui ont prétendu que lñ€ℱunivers est un, et qui, dominés par le point de vue de la matiÚre, ont voulu quñ€ℱil y ait une seule et mÃÂȘme nature, et une nature corporelle et étendue, ceux-là sans contredit se trompent de plusieurs maniÚres ; car ainsi, ils posent seulement les éléments des corps et non ceux des choses incorporelles, quoiquñ€ℱil existe de telles choses. Puis, quoiquñ€ℱils entreprennent de dire les causes de la génération et de la corruption, et dñ€ℱexpliquer la formation des choses, ils suppriment le principe du mouvement. Ajoutez quñ€ℱils ne font pas un principe de lñ€ℱessence et de la forme ; et aussi, quñ€ℱils donnent sans difficulté aux corps simples, à lñ€ℱexception de la terre, un principe quelconque, sans avoir examiné comment ces corps peuvent naÃtre les uns des autres ; je parle du feu, de la terre, de lñ€ℱeau et de lñ€ℱair, lesquels naissent, en effet, les uns des autres, soit par réunion, soit par séparation. Or, cette distinction importe beaucoup pour la question de lñ€ℱantériorité et de la postériorité des éléments. Dñ€ℱun cÎté, le plus élémentaire de tous semblerait ÃÂȘtre celui dñ€ℱoÃÂč naissent primitivement tous les autres par voie de réunion ; et ce caractÚre appartiendrait à celui des corps dont les parties seraient les plus petites et les plus déliées. Cñ€ℱest pourquoi tous ceux qui posent comme principe le feu, se prononceraient de la maniÚre la plus conforme à cette vue. Tel est aussi le caractÚre que tous les autres sñ€ℱaccordent à assigner à lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément des corps. Aussi, aucun philosophe, dñ€ℱune époque plus récente, qui admet un seul élément, nñ€ℱa jugé convenable de choisir la terre, sans doute à cause de la grandeur de ses parties, tandis que chacun des trois autres éléments a eu son partisan les uns se déclarent pour le feu, les autres pour lñ€ℱeau, les autres pour lñ€ℱair ; et pourtant pourquoi nñ€ℱadmettent-ils pas aussi bien la terre, comme font la plupart des hommes qui disent que tout est terre ? Hésiode lui-mÃÂȘme dit que la terre est le premier des corps ; tellement ancienne et populaire se trouve ÃÂȘtre cette opinion. Dans ce point de vue, ni ceux qui adoptent à lñ€ℱexclusion du feu un des éléments déjà nommés, ni ceux qui prennent un élément plus dense que lñ€ℱair et plus délié que lñ€ℱeau, nñ€ℱauraient raison ; mais si ce qui est postérieur dans lñ€ℱordre de formation est antérieur dans lñ€ℱordre de la nature, et que, dans lñ€ℱordre de formation, le composé soit postérieur, lñ€ℱeau sera tout au contraire antérieure à lñ€ℱair et la terre à lñ€ℱeau. Nous nous bornerons à cette observation sur ceux qui admettent un principe unique tel que nous lñ€ℱavons énoncé. Il y en aurait autant à dire de ceux qui admettent plusieurs principes pareils, comme Empédocle qui dit quñ€ℱil y a quatre corps, matiÚre des choses ; car sa doctrine donne lieu dñ€ℱabord aux mÃÂȘmes critiques, puis à quelques observations particuliÚres. Nous voyons, en effet, ces éléments naÃtre les uns des autres, de sorte que le feu et la terre ne demeurent jamais le mÃÂȘme corps nous avons traité de ce sujet dans la Physique. [989b] Quant à la cause qui fait mouvoir les choses, et à la question de savoir si elle est une ou double, on doit penser quñ€ℱEmpédocle ne sñ€ℱest prononcé ni tout-à -fait convenablement, ni dñ€ℱune maniÚre tout-à -fait déraisonnable. En somme, quand on admet sou systÚme, on est forcé de rejeter tout changement, car le froid ne viendra pas du chaud ni le chaud du froid ; car quel serait le sujet qui éprouverait ces modifications contraires, et quelle serait la nature unique qui deviendrait feu et eau ? Cñ€ℱest ce quñ€ℱil ne dit pas. Pour Anaxagore, si on pense quñ€ℱil reconnaÃt deux éléments, on le pense dñ€ℱaprÚs des raisons quñ€ℱil nñ€ℱa pas lui-mÃÂȘme clairement articulées, mais auxquelles il aurait été obligé de se rendre, si on les lui eût présentées. En effet, sñ€ℱil est absurde de dire quñ€ℱà lñ€ℱorigine tout était mÃÂȘlé, pour plusieurs motifs ñ€“ entre autres parce quñ€ℱil faut que les éléments du mélange aient existé dñ€ℱabord séparés et il nñ€ℱest pas dans la nature des choses quñ€ℱun élément, quel quñ€ℱil soit, se mÃÂȘle avec tout autre, quel quñ€ℱil soit. De plus, les qualités et les attributs seraient séparés de leur substance ; car ce qui peut ÃÂȘtre mÃÂȘlé peut ÃÂȘtre séparé. Cependant, quand on vient à approfondir et à développer ce quñ€ℱil veut dire, on lui trouvera peut-ÃÂȘtre un sens peu commun. Car lorsque rien nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait séparé, il est clair quñ€ℱon ne pouvait rien affirmer de vrai de cette substance mixte. Par exemple, comme elle nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait ni blanche ni noire, ni dñ€ℱaucune autre couleur, elle était de nécessité sans couleur ; autrement, elle aurait eu quelquñ€ℱune des couleurs que nous pouvons citer. Elle était de mÃÂȘme sans saveur, et pour la mÃÂȘme raison elle ne possédait aucun attribut de ce genre ; car elle ne pouvait avoir ni qualité ni quantité ni détermination quelconque. Autrement quelquñ€ℱune des formes spéciales sñ€ℱy serait rencontrée, et cela est impossible lorsque tout est mÃÂȘlé. En effet, pour cela, il y aurait déjà séparation, et Anaxagore dit que tout est mÃÂȘlé, excepté lñ€ℱintelligence, qui seule est pure et sans mélange. Il faut donc quñ€ℱil reconnaisse pour principes lñ€ℱunité dñ€ℱabord ; car cñ€ℱest bien là ce qui est simple et sans mélange, et dñ€ℱun autre cÎté quelque chose, ainsi que nous désignons lñ€ℱindéfini avant quñ€ℱil soit défini et participe dñ€ℱaucune forme. Ce nñ€ℱest sñ€ℱexprimer ni justement, ni clairement ; mais au fond il a voulu dire quelque chose qui se rapproche davantage des doctrines qui ont suivi et de la réalité. Tous ces philosophes ne sont familiers quñ€ℱavec ce qui regarde la génération, la corruption et le mouvement, car ils sñ€ℱoccupent à peu prÚs et exclusivement de cet ordre de choses, des principes et des causes qui sñ€ℱy rapportent. Mais ceux qui étendent leurs recherches à tous les ÃÂȘtres, et qui admettent dñ€ℱun cÎté des ÃÂȘtres sensibles, de lñ€ℱautre des ÃÂȘtres qui ne tombent pas sous les sens, ceux-là ont dû naturellement faire lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tude de lñ€ℱune et de lñ€ℱautre de ces deux classes dñ€ℱÃÂȘtres ; et cñ€ℱest pourquoi il faut sñ€ℱarrÃÂȘter davantage sur ces philosophes pour savoir ce quñ€ℱils disent de bon ou de mauvais qui puisse éclairer nos recherches. Ceux quñ€ℱon appelle pythagoriciens font jouer aux principes et aux éléments un rÎle bien plus étrange que les physiciens ; la raison en est quñ€ℱils ne les ont pas empruntés aux choses sensibles. Les ÃÂȘtres mathématiques sont sans mouvement, à lñ€ℱexception de ceux dont sñ€ℱoccupe lñ€ℱastronomie ; et cependant les pythagoriciens ne dissertent et ne font de systÚme que sur la physique. Ils engendrent le ciel, [990a] ils observent ce qui arrive dans toutes ses parties, dans leurs rapports, dans leurs mouvements, et ils épuisent à cela leurs causes et leurs principes, comme sñ€ℱils convenaient avec les physiciens que lñ€ℱÃÂȘtre est tout ce qui est sensible, et tout ce quñ€ℱembrasse ce quñ€ℱor appelle le ciel. Or, les causes et les principes quñ€ℱils reconnaissent sont bons pour sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lever, comme nous lñ€ℱavons dit, à ce quñ€ℱil y a de supérieur dans les ÃÂȘtres, et conviennent plus à cet objet quñ€ℱà lñ€ℱexplication des choses naturelles. Puis, comment pourra-t-il y avoir du mouvement, si on ne suppose dñ€ℱautres sujets que le fini et lñ€ℱinfini, le pair et lñ€ℱimpair ? Ils ne le disent nullement ; ou comment est-il possible que sans mouvement ni changement, il y ait génération et corruption, et toutes les révolutions des corps célestes ? Ensuite, en supposant quñ€ℱon leur accorde ou quñ€ℱil soit démontré que de leurs principes on tire lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tendue, comment alors mÃÂȘme rendront-ils compte de la légÚreté et de la pesanteur ? Car dñ€ℱaprÚs leurs principes et leur prétention mÃÂȘme, ils ne traitent pas moins des corps sensibles que des corps mathématiques. Aussi nñ€ℱont-ils rien dit de bon sur le feu, la terre et les autres choses semblables, et cela, parce quñ€ℱils nñ€ℱont rien dit, je pense, qui convienne proprement aux choses sensibles. De plus, comment faut-il entendre que le nombre et les modifications du nombre sont la cause des ÃÂȘtres qui existent et qui naissent dans le monde, depuis lñ€ℱorigine jusquñ€ℱà présent, tandis que dñ€ℱautre part il nñ€ℱy a aucun autre nombre hors celui dont le monde est formé ? En effet, lorsque pour eux, lñ€ℱopinion et le sens sont dans une certaine partie du ciel, et un peu plus haut ou un peu plus bas lñ€ℱinjustice et la séparation ou le mélange, attendu, selon eux, que chacune de ces choses est un nombre, et lorsque déjà dans ce mÃÂȘme espace se trouvent rassemblées une multitude de grandeurs, parce que ces grandeurs sont attachées chacune à un lieu, alors le nombre quñ€ℱil faut regarder comme étant chacune de ces choses, est-il le mÃÂȘme que celui qui est dans le ciel, ou un autre outre celui-là ? Platon dit que cñ€ℱest un autre nombre ; et pourtant lui aussi pense que les choses sensibles et les causes de ces choses sont des nombres ; mais pour lui les nombres qui sont causes, sont intelligibles, et les autres sont des nombres sensibles. Chapitre 8 Laissons maintenant les Pythagoriciens ; [990b] ce que nous en avons dit, suffira. Quant à ceux qui posent pour principes les idées, dñ€ℱabord, en cherchant à saisir les principes des ÃÂȘtres que nous voyons, ils en ont introduit dñ€ℱautres en nombre égal à celui des premiers, comme si quelquñ€ℱun voulant compter des objets, et ne pouvant le faire, alors mÃÂȘme quñ€ℱils sont en assez petit nombre, sñ€ℱavisait de les multiplier pour les compter. Les idées sont presque en aussi grand nombre que les choses pour lñ€ℱexplication desquelles on a eu recours aux idées. Chaque chose individuelle se trouve avoir un homonyme, non seulement les existences individuelles, mais toutes celles oÃÂč lñ€ℱunité est dans la pluralité, et cela pour les choses de ce monde et pour les choses éternelles. En second lieu, de tous les arguments dont on se sert pour établir lñ€ℱexistence des idées, aucun ne la démontre la conclusion quñ€ℱon tire des uns nñ€ℱest pas rigoureuse, et dñ€ℱaprÚs les autres, il y aurait des idées là mÃÂȘme oÃÂč les Platoniciens nñ€ℱen admettent pas. Ainsi dñ€ℱaprÚs les considérations puisées dans la nature de la science, il y aura des idées de toutes les choses dont il y a science ; et dñ€ℱaprÚs lñ€ℱargument qui se tire de lñ€ℱunité impliquée dans toute pluralité, il y aura des idées des négations mÃÂȘmes ; et par ce motif quñ€ℱon pense aux choses qui ont péri, il y en aura des choses qui ne sont plus car nous nous en formons quelque image. En outre, on est conduit, en raisonnant rigoureusement, à supposer des idées pour le relatif dont on ne prétend pourtant pas quñ€ℱil forme par lui-mÃÂȘme un genre à part, ou bien à lñ€ℱhypothÚse du troisiÚme homme. Enfin, les raisonnements quñ€ℱon fait sur les idées renversent ce que les partisans des idées ont plus à cÅ“ur que lñ€ℱexistence mÃÂȘme des idées car il arrive que ce nñ€ℱest plus la dyade qui est avant le nombre, mais le nombre qui est avant la dyade, que le relatif est antérieur à lñ€ℱabsolu, et toutes les conséquences en contradiction avec leurs propres principes, auxquelles ont été poussés certains partisans de la doctrine des idées. De plus, dans lñ€ℱhypothÚse sur laquelle on établit lñ€ℱexistence des idées, il y aura des idées non seulement pour les substances, mais aussi pour beaucoup dñ€ℱautres choses car ce ne sont pas les substances seules, mais les autres choses aussi que nous concevons sous la raison de lñ€ℱunité, et toutes les sciences né portent pas seulement sur lñ€ℱessence, mais sur dñ€ℱautres choses encore ; et il y a mille autres difficultés de ce genre. Mais de toute nécessité, ainsi que dñ€ℱaprÚs les opinions établies sur les idées, si les idées sont quelque chose dont participent les ÃÂȘtres, il ne peut y avoir dñ€ℱidées que des essences car ce nñ€ℱest pas par lñ€ℱaccident quñ€ℱil peut y avoir participation des idées ; cñ€ℱest par son cÎté substantiel que chaque chose doit participer dñ€ℱelles. Par exemple si une chose participe du double en soi, elle participe de lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©ternité, mais selon lñ€ℱaccident car ce nñ€ℱest que par accident que le double est éternel ; en sorte que les idées seront lñ€ℱessence, et que dans le monde sensible et au-dessus elles désigneront lñ€ℱessence ; ou sinon, que signifiera-t-il de dire quñ€ℱil doit y avoir quelque chose de plus que les choses particuliÚres, à savoir, lñ€ℱunité dans la pluralité ? Si les idées et les choses qui en participent, sont du mÃÂȘme genre, il y aura entre elles quelque chose de commun car pourquoi y aurait-il dans les dualités périssables et les dualités multiples, mais éternelles, une dualité une et identique, plutÎt que dans la dualité idéale et dans telle ou telle dualité déterminée ? Si, au contraire, elles ne sont pas du mÃÂȘme genre, il nñ€ℱy aura entre elles que le nom de commun, et ce sera comme si on donnait le nom dñ€ℱhomme à Callias et à un morceau de bois, sans avoir vu entre eux aucun rapport. La plus grande difficulté, cñ€ℱest de savoir ce que font les idées aux choses sensibles, soit à celles qui sont éternelles, soit à celles qui naissent et qui périssent car elles ne sont causes pour elles ni dñ€ℱaucun mouvement, ni dñ€ℱaucun changement. Dñ€ℱautre part, elles ne servent en rien à la connaissance des choses, puisquñ€ℱelles nñ€ℱen sont point lñ€ℱessence car alors elles seraient en elles ; elles ne les font pas ÃÂȘtre non plus, puisquñ€ℱelles ne résident pas dans les choses qui participent dñ€ℱelles. A moins quñ€ℱon ne dise peut-ÃÂȘtre quñ€ℱelles sont causes, comme serait, par exemple, la blancheur cause de lñ€ℱobjet blanc, en se mÃÂȘlant à lui ; mais il nñ€ℱy a rien de solide dans cette opinion quñ€ℱAnaxagore le premier, et aprÚs lui Eudoxe et quelques autres, ont mise en avant ; et il est facile de rassembler contre une pareille hypothÚse une foule de difficultés insolubles. Ainsi les choses ne sauraient venir des idées, dans aucun des cas dans lesquels, on a coutume de lñ€ℱentendre. Dire que ce sont des exemplaires et que les autres choses en participent, cñ€ℱest prononcer de vains mots et faire des métaphores poétiques ; car, quñ€ℱest-ce qui produit jamais quelque chose en vue des idées ? De plus, il se peut quñ€ℱil existe ou quñ€ℱil naisse une chose semblable à une autre, sans avoir été modelée sur elle ; et, par exemple, que Socrate existe ou nñ€ℱexiste pas, il pourrait naÃtre un personnage tel que Socrate. Dñ€ℱun autre cÎté, il est également vrai que, en admettant un Socrate éternel, il faudra quñ€ℱil y ait plusieurs exemplaires et par conséquent plusieurs idées de la mÃÂȘme chose ; de lñ€ℱhomme, par exemple, il y aurait lñ€ℱanimal, le bipÚde, tout aussi bien que lñ€ℱhomme en soi. Il faut en outre quñ€ℱil y ait des idées exemplaires non seulement pour des choses sensibles, mais encore pour les idées elles-mÃÂȘmes, comme le genre en tant que comprenant des espÚces ; de sorte que la mÃÂȘme chose sera à la fois exemplaire et copie. De plus, il semble impossible que lñ€ℱessence soit séparée de la chose dont elle est lñ€ℱessence si cela est, comment les idées qui sont les essences des choses, en seraient-elles séparées ? Dans le Phédon, il est dit que les causes de lñ€ℱÃÂȘtre et du devenir sont les Idées. Pourtant, mÃÂȘme en admettant lñ€ℱexistence des Idées, les ÃÂȘtres participants ne sont pas engendrés sans lñ€ℱintervention de la cause motrice. Et comme beaucoup dñ€ℱautres objets sont produits, par exemple une maison et un anneau, dont nous disons quñ€ℱil nñ€ℱy a pas dñ€ℱIdées, il en résulte quñ€ℱil est évidemment possible, pour les autres choses aussi, dñ€ℱexister et de devenir par des causes analogues à celles des objets dont nous parlons. Maintenant, si les idées sont des nombres, comment ces nombres seront-ils causes ? Sera-ce parce que les ÃÂȘtres sont dñ€ℱautres nombres, et que tel nombre par exemple est lñ€ℱhomme, tel autre Socrate, tel autre Callias ? Mais en quoi ceux-là sont-ils causes de ceux-ci ? Car, que les uns soient éternels, les autres non, cela nñ€ℱy fera rien. Si cñ€ℱest parce que les choses sensibles sont des rapports de nombres, comme est par exemple une harmonie, il est évident quñ€ℱil y a quelque chose qui est le sujet de ces rapports ; et si ce quelque chose existe, savoir la matiÚre, il est clair quñ€ℱà leur tour les nombres eux-mÃÂȘmes seront des rapports de choses différentes. Par exemple, si Callias est une proportion en nombres de feu, de terre, dñ€ℱeau et dñ€ℱair, cela supposera des sujets particuliers, distincts de la proportion elle-mÃÂȘme ; et lñ€ℱidée nombre, lñ€ℱhomme en soi, que ce soit un nombre ou non, nñ€ℱen sera pas moins une proportion de nombres qui suppose des sujets particuliers et non pas un pur nombre, et on nñ€ℱen peut tirer non plus aucun nombre particulier. Ensuite, de la réunion de plusieurs nombres, résulte un nombre unique ; comment de plusieurs idées fera-t-on une seule idée ? Si on prétend que la somme nñ€ℱest pas formée de la réunion des idées elles-mÃÂȘmes, mais des éléments individuels compris sous les idées, comme est par exemple une myriade, comment sont les unités qui composent cette somme ? Si elles sont de mÃÂȘme espÚce, il sñ€ℱensuivra beaucoup de choses absurdes ; si dñ€ℱespÚce diverse, elles ne seront ni les mÃÂȘmes, ni différentes ; car en quoi différeraient-elles, puisquñ€ℱelles nñ€ℱont pas de qualités ? Toutes ces choses ne sont ni raisonnables ni conformes au bon sens. Et puis, il est nécessaire dñ€ℱintroduire un autre genre de nombre qui soit lñ€ℱobjet de lñ€ℱarithmétique, et de ce que plusieurs appellent les choses intermédiaires ; autrement de quels principes viendront ces choses ? Pourquoi doit-il y avoir des intermédiaires entre le monde sensible et les Idées ? De plus, les unités, dans la Dyade indéfinie, viendront chacune dñ€ℱune dyade antérieure, ce qui est pourtant impossible. En outre, comment [992a] expliquer que le Nombre idéal, composé dñ€ℱunités, soit une unités ? Ce nñ€ℱest pas tout. Si les unités sont différentes entre elles, on devrait parler comme ceux qui admettent deux ou quatre éléments, tous entendant par là , non un élément commun, le Corps en général, par exemple, mais le Feu ou la Terre, que le Corps soit, ou non, quelque chose de commun. Mais, en réalité, les platoniciens sñ€ℱexpriment comme si lñ€ℱUn en soi était, à la façon du Feu ou de lñ€ℱEau, une sorte dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément homéomÚre. Sñ€ℱil en est ainsi, les Nombres ne seront pas des substances, mais il est clair que, si lñ€ℱUn en soi existe, et quñ€ℱil soit principe, lñ€ℱUn ne recevra quñ€ℱune diversité de dénomination, autrement il y aurait là une impossibilité. Dans le but de ramener les choses aux principes de cette théorie, on compose les longueurs du long et du court, cñ€ℱest-à -dire dñ€ℱune certaine espÚce de grand et de petit, la surface du large et de lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©troit, le corps du profond et de son contraire. Or, comment le plan pourra-t-il contenir la ligne, ou le solide la ligne et le plan ? Car le large et lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©troit sont une espÚce différente du profond et de son contraire. De mÃÂȘme donc que le nombre ne se trouve pas dans ces choses, parce que ses principes, le plus ou le moins, sont distincts de ceux que nous venons de nommer, il est clair que de ces diverses espÚces, celles qui sont supérieures, ne pourront se trouver dans les inférieures. Et il ne faut pas dire que le profond soit une espÚce du large ; car alors, le corps serait une sorte de plan. Et les points, dñ€ℱoÃÂč viendront-ils ? Platon combattait lñ€ℱexistence du point, comme étant une pure conception géométrique ; dñ€ℱautre part, il lñ€ℱappelait le principe de la ligne, il en a fait souvent des lignes indivisibles. Pourtant, il faut que ces lignes aient une limite ; de sorte que par la mÃÂȘme raison que la ligne existe, le point existe aussi. Enfin, quand il appartient à la philosophie de rechercher la cause des phénomÚnes, cñ€ℱest cela mÃÂȘme que lñ€ℱon néglige car on ne dit rien de la cause qui est le principe du changement ; et on sñ€ℱimagine expliquer lñ€ℱessence des choses sensibles, en posant dñ€ℱautres essences ; mais comment celles-ci sont-elles les essences de celles-là ? Cñ€ℱest sur quoi on ne se paie que de mots, car participer, comme nous lñ€ℱavons déjà dit, ne signifie rien. Et ce principe que nous regardons comme la fin des sciences, en vue duquel agit toute intelligence et tout ÃÂȘtre ; ce principe que nous avons rangé parmi les principes premiers, les idées ne lñ€ℱatteignent nullement. Mais, les Mathématiques sont devenues, pour les modernes, toute la Philosophie, quoiquñ€ℱils disent quñ€ℱon ne devrait les cultiver [992b] quñ€ℱen vue du reste. De plus, cette dyade, dont ils font la matiÚre des choses, on pourrait bien la regarder comme une matiÚre purement mathématique, comme un attribut et une différence de ce qui est et de la matiÚre, plutÎt que comme la matiÚre mÃÂȘme cñ€ℱest comme ce que les physiciens appellent le rare et le dense, ne désignant par là que les différences premiÚres du sujet ; car tout cela nñ€ℱest autre chose quñ€ℱune sorte de plus et de moins. Quant à ce qui est du mouvement, si le grand et le petit renferment le mouvement, il est clair que les idées seront en mouvement sinon, dñ€ℱoÃÂč est-il venu ? Cñ€ℱen est assez pour supprimer dñ€ℱun seul coup toute étude de la nature. Il eût paru facile à cette doctrine de démontrer que tout est un ; mais elle nñ€ℱy parvient pas, car, des raisons quñ€ℱon expose, il ne résulte pas que toutes choses soient lñ€ℱunité, mais seulement quñ€ℱil y a une certaine unité existante, et il reste à accorder quñ€ℱelle soit tout or cela, on ne le peut, quñ€ℱen accordant lñ€ℱexistence du genre universel, ce qui est impossible pour certaines choses. Pour les choses qui viennent aprÚs les nombres, à savoir, les longueurs, les surfaces et les solides, on nñ€ℱen rend pas raison, on nñ€ℱexplique ni comment elles sont et deviennent, ni si elles ont quelque vertu. Il est impossible que ce soient des idées ; car ce ne sont pas des nombres, ni des choses intermédiaires, car ces derniÚres sont les choses mathématiques, ni enfin des choses périssables ; mais il est évident quñ€ℱelles constituent une quatriÚme classe dñ€ℱÃÂȘtres. Enfin, rechercher les éléments des ÃÂȘtres sans les distinguer, lorsque leurs dénominations les distinguent de tant de maniÚres, cñ€ℱest se mettre dans lñ€ℱimpossibilité de les trouver, surtout si on pose la question de cette maniÚre Quels sont les éléments des ÃÂȘtres ? Car de quels éléments viennent lñ€ℱaction ou la passion ou la direction rectiligne, cñ€ℱest ce quñ€ℱon ne peut certainement pas saisir ; on ne le peut que pour les substances ; de sorte que rechercher les éléments de tous les ÃÂȘtres ou sñ€ℱimaginer quñ€ℱon les connaÃt, est une chimÚre. Et puis, comment pourra-t-on apprendre quels sont les éléments de toutes choses ? Évidemment, il est impossible alors quñ€ℱon ne possÚde aucune connaissance préalable ; car quand on apprend la géométrie, on a des connaissances préalables, sans quñ€ℱon sache dñ€ℱavance rien de ce que renferme la géométrie et de ce quñ€ℱil sñ€ℱagit dñ€ℱapprendre ; et il en est ainsi de tout le reste ; si donc il y a une science de toutes choses, comme quelques-uns le prétendent, il nñ€ℱy a plus de connaissance préalable. Cependant, toute science, aussi bien celle qui procÚde par démonstration que celle q ni procÚde par définitions, ne sñ€ℱacquiert quñ€ℱà lñ€ℱaide de connaissances préalables, totales ou particuliÚres ; car toute définition suppose des données connues dñ€ℱavance ; et il en est de mÃÂȘme de la science par induction. Mais, dñ€ℱun autre cÎté, si la science se trouvait actuellement innée, il serait étonnant [993a] quñ€ℱà notre insu nous possédions en nous la plus haute des sciences. Et puis, comment connaÃtra-t-on les éléments de toutes choses et comment arrivera-t-on à une certitude démonstrative ? Car cela est sujet à difficulté ; et on pourrait douter sur ce point comme on doute au sujet de certaines syllabes les uns disent, en effet, que la syllabe ZA est composée des trois lettres S, D et A ; les autres prétendent que cñ€ℱest un autre son, différent de tous ceux que nous connaissons. Enfin, les choses qui tombent sous la sensation, comment celui qui est dépourvu de la faculté de sentir, pourra-t-il les connaÃtre ? Pourtant, il le faudrait si les idées sont les éléments dont se composent toutes choses, comme des sons composés viennent tous des sons élémentaires. Chapitre 9 Ainsi donc, il résulte clairement de tout ce que nous avons dit jusquñ€ℱici les recherches de tous les philosophes se rapportent aux quatre principes déterminés par nous dans la Physique, et quñ€ℱen dehors de ceux-là il nñ€ℱy en a pas dñ€ℱautre. Mais ces recherches ont été faites sans précision ; et si, en un sens, on a parlé avant nous de tous les principes, on peut dire en un autre quñ€ℱil nñ€ℱen a pas été parlé car la philosophie primitive, jeune et faible encore, semble bégayer sur toutes choses. Par exemple, lorsque Empédocle dit que ce qui fait lñ€ℱos cñ€ℱest la proportion, il désigne par là la forme et lñ€ℱessence de la chose ; mais il faut aussi que ce principe rende raison de la chair et de toutes les autres choses, ou de rien ; cñ€ℱest donc par la proportion que la chair et lñ€ℱos et toutes les autres choses existeront, et non pas par la matiÚre, laquelle est selon lui feu, terre et eau. Quñ€ℱun autre eût dit cela, Empédocle en serait nécessairement convenu ; mais il ne sñ€ℱest pas expliqué clairement. Lñ€ℱinsuffisance des recherches de nos devanciers a été assez montrée. Maintenant, reprenons les difficultés qui peuvent sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lever sur le sujet, lui-mÃÂȘme ; leur solution nous conduira peut-ÃÂȘtre à celle des difficultés qui se présenteront ensuite. Livre 2 Chapitre 1 La science qui a pour objet la vérité, est difficile sous un point de vue et facile sous un autre. Ce qui le prouve, cñ€ℱest quñ€ℱil est impossible dñ€ℱatteindre complÚtement la vérité, et que tous la manquent complÚtement. [993b] Pourtant, chaque philosophe explique quelque secret de la nature. Ce que chacun en particulier ajoute à la connaissance de la vérité nñ€ℱest rien sans doute ou nñ€ℱest que peu de chose ; mais la réunion de toutes les idées présente dñ€ℱimportants résultats. De sorte quñ€ℱil en est ici, ce nous semble, comme de ce que nous disons dans le proverbe Qui ne mettrait pas la flÚche dans une porte ? Considérée ainsi, cette science est chose facile. Mais lñ€ℱimpossibilité dñ€ℱune possession complÚte de la vérité dans son ensemble et dans ses parties, montre tout ce quñ€ℱil y a de difficile dans la recherche dont il sñ€ℱagit. Cette difficulté est double. Toutefois, elle a peut-ÃÂȘtre sa cause non pas dans les choses, mais dans nous-mÃÂȘmes. En effet, de mÃÂȘme que les yeux des chauves-souris sont offusqués par la lumiÚre du jour, de mÃÂȘme lñ€ℱintelligence de notre ùme est offusquée par les choses qui portent en elles la plus éclatante évidence. Il est donc juste dñ€ℱavoir de la reconnaissance non-seulement pour ceux dont on partage les opinions, mais pour ceux-là mÃÂȘmes qui ont traité les questions dñ€ℱune maniÚre un peu superficielle ; car eux aussi ont contribué pour leur part. Ce sont eux qui ont préparé par leurs travaux lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tat actuel de la science. Si Timothée nñ€ℱavait point existé, nous nñ€ℱaurions pas toutes ces belles mélodies ; mais sñ€ℱil nñ€ℱy avait point eu de Phrynes, il nñ€ℱeût point existé de Timothée. Il en est de mÃÂȘme de ceux qui ont exposé leurs idées sur la vérité. Nous avons adopté quelques-unes des opinions de plusieurs philosophes ; les autres philosophes ont été causes de lñ€ℱexistence de ceux-là . Enfin cñ€ℱest à juste titre quñ€ℱon nomme la philosophie, la science théorétique de la vérité. En effet, la fin de la spéculation, cñ€ℱest la vérité ; celle de la pratique, cñ€ℱest lñ€ℱÅ“uvre ; et les praticiens, quand ils considÚrent le comment des choses, nñ€ℱexaminent pas la cause pour elle-mÃÂȘme, mais en vue dñ€ℱun but particulier, dñ€ℱun intérÃÂȘt présent. Or, nous ne savons pas le vrai si nous ne savons la cause. De plus, une chose est vraie par excellence, quand cñ€ℱest à elle que les autres choses empruntent ce quñ€ℱelles ont en elles de vérité ; et, de mÃÂȘme que le feu est le chaud par excellence, parce quñ€ℱil est la cause de la chaleur des autres ÃÂȘtres ; de mÃÂȘme la chose qui est la cause de la vérité dans les ÃÂȘtres qui dérivent de cette chose est aussi la vérité par excellence. Cñ€ℱest pourquoi les principes des ÃÂȘtres éternels sont nécessairement lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©ternelle vérité. Car, ce nñ€ℱest pas dans telle circonstance seulement quñ€ℱils sont vrais ; et il nñ€ℱy a rien qui soit la cause de leur vérité ; ce sont eux au contraire qui sont causes de la vérité des autres choses. En sorte que tel est le rang de chaque chose dans lñ€ℱordre de lñ€ℱÃÂȘtre, tel est son rang dans lñ€ℱordre de la vérité. Chapitre 2 [994a] Il est évident quñ€ℱil y a un premier principe, et quñ€ℱil nñ€ℱexiste ni une série infinie de causes, ni une infinité dñ€ℱespÚces de causes. Ainsi, sous le point de vue de la matiÚre, il est impossible quñ€ℱil y ait production à lñ€ℱinfini ; que la chair, par exemple, vienne de la terre, la terre de lñ€ℱair, lñ€ℱair du feu, sans que cela sñ€ℱarrÃÂȘte. De mÃÂȘme pour le principe du mouvement on ne dira pas que lñ€ℱhomme a été mis en mouvement par lñ€ℱair, lñ€ℱair par le soleil, le soleil par la discorde, et ainsi à lñ€ℱinfini. De mÃÂȘme encore, on ne peut, pour la cause finale, aller à lñ€ℱinfini et dire que la marche est en vue de la santé, la santé en vue du bonheur, le bonheur en vue dñ€ℱautre chose, et que toute chose est toujours ainsi en vue dñ€ℱune autre. De mÃÂȘme enfin pour la cause essentielle. Toute chose intermédiaire est précédée et suivie dñ€ℱautre chose, et ce qui précÚde est nécessairement cause de ce qui suit. Si lñ€ℱon nous demandait laquelle dñ€ℱune série de trois choses est la cause, nous dirions que cñ€ℱest la premiÚre. Car ce nñ€ℱest point la derniÚre ce qui est à la fin nñ€ℱest cause de rien. Ce nñ€ℱest point non plus lñ€ℱintermédiaire elle nñ€ℱest cause que dñ€ℱune seule chose. Peu importe ensuite que ce qui est intermédiaire soit un ou plusieurs, infini ou fini. Car toutes les parties de cette infinité de causes, et, en général, toutes les parties de lñ€ℱinfini, si vous partez du fait actuel pour remonter de cause en cause, ne sont également que des intermédiaires. De sorte que si rien nñ€ℱest premier, il nñ€ℱy a absolument pas de cause. Mais sñ€ℱil faut, en remontant, arriver à un principe, on ne peut pas non plus, en descendant, aller à lñ€ℱinfini, et dire, par exemple, que le feu produit lñ€ℱeau, lñ€ℱeau la terre, et que la chaÃne de la production des ÃÂȘtres se continue ainsi sans cesse et sans fin. En effet, ceci succÚde à cela, signifie deux choses ; ou bien une succession simple AprÚs les jeux Isthmiques, les jeux Olympiens ; ou bien un rapport dñ€ℱun autre genre Lñ€ℱhomme, par lñ€ℱeffet dñ€ℱun changement, vient de lñ€ℱenfant, lñ€ℱair de lñ€ℱeau. Et voici dans quel sens nous entendons que lñ€ℱhomme vient de lñ€ℱenfant ; cñ€ℱest dans le sens oÃÂč nous disons que ce qui est devenu a été produit par ce qui devenait, ou bien que ce qui est parfait a été produit par lñ€ℱÃÂȘtre qui se perfectionnait ; car, de mÃÂȘme que entre lñ€ℱÃÂȘtre et le non-ÃÂȘtre il y a toujours le devenir, de mÃÂȘme aussi entre ce qui nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait pas et ce qui est, il y a ce qui devient. Ainsi, celui qui étudie devient savant, et cñ€ℱest ce quñ€ℱon entend en disant que dñ€ℱapprenant quñ€ℱon était on devient instruit. Quant à cet autre exemple Lñ€ℱair vient de lñ€ℱeau ; là , il y a lñ€ℱun des deux éléments qui périt dans la production de lñ€ℱautre. Aussi, dans le premier cas nñ€ℱy a-t-il point de retour de ce qui est produit à ce qui a produit [994b] dñ€ℱhomme on ne devient pas enfant ; car ce qui est produit ne lñ€ℱest pas par la production mÃÂȘme, mais vient aprÚs la production. De mÃÂȘme pour la succession simple le jour vient de lñ€ℱaurore, uniquement parce quñ€ℱil lui succÚde ; mais par cela mÃÂȘme lñ€ℱaurore ne vient pas du jour. Dans lñ€ℱautre espÚce de production, au contraire, il y a retour de lñ€ℱun des éléments à lñ€ℱautre. Mais dans les deux cas il est impossible dñ€ℱaller à lñ€ℱinfini. Dans le premier, il faut que les intermédiaires aient une fin ; dans le dernier il y a retour perpétuel dñ€ℱun élément à lñ€ℱautre, car la destruction de lñ€ℱun est la production de lñ€ℱautre. Et puis, il est impossible que lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément premier, sñ€ℱil est éternel, périsse comme il le faudrait alors. Car, puisque, en remontant de cause en cause, la chaÃne de la production nñ€ℱest pas infinie, il faut nécessairement que lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément premier qui, en périssant, a produit quelque chose, ne soit pas éternel. Or, cela est impossible. Ce nñ€ℱest pas tout la cause finale est une fin. Par cause finale on entend ce qui ne se fait pas en vue dñ€ℱautre chose, mais au contraire ce en vue de quoi autre chose se fait. De sorte que sñ€ℱil y a ainsi quelque chose qui soit le dernier terme, il nñ€ℱy aura pas de production infinie sñ€ℱil nñ€ℱy a rien de tel, il nñ€ℱy a point de cause finale. Ceux qui admettent ainsi la production à lñ€ℱinfini, ne voient pas quñ€ℱils suppriment par là mÃÂȘme le bien. Or, y a-t-il quelquñ€ℱun qui voudrait entreprendre une chose, sñ€ℱil ne devait pas arriver à lñ€ℱachever ? Ce serait lñ€ℱacte dñ€ℱun insensé. Lñ€ℱhomme raisonnable agit toujours en vue de quelque chose ; et cñ€ℱest-là une fin, car le but quñ€ℱon se propose est une fin. On ne peut pas non plus ramener indéfiniment lñ€ℱessence à une autre essence. Il faut sñ€ℱarrÃÂȘter. Toujours lñ€ℱessence qui précÚde est plus essence que celle qui suit ; mais si ce qui précÚde ne lñ€ℱest pas encore, à plus forte raison ce qui suit. Bien plus, ce genre de systÚme rend toute connaissance impossible. On ne peut savoir, il est impossible de rien connaÃtre, avant dñ€ℱarriver à ce qui est simple et indivisible. Or, comment penser à cette infinité dñ€ℱÃÂȘtres dont on nous parle ? Il nñ€ℱen est pas ici comme de la ligne, qui ne sñ€ℱarrÃÂȘte pas dans ses divisions la pensée a besoin de points dñ€ℱarrÃÂȘt. Aussi, si vous parcourez cette ligne qui se divise à lñ€ℱinfini, vous nñ€ℱen pouvez compter toutes les divisions. Ajoutons que nous ne concevons la matiÚre que dans un objet en mouvement. Or, aucun de ces objets nñ€ℱest marqué du caractÚre de lñ€ℱinfini. Si ces objets sont réellement infinis, le caractÚre propre de lñ€ℱinfini nñ€ℱest pas lñ€ℱinfini. Et quand bien mÃÂȘme on dirait seulement quñ€ℱil y a un nombre infini dñ€ℱespÚces de causes, la connaissance serait encore impossible. Car nous croyons savoir quand nous connaissons les causes ; et il nñ€ℱest point possible que dans un temps fini, nous puissions parcourir une série infinie. Chapitre 3 Les auditeurs sont soumis à lñ€ℱinfluence de lñ€ℱhabitude. Nous aimons quñ€ℱon se serve dñ€ℱun langage conforme à celui qui nous est familier. Sans cela, les choses ne paraissent plus ce quñ€ℱelles nous paraissaient ; il nous semble, par ce quñ€ℱelles ont dñ€ℱinaccoutumé, que nous les connaissons moins, et quñ€ℱelles nous sont plus étrangÚres. Ce qui nous est habituel nous est, en effet, mieux connu. Une chose qui montre bien quelle est la force de lñ€ℱhabitude, ce sont les lois, oÃÂč des fables et [995a] des puérilités ont plus de puissance, par lñ€ℱeffet de lñ€ℱhabitude, que nñ€ℱen aurait la vérité mÃÂȘme. Il est des hommes qui nñ€ℱadmettent dñ€ℱautres démonstrations que celles des mathématiques ; dñ€ℱautres ne veulent que des exemples ; dñ€ℱautres ne trouvent pas mauvais quñ€ℱon invoque le témoignage dñ€ℱun poÚte. Il en est enfin qui demandent que tout soit rigoureusement démontré ; tandis que dñ€ℱautres trouvent cette rigueur insupportable, ou bien parce quñ€ℱils ne peuvent suivre la chaÃne des démonstrations, ou bien parce quñ€ℱils pensent que cñ€ℱest se perdre dans des futilités. Il y a, en effet, quelque chose de cela dans lñ€ℱaffectation de la rigueur. Aussi quelques-uns la regardent-ils comme indigne dñ€ℱun homme libre, non-seulement dans la conversation, mais mÃÂȘme dans la discussion philosophique. Il faut donc que nous apprenions avant tout quelle sorte de démonstration convient à chaque objet particulier ; car il serait absurde de mÃÂȘler ensemble et la recherche de la science, et celle de sa méthode deux choses dont lñ€ℱacquisition présente de grandes difficultés. On ne doit pas exiger en tout la rigueur mathématique, mais seulement quand il sñ€ℱagit dñ€ℱobjets immatériels. Aussi la méthode mathématique nñ€ℱest-elle pas celle des physiciens ; car la matiÚre est probablement le fond de toute la nature. Ils ont à examiner dñ€ℱabord ce que cñ€ℱest que la nature. De cette maniÚre, en effet, ils verront clairement quel est lñ€ℱobjet de la physique, et si lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tude des causes et des principes de la nature est le partage dñ€ℱune science unique ou de plusieurs sciences. Livre 3 Chapitre 1 Il est nécessaire, dans lñ€ℱintérÃÂȘt de la science que nous cherchons, de commencer par exposer les difficultés que nous avons à résoudre dÚs lñ€ℱabord. Ces difficultés, ce sont, outre les opinions contradictoires des divers philosophes sur les mÃÂȘmes sujets, tous les points obscurs quñ€ℱils peuvent avoir négligé dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©claircir si lñ€ℱon veut arriver à une solution vraie, il est utile de se bien poser dñ€ℱabord ces difficultés. Car la solution vraie à laquelle on parvient ensuite, nñ€ℱest autre chose que lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©claircissement de ces difficultés or, il est impossible de délier un nÅ“ud si lñ€ℱon ne sait pas la maniÚre de sñ€ℱy prendre. Ceci est évident surtout pour les difficultés, les doutes de la pensée. Douter, pour elle, cñ€ℱest ÃÂȘtre dans lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tat de lñ€ℱhomme enchaÃné pas plus que lui elle ne peut aller en avant. Il nous faut donc commencer par examiner toutes les difficultés, et pour ces motifs, et aussi parce que chercher sans se les ÃÂȘtre posées dñ€ℱabord, cñ€ℱest ressembler à ceux qui marchent sans savoir vers quel but il faut marcher, cñ€ℱest sñ€ℱexposer mÃÂȘme à ne point reconnaÃtre si lñ€ℱon a découvert ou non ce que lñ€ℱon cherchait. En effet, on nñ€ℱa point alors de but marqué le but est marqué au contraire pour celui qui a commencé par se les bien poser. Enfin, on doit nécessairement ÃÂȘtre mieux à mÃÂȘme de juger, quand on a entendu, comme parties adverses en quelque sorte, toutes les raisons opposées. La premiÚre difficulté est celle que nous nous sommes déjà proposée dans lñ€ℱintroduction. LĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tude des causes appartient-elle à une seule science, ou à plusieurs, et la science doit-elle sñ€ℱoccuper seulement des premiers principes des ÃÂȘtres, ou bien doit-elle embrasser aussi les principes généraux de la démonstration, tels que celui-ci Est-il possible, ou non, dñ€ℱaffirmer et de nier en mÃÂȘme temps une seule et mÃÂȘme chose ? Et tous les autres principes de ce genre ? Et si elle ne sñ€ℱoccupe que des principes des ÃÂȘtres, y a-t-il une seule science ou plusieurs pour tous ces principes ? Et sñ€ℱil y en a plusieurs, y a-t-il entre toutes quelque affinité, on bien les unes doivent-elles ÃÂȘtre considérées comme des philosophies, les autres non ? Il est nécessaire encore de rechercher si lñ€ℱon ne doit reconnaÃtre que des substances sensibles, ou sñ€ℱil y en a dñ€ℱautres en dehors de celles-là . Y a-t-il une seule espÚce de substance, ou bien y en a-t-il plusieurs ? De ce dernier avis sont, par exemple, ceux qui admettent les idées, et les substances mathématiques intermédiaires entre les idées et les objets sensibles. Ce sont là , disons-nous, des difficultés quñ€ℱil faut examiner, et encore celle-ci Notre étude nñ€ℱembrasse-t-elle que les essences, ou bien sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tend-elle aussi aux accidents essentiels des substances ? Ensuite, à quelle science appartient-il de sñ€ℱoccuper de lñ€ℱidentité et de lñ€ℱhétérogénéité, de la similitude et de la dissimilitude, de lñ€ℱidentité et de la contrariété, de lñ€ℱantériorité et de la postériorité, et des autres principes de ce genre à lñ€ℱusage des Dialecticiens, lesquels ne raisonnent que sur le vraisemblable ? Ensuite, quels sont les accidents propres de chacune de ces choses ? Il ne faut pas seulement rechercher ce quñ€ℱest chacune dñ€ℱelles, mais encore si elles sont opposées les unes aux autres. Sont-ce les genres qui sont les principes et les éléments ; sont-ce les parties intrinsÚques de chaque ÃÂȘtre ? Et si ce sont les genres, sont-ce les plus rapprochés des individus, ou bien les genres les plus élevés ? Est-ce lñ€ℱanimal, par exemple, ou bien lñ€ℱhomme, qui est principe ; et le genre lñ€ℱest-il plutÎt que lñ€ℱindividu ? Une autre question non moins digne dñ€ℱÃÂȘtre étudiée et approfondie est celle-ci y a-t-il ou non, en dehors de la substance, quelque chose qui soit cause en soi ? Ce quelque chose en est-il ou non indépendant ; est-il un ou multiple ? Est-il ou non en dehors de lñ€ℱensemble et par lñ€ℱensemble jñ€ℱentends ici la substance avec sel attributs ? En dehors de quelques individus et non des autres ; et quels sont alors les ÃÂȘtres en dehors desquels il existe ? Ensuite, les principes soit formels soit substantiels, sont-ils numériquement distincts ou réductibles à des genres ? [996a] Les principes des ÃÂȘtres périssables et ceux des ÃÂȘtres impérissables sont-ils les mÃÂȘmes ou différents ; sont-ils tous impérissables, ou bien les principes des ÃÂȘtres périssables sont-ils périssables ? De plus, et cñ€ℱest là la difficulté la plus grande, la plus embarrassante, lñ€ℱunité et lñ€ℱÃÂȘtre constituent-ils ou non la substance des ÃÂȘtres, comme le prétendaient les Pythagoriciens et Platon ; ou bien y a-t-il quelque chose qui leur serve de sujet, de substance, comme lñ€ℱAmitié dñ€ℱEmpédocle, le feu, lñ€ℱeau, lñ€ℱair de tel ou tel autre philosophe ? Les principes sont-ils relatifs au général, ou bien aux choses particuliÚres ? Sont-ils en puissance ou en acte ? Sont-ils en mouvement ou autrement ? Ce sont là de graves difficultés. Ensuite, les nombres, les longueurs, les figures, les points, sont-ils ou non des substances ; et, sñ€ℱils sont des substances, sont-ils indépendants des objets sensibles, ou existent-ils dans ces objets ? Sur tous ces points, non seulement il est difficile dñ€ℱarriver à la vérité par une bonne solution, mais il nñ€ℱest pas mÃÂȘme bien facile de se poser nettement les difficultés. Chapitre 2 Dñ€ℱabord, comme nous nous le sommes demandé en commençant, appartient-il à une seule science ou à plusieurs, dñ€ℱexaminer toutes les espÚces de causes ? Mais comment appartiendrait-il à une seule science de connaÃtre des principes qui ne sont pas contraires les uns aux autres ? Et de plus, il y a un grand nombre dñ€ℱobjets oÃÂč ces principes ne se trouvent pas tous réunis. Comment, par exemple, serait-il possible de rechercher la cause du mouvement ou le principe du bien dans ce qui est immobile ? En effet, tout ce qui est bien en soi et par sa nature est un but, et par cela mÃÂȘme une cause, puisque cñ€ℱest en vue de ce bien que se produisent, quñ€ℱexistent les autres choses. Un but, ce en vue de quoi, est nécessairement but de quelque action or, il nñ€ℱy a point dñ€ℱaction sans mouvement ; de sorte que dans les choses immobiles on ne peut admettre ni lñ€ℱexistence de ce principe du mouvement, ni celle du bien en soi. Aussi ne démontre-t-on rien dans les sciences mathématiques au moyen de la cause du mouvement. On ne sñ€ℱy occupe pas davantage du mieux et du pire ; et mÃÂȘme aucun mathématicien ne tient compte de ces principes. Cñ€ℱest pour ce motif que quelques sophistes, Aristippe par exemple, repoussaient ignominieusement les sciences mathématiques. Dans tous les arts, disaient-ils, mÃÂȘme dans les arts manuels, dans celui du maçon, du cordonnier, on sñ€ℱoccupe sans cesse du mieux et du pire ; [996b] tandis que les mathématiques ne font jamais mention du bien ni du mal. Mais sñ€ℱil y a plusieurs sciences des causes, si chacune dñ€ℱelles sñ€ℱoccupe de principes différents, laquelle de toutes ces sciences sera celle que nous cherchons ; ou, parmi les hommes qui les posséderont, lequel connaÃtra le mieux lñ€ℱobjet de nos recherches ? Il est possible quñ€ℱun seul objet réunisse toutes ces espÚces de causes. Ainsi, dans une maison, le principe du mouvement, cñ€ℱest lñ€ℱart et lñ€ℱouvrier ; la cause finale, cñ€ℱest lñ€ℱÅ“uvre ; la matiÚre, la terre et les pierres ; le plan est la forme. Il convient donc, dñ€ℱaprÚs la définition que nous avons assignée précédemment à la philosophie, de donner ce nom à chacune des sciences qui sñ€ℱoccupent de ces causes. La science par excellence, celle qui dominera toutes les autres, à laquelle les autres sciences devront céder en esclaves, cñ€ℱest assurément celle qui sñ€ℱoccupe du but et du bien ; car tout le reste nñ€ℱexiste quñ€ℱen vue du bien. Mais la science des causes premiÚres, celle que nous avons définie la science de ce quñ€ℱil y a de plus scientifique, ce sera la science de lñ€ℱessence. On peut, en effet, connaÃtre la mÃÂȘme chose de bien des maniÚres ; mais ceux qui connaissent un objet par ce quñ€ℱil est, connaissent mieux que ceux qui le connaissent par ce quñ€ℱil nñ€ℱest pas. Parmi les premiers mÃÂȘme nous distinguons des degrés de connaissance ceux-là en ont la science la plus parfaite, qui connaissent, non point sa quantité, ses qualités, ses modifications, ses actes, mais son essence. Il en est de mÃÂȘme aussi de toutes les choses dont il y a démonstration. Nous croyons en avoir la connaissance lorsque nous savons ce en quoi elles consistent Quñ€ℱest-ce, par exemple, que construire un carré équivalent à un rectangle donné ? Cñ€ℱest trouver la moyenne proportionnelle entre les deux cÎtés du rectangle. Et de mÃÂȘme pour tous les autres cas. Pour la production, au contraire, pour lñ€ℱaction, pour toute espÚce de changement, nous croyons avoir la science, lorsque nous connaissons le principe du mouvement, lequel est différent de la cause finale, et en est précisément lñ€ℱopposé. Il paraÃtrait donc dñ€ℱaprÚs cela que ce sont des sciences différentes qui doivent examiner chacune de ces causes. Ce nñ€ℱest pas tout. Les principes de la démonstration appartiennent-ils à une seule science ou à plusieurs ? Cñ€ℱest encore là une question. Jñ€ℱappelle principe de la démonstration, ces axiomes généraux sur lesquels tout le monde sñ€ℱappuie pour démontrer ; ceux-ci, par exemple Il faut nécessairement affirmer ou nier une chose ; Une chose ne peut pas ÃÂȘtre et nñ€ℱÃÂȘtre pas en mÃÂȘme temps ; et toutes les autres propositions de ce genre. Hé bien, la science de ces principes est-elle la mÃÂȘme que celle de lñ€ℱessence, ou en diffÚre-t-elle ? Si elle en diffÚre, laquelle des deux reconnaÃtrons-nous pour celle que nous cherchons ? Les principes de la démonstration nñ€ℱappartiennent pas à une seule science, cela est évident pourquoi la géométrie sñ€ℱarrogerait-elle, plutÎt que toute autre science, le droit de traiter de ces principes ? Si donc toute science quelconque a également ce privilÚge, et si pourtant elles ne peuvent pas toutes en jouir, lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tude des principes ne dépendra pas plus de la science qui connaÃt les essences, que de toute autre. Et puis, comment y aurait-il une science des principes ? Nous connaissons de prime abord ce quñ€ℱest chacun dñ€ℱeux ; aussi tous les arts les emploient-ils comme choses bien connues. Tandis que sñ€ℱil y avait une science démonstrative des principes, il faudrait admettre lñ€ℱexistence dñ€ℱun genre commun, objet de cette science ; il faudrait dñ€ℱun cÎté les accidents du genre, de lñ€ℱautre des axiomes, car il est impossible de tout démontrer. Toute démonstration doit partir dñ€ℱun principe, porter sur un objet, démontrer quelque chose de cet objet. Il sñ€ℱensuit que tout ce qui se démontre pourrait se ramener à un genre unique. Et en effet, toutes les sciences démonstratives se servent des axiomes. Or, si la science des axiomes est une autre science que la science de lñ€ℱessence, laquelle des deux sera la science souveraine, la science premiÚre ? Les axiomes sont ce quñ€ℱil y a de plus général ; ils sont les principes de toutes choses si donc ils ne font pas partie de la science du philosophe, quel autre sera chargé de vérifier leur vérité ou leur fausseté ? Enfin, y a-t-il une seule science pour toutes les essences, y en a-t-il plusieurs ? Sñ€ℱil y en a plusieurs, de quelle essence traite la science qui nous occupe ? Quñ€ℱil nñ€ℱy ait quñ€ℱune science de toutes les essences, cñ€ℱest ce qui nñ€ℱest pas probable. Dans ce cas il y aurait une seule science démonstrative de tous les accidents essentiels des ÃÂȘtres, puisque toute science démonstrative soumet au contrÎle de principes communs tous les accidents essentiels dñ€ℱun sujet donné. Il appartient donc à la mÃÂȘme science dñ€ℱexaminer dñ€ℱaprÚs des principes communs seulement les accidents essentiels dñ€ℱun mÃÂȘme genre. En effet, une science sñ€ℱoccupe de ce qui est ; une autre science, soit quñ€ℱelle se confonde avec la précédente ou sñ€ℱen distingue, traite des causes de ce qui est. De sorte que ces deux sciences, ou cette science unique, dans le cas oÃÂč elles nñ€ℱen font quñ€ℱune, sñ€ℱoccuperont elles-mÃÂȘmes des accidents du genre qui est leur objet. Mais, dñ€ℱailleurs, la science nñ€ℱembrasse-t-elle que les essences, ou bien porte-t-elle aussi sur leurs accidents ? Par exemple, si nous considérons comme des essences, les solides, les lignes, les plans, la science de ces essences sñ€ℱoccupera-t-elle en mÃÂȘme temps des accidents de chaque genre, accidents sur lesquels portent les démonstrations mathématiques, ou bien sera-ce lñ€ℱobjet dñ€ℱune autre science ? Sñ€ℱil nñ€ℱy a quñ€ℱune science unique, la science de lñ€ℱessence sera alors une science démonstrative or, lñ€ℱessence, à ce quñ€ℱil semble, ne se démontre pas ; et sñ€ℱil y a deux sciences différentes, quelle est donc celle qui traitera des accidents de la substance ? Cñ€ℱest une question dont la solution est des plus difficiles. De plus, ne faut-il admettre que des substances sensibles, ou bien y en a-t-il dñ€ℱautres encore ? Nñ€ℱy a-t-il quñ€ℱune espÚce de substance, y en a-t-il plusieurs ? De ce dernier avis sont, par exemple, ceux qui admettent les idées, ainsi que les ÃÂȘtres intermédiaires objets des sciences mathématiques. Ils disent que les idées sont par elles-mÃÂȘmes causes et substances, comme nous lñ€ℱavons vu, en traitant cette question dans le premier livre. Cette doctrine est sujette à mille objections. Mais ce quñ€ℱil y a de plus absurde, cñ€ℱest de dire quñ€ℱil existe des ÃÂȘtres particuliers en dehors de ceux que nous voyons dans lñ€ℱunivers, mais que ces ÃÂȘtres sont les mÃÂȘmes que les ÃÂȘtres sensibles, à cette seule différence prÚs que les uns sont éternels, les autres périssables en effet, tout ce quñ€ℱils disent, cñ€ℱest quñ€ℱil y a lñ€ℱhomme en soi, le cheval, la santé en soi ; imitant en cela ceux qui disent quñ€ℱil y a des dieux, mais que ces dieux ressemblent aux hommes. Les uns ne font pas autre chose que des hommes éternels ; les idées des autres ne sont de mÃÂȘme que des ÃÂȘtres sensibles éternels. Si, outre les idées et les objets sensibles, lñ€ℱon veut admettre les ÃÂȘtres intermédiaires, il sñ€ℱen suit une multitude de difficultés. Car, évidemment, il y aura aussi des lignes intermédiaires entre lñ€ℱidée de la ligne et la ligne sensible ; et de mÃÂȘme pour toute espÚce de choses. Prenons pour exemple lñ€ℱAstronomie. Il y aura un autre ciel, en dehors de celui qui tombe sous nos sens, un autre soleil, une autre lune ; et de mÃÂȘme pour tout ce qui est dans le ciel. Or, comment croire à leur existence ? Ce nouveau ciel, on ne peut raisonnablement le faire immobile ; et, dñ€ℱun autre cÎté il est tout-à -fait impossible quñ€ℱil soit en mouvement. Il en est de mÃÂȘme pour les objets dont traite lñ€ℱOptique, et pour les rapports mathématiques des sons musicaux. Là encore on ne peut admettre, et pour les mÃÂȘmes raisons, des ÃÂȘtres en dehors de ceux que nous voyons ; car, si vous admettez des ÃÂȘtres sensibles intermédiaires, il vous faudra nécessairement admettre des sensations intermédiaires pour les percevoir, ainsi que des animaux intermédiaires entre les idées des animaux et les animaux périssables. On peut se demander sur quels ÃÂȘtres porteraient les sciences intermédiaires. Car si vous reconnaissez que la Géodésie ne diffÚre de la Géométrie, quñ€ℱen ce que lñ€ℱune porte sur des objets sensibles, lñ€ℱautre sur des objets que nous ne percevons point par les sens, il vous faut évidemment faire la mÃÂȘme chose pour la Médecine et pour toutes les autres sciences, et dire quñ€ℱil y a une science intermédiaire entre la Médecine idéale et la Médecine sensible. Et comment admettre une pareille supposition ? Il faudrait alors dire aussi quñ€ℱil y a une santé intermédiaire entre la santé des ÃÂȘtres sensibles et la santé en soi. Mais il nñ€ℱest pas mÃÂȘme vrai de dire que la Géodésie est une science de grandeurs sensibles et périssables, car, dans ce cas, elle périrait, quand périraient ces grandeurs. Lñ€ℱAstronomie elle-mÃÂȘme, la science du ciel qui tombe sous nos sens, nñ€ℱest pas une science de grandeurs sensibles. Les lignes sensibles ne sont pas les lignes du géomÚtre, car les sens ne nous donnent aucune ligne droite, aucune courbe, qui satisfasse à la définition. Le cercle ne rencontre pas la tangente en un seul point, mais par plusieurs, comme le remarquait Protagoras, dans ses attaques contre les géomÚtres. Et les mouvements ne sont pas réels ; les révolutions du ciel ne concordent complÚtement avec les mouvements et les révolutions que donnent les calculs astronomiques. Enfin les étoiles ne sont pas de la mÃÂȘme nature que les points. Dñ€ℱautres philosophes admettent aussi lñ€ℱexistence de ces substances intermédiaires entre les idées et les objets sensibles ; mais ils ne les séparent point des objets sensibles ; ils disent quñ€ℱelles sont dans ces objets mÃÂȘmes. Il serait trop long dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©numérer toutes les impossibilités quñ€ℱentraÃne une pareille doctrine. Remarquons cependant que non seulement les ÃÂȘtres intermédiaires, mais que les idées elles-mÃÂȘmes seront nécessairement aussi dans les objets sensibles ; car les mÃÂȘmes raisons sñ€ℱappliquent également dans les deux cas. De plus, on aura ainsi nécessairement deux solides dans un mÃÂȘme lieu ; et ils ne seront pas immobiles, puisquñ€ℱils seront dans des objets sensibles en mouvement. En un mot, à quoi bon admettre des ÃÂȘtres intermédiaires, pour les placer dans les objets sensibles ? Les mÃÂȘmes absurdités que tout à lñ€ℱheure se reproduiront sans cesse. Ainsi, il y aura un ciel en dehors du ciel qui tombe sous nos sens ; seulement il nñ€ℱen sera pas séparé, il sera dans le mÃÂȘme lieu ce qui est plus inadmissible encore que le ciel séparé. Chapitre 3 Que faut-il décider sur tous ces points, pour arriver ensuite à la vérité ? Il y a là des difficultés nombreuses. Les difficultés relatives aux principes ne le sont pas moins. Faut-il regarder les genres comme éléments et principes ; ou bien ce titre nñ€ℱappartient-il pas plutÎt aux parties constitutives de chaque ÃÂȘtre ? Par exemple, les éléments, les principes du mot, paraissent ÃÂȘtre les lettres qui concourent à la formation de tous les mots, et non pas le mot en général. De mÃÂȘme encore nous appelons éléments, dans la démonstration des propriétés des figures géométriques, ces démonstrations qui se trouvent au fond des autres, soit dans toutes, soit dans la plupart. De mÃÂȘme enfin pour les corps et ceux qui nñ€ℱadmettent quñ€ℱun élément, et ceux qui en admettent plusieurs, regardent comme principe ce dont le corps est composé, ce dont lñ€ℱensemble le constitue. Ainsi, lñ€ℱeau, le feu, et les autres éléments, sont pour Empédocle les éléments constitutifs des ÃÂȘtres, et non point des genres qui comprennent ces ÃÂȘtres. En outre, si lñ€ℱon veut étudier la nature dñ€ℱun objet quelconque, dñ€ℱun lit par exemple, on cherche de quelles piÚces il est composé, quel est lñ€ℱarrangement de ces piÚces, et alors on connaÃt sa nature. Dñ€ℱaprÚs ces considérations, les genres ne seraient pas les principes des ÃÂȘtres. Mais si lñ€ℱon songe que nous ne connaissons rien que par les définitions, et que les genres sont les principes des définitions, il faut bien aussi que les genres soient les principes des ÃÂȘtres définis. Dñ€ℱailleurs, sñ€ℱil est vrai de dire que cñ€ℱest acquérir la connaissance des ÃÂȘtres que dñ€ℱacquérir celle des espÚces auxquelles les ÃÂȘtres se rapportent, les genres seront encore principes des ÃÂȘtres puisquñ€ℱils sont les principes des espÚces. Quelques-uns mÃÂȘme de ceux qui regardent comme éléments des ÃÂȘtres lñ€ℱunité ou lñ€ℱÃÂȘtre, ou le grand et le petit, semblent en faire des genres. Toutefois les principes des ÃÂȘtres ne peuvent pas ÃÂȘtre en mÃÂȘme temps les genres et les éléments constitutifs. Lñ€ℱessence ne comporte pas deux définitions ñ€” or, autre serait la définition des principes considérés comme genres ; autre, si on les considérait comme éléments constitutifs. Dñ€ℱailleurs, si ce sont surtout les genres qui sont principes, faut-il regarder comme principes les genres les plus élevés, ou ceux immédiatement supérieurs aux individus ? Cñ€ℱest là encore un sujet dñ€ℱembarras. Si les principes sont ce quñ€ℱil y a de plus général, évidemment les genres les plus élevés seront principes, car ils embrassent tous les ÃÂȘtres. On admettra par conséquent comme principes des ÃÂȘtres les premiers des genres ; et alors lñ€ℱÃÂȘtre, lñ€ℱunité, seront principes et substances ; car ce sont surtout ces genres qui embrassent tous les ÃÂȘtres. Dñ€ℱun autre cÎté, tous les ÃÂȘtres ne peuvent pas ÃÂȘtre rapportés à un seul genre, soit à lñ€ℱunité, soit à lñ€ℱÃÂȘtre. Il faut nécessairement que les différences de chaque genre soient, et que chacune de ces différences soit une or, il est impossible que ce qui désigne les espÚces du genre désigne aussi les différences propres, il est impossible que le genre existe sans ses espÚces. Si donc lñ€ℱunité ou lñ€ℱÃÂȘtre est le genre, il nñ€ℱy aura pas de différence qui soit, ni qui soit une. Lñ€ℱunité et lñ€ℱÃÂȘtre ne sont donc pas des genres, et par conséquent ils ne sont pas des principes, puisque ce sont les genres qui sont principes. Ajoutez à cela que les ÃÂȘtres intermédiaires pris avec leurs différences seront des genres jusquñ€ℱà ce quñ€ℱon arrive à lñ€ℱindividu. Or, les uns sont, il est vrai, des genres, mais dñ€ℱautres nñ€ℱen sont pas. En outre, les différences sont plutÎt principes que les genres. Mais si les différences sont principes, il y a en quelque sorte une infinité de principes, surtout si lñ€ℱon prend pour point de départ le genre le plus élevé. Remarquons dñ€ℱailleurs que, bien que lñ€ℱunité nous paraisse surtout avoir le caractÚre de principe, lñ€ℱunité étant indivisible, et ce qui est indivisible lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tant ou bien sous le rapport de la quantité, ou bien sous celui de lñ€ℱespÚce, et ce qui lñ€ℱest sous le rapport de lñ€ℱespÚce ayant lñ€ℱantériorité ; enfin les genres se divisant en espÚces, lñ€ℱunité doit ÃÂȘtre plutÎt lñ€ℱindividu lñ€ℱhomme, en effet, nñ€ℱest pas le genre des hommes particuliers. Dñ€ℱailleurs, il nñ€ℱest pas possible, dans les choses oÃÂč il y a antériorité et postériorité, quñ€ℱil y ait, en dehors dñ€ℱelles, quelque chose qui soit leur genre. La dyade, par exemple, est le premier des nombres ; il nñ€ℱy a donc point, en dehors des diverses espÚces de nombres, un autre nombre qui soit le genre commun ; il nñ€ℱy a point non plus dans la géométrie une autre figure en dehors des diverses espÚces de figures. Et sñ€ℱil nñ€ℱy a point ici de genre en dehors des espÚces, à plus forte raison nñ€ℱy en aura-t-il point dans les autres choses. Car cñ€ℱest surtout pour les ÃÂȘtres mathématiques quñ€ℱil paraÃt y avoir des genres. Pour les individus il nñ€ℱy a ni priorité, ni postériorité, et de plus, partout oÃÂč il y a mieux et pire, le mieux a la priorité ; il nñ€ℱy a donc pas de genres, principes des individus. Dñ€ℱaprÚs ce qui précÚde, les individus doivent plutÎt ÃÂȘtre regardés comme les principes des genres. Mais, dñ€ℱun autre cÎté, comment concevoir que les individus soient principes ? Il ne serait point facile de le démontrer. Il faut quñ€ℱalors la cause, le principe, soit en dehors des choses dont elle est le principe, quñ€ℱelle puisse en ÃÂȘtre séparée. Mais quelle raison a-t-on de supposer quñ€ℱil y a un principe de ce genre en dehors du particulier, si ce nñ€ℱest que ce principe est quelque chose dñ€ℱuniversel, et quñ€ℱil embrasse tous les ÃÂȘtres ? Or, si lñ€ℱon se rend à cette considération, ce quñ€ℱil y a de plus général doit ÃÂȘtre plutÎt regardé comme principe, et alors les principes seraient les genres les plus élevés. Chapitre 4 Il y a une difficulté qui se rattache aux précédentes, difficulté plus embarrassante que toutes les autres, et dont lñ€ℱexamen nous est indispensable ; cñ€ℱest celle dont nous allons parler. Sñ€ℱil nñ€ℱy a pas quelque chose en dehors du particulier, et sñ€ℱil y a une infinité de choses particuliÚres, comment est-il possible dñ€ℱacquérir la science de lñ€ℱinfinité des choses ? ConnaÃtre un objet, cñ€ℱest, pour nous, connaÃtre son unité, son identité et son caractÚre général. Or, si cela est nécessaire, et sñ€ℱil faut quñ€ℱen dehors des choses particuliÚres il y ait quelque chose, il y aura nécessairement, en dehors des choses particuliÚres, les genres, soit les genres les plus rapprochés des individus, soit les genres les plus élevés. Mais nous avons trouvé tout à lñ€ℱheure que cela était possible. Admettons dñ€ℱailleurs quñ€ℱil y a véritablement quelque chose en dehors de lñ€ℱensemble de lñ€ℱattribut et de la substance, admettons quñ€ℱil y a des espÚces. Mais lñ€ℱespÚce est-elle quelque chose en dehors de tous les objets, ou est-elle seulement en dehors de quelques objets sans ÃÂȘtre en dehors de quelques autres, ou enfin nñ€ℱest-elle en dehors dñ€ℱaucun ? Dirons-nous donc quñ€ℱil nñ€ℱy a rien en dehors de choses particuliÚres ? Alors il nñ€ℱy aurait rien dñ€ℱintelligible, il nñ€ℱy aurait plus que des objets sensibles, il nñ€ℱy aurait science de rien, à moins quñ€ℱon ne nomme science, la connaissance sensible. Il nñ€ℱy aurait mÃÂȘme rien dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©ternel, ni dñ€ℱimmobile ; car tous les objets sensibles sont sujets à destruction, et sont en mouvement. Or, sñ€ℱil nñ€ℱy a rien dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©ternel, la production mÃÂȘme est impossible. Car il faut bien que ce qui devient soit quelque chose, ainsi que ce qui fait devenir ; et que la derniÚre des causes productrices soit de tout temps, puisque la chaÃne des causes a un terme, et quñ€ℱil est impossible que rien soit produit par le non-ÃÂȘtre. Dñ€ℱailleurs, là oÃÂč il y a naissance et mouvement, il y aura nécessairement un terme aucun mouvement nñ€ℱest infini, et mÃÂȘme tout mouvement a un but. Et puis il est impossible que ce qui ne peut devenir devienne ; mais ce qui devient, existe nécessairement avant de devenir. De plus, si la substance existe de tout temps, à plus forte raison faut-il admettre lñ€ℱexistence de lñ€ℱessence au moment oÃÂč la substance devient. En effet, sñ€ℱil nñ€ℱy a ni essence, ni substance, il nñ€ℱexiste absolument rien. Et, comme cela est impossible, il faut bien que la forme et lñ€ℱessence soient quelque chose, en dehors de lñ€ℱensemble de la substance et de la forme. Mais si lñ€ℱon adopte cette conclusion, une nouvelle difficulté se présente. Dans quels cas admettra-t-on cette existence séparée, et dans quels cas ne lñ€ℱadmettra-t-on point ? Car il est évident quñ€ℱon ne lñ€ℱadmettra pas dans tous les cas. En effet, nous ne pouvons pas dire quñ€ℱil y a une maison en dehors des maisons particuliÚres. Ce nñ€ℱest pas tout. La substance de tous les ÃÂȘtres est-elle une substance unique ? La substance de tous les hommes est-elle unique, par exemple ? Mais cela serait absurde ; car, tous les ÃÂȘtres nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tant pas un ÃÂȘtre unique, mais un grand nombre dñ€ℱÃÂȘtres, et dñ€ℱÃÂȘtres différents, il nñ€ℱest pas raisonnable quñ€ℱils nñ€ℱaient quñ€ℱune seule substance. Et dñ€ℱailleurs comment la substance de tous ces ÃÂȘtres devient-elle chacun dñ€ℱeux ; et comment la réunion de ces deux choses, lñ€ℱessence et la substance, constitue-t-elle lñ€ℱindividu ? Voici une nouvelle difficulté relative aux principes. Sñ€ℱils nñ€ℱont que lñ€ℱunité générique, rien ne sera un numériquement, ni lñ€ℱunité elle-mÃÂȘme, ni lñ€ℱÃÂȘtre lui-mÃÂȘme. Et alors, comment la science pourra-t-elle exister, puisquñ€ℱil nñ€ℱy aura pas dñ€ℱunité qui embrasse tous les ÃÂȘtres ? Admettrons-nous donc leur unité numérique ? Mais si chaque principe nñ€ℱexiste que comme unité, et que les principes nñ€ℱaient aucun rapport entre eux ; sñ€ℱils ne sont pas comme les choses sensibles en effet, lorsque telle et telle syllabe sont de mÃÂȘme espÚce, leurs principes sont de mÃÂȘme espÚce, ces principes nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tant pas réduits à lñ€ℱunité numérique ; sñ€ℱil nñ€ℱen est pas ainsi, si les principes des ÃÂȘtres sont réduits à lñ€ℱunité numérique, il nñ€ℱexistera rien autre chose que les éléments. Un, numériquement, ou individuel, cñ€ℱest la mÃÂȘme chose, puisque nous appelons individuel ce qui est un par le nombre lñ€ℱuniversel, au contraire, cñ€ℱest ce qui est dans tous les individus. Si donc les éléments du mot avaient pour caractÚre lñ€ℱunité numérique, il y aurait nécessairement un nombre de lettres égal en somme à celui des éléments du mot, nñ€ℱy ayant aucune identité ni entre deux, ni entre un plus grand nombre de ces éléments. Une difficulté qui ne le cÚde à aucune autre et quñ€ℱont également laissée à lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©cart et les philosophes dñ€ℱaujourdñ€ℱhui et leurs devanciers, cñ€ℱest de savoir si les principes des choses périssables et ceux des choses impérissables sont les mÃÂȘmes principes, ou sñ€ℱils sont différents. Si les principes sont, en effet, les mÃÂȘmes, comment se fait-il que parmi les ÃÂȘtres les uns soient périssables et les autres impérissables, et pour quelle raison en est-il ainsi ? Hésiode et tous les Théologiens nñ€ℱont cherché que ce qui pouvait les convaincre eux-mÃÂȘmes, et nñ€ℱont pas songé à nous. Des principes ils font des dieux, et les dieux ont produit toutes choses ; puis ils ajoutent que les ÃÂȘtres qui nñ€ℱont pas goûté le nectar et lñ€ℱambroisie sont destinés à périr. Ces explications avaient sans doute un sens pour eux ; quant à nous, nous ne comprenons mÃÂȘme pas comment ils ont pu trouver là des causes. Car, si cñ€ℱest en vue du plaisir que les ÃÂȘtres touchent à lñ€ℱambroisie et au nectar, le nectar et lñ€ℱambroisie ne sont nullement causes de lñ€ℱexistence ; si au contraire cñ€ℱest en vue de lñ€ℱexistence, comment ces ÃÂȘtres seraient-ils éternels, puisquñ€ℱils auraient besoin de nourriture ? Mais nous nñ€ℱavons pas besoin de soumettre à un examen approfondi, des inventions fabuleuses. Adressons-nous donc à ceux qui raisonnent et se servent de démonstrations, et demandons-leur comment il se fait que, sortis des mÃÂȘmes principes, quelques-uns des ÃÂȘtres ont une nature éternelle, tandis que les autres sont sujets à destruction. Or, comme ils ne nous apprennent pas quelle est la cause en question, et quñ€ℱil y a contradiction dans cet état de choses, il est clair que ni les principes ni les causes des ÃÂȘtres ne peuvent ÃÂȘtre les mÃÂȘmes causes et les mÃÂȘmes principes. Aussi, un philosophe quñ€ℱon croirait parfaitement dñ€ℱaccord avec lui-mÃÂȘme dans sa doctrine, Empédocle, est-il tombé dans la mÃÂȘme contradiction que les autres. Il pose, en effet, un principe, la Discorde, comme cause de la destruction. Et cependant on nñ€ℱen voit pas moins ce principe engendrer tous les ÃÂȘtres, hormis lñ€ℱunité ; car tous les ÃÂȘtres, excepté Dieu, sont produits par la Discorde. Écoutons Empédocle Telles furent les causes de ce qui fut, de ce qui est, de ce qui sera dans lñ€ℱavenir ; Qui firent naÃtre les arbres, et les hommes, et les femmes. Et les bÃÂȘtes sauvages, et les oiseaux, et les poissons qui vivent dans les ondes, Et les dieux à la longue existence. Et mÃÂȘme cñ€ℱest-là une opinion qui résulte de bien dñ€ℱautres passages. Sñ€ℱil nñ€ℱy avait pas dans les choses une Discorde, tout, suivant Empédocle, serait réduit à lñ€ℱunité. En effet, quand, les choses sont réunies, alors sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lÚve enfin la Discorde. Il suit de là que la Divinité, lñ€ℱÃÂȘtre heureux par excellence, connaÃt moins que les autres ÃÂȘtres ; car elle ne connaÃt pas tous les éléments. Elle nñ€ℱa pas en elle la Discorde ; et cñ€ℱest le semblable qui connaÃt le semblable Par la terre, dit Empédocle, nous voyons la terre, lñ€ℱeau par lñ€ℱeau ; Par lñ€ℱair, lñ€ℱair divin, et par le feu, le feu dévorant ; Lñ€ℱAmitié par lñ€ℱAmitié, la Discorde par la Discorde fatale. Il est donc manifeste, pour revenir au point dñ€ℱoÃÂč nous sommes partis, que la Discorde, chez ce philosophe, est tout autant cause dñ€ℱÃÂȘtre que cause de destruction. De mÃÂȘme lñ€ℱAmitié est tout autant cause de destruction que dñ€ℱÃÂȘtre. En effet, quand elle réunit les ÃÂȘtres, et les amÚne à lñ€ℱunité, elle détruit tout ce qui nñ€ℱest pas lñ€ℱunité. Ajoutez quñ€ℱEmpédocle nñ€ℱassigne au changement lui-mÃÂȘme aucune cause ; il dit seulement quñ€ℱil en fut ainsi Alors que la puissante Discorde eut grandi, Et quñ€ℱelle se fut élancée pour sñ€ℱemparer de ses honneurs, au jour marqué par le temps ; Le temps, qui se partage alternativement entre la Discorde et lñ€ℱAmitié ; le temps qui a précédé mÃÂȘme le majestueux serment ; Comme si le changement était nécessaire mais il nñ€ℱassigne pas de cause à cette nécessité. Toutefois Empédocle a été dñ€ℱaccord avec lui-mÃÂȘme en ce point, quñ€ℱil admet, non pas que parmi les ÃÂȘtres les uns sont périssables, les autres impérissables, mais que tout est périssable, excepté les éléments. La difficulté que nous nous étions proposée était celle-ci Pourquoi, si tous les ÃÂȘtres viennent des mÃÂȘmes principes, les uns sont-ils périssables, les autres impérissables ? Or, ce que nous avons dit précédemment suffit pour montrer que les principes de tous les ÃÂȘtres ne sauraient ÃÂȘtre les mÃÂȘmes. Mais si les principes sont différents, une difficulté se présente seront-ils impérissables eux aussi, ou périssables ? Car, sñ€ℱils sont périssables, il est évident quñ€ℱils viennent nécessairement eux-mÃÂȘmes de quelque chose, puisque tout ce qui se détruit retourne à ses éléments. Il sñ€ℱensuit donc quñ€ℱil y aurait dñ€ℱautres principes antérieurs aux principes mÃÂȘmes. Or cela est impossible, soit que la chaÃne des causes ait une limite, soit quñ€ℱelle se prolonge à lñ€ℱinfini. Dñ€ℱailleurs, si lñ€ℱon anéantit les principes, comment y aura-t-il des ÃÂȘtres périssables ? Et si les principes sont impérissables, pourquoi, parmi ces principes impérissables, les uns produisent-ils des ÃÂȘtres périssables, et les autres, des ÃÂȘtres impérissables ? Cela nñ€ℱest pas conséquent ; cñ€ℱest une chose impossible, ou qui du moins demanderait de longues explications. Enfin, aucun philosophe nñ€ℱa admis que les ÃÂȘtres eussent des principes différents ; tous ils disent que les principes de toutes choses sont les mÃÂȘmes. Mais cñ€ℱest quñ€ℱils passent par-dessus la difficulté que nous nous sommes proposée, et quñ€ℱils la regardent comme un point peu important. Une question difficile entre toutes à lñ€ℱexamen, et dñ€ℱune importance capitale pour la connaissance de la vérité, cñ€ℱest de savoir si lñ€ℱÃÂȘtre et lñ€ℱunité sont substances des ÃÂȘtres ; si ces deux principes ne sont pas autre chose que lñ€ℱunité et lñ€ℱÃÂȘtre, chacun de son cÎté ; ou bien si nous devons nous demander quñ€ℱest-ce que lñ€ℱÃÂȘtre et lñ€ℱunité, supposé quñ€ℱils aient pour substance une nature autre quñ€ℱeux-mÃÂȘmes. Car telles sont, sur ce sujet, les diverses opinions des philosophes Platon et les Pythagoriciens prétendent, en effet, que lñ€ℱÃÂȘtre ni lñ€ℱunité ne sont pas autre chose quñ€ℱeux-mÃÂȘmes ; que tel est leur caractÚre. Lñ€ℱunité en soi et lñ€ℱÃÂȘtre en soi, voilà , selon ces philosophes, ce qui constitue la substance des ÃÂȘtres. Les Physiciens sont dñ€ℱun autre avis. Empédocle, par exemple, comme pour ramener son principe à un terme plus connu, explique ce que cñ€ℱest que lñ€ℱunité ; car on peut conclure de ses paroles, que lñ€ℱÃÂȘtre cñ€ℱest lñ€ℱAmitié ; lñ€ℱAmitié est donc pour Empédocle la cause de lñ€ℱunité de toutes les choses. Dñ€ℱautres prétendent que cñ€ℱest le feu, dñ€ℱautres que cñ€ℱest lñ€ℱair qui est cette unité et cet ÃÂȘtre, dñ€ℱoÃÂč sortent tous les ÃÂȘtres, et qui les a tous produits. Il en est de mÃÂȘme de ceux-là encore qui ont admis la pluralité dans les éléments ; car ils doivent nécessairement compter autant dñ€ℱÃÂȘtres et autant dñ€ℱunités quñ€ℱils reconnaissent de principes. Si lñ€ℱon nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tablit pas que lñ€ℱunité et lñ€ℱÃÂȘtre soient une substance, il sñ€ℱensuit quñ€ℱil nñ€ℱy a plus rien de général, puisque ces principes sont ce quñ€ℱil y a de plus général au monde, et que si lñ€ℱunité en soi, si lñ€ℱÃÂȘtre en soi, ne sont pas quelque chose, à plus forte raison nñ€ℱy aura-t-il pas dñ€ℱautre ÃÂȘtre en dehors de ce quñ€ℱon nomme le particulier. De plus, si lñ€ℱunité nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait pas une substance, il est évident que le nombre mÃÂȘme ne pourrait exister comme nature dñ€ℱÃÂȘtres séparée. En effet, le nombre se compose de monades, et la monade cñ€ℱest ce qui est un. Mais si lñ€ℱunité en soi, si lñ€ℱÃÂȘtre en soi, sont quelque chose, il faut bien quñ€ℱils soient la substance, car il nñ€ℱy a rien, sinon lñ€ℱunité et lñ€ℱÃÂȘtre, qui se dise universellement de tous les ÃÂȘtres. Mais si lñ€ℱÃÂȘtre en soi et lñ€ℱunité en soi sont quelque chose, il nous sera bien difficile de concevoir comment il pourrait y avoir autre chose en dehors de lñ€ℱunité et lñ€ℱÃÂȘtre, cñ€ℱest-à -dire, comment il y aura plus dñ€ℱun ÃÂȘtre, puisque ce qui est autre chose que lñ€ℱÃÂȘtre nñ€ℱest pas. Il sñ€ℱensuit donc nécessairement ce que disait Parménide, que tous les ÃÂȘtres se réduisent à un, et que lñ€ℱunité cñ€ℱest lñ€ℱÃÂȘtre. Mais cñ€ℱest là une double difficulté ; car, que lñ€ℱunité ne soit pas une substance, ou quñ€ℱelle en soit une, il est également impossible que le nombre soit une substance impossible dans le premier cas, nous avons déjà dit pourquoi. Dans le second cas, mÃÂȘme difficulté que pour lñ€ℱÃÂȘtre. Dñ€ℱoÃÂč viendrait, en effet, une autre unité en dehors de lñ€ℱunité ? car, dans le cas dont il sñ€ℱagit, il y aurait nécessairement deux unités. Tous les ÃÂȘtres sont, ou un seul ÃÂȘtre, ou une multitude dñ€ℱÃÂȘtres, si chaque ÃÂȘtre est unité. Ce nñ€ℱest pas tout encore. Si lñ€ℱunité était indivisible, il nñ€ℱy aurait absolument rien, et cñ€ℱest ce que pense Zénon. En effet, ce qui ne devient ni plus grand quand on lui ajoute, ni plus petit quand on lui retranche quelque chose, nñ€ℱest pas, selon lui, un ÃÂȘtre, car la grandeur est évidemment lñ€ℱessence de lñ€ℱÃÂȘtre. Et si la grandeur est son essence, lñ€ℱÃÂȘtre est corporel, car le corps est grandeur dans tous les sens. Or, comment, ajoutée aux ÃÂȘtres, la grandeur rendra-t-elle les uns plus grands, sans produire cet effet sur les autres ? Par exemple, comment le plan et la ligne grandiront-ils, et jamais le point ni la monade ? Toutefois, comme la conclusion de Zénon est un peu dure, et que dñ€ℱailleurs il peut y avoir quelque chose dñ€ℱindivisible, on répond à lñ€ℱobjection que, dans le cas de la monade et du point, lñ€ℱaddition nñ€ℱaugmente pas lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tendue, mais le nombre. Mais alors, comment un seul ou mÃÂȘme plusieurs ÃÂȘtres de cette nature formeront-ils une grandeur ? Autant vaudrait prétendre que la ligne se compose de points. Que si lñ€ℱon admet que le nombre est, comme le disent quelques-uns, produit par lñ€ℱunité elle-mÃÂȘme, et par une autre chose qui nñ€ℱest pas unité, il nñ€ℱen restera pas moins à chercher, pourquoi et comment le produit est tantÎt un nombre et tantÎt une grandeur ; puisque le non-un, cñ€ℱest lñ€ℱinégalité, cñ€ℱest la mÃÂȘme nature dans les deux cas. En effet, on ne voit pas comment lñ€ℱunité avec lñ€ℱinégalité, ni un nombre avec elle, peuvent produire des grandeurs. Chapitre 5 Une difficulté se rattache aux précédentes ; la voici Les nombres, les corps, les plans et les points sont-ils ou non des substances ? Si ce ne sont pas des substances, nous ne connaissons bien ni ce que cñ€ℱest que lñ€ℱÃÂȘtre, ni quelles sont les substances des ÃÂȘtres. En effet, ni les modifications, ni les mouvements, ni les relations, ni les dispositions, ni les proportions ne paraissent avoir aucun des caractÚres de la substance. On rapporte toutes ces choses comme attributs à un sujet, on ne leur donne jamais une existence indépendante. Quant aux choses qui paraissent le plus porter le caractÚre de la substance, telles que lñ€ℱeau, la terre, le feu, qui constituent les corps composés, le chaud et le froid dans ces choses, et les propriétés de cette sorte, sont des modifications, et non des substances. Cñ€ℱest le corps sujet de ces modifications qui seul persiste, comme ÃÂȘtre, comme substance véritable. Et pourtant le corps est moins substance que la surface ; celle-ci lñ€ℱest moins que la ligne, et la ligne moins que la monade et le point. Cñ€ℱest par eux que le corps est déterminé, et il est possible, ce semble, quñ€ℱils existent indépendamment du corps ; mais sans eux lñ€ℱexistence du corps est impossible. Cñ€ℱest pourquoi, tandis que le vulgaire, tandis que les philosophes des premiers temps admettent que lñ€ℱÃÂȘtre et la substance, cñ€ℱest le corps, et que les autres choses sont des modifications du corps, de sorte que les principes des corps sont aussi les principes des ÃÂȘtres, des philosophes plus récents, et qui se sont montrés plus vraiment philosophes que leurs devanciers, admettent pour principes les nombres. Ainsi donc que nous lñ€ℱavons dit, si les ÃÂȘtres en question ne sont pas des substances, il nñ€ℱy a absolument aucune substance, ni aucun ÃÂȘtre, car les accidents de ces ÃÂȘtres ne méritent certainement pas dñ€ℱÃÂȘtre nommés des ÃÂȘtres. Mais cependant si, dñ€ℱun cÎté, lñ€ℱon reconnaÃt que les longueurs et les points sont plus des substances que les corps, et si, de lñ€ℱautre, nous ne voyons parmi quels corps il faudra les ranger ñ€“ car on ne peut les placer parmi les objets sensibles, puisquñ€ℱil nñ€ℱy aurait aucune substance. En effet, ce ne sont là , évidemment, que des divisions du corps soit en largeur, soit en profondeur, soit en longueur. Enfin, ou bien toute figure quelconque se trouve également dans le solide, ou bien il nñ€ℱy en a aucune. De sorte que si lñ€ℱon ne peut dire que lñ€ℱHermÚs existe dans la pierre avec ses contours déterminés, la moitié du cube nñ€ℱest pas non plus dans le cube avec sa forme déterminée ; il nñ€ℱy a mÃÂȘme dans le cube aucune surface réelle. Car si une surface quelconque y existait réellement, ce qui détermine la moitié du cube y aurait-elle aussi une existence réelle. Le mÃÂȘme raisonnement sñ€ℱapplique encore à la ligne, au point et à la monade. Par conséquent, si, dñ€ℱun cÎté, le corps est la substance par excellence, si, de lñ€ℱautre, les surfaces, les lignes et les points le sont plus que le corps mÃÂȘme, et si dñ€ℱailleurs, ni les surfaces, ni les lignes, ni les points, ne sont des substances, nous ne savons bien, ni ce que cñ€ℱest que lñ€ℱÃÂȘtre, ni quelle est la substance des ÃÂȘtres. Ajoutez à ce que nous venons de dire, des conséquences déraisonnables relativement à la production et à la destruction. Dans ce cas, en effet, la substance qui auparavant nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait pas, existe maintenant, celle qui était auparavant, cesse dñ€ℱexister. Nñ€ℱest-ce pas là , pour la substance, une production et une destruction ? Au contraire, ni les points, ni les lignes, ni les surfaces ne sont susceptibles, ni de se produire ni ÃÂȘtre détruits ; et pourtant tantÎt ils existent, et tantÎt nñ€ℱexistent pas. Voyez ce qui se passe dans le cas dé la réunion ou de la séparation de deux corps sñ€ℱils se rapprochent, il nñ€ℱy a quñ€ℱune surface ; sñ€ℱils se séparent, il y en a deux. Ainsi une surface, des lignes, des points, nñ€ℱexistent plus, ils ont disparu ; tandis quñ€ℱaprÚs la séparation, des grandeurs existent, qui nñ€ℱexistaient pas auparavant ; mais le point, objet indivisible, nñ€ℱa pas été divisé en deux parties. Enfin, si les surfaces sont sujettes à production et à destruction, elles viennent de quelque chose. Mais il en est des ÃÂȘtres en question à peu prÚs comme de lñ€ℱinstant actuel dans le temps. II nñ€ℱest pas possible quñ€ℱil devienne et périsse ; toutefois, comme il nñ€ℱest pas une substance, il paraÃt sans cesse différent. Évidemment les points, et les lignes, et les plans, sont dans un pareil cas ; car on peut leur appliquer les mÃÂȘmes raisonnements. Ce ne sont là , aussi bien que lñ€ℱinstant actuel, que des limites ou des divisions. Chapitre 6 Une question quñ€ℱon doit absolument se poser, cñ€ℱest de savoir pourquoi il faut, en dehors des ÃÂȘtres sensibles et des ÃÂȘtres intermédiaires, chercher encore dñ€ℱautres objets, par exemple, ceux quñ€ℱon appelle idées. Le motif, dit-on, cñ€ℱest que si les ÃÂȘtres mathématiques différent par quelque autre endroit des objets de ce monde, ils nñ€ℱen diffÚrent toutefois nullement par celui-ci, quñ€ℱun grand nombre de ces sont dñ€ℱespÚce semblable. De sorte que leurs principes ne seront pas bornés à lñ€ℱunité numérique. Il en sera comme des principes des mots dont nous nous servons, qui se distinguent, non pas numériquement, mais génériquement ; à moins toutefois quñ€ℱon ne les compte dans telle syllabe, dans tel mot déterminé, car dans ce cas ils ont aussi lñ€ℱunité numérique. Les ÃÂȘtres intermédiaires sont dans ce cas. Là aussi les similitudes dñ€ℱespÚce sont en nombre infini. De sorte que sñ€ℱil nñ€ℱy a pas, en dehors des ÃÂȘtres sensibles et des ÃÂȘtres mathématiques, dñ€ℱautres ÃÂȘtres, ceux que quelques philosophes appellent idées, alors il nñ€ℱy a pas de substance, une en nombre et en genre ; et alors les principes des ÃÂȘtres ne sont point des principes qui se comptent numériquement ; ils nñ€ℱont que lñ€ℱunité générique. Et si cette conséquence est nécessaire, il faut bien quñ€ℱil y ait des idées. En effet, quoique ceux qui admettent leur existence nñ€ℱarticulent pas bien leur pensée, voici ce quñ€ℱils veulent dire, et telle est la conséquence nécessaire de leurs principes. Chacune des idées est une substance, aucune nñ€ℱest accident. Dñ€ℱun autre cÎté, si lñ€ℱon établit que les idées existent, et que les principes sont numériques et non génériques, nous avons dit plus haut quelles impossibilités en résultent nécessairement. Une recherche difficile se lie aux questions précédentes Les éléments sont ils en puissance ou de quelque autre maniÚre ? Sñ€ℱils sont de quelque autre maniÚre, comment y aura-t-il une autre chose antérieure aux principes car la puissance est antérieure à telle cause déterminée, et il nñ€ℱest pas nécessaire que la cause qui est en puissance passe à lñ€ℱacte ? [1003a] Mais si les éléments ne sont quñ€ℱen puissance, il est possible quñ€ℱaucun ÃÂȘtre nñ€ℱexiste. Pouvoir ÃÂȘtre, cñ€ℱest nñ€ℱÃÂȘtre pas encore ; puisque ce qui devient, cñ€ℱest ce qui nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait pas, et que rien ne devient, qui nñ€ℱa pas la puissance dñ€ℱÃÂȘtre. Telles sont les difficultés quñ€ℱil faut se proposer relativement aux principes. Il faut se demander encore si les principes sont universels, ou bien sñ€ℱils sont des éléments particuliers. Sñ€ℱils sont universels, ils ne sont pas des essences, car ce qui est commun à plusieurs ÃÂȘtres, indique quñ€ℱun ÃÂȘtre est de telle façon, et non quñ€ℱil est proprement tel ÃÂȘtre. Or, lñ€ℱessence, cñ€ℱest ce quñ€ℱest proprement un ÃÂȘtre. Et si lñ€ℱuniversel est un ÃÂȘtre déterminé, si lñ€ℱattribut commun aux ÃÂȘtres peut ÃÂȘtre posé comme essence, il y aura dans le mÃÂȘme ÃÂȘtre plusieurs animaux, Socrate, lñ€ℱhomme, lñ€ℱanimal ; puisque dans la supposition, chacun des attributs de Socrate indique lñ€ℱexistence propre et lñ€ℱunité dñ€ℱun ÃÂȘtre. Si les principes sont universels, voilà ce qui sñ€ℱensuit. Mais sñ€ℱils ne sont pas universels, sñ€ℱils sont comme de éléments particuliers, ils ne peuvent ÃÂȘtre lñ€ℱobjet dñ€ℱune science puisque toute science porte sur lñ€ℱuniversel. Par conséquent, quñ€ℱil devra y avoir dñ€ℱautres principes antérieurs à eux, et marqués du caractÚre de lñ€ℱuniversalité, pour quñ€ℱil puisse y avoir une science des principes. Livre 4 Chapitre 1 Il est une science qui considÚre lñ€ℱÃƠtre en tant quñ€ℱÃƠtre, et qui considÚre en mÃÂȘme temps toutes les conditions essentielles que lñ€ℱÃƠtre peut présenter. Cette science-là ne peut se confondre dñ€ℱaucune maniÚre avec les autres sciences, qui ont un sujet particulier, puisque pas une de ces sciences nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tudie dñ€ℱune maniÚre universelle lñ€ℱÃƠtre en tant quñ€ℱÃƠtre ; mais, le découpant dans une de ses parties, elles limitent leurs recherches aux phénomÚnes quñ€ℱon peut observer dans cette partie spéciale. Cñ€ℱest ce que font, par exemple, les sciences mathématiques. Mais, quand on ne sñ€ℱattache, comme nous, quñ€ℱaux principes et aux causes les plus élevées, on voit clairement que ces principes doivent ÃÂȘtre ceux dñ€ℱune certaine nature prise en soi. Si donc les philosophes qui ont étudié les éléments des choses étudiaient, eux aussi, ces mÃÂȘmes principes, il en résulte nécessairement que les éléments vrais de lñ€ℱÃƠtre doivent ÃÂȘtre non pas accidentels, mais essentiels ; et voilà pourquoi nous, aussi bien que nos devanciers, nous essayons de découvrir les éléments de lñ€ℱÃƠtre en tant quñ€ℱÃƠtre. Chapitre 2 Le mot dñ€ℱÃƠtre peut avoir bien des acceptions ; mais toutes ces acceptions diverses se rapportent à une certaine unité, et à une réalité naturelle, unique pour toutes ces acceptions. Ce nñ€ℱest pas un mot simplement homonyme ; mais il en est du mot ÃƠtre comme du mot Sain, qui peut sñ€ℱappliquer à tout ce qui concerne la santé, tantÎt à ce qui la conserve, tantÎt à ce qui la produit, tantÎt à ce qui lñ€ℱindique, et tantÎt à lñ€ℱÃÂȘtre qui peut en jouir. [1003b] Cñ€ℱest encore le mÃÂȘme rapport que soutient le mot Médical avec tout ce qui concerne la médecine. Médical peut se dire tout aussi bien, et de ce qui possÚde la science de la médecine, et de ce qui est doué de qualités naturelles pour lñ€ℱacquérir, et du résultat que la médecine obtient. Nous pourrions citer bien dñ€ℱautres mots qui présentent des diversités analogues à celles-là . Cñ€ℱest absolument de cette façon que le mot dñ€ℱÃƠtre peut recevoir des acceptions multiples, qui toutes cependant se rapportent à un seul et unique principe. Ainsi, ÃƠtre se dit tantÎt de ce qui est une substance réelle, tantÎt de ce qui nñ€ℱest quñ€ℱun attribut de la substance, tantÎt de ce qui tend à devenir une réalité substantielle, tantÎt des destructions, des négations, des propriétés de la substance, tantÎt de ce qui la fait ou la produit, tantÎt de ce qui est en rapport purement verbal avec elle, ou enfin de ce qui constitue des négations de toutes ces nuances de lñ€ℱÃƠtre, ou des négations de lñ€ℱÃƠtre lui-mÃÂȘme. Cñ€ℱest mÃÂȘme en ce dernier sens que lñ€ℱon peut dire du Non-ÃÂȘtre quñ€ℱil Est le Non-ÃÂȘtre. De mÃÂȘme donc quñ€ℱil appartient à une seule science de sñ€ℱoccuper de tout ce qui regarde la santé, comme nous venons de le dire, de mÃÂȘme aussi pour toute autre chose ; car ce ne sont pas seulement les attributs essentiels dñ€ℱun seul ÃÂȘtre que doit considérer une seule et unique science ; ce sont, de plus, toutes les relations de cette unique nature ; car, à certains égards, ces derniers attributs sñ€ℱappliquent bien aussi à ce seul ÃÂȘtre. Il faut donc en conclure que considérer les ÃÂȘtres en tant quñ€ℱÃÂȘtres est lñ€ℱobjet dñ€ℱune seule et mÃÂȘme science. En toutes choses, la science sñ€ℱoccupe principalement du primitif, cñ€ℱest-à -dire, de ce dont tout le reste dépend et tire son appellation. Or, si ce primitif est la substance, le philosophe a le devoir dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tudier les principes et les causes des substances. Pour un genre dñ€ℱÃÂȘtres tout entier, quel quñ€ℱil soit, il nñ€ℱy a jamais quñ€ℱune seule maniÚre de les percevoir et une seule science ; et par exemple, la grammaire, tout en restant une seule et mÃÂȘme science, étudie tous les mots du langage. Si donc cñ€ℱest à une science génériquement une, dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tudier toutes les espÚces de lñ€ℱÃƠtre, chacune de ces espÚces seront étudiées par des espÚces particuliÚres de cette science. Lñ€ℱÃƠtre et lñ€ℱUn sont identiques et sont une seule et mÃÂȘme réalité naturelle, parce quñ€ℱils se suivent toujours lñ€ℱun lñ€ℱautre, comme principe et comme cause, et non pas seulement comme étant exprimés par un seul et mÃÂȘme mot. Par conséquent, il nñ€ℱy a aucun inconvénient à les prendre pour semblables ; et en cela, il y a plutÎt avantage. En effet, cñ€ℱest bien toujours au fond la mÃÂȘme chose de dire Cñ€ℱest Un homme, ou bien Cñ€ℱest un ÃÂȘtre qui Est homme, ou simplement, Il est homme. On a beau accumuler les mots en les redoublant, on ne dit rien de plus Il est un homme, ou Il est homme, ou bien Cñ€ℱest un ÃÂȘtre qui est homme. Il est clair que, dans aucun cas, on ne sépare jamais lñ€ℱidée de lñ€ℱÃƠtre de lñ€ℱidée de lñ€ℱUnité, ni dans la production, ni dans la destruction. Il en est tout à fait de mÃÂȘme de la notion de lñ€ℱUn, quñ€ℱon ne sépare jamais non plus de la notion dñ€ℱÃƠtre. Il faut en conclure que lñ€ℱaddition dñ€ℱun de ces termes a tout-à -fait le mÃÂȘme sens, et que lñ€ℱUn ne diffÚre en rien de lñ€ℱÃƠtre. La substance de chacun dñ€ℱeux est une, et ne lñ€ℱest pas accidentellement ; cñ€ℱest de part et dñ€ℱautre également la réalité dñ€ℱun objet individuel. Voilà pourquoi autant il y a dñ€ℱespÚces de lñ€ℱUn, autant il y en a de lñ€ℱÃƠtre. Cñ€ℱest à une science génériquement une dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tudier ce que sont toutes ces espÚces ; je veux dire, par exemple, dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tudier ce que cñ€ℱest que lñ€ℱIdentité, la Ressemblance, et toutes les autres nuances de cet ordre, en mÃÂȘme temps aussi que les notions qui y sont opposées. Or, presque tous les contraires peuvent se réduire à ce principe de lñ€ℱunité et de la pluralité, [1004a] ainsi que nous lñ€ℱavons expliqué dans notre Choix des contraires. On comprend quñ€ℱil y a autant de parties distinctes dans la philosophie quñ€ℱil y a de substances ; et par conséquent, entre ces parties diverses, lñ€ℱune viendra la premiÚre, tandis que lñ€ℱautre ne viendra quñ€ℱen sous-ordre. Comme ce quñ€ℱon trouve tout dñ€ℱabord, ce sont les différents genres, qui ont tous lñ€ℱUn et lñ€ℱÃƠtre, les sciences doivent se partager de la mÃÂȘme maniÚre, en les suivant. Le philosophe est, à cet égard, dans la situation du mathématicien, ainsi quñ€ℱon lñ€ℱappelle, puisque les mathématiques ont également diverses parties, et quñ€ℱen elles aussi on peut distinguer une science qui est la supérieure, une autre qui est la seconde, et dñ€ℱautres qui ne viennent quñ€ℱà leur suite. Comme cñ€ℱest à une mÃÂȘme et unique science quñ€ℱil appartient de considérer les opposés, et que lñ€ℱopposé de lñ€ℱunité, cñ€ℱest la pluralité, il sñ€ℱensuit quñ€ℱil appartient aussi à une seule et mÃÂȘme science de considérer la négation et la privation, parce quñ€ℱon peut étudier, à ce double point de vue, lñ€ℱUn, auquel la négation, ou la privation, sñ€ℱadresse. En effet, ou nous disons dñ€ℱune maniÚre absolue dñ€ℱune chose quñ€ℱelle nñ€ℱexiste pas du tout, ou nous disons simplement quñ€ℱelle nñ€ℱest pas applicable à tel genre. Seulement, dans la négation, la différence est jointe à lñ€ℱobjet Un, contrairement à ce que la négation exprime ; car la négation est la suppression de cette différence, tandis que, dans la privation, il subsiste toujours une certaine nature à laquelle la privation doit sñ€ℱadresser. Mais, la pluralité étant lñ€ℱopposé de lñ€ℱunité, les termes opposés à ceux que nous avons mentionnés, cñ€ℱest-à -dire lñ€ℱAutre, le Dissemblable, lñ€ℱInégal et toutes les nuances appliquées, soit à ces termes, soit à la pluralité, soit à lñ€ℱunité, sont lñ€ℱobjet de la science dont nous nous occupons. Lñ€ℱopposition par contraire est bien aussi un de ces termes ; car cette opposition est une différence, et la différence constate lñ€ℱexistence dñ€ℱune autre chose. Par suite, quoique le mot dñ€ℱÃƠtre puisse ÃÂȘtre pris en plusieurs sens, et que tous les termes dont nous venons de parler puissent aussi en avoir plusieurs, ce nñ€ℱen est pas moins lñ€ℱobjet dñ€ℱune seule science de les étudier tous. Car ce nñ€ℱest pas la pluralité des acceptions qui exige une autre science, mais il en faut une autre toutes les fois que les définitions ne se rapportent pas directement à un seul et mÃÂȘme objet, oui ne sont pas en quelque relation avec lui. Mais, si tout se rapporte au primitif, et si par exemple tout ce qui reçoit le nom dñ€ℱUn doit ÃÂȘtre rapporté à lñ€ℱUn primitif, cette remarque sñ€ℱapplique également bien à lñ€ℱidée du MÃÂȘme, à celle de lñ€ℱAutre, et à celle des Contraires. Cñ€ℱest là ce qui fait que, aprÚs avoir distingué toutes les acceptions diverses dñ€ℱun mot, il faut avoir soin de montrer comment elles sñ€ℱappliquent au primitif, dans chacune des catégories. Ainsi, lñ€ℱune de ces acceptions vient de ce que lñ€ℱÃÂȘtre en question possÚde ces qualités ; lñ€ℱautre, de ce quñ€ℱil les produit ; une troisiÚme, de ce quñ€ℱil est exprimé selon tels autres modes analogues à ceux-là . Il est donc clair, comme nous lñ€ℱavons dit en posant ces questions, que cñ€ℱest à une seule science dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tudier toutes ces différences et la substance quñ€ℱelles affectent ; et cĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait là un des problÚmes signalés par nous. [1004b] Le devoir du philosophe, cñ€ℱest de pouvoir en ceci tout comprendre ; car, si ce nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait pas lui, quel autre aurait à examiner des questions comme les suivantes  Socrate est-il une seule et mÃÂȘme chose que Socrate assis ? Telle unité est-elle contraire à telle autre unité ? Et quñ€ℱest-ce que le contraire ? En combien de sens peut-il ÃÂȘtre compris ? » Il ya encore une foule dñ€ℱautres questions qui ressemblent à celles-là . Mais, comme les modes essentiels quñ€ℱon vient dñ€ℱindiquer sont ceux de lñ€ℱunité, en tant quñ€ℱunité, et ceux de lñ€ℱÃƠtre, en tant quñ€ℱÃƠtre, et non pas en tant que ce sont des nombres, des lignes ou du feu, il en résulte évidemment que cñ€ℱest à cette science cherchée par nous quñ€ℱil appartient de connaÃtre ce que sont ces termes en eux-mÃÂȘmes, et ce que sont les relations qui sñ€ℱy appliquent. Il nñ€ℱest pas moins clair quñ€ℱon ne peut pas reprocher à ceux qui sñ€ℱoccupent de ces matiÚres de ne pas les traiter en philosophes ; mais ils se trompent en ce que, la substance étant antérieure à tout le reste, ils nñ€ℱen soufflent pas mot. Or, de mÃÂȘme que le nombre, en tant que nombre, a ses modifications propres ñ€“ qui sont dñ€ℱÃÂȘtre impair, dñ€ℱÃÂȘtre pair, dñ€ℱÃÂȘtre proportionnel, égal, plus grand, plus petit ñ€“ et que ces propriétés affectent les nombres pris en eux-mÃÂȘmes ou dans leurs relations les uns avec les autres, et aussi comme il y a des propriétés spéciales du solide ñ€“ qui est immobile ou en mouvement, qui nñ€ℱa pas de poids ou en a ñ€“, de mÃÂȘme aussi Lñ€ℱÃƠtre en tant quñ€ℱÃƠtre a ses propriétés, et cñ€ℱest justement à les étudier que le philosophe doit sñ€ℱappliquer pour découvrir le vrai. Ce qui le prouve bien, cñ€ℱest que les Dialecticiens et les Sophistes, qui sñ€ℱaffublent du mÃÂȘme vÃÂȘtement que la philosophie, la Sophistique nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tant quñ€ℱune philosophie factice, et les Dialecticiens ne se faisant pas faute de parler de tout, et par conséquent aussi de lñ€ℱÃƠtre, qui est le sujet commun de toutes les recherches, les Sophistes, dis-je, et les Dialecticiens dissertent tous sur ces matiÚres, parce quñ€ℱen effet ces matiÚres-là sont évidemment le domaine de la philosophie et son domaine propre. Ainsi, la Sophistique et la Dialectique tournent dans le mÃÂȘme cercle de questions que la philosophie ; mais la philosophie se distingue, de celle-ci par la maniÚre dont elle emploie ses forces, et de celle-là par lñ€ℱintention quñ€ℱelle apporte dans la conduite de la vie. La Dialectique essaie de connaÃtre les choses que la philosophie connaÃt à fond ; et, quant à la Sophistique, elle nñ€ℱa quñ€ℱune apparence sans réalité ; elle semble ÃÂȘtre, mais elle nñ€ℱest pas. Quoi quñ€ℱil en soit, la privation est la seconde des deux combinaisons que peuvent présenter les contraires ; tous ils se ramÚnent à lñ€ℱÃƠtre et au Non-ÃÂȘtre, à lñ€ℱunité et à la pluralité. Ainsi, par exemple, on peut classer lñ€ℱinertie dans lñ€ℱunité, et le mouvement dans la pluralité. Or, on est assez généralement dñ€ℱaccord pour admettre que les ÃÂȘtres et la substance viennent des contraires. Aussi, tous les philosophes reconnaissent-ils que les principes sont contraires les uns les voyant dans lñ€ℱimpair et le pair ; les autres, dans le chaud et le froid ; ceux-ci, dans le fini et lñ€ℱinfini ; ceux-là , dans lñ€ℱ la Discorde ; toutes ces oppositions et tant dñ€ℱautres pouvant se réduire à celle de lñ€ℱunité et de la pluralité. Supposons donc quñ€ℱen effet elles sñ€ℱy réduisent, comme lñ€ℱa démontré lñ€ℱanalyse que nous en avons faite, [1005a] et que les principes se rangent absolument dans ces deux classes, comme ils y ont été rangés par nos devanciers. Ces considérations ne peuvent que nous faire voir une fois de plus que cñ€ℱest à une seule et mÃÂȘme science dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tudier lñ€ℱÃƠtre ; car toutes les choses, ou sont elles-mÃÂȘmes des contraires, ou viennent de contraires, qui les produisent. Or, les principes des contraires eux-mÃÂȘmes sont lñ€ℱunité et la pluralité, objets dñ€ℱune mÃÂȘme et seule science, soit que ces termes nñ€ℱaient quñ€ℱune acception, soit quñ€ℱils en aient plusieurs, comme cñ€ℱest peut-ÃÂȘtre le cas. Mais, bien que lñ€ℱunité puisse sñ€ℱentendre en plusieurs sens, tout le reste de ces acceptions diverses se ramÚnera à lñ€ℱacception primitive, ainsi que les contraires ; et, en supposant mÃÂȘme que lñ€ℱÃƠtre et lñ€ℱUn ne soient pas des universaux identiques pour toutes choses, ou quñ€ℱils nñ€ℱexistent pas séparément, comme sans doute ils nñ€ℱexistent point, en effet, de cette façon, il nñ€ℱen est pas moins vrai que toutes ces acceptions se rapportent directement à lñ€ℱunité, ou quñ€ℱelles viennent à sa suite. Cñ€ℱest là ce qui fait que ce nñ€ℱest pas au géomÚtre dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tudier ce quñ€ℱon doit entendre par le Contraire, le Parfait, lñ€ℱUn, lñ€ℱÃƠtre, le MÃÂȘme, lñ€ℱAutre ; ou du moins, il ne peut les étudier quñ€ℱen en supposant préalablement lñ€ℱexistence. Donc, en résumé, il appartient certainement à une seule et mÃÂȘme science dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tudier lñ€ℱÃƠtre en tant quñ€ℱÃƠtre, avec tous les attributs qui lui sont propres, à ce titre. Et non seulement cette mÃÂȘme science doit étudier les substances, mais aussi leurs conditions essentielles ; et, sans parler de celles que nous avons indiquées, elle doit analyser également lñ€ℱAntérieur et le Postérieur, le Genre et lñ€ℱEspÚce, le Tout et la Partie, et toutes les autres notions qui sont analogues à celles-là . Chapitre 3 si cñ€ℱest à une seule et mÃÂȘme science, ou si cñ€ℱest à une science différente, quñ€ℱil appartient dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tudier ce que, dans les mathématiques, on appelle les Axiomes, en mÃÂȘme temps que dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tudier la substance. Pour nous, il est évident que lñ€ℱexamen des axiomes appartient à une seule et mÃÂȘme science, qui est celle du philosophe. Les axiomes sñ€ℱappliquent à tous les ÃÂȘtres sans exception et non point spécialement à tel genre dñ€ℱÃÂȘtres, à lñ€ℱexclusion des autres. De plus, dans toutes les sciences, on se sert des axiomes, parce quñ€ℱils concernent lñ€ℱÃƠtre en tant quñ€ℱÃƠtre, bien que lñ€ℱobjet de chacune dñ€ℱelles soit toujours lñ€ℱÃƠtre considéré sous un certain point de vue. Mais elles ne font usage des axiomes que dans la mesure oÃÂč il leur convient dñ€ℱy recourir, cñ€ℱest à lire, selon lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tendue du genre auquel sñ€ℱadressent leurs démonstrations. Comme il est manifeste que les axiomes sñ€ℱappliquent à tous les ÃÂȘtres en tant quñ€ℱÃÂȘtres, puisque cñ€ℱest là leur caractÚre commun, il en résulte que les étudier revient de droit à celui-là mÃÂȘme qui considÚre lñ€ℱÃƠtre en tant quñ€ℱil Est purement et simplement. Aussi, parmi ceux qui consacrent leurs recherches à un genre dñ€ℱÃÂȘtres partiels, personne ne pense-t-il à dire un mot des axiomes, pour savoir sñ€ℱils sont vrais ou faux, pas plus le géomÚtre que lñ€ℱarithméticien. Il nñ€ℱy a que les Physiciens qui parfois y ont songé ; et ce nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait pas absolument sans raison pour eux, puisquñ€ℱils se persuadaient quñ€ℱils étaient les seuls à sñ€ℱoccuper de la nature considérée dans son ensemble, et à sñ€ℱoccuper de lñ€ℱÃƠtre. Mais il y a une étude plus haute encore que lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tude de la nature, puisque aprÚs tout la nature nñ€ℱest quñ€ℱun genre particulier de lñ€ℱÃƠtre, et lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tude de ces matiÚres supérieures regarde la science qui considÚre lñ€ℱuniversel, et ne sñ€ℱattache quñ€ℱà la premiÚre substance. [1005b] Sans doute, la Physique est bien aussi une philosophie dñ€ℱun certain genre ; mais ce nñ€ℱest pas la philosophie premiÚre ; et tout ce que les Physiciens se sont quelquefois hasardés à dire de la vérité et des moyens de la reconnaÃtre, prouve de reste leur complÚte ignorance des principes mÃÂȘmes de lñ€ℱanalyse ; car il faut de longues préparations pour en arriver à comprendre de telles questions, et ce nñ€ℱest pas à des écoliers quñ€ℱil appartient de les approfondir. On le voit donc cñ€ℱest au philosophe et à celui qui étend son regard sur la substance entiÚre, telle quñ€ℱelle est dans la nature, de sñ€ℱenquérir également des principes sur lesquels le raisonnement sñ€ℱappuie. Mais, de mÃÂȘme quñ€ℱen chaque science celui qui la connaÃt le mieux est capable dñ€ℱindiquer aussi les principes les plus solides du sujet dont il sñ€ℱoccupe, de mÃÂȘme celui qui étudie lñ€ℱÃƠtre en tant quñ€ℱÃƠtre a également sur tous les ÃÂȘtres les principes les plus fermes ; et celui-ci, cñ€ℱest le philosophe. Or, le plus inébranlable de tous les principes est le principe sur lequel il est absolument impossible de se tromper. Un tel principe doit ÃÂȘtre le plus notoire de tous les principes, puisquñ€ℱon ne se trompe jamais que sur les choses quñ€ℱon ne connaÃt pas, et il doit ÃÂȘtre pur de toute hypothÚse. Mais le principe quñ€ℱil faut nécessairement admettre pour comprendre quoi que ce soit à la réalité, ce principe là nñ€ℱa rien dñ€ℱhypothétique ; et la notion que lñ€ℱon doit posséder nécessairement, pour connaÃtre quoi que ce puisse ÃÂȘtre à un degré quelconque, est un accompagnement nécessaire de tous les pas quñ€ℱon fait. Quñ€ℱun tel principe soit le plus incontestable de tous les principes, cñ€ℱest ce que chacun doit voir. Mais quel est-il précisément ? AprÚs ce qui précÚde, nous pouvons lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©noncer en disant que le voici  Il est impossible quñ€ℱune seule et mÃÂȘme chose soit, et tout à la fois ne soit pas, à une mÃÂȘme autre chose, sous un mÃÂȘme rapport. » Si nous ajoutions quelques développements à cette définition, ce serait uniquement pour répondre aux objections, toutes logiques, quñ€ℱon pourrait y opposer ; mais ce principe nñ€ℱen est pas moins le plus certain de tous sans contredit, et il a bien le caractÚre que nous lui attribuons. Personne, en effet, ne peut jamais penser quñ€ℱune mÃÂȘme chose puisse ÃÂȘtre et nñ€ℱÃÂȘtre pas, comme on prétend quelquefois que le disait Héraclite. Il est vrai quñ€ℱil nñ€ℱest pas nécessaire de penser tout ce quñ€ℱon dit. Mais, sñ€ℱil ne se peut jamais quñ€ℱune seule et mÃÂȘme chose reçoive les contraires, proposition que nous pourrions appuyer de toutes les considérations quñ€ℱon y joint dñ€ℱordinaire, et si une pensée est contraire à une autre pensée quand elle la contredit, il sñ€ℱensuit évidemment quñ€ℱun mÃÂȘme esprit ne peut point penser tout ensemble que la mÃÂȘme chose est et nñ€ℱest point ; car celui qui commettrait cette grossiÚre erreur devrait avoir en un seul et mÃÂȘme instant des pensées contraire. Aussi, toutes les fois quñ€ℱon fait une démonstration, sñ€ℱappuie-t-on en définitive sur ce principe que nous venons de poser, et qui, par la nature mÃÂȘme des choses, est le point de départ obligé de tous les autres axiomes. Chapitre 4 Ainsi que nous lñ€ℱavons dit, il y a des philosophes qui prétendent quñ€ℱil est possible que la mÃÂȘme chose soit et ne soit pas, [1006a] et que lñ€ℱesprit peut avoir la pensée simultanée des contraires. Bon nombre de Physiciens aussi admettent cette possibilité. Mais, quant à nous, nous affirmons quñ€ℱil ne se peut jamais quñ€ℱen mÃÂȘme temps une mÃÂȘme chose soit et ne soit pas ; et cñ€ℱest en vertu de cette conviction que nous avons déclaré ce principe le plus incontestable de tous les principes. Ceux qui essaient de démontrer ce principe lui-mÃÂȘme ne le font que faute de lumiÚres suffisantes ; car cñ€ℱest manquer de lumiÚres que de ne pas discerner les choses quñ€ℱon doit chercher à démontrer, et celles quñ€ℱon ne doit pas démontrer du tout. Il est bien impossible quñ€ℱil y ait démonstration de tout sans exception, puisque ce serait se perdre dans lñ€ℱinfini, et que, de cette façon, il nñ€ℱy aurait jamais de démonstration possible. Mais, sñ€ℱil y a des choses quñ€ℱon ne doit pas vouloir démontrer, nos contradicteurs seraient bien embarrassés de dire quel principe mériterait cette exception mieux que le nÎtre. On pourrait essayer, il est vrai, de démontrer, sous forme de réduction à lñ€ℱabsurde, que ce principe est impossible. Mais il faudrait tout au moins que celui qui le combattrait voulût bien seulement dire quelque chose dñ€ℱintelligible ; et, sñ€ℱil est hors dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tat de rien dire, il serait assez plaisant de chercher à parler raison avec quelquñ€ℱun qui ne donne aucune raison sur le sujet mÃÂȘme oÃÂč ce quelquñ€ℱun est si peu raisonnable. Un tel homme, en se conduisant ainsi, nñ€ℱa guÚre plus de rapport avec nous que nñ€ℱen a une plante. A mon sens, démontrer quelque chose par voie de réduction à lñ€ℱabsurde est fort différent de démontrer par la voie ordinaire. Celui qui essaierait de démontrer directement la fausseté du principe établi par nous, paraÃtrait bien vite faire une pétition de principe. Mais, si cñ€ℱest un autre, si cñ€ℱest lñ€ℱadversaire qui est cause de cette faute, cñ€ℱest une simple réduction à lñ€ℱabsurde, et ce nñ€ℱest plus là une démonstration. Pour répondre à toutes les objections de ce genre, le vrai moyen nñ€ℱest pas de demander à lñ€ℱadversaire de déclarer si la chose est ou nñ€ℱest pas ; car on verrait sans peine quñ€ℱon fait une pétition de principe ; mais cñ€ℱest de lui demander une énonciation quelconque qui soit intelligible pour lui et pour lñ€ℱautre interlocuteur. Cñ€ℱest là , en effet, une condition nécessaire du moment quñ€ℱil parle ; autrement, il ne se comprendrait pas plus lui-mÃÂȘme quñ€ℱil ne serait compris dñ€ℱautrui. DÚs que lñ€ℱadversaire a fait cette concession, la démonstration devient possible, puisquñ€ℱon a dÚs lors un sujet précis. quñ€ℱon peut discuter. Mais ce nñ€ℱest pas celui qui démontre qui a provoqué ce résultat, cñ€ℱest celui qui accepte la discussion ; car, tout en détruisant le raisonnement par sa base, il nñ€ℱen accepte pas moins quñ€ℱon raisonne avec lui. Un premier point qui est en ceci de toute clarté, cñ€ℱest quñ€ℱon ne peut pas exprimer le nom dñ€ℱune chose sans dire que la chose est ou nñ€ℱest point telle chose ; dñ€ℱoÃÂč il suit quñ€ℱil ne se peut pas pour une chose quelconque quñ€ℱelle soit de telle façon, et en mÃÂȘme temps ne soit pas de cette façon. De plus, si ce mot Homme, par exemple, exprime un certain ÃÂȘtre individuel, et que sa définition soit, si lñ€ℱon veut, Animal-bipÚde, quand je dis que ce mot représente un certain ÃÂȘtre individuel, jñ€ℱentends que, si telle chose est homme, en supposant quñ€ℱil sñ€ℱagisse de lñ€ℱhomme, cette chose aura tous les attributs de lñ€ℱhomme. Peu importe dñ€ℱailleurs quñ€ℱon prétende quñ€ℱun mot peut désigner plusieurs ÃÂȘtres, pourvu seulement que ces ÃÂȘtres soient en nombre défini. [1006b] En effet, on pourrait alors imposer un nom différent à chaque signification particuliÚre. Par exemple, si lñ€ℱon nie que le mot Homme nñ€ℱait quñ€ℱun sens, et si lñ€ℱon prétend quñ€ℱil en a plusieurs, il y en aura toujours un qui, pris isolément, serait celui dñ€ℱAnimal-bipÚde. En supposant aussi quñ€ℱil peut y avoir pour lñ€ℱhomme bien dñ€ℱautres définitions que celle-là , le nombre en est limité ; et à chacune dñ€ℱelles on peut attribuer un nom différent et spécial. Si on ne le fait pas, et si lñ€ℱon croit que les significations dñ€ℱun mot peuvent ÃÂȘtre en nombre infini, alors il nñ€ℱy a plus de langage possible. Ne pas exprimer quelque chose dñ€ℱun et dñ€ℱindividuel, cñ€ℱest ne rien exprimer du tout ; et, du moment que les mots ne signifient plus rien, il nñ€ℱest plus possible aux humains de sñ€ℱentendre entre eux ; et, à dire vrai, il sera tout aussi impossible de sñ€ℱentendre avec soi-mÃÂȘme, puisquñ€ℱon ne peut jamais penser quñ€ℱà la condition de penser quelque chose dñ€ℱindividuel. Or, dÚs quñ€ℱon peut penser à quelque chose de précis, on peut donner un nom précis à cette chose. Reconnaissons donc, ainsi que nous lñ€ℱavons dit au début, quñ€ℱun mot a toujours une signification et quñ€ℱil signifie une seule et unique chose. Il ne se peut certes pas quñ€ℱÃÂȘtre homme signifie la mÃÂȘme chose que nñ€ℱÃÂȘtre pas homme, du moment que le mot Homme signifie non pas seulement lñ€ℱattribut dñ€ℱun ÃÂȘtre, mais bien une seule et mÃÂȘme nature et un ÃÂȘtre individuel. Cñ€ℱest que lñ€ℱattribut dñ€ℱun ÃÂȘtre Un ne doit pas ÃÂȘtre considéré par nous comme signifiant cet ÃÂȘtre lui-mÃÂȘme ; car, sñ€ℱil en était ainsi, les attributs de Blanc, de Musicien, et le substantif Homme exprimeraient alors une seule et mÃÂȘme chose, un seul et mÃÂȘme ÃÂȘtre. Par suite, tous ces attributs sans exception seraient lñ€ℱindividu, puisquñ€ℱils sont synonymes, et que la mÃÂȘme chose ne peut jamais tout ensemble ÃÂȘtre et nñ€ℱÃÂȘtre pas, si ce nñ€ℱest par simple homonymie, comme si lñ€ℱÃÂȘtre appelé par nous du nom dñ€ℱHomme recevait des autres lñ€ℱappellation de Non-homme. Mais la question nñ€ℱest pas de savoir si le mot peut à la fois ÃÂȘtre et nñ€ℱÃÂȘtre pas Homme, mais si la chose, si lñ€ℱÃÂȘtre réel, le peut. Si le mot Homme et le mot Non-homme ne signifient pas des choses différentes, il est clair que nñ€ℱÃÂȘtre pas Homme a aussi le mÃÂȘme sens quñ€ℱÃÂȘtre Homme, et que réciproquement ÃÂȘtre homme se confond avec nñ€ℱÃÂȘtre pas homme. Ce ne serait alors quñ€ℱun seul et mÃÂȘme ÃÂȘtre. Or, ÃÂȘtre une seule et mÃÂȘme chose signifie que la définition est identique et une, comme pour les deux mots de VÃÂȘtement et dñ€ℱHabit. Mais si cĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait ici une seule et mÃÂȘme chose qui fût exprimée, ÃÂȘtre homme se confondrait avec ne pas ÃÂȘtre homme. Or, nous venons de démontrer que les deux sens sont tout différents lñ€ℱun de lñ€ℱautre. Cñ€ℱest donc une nécessité, si toutefois cette définition est la véritable, quñ€ℱÃÂȘtre homme, cñ€ℱest ÃÂȘtre Animal-bipÚde ; car le mot dñ€ℱHomme nñ€ℱavait pas un autre sens ; et si cñ€ℱest là une conclusion nécessaire, il ne se peut plus dÚs lors quñ€ℱil ne soit pas un animal bipÚde ; car la nécessité dñ€ℱÃÂȘtre homme implique lñ€ℱimpossibilité de ne lñ€ℱÃÂȘtre pas. Donc, il ne se peut point que le mÃÂȘme ÃÂȘtre soit et ne soit pas homme, en un mÃÂȘme temps. Le raisonnement est le mÃÂȘme si lñ€ℱon dit que le mot en question est Non-homme ; [1007a] car ÃÂȘtre Homme et ÃÂȘtre Non-homme sont des expressions différentes, aussi évidemment quñ€ℱÃÂȘtre blanc est tout autre chose quñ€ℱÃÂȘtre Homme. MÃÂȘme en ceci, lñ€ℱopposition est beaucoup plus forte, de façon que le sens est encore plus différent. Mais, si lñ€ℱon va jusquñ€ℱà soutenir que le blanc et lñ€ℱindividu qui est blanc sont une seule et mÃÂȘme chose, nous répondrons, en répétant ce que nous avons déjà dit, à savoir que tout alors sans exception se confond en une seule unité, et que ce ne sont mÃÂȘme plus seulement les opposés qui se confondent ainsi. Mais, comme cela ne se peut pas, notre objection conserve toute sa force, pourvu quñ€ℱon veuille bien ne répondre quñ€ℱà ce quñ€ℱon demande. A une interrogation simple et absolue, si lñ€ℱon répond en ajoutant tout ce qui nñ€ℱest pas lñ€ℱobjet dont il sñ€ℱagit, ce nñ€ℱest plus là répondre à la question ; car rien nñ€ℱempÃÂȘche que lñ€ℱÃÂȘtre ne soit tout ensemble homme, blanc, et mille choses de ce genre. Mais, quand on vous demande sñ€ℱil est vrai que telle chose spéciale soit ou ne soit pas Homme, il faut ne répondre que par un terme qui indique une seule chose, et ne point ajouter que lñ€ℱobjet est blanc ou quñ€ℱil est grand ; car, les attributs accidentels étant innombrables, il serait bien impossible de les parcourir tous. Or, il faut, ou sñ€ℱoccuper de tous sans exception, ou ne sñ€ℱoccuper dñ€ℱaucun. De mÃÂȘme aussi, quoi quñ€ℱune mÃÂȘme chose puisse ÃÂȘtre des milliers de fois Homme et Non-homme, il ne faut pas répondre, quand on vous demande si tel ÃÂȘtre est Homme, quñ€ℱil est Non-homme en mÃÂȘme temps, puisquñ€ℱil nñ€ℱest pas possible dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©numérer tout au long, dans la réponse quñ€ℱon fait, tout ce que lñ€ℱhomme est ou nñ€ℱest pas ; et si, par hasard, on se laisse aller à cette énumération, il nñ€ℱy a plus moyen de discuter. Soutenir de tels principes, cñ€ℱest complÚtement détruire la substance ; cñ€ℱest détruire ce qui fait quñ€ℱelle est ce quñ€ℱelle est. Dans ce systÚme, tout se réduit nécessairement à de purs accidents ; la réalité de lñ€ℱhomme et celle de lñ€ℱanimal cessent dñ€ℱÃÂȘtre et disparaissent également. Car, si lñ€ℱhomme est quelque chose de réel, il nñ€ℱest pas possible que ce quelque chose soit le Non-homme, ou quñ€ℱil ne soit pas lñ€ℱhomme ; et ce sont là cependant les seules négations possibles de lñ€ℱhomme. Lñ€ℱÃÂȘtre que cette notion désignait était un et individuel ; et cĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait bien là exprimer lñ€ℱessence dñ€ℱun certain ÃÂȘtre. Affirmer lñ€ℱessence dñ€ℱune chose revient à dire que cette chose ne peut pas ÃÂȘtre autre chose que ce quñ€ℱelle est. Mais si cette chose est tout ensemble lñ€ℱhomme, et aussi le Non-homme, ou la négation de lñ€ℱhomme, alors elle est une chose tout autre. Par conséquent, les partisans de cette théorie seront forcés de dire quñ€ℱil ne peut jamais y avoir une définition essentielle de quoi que ce soit, mais quñ€ℱil nñ€ℱy a que des accidents et des attributs. En effet, voici la différence de la substance et de lñ€ℱattribut. Par exemple, la blancheur nñ€ℱest quñ€ℱun accident et un attribut de lñ€ℱhomme, parce que lñ€ℱhomme peut avoir la blancheur, cñ€ℱest-à -dire peut ÃÂȘtre blanc ; mais sa substance nñ€ℱest pas la blancheur. Si lñ€ℱon ne peut jamais exprimer que des accidents et des attributs, alors il nñ€ℱy a plus de primitif auquel lñ€ℱattribut puisse sñ€ℱadresser. Si lñ€ℱaccident indiqué toujours une attribution à un sujet, selon la catégorie, [1007b] on se perd nécessairement dans lñ€ℱinfini. Mais il est bien impossible de parcourir lñ€ℱinfini, puisque la combinaison ne peut aller ici au-delà de deux, et quñ€ℱil ne se peut jamais que lñ€ℱattribut soit attribué à un autre attribut, à moins que tous les deux ne soient les attributs dñ€ℱune seule et mÃÂȘme chose. Prenons, par exemple, les attributs Blanc et Musicien ; je puis dire que le musicien est blanc ou que le blanc est musicien, parce que lñ€ℱun et lñ€ℱautre sont des attributs possibles de lñ€ℱhomme. Mais on ne peut pas dire de Socrate quñ€ℱil soit musicien en telle sorte que ces deux termes soient lñ€ℱun et lñ€ℱautre les attributs de quelque ÃÂȘtre différent de lui. Donc, puisquñ€ℱil y a des attributs de ces deux choses, les uns de cette façon et les autres de la façon opposée, tous ceux qui le sont dans le sens oÃÂč lñ€ℱon dit que Blanc est un attribut de Socrate, ne peuvent ÃÂȘtre en nombre infini dans la série remontante ; et, par exemple, Socrate blanc ne peut recevoir encore un autre attribut, parce que de lñ€ℱensemble de ces attributs accumulés, il ne pourrait jamais se former une unité individuelle quelconque. A plus forte raison, lñ€ℱattribut Blanc ne pourrait-il avoir un autre attribut, Musicien, si lñ€ℱon veut ; car le premier nñ€ℱest pas plus lñ€ℱattribut du second que le second ne lñ€ℱest du premier. Nous avons fait remarquer en mÃÂȘme temps quñ€ℱil y a des attributs de ce genre, mais quñ€ℱil y en a aussi comme lñ€ℱattribut de Musicien appliqué à Socrate. Pour ceux-ci, ce ne sont pas des attributs attribués à des attributs ; mais les autres ne sont que cela. Par conséquent, tout nñ€ℱest pas accident et attribut, comme on le dit ; et il y aura un terme aussi pour désigner lñ€ℱÃÂȘtre en tant que substance. Or, sñ€ℱil en est ainsi, on a démontré par cela mÃÂȘme que les contradictoires ne peuvent jamais ÃÂȘtre attribuées simultanément à une seule et mÃÂȘme chose. Si les contradictoires étaient toutes également vraies relativement à la mÃÂȘme chose, tout dÚs lors serait confondu avec tout. Ce serait une seule et mÃÂȘme chose quñ€ℱune trirÚme, un mur, un homme, si lñ€ℱon peut indifféremment ou tout affirmer ou nier tout, comme sont forcés de le soutenir les partisans de la théorie de Protagoras. Si quelquñ€ℱun trouve que lñ€ℱhomme nñ€ℱest pas une trirÚme, lñ€ℱhomme évidemment nñ€ℱest pas une trirÚme ; mais il lñ€ℱest, si la contradictoire est également vraie. On retombe alors aussi dans la doctrine dñ€ℱAnaxagore  Toutes choses sont confondues les unes avec les autres » ; et, par cela mÃÂȘme, il nñ€ℱy a plus rien qui soit réellement existant. Mais cñ€ℱest là , il nous semble, ne parler que de lñ€ℱindéterminé ; et ces philosophes, tout en croyant parler de lñ€ℱÃƠtre, ne parlent que du Non-ÃÂȘtre uniquement ; car ce qui nñ€ℱest quñ€ℱà lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tat de simple possibilité, et non point à lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tat de réalité complÚte, cñ€ℱest ce quñ€ℱon doit précisément appeler lñ€ℱindéterminé. On nñ€ℱen doit pas moins, pour toutes choses, exprimer lñ€ℱaffirmation ou la négation ; car il serait absurde de soutenir que, si chaque ÃÂȘtre peut recevoir sa propre négation, il ne peut pas aussi recevoir la négation dñ€ℱun autre ÃÂȘtre, qui nñ€ℱest pas lui. Je veux dire, par exemple, que, sñ€ℱil est vrai de nier de lñ€ℱhomme quñ€ℱil soit homme, il est encore plus clair quñ€ℱil nñ€ℱest pas une trirÚme. Si donc on prétend que lñ€ℱaffirmation dñ€ℱun objet différent est vraie, la négation ne lñ€ℱest pas moins nécessairement. Mais, si lñ€ℱaffirmation nñ€ℱest pas vraie, la négation dñ€ℱun objet différent sera vraie du premier objet plus encore que la sienne propre. [1008a] Si donc cette derniÚre lui est applicable, celle de la trirÚme le lui sera aussi ; et, si cette négation de la trirÚme est exacte, lñ€ℱaffirmation lñ€ℱest également. Voilà les conséquences oÃÂč sont réduits ceux qui soutiennent cette théorie, et qui avancent que ce nñ€ℱest jamais une nécessité, ou de nier, ou dñ€ℱaffirmer. Sñ€ℱil est vrai que tel ÃÂȘtre soit Homme et aussi Non-homme indifféremment, il nñ€ℱy a plus réellement ni Homme ni Non-homme, puisque, pour les deux, il y a aussi deux négations égales ; et si, dñ€ℱune part, les deux assertions se confondent en une seule, dñ€ℱautre part, lñ€ℱassertion opposée sera une assertion unique aussi. Ajoutez que, ou bien il en est ainsi pour toutes les propositions sans exception par exemple, une chose est blanche et nñ€ℱest pas blanche, une chose est et nñ€ℱest pas, et de mÃÂȘme pour toutes les autres affirmations et négations ; ou bien, il nñ€ℱen est pas ainsi, et lñ€ℱobservation sñ€ℱapplique aux unes tandis quñ€ℱelle ne sñ€ℱapplique pas aux autres. Si elle ne sñ€ℱapplique pas à toutes, cñ€ℱest quñ€ℱon passe condamnation sur celles auxquelles lñ€ℱobservation ne sñ€ℱapplique pas ; et si elle sñ€ℱapplique à toutes, alors encore on peut nier tout ce quñ€ℱon a affirmé et affirmer tout ce quñ€ℱon a nié, ou bien nier ce quñ€ℱon a affirmé, sans pouvoir réciproquement affirmer tout ce quñ€ℱon a nié. Si ce dernier cas a lieu, lñ€ℱexistence du Non-ÃÂȘtre devient indirectement certaine. DÚs lors, on a un principe assuré, et, du moment que le Non-ÃÂȘtre est quelque chose dñ€ℱassuré et de connu, lñ€ℱaffirmation opposée lñ€ℱest encore davantage. Si lñ€ℱon peut également affirmer tout ce quñ€ℱon a nié, alors il faut nécessairement, ou quñ€ℱon soit dans le vrai en divisant les propositions, et en disant, par exemple  Ceci est blanc » ; et à lñ€ℱinverse  Ceci nñ€ℱest pas blanc » ; ou bien, on nñ€ℱest pas dans le vrai. Mais, si lñ€ℱon nñ€ℱest pas dans le vrai, mÃÂȘme en faisant cette division, cñ€ℱest que lñ€ℱadversaire ne peut plus soutenir aucune de ces assertions, et quñ€ℱil nñ€ℱy a plus rien à discuter. Et comment des ÃÂȘtres qui ne sont pas, pour raient-ils encore parler et penser ? Tout alors se confond et se réduit à lñ€ℱunité, comme je le disais tout à lñ€ℱheure ; et ce sera une mÃÂȘme chose que lñ€ℱhomme, Dieu, une trirÚme, ainsi que les contradictions de ces termes. Si, pour chaque cas, les assertions contradictoires sont également acceptables, une chose ne diffÚre plus dñ€ℱune autre ; ou, si elle en diffÚre, ce sera cette différence qui sera vraie, et qui sera propre à la chose en question. Si lñ€ℱon croit que, par la division des deux assertions, on peut arriver à la vérité, notre objection a toujours la mÃÂȘme force. Ajoutez quñ€ℱalors tout le monde est dans le vrai, tout le monde est dans le faux ; et lñ€ℱadversaire lui-mÃÂȘme doit convenir quñ€ℱil est aussi dans lñ€ℱerreur. Il nñ€ℱest pas moins clair quñ€ℱavec lui on ne peut plus engager de discussion sur un sujet quelconque ; car ce quñ€ℱil dit nñ€ℱa pas la moindre valeur. Il ne se prononce, ni de cette façon, ni de la façon contraire ; mais il admet tout à la fois les deux façons de se prononcer. Puis, de nouveau, il nie les deux assertions, ne disant, ni que la chose est ainsi, ni quñ€ℱelle nñ€ℱest pas ainsi ; et, sñ€ℱil ne commettait pas cette équivoque, il y aurait sur-le-champ une assertion précise. Autre objection. Si, quand lñ€ℱaffirmation est vraie, la négation est fausse, et réciproquement si, quand la négation est vraie, cñ€ℱest lñ€ℱaffirmation qui cesse de lñ€ℱÃÂȘtre, il en résulte quñ€ℱil est impossible dñ€ℱÃÂȘtre également dans le vrai en affirmant et en niant en mÃÂȘme temps la mÃÂȘme chose. [1008b] Mais peut-ÃÂȘtre nos adversaires nous répondraient-ils que cñ€ℱest là précisément ce qui est en question. Cependant, si celui qui prétend que la chose est ou quñ€ℱelle nñ€ℱest pas de telle façon est dans le faux, comment celui qui soutient les deux assertions à la fois peut-il avoir raison ? Sñ€ℱil a la vérité pour lui, que peut alors signifier le dicton que lñ€ℱon répÚte si souvent que telle est la nature des choses ? Sñ€ℱil nñ€ℱa pas pour lui la vérité, et que celui qui croit au contraire que les choses ont une nature spéciale, ait davantage raison, cñ€ℱest quñ€ℱalors les ÃÂȘtres sont, en effet, dñ€ℱune certaine miniÚre déterminée. Cette assertion est donc vraie, et il nñ€ℱest pas possible quñ€ℱen mÃÂȘme temps elle ne le soit pas. Mais, si les deux interlocuteurs disent également vrai et également faux, lñ€ℱadversaire nñ€ℱa plus à souffler mot et à rien dire, puisquñ€ℱil avance dans une seule et mÃÂȘme phrase que telles choses sont et quñ€ℱelles ne sont pas. Si son esprit ne sñ€ℱarrÃÂȘte à rien, et sñ€ℱil croit et ne croit pas, à titre pareil, ce quñ€ℱil dit, en quoi un tel homme se distingue-t-il dñ€ℱun végétal ? Mais voici quelque chose qui fera voir, de la façon la plus manifeste, que personne nñ€ℱest sérieusement dans cette disposition dñ€ℱesprit, ni parmi le reste des hommes, ni mÃÂȘme parmi ceux qui soutiennent cette théorie. Dñ€ℱoÃÂč vient que cet homme est en route pour se rendre à Mégare, au lieu de rester chez lui tranquillement, en sñ€ℱimaginant quñ€ℱil est en marche ? Pourquoi, en sortant, un beau matin, ne va-t-il pas tout droit tomber dans un puits, ou dans un trou, qui se rencontre sous ses pas ? Et pourquoi au contraire lui voit-on prendre mille précautions, comme un homme qui ne juge pas du tout quñ€ℱil soit également bon ou mauvais de tomber, ou de ne pas tomber, dans un précipice ? Il est clair comme le jour quñ€ℱil juge lñ€ℱune des deux alternatives meilleure, et quñ€ℱil ne trouve pas du tout que ce soit lñ€ℱautre qui vaille mieux. Si cela est incontestable, il est nécessairement vrai aussi quñ€ℱil croit que tel ÃÂȘtre est un homme, et que tel autre nñ€ℱest pas un homme ; et que telle chose est douce et agréable, et que telle autre ne lñ€ℱest pas. On ne traite pas toutes choses sur un pied dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©galité, ni dans ses actes, ni dans sa pensée ; et quand on croit quñ€ℱil vaut mieux boire de lñ€ℱeau pour apaiser sa soif, ou voir quelquñ€ℱun dont on a besoin, on se donne la peine de rechercher et de découvrir lñ€ℱun et lñ€ℱautre. Il faudrait cependant rester dans la plus parfaite indifférence, si lñ€ℱHomme et le Non-homme étaient réellement une seule et mÃÂȘme chose. Mais, encore une fois, il nñ€ℱy a personne qui, dans les cas que nous venons dñ€ℱindiquer, ne mette la plus grande attention à rechercher ceci ou à éviter cela. On peut donc assurer, à ce quñ€ℱil semble, que tout le monde croit à quelque chose dñ€ℱabsolu, si ce nñ€ℱest sur toutes matiÚres sans exception, du moins en ce qui fait la distinction du meilleur et du pire. Que si lñ€ℱon ne sait pas précisément les choses de science certaine, et si lñ€ℱon nñ€ℱen a quñ€ℱune opinion vague, cñ€ℱest une raison de plus pour apporter ù la recherche de la vérité infiniment davantage de soin, de mÃÂȘme que le malade sñ€ℱoccupe, avec bien plus de sollicitude, de la santé que celui qui se porte bien. En effet, comparativement à lñ€ℱhomme qui sait les choses, celui qui ne sñ€ℱen forme quñ€ℱune vague opinion nñ€ℱest pas dans une santé parfaite par rapport ù la vérité. En supposant mÃÂȘme, à toute force ; que les choses peuvent ÃÂȘtre tout à la fois de telle façon et nñ€ℱÃÂȘtre pas de cette façon, il existe certainement du plus et du moins dans la nature des ÃÂȘtres. Ainsi ; on ne dirait jamais avec une vérité égale que deux et trois sont des nombres pairs ; et ce nñ€ℱest pas non plus une égale erreur de croire que quatre valent cinq, ou de croire quñ€ℱils valent mille. Si lñ€ℱerreur nñ€ℱest pas la mÃÂȘme des deux parts, il est clair que lñ€ℱun se trompe moins que lñ€ℱautre, et par suite quñ€ℱil est davantage dans le vrai. Comme ce qui est plus vrai se rapproche plus de la vérité, il faut donc aussi quñ€ℱil y ait une vérité absolue, [1009a] dont se rapproche davantage ce qui est plus vrai. Et mÃÂȘme en supposant quñ€ℱil nñ€ℱy ait pas dñ€ℱabsolu, il y a tout au moins quelque chose qui est plus solide et plus ferme que le reste ; et cela suffit pour nous débarrasser de cette théorie intempérante, qui nous interdisait de penser quoi que ce soit de déterminé et de précis. Chapitre 5 La théorie de Protagoras sñ€ℱappuie sur le mÃÂȘme fondement que la précédente ; et nécessairement, cñ€ℱest à titre égal que toutes les deux sont vraies, ou quñ€ℱelles sont fausses. Si tout ce quñ€ℱon pense, si tout ce quñ€ℱon aperçoit est vrai, alors tout est à la fois vrai et faux ; car il ne manque pas de gens pour penser le contraire les uns des autres ; et la plupart des hommes se figurent quñ€ℱon est dans lñ€ℱerreur du moment quñ€ℱon ne partage pas leur opinion. Par une conséquence nécessaire, il en résulte que la mÃÂȘme chose est et nñ€ℱest pas ; et, sñ€ℱil en est ainsi, il nñ€ℱest pas moins nécessaire que tout ce quñ€ℱon pense soit vrai, puisque ceux qui se trompent et ceux qui ont pour eux la vérité, se contredisent dans leur façon de voir. Si les choses ne sont réellement que cela, tout le monde aura la vérité pour soi. Mais, si les deux théories sont évidemment animées du mÃÂȘme esprit, ce nñ€ℱest pas de la mÃÂȘme façon quñ€ℱon doit les combattre lñ€ℱune et dñ€ℱautre. Avec les uns, cñ€ℱest la persuasion qui suffit ; mais il faut imposer aux autres la force dñ€ℱarguments irrésistibles. Ceux qui ont été conduits à cette doctrine par un examen des difficultés de la question, peuvent ÃÂȘtre sans trop de peine guéris de leur ignorance ; car, pour les convaincre, ce nñ€ℱest pas à ce quñ€ℱils disent quñ€ℱil faut sñ€ℱadresser ; cñ€ℱest à ce quñ€ℱils pensent. Pour ceux, au contraire, qui ne parlent ainsi que pour parler, le moyen de les guérir, cñ€ℱest de réfuter leur langage et les mots dont ils se servent. Ceux qui ont étudié la question sérieusement ont pu tirer leur opinion du spectacle des choses sensibles ; et sñ€ℱils ont adopté cette opinion, à savoir que les contradictoires et les contraires peuvent coexister, cñ€ℱest en observant que les contraires peuvent sortir dñ€ℱune seule et mÃÂȘme source. Si donc il est impossible que ce qui nñ€ℱest pas se produise, il fallait quñ€ℱune certaine chose existùt antérieurement, et fût les deux contraires tout ensemble, dans le sens oÃÂč Anaxagore, et aussi Démocrite, ont dit que  Tout était mÃÂȘlé à tout ». Car, pour ce dernier, le vide et le plein se trouvent également dans une partie quelconque de la matiÚre ; et à ses yeux, le plein représente lñ€ℱÃƠtre, de mÃÂȘme que le Non-ÃÂȘtre est représenté par le vide. Quant à ceux qui sont arrivés à leur systÚme par la route que nous venons de rappeler, nous leur dirons quñ€ℱà un certain point de vue ils ont raison, et quñ€ℱà un autre ils se trompent. Le mot ÃƠtre peut ÃÂȘtre pris dans deux acceptions diverses ; et, selon lñ€ℱune, il est possible quñ€ℱil sorte quelque chose du Non-ÃÂȘtre ; selon lñ€ℱautre acception, cñ€ℱest impossible. Si une mÃÂȘme chose peut tout ensemble ÃÂȘtre et nñ€ℱÃÂȘtre pas, ce nñ€ℱest pas du moins dans le mÃÂȘme sens. En puissance, une mÃÂȘme chose peut ÃÂȘtre les deux contraires ; mais, en absolue réalité, elle ne le peut pas. Du reste, nous croyons ne pas nous tromper en supposant que ces philosophes aussi admettent une autre essence des choses, qui nñ€ℱest soumise absolument, ni au mouvement, ni à la destruction, ni à la production. [1009b] Cñ€ℱest encore par un motif semblable que, en parlant des faits sensibles, quelques philosophes en sont venus à croire à la vérité de tous les phénomÚnes que nous percevons. Selon eux, ce nñ€ℱest pas par le nombre plus ou moins grand des témoignages quñ€ℱil convient de juger de la vérité dans les choses. Le mÃÂȘme aliment flatte le goût des uns et révolte le goût des autres ; de telle sorte que, si tout le monde était malade ou insensé, et que deux ou trois personnes seulement fussent en santé ou dans leur bon sens, ce seraient elles qui passeraient pour malades ou pour folles, tandis que le reste passerait pour sain et parfaite ment raisonnable. Ajoutez quñ€ℱil est une foule dñ€ℱanimaux qui sentent tout autrement que nous les mÃÂȘmes objets que nous sentons ; et que chacun de nous ne juge pas toujours de la mÃÂȘme maniÚre une mÃÂȘme chose perçue par lui. Dans toutes ces perceptions, oÃÂč est la vérité, oÃÂč est lñ€ℱerreur ? Cñ€ℱest ce qui reste profondément obscur ; car lñ€ℱun nñ€ℱest pas plus vrai que lñ€ℱautre, et les deux le sont également. Aussi, Démocrite prétendait-il, ou quñ€ℱil nñ€ℱy a rien de vrai pour lñ€ℱhomme, ou bien que, sñ€ℱil y a de la vérité, nous ignorons ce quñ€ℱelle est. Dñ€ℱune maniÚre générale, on peut dire que ces philosophes ont été amenés à regarder tout phénomÚne de sensation pour vrai, parce quñ€ℱils ont confondu la sensibilité et la raison, et que la sensation leur a paru un changement. Cñ€ℱest là la voie qui a conduit aussi Empédocle comme Démocrite, et tous les autres, pour ainsi dire, à se jeter dans de si fausses doctrines. Ainsi Empédocle avance que, quand notre disposition vient à changer, notre pensée change aussitÎt avec elle Le présent est toujours maÃtre de notre esprit. Et dans un autre passage, il dit encore Car plus les changements se produisaient en eux, plus aussi les pensées leur surgissaient nombreux. Parménide ne sñ€ℱexprime pas non plus dñ€ℱune autre maniÚre Cñ€ℱest le tempérament qui rÚgle nos esprits, Et fait cette raison, dont lñ€ℱhomme est tant épris. Pour tous et pour chacun, cñ€ℱest notre corps qui pense, Et qui dispose en nous de notre intelligence. On se rappelle également le propos quñ€ℱon prÃÂȘte à Anaxagore, disant à quelques-uns de ses amis que  Pour chacun dñ€ℱeux les choses ne seraient que ce que leur jugement voudrait bien les faire ». On va mÃÂȘme parfois jusquñ€ℱà trouver une pensée semblable dans HomÚre, parce quñ€ℱil nous montre Hector, sous le coup quñ€ℱil vient de recevoir, Étendu sur le sol, lñ€ℱesprit bouleversé. Comme si HomÚre eût cru que les hommes qui ont le délire continuent de penser, mais pensent autre chose que les gens de sang-froid. Il en résulterait évidemment que, si ; de part et dñ€ℱautre, il y a toujours de la pensée, les ÃÂȘtres ne peuvent tout à la fois ÃÂȘtre de telle façon et ne pas ÃÂȘtre de cette mÃÂȘme façon. Mais voici une conséquence bien autrement grave qui ressort de tout cela. Si ceux qui ont le plus profondément entrevu la vérité quñ€ℱil nous est permis dñ€ℱatteindre, et ce sont les gens qui la recherchent et qui lñ€ℱaiment avec le plus de passion, sñ€ℱen sont fait des idées si fausses, et lñ€ℱont si singuliÚrement interprétée, comment ceux qui débutent dans lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tude de la philosophie, ne seraient-ils pas absolument découragés ? Rechercher la vérité, ne serait-ce donc que poursuivre des oiseaux qui sñ€ℱenvolent ? [1010a] Ce qui a causé lñ€ℱerreur des partisans de cette théorie, cñ€ℱest que, tout en étudiant sincÚrement la vérité, ils ne voyaient dñ€ℱÃÂȘtres réels que dans les choses sensibles exclusivement. Or, dans les choses que nos sens nous révÚlent, cñ€ℱest en grande partie lñ€ℱindétermination qui domine, et cette nature spéciale de lñ€ℱÃƠtre, que nous venons dñ€ℱindiquer. Aussi, lñ€ℱopinion de ces philosophes pouvait bien ÃÂȘtre assez vraisemblable ; mais, au fond, ce nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait pas la vérité. Cependant il valait mieux encore parler comme eux que comme Épicharme, dans ses critiques contre Xénophane. Mais je le répÚte, cñ€ℱest en voyant que cette nature tout entiÚre, que nous avons sous les yeux, est incessamment livrée au mouvement, et quñ€ℱil est impossible de savoir la vérité sur ce qui change sans cesse, que les philosophes ont été poussés à croire que lñ€ℱhomme ne peut jamais conquérir la vérité, au milieu de ce bouleversement perpétuel et général. Cñ€ℱest là lñ€ℱhypothÚse qui fit fleurir la plus extrÃÂȘme de toutes les doctrines que nous venons de citer celle des soi-disant disciples dñ€ℱHéraclite, parmi lesquels il faut compter Cratyle, qui en était enfin arrivé à ce point de croire quñ€ℱil ne devait mÃÂȘme pas proférer une seule parole, qui se contentait de remuer le doigt, et qui faisait un crime à Héraclite dñ€ℱavoir osé dire  Quñ€ℱon ne pouvait jamais se baigner deux fois dans la mÃÂȘme eau courante » ; car, pour lui, il pensait quñ€ℱon ne pouvait pas mÃÂȘme dire quñ€ℱon sñ€ℱy baignùt une seule fois. Nous reconnaissons trÚs volontiers, en faveur de cette doctrine, quñ€ℱil y a bien quelque raison de refuser de croire à lñ€ℱexistence dñ€ℱun objet qui change, au moment mÃÂȘme oÃÂč il subit le changement ; quoique cependant ce point mÃÂȘme soit discutable, puisque le permutant retient quelque chose du permuté, et que déjà aussi il existe nécessairement quelque chose de ce qui se produit et devient. Généralement parlant, si un ÃÂȘtre périt, cñ€ℱest quñ€ℱantérieurement il aura été quelque chose et sñ€ℱil devient, il faut bien de toute nécessité quñ€ℱil y ait un ÃÂȘtre dñ€ℱoÃÂč il vienne et qui lñ€ℱengendre, sans que dñ€ℱailleurs cette génération puisse remonter à lñ€ℱinfini. Mais, écartant ces considérations, nous nous bornons à affirmer que ce nñ€ℱest pas la mÃÂȘme chose de changer de quantité et de changer de qualité. En fait de quantité, nous accordons que lñ€ℱÃÂȘtre peut ne pas subsister tel quñ€ℱil est ; mais il subsiste par lñ€ℱespÚce, à lñ€ℱaide de laquelle nous connaissons toujours les choses. Une autre critique trÚs fondée contre ce systÚme, cñ€ℱest que les philosophes qui le soutiennent, tout en voyant que, mÃÂȘme parmi les objets sensibles, cñ€ℱest de beaucoup le moindre nombre dñ€ℱentre eux qui est sujet au changement, nñ€ℱen ont pas moins étendu leurs explications à lñ€ℱensemble de lñ€ℱunivers. Il est bien vrai que ce lieu du sensible qui nous environne, est soumis incessamment à la production et à la destruction ; mais il est seul à y ÃÂȘtre assujetti, et cñ€ℱest une parcelle qui ne compte pour rien, à vrai dire, dans lñ€ℱunivers entier, ou pour presque rien. Vraiment, nos philosophes auraient été cent fois plus justes dñ€ℱabsoudre notre monde par lñ€ℱunivers plutÎt que de condamner lñ€ℱunivers aux conditions de notre monde. Évidemment aussi, nous pourrons répéter contre eux les objections que nous avons déjà faites si souvent ; et il faut leur apprendre et leur persuader quñ€ℱil existe une certaine nature immuable et immobile. Toutefois ceux qui disent que les choses peuvent tout ensemble ÃÂȘtre et nñ€ℱÃÂȘtre pas, devraient incliner davantage à les croire en repos plutÎt quñ€ℱen mouvement ; car, alors, il nñ€ℱexiste rien en quoi la chose puisse changer, puisque tout est à tout. [1010b] Pour sñ€ℱassurer de cette vérité que tout ce qui nous apparaÃt nñ€ℱest pas vrai à ce seul titre, on peut se convaincre dñ€ℱabord que la sensation ne nous trompe jamais sur son objet propre ; mais la conception que nous tirons de la sensation ne doit pas ÃÂȘtre confondue avec elle. On peut sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tonner aussi non moins justement dñ€ℱentendre encore demander ñ€“ comme le font nos philosophes ñ€“ si les grandeurs et les couleurs sont bien dans la réalité ce quñ€ℱelles paraissent à ceux qui les regardent de loin, ou ce quñ€ℱelles paraissent à ceux qui les regardent de prÚs ; si les choses sont ce quñ€ℱelles semblent aux gens bien portants plutÎt quñ€ℱaux gens malades ; si les corps ont plus de pesanteur, selon que ce sont des gens faibles ou des gens forts qui les portent ; en un mot, si cñ€ℱest la vérité quñ€ℱon voit quand on dort plutÎt que ce quñ€ℱon voit durant la veille. Évidemment, sur tout cela, nos philosophes nñ€ℱont pas le plus léger doute. Personne, en se supposant dans son sommeil ÃÂȘtre à AthÚnes, bien quñ€ℱil soit en Afrique, ne va se mettre en route pour lñ€ℱOdéon. Dans une maladie, comme le remarque Platon, lñ€ℱopinion du médecin sur lñ€ℱissue quñ€ℱelle doit avoir, et lñ€ℱopinion dñ€ℱune personne qui ignore la médecine, ne sont pas dñ€ℱun poids pareil, quand il sñ€ℱagit de savoir si le malade guérira ou sñ€ℱil ne guérira pas. Bien plus, entre les sens eux-mÃÂȘmes, le témoignage dñ€ℱun sens sur un objet qui lui est étranger, ne vaut pas son témoignage sur un objet qui lui est propre. Le témoignage dñ€ℱun sens voisin ne vaut pas celui du sens lui-mÃÂȘme. Cñ€ℱest la vue, ce nñ€ℱest pas le goût qui juge de la couleur ; cñ€ℱest le goût qui juge de la saveur, et ce nñ€ℱest pas la vue. Il nñ€ℱest pas un sens qui, dans le mÃÂȘme moment et relativement à la mÃÂȘme chose, vienne nous dire tout à la fois que cette chose est et nñ€ℱest pas de telle ou telle façon. MÃÂȘme dans un moment différent, le sens ne se trompe point sur la qualité actuelle, bien quñ€ℱil puisse se tromper sur lñ€ℱobjet qui présente cette qualité. Par exemple, le mÃÂȘme vin, soit quñ€ℱil change directement lui-mÃÂȘme, ou bien que ce soit le corps qui change, semble tantÎt ÃÂȘtre agréable au goût et tantÎt ne lñ€ℱÃÂȘtre pas. Mais pour cela, la saveur agréable, telle quñ€ℱelle est quand elle est, ne change jamais. La sensation est toujours véridique à cet égard ; et toute saveur qui devra ÃÂȘtre agréable, comme celle du vin, est nécessairement soumise à la mÃÂȘme condition. Ce sont là des faits que méconnaissent toutes ces théories ; et de mÃÂȘme quñ€ℱelles suppriment la réalité de la substance pour toutes choses, elles nient de mÃÂȘme quñ€ℱil y ait rien de nécessaire au monde. En effet, ce qui est de toute nécessité ne peut pas ÃÂȘtre à la fois de telle façon et dñ€ℱune façon contraire ; et du moment quñ€ℱil y a quelque chose qui est nécessaire, ce quelque chose ne peut pas ÃÂȘtre et nñ€ℱÃÂȘtre pas, tel quñ€ℱil est. En un mot, sñ€ℱil nñ€ℱy avait au monde que le sensible, il nñ€ℱy aurait plus rien dÚs quñ€ℱil nñ€ℱy aurait plus dñ€ℱÃÂȘtres animés, puisquñ€ℱil nñ€ℱy aurait pas non plus de sensation. Il peut ÃÂȘtre vrai que, dans ce cas, il nñ€ℱy aurait plus ni objets sentis, ni sensation ; puisque, pour tout cela, il faut toujours lñ€ℱintervention dñ€ℱun ÃÂȘtre sentant qui éprouve cette modification. Mais il serait impossible que les objets qui causent la sensation nñ€ℱexistassent pas, sans mÃÂȘme quñ€ℱaucune sensation eût lieu. La sensibilité ne relÚve pas seulement dñ€ℱelle-mÃÂȘme ; mais il y a en dehors de la sensation quelque chose de différent dñ€ℱelle, et qui lui est nécessairement antérieur. [1011a] Ainsi, par exemple, le moteur est par nature antérieur à lñ€ℱobjet quñ€ℱil meut ; et cette vérité nñ€ℱen est pas moins certaine, bien que ces deux termes puissent sñ€ℱappliquer réciproquement lñ€ℱun à lñ€ℱautre. Chapitre 6 Quelques-uns de nos philosophes élÚvent ici une question, aussi bien ceux qui sont convaincus sincÚrement de leur doctrine, que ceux qui ne la soutiennent que pour les besoins de leur cause. Ils demandent qui jugera de la santé de lñ€ℱÃÂȘtre qui sent ; et, dñ€ℱune maniÚre générale, quel sera, dans chaque cas, le juge vraiment compétent. Mais soulever de telles questions, cñ€ℱest absolument se demander si, dans le moment oÃÂč nous parlons, nous sommes endormis ou éveillés. Au fond, toutes ces difficultés si gratuites nñ€ℱont quñ€ℱune mÃÂȘme valeur ; ces philosophes se figurent quñ€ℱil faut rendre raison de tout, et cherchant un principe, ils veulent lñ€ℱobtenir par démonstration. Mais ce qui prouve bien quñ€ℱils ne sont pas trÚs convaincus de cette prétendue possibilité de tout démontrer, cñ€ℱest la maniÚre mÃÂȘme dont ils agissent et se conduisent. Du reste, nous avons déjà dit que cĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait là leur erreur ; ils sñ€ℱappliquent à rendre raison de choses pour lesquelles il nñ€ℱy a pas de raison à donner, puisque le principe de la démonstration ne saurait ÃÂȘtre une démonstration. Ces philosophes pourraient assez aisément se convaincre de leur méprise ; car il nñ€ℱest pas difficile de voir dñ€ℱoÃÂč elle vient. Mais ceux qui, dans la discussion, ne cherchent quñ€ℱà violenter leurs interlocuteurs, courent aprÚs lñ€ℱimpossible ; car, tout en demandant quñ€ℱon les contredise, ils commencent par se contredire eux-mÃÂȘmes, dÚs leur premier mot. Si tout dans le monde nñ€ℱest pas relatif, et sñ€ℱil y a des choses qui existent en soi et par elles-mÃÂȘmes, il sñ€ℱensuit que tout ce qui nous apparaÃt nñ€ℱest pas indistinctement vrai. Ce qui paraÃt doit nécessairement paraÃtre à quelquñ€ℱun ; et prétendre que tous les phénomÚnes sont vrais sans exception, cñ€ℱest prétendre que tout au monde est relatif. Aussi ceux qui ne trouvent de force convaincante que dans les mots, et qui veulent engager la discussion, doivent ici bien prendre garde que ce nñ€ℱest pas toute apparence qui est vraie, mais quñ€ℱelle est vraie seulement pour celui à qui elle apparaÃt, pour le moment, dans la mesure et sous le jour oÃÂč elle lui apparaÃt. Ils auraient beau engager la discussion, sñ€ℱils ne lñ€ℱengagent pas en faisant cette concession, ils seront bien vite forcés de soutenir les contraires. Une mÃÂȘme chose, en effet, peut à la vue sembler ÃÂȘtre du miel, et nñ€ℱen ÃÂȘtre pas pour le goût ; et, comme nous avons deux yeux, il est bien possible que les choses ne semblent pas les mÃÂȘmes à lñ€ℱun et à lñ€ℱautre oeil, si la vision y est inégale. A ceux qui soutiennent que toute apparence est vraie, en sñ€ℱappuyant sur les motifs que nous avons naguÚre indiqués, et que, par conséquent, tout est également faux et vrai tout ensemble, on peut accorder que les apparences ne sont pas les mÃÂȘmes pour tout le monde, quñ€ℱelles ne sont pas mÃÂȘme toujours identiques pour la mÃÂȘme personne, et que souvent elles semblent toutes contraires dans un seul et mÃÂȘme instant. Ainsi, le toucher, par la superposition des doigts, nous atteste deux objets là oÃÂč la vue nñ€ℱen montre quñ€ℱun. Mais les choses ne sont les mÃÂȘmes, ni pour le mÃÂȘme sens appliqué au mÃÂȘme objet, ni pour ce sens agissant de la mÃÂȘme façon, ni dans un seul et mÃÂȘme moment ; donc la théorie serait assez exacte. [1011b] Mais cñ€ℱest là peut-ÃÂȘtre aussi pour ceux qui soutiennent cette doctrine, non en vertu de doutes sérieux, mais uniquement en vue de la discussion, une nécessité de modifier leur systÚme, et de convenir que lñ€ℱapparence nñ€ℱest pas vraie pour tout le monde, mais seulement pour celui qui la perçoit. Et alors, nous le répétons, ils doivent nécessairement aussi affirmer quñ€ℱil nñ€ℱy a au monde que du relatif, et subordonner tout à la pensée individuelle et à la sensation. Par conséquent, dans leur systÚme, rien nñ€ℱa été, rien ne sera quñ€ℱà la condition que quelquñ€ℱun lñ€ℱait préalablement pensé ; mais si quelque chose a été dans le passé ou doit ÃÂȘtre dans lñ€ℱavenir, sans quñ€ℱon y ait préalablement pensé, cñ€ℱest donc que tout ne se rapporte pas à la pensée et à lñ€ℱapparence exclusivement. De plus, du moment quñ€ℱune chose est une, elle se rapporte à un ÃÂȘtre qui est un aussi, cñ€ℱest-à -dire à un ÃÂȘtre déterminé ; et une mÃÂȘme chose a beau ÃÂȘtre, tout ensemble, double de celle-ci et égale à celle-là , ce nñ€ℱest pas du moins relativement au double quñ€ℱelle est égale. Si lñ€ℱon admet que, relativement à lñ€ℱÃÂȘtre qui pense, lñ€ℱhomme quñ€ℱon pense et la pensée quñ€ℱon en a sont une seule et mÃÂȘme chose, du moins lñ€ℱhomme pensé nñ€ℱest pas lñ€ℱÃÂȘtre qui pense, puisque cñ€ℱest la chose que lñ€ℱon pense. Mais, si chaque chose nñ€ℱexiste que dans son rapport avec lñ€ℱÃÂȘtre pensant, alors lñ€ℱÃÂȘtre pensant sera quelque chose dont les espÚces seront en nombre infini. Ainsi, en résumé, nous avons établi comme le principe le plus assuré de tous les principes, que jamais les deux assertions opposées ne peuvent ÃÂȘtre vraies à la fois ; et nous avons fait voir, dñ€ℱune part, les conséquences oÃÂč lñ€ℱon est entraÃné quand on prétend quñ€ℱelles sont vraies toutes deux, et, dñ€ℱautre part, les motifs de cette erreur. Or, du moment quñ€ℱil est impossible que les deux assertions opposées soient vraies de la mÃÂȘme chose en mÃÂȘme temps, il est clair également que les contraires ne peuvent pas coexister davantage dans une mÃÂȘme chose ; car, entre les contraires, lñ€ℱun nñ€ℱexprime pas moins que lñ€ℱautre la privation. Mais la privation appliquée à la substance nñ€ℱest que la négation dñ€ℱun certain genre déterminé. Si donc il ne se peut pas que lñ€ℱaffirmation et la négation soient vraies tout ensemble, les contraires ne peuvent pas davantage coexister, à moins que tous les deux nñ€ℱexistent que dñ€ℱune certaine maniÚre, ou bien que lñ€ℱun existe avec cette restriction, tandis que lñ€ℱautre existe dñ€ℱune maniÚre absolue. Chapitre 7 Il nñ€ℱest pas possible davantage quñ€ℱentre deux propositions contradictoires, il y ait jamais un terme moyen ; mais il y a nécessité absolue, ou dñ€ℱaffirmer, ou de nier une chose dñ€ℱune chose. Pour rendre ceci parfaitement clair, il nous suffira de définir tout dñ€ℱabord ce que cñ€ℱest que le vrai et le faux. Dire de ce qui est quñ€ℱil nñ€ℱest pas, et de ce qui nñ€ℱest pas dire quñ€ℱil est, voilà le faux ; dire de ce qui est quñ€ℱil est, et de ce qui nñ€ℱest pas dire quñ€ℱil nñ€ℱest pas, voilà le vrai ; de telle sorte quñ€ℱen exprimant quñ€ℱune chose est ou nñ€ℱest pas, on nñ€ℱest ni dans le vrai ni dans le faux ; mais alors on ne dit pas de lñ€ℱÃƠtre, ni quñ€ℱil ne soit pas ni quñ€ℱil soit, pas plus quñ€ℱon ne le dit du Non-ÃÂȘtre. ĂĄÂŒâ‚ŹĂŽÂ»ĂŽÂ»ĂĄÂœÂ° ĂŽÂŒĂĄÂœÂŽĂŽÂœ ĂŽÂżĂĄÂœÂĂŽÂŽĂĄÂœÂČ ĂŽÂŒĂŽÂ”Ăâ€žĂŽÂ±ĂŽÂŸĂĄÂœÂș ĂĄÂŒâ‚ŹĂŽÂœĂâ€žĂŽÂčĂâ€ ĂŽÂŹĂÆ’ĂŽÂ”Ăâ€°Ăâ€š ĂĄÂŒÂĂŽÂœĂŽÂŽĂŽÂ­Ăâ€ĄĂŽÂ”Ăâ€žĂŽÂ±ĂŽÂč ĂŽÂ”ĂĄÂŒÂ¶ĂŽÂœĂŽÂ±ĂŽÂč ĂŽÂżĂĄÂœÂĂŽÂžĂŽÂ­ĂŽÂœ, ĂĄÂŒâ‚ŹĂŽÂ»ĂŽÂ»' ĂĄÂŒâ‚ŹĂŽÂœĂŽÂŹĂŽÂłĂŽÂșÎ ĂĄÂŒÂą Ăâ€ ĂŽÂŹĂŽÂœĂŽÂ±ĂŽÂč ĂĄÂŒÂą ĂĄÂŒâ‚ŹĂâ‚ŹĂŽÂżĂâ€ ĂŽÂŹĂŽÂœĂŽÂ±ĂŽÂč ĂĄÂŒâ€œĂŽÂœ ÎÂșαΞ' ĂĄÂŒĂŽÂœĂĄÂœÂžĂâ€š ĂĄÂœÂĂâ€žĂŽÂčĂŽÂżĂĄÂżÂŠĂŽÂœ. [25] ĂŽÂŽĂĄÂżâ€ ĂŽÂ»ĂŽÂżĂŽÂœ ĂŽÂŽĂĄÂœÂČ Ăâ‚ŹĂÂĂĄÂżÂ¶Ăâ€žĂŽÂżĂŽÂœ ĂŽÂŒĂĄÂœÂČĂŽÂœ ĂĄÂœÂĂÂĂŽÂčĂÆ’ĂŽÂ±ĂŽÂŒĂŽÂ­ĂŽÂœĂŽÂżĂŽÂčÏ‚ τί Ăâ€žĂĄÂœÂž ĂĄÂŒâ‚ŹĂŽÂ»ĂŽĂŽÂžĂĄÂœÂČÏ‚ ÎÂșĂŽÂ±ĂĄÂœÂ¶ ĂË†ĂŽÂ”ĂĄÂżÂŠĂŽÂŽĂŽÂżĂâ€š. Ăâ€žĂĄÂœÂž ĂŽÂŒĂĄÂœÂČĂŽÂœ ĂŽÂłĂĄÂœÂ°ĂÂ λέγΔÎÂčĂŽÂœ Ăâ€žĂĄÂœÂž ĂĄÂœâ€šĂŽÂœ ĂŽÂŒĂĄÂœÂŽ ĂŽÂ”ĂĄÂŒÂ¶ĂŽÂœĂŽÂ±ĂŽÂč ĂĄÂŒÂą Ăâ€žĂĄÂœÂž ĂŽÂŒĂĄÂœÂŽ ĂĄÂœâ€šĂŽÂœ ĂŽÂ”ĂĄÂŒÂ¶ĂŽÂœĂŽÂ±ĂŽÂč ĂË†ĂŽÂ”ĂĄÂżÂŠĂŽÂŽĂŽÂżĂâ€š, Ăâ€žĂĄÂœÂž ĂŽÂŽĂĄÂœÂČ Ăâ€žĂĄÂœÂž ĂĄÂœâ€šĂŽÂœ ĂŽÂ”ĂĄÂŒÂ¶ĂŽÂœĂŽÂ±ĂŽÂč ÎÂșĂŽÂ±ĂĄÂœÂ¶ Ăâ€žĂĄÂœÂž ĂŽÂŒĂĄÂœÂŽ ĂĄÂœâ€šĂŽÂœ ĂŽÂŒĂĄÂœÂŽ ĂŽÂ”ĂĄÂŒÂ¶ĂŽÂœĂŽÂ±ĂŽÂč ĂĄÂŒâ‚ŹĂŽÂ»ĂŽĂŽÂžĂŽÂ­Ăâ€š, ĂĄÂœÂ„ĂÆ’Ăâ€žĂŽÂ” ÎÂșĂŽÂ±ĂĄÂœÂ¶ ĂĄÂœÂ ĂŽÂ»ĂŽÂ­ĂŽÂłĂâ€°ĂŽÂœ ĂŽÂ”ĂĄÂŒÂ¶ĂŽÂœĂŽÂ±ĂŽÂč ĂĄÂŒÂą ĂŽÂŒĂĄÂœÂŽ ĂĄÂŒâ‚ŹĂŽÂ»ĂŽĂŽÂžĂŽÂ”ĂÂĂÆ’ĂŽÂ”ĂŽÂč ĂĄÂŒÂą ĂË†ĂŽÂ”ĂÂĂÆ’ĂŽÂ”Ăâ€žĂŽÂ±ĂŽÂč ĂĄÂŒâ‚ŹĂŽÂ»ĂŽÂ»' ĂŽÂżĂĄÂœâ€Ăâ€žĂŽÂ” Ăâ€žĂĄÂœÂž ĂĄÂœâ€šĂŽÂœ ĂŽÂ»ĂŽÂ­ĂŽÂłĂŽÂ”Ăâ€žĂŽÂ±ĂŽÂč ĂŽÂŒĂĄÂœÂŽ ĂŽÂ”ĂĄÂŒÂ¶ĂŽÂœĂŽÂ±ĂŽÂč ĂĄÂŒÂą ĂŽÂ”ĂĄÂŒÂ¶ĂŽÂœĂŽÂ±ĂŽÂč ĂŽÂżĂĄÂœâ€Ăâ€žĂŽÂ” Ăâ€žĂĄÂœÂž ĂŽÂŒĂĄÂœÂŽ ĂĄÂœâ€žĂŽÂœ. Si lñ€ℱon admet quñ€ℱil y a un terme moyen entre les deux membres de la contradiction, ou cet intermédiaire sera comme le gris, qui est un terme moyen entre le noir et le blanc ; ou bien, il ne sera ni lñ€ℱun ni lñ€ℱautre des deux termes, comme le terme moyen entre lñ€ℱhomme et le cheval est ce qui nñ€ℱest ni lñ€ℱun ni lñ€ℱautre. Mais, sñ€ℱil en était ainsi, il nñ€ℱy aurait plus de changement ; car une chose qui nñ€ℱest pas bonne subit un changement pour devenir bonne, comme elle change aussi pour devenir mauvaise, de bonne quñ€ℱelle était. Cñ€ℱest là ce quñ€ℱon voit sans cesse, puisquñ€ℱil nñ€ℱy a de changement possible que dans les opposés et dans les intermédiaires. Mais, sñ€ℱil y a un intermédiaire dans le sens neutre que nous avons dit, alors il serait possible quñ€ℱune chose devÃnt blanche sans avoir dû préalablement nñ€ℱÃÂȘtre pas blanche ; or, cñ€ℱest là ce qui ne se voit pas. [1012a] Dñ€ℱautre part, la pensée affirme, ou nie, tout ce quñ€ℱelle pense, ou tout ce quñ€ℱelle comprend ; et la définition donnée plus haut fait voir clairement quand la pensée est dans la vérité, et quand elle est dans lñ€ℱerreur. Lorsque la pensée combine les choses dñ€ℱune certaine maniÚre, elle est dans le vrai, soit quñ€ℱelle affirme, soit quñ€ℱelle nie ; elle est dans le faux, quand elle les combine de telle autre façon. Il faudrait en outre que toutes les contradictions eussent un terme moyen, si lñ€ℱon ne veut pas se borner en ceci à de vains mots. Alors, il se pourrait tout à la fois quñ€ℱon ne fût ni dans le vrai ni dans le faux ; il y aurait un intermédiaire qui ne serait ni lñ€ℱÃƠtre ni le Non-ÃÂȘtre ; et, par conséquent, il pourrait y avoir aussi un changement des choses qui ne serait ni de la production ni de la destruction. Bien plus, il y aurait un intermédiaire, mÃÂȘme dans les cas oÃÂč la négation implique nécessairement le contraire ; comme si, dans les nombres, par exemple, il y avait un prétendu nombre qui ne fût ni pair ni impair ; ce qui est cependant bien impossible, dñ€ℱaprÚs la définition mÃÂȘme du nombre. Ajoutez que cñ€ℱest se perdre dans lñ€ℱinfini ; car il ne faudra pas se borner à ces demi-ÃÂȘtres ; il faudra les multiplier sans fin, puisquñ€ℱon pourra toujours nier ce terme moyen, par rapport à lñ€ℱaffirmation et à la négation primitives ; et cñ€ℱest mÃÂȘme à ce titre quñ€ℱil sera quelque chose, puisque sa substance doit ÃÂȘtre différente des deux autres termes. Enfin, quand on demanderait à quelquñ€ℱun si telle chose est blanche, et quñ€ℱil répondrait quñ€ℱelle ne lñ€ℱest pas, il ne ferait encore que nier lñ€ℱÃƠtre ; or, nñ€ℱÃÂȘtre pas est une négation, ce nñ€ℱest pas un terme moyen. Cette doctrine erronée est entrée dans lñ€ℱesprit de quelques philosophes, par la mÃÂȘme raison qui a donné cours à tant dñ€ℱautres opinions paradoxales. Quand on se sent hors dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tat de repousser des arguties captieuses, on cÚde au raisonnement de lñ€ℱadversaire, et lñ€ℱon accepte pour vraie la conclusion réguliÚre quñ€ℱil en tire. Les uns nñ€ℱont pas dñ€ℱautre motif de parler comme ils font ; et les autres commettent cette erreur, parce quñ€ℱils cherchent à se rendre raison de tout. Le vrai moyen de les éclairer les uns et les autres consiste à partir dñ€ℱune définition. Or la définition résulte de la nécessité mÃÂȘme oÃÂč ils sont dñ€ℱexprimer quelque chose ; et la pensée, dont les mots sont les signes, devient la définition mÃÂȘme de la chose. Mais, si lñ€ℱon peut dire quñ€ℱHéraclite, en prétendant que tout est et nñ€ℱest pas, inclinait à faire croire que tout est vrai, Anaxagore, en admettant quñ€ℱil y a un terme moyen possible pour toute contradiction, porte plutÎt à croire que tout est faux ; car, lorsque le bien et le mal sont mÃÂȘlés, le mélange nñ€ℱest ni bon ni mauvais ; et il est impossible dñ€ℱen dire rien qui soit vrai. Chapitre 8 AprÚs tout ce qui précÚde, on doit voir que ces assertions appliquées à un seul cas, et celles qui sñ€ℱappliquent à tout, sont insoutenables au sens oÃÂč les comprennent ceux qui les défendent ; les uns affirmant que rien nñ€ℱest vrai, puisque, selon eux, il se peut fort bien que toutes les propositions soient fausses, comme celle oÃÂč lñ€ℱon avancerait que la diagonale est commensurable au cÎté ; les autres affirmant au contraire que tout est vrai. Ce sont là des théories qui se rapprochent beaucoup des opinions dñ€ℱHéraclite et se confondent presque avec elles. En effet, celui qui prétend que tout est vrai et que tout est faux, maintient aussi chacune de ces assertions prises à part ; et par conséquent si, considérées séparément, elles sont fausses, [1012b] elles le sont également quand on les considÚre ensemble. Dñ€ℱailleurs, il y a évidemment des contradictoires qui ne peuvent pas ÃÂȘtre vraies toutes les deux à la fois, mais qui ne peuvent pas non plus ÃÂȘtre à la fois toutes les deux fausses, bien que cette derniÚre alternative pût paraÃtre plus possible que lñ€ℱautre, dñ€ℱaprÚs les théories quñ€ℱon vient dñ€ℱexposer. Mais, pour réfuter toutes ces doctrines, il faut, ainsi que nous lñ€ℱavons déjà indiqué un peu plus haut, demander à son adversaire, non pas de dire si la chose est ou si elle nñ€ℱest pas, mais il faut le sommer dñ€ℱexprimer et de préciser une pensée quelconque ; de maniÚre quñ€ℱon puisse la discuter, en sñ€ℱappuyant sur la définition mÃÂȘme de ce que cñ€ℱest que le vrai et de ce que cñ€ℱest que le faux. Si la vérité nñ€ℱest pas autre chose que dñ€ℱaffirmer le vrai et de nier le faux, il est dÚs lors impossible que tout soit faux, puisquñ€ℱil y a nécessité absolue que lñ€ℱune des deux parties de la contradiction soit vraie. Dñ€ℱautre part, si pour toute chose quelconque il faut nécessairement ou lñ€ℱaffirmer ou la nier, il est impossible que les deux parties soient fausses, puisque, dans la contradiction, il nñ€ℱy en a jamais quñ€ℱune seule qui le soit. Le malheur commun de toutes ces belles théories, cñ€ℱest, comme on lñ€ℱa répété cent fois, de se réfuter elles-mÃÂȘmes. Et en effet, quand on avance que tout est vrai, on rend vraie par cela mÃÂȘme lñ€ℱassertion opposée à celle quñ€ℱon défend ; et, par conséquent, on rend fausse la sienne propre, puisque lñ€ℱassertion contraire nie que vous soyez dans le vrai. Également, quand on dit que tout est faux, on se condamne du mÃÂȘme coup soi-mÃÂȘme. Que si lñ€ℱon veut faire des exceptions, et dire que lñ€ℱopinion contraire à celle quñ€ℱon soutient est la seule à nñ€ℱÃÂȘtre pas vraie, et que celle quñ€ℱon embrasse soi-mÃÂȘme est la seule à nñ€ℱÃÂȘtre pas fausse, on nñ€ℱen suppose pas moins alors un nombre infini dñ€ℱassertions vraies et fausses ; car, lorsquñ€ℱon dit de telle assertion vraie quñ€ℱelle est vraie, on sous-entend toujours que celui qui dit quñ€ℱelle est vraie est dans le vrai ; et ces répétitions pourraient aller à lñ€ℱinfini. Il est dñ€ℱailleurs évident que ceux qui prétendent que tout est en repos, ne sont pas plus dans le vrai que ceux qui prétendent que tout est en mouvement. Si tout est en repos, alors les mÃÂȘmes choses seront éternellement vraies et éternellement fausses. Mais le changement en ce monde est de toute évidence ; et votre interlocuteur lui-mÃÂȘme doit se dire quñ€ℱil fut un temps oÃÂč il nñ€ℱexistait pas, et quñ€ℱil y aura bientÎt un temps oÃÂč il nñ€ℱexistera plus. Mais, si tout est en mouvement, rien ne sera vrai ; tout sera faux. Or nous avons démontré que cĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait là une impossibilité absolue. Enfin, cñ€ℱest lñ€ℱÃÂȘtre qui doit nécessairement changer, puisque le changement nñ€ℱest que le passage dñ€ℱun état à un autre état. Mais certainement les choses ne sont pas toutes en repos ou en mouvement ; elles nñ€ℱy sont quñ€ℱà certains moments donnés ; aucune nñ€ℱy est éternellement. Ce qui est vrai, cñ€ℱest quñ€ℱil existe un principe qui meut éternellement tout ce qui est mû ; et que le moteur premier est lui-mÃÂȘme immobile. Livre 5 Chapitre 1 Principe. Ce mot sñ€ℱentend dñ€ℱabord du point dñ€ℱoÃÂč quelquñ€ℱun peut commencer le mouvement de la chose quñ€ℱil fait. Par exemple, pour une longueur quñ€ℱon parcourt ou pour un voyage quñ€ℱon entreprend, le principe cñ€ℱest précisément le point dñ€ℱoÃÂč lñ€ℱon part ; et il y a, par contre, lñ€ℱautre point analogue en sens opposé. [1013a] Principe sñ€ℱentend encore du moyen qui fait que la chose est du mieux quñ€ℱelle peut ÃÂȘtre. Ainsi, quand on apprend une chose, le principe par oÃÂč lñ€ℱon doit commencer nñ€ℱest pas toujours le primitif et le principe véritable de cette chose ; cñ€ℱest bien plutÎt la notion par laquelle il faut débuter, pour apprendre la chose avec la facilité la plus grande. Principe signifie aussi lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément intrinsÚque et premier de la chose. Par exemple, le principe dñ€ℱun navire, cñ€ℱest la quille ; le principe dñ€ℱune maison, cñ€ℱest le fondement sur lequel elle repose ; le principe des animaux, cñ€ℱest le cÅ“ur selon les uns, cñ€ℱest le cerveau selon les autres, ou tel autre organe chargé arbitrairement de ce rÎle selon dñ€ℱautres hypothÚses. Principe veut dire encore la cause initiale qui fait naÃtre une chose, sans en ÃÂȘtre un élément intrinsÚque, et ce dont sort primitivement et naturellement le mouvement de la chose, ou son changement. Cñ€ℱest ainsi que lñ€ℱenfant vient du pÚre et de la mÚre, et quñ€ℱune rixe a pour principe une insulte. Le Principe est encore lñ€ℱÃÂȘtre dont la volonté fait mouvoir ce qui est mû et fait changer ce qui change ; tels sont, par exemple, dans les États, les principes qui les régissent, gouvernements, dynasties, royautés, tyrannies. Les arts, chacun en leur genre, sont appelés des Principes ; et ceux-là surtout sont considérés comme principes qui commandent à dñ€ℱautres arts subordonnés. Enfin, on entend par Principe ce qui donne la connaissance initiale de la chose ; et cñ€ℱest là précisément ce qui sñ€ℱappelle le principe de cette chose. Cñ€ℱest en ce sens que les prémisses sont les principes des conclusions quñ€ℱon en tire par démonstration. Le mot Cause a autant dñ€ℱacceptions que le mot Principe, attendu que toutes les causes sont des principes aussi. Un caractÚre commun de tous les principes, cñ€ℱest dñ€ℱÃÂȘtre le primitif qui fait quñ€ℱune chose est, ou quñ€ℱelle se produit, ou quñ€ℱelle est connue. Entre les principes, les uns sont intrinsÚques et dans la chose mÃÂȘme ; les autres sont en dehors dñ€ℱelle ; et cñ€ℱest en ce sens quñ€ℱon dit que la nature est un principe, comme on le dit de lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément dñ€ℱune chose, de la pensée, de la volonté, de la substance des choses, et du but final, pour lequel elles sont faites ; car, dans une foule de cas, le bien et le beau sont les principes qui nous font savoir et qui nous font agir. Chapitre 2 Cause. En un premier sens, Cause signifie lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément intrinsÚque dont une chose est faite ; cñ€ℱest en ce sens quñ€ℱon peut dire de lñ€ℱairain quñ€ℱil est cause de la statue dont il est la matiÚre ; de lñ€ℱargent, quñ€ℱil est cause de la coupe qui en est faite ; et de mÃÂȘme pour tous les cas de ce genre. En un autre sens, la cause est la forme et le modÚle des choses, cñ€ℱest-à -dire leur raison dñ€ℱÃÂȘtre, qui fait quñ€ℱelles sont ce quñ€ℱelles sont, avec toutes les variétés de genres que les choses présentent. Par exemple, la raison dñ€ℱÃÂȘtre de lñ€ℱoctave cñ€ℱest le rapport de deux à un ; et dñ€ℱune maniÚre générale, cñ€ℱest le nombre, avec les parties différentes qui composent le rapport. La cause est encore le principe initial dñ€ℱoÃÂč vient le changement des choses, ou leur repos. Cñ€ℱest en ce sens que celui qui a conçu une résolution est la cause des suites quñ€ℱelle a eues ; que le pÚre est la cause de lñ€ℱenfant ; en un mot, que ce qui agit est la cause de lñ€ℱacte, et que ce qui change une chose est cause du changement quñ€ℱelle subit. Une autre acception du mot Cause, cñ€ℱest le but des choses et leur pourquoi. Ainsi, la santé est le but de la promenade. Pourquoi un tel se promÚne-t-il ? Cñ€ℱest, répondons-nous, afin de se bien porter. Et, dans cette réponse, nous croyons avoir indiqué la cause. En ce sens, on nomme également causes tous les intermédiaires qui, aprÚs lñ€ℱimpulsion dñ€ℱun autre moteur, mÚnent au but poursuivi. [1013b] Par exemple, on appelle cause de la santé le jeûne, les purgations, les remÚdes quñ€ℱordonne le médecin, et les instruments dont il se sert ; car tout cela nñ€ℱest fait quñ€ℱen vue du but quñ€ℱon poursuit ; et lñ€ℱon ne peut faire dñ€ℱautres distinctions entre toutes ces choses, sinon que les unes sont des instruments, et que les autres sont des actes du médecin. Telles sont donc à peu prÚs toutes les acceptions du mot Cause. Mais ce mot Cause ayant tous ces sens divers, il en résulte que, pour une seule et mÃÂȘme chose, il peut y avoir plusieurs causes, qui ne soient pas des causes purement accidentelles. Ainsi, la statue a tout à la fois pour cause et lñ€ℱart du sculpteur et lñ€ℱairain dont elle est faite, sans que ces causes aient dñ€ℱautre rapport avec elle si ce nñ€ℱest quñ€ℱelle est statue. Il est vrai que le mode de causalité nñ€ℱest pas identique ; car ici cñ€ℱest la cause matérielle ; et là , cñ€ℱest la cause dñ€ℱoÃÂč vient le mouvement, qui a produit la statue. Parfois, les causes sont réciproquement causes les unes des autres. Ainsi lñ€ℱexercice est cause de la bonne disposition du corps ; et la bonne disposition du corps est cause de lñ€ℱexercice, quñ€ℱelle permet. Seulement, ici encore, le mode de la cause nñ€ℱest pas identique ; dñ€ℱun cÎté, elle agit comme but ; et de lñ€ℱautre, elle agit comme principe du mouvement. Parfois aussi, une seule et mÃÂȘme chose est cause des contraires. Ainsi, telle chose qui, par sa présence, est cause de tel effet nous paraÃt, par son absence, mériter que nous lñ€ℱaccusions dñ€ℱÃÂȘtre la cause dñ€ℱun effet tout contraire. Par exemple, lñ€ℱabsence du pilote est la cause de naufrage, tandis que sa présence eût été une cause de salut. Du reste, présence et absence du pilote sont toutes les deux des causes de mouvement. Toutes les causes énumérées jusquñ€ℱici tombent sous ces quatre classes, qui sont les plus évidentes. Ainsi, les lettres dans les syllabes dont se composent les mots, la matiÚre pour les objets que façonne la main de lñ€ℱhomme, le feu, la terre, et tous les corps analogues, les parties qui forment un tout, les prémisses dñ€ℱoÃÂč sort la conclusion, ce sont là autant de causes dñ€ℱoÃÂč les choses peuvent provenir. Et parmi ces causes, les unes sont causes comme sujet matériel, ainsi que sont les parties dñ€ℱun tout ; les autres le sont comme notion essentielle de la chose. Cñ€ℱest ainsi que sont le tout, la combinaison des parties, et leur forme. Les causes telles que la semence dñ€ℱune plante, le médecin qui guérit, le conseiller qui a suggéré un projet, en un mot, tout agent quelconque, sont autant de causes dñ€ℱoÃÂč part lñ€ℱinitiative du mouvement ou du repos. Dñ€ℱautres causes sont des causes en tant que but des choses, et en tant que bien de tout le reste. Le pourquoi dans toutes les choses est pour elles le bien par excellence, et vise à ÃÂȘtre pour tout le reste la véritable fin, que dñ€ℱailleurs ce bien soit un bien réel, ou quñ€ℱil ne soit quñ€ℱapparent ; différence qui est ici sans intérÃÂȘt. Telles sont les diverses espÚces de causes, et tel est leur nombre. Leurs nuances doivent sembler trÚs multipliées ; mais, en les résumant, on peut encore les réduire. Ainsi, mÃÂȘme pour des causes dñ€ℱespÚce analogue, le mot Cause a des acceptions diverses selon que telle cause est antérieure, ou postérieure, à telle autre cause. Par exemple, la cause de la guérison, cñ€ℱest bien le médecin ; mais cñ€ℱest aussi lñ€ℱouvrier qui a fait lñ€ℱinstrument dont le médecin sñ€ℱest servi ; la cause de lñ€ℱoctave, cñ€ℱest bien le rapport du double ; mais cñ€ℱest aussi le nombre ; et toujours les causes qui en enveloppent dñ€ℱautres sont postérieures aux causes particuliÚres. Parfois encore, la cause nñ€ℱest quñ€ℱindirecte, avec toutes les espÚces que lñ€ℱaccident peut avoir. Par exemple, la cause de la statue, cñ€ℱest bien, en un sens, PolyclÚte ; mais cñ€ℱest aussi, dñ€ℱune maniÚre différente, le statuaire, parce quñ€ℱindirectement PolyclÚte se trouve ÃÂȘtre statuaire. [1014a] On peut encore aller plus loin, et considérer comme cause tout ce qui enveloppe et contient lñ€ℱaccident. Ainsi, lñ€ℱhomme se rait la cause de la statue ; et plus généralement encore ce serait lñ€ℱÃÂȘtre animé, puisque PolyclÚte est un homme et que lñ€ℱhomme est un ÃÂȘtre animé. Parmi les causes accidentelles ainsi considérées, les unes sont plus éloignées, et les autres plus proches ; et lñ€ℱon pourrait aller jusquñ€ℱà prétendre que cñ€ℱest le Blanc et le Musicien qui est cause de la statue, et que ce nñ€ℱest pas seulement PolyclÚte ou lñ€ℱhomme. Toutes les causes qui sont des causes proprement dites, ou qui ne sont que des causes accidentelles et indirectes, se distinguent encore selon quñ€ℱelles peuvent agir, ou quñ€ℱelles agissent effectivement. Ainsi, la cause de la construction, cñ€ℱest le maçon qui est en état de construire ; mais cñ€ℱest aussi le maçon qui est effectivement occupé à construire. Des nuances pareilles à celles que nous venons dñ€ℱindiquer, pourront également sñ€ℱappliquer aux objets dont les causes sont directement causes à cette statue, par exemple, en tant que statue, ou dñ€ℱune maniÚre générale en tant que portrait ; à cet airain en tant quñ€ℱairain, ou dñ€ℱune maniÚre générale en tant que lñ€ℱairain est la matiÚre de quelque chose. Et enfin, elles pourront sñ€ℱappliquer dñ€ℱune maniÚre identique aux causes accidentelles elles-mÃÂȘmes. Parfois aussi, on réunit, les unes aux autres, les causes directes et les causes indirectes ; et par exemple, on peut ne pas isoler PolyclÚte et lñ€ℱon peut dire que la cause de la statue, cñ€ℱest PolyclÚte le statuaire. Quoi quñ€ℱil en puisse ÃÂȘtre, toutes ces nuances sont au nombre de six, qui peuvent chacune ÃÂȘtre prises en un double sens. Ce sont la chose individuelle ou son genre ; ce sont lñ€ℱaccident ou le genre de lñ€ℱaccident ; ce sont la combinaison des termes ou leur isolement. Enfin ces six espÚces peuvent ÃÂȘtre considérées comme agissant réellement, ou simplement comme pouvant agir. Quant à ces deux derniÚres nuances, il y a cette différence entre elles que les causes actuelles, et les causes particuliÚres, sont, ou cessent dñ€ℱÃÂȘtre, en mÃÂȘme temps que les choses dont elles sont les causes. ñ€” Ainsi, par exemple, le médecin qui soigne actuellement un malade est, et cesse dñ€ℱÃÂȘtre, en mÃÂȘme temps que ce malade quñ€ℱil soigne ; le maçon qui construit une maison, est, et cesse dñ€ℱÃÂȘtre, en mÃÂȘme temps que cette construction quñ€ℱil fait. Mais les causes qui ne sont quñ€ℱen simple puissance ne soutiennent pas toujours ce rapport, puisque la maison et le maçon qui peut la construire ne disparaissent pas en mÃÂȘme temps. Chapitre 3 Élément. On nomme Élément dñ€ℱune chose ce qui, composant primitivement et intrinsÚquement cette chose, ne peut plus ÃÂȘtre divisé spécifiquement en une espÚce autre que la sienne. Par exemple, les éléments dñ€ℱun mot, ce sont les parties dont ce mot est formé, et dans lesquelles il est divisé définitivement, de telle façon que ces parties derniÚres ne puissent plus se diviser en sons dñ€ℱune espÚce différente de la leur. En supposant mÃÂȘme que la division soit possible dans certains cas, les parties sont alors dñ€ℱespÚce identique ; et par exemple, une particule dñ€ℱeau est de lñ€ℱeau, tandis que la partie dñ€ℱune syllabe nñ€ℱest plus une syllabe. Cñ€ℱest de la mÃÂȘme maniÚre que les philosophes qui se sont livrés à ces études, définissent les éléments des corps, en disant que ce sont les particules derniÚres dans lesquelles les corps se décomposent, sans que ces particules elles-mÃÂȘmes puissent se diviser en dñ€ℱautres corps dñ€ℱespÚce différente. Cñ€ℱest là ce quñ€ℱils entendent par Éléments, que dñ€ℱailleurs ils reconnaissent, ou un seul élément, ou des éléments multiples. Cñ€ℱest dans le mÃÂȘme sens à peu prÚs quñ€ℱon parle aussi des Éléments des figures géométriques, et, dñ€ℱune maniÚre plus générale, des éléments des démonstrations ; car les démonstrations premiÚres, qui se retrouvent ensuite dans plusieurs démonstrations subséquentes, [1014b] sont ce quñ€ℱon appelle les éléments des démonstrations. Tels sont, par exemple, les syllogismes premiers tirés des trois propositions, à lñ€ℱaide dñ€ℱun seul terme moyen. En partant de ces considérations, et par une déviation de sens, on appelle encore Élément tout ce qui, étant individuel et petit, se trouve employé pour une foule de choses. Ainsi, tout ce qui est petit, simple, indivisible, est qualifié dñ€ℱÉlément. Voilà encore ce qui fait que les termes généraux les plus universels passent pour des éléments, attendu que chacun de ces termes, étant par lui-mÃÂȘme un et simple, se retrouve dans beaucoup dñ€ℱautres termes, et si ce nñ€ℱest dans tous, au moins dans le plus grand nombre. Cñ€ℱest ainsi quñ€ℱon a pris quelquefois pour éléments lñ€ℱunité et le point. Les genres, comme on les appelle, étant donc universels et indivisibles, car ils nñ€ℱont pas de définition possible, ont été quelquefois considérés comme des Éléments, plutÎt que la différence. Cñ€ℱest que le genre est plus universel que ne lñ€ℱest la différence, attendu que ce qui a la différence a aussi le genre à la suite, et que ce qui a le genre nñ€ℱa pas toujours la différence. Un caractÚre commun de toutes ces acceptions du mot Élément, cñ€ℱest que, pour chaque chose, lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément est la partie premiÚre et intrinsÚque de cette chose. Chapitre 4 Nature. En un premier sens, on entend par Nature la production de tout ce qui naÃt et se développe naturellement ; mais dans ce cas lñ€ℱU du mot grec qui signifie Nature est long. En un autre sens, la Nature est le principe intrinsÚque par lequel se développe tout ce qui se développe. Nature signifie encore le mouvement initial qui se retrouve dans tous les ÃÂȘtres naturels, et qui réside dans chacun dñ€ℱeux, en tant que chacun est essentiellement ce quñ€ℱil est ; car on dit des ÃÂȘtres quñ€ℱils se développent naturellement, quand ils reçoivent leur croissance de quelque autre ÃÂȘtre, soit quñ€ℱils tiennent par contact à cet ÃÂȘtre, soit quñ€ℱils empruntent leur développement à leur connexion intime avec lui, soit quñ€ℱils y adhÚrent à la maniÚre des embryons. Il y a dñ€ℱailleurs cette différence entre la connexion et le contact, que, dans le contact, il nñ€ℱy a, entre les deux ÃÂȘtres, rien absolument que le contact seul, tandis que, entre les ÃÂȘtres connexes, il existe une certaine unité qui est identique pour les deux, et qui fait que, au lieu de se toucher simplement, ils se pénÚtrent, et ne sont quñ€ℱun seul et mÃÂȘme ÃÂȘtre comme étendue et quantité, bien que leur qualité puisse ÃÂȘtre différente. La Nature est encore cette matiÚre primordiale qui fait que tous les ÃÂȘtres de la nature sont ou deviennent ce quñ€ℱils sont, matiÚre inorganisée, et qui, par sa seule force, est incapable de se modifier, elle-mÃÂȘme. Cñ€ℱest en ce sens que lñ€ℱairain est appelé la Nature de la statue et de tous les ustensiles faits de ce métal ; que le bois est appelé la Nature de tout ce qui est fait en bois. Et de mÃÂȘme pour tout le reste des choses ; car on dit de chacune des choses quñ€ℱelle est faite de ses éléments, tant que subsiste cette matiÚre initiale. Cñ€ℱest encore en ce mÃÂȘme sens que lñ€ℱon dit que les éléments sont la Nature de tous les ÃÂȘtres physiques. Selon quelques philosophes, cette Nature, cñ€ℱest le feu ; pour dñ€ℱautres, cñ€ℱest la terre ; pour ceux-ci, cñ€ℱest lñ€ℱair ; pour ceux-là , cñ€ℱest lñ€ℱeau ; pour dñ€ℱautres encore, cñ€ℱest tel autre élément ; les uns ne combinant que quelques-unes de ces substances, tandis que les autres les combinent toutes ensemble. A un autre point de vue, la Nature est la substance des ÃÂȘtres physiques, au sens oÃÂč lñ€ℱon dit que la Nature est lñ€ℱorganisation primordiale des ÃÂȘtres, [1015a] quoiquñ€ℱEmpédocle soutienne quñ€ℱil nñ€ℱy a pas à proprement parler de Nature pour un ÃÂȘtre quelconque Mais ce nñ€ℱest que mélange ou séparation Dñ€ℱÉléments mélangés ; la vague notion De ce quñ€ℱon croit Nature est un rÃÂȘve de lñ€ℱhomme. Aussi, mÃÂȘme pour les ÃÂȘtres qui existent naturellement, ou qui se développent, en ayant préalablement la matiÚre dñ€ℱoÃÂč doit venir pour eux le développement ou lñ€ℱexistence, nous ne disons pas quñ€ℱils aient leur nature propre, tant quñ€ℱils nñ€ℱont pas revÃÂȘtu leur espÚce et leur forme. Tout ÃÂȘtre est naturel, en effet, quand il est composé de lñ€ℱune et de lñ€ℱautre, la forme et lñ€ℱespÚce ; et tels sont par exemple les animaux, et les parties diverses qui les composent. Nature peut signifier aussi la matiÚre premiÚre des choses. Ces mots mÃÂȘmes de MatiÚre premiÚre peuvent recevoir un double sens. Dñ€ℱabord, PremiÚre peut sñ€ℱentendre, ou relativement à lñ€ℱobjet mÃÂȘme, ou dñ€ℱune maniÚre absolue et générale. Par exemple, pour des objets en airain, lñ€ℱairain est Premier en ce qui regarde directement ces objets ; mais, dñ€ℱune maniÚre absolue et générale, il est possible que ce soit le liquide qui, en ceci, soit le terme premier, si lñ€ℱon admet que tous les corps fusibles soient du liquide. En second lieu, la matiÚre premiÚre est encore la forme et lñ€ℱessence des choses, puisque cñ€ℱest là aussi lñ€ℱobjet final de tout ce qui se produit et se développe. Par extension métaphorique et dñ€ℱune maniÚre générale, toute substance est appelée Nature, par analogie avec cette acception du mot Nature que nous définissons ici, et qui, elle également, est une sorte de substance. Dñ€ℱaprÚs tout ce qui précÚde, la Nature, comprise en son sens premier, et en son sens propre, est la substance essentielle des ÃÂȘtres qui ont en eux-mÃÂȘmes le principe du mouvement, en tant quñ€ℱils sont ce quñ€ℱils sont ; car, si la matiÚre est appelée Nature, cñ€ℱest uniquement parce quñ€ℱelle est susceptible de recevoir ce principe de mouvement, de mÃÂȘme que toute production et tout développement naturel sont appelés Nature, parce que ce sont des mouvements qui dérivent de ce principe intérieur. Mais le principe du mouvement, pour tous les ÃÂȘtres de la nature, est précisément celui qui leur est intrinsÚque en quelque façon, soit quñ€ℱil reste à lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tat de simple puissance, soit quñ€ℱil se montre en une complÚte réalité. Chapitre 5 Nécessaire. Nécessaire signifie dñ€ℱabord ce dont la coopération est absolument indispensable pour quñ€ℱun ÃÂȘtre puisse vivre. Par exemple, la respiration et la nutrition sont nécessaires à lñ€ℱanimal, puisque, sans ces fonctions diverses, il ne saurait exister. Nécessaire signifie encore ce sans quoi le bien quñ€ℱon poursuit ne saurait avoir lieu et se produire, ou ce sans quoi le mal ne pourrait ÃÂȘtre évité ou rejeté. Ainsi, il est nécessaire de boire une médecine pour prévenir la maladie, et de faire le voyage dñ€ℱÉgine pour recouvrer lñ€ℱargent quñ€ℱon y doit toucher. Nécessaire signifie de plus ce qui est forcé, la force qui nous contraint, cñ€ℱest-à -dire ce qui nous empÃÂȘche et ce qui nous retient malgré notre désir et notre volonté Ce qui est forcé sñ€ℱappelle Nécessaire, et de là vient quñ€ℱaussi la nécessité est trÚs pénible ; car, ainsi que le dit Évenus Tout acte nécessaire est un acte pénible. Et la force est bien encore une sorte de nécessité, comme le dit Sophocle La Force me contraint à , faire tout cela. Aussi, la nécessité a-t-elle le caractÚre de quelque chose dñ€ℱinflexible ; et cñ€ℱest avec raison quñ€ℱon sñ€ℱen fait cette idée, puisquñ€ℱelle est contraire a notre mouvement, soit spontané, soit réfléchi. Quand une chose ne peut pas ÃÂȘtre autrement quñ€ℱelle nñ€ℱest, nous déclarons quñ€ℱil est nécessaire quñ€ℱelle soit ce quñ€ℱelle est ; et, à dire vrai, cñ€ℱest dñ€ℱaprÚs le Nécessaire pris en ce sens quñ€ℱon qualifie tout le reste de nécessaire. Ainsi, lñ€ℱidée de la force et de la contrainte, soit quñ€ℱon les emploie, soit quñ€ℱon les subisse, sñ€ℱapplique, en effet, [1015b] dans tous les cas oÃÂč lñ€ℱon ne peut pas agir selon sa volonté, parce quñ€ℱon est sous le coup de la contrainte, la contrainte étant alors regardée comme une nécessité qui fait quñ€ℱil nñ€ℱen peut pas ÃÂȘtre autrement. Cette nuance du Nécessaire sñ€ℱapplique également à tout ce qui coopÚre à faire vivre et à assurer le bien de la chose ; car, sñ€ℱil nñ€ℱest pas possible, ici, que le bien soit accompli, et là , que la vie et lñ€ℱexistence continuent sans certaines conditions, ces conditions sont dites nécessaires ; et la cause entendue en ce sens est bien aussi une sorte de nécessité. A un autre point de vue, la démonstration doit ÃÂȘtre rangée parmi les choses nécessaires, parce quñ€ℱil nñ€ℱest pas possible, quand une chose a été absolument démontrée, quñ€ℱelle soit autrement quñ€ℱon ne lñ€ℱa démontrée ; et la raison en est que les propositions initiales dñ€ℱoÃÂč sort le syllogisme ne peuvent pas ÃÂȘtre elles-mÃÂȘmes autrement quñ€ℱelles ne sont. Il y a des choses qui ne sont nécessaires que grùce à dñ€ℱautres, tandis quñ€ℱau contraire certaines choses nñ€ℱont besoin dñ€ℱaucun intermédiaire, et que cñ€ℱest elles qui donnent au reste le caractÚre de nécessité. Par conséquent, le Nécessaire premier et proprement dit, cñ€ℱest le Nécessaire pris en un sens absolu ; car lñ€ℱabsolu ne peut avoir plusieurs maniÚres dñ€ℱÃÂȘtre. Par suite, il ne peut pas non plus ÃÂȘtre de diverses façons, les unes opposées aux autres, puisque dÚs lors il faudrait quñ€ℱil y eût des maniÚres dñ€ℱÃÂȘtre multiples. Si donc il est des choses éternelles et immobiles, il nñ€ℱy a jamais pour elles de force qui puisse les contraindre ni violenter leur nature. Chapitre 6 Un. Un se dit dñ€ℱabord dans un sens accidentel, puis dans un sens essentiel et en soi. Par exemple, cñ€ℱest une unité accidentelle que celle qui se forme des deux mots séparés, Coriscus et Instruction, quand on dit en les réunissant Coriscus instruit. Car cñ€ℱest une seule et mÃÂȘme chose de dire Coriscus et Instruction, et de dire Coriscus instruit ; ou de réunir encore Instruction et Justice, et de dire Coriscus instruit et juste. Toutes ces locutions nñ€ℱexpriment quñ€ℱune unité purement accidentelle. Dñ€ℱune part, lñ€ℱinstruction et la justice forment une unité, parce quñ€ℱelles appartiennent accidentellement à une seule individualité substantielle ; et, dñ€ℱautre part, lñ€ℱinstruction et Coriscus forment aussi quelque chose dñ€ℱUn, parce que ce sont accidentellement les attributs lñ€ℱun de lñ€ℱautre. De mÃÂȘme encore, on peut aller jusquñ€ℱà dire que Coriscus instruit ne fait quñ€ℱun avec Coriscus, parce que lñ€ℱune des deux parties de lñ€ℱexpression se rapporte à lñ€ℱautre comme attribut, cñ€ℱest-à -dire que le terme dñ€ℱinstruit est lñ€ℱattribut de Coriscus ; de mÃÂȘme que Coriscus instruit ne fait quñ€ℱun avec Coriscus juste, parce quñ€ℱune partie des deux expressions est lñ€ℱattribut accidentel dñ€ℱun seul et mÃÂȘme sujet, qui est Un. Et en effet, il nñ€ℱy a pas de différence à dire que lñ€ℱinstruction est lñ€ℱattribut de Coriscus, ou que le second terme est, à lñ€ℱinverse, lñ€ℱattribut du premier. Il en est de mÃÂȘme aussi quand lñ€ℱaccident est lñ€ℱattribut du genre, ou dñ€ℱun des termes généraux. Par exemple, lñ€ℱhomme est la mÃÂȘme chose et le mÃÂȘme ÃÂȘtre que lñ€ℱhomme instruit ; soit parce que lñ€ℱhomme qui est une substance Une, a pour attribut lñ€ℱinstruction, soit parce que ces deux termes, homme et instruction, sont attribués à un seul individu, qui est, si lñ€ℱon veut, Coriscus. Toutefois, on peut remarquer que les deux termes ne sont pas alors attribués de la mÃÂȘme maniÚre lñ€ℱun et lñ€ℱautre ; car lñ€ℱun est attribué, si lñ€ℱon veut, en tant que genre et comme inhérent à la substance, tandis que lñ€ℱautre nñ€ℱest quñ€ℱun état, ou une simple qualité, de la substance individuelle. Voilà donc en quel sens il faut entendre le mot Un, toutes les fois quñ€ℱil sñ€ℱagit dñ€ℱunité accidentelle. Quant à tout ce qui est Un essentiellement et en soi, on dit dñ€ℱune chose quñ€ℱelle est Une, uniquement à cause de sa continuité matérielle. Ainsi, grùce au lien qui attache le fagot, on dit que le fagot est Un ; la colle forte qui rassemble les morceaux de bois fait quñ€ℱils sont Uns. [1016a] Cñ€ℱest encore ainsi que la ligne, mÃÂȘme quand elle est courbe, est dite Une, parce quñ€ℱelle est continue, comme dans le corps humain un membre est Un à la mÃÂȘme condition, la jambe, par exemple, ou le bras. Mais, sous ce rapport, il y a plus dñ€ℱunité dans les objets continus de la nature que dans les objets qui sont le produit de lñ€ℱart. Dñ€ℱailleurs, on entend par continu tout ce qui, essentiellement et en soi, nñ€ℱa quñ€ℱun seul et unique mouvement, sans pouvoir en avoir dñ€ℱautre. Le mouvement Un est celui qui est indivisible ; et je veux dire, indivisible selon le temps. Les choses qui sont essentiellement continues sont celles dont lñ€ℱunité ne tient pas simplement au contact. Vous auriez beau placer des bouts de bois de maniÚre à ce quñ€ℱils se touchassent entre eux, vous ne pourriez pas dire pour cela quñ€ℱils forment une unité, ni comme bois ni comme corps, ni quñ€ℱils aient non plus telle autre espÚce de continuité. Les choses absolument continues sont Unes, mÃÂȘme quand elles ont une courbure, mais, à plus forte raison, quand elles nñ€ℱen ont pas. Ainsi, la jambe, ou la cuisse, est plus Une que le membre tout entier, parce que le mouvement de la jambe entiÚre, cuisse et jambe, peut nñ€ℱÃÂȘtre pas Un. Par la mÃÂȘme raison, une ligne droite est plus Une que ne lñ€ℱest une ligne courbe. Une ligne qui est courbe, et qui a des angles, peut ÃÂȘtre considérée tout à la fois comme étant Une, ou nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tant pas Une, parce que le mouvement peut tout aussi bien, ou en ÃÂȘtre simultané, ou ne pas lñ€ℱÃÂȘtre. Mais, pour la ligne droite, le mouvement est toujours simultané, attendu que, parmi ses parties, ayant quelque étendue, aucune ne peut, celle-ci ÃÂȘtre en repos et celle-là se mouvoir, comme cela se peut pour la ligne courbe. En un autre sens, une chose peut ÃÂȘtre considérée comme Une, par cela seul que le sujet en question ne présente pas de différence spécifique. Les sujets sont sans différence spécifique, quand lñ€ℱobservation sensible nñ€ℱy découvre pas de division dñ€ℱespÚce. Par sujet, on entend ici, soit le terme primitif, soit le terme dernier, le plus rapproché de la fin de lñ€ℱespÚce mÃÂȘme. Par exemple, on dit du vin quñ€ℱil est Un, et de lñ€ℱeau quñ€ℱelle est Une, parce que spécifiquement ils sont indivisibles lñ€ℱun et lñ€ℱautre. Tous les liquides aussi peuvent ÃÂȘtre considérés comme formant une unité, lñ€ℱhuile, le vin et tous les corps liquéfiables, parce que pour tous les liquides le sujet dernier est le mÃÂȘme, je veux dire, lñ€ℱeau et lñ€ℱair, dont tous sont formés. On dit encore de certaines choses quñ€ℱelles sont Unes, toutes les fois que, le genre de ces choses restant Un, elles nñ€ℱoffrent néanmoins que des différences opposées. Alors, tous les objets que le genre renferme forment une unité, parce que le genre soumis à ces différences est Un et le mÃÂȘme. Par exemple, le cheval, lñ€ℱhomme, le chien forment cette sorte dñ€ℱunité, en tant quñ€ℱils sont tous des animaux. Et en effet, tout cela se rapproche et se confond, de mÃÂȘme que leur matiÚre est Une. Parfois, ce sont les espÚces comme celles-là qui forment une unité ; dñ€ℱautres fois, cñ€ℱest le genre supérieur qui est considéré comme identique ; cñ€ℱest-à -dire que quand les espÚces sont les derniÚres du genre, cñ€ℱest le genre qui est au-dessus dñ€ℱelles. Ainsi, par exemple, le triangle isocÚle et le triangle équilatéral sont une seule et mÃÂȘme figure, en tant que ce sont des triangles ; mais ce ne sont pas les mÃÂȘmes triangles. On attribue encore lñ€ℱidée dñ€ℱunité à toutes les choses dont la définition essentielle, cñ€ℱest-à -dire la définition expliquant que la chose est ce quñ€ℱelle est, ne peut ÃÂȘtre séparée dñ€ℱune autre définition, qui exprime aussi la véritable essence de la chose et la fait ce quñ€ℱelle est ; car toute définition prise en elle-mÃÂȘme est divisible et séparable. Cñ€ℱest ainsi que lñ€ℱÃÂȘtre qui se développe et lñ€ℱÃÂȘtre qui dépérit sont cependant un seul et mÃÂȘme ÃÂȘtre, parce que la définition reste Une, de mÃÂȘme que la définition spécifique reste Une aussi pour toutes les surfaces, puisquñ€ℱelles ont toujours longueur et largeur. [1016b] En général, on appelle éminemment Unes toutes les choses dont la pensée, sñ€ℱappliquant à leur essence, est indivisible, et ne peut jamais en séparer quoi que ce soit, ni dans le temps, ni dans lñ€ℱespace, ni en notion. Cette idée dñ€ℱunité ainsi comprise sñ€ℱadresse surtout aux substances. Ainsi, les termes généraux sont appelés Uns en tant quñ€ℱils nñ€ℱont pas de division possible. Par exemple, lñ€ℱhomme est Un, parce quñ€ℱil est indivisible en tant quñ€ℱhomme ; lñ€ℱanimal est Un, parce quñ€ℱil est indivisible en tant quñ€ℱanimal ; la grandeur est Une, parce quñ€ℱelle est également indivisible en tant que grandeur. Le plus souvent, les choses sont appelées Unes, parce quñ€ℱelles produisent quelque autre chose en commun, ou quñ€ℱelles la souffrent, ou quñ€ℱelle la possÚdent, ou parce quñ€ℱelles ont une unité relative et indirecte. Mais au sens primordial du mot, les choses sont Unes quand leur substance est identique et Une. Or, la substance est Une, soit par la continuité, soit par la forme, soit par la définition ; car nous attribuons la pluralité numérique aux choses qui ne sont pas continues, ou dont la forme nñ€ℱest pas la mÃÂȘme, ou la définition nñ€ℱest pas identique et Une. Parfois encore, nous disons dñ€ℱune chose quelconque quñ€ℱelle est Une, par cela seul que cette chose a une certaine quantité, et quñ€ℱelle est continue. Mais parfois cela mÃÂȘme ne suffit pas, et il faut en outre que cette chose compose un tout ; en dñ€ℱautres termes, il faut quñ€ℱelle ait une forme qui soit Une. Par exemple, nous ne dirions pas également dñ€ℱune chaussure quñ€ℱelle est Une, par cela seul que nous en verrions les diverses parties posées dans un ordre quelconque, ces parties fussent-elles mÃÂȘme continues ; mais la chaussure nñ€ℱest Une à nos yeux que si les diverses parties représentent, en effet, une chaussure, et quñ€ℱelles aient une forme Une et convenable. Cñ€ℱest là ce qui fait que, parmi les lignes de divers genres, cñ€ℱest celle du cercle qui est la plus Une, parce que cette ligne est entiÚre et complÚte. Cñ€ℱest la notion de lñ€ℱunité qui est le principe du nombre, parce que cñ€ℱest la mesure primordiale qui est le principe. Dans chaque genre de choses, cñ€ℱest ce qui fait primitivement connaÃtre la chose qui est la mesure premiÚre de ce genre. Or, le principe qui nous fait tout dñ€ℱabord connaÃtre les choses, cñ€ℱest lñ€ℱunité dans chacune dñ€ℱelles. Seulement, lñ€ℱunité nñ€ℱest pas la mÃÂȘme dans tous les genres sans distinction. En musique, lñ€ℱunité est le quart de ton ; en grammaire, cñ€ℱest la voyelle ou la consonne. Pour le poids, lñ€ℱunité est autre, comme elle est différente aussi pour le mouvement. Mais, dans tous les cas, lñ€ℱunité est indivisible soit en espÚce, soit en quantité. Ce qui est indivisible en quantité et en tant que quantité, et est indivisible en tous sens, mais sans avoir de position, cñ€ℱest lñ€ℱunité numérique, la monade. Ce qui est indivisible en tous sens, mais qui a une position, cñ€ℱest le point. La ligne nñ€ℱest divisible quñ€ℱen un sens ; la surface lñ€ℱest en deux sens ; et le corps est divisible dans tous les sens, cñ€ℱest-à -dire dans les trois dimensions. Et en descendant selon lñ€ℱordre inverse, ce qui est divisible en deux sens, cñ€ℱest la surface ; ce qui lñ€ℱest en un seul, cñ€ℱest la ligne ; ce qui est absolument indivisible sous le rapport de la quantité, cñ€ℱest le point, et lñ€ℱunité ou monade, la monade nñ€ℱayant pas de position, et le point en ayant une dans lñ€ℱespace. On peut dire encore que lñ€ℱunité dans les choses tient, soit à leur nombre, soit à leur espÚce, soit à leur genre, soit à leur proportion relativement à dñ€ℱautres. Lñ€ℱunité numérique résulte de ce que la matiÚre est Une ; lñ€ℱunité dñ€ℱespÚce, de ce que la définition est Une et la mÃÂȘme ; lñ€ℱunité de genre, de ce que les choses sont comprises sous la mÃÂȘme forme dñ€ℱattribution ou de catégorie ; lñ€ℱunité de proportion résulte de ce que les choses sont avec dñ€ℱautres dans une relation pareille. Dñ€ℱailleurs, les termes postérieurs sont toujours contenus dans les. termes précédents et à leur suite. Ainsi, tout ce qui est Un en nombre est Un aussi en espÚce, bien que réciproquement tout ce qui est Un en espÚce ne le soit pas toujours numériquement. Tout ce qui est Un en espÚce est Un aussi en genre ; [1017a] mais tout ce qui est Un en genre nñ€ℱest pas Un en espÚce, si ce nñ€ℱest proportionnellement et par analogie ; et tout ce qui est Un par proportion relative nñ€ℱest pas toujours Un en genre. Enfin, il est bien clair que la pluralité est lñ€ℱopposé de lñ€ℱunité. Ainsi, la pluralité pour les choses résulte, tantÎt de ce quñ€ℱelles ne sont pas continues, tantÎt de ce que leur matiÚre spécifique, soit primordiale, soit derniÚre, est divisible, et tantÎt de ce quñ€ℱil y a pour elles des définitions différentes, pour exprimer leur essence et ce quñ€ℱelles sont en elles-mÃÂȘmes. Chapitre 7 ÃƠtre. Le mot dñ€ℱÃƠtre peut ÃÂȘtre pris en un sens indirect et relatif, ou en un sens essentiel et en soi. Un sens indirect dñ€ℱÃƠtre, cñ€ℱest quand on dit, par exemple, que le juste est instruit et que lñ€ℱhomme est instruit, ou quand on dit lñ€ℱÃÂȘtre instruit est homme, sñ€ℱexprimant en ceci à peu prÚs comme on le fait quand on dit que lñ€ℱhomme instruit bùtit une maison, parce que lñ€ℱarchitecte de la maison a la qualité indirecte dñ€ℱÃÂȘtre instruit, ou parce que lñ€ℱhomme instruit a la qualité indirecte dñ€ℱÃÂȘtre architecte. Car dire quñ€ℱune chose est telle chose, cela revient à dire que cette seconde chose est lñ€ℱattribut de la premiÚre. On voit quñ€ℱil en est ainsi pour les exemples que nous venons de citer ; car, lorsque nous disons que lñ€ℱhomme est instruit, ou quand nous disons que lñ€ℱÃÂȘtre instruit est homme, et encore quand nous disons que lñ€ℱhomme blanc est instruit, ou que lñ€ℱhomme instruit est blanc, cñ€ℱest que, dans ce second cas, les deux termes sont les attributs ou accidents dñ€ℱun seul et mÃÂȘme ÃÂȘtre, et que, dans le premier cas, lñ€ℱattribut sñ€ℱapplique à lñ€ℱÃÂȘtre directement. Quand on dit que lñ€ℱhomme est instruit, cñ€ℱest que Instruit est son attribut. Cñ€ℱest encore ainsi que lñ€ℱon dit que le Non-blanc est quelque chose, parce que la chose à laquelle on joint cet attribut a, en effet, lñ€ℱexistence actuelle quñ€ℱon lui prÃÂȘte. Ainsi, les choses qui ne sont quñ€ℱindirectement et auxquelles on nñ€ℱaccorde quñ€ℱun rÎle dñ€ℱattributs, sont exprimées sous cette forme, soit parce que les deux attributs appartiennent au mÃÂȘme ÃÂȘtre, soit parce quñ€ℱils sont attribués séparément à cet ÃÂȘtre, soit parce que lñ€ℱÃÂȘtre dans lequel ils existent est précisément celui qui leur est attribué. Lñ€ℱÃƠtre est en soi et est essentiellement dans toutes les nuances oÃÂč lñ€ℱexpriment les diverses formes de catégories ; car autant il y a de classes de catégories, autant de fois elles expriment lñ€ℱÃƠtre. Ainsi, parmi les catégories, les unes expriment lñ€ℱexistence de la chose ; les autres expriment sa qualité ; dñ€ℱautres encore, sa quantité ; celles-ci, sa relation ; celles-là , son action et sa passion ; dñ€ℱautres, le lieu oÃÂč elle est ; dñ€ℱautres enfin, le temps. Lñ€ℱÃƠtre a la mÃÂȘme acception dans chacune dñ€ℱelles ; car il nñ€ℱy a pas la moindre différence à dire que lñ€ℱhomme Est bien portant, ou que lñ€ℱhomme se porte bien ; pas plus quñ€ℱil nñ€ℱy en a à dire que lñ€ℱhomme Est en marche, quñ€ℱil Est occupé à couper quelque chose, ou bien à dire quñ€ℱil marche ou quñ€ℱil coupe. MÃÂȘme observation pour les autres catégories. A un autre point de vue, lñ€ℱidée dñ€ℱÃƠtre, lñ€ℱidée quñ€ℱune chose Est, signifie que cette chose est vraie. Dire quñ€ℱune chose nñ€ℱEst pas, cñ€ℱest dire aussi quñ€ℱelle nñ€ℱest pas vraie et quñ€ℱelle est fausse. Lñ€ℱaffirmation et la négation sont ici sur le mÃÂȘme pied. Par exemple, on dit que Socrate est instruit, parce que cela est vrai ; ou que Socrate est Non blanc, ce qui est également vrai. Mais quand on dit que la diagonale est commensurable, cela nñ€ℱEst pas, parce que cñ€ℱest faux. [1017b] Enfin, quand on dit dñ€ℱune chose quñ€ℱelle Est, quñ€ℱon la dit ÃÂȘtre, cette expression peut signifier tout à la fois que les objets dont il est question sont en puissance, quñ€ℱils peuvent ÃÂȘtre, ou bien quñ€ℱils sont en pleine et entiÚre réalité. Ainsi, quand nous disons dñ€ℱun ÃÂȘtre quñ€ℱil voit, cela peut vouloir dire tout aussi bien que cet ÃÂȘtre a la puissance de voir, ou quñ€ℱil voit effectivement. De mÃÂȘme Savoir peut signifier tout ensemble pouvoir se servir de la science, ou sñ€ℱen servir actuellement et en réalité. De mÃÂȘme encore, on dit dñ€ℱune chose quñ€ℱelle est en repos, soit que cette chose soit déjà en repos réel, soit quñ€ℱelle puisse y ÃÂȘtre. La mÃÂȘme distinction pourrait sñ€ℱappliquer également à toutes les réalités. Ainsi, lñ€ℱon dit que la statue de Mercure Est dans le marbre, oÃÂč elle sera taillée, que la moitié Est dans la ligne, oÃÂč elle sera prise ; et lñ€ℱon parle du froment, mÃÂȘme quand il nñ€ℱest pas encore mûr. Du reste, nous dirons plus tard les différents cas oÃÂč la chose est en puissance, et ceux oÃÂč elle nñ€ℱy est pas. Chapitre 8 Substance. Substance se dit des corps simples, tels que la terre, le feu, lñ€ℱeau et tous les éléments analogues à ceux-là ; ce mot se dit des corps en général, et des animaux qui en viennent, ou des corps célestes, et des parties dont ils sont formés. Tous ces ÃÂȘtres sont appelés des substances, parce quñ€ℱils ne peuvent jamais ÃÂȘtre pris pour attributs dñ€ℱun sujet, et quñ€ℱau contraire ils sont les sujets auxquels tout le reste est attribué. Dans un autre sens, on entend par Substance ou essence, tout ce qui est la cause intrinsÚque de lñ€ℱexistence, dans les ÃÂȘtres qui ne sont pas faits pour ÃÂȘtre jamais les attributs dñ€ℱun sujet quelconque. Cñ€ℱest ainsi quñ€ℱon dit de lñ€ℱñme quñ€ℱelle est la substance, ou lñ€ℱessence, de lñ€ℱÃÂȘtre animé. Substance signifie encore toutes les parties qui, dans les ÃÂȘtres comme ceux dont nous venons de parler, définissent et expriment ce que ces ÃÂȘtres sont en eux-mÃÂȘmes, et dont la suppression entraÃne la suppression de lñ€ℱÃÂȘtre total. Par exempte, la surface étant anéantie, le corps est anéanti en mÃÂȘme temps, comme le disent quelques philosophes ; et la surface disparaÃt, si la ligne vient à disparaÃtre. Aussi, et dñ€ℱune maniÚre plus générale encore, a-t-on dit quñ€ℱil en est de mÃÂȘme du nombre ; car, le nombre étant anéanti, il ne reste plus rien, cñ€ℱest à dire que le nombre est considéré comme tenant cette place et déterminant toutes choses. Enfin, on appelle substance, dans chaque chose, ce qui la fait ce quñ€ℱelle est, et ce dont lñ€ℱexplication constitue la définition essentielle de cette chose. En résumé, il y a deux acceptions de ce mot Substance dñ€ℱabord, cñ€ℱest le sujet dernier, qui nñ€ℱest plus lñ€ℱattribut de quoi que ce soit, et qui est un ÃÂȘtre spécial, séparé de tout autre ; en dñ€ℱautres termes, cñ€ℱest précisément, dans chaque ÃÂȘtre individuel, sa forme et son espÚce. Chapitre 9 Identité. Les choses sont dites identiques entre elles en un premier sens, qui est indirect. Par exemple, on peut dire que le Blanc et lñ€ℱInstruit sont choses identiques, parce que ce sont les attributs dñ€ℱun mÃÂȘme ÃÂȘtre identique. On peut dire aussi que Homme et Instruit sont identiques, parce que lñ€ℱun de ces termes est réciproquement lñ€ℱattribut de lñ€ℱautre. De mÃÂȘme, on dit que lñ€ℱÃÂȘtre instruit est homme, parce que lñ€ℱinstruction est lñ€ℱattribut de lñ€ℱhomme. Instruit peut ÃÂȘtre à lñ€ℱun et à lñ€ℱautre séparément, de mÃÂȘme que chacun de ces termes peut-ÃÂȘtre lñ€ℱattribut dñ€ℱInstruit. En effet, lñ€ℱhomme et lñ€ℱÃÂȘtre instruit sont dits identiques à lñ€ℱhomme instruit ; et lñ€ℱhomme instruit est identique aux deux autres termes séparés. Aussi, aucune de ces expressions ne peuvent-elles jamais ÃÂȘtre employées dñ€ℱune maniÚre générale ; car il ne serait pas exact de dire que tout Homme sans exception et Instruit soient identiques. Cñ€ℱest que les termes généraux existent en soi et dñ€ℱune existence propre, tandis que les attributs accidentels nñ€ℱexistent pas en eux-mÃÂȘmes, [1018b] et quñ€ℱils ne peuvent ÃÂȘtre attribués absolument quñ€ℱà des ÃÂȘtres particuliers et individuels. Si Socrate peut bien ÃÂȘtre pris pour identique à Socrate instruit, cñ€ℱest que le terme de Socrate nñ€ℱest pas applicable à plusieurs ÃÂȘtres, et que lñ€ℱon ne dit pas Tout Socrate comme on dit Tout homme. Il y a donc des choses quñ€ℱon appelle identiques dans le sens quñ€ℱon vient dñ€ℱexposer. Mais il y a aussi des choses identiques en soi et essentiellement, ainsi quñ€ℱil y a des choses qui sont Unes en soi ; car pour tous les ÃÂȘtres dont la matiÚre est une en espÚce ou en nombre, on dit quñ€ℱils sont identiquement les mÃÂȘmes, comme on le dit des choses dont la substance est une et identique. Il sñ€ℱensuit quĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©videmment lñ€ℱidentité est une sorte dñ€ℱunité dñ€ℱexistence, soit quñ€ℱil sñ€ℱagisse de plusieurs ÃÂȘtres distincts, soit quñ€ℱil sñ€ℱagisse dñ€ℱun ÃÂȘtre unique, quñ€ℱon regarde comme plusieurs. Cñ€ℱest ainsi quñ€ℱon dit, par exemple, quñ€ℱun seul et mÃÂȘme ÃÂȘtre est identique à lui- mÃÂȘme ; et alors, on considÚre cet ÃÂȘtre unique comme sñ€ℱil était deux ÃÂȘtres au lieu dñ€ℱun. On dit des choses quñ€ℱelles sont Autres quand leurs espÚces sont multiples, ou quand cñ€ℱest leur matiÚre ou leur définition essentielle qui le sont. Dñ€ℱune maniÚre générale, Autre est une expression opposée à celle dñ€ℱIdentique. On dit des choses quñ€ℱelles sont Différentes, lorsquñ€ℱelles sont Autres, tout en étant dñ€ℱailleurs identiques sous un certain point de vue, pourvu seulement que ce ne soit pas en nombre, mais que ce soit en espÚce, ou en genre, ou par une analogie proportionnelle. On appelle encore Différentes les choses dont le genre est autre, et les choses qui sont contraires entre elles ; en un mot, toutes celles qui, dans leur substance, renferment la diversité qui les fait Autres, On appelle Semblables les choses qui éprouvent complÚtement la mÃÂȘme modification, et celles qui éprouvent plus de modifications identiques que de modifications différentes. Les choses sont Semblables encore quand elles ont une seule et mÃÂȘme qualité ; et dans les cas oÃÂč les choses peuvent changer de contraires en contraires, la chose qui peut en subir aussi le plus, ou du moins en subir les principaux, est semblable à la chose quñ€ℱon lui compare. Les choses dissemblables sont dites par opposition aux choses semblables. Chapitre 10 Opposé. On appelle Opposés les deux termes de la contradiction, les Contraires, les Relatifs, la Privation et la Possession, et les états, soit primordiaux dñ€ℱoÃÂč sortent les ÃÂȘtres, soit derniers dans lesquels ils se dissolvent, cñ€ℱest-à -dire, leurs productions et leurs destructions. Pour les attributs qui ne peuvent appartenir simultanément au mÃÂȘme sujet, incapable dñ€ℱailleurs de les recevoir tous les deux lñ€ℱun aprÚs lñ€ℱautre, on dit quñ€ℱils sont Opposés, soit quñ€ℱon les considÚre eux-mÃÂȘmes, soit quñ€ℱon regarde aux principes dñ€ℱoÃÂč ils sont sortis. Ainsi, par exemple, le brun et le blanc nñ€ℱappartiennent jamais à la fois au mÃÂȘme objet ; et voilà pourquoi les principes dñ€ℱoÃÂč ils sortent sont également opposés entre eux. On entend par Contraires les termes qui, étant de genres différents, ne peuvent se rencontrer simultanément dans un seul et mÃÂȘme sujet ; les termes qui dans un mÃÂȘme genre diffÚrent le plus possible entre eux ; les termes qui diffÚrent le plus possible dans un seul et mÃÂȘme sujet, capable de les recevoir tour à tour ; les termes qui diffÚrent le plus possible, tout en ayant la mÃÂȘme puissance ; enfin, les termes dont la différence est la plus grande possible, soit absolument, soit en genre, soit en espÚce. Les Contraires autres que ceux-là sont appelés aussi de ce nom, tantÎt parce quñ€ℱils ont les mÃÂȘmes contraires que ceux quñ€ℱon vient de dire, tantÎt parce quñ€ℱils sont susceptibles de les recevoir, tantÎt parce quñ€ℱils peuvent les faire ou les souffrir, tantÎt parce quñ€ℱils les font ou les souffrent effectivement, tantÎt parce quñ€ℱils les perdent ou les acquiÚrent, les possÚdent ou en sont privés. Lñ€ℱUn et lñ€ℱÃƠtre étant pris en plusieurs acceptions, cñ€ℱest une conséquence nécessaire que tout ce qui leur est attribué ait tout autant dñ€ℱacceptions diverses. Ainsi, le MÃÂȘme ou lñ€ℱIdentique, lñ€ℱAutre, le Contraire sont pris dans des sens aussi nombreux ; et par suite, le sens dñ€ℱAutre est différent, selon chacune des catégories. On appelle Autres, sous le rapport de lñ€ℱespÚce, toutes les choses qui, faisant partie du mÃÂȘme genre, ne sont pas cependant subordonnées les unes aux autres ; [1018b] toutes celles qui, étant du mÃÂȘme genre, offrent une différence entre elles ; enfin, toutes celles qui sont contraires en substance. Les Contraires sont spécifiquement Autres aussi les uns à lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©gard des autres, soit tous sans exception, soit du moins les contraires primitifs, soit lorsque, étant dans la derniÚre espÚce du genre, les choses comportent des définitions Autres. Tels sont, par exemple, lñ€ℱhomme et le cheval, dont le genre est indivisible, mais dont cependant les définitions sont différentes. Enfin, on appelle Contraires toutes les choses qui, étant dans la mÃÂȘme substance, ont néanmoins une différence. Les choses sont spécifiquement les MÃÂȘmes, quand elles sont exprimées dñ€ℱune maniÚre opposée à celles quñ€ℱon vient dñ€ℱanalyser. Chapitre 11 Antérieur et Postérieur. Antérieur et Postérieur ne sñ€ℱappliquent aux diverses choses que parce quñ€ℱon suppose, dans chaque genre, un certain primitif, et un certain principe, qui sert de point de départ ; et alors, lñ€ℱAntérieur est ce qui se rapproche le plus du principe, qui est déterminé ou absolument et par la nature, ou qui est relatif, ou qui est dans certains lieux, ou qui est sous certaines conditions. Ainsi, pour ce qui regarde le lieu, les choses sont antérieures, parce quñ€ℱelles sont plus rapprochées dñ€ℱun certain lieu déterminé, soit par la nature, comme le milieu par exemple, ou lñ€ℱextrémité, soit dñ€ℱun lieu pris arbitrairement. Ce qui en est plus éloigné est Postérieur. A la place du lieu, ce peut ÃÂȘtre le temps, qui détermine lñ€ℱAntériorité et la Postériorité. Lñ€ℱAntérieur, en ce cas, est ce qui est plus éloigné de lñ€ℱinstant présent, quand il est question du passé. Ainsi, la guerre de Troie est antérieure à la guerre Médique, parce quñ€ℱelle est beaucoup plus loin du moment oÃÂč lñ€ℱon parle. Parfois, les choses sont dites Antérieures dans le temps, parce quñ€ℱelles sont au contraire plus rapprochées du moment oÃÂč lñ€ℱon est, comme cñ€ℱest le cas pour les choses de lñ€ℱavenir. Ainsi, les Jeux Néméens sont Antérieurs aux Jeux Pythiques, parce quñ€ℱils sont plus prÚs de lñ€ℱinstant actuel, cet instant étant pris comme principe et point de départ primitif. Dñ€ℱautres fois, lñ€ℱAntérieur se rapporte au mouvement ; et alors, Antérieur signifie ce qui se rapproche davantage du premier moteur. Cñ€ℱest ainsi que lñ€ℱenfant est Antérieur à lñ€ℱhomme ; et, dans ce cas, le principe quñ€ℱon adopte est considéré comme une sorte de principe absolu. Dñ€ℱautres fois encore, lñ€ℱAntérieur sñ€ℱentend de la puissance ; et alors, lñ€ℱAntérieur est ce qui a une puissance prépondérante, ce qui est plus puissant. Par là , on entend une chose quñ€ℱune autre chose doit suivre, de toute nécessité, dans ses tendances diverses, cette seconde chose ne venant quñ€ℱaprÚs lñ€ℱautre, de telle sorte que, si la premiÚre ne donne pas le mouvement, la seconde ne lñ€ℱa pas ; et que, si la premiÚre au contraire le donne, la seconde est mue à son tour. Or, cñ€ℱest la tendance de la premiÚre chose qui est ici le principe. Lñ€ℱAntérieur se rapporte encore à lñ€ℱordre et à la position ; et ce sens dñ€ℱAntérieur sñ€ℱapplique partout oÃÂč les choses ont une distance proportionnelle par rapport à un objet donné. Par exemple, le suivant du Coryphée est Antérieur à lñ€ℱhomme du troisiÚme rang, de mÃÂȘme que lñ€ℱavant-derniÚre corde est Antérieure à la derniÚre. Ici cñ€ℱest le Coryphée qui sert de principe ; et là , cñ€ℱest la corde moyenne. Voilà donc une premiÚre nuance du mot Antérieur, pour les choses dont on vient de parler. Dans une autre nuance, lñ€ℱAntérieur se rapporte à la connaissance ; et cñ€ℱest aussi un Antérieur absolu. Pour ce genre dñ€ℱAntériorité, les choses diffÚrent selon que la connaissance sñ€ℱadresse à la raison ou à la sensibilité. Dans lñ€ℱordre de la raison, cñ€ℱest lñ€ℱuniversel qui est Antérieur ; pour la sensibilité, cñ€ℱest lñ€ℱindividuel. En raison, lñ€ℱattribut est Antérieur au tout que forment lñ€ℱattribut et le sujet, réunis. Par exemple, Instruit est Antérieur à Homme instruit ; car la notion totale nñ€ℱest pas possible sans la partie, quoique Instruit ne puisse pas exister seul, sñ€ℱil nñ€ℱy a pas quelquñ€ℱun qui soit instruit. Antérieur sñ€ℱapplique encore aux qualités des choses qui sont antérieures ; et cñ€ℱest ainsi que la rectitude dñ€ℱune ligne peut ÃÂȘtre dite Antérieure au poli dñ€ℱune surface ; car lñ€ℱune est une qualité essentielle de la ligne, tandis que lñ€ℱautre ne concerne que la surface simplement. [1019a] Cñ€ℱest bien là ce quñ€ℱon entend par Antérieur et Postérieur. Mais, en nature et en essence, les Antérieurs sont les choses qui peuvent exister indépendamment dñ€ℱautres choses, tandis que ces autres choses ne peuvent pas exister sans elles, distinction établie déjà par Platon. Mais, comme le mot dñ€ℱÃƠtre peut sñ€ℱentendre en plusieurs sens, cñ€ℱest le sujet dñ€ℱabord qui est Antérieur à tout ; et voilà comment aussi la substance est Antérieure au reste. Puis, à un autre point de vue, il faut distinguer ici les simples possibilités et les réalités. Il y a des choses qui sont Antérieures en puissance ; dñ€ℱautres qui le sont en réalité. Par exemple, en puissance la moitié de la ligne est Antérieure à la ligne entiÚre ; la partie est Antérieure au tout, et la matiÚre lñ€ℱest à la substance. Mais en réalité, elle est postérieure ; car il faut que dñ€ℱabord lñ€ℱactualité ait disparu pour que la puissance existe à son tour. A certain égard, toutes les choses quñ€ℱon appelle Antérieures et Postérieures rentrent dans ces derniÚres nuances ; car, en fait de production, les unes peuvent ÃÂȘtre sans les autres, le tout, par exemple, pouvant ÃÂȘtre sans les parties, tandis quñ€ℱen fait de destruction, la partie peut ÃÂȘtre détruite sans que le tout soit détruit. Et ainsi du reste. Chapitre 12 Puissance. Puissance désigne dñ€ℱabord le principe du mouvement, ou du changement quelconque, dans un autre ÃÂȘtre, en tant quñ€ℱil est autre. Par exemple, la puissance de construire ne se trouve pas dans le bùtiment qui est construit ; et si la puissance de guérir peut se trouver dans lñ€ℱÃÂȘtre qui est guéri, ce nñ€ℱest pas du moins en tant quñ€ℱil est guéri. Si donc, généralement parlant, la puissance est le principe du mouvement, ou du changement, dans un autre en tant quñ€ℱil est autre, elle peut ÃÂȘtre aussi pour lñ€ℱÃÂȘtre lui-mÃÂȘme la puissance dñ€ℱÃÂȘtre mû par un autre en tant quñ€ℱautre. Cñ€ℱest la Puissance qui fait quñ€ℱun ÃÂȘtre qui souffre, souffre une certaine action. TantÎt nous employons cette expression générale, parce que la chose peut souffrir une affection quelconque ; et tantÎt, cette expression ne sñ€ℱapplique pas à toute affection indistinctement, mais aux seules affections qui améliorent. Parfois encore, la puissance exprime la faculté dñ€ℱachever une chose comme il convient, ou selon la libre volonté quñ€ℱon en a. Cñ€ℱest ainsi, en effet, que, de gens qui nñ€ℱont fait que venir ou que parler, mais qui ne lñ€ℱont pas bien fait, ou qui mÃÂȘme seulement ne lñ€ℱont pas fait selon leur gré, nous disons quñ€ℱils nñ€ℱont pas pu venir ou parler. MÃÂȘme remarque sñ€ℱil sñ€ℱagissait de la. passion au lieu de lñ€ℱaction. On appelle encore Puissances tous les états dans lesquels les choses sont, ou absolument impossibles, ou immuables, ou tout au moins trÚs peu susceptibles dñ€ℱun mouvement qui puisse les détériorer ; car lorsquñ€ℱune chose est brisée, broyée, tordue, en un mot lorsquñ€ℱelle est détruite, ce nñ€ℱest pas apparemment parce quñ€ℱelle peut, cñ€ℱest au contraire parce quñ€ℱelle ne peut pas, et quñ€ℱil lui manque quelque chose. Sous ce rapport, on appelle impassibles les choses qui souffrent à peine, ou qui ne souffrent quñ€ℱà la longue, à cause de la puissance quñ€ℱelles possÚdent, ou de la puissance quñ€ℱelles exercent, ou de lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tat dans lequel elles se trouvent. Comme le mot Puissance a tous les sens différents quñ€ℱon vient de voir, on dira aussi dñ€ℱune chose quñ€ℱelle est Possible dans des acceptions diverses lñ€ℱune dñ€ℱabord, quand la chose a son principe de mouvement, ou de changement quelconque, dans un autre en tant quñ€ℱautre ; car ce qui produit le repos est bien aussi une puissance dñ€ℱun certain genre. En second lieu, quand cñ€ℱest une autre partie dñ€ℱelle-mÃÂȘme qui a cette puissance. [1019b] Enfin, dans une troisiÚme acception, quand la chose a cette puissance de changer, dñ€ℱune maniÚre quelconque, soit en bien, soit en mal ; car ce qui est détruit semble bien avoir la puissance dñ€ℱÃÂȘtre détruit, ou du moins il nñ€ℱaurait pas été détruit sñ€ℱil avait été dans lñ€ℱimpossibilité de lñ€ℱÃÂȘtre. Mais cet ÃÂȘtre qui peut ÃÂȘtre détruit doit bien avoir maintenant un certain état, un principe, une cause, qui fait quñ€ℱil souffre ce quñ€ℱil souffre. Parfois, la chose semble ÃÂȘtre possible comme elle lñ€ℱest, parce quñ€ℱelle a et possÚde certaines conditions ; dñ€ℱautres fois, parce quñ€ℱelle en est privée. Mais si la privation, de son cÎté, est aussi une sorte de possession, alors tout ce qui est possible lñ€ℱest sans exception par les propriétés quñ€ℱil possÚde. Dans ce cas, lñ€ℱÃƠtre est homonyme ; et par suite, on dit dñ€ℱune chose quñ€ℱelle est possible tout à la fois, parce quñ€ℱelle a telle disposition et tel principe, et aussi parce quñ€ℱelle en est privée, si toutefois on peut dire quñ€ℱon a une chose quand on en est privé. En un autre sens, on dit dñ€ℱune chose quñ€ℱelle est possible, quand elle nñ€ℱa pas la puissance de détruire une chose, ou quñ€ℱelle nñ€ℱa pas dans un autre, ou en tant quñ€ℱautre, le principe de destruction. On dit encore de toutes les choses quñ€ℱelles sont possibles par cela seul quñ€ℱil leur arrive, ou de se produire, ou de ne pas se produire absolument, ou de se produire bien. MÃÂȘme dans les choses inanimées, on retrouve une puissance de ce genre et par exemple, pour des instruments dont lñ€ℱhomme se sert ; car, en parlant dñ€ℱune lyre, on dit de celle-ci quñ€ℱelle peut donner des sons, et de celle-là quñ€ℱelle ne le peut pas, par cela seul que les sons quñ€ℱelle rend ne sont pas tout ce quñ€ℱils devraient ÃÂȘtre. Lñ€ℱImpuissance est la privation de la Puissance ; et la disparition, quelle quñ€ℱelle soit, du principe en question, disparition qui a lieu, ou dñ€ℱune maniÚre absolue, ou dans lñ€ℱÃÂȘtre qui devrait naturellement avoir la puissance, ou bien à lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©poque oÃÂč il devrait naturellement déjà la posséder. Par exemple, en partant de lñ€ℱimpuissance à engendrer, on ne peut pas mettre sur la mÃÂȘme ligne, et lñ€ℱenfant, et lñ€ℱhomme, et lñ€ℱeunuque. Chacune des deux espÚces de puissance a une impuissance qui lui est opposée soit que cette puissance soit cause dñ€ℱun simple mouvement, soit quñ€ℱelle produise un mouvement qui mÚne la chose au bien. On dit des choses quñ€ℱelles sont Impuissantes dans le sens quñ€ℱon vient dñ€ℱindiquer. Mais lñ€ℱImpuissance se prend encore en un autre sens, je veux dire, le sens de Possible et dñ€ℱImpossible. On entend par Impossible tout ce dont le contraire est nécessairement vrai ; et cñ€ℱest ainsi quñ€ℱil est Impossible que la diagonale soit commensurable au cÎté, parce que cette proposition est essentiellement fausse. Et ce nñ€ℱest pas seulement, parce que le contraire est vrai, mais cñ€ℱest encore parce quñ€ℱil est nécessaire. Ici, par exemple, la diagonale est nécessairement incommensurable. Donc, supposer quñ€ℱelle est commensurable, ce nñ€ℱest pas simplement faux ; mais cñ€ℱest nécessairement faux. Le contraire de cet Impossible, cñ€ℱest le Possible dans le cas oÃÂč le contraire nñ€ℱest pas nécessairement faux. Ainsi, lñ€ℱon dit quñ€ℱil est Possible que telle personne soit assise ; car il nñ€ℱest pas nécessairement faux quñ€ℱelle ne soit pas assise. Le mot Possible signifie donc, dñ€ℱune façon, et comme on vient de le dire, ce qui nñ€ℱest pas nécessairement faux ; dñ€ℱune autre façon, ce qui est vrai ; et enfin, ce qui peut ÃÂȘtre vrai. Ce nñ€ℱest que par métaphore quñ€ℱon parle de Puissance en géométrie. En résumé, tous ces Possibles ne se rapportent pas à lñ€ℱidée vraie de Puissance. Mais tous les Possibles qui sñ€ℱy rapportent réellement, sont relatifs à la notion premiÚre et unique de puissance indiquée plus haut, [1020a] et celle-là cñ€ℱest le principe qui cause le changement dans un autre en tant quñ€ℱautre. Tous les autres Possibles sont ainsi dénommés, les uns, parce que quelque autre partie dñ€ℱeux-mÃÂȘmes a une puissance de ce genre ; dñ€ℱautres, au contraire, parce quñ€ℱils ne lñ€ℱont pas ; dñ€ℱautres enfin, parce quñ€ℱils la possÚdent dans telle ou telle mesure. MÃÂȘmes remarques pour les Impossibles ; et par conséquent, on peut conclure que la définition principale de la Puissance premiÚre est celle-ci  Le principe qui produit le changement en un autre en tant quñ€ℱautre. » Chapitre 13 Quantité. Quantité sñ€ℱentend de tout ce qui est divisible dans les parties qui le composent, et dont les deux parties, ou chacune des parties forment naturellement une certaine unité et quelque chose dñ€ℱindividuel. La quantité est un nombre, quand elle se compte ; cñ€ℱest une grandeur, quand elle se mesure. On entend par nombre ce qui peut se diviser en parties non continues ; et par grandeur, ce qui est divisible en parties qui tiennent les unes aux autres. Quand la grandeur nñ€ℱest continue quñ€ℱen un seul sens, on lñ€ℱappelle longueur. Quand cñ€ℱest en deux, on lñ€ℱappelle largeur ; et en trois, cñ€ℱest profondeur. Entre ces différents termes, la pluralité qui est délimitée et finie, cñ€ℱest le nombre ; la longueur, cñ€ℱest la ligne ; la largeur, cñ€ℱest la surface ; la profondeur, cñ€ℱest le corps. De plus, il y a des quantités qui sont ainsi dénommées en soi et par elles-mÃÂȘmes ; dñ€ℱautres, qui ne le sont quñ€ℱindirectement. Ainsi, la ligne est en soi une quantité ; lñ€ℱinstruction ne peut ÃÂȘtre une quantité quñ€ℱindirectement. Parmi les quantités en soi, les unes sont des quantités par leur substance propre. Ainsi, la ligne est par sa propre substance une quantité ; car dans la définition qui explique ce quñ€ℱest la ligne, on fait entrer lñ€ℱidée de quantité. Les autres espÚces de quantités en soi ne sont que les modifications et les qualités de la substance de ce genre par exemple, le beaucoup et le peu, le long et le court, le large et lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©troit, le haut et le bas, le lourd et le léger, et toutes les nuances de cette sorte. Le grand et le petit, le majeur et le moindre, quñ€ℱon les prenne, soit en eux-mÃÂȘmes soit dans leurs rapports réciproques, sont des modifications essentielles de la quantité, bien que dñ€ℱailleurs ces mots puissent, par métaphore, sñ€ℱappliquer aussi à dñ€ℱautres choses que la quantité. Quant aux quantités qui ne sont appelées ainsi quñ€ℱindirectement, les unes reçoivent ce nom comme lñ€ℱinstruction, dont on parlait plus haut, et qui nñ€ℱest une quantité, ainsi que la blancheur peut lñ€ℱÃÂȘtre, que parce que lñ€ℱobjet oÃÂč elles sont est lui-mÃÂȘme une quantité. Dñ€ℱautres, au contraire, sont des quantités comme le mouvement et le temps. En effet, le temps et le mouvement sont des quantités dñ€ℱun certain genre et sont des continus, par cela mÃÂȘme que ce dont ils sont les affections est divisible. Et lñ€ℱidée de division sñ€ℱapplique, non pas au corps qui est mis en mouvement, mais à lñ€ℱespace parcouru ; car cñ€ℱest parce que cet espace est une quantité que le mouvement en est une ; et le temps est une quantité, parce que le mouvement en est une aussi. Chapitre 14 Qualité. Le mot Qualité, en un premier sens, indique la différence essentielle. Par exemple, lñ€ℱhomme est un animal doué dñ€ℱune certaine qualité ; il est bipÚde, tandis que le cheval est quadrupÚde. Le cercle est une figure géométrique qui a une qualité particuliÚre, celle de nñ€ℱa voir point dñ€ℱangle ; et cñ€ℱest là la différence essentielle qui constitue sa qualité. Ainsi, dans ce premier sens, la qualité peut ÃÂȘtre définie la différence essentielle. [1020b] En un autre sens, le mot Qualité sñ€ℱapplique aux ÃÂȘtres immobiles, aux ÃÂȘtres mathématiques ; et cñ€ℱest de cette façon que les nombres peuvent avoir certaine Qualité. Tels sont, par exemple, les nombres multiples, ceux qui ne sont pas pris une seule et unique fois, mais qui ont quelque chose de la surface et du solide, comme sont les nombres multipliés une fois, ou deux fois, par eux-mÃÂȘmes. La Qualité représente, en ce sens, ce qui subsiste dans lñ€ℱessence du nombre aprÚs la quantité ; car lñ€ℱessence de chaque nombre, cñ€ℱest de nñ€ℱÃÂȘtre pris quñ€ℱune seule fois en lui-mÃÂȘme. Soit, si lñ€ℱon veut, le nombre six ; son essence nñ€ℱest pas dñ€ℱÃÂȘtre pris deux fois, trois fois ; mais cñ€ℱest dñ€ℱÃÂȘtre pris une seule fois ; six est une seule et unique fois six. On entend, en un second sens, par Qualités les modifications des substances mises en mouvement je veux dire, la chaleur, le froid, la blancheur, la noirceur, la légÚreté et la pesanteur, et toutes ces variations qui font quñ€ℱon peut dire des corps, qui changent, quñ€ℱils deviennent autres quñ€ℱils nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©taient. La Qualité sñ€ℱentend encore de la vertu et du vice, et, dñ€ℱune maniÚre plus générale, du bien et du mal. Voilà donc, on peut dire, deux sens du mot Qualité ; et lñ€ℱun de ces sens est le principal la Qualité, dans son acception primordiale, est la différence de la substance. La Qualité, dans les nombres, fait partie aussi de la qualité ainsi entendue ; car là encore, cñ€ℱest une sorte de différence des substances ; seulement, ce sont des substances qui ne se meuvent pas, ou qui du moins sont considérées en tant quñ€ℱelles ne sont pas mues. Dans le second sens, le mot Qualité exprime les modifications des choses qui se meuvent, en tant quñ€ℱelles se meuvent, et aussi, les différences des mouvements. La vertu et le vice peuvent également ÃÂȘtre rangés parmi les modifications de ce genre ; car le vice et la vertu expriment des différences de mouvement et dñ€ℱaction, qui indiquent que les ÃÂȘtres en mouvement font, ou souffrent, le bien ou le mal. En effet, ce qui peut ÃÂȘtre mû ou agir de telle maniÚre est bon ; ce qui agit de telle autre façon, et dñ€ℱune façon contraire, est mauvais. Dñ€ℱailleurs, ce sont surtout le bien ou le mal qui déterminent la Qualité dans les ÃÂȘtres animés, et, parmi ces ÃÂȘtres, dans ceux-là principalement qui sont doués de libre arbitre. Chapitre 15 Relatifs. Par relatifs, on entend, par exemple, le double et la moitié, le triple et le tiers, et, dñ€ℱune maniÚre générale, le multiple et le multiplié, le surpassant et le surpassé. Ce sont encore des relatifs que le corps qui échauffe et le corps échauffé, le corps qui coupe et le corps qui est coupé, en un mot, ce qui agit et ce qui souffre lñ€ℱaction. Ce sont enfin des Relatifs que lñ€ℱobjet mesuré et la mesure, lñ€ℱobjet qui est su et la science qui le sait, lñ€ℱobjet qui est senti et la sensation qui le perçoit. Les premiers relatifs, énoncés plus haut, sont des Relatifs numériques, entendus soit dñ€ℱune façon absolue, soit dñ€ℱune façon déterminée dans les rapports des nombres entre eux, ou par rapport à une certaine unité. Ainsi, le nombre Deux rapporté à Un est un nombre défini ; mais le multiple, sñ€ℱil se rapporte encore numériquement à une unité, ne se rapporte plus à un nombre défini, comme serait tel ou tel nombre spécifié. [1021a] La relation de la moitié en sus à la moitié en moins, numériquement exprimée, sñ€ℱapplique à un nombre défini ; mais, quand on parle dñ€ℱune partie en sus relativement à une partie en moins, cñ€ℱest tout aussi indéterminé que le double relativement à lñ€ℱunité, ou que le surpassant lñ€ℱest relativement au surpassé ; car le nombre est commensurable, tandis que ces rapports ne se fondent pas sur un nombre commensurable. Le surpassant est dñ€ℱabord le surpassé ; puis, il est quelque chose de plus ; et ce quelque chose dñ€ℱexcédant est absolument indéterminé, puisque, selon le hasard des cas, ce quelque chose peut ÃÂȘtre égal, ou peut nñ€ℱÃÂȘtre pas égal, au nombre surpassé. Ainsi donc, tous ces Relatifs, dans leur expression verbale, se rapportent au nombre et à ses modifications possibles. Lñ€ℱÉgal, le Pareil, lñ€ℱIdentique, sont bien encore des Relatifs, quoique la nuance en soit autre, puisque tous ces termes se rapportent aussi à une unité. Ainsi, on appelle Identiques les ÃÂȘtres dont la substance est une et mÃÂȘme substance ; on appelle Pareils, ceux qui ont une mÃÂȘme qualité ; de mÃÂȘme quñ€ℱon appelle Égaux ceux qui ont une mÃÂȘme quantité. Or, cñ€ℱest lñ€ℱunité qui est le principe et la mesure du nombre, de telle sorte que tous ces termes sont aussi des Relatifs numériques, sans que ce soit dñ€ℱailleurs au mÃÂȘme point de vue. Quant à tout ce qui produit une action et à tout ce qui en souffre une, ce sont encore là des Relatifs, qui se rapportent à la puissance de faire et de souffrir, et à toutes les manifestations de ces puissances. Telle est, par exemple, la relation de ce qui peut échauffer à ce qui peut ÃÂȘtre échauffé, parce quñ€ℱil y a là une certaine puissance. Telle est aussi la relation de ce qui échauffe actuellement à ce qui est actuellement échauffé ; de ce qui coupe à ce qui est actuellement coupé, parce quñ€ℱil y a là une réalité effective et actuelle. Pour les Relatifs numériques, il nñ€ℱy a rien dñ€ℱactuel, si ce nñ€ℱest au sens que nous avons dit ailleurs ; mais il nñ€ℱy a point pour eux dñ€ℱactes, ni de réalités de mouvement. Les Relatifs de puissance sont aussi des Relatifs de temps. Par exemple, ce qui a fait est relatif à ce qui a été fait, ce qui fera est relatif à ce qui sera fait. Cñ€ℱest encore à ce point de vue du temps que le pÚre est appelé pÚre relativement à son fils ; car, dñ€ℱun cÎté, il y a ce qui a fait, et, de lñ€ℱautre, ce qui a été fait et a souffert lñ€ℱaction. Dñ€ℱautres Relatifs, au contraire, le sont par la privation de la. puissance ; Par exemple, lñ€ℱImpossibilité est un Relatif de ce genre, ainsi que toutes les choses exprimées sous la mÃÂȘme forme ; et, par exemple, lñ€ℱinvisible est ce qui nñ€ℱa pas la puissance dñ€ℱÃÂȘtre vu. Tous les Relatifs de nombre et de puissance sont constamment Relatifs en ce sens que ce quñ€ℱils sont essentiellement est dit dñ€ℱune autre chose, et non pas, parce que réciproquement cette autre chose peut leur ÃÂȘtre appliquée. Par exemple, ce qui est mesuré, ce qui est su, ce qui est intelligible, sont appelés des Relatifs, parce que cñ€ℱest une autre chose qui est mise en rapport avec eux. Ainsi, le mot dñ€ℱIntelligible signifie quñ€ℱil y a intelligence de la chose à laquelle ce mot sñ€ℱapplique. Mais lñ€ℱintelligence nñ€ℱest pas un Relatif de la chose dont elle est lñ€ℱintelligence ; car ce serait répéter deux fois la mÃÂȘme chose. De mÃÂȘme encore, la vue est la vue de quelque chose ; mais ce nñ€ℱest pas de ce dont elle est la vue. Il est exact cependant de dire que la vue est un Relatif ; mais cñ€ℱest par rapport à la couleur, ou à telle autre chose de ce genre. Autrement et de lñ€ℱautre façon, on ne ferait que se répéter, en disant que la vue est la vue de lñ€ℱobjet dont elle est la vue. [1021b] Les Relatifs qui sont des relatifs par eux-mÃÂȘmes, le sont donc de la maniÚre quñ€ℱon vient de dire, et aussi, quand les genres auxquels ils appartiennent sont également des relatifs. Par exemple, on dit de la médecine quñ€ℱelle est un Relatif, parce que le genre auquel elle appartient, à savoir la science, est aussi un relatif. On appelle encore Relatifs tous les objets qui font que les choses qui les ont sont aussi nommées des Relatifs. Ainsi, lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©galité est un Relatif, parce que lñ€ℱÉgal en est un ; la ressemblance en est un, parce que le semblable est un Relatif, au mÃÂȘme titre. Il y a enfin des Relatifs purement indirects ; et cñ€ℱest ainsi que lñ€ℱhomme peut ÃÂȘtre appelé un Relatif, parce quñ€ℱaccidentellement il peut ÃÂȘtre considéré comme double, et que le double est un Relatif ; ou bien encore, le blanc peut ÃÂȘtre pris comme Relatif, quand le mÃÂȘme objet est, accidentellement et tout à la fois, double et blanc. Chapitre 16 Parfait. Parfait se dit dñ€ℱune chose en dehors de laquelle il nñ€ℱest plus possible de rien trouver qui lui appartienne, fût-ce mÃÂȘme la moindre parcelle. Ainsi, pour une chose, quelle quñ€ℱelle soit, le temps quñ€ℱelle doit durer est Parfait, quand, en dehors de ce temps régulier, il nñ€ℱest pas possible de saisir un temps quelconque qui soit une partie de celui quñ€ℱelle doit avoir. Parfait se rapporte encore au mérite et au bien, qui ne peut plus ÃÂȘtre surpassé dans un genre donné. Cñ€ℱest ainsi quñ€ℱon dit dñ€ℱun médecin quñ€ℱil est Parfait, ou dñ€ℱun joueur de flûte quñ€ℱil est Parfait, quand rien ne leur manque du mérite qui leur est spécialement propre. Par métaphore inverse, on applique le mot Parfait mÃÂȘme à ce qui est mal, et lñ€ℱon dit  Voilà un Parfait sycophante ; Voilà un Parfait voleur, » tout aussi bien que parfois on dit de pareilles gens quñ€ℱon les trouve excellemment bons  Cñ€ℱest un excellent sycophante ; cñ€ℱest un excellent voleur. » La vertu est aussi une sorte de perfectionnement ; car pour toute chose, pour toute substance, on la dit Parfaite, lorsque, dans le genre de vertu qui lui convient, il ne lui manque rien de ce qui doit en constituer lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tendue naturelle. On appelle encore Parfaites les choses qui parfont et atteignent une bonne fin ; car elles sont Parfaites, par cela seul quñ€ℱelles parfont cette fin. Une conséquence de ceci, cñ€ℱest que, la fin des choses étant une extrÃÂȘme et derniÚre limite, on transporte métaphoriquement le mot Parfait aux choses les plus mauvaises, et que lñ€ℱon dit dñ€ℱune chose quñ€ℱelle est Parfaitement perdue, quñ€ℱelle est Parfaitement détruite, quand il ne manque plus rien à la ruine et au mal, et quñ€ℱon est absolument au bout. Cñ€ℱest ainsi quñ€ℱen parlant de la mort, on dit, la fin derniÚre, parce que la fin des choses et la mort sont lñ€ℱune et lñ€ℱautre des extrÃÂȘmes, de mÃÂȘme que la fin et le pourquoi des choses sont des extrÃÂȘmes également. En résumé, les choses dites Parfaites essentiellement et en soi, sont ainsi dénommées selon les différents sens quñ€ℱon vient de voir les unes, parce que, en fait de bien, rien ne leur manque, et quñ€ℱelles nñ€ℱont en bien, ni aucun excÚs, ni aucun défaut ; les autres, parce que, dñ€ℱune maniÚre générale, elles ne peuvent ÃÂȘtre surpassées en leur genre, et quñ€ℱil nñ€ℱy a plus rien à demander en dehors de ce quñ€ℱelles sont. [1022a] Quant aux autres choses quñ€ℱon appelle Parfaites, cñ€ℱest par rapport à celles-là quñ€ℱon les nomme ainsi, soit parce quñ€ℱelles sont, ou quñ€ℱelles présentent, quelque chose dñ€ℱanalogue au Parfait, soit parce quñ€ℱelles sñ€ℱaccordent avec elles, soit parce quñ€ℱelles soutiennent tel ou tel autre rapport avec les choses qui sont primitivement appelées Parfaites. Chapitre 17 Terme. Le Terme dñ€ℱune chose quelconque, cñ€ℱest son point extrÃÂȘme, en dehors duquel il nñ€ℱy a plus rien à prendre du primitif, et en deçà duquel se trouve tout lñ€ℱessentiel. Le Terme est aussi la forme limitée dñ€ℱune grandeur, ou de ce qui a une grandeur quelconque. Cñ€ℱest enfin le but de chaque chose ; et par là , jñ€ℱentends le point oÃÂč aboutit le mouvement et lñ€ℱaction, par opposition au point dñ€ℱoÃÂč il part. Parfois cependant, le mot Terme a les deux significations, et il exprime tout ensemble, et le point de départ et le point dñ€ℱarrivée, le pourquoi ou le but final de la chose, sa substance, et ce qui la fait ÃÂȘtre essentiellement ce quñ€ℱelle est. Cñ€ℱest là , en effet, le Terme et le but de la connaissance ; et si cñ€ℱest le Terme de la connaissance, ce doit ÃÂȘtre aussi le Terme de la chose. Ainsi évidemment, toutes les significations que peut avoir le mot Principe, le mot Terme les a en nombre égal. On peut mÃÂȘme dire quñ€ℱil en a davantage ; car le principe est une sorte de Terme, tandis quñ€ℱun Terme nñ€ℱest pas toujours un Principe. Chapitre 18 En soi. Lñ€ℱexpression de En soi peut avoir plusieurs acceptions diverses. Un premier sens, est la forme et la substance essentielle de chaque chose Bon En soi, par exemple le bien En soi. En un autre sens, En soi désigne le primitif ou une chose se trouve naturellement la couleur, par exemple, est dans un primitif, qui est la surface des corps. Ainsi, la chose à laquelle sñ€ℱapplique primordialement lñ€ℱexpression de En soi, cñ€ℱest la forme ou lñ€ℱespÚce ; puis, en second lieu, En soi, signifie la matiÚre et le sujet primordial de chaque chose. Lñ€ℱexpression de En soi a dñ€ℱailleurs autant de nuances que celle de Cause pourrait en avoir. Ainsi, quand on parle de lñ€ℱobjet En soi pour lequel telle personne est venue, cela signifie la cause qui lñ€ℱa fait venir. Le sujet En soi sur lequel telle personne a eu tort ou a eu raison, dans une discussion, est la cause qui a rendu son raisonnement faux ou victorieux. En soi peut sñ€ℱappliquer encore à la position quñ€ℱon a prise, et lñ€ℱon dit En tant quñ€ℱil se tient debout, En tant quñ€ℱil marche, pour indiquer, dans toutes ces expressions, la situation et le lieu quñ€ℱon occupe essentiellement. Par conséquent, lñ€ℱexpression de En soi se prend nécessairement en des acceptions diverses. En soi exprime dñ€ℱabord pour chaque chose ce quñ€ℱelle est essentiellement par exemple, Callias est Callias En soi, cñ€ℱest-à -dire il est ce quñ€ℱest essentiellement Callias. En second lieu, En soi exprime tout ce qui entre dans lñ€ℱessence dñ€ℱun ÃÂȘtre. Ainsi, Callias est En soi un ÃÂȘtre animé ; car la notion dñ€ℱanimal entre dans la définition de Callias, puisquñ€ℱil est un animal dñ€ℱune certaine espÚce, un ÃÂȘtre animé. En soi sñ€ℱentend encore de ce qui se trouve primitivement dans lñ€ℱobjet, ou dans une de ses parties. Par exemple, la surface est blanche En soi ; lñ€ℱhomme est En soi un animal, un ÃÂȘtre vivant, puisque lñ€ℱñme est une partie de lñ€ℱhomme, et que cñ€ℱest en elle que se trouve primitivement la vie dont il est animé. On entend encore par lñ€ℱexpression En soi ce dont une autre chose nñ€ℱest pas cause. Lñ€ℱhomme peut avoir, si lñ€ℱon veut, bien des causes, lñ€ℱanimal, le bipÚde, etc. ; mais néanmoins lñ€ℱhomme En soi est homme. Enfin, on appelle En soi tout ce qui appartient à lñ€ℱÃÂȘtre seul, et en tant que lui seul possÚde la qualité en question. Cñ€ℱest en ce sens que tout ce qui est séparé est dit ÃÂȘtre En soi. Chapitre 19 [1022b] On appelle Disposition, dans une chose qui a des parties, lñ€ℱordre quñ€ℱelles présentent, soit relativement au lieu, soit relativement à la puissance, soit relativement à lñ€ℱespÚce. Cñ€ℱest quñ€ℱil y a là une sorte de position, comme le mot mÃÂȘme de Disposition le fait assez entendre. Chapitre 20 Possession. En un premier sens, on doit entendre par Possession une sorte dñ€ℱacte réciproque de ce qui possÚde et de ce qui est possédé par exemple, un phénomÚne intérieur ou un mouvement ; car, lorsque lñ€ℱun fait et que lñ€ℱautre est fait, il y a, comme intermédiaire entre lñ€ℱun et lñ€ℱautre, lñ€ℱaction qui fait la chose. Ainsi, entre celui qui porte ou possÚde un vÃÂȘtement, et entre le vÃÂȘtement qui est possédé ou porté, il y a lñ€ℱintermédiaire du port et de la Possession. Il est évident, dñ€ℱailleurs, quñ€ℱon ne peut pas posséder cette Possession ; car alors la série irait à lñ€ℱinfini, si lñ€ℱon pouvait dire quñ€ℱon possÚde la Possession de ce qui est possédé. En un autre sens, Possession peut signifier la disposition dñ€ℱaprÚs laquelle on dit dñ€ℱun ÃÂȘtre, quñ€ℱil est en bon ou mauvais état, soit en lui-mÃÂȘme, soit par rapport à une autre chose. Cñ€ℱest en ce sens que la santé est une Possession dñ€ℱun certain genre ; car elle est une disposition toute spéciale. Pour employer ce mot Possession, il suffit mÃÂȘme quñ€ℱil y ait une partie seulement de la chose qui ait cette disposition ; et voilà comment le mérite de simples parties constitue. une certaine Possession pour la chose entiÚre. Chapitre 21 Passion. En un premier sens, Passion signifie la qualité qui fait dire dñ€ℱun ÃÂȘtre quñ€ℱil peut devenir autre quñ€ℱil nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait. Ainsi, le blanc et le noir, le doux et lñ€ℱamer, la pesanteur et la légÚreté, et toutes les qualités analogues, sont des affections ou Passions des corps. En un autre sens, Passion signifie encore les actes mÃÂȘmes de ces qualités, et les changements effectifs des unes aux autres. Parmi ces changements et mouvements divers, cñ€ℱest surtout aux changements et aux mouvements mauvais que le mot Passion sñ€ℱapplique, et trÚs particuliÚrement à tous ceux qui sont pénibles ou dangereux. Enfin, on applique ce mot Passion, dñ€ℱaffection, de souffrance, aux plus grandes infortunes et aux plus grands chagrins. Chapitre 22 Privation. Le mot Privation sñ€ℱemploie, en un premier sens, pour dire dñ€ℱune chose quñ€ℱelle nñ€ℱa point les qualités qui lui seraient naturelles. Il y a aussi Privation, mÃÂȘme quand la nature nñ€ℱa pas voulu que lñ€ℱÃÂȘtre eût cette qualité ; et cñ€ℱest ainsi quñ€ℱon peut dire dñ€ℱune plante quñ€ℱelle est privée de la vue. En un autre sens, Privation signifie que la chose nñ€ℱa pas la qualité quñ€ℱelle devrait avoir, soit quñ€ℱelle-mÃÂȘme, ou au moins son genre, dût posséder cette qualité. Par exemple, on dit dñ€ℱun homme aveugle quñ€ℱil est privé de la vue, tout autrement quñ€ℱon ne le dit de la taupe ; car, pour la taupe, cñ€ℱest le genre qui est frappé de cette Privation ; pour lñ€ℱhomme, cñ€ℱest lñ€ℱindividu pris en lui seul. On emploie le mot Privation quand la chose nñ€ℱa pas ce qui lui est naturel, au moment oÃÂč elle devrait lñ€ℱavoir. Ainsi, la cécité est bien une Privation de certain genre ; mais on ne dit pas dñ€ℱun ÃÂȘtre, quel que soit son ùge, quñ€ℱil est aveugle ; on le dit seulement quand il nñ€ℱa pas la vue à lñ€ℱñge oÃÂč il devrait lñ€ℱavoir naturellement. De mÃÂȘme, on dit quñ€ℱil y a Privation quand lñ€ℱÃÂȘtre nñ€ℱa pas la qualité que la nature lui attribue, soit dans le lieu, soit dans la relation, soit dans la condition, soit de la maniÚre oÃÂč la nature voudrait quñ€ℱil possédùt cette qualité. Lñ€ℱablation violente dñ€ℱune chose quelconque sñ€ℱappelle aussi Privation. Toutes les expressions de négation qui se forment par des particules privatives, composent autant de Privations correspondantes. Ainsi, on appelle inégal ce qui nñ€ℱa pas lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©galité que naturellement il devrait avoir ; on appelle invisible ce qui nñ€ℱa pas du tout de couleur, ou ce qui nñ€ℱa quñ€ℱune couleur insuffisante ; de mÃÂȘme quñ€ℱon appelle apode, ou ce qui nñ€ℱa pas du tout de pieds, ou ce qui nñ€ℱen a que de mauvais. Parfois, la Privation, cñ€ℱest de nñ€ℱavoir la chose quñ€ℱen petite quantité ; et cñ€ℱest ainsi quñ€ℱon dit dñ€ℱun fruit quñ€ℱil nñ€ℱa pas de noyau, parce que son noyau est trÚs petit ; [1203a] ce qui revient à dire quñ€ℱà un égard quelconque la chose est défectueuse. Parfois encore, la Privation consiste en ce que la chose ne se fait pas aisément, ou en ce quñ€ℱelle se fait mal. Ainsi, lñ€ℱon dit dñ€ℱune chose quñ€ℱelle est indivisible, non pas seulement parce quñ€ℱelle nñ€ℱest pas divisée, mais encore parce quñ€ℱelle ne peut pas lñ€ℱÃÂȘtre aisément, ou quñ€ℱelle lñ€ℱest de travers. Parfois, la Privation veut dire que la chose nñ€ℱa rien absolument de la qualité en question. Ainsi, on ne dit pas dñ€ℱun borgne quñ€ℱil est aveugle ; mais on le dit de celui dont les deux yeux ont perdu la vue. Voilà encore comment tout le monde nñ€ℱest pas bon ou méchant, juste ou injuste, mais que lñ€ℱon a aussi des qualités moyennes se fait mal. Chapitre 23 Avoir. Avoir peut se prendre en plusieurs sens. PremiÚrement, cette expression peut signifier que la chose agit selon sa nature propre, ou selon son penchant. Ainsi, lñ€ℱon dit que la fiÚvre A son empreinte sur le visage de telle personne, que les tyrans ont la domination des cités, que les gens enveloppés dñ€ℱun habit ont cet habit. Avoir sñ€ℱapplique aussi à la chose dans laquelle se trouve une autre chose, comme en son réceptacle. Ainsi, lñ€ℱon dit que lñ€ℱairain A la forme de la statue, et que le corps A la fiÚvre. En un autre sens, Avoir se dit du contenant oÃÂč se trouvent les choses contenues ; car, en parlant dñ€ℱun objet contenu, on dit que le contenant lñ€ℱA dans sa contenance. Par exemple, nous disons que le vase A telle capacité de liquide, que la ville A tant dñ€ℱhabitants, et que le navire A tant de matelots ; et cñ€ℱest encore ainsi que le tout A telles et telles parties. On dit encore dñ€ℱune chose, qui en empÃÂȘche une autre de se mouvoir, ou dñ€ℱagir selon sa tendance, quñ€ℱelle A telle influence sur cette seconde chose. Ainsi, lñ€ℱon dit des colonnes quñ€ℱelles Ont la force de soutenir les masses énormes quñ€ℱelles supportent. Cñ€ℱest de mÃÂȘme encore que les poÚtes imaginent quñ€ℱAtlas A le poids du ciel sur les épaules, de peur sans doute que le ciel ne tombe sur la terre, comme se le figurent certains philosophes parmi ceux qui étudient la nature. Cñ€ℱest aussi de cette maniÚre quñ€ℱon dit, de ce qui retient les choses, quñ€ℱil A la force de les retenir, comme si, sans cette force de cohésion, toutes les parties allaient se séparer les unes des autres, chacune selon son impulsion propre. Il est dñ€ℱailleurs évident que lñ€ℱexpression  ÃƠtre dans quelque chose, », a des acceptions analogues et consécutives à celle du mot avoir. Chapitre 24 Provenir. Provenir de quelque chose se dit, en un sens, dñ€ℱune chose qui sort dñ€ℱune autre, comme de sa matiÚre ; et en ceci, il peut y avoir encore deux nuances du mot MatiÚre lñ€ℱune, oÃÂč la matiÚre est le genre primordial ; lñ€ℱautre, oÃÂč elle est lñ€ℱespÚce derniÚre. Mais exemple, on peut dire que tous les liquides ou fusibles Proviennent de lñ€ℱeau, cñ€ℱest la premiÚre nuance ; ou que la statue Provient de lñ€ℱairain, cñ€ℱest la seconde. En une autre signification, Provenir sñ€ℱapplique au principe dñ€ℱoÃÂč est venu le mouvement initial. Par exemple Dñ€ℱoÃÂč est Provenue cette rixe ? Dñ€ℱune insulte ; car cñ€ℱest lñ€ℱinsulte qui a été le point de départ de la rixe qui a eu lieu. Parfois, Provenir se rapporte au composé, à lñ€ℱassemblage de la matiÚre et de la forme. Cñ€ℱest ainsi quñ€ℱon dit des parties quñ€ℱelles Proviennent dñ€ℱun tout, quñ€ℱon dit dñ€ℱun vers quñ€ℱil Provient de lñ€ℱIliade, et que telles pierres Proviennent de telle maison. Cñ€ℱest que la forme des choses est leur fin ; et tout ce qui a atteint sa fin spéciale est fini et parfait. Quelquefois, on entend le mot Provenir en ce sens oÃÂč lñ€ℱon dit que lñ€ℱespÚce Provient de la partie. Ainsi, lñ€ℱon pourrait dire que lñ€ℱhomme Provient du bipÚde, et que la syllabe Provient de la lettre, bien que dñ€ℱailleurs ce soit en un autre sens. Cñ€ℱest encore ainsi que lñ€ℱon dit que la statue Provient de lñ€ℱairain ; [1023b] car la substance composée Provient dñ€ℱune matiÚre sensible ; mais lñ€ℱespÚce Provient de la matiÚre de lñ€ℱespÚce. Voilà déjà divers sens du mot Provenir ; mais il suffit quñ€ℱune de ces nuances existe seulement dans une partie de lñ€ℱÃÂȘtre, pour quñ€ℱon emploie ce mot. Ainsi, lñ€ℱon dit que lñ€ℱenfant Provient du pÚre et de la mÚre, que les plantes Proviennent de la terre, parce que lñ€ℱenfant et les plantes Proviennent de quelque partie spéciale de la terre et des parents. En un autre sens, Provenir nñ€ℱindique que la succession dans le temps. Par exemple, on dit que la nuit Provient du jour, que lñ€ℱorage Provient du beau temps, parce que lñ€ℱun Vient aprÚs lñ€ℱautre. Parfois, lñ€ℱon emploie cette expression pour des choses qui peuvent se changer. lñ€ℱune dans lñ€ℱautre, comme celles quñ€ℱon vient de citer. Dñ€ℱautres fois, on lñ€ℱemploie quand il nñ€ℱy a quñ€ℱune des choses qui puisse succéder chronologiquement à lñ€ℱautre. Ainsi, on dit dñ€ℱun voyage sur mer quñ€ℱil Part de lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©quinoxe, parce que cñ€ℱest aprÚs lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©quinoxe quñ€ℱil a eu lieu ; de mÃÂȘme quñ€ℱon dit des Thargélies quñ€ℱelles comptent à partir des Dionysiaques, parce quñ€ℱelles Viennent aprÚs. Chapitre 25 Partie. Dans un premier sens, le mot Partie veut dire ce en quoi une quantité peut ÃÂȘtre divisée, de quelque maniÚre que ce soit ; car toujours ce quñ€ℱon enlÚve à une quantité en tant que quantité est une Partie ; et cñ€ℱest ainsi quñ€ℱon dit que Deux est une certaine partie de Trois. Dñ€ℱautres fois, on nñ€ℱapplique le mot Partie quñ€ℱà ce qui peut mesurer exactement la quantité. Cñ€ℱest ainsi quñ€ℱon peut dire que si, en un sens, Deux est une Partie de Trois, il ne lñ€ℱest pas en un autre sens. Dans une acception différente, on entend par Parties ce en quoi le genre pourrait se diviser sans aucune intervention de quantité ; ce sont là ce quñ€ℱon appelle les Parties du genre ; et cñ€ℱest en ce sens que les espÚces sont les Parties du genre qui les comprend. Partie signifie encore ce en quoi un tout se divise, ou ce dont le tout est composé, que ce soit dñ€ℱailleurs, ou lñ€ℱespÚce elle-mÃÂȘme, ou la chose qui a lñ€ℱespÚce. Par exemple, lñ€ℱairain peut ÃÂȘtre appelé Partie de la sphÚre dñ€ℱairain, du cube dñ€ℱairain, parce que lñ€ℱairain est la matiÚre oÃÂč réside la forme. Cñ€ℱest encore ainsi quñ€ℱun angle est une Partie de la figure. Enfin, on peut appeler Parties dñ€ℱun tout les éléments qui entrent dans la définition essentielle expliquant de chaque chose ce quñ€ℱelle est. Cñ€ℱest ainsi que le genre mÃÂȘme peut ÃÂȘtre considéré comme faisant Partie de lñ€ℱespÚce, bien que, à un autre point de vue, lñ€ℱespÚce fasse aussi Partie du genre. Chapitre 26 Tout. Le mot Tout se dit dñ€ℱune chose à laquelle il ne manque aucune des parties qui la constituent dans sa totalité naturelle ; et aussi du contenant, qui enveloppe les choses contenues, de telle sorte que ces choses forment une certaine unité. Ceci encore peut sñ€ℱentendre de deux maniÚres ou bien chacune des choses contenues est une unité individuelle ; ou bien lñ€ℱunité ne résulte que de lñ€ℱensemble de ces choses. Ainsi, lñ€ℱuniversel, et en général ce qui est exprimé comme formant un tout, est universel, en ce sens quñ€ℱil renferme plusieurs termes à chacun desquels il peut ÃÂȘtre attribué, et que tous ces termes nñ€ℱen sont pas moins chacun une unité individuelle par exemple, un homme, un cheval, un dieu, parce quñ€ℱon peut dire de tous quñ€ℱils sont des ÃÂȘtres animés. Dans le second sens, le mot Tout sñ€ℱapplique au continu et au fini, quand lñ€ℱunité résulte de plusieurs parties intégrantes qui existent tout au moins en puissance dans le continu, lorsquñ€ℱelles nñ€ℱy sont pas absolument réelles. Et ici, cette nuance du mot Tout se trouve bien plutÎt dans les choses que crée la nature que dans les produits de lñ€ℱart. Déjà , nous lñ€ℱavons fait remarquer plus haut à propos de lñ€ℱUn, quand nous avons dit que la totalité dñ€ℱune chose est une sorte dñ€ℱunité. [1024a] En un autre sens, comme la quantité a un commencement, un milieu et une fin, on emploie le mot Tout au sens numérique là oÃÂč la position des parties, que les choses peuvent avoir, ne fait aucune différence ; mais on le prend au sens de Totalité là oÃÂč la position fait une différence. Dans les cas oÃÂč ces deux conditions à la fois sont possibles, on applique aux choses le mot Tout pris, soit numériquement, soit dans le sens de totalité. Les deux nuances du mot Tout sont possibles toutes les fois que le déplacement ne change rien à la nature de la chose qui reste la mÃÂȘme, et qui ne change que de forme, comme il arrive pour de la cire, ou pour un vÃÂȘtement. On peut dire également de ces choses Tout, soit au sens numérique, soit au sens de Totalité ; car elles ont ces deux caractÚres. Mais en parlant de lñ€ℱeau, des liquides ou du nombre, on emploie le mot Tout au sens numérique ; mais on ne dit pas Tout le nombre, Toute lñ€ℱeau, dans le sens de totalité, si ce nñ€ℱest par métaphore. On dit Tous au pluriel numériquement, quand il sñ€ℱagit dñ€ℱobjets auxquels le mot Tout peut sñ€ℱappliquer au singulier, pour quñ€ℱils forment une unité ; et le mot Tout sñ€ℱy applique, parce quñ€ℱon les considÚre comme des objets séparés. Par exemple, Tout ce nombre, Toutes ces unités. Chapitre 27 Mutilé. Le mot Mutilé, ou Incomplet, ne sñ€ℱapplique pas à toutes les quantités au hasard et indistinctement ; il sñ€ℱapplique seulement à celles qui peuvent ÃÂȘtre divisées, et qui forment un tout. Ainsi, le nombre Deux nñ€ℱest jamais appelé un nombre Mutilé, quand on lui retranche une quelconque de ses deux unités, puisque jamais la mutilation, dans son sens vrai, ne peut ÃÂȘtre égale à ce qui reste. Dñ€ℱailleurs, on ne peut pas appliquer absolument à un nombre, quelquñ€ℱil soit, lñ€ℱidée de Mutilation ; car il faut, pour quñ€ℱil y ait Mutilation, que lñ€ℱessence de la chose demeure. Par exemple, pour dire dñ€ℱune coupe quñ€ℱelle est Mutilée, il faut encore quñ€ℱil subsiste une coupe ; mais, pour le nombre, il cesse dñ€ℱÃÂȘtre le mÃÂȘme. Il faut de plus, pour quñ€ℱon puisse appeler les choses Mutilées, quñ€ℱelles aient des parties diverses. Et encore ne peut-on pas le dire de toutes choses ; car on ne peut pas le dire du nombre, par exemple, bien quñ€ℱil puisse avoir des parties dissemblables ; et cñ€ℱest ainsi que Cinq se compose de Deux et de Trois. Dñ€ℱune maniÚre générale, on nñ€ℱapplique jamais lñ€ℱidée de Mutilé aux choses oÃÂč la position des parties est tout à fait indifférente, comme lñ€ℱeau et le feu ; mais, pour que cette idée sñ€ℱapplique, il faut que la position des parties importe à lñ€ℱessence mÃÂȘme de la chose. Il faut en outre que les choses soient continues, pour quñ€ℱon puisse voire quñ€ℱelles sont Mutilées. Ainsi, par exemple, lñ€ℱharmonie se forme de parties dissemblables, qui ont une certaine position ; et cependant on ne dit jamais dñ€ℱune harmonie quñ€ℱelle est Mutilée. MÃÂȘme pour les choses qui forment une totalité, on ne dit pas quñ€ℱelles sont Mutilées, parce quñ€ℱune de leurs parties quelconques en a été retranchée ; car il ne faut pas que ce soient des parties essentielles, ni des parties placées dñ€ℱune façon quelconque. Ainsi, une coupe nñ€ℱest pas Mutilée, parce quñ€ℱon y fait un trou ; mais elle lñ€ℱest, si on lui a brisé une anse ou un bord. Lñ€ℱhomme nñ€ℱest pas Mutilé, parce quñ€ℱon lui ù Îté un peu de chair, ou la rate ; mais il lñ€ℱest, sñ€ℱil a perdu une de ses extrémités, et non pas mÃÂȘme une extrémité quelconque, mais une extrémité qui ne peut plus revenir une fois quñ€ℱelle a été enlevée tout entiÚre. Et voilà pourquoi lñ€ℱon ne dit pas des gens chauves quñ€ℱils sont Mutilés. Chapitre 28 Genre. Genre sñ€ℱentend de la génération successive et continue dñ€ℱÃÂȘtres qui sont de la mÃÂȘme espÚce. Ainsi lñ€ℱon dit Tant que le Genre humain existera, pour dire Tant que continuera la génération successive des hommes. On entend aussi par Genre, ou Race, lñ€ℱorigine dñ€ℱoÃÂč certains ÃÂȘtres ont reçu le mouvement initial qui les a amenés à la vie. Cñ€ℱest ainsi que lñ€ℱon dit, de ceux-ci quñ€ℱils sont de race Hellénique, de ceux-là , quñ€ℱils sont de race Ionienne, parce que les uns viennent dñ€ℱHellen, et les autres, dñ€ℱIon, considéré comme leur premier auteur. Lñ€ℱidée de Genre se tire plutÎt du générateur quñ€ℱelle ne se tire de la matiÚre ; ce qui nñ€ℱempÃÂȘche pas quñ€ℱelle puisse se rapporter aussi à un auteur féminin ; et cñ€ℱest ainsi quñ€ℱon parle de la race de Pyrrha. [1024b] Genre a encore le sens quñ€ℱon lui donne quand on dit que la surface, parmi les figures de géométrie, est le Genre de toutes les surfaces, que le solide est le Genre de tous les solides, attendu que chacune des figures est telle ou telle surface, et que tout solide est également tel ou tel solide particulier ; et cñ€ℱest toujours le genre qui est le sujet oÃÂč se manifestent les différences. Dans les définitions, on entend encore par Genre le primitif intégrant, qui exprime essentiellement ce quñ€ℱest la chose, et dont les qualités sont ce quñ€ℱon appelle les différences. Telles sont donc les diverses acceptions du mot Genre. En un sens, il exprime la génération continue et successive de la mÃÂȘme espÚce ; en un autre sens, il exprime le moteur initial qui produit le semblable en espÚce ; et enfin, il exprime la matiÚre ; car ce qui reçoit la différence et la qualité est précisément le sujet que nous appelons la matiÚre. On dit des choses quñ€ℱelles sont autres en Genre, quand leur sujet primitif est autre, que lñ€ℱune des deux choses ne se réduit pas à lñ€ℱautre, ou que toutes deux ne se réduisent pas à une troisiÚme. Cñ€ℱest ainsi que la forme et la matiÚre sont dñ€ℱun Genre différent. Les choses diffÚrent encore de Genre quand elles appartiennent à une autre forme de catégorie de lñ€ℱÃƠtre. On sait que, parmi les catégories, les unes se rapportent à lñ€ℱessence de la chose, les autres à la qualité, ou à telle autre des divisions que nous avons antérieurement indiquées ; car alors elles ne se résolvent, ni les unes dans les autres, ni dans une unité quelconque, oÃÂč elles se confondraient. Chapitre 29 Faux. Faux se prend dñ€ℱabord en ce sens oÃÂč lñ€ℱon dit dñ€ℱune chose quñ€ℱelle est fausse ; et une chose peut ÃÂȘtre fausse de deux maniÚres, soit parce que la combinaison des mots qui lñ€ℱexpriment nñ€ℱest pas dñ€ℱaccord avec la réalité, soit parce quñ€ℱelle est impossible. Ainsi, il est faux que le diamÚtre soit commensurable, ou que vous soyez actuellement assis ; car de ces deux assertions, lñ€ℱune est toujours fausse ; lñ€ℱautre ne lñ€ℱest quñ€ℱà un certain moment ; mais, dans ces conditions, ni lñ€ℱune ni lñ€ℱautre ne sont vraies. Dñ€ℱautres choses, bien quñ€ℱelles soient réelles, sont appelées fausses, parce quñ€ℱelles paraissent, à cause de leur nature propre, ou autrement quñ€ℱelles ne sont, ou ce quñ€ℱelles ne sont pas telle est, par exemple, une peinture ; tel est un rÃÂȘve. La peinture et le rÃÂȘve sont certainement quelque chose ; mais ce ne sont pas les objets mÃÂȘmes dont ils donnent une idée tout imaginaire. Ainsi donc, on dit des choses quñ€ℱelles sont fausses, soit quñ€ℱelles-mÃÂȘmes nñ€ℱexistent pas, soit quñ€ℱelles donnent lñ€ℱimage de quelque chose qui nñ€ℱest point. Une définition est fausse, en tant quñ€ℱelle sñ€ℱapplique, dans sa fausseté, à des choses qui ne sont pas. Cñ€ℱest ainsi que toute définition est fausse du moment quñ€ℱelle sñ€ℱapplique à une chose autre que celle dont elle est vraie et, par exemple, la définition du cercle serait fausse pour le triangle. Dñ€ℱailleurs, pour chaque chose, il nñ€ℱy a quñ€ℱune définition, qui tantÎt est unique, et alors cñ€ℱest celle qui sñ€ℱadresse à lñ€ℱessence de lñ€ℱÃÂȘtre ; ou tantÎt, multiple. Mais cñ€ℱest toujours un ÃÂȘtre identique qui est considéré, dñ€ℱabord en lui-mÃÂȘme, et ensuite, considéré dans les modifications quñ€ℱil présente. Tel est, par exemple, dñ€ℱabord Socrate ; et ensuite, Socrate instruit et savant. A vrai dire, la définition fausse nñ€ℱest la définition de rien ; aussi AntisthÚne était-il assez naïf, quand il soutenait quñ€ℱon ne peut jamais appliquer à une chose que sa définition propre, une pour une, sans pouvoir en dire autre chose. Dñ€ℱoÃÂč la conséquence nécessaire quñ€ℱon ne peut contredire quoi que ce soit, et quñ€ℱil y a presque impossibilité à rien dire de faux. Le fait est quñ€ℱil est possible, pour chaque chose, de lui appliquer sa définition propre, ou la définition dñ€ℱune autre chose, cette seconde définition étant, ou absolument Fausse, ou pouvant ÃÂȘtre vraie aussi à certains égards, comme Huit peut ÃÂȘtre appelé le double de quelque chose, au point de vue de la définition du double. [1025a] Voilà donc diverses acceptions du mot Faux, pour les choses. En lñ€ℱappliquant aux personnes, on dit que tel homme est Faux, ou menteur, quand il accepte aisément, ou quñ€ℱil invente de son plein gré, des propos de ce genre, sans autre motif que leur Fausseté mÃÂȘme, et quñ€ℱil essaie de les faire croire à autrui. Il en est de lui comme des choses dont nous disons quñ€ℱelles sont fausses, quand elles provoquent dans lñ€ℱesprit une fausse idée. Aussi, est-ce une grande erreur dans lñ€ℱHippias de soutenir que le mÃÂȘme homme est tout à la fois menteur et véridique ; car on y appelle Faux et menteur lñ€ℱhomme qui peut débiter des faussetés et des mensonges. Or, le vrai menteur est celui qui sait les choses et qui se rend compte de son mensonge. Cñ€ℱest par une erreur pareille quñ€ℱon soutient encore que lñ€ℱhomme qui est méchant parce quñ€ℱil le veut, est supérieur à celui qui est bon sans le vouloir. Mais cñ€ℱest là une idée complÚtement fausse, à laquelle conduit une induction qui ne lñ€ℱest pas moins. Car, dit-on, boiter parce quñ€ℱon le veut bien, vaut mieux que de boiter sans le vouloir. Mais ici lñ€ℱon prend le mot boiter dans le sens de faire semblant de boiter, puisque celui qui se rendrait réellement boiteux par un effet de sa libre volonté, pourrait ÃÂȘtre pire, en effet, comme, par exemple, sous le rapport de la moralité, on est plus méchant quand on lñ€ℱest volontairement ; et cñ€ℱest là le cas du menteur. Chapitre 30 Accident. Accident sñ€ℱentend dñ€ℱune chose qui est attribuée à une autre, dont elle est dite avec vérité, sans que ce soit cependant, ni une nécessité, ni mÃÂȘme le cas le plus ordinaire. Par exemple, si quelquñ€ℱun vient à trouver un trésor en creusant un trou pour y planter un arbre, cñ€ℱest un pur accident de rencontrer un trésor en creusant une fosse ; car il nñ€ℱy a pas la moindre nécessité que cette découverte soit produite par cet acte, ni quñ€ℱelle en soit la conséquence ; et ce nñ€ℱest pas davantage un fait ordinaire que de trouver un trésor en faisant un trou pour planter un arbre. Cñ€ℱest également un simple accident quñ€ℱun homme instruit soit en mÃÂȘme temps de couleur blanche ; et nous disons que cñ€ℱest une qualité accidentelle, puisquñ€ℱil nñ€ℱy a pas là non plus la moindre nécessité, et que ce nñ€ℱest pas davantage un cas ordinaire. Ainsi donc, quand une chose est réelle et quñ€ℱelle est attribuée à une autre, et que, selon les cas, elle existe dans tel lieu, ou dans tel instant, cñ€ℱest un accident qui est bien réel sans doute, mais qui ne se produit pas néanmoins, parce que telle autre chose a été préalablement, soit dans tel temps, soit dans tel lieu. Lñ€ℱAccident nñ€ℱa jamais une cause déterminée ; cñ€ℱest une cause fortuite qui lñ€ℱamÚne, et une telle cause est absolument indéterminée. Cñ€ℱest un pur Accident, par exemple, dñ€ℱaborder à Égine, lorsquñ€ℱon y est arrivé sans avoir du tout lñ€ℱintention de sñ€ℱy rendre, mais quñ€ℱon y a été jeté par la tourmente, ou quñ€ℱon y a été conduit par des pirates qui vous ont pris. Sans doute, lñ€ℱAccident, en ce cas, sñ€ℱest produit, et il nñ€ℱest que trop réel ; mais il nñ€ℱexiste pas en soi, et il nñ€ℱexiste que par une autre chose. Cñ€ℱest la tempÃÂȘte, en effet, qui est la seule cause quñ€ℱon ne soit pas allé oÃÂč lñ€ℱon voulait, et que le terme du voyage ait été lñ€ℱÃle dñ€ℱÉgine. Le mot dñ€ℱAccident a encore un autre sens, et il sñ€ℱapplique à tout attribut dñ€ℱune chose quelconque qui ne fait pas partie de son essence, mais qui ne lui en appartient pas moins. Par exemple, cñ€ℱest un attribut Accidentel pour le triangle dñ€ℱavoir ses trois angles égaux à deux droits. Les Accidents de ce dernier genre peuvent ÃÂȘtre éternels, tandis que les autres ne le sont jamais. Mais cñ€ℱest ailleurs que nous étudierons cette question. Livre 6 Chapitre 1 [1025b] Nous cherchons les principes et les causes des ÃÂȘtres, mais, évidemment, des ÃÂȘtres en tant quñ€ℱÃÂȘtres. Il y a une cause qui produit la santé et le bien-ÃÂȘtre ; les mathématiques ont aussi des principes, des éléments, des causes ; et, en général, toute science intellectuelle ou qui participe de lñ€ℱintelligence par quelque point, porte sur des causes et des principes, plus ou moins rigoureux, plus ou moins simples. Mais toutes ces sciences nñ€ℱembrassent quñ€ℱun objet déterminé, traitent uniquement de ce genre, de cet objet, sans entrer dans aucune considération sur lñ€ℱÃÂȘtre proprement dit, ni sur lñ€ℱÃÂȘtre en tant quñ€ℱÃÂȘtre, ni sur lñ€ℱessence des choses. Elles partent de lñ€ℱÃÂȘtre, les unes de lñ€ℱÃÂȘtre révélé par les sens, les autres de lñ€ℱessence admise comme fait fondamental ; puis, abordant les propriétés essentielles au genre dñ€ℱÃÂȘtre dont elles sñ€ℱoccupent, elles tirent des principes, des démonstrations plus ou moins absolues, plus ou moins probables. Il est clair quñ€ℱil ne sort dñ€ℱune telle induction, ni une démonstration de la substance, ni une démonstration de lñ€ℱessence cñ€ℱest une autre méthode de démonstration quñ€ℱil faut pour arriver à ce résultat. Par la mÃÂȘme raison elles ne disent rien de lñ€ℱexistence ou de la non-existence du genre dñ€ℱÃÂȘtres dont elles traitent ; car, montrer ce que cñ€ℱest que lñ€ℱessence, et prouver lñ€ℱexistence, dépendent de la mÃÂȘme opération intellectuelle. La Physique est la science dñ€ℱun genre dñ€ℱÃÂȘtres déterminé ; elle sñ€ℱoccupe de cette substance qui possÚde en elle le principe du mouvement et du repos. Évidemment elle nñ€ℱest ni une science pratique, ni une science créatrice. Le principe de toute création, cñ€ℱest, dans lñ€ℱagent, ou lñ€ℱesprit, ou lñ€ℱart, ou une certaine puissance. La volonté est dans lñ€ℱagent le principe de toute pratique cñ€ℱest la mÃÂȘme chose qui est lñ€ℱobjet de lñ€ℱaction et celui du choix. Si donc toute conception intellectuelle a en vue ou la pratique, ou la création, ou la théorie, la Physique sera une science théorétique, mais la science théorétique des ÃÂȘtres qui sont susceptibles de mouvement, et la science dñ€ℱune seule essence, celle dont la notion est inséparable dñ€ℱun sujet matériel. Mais il ne faut pas quñ€ℱon ignore ce que cñ€ℱest que forme déterminée, la notion essentielle des ÃÂȘtres physiques ; chercher la vérité sans cette connaissance, cñ€ℱest faire de vains efforts. Pour la définition, pour lñ€ℱessence, on distingue deux cas ; prenons pour exemples le camus et le retroussé. Ces deux choses diffÚrent en ce que le camus ne se conçoit quñ€ℱavec la matiÚre le camus, cñ€ℱest le nez retroussé ; tandis quñ€ℱau contraire le retroussé se conçoit indépendamment de toute matiÚre sensible. [1026a] Or, si tous les sujets physiques sont dans le mÃÂȘme cas que le camus ñ€“ ainsi le nez, lñ€ℱÅ“il, la face, la chair, lñ€ℱos, et enfin lñ€ℱanimal, la feuille, la racine, lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©corce, et enfin la plante ; car la notion de chacun de ces objets est toujours accompagnée de celle du mouvement, et toujours ils ont une matiÚre ñ€“, on voit alors comment il faut chercher et définir la forme essentielle des objets physiques. On comprend aussi pourquoi le physicien doit sñ€ℱoccuper de cette ùme qui nñ€ℱexiste pas indépendamment de la matiÚre. Il est évident, par ce qui précÚde, que la Physique est une science théorétique. La Science mathématique est théorétique aussi ; mais les objets dont elle sñ€ℱoccupe sont-ils réellement immobiles et indépendants ? Cñ€ℱest ce que nous ne savons point encore ; ce que nous savons toutefois, cñ€ℱest quñ€ℱil est des ÃÂȘtres mathématiques quñ€ℱelle considÚre en tant quñ€ℱimmobiles, et en tant quñ€ℱindépendants. Or, sñ€ℱil y a quelque chose de réellement immobile, dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©ternel, dñ€ℱindépendant, cñ€ℱest évidemment à la science théorétique quñ€ℱen appartient la connaissance. Et certes, cette connaissance nñ€ℱest pas le partage de la Physique, car la Physique a pour objets des ÃÂȘtres susceptibles de mouvement ; elle ne revient pas non plus à la Science mathématique, mais à une science supérieure à lñ€ℱune et à lñ€ℱautre. La Physique étudie des ÃÂȘtres inséparables de la matiÚre, et qui peuvent ÃÂȘtre mis en mouvement ; quelques-uns de ceux dont traite la Science mathématique sont immobiles, il est vrai, mais inséparables peut-ÃÂȘtre de la matiÚre, tandis que la Science premiÚre a pour objet lñ€ℱindépendant et lñ€ℱimmobile. Toutes les causes sont nécessairement éternelles ; les causes immobiles et indépendantes le sont par excellence, car elles sont les causes des phénomÚnes célestes. Il y a donc trois sciences théorétiques, la Science mathématique, la Physique et la Théologie. En effet, si Dieu existe quelque part, cñ€ℱest dans la nature immobile et indépendante quñ€ℱil faut le reconnaÃtre. Et dñ€ℱailleurs, la science par excellence doit avoir pour objet lñ€ℱÃÂȘtre par excellence. Les sciences théorétiques sont à la tÃÂȘte des autres sciences ; mais celle dont nous parlons est à la tÃÂȘte des sciences théorétiques On peut se demander si la philosophie premiÚre est une science universelle, ou bien si elle traite dñ€ℱun genre unique et dñ€ℱune seule nature. Il nñ€ℱen est pas de cette science comme des sciences mathématiques. La Géométrie et lñ€ℱAstronomie ont pour objet une nature particuliÚre, tandis que la premiÚre philosophie embrasse sans exception lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tude de toutes les natures. Sñ€ℱil nñ€ℱy avait pas, outre les substances qui ont une matiÚre, quelque substance dñ€ℱune autre nature, la Physique serait alors la science premiÚre. Mais sñ€ℱil y a une substance immobile, cñ€ℱest cette substance qui est antérieure aux autres, et la science premiÚre est la philosophie. Cette science, a titre de science premiÚre, est aussi la science universelle, et cñ€ℱest à elle quñ€ℱil appartiendra dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tudier lñ€ℱÃÂȘtre en tant quñ€ℱÃÂȘtre, lñ€ℱessence, et les propriétés de lñ€ℱÃÂȘtre en tant quñ€ℱÃÂȘtre. Chapitre 2 Lñ€ℱÃÂȘtre proprement dit sñ€ℱentend dans plusieurs sens. Il y a dñ€ℱabord lñ€ℱÃÂȘtre accidentel, puis lñ€ℱÃÂȘtre qui désigne la vérité, et, en regard, le non-ÃÂȘtre qui désigne le faux ; de plus, chaque forme de lñ€ℱattribution est une maniÚre dñ€ℱenvisager lñ€ℱÃÂȘtre on le considÚre sous le rapport de lñ€ℱessence, de la qualité, de la quantité, du lieu, du temps et sous les autres points de vue analogues ; [1026b] enfin il y a lñ€ℱÃÂȘtre en puissance et lñ€ℱÃÂȘtre en acte. Puisquñ€ℱil sñ€ℱagit des diverses acceptions quñ€ℱon donne à lñ€ℱÃÂȘtre, nous devons remarquer avant tout quñ€ℱil nñ€ℱy a aucune spéculation qui ait pour objet lñ€ℱÃÂȘtre accidentel ; et la preuve, cñ€ℱest quñ€ℱaucune science, ni pratique, ni créatrice, ni théorétique, ne tient compte de lñ€ℱaccident. Celui qui fait une maison ne fait pas les accidents divers dont cette construction est le sujet, car le nombre de ces accidents est infini. Rien nñ€ℱempÃÂȘche que la maison construite paraisse agréable aux uns, désagréable aux autres, utile à ceux-ci, et revÃÂȘte, pour ainsi dire, toute sorte dñ€ℱÃÂȘtres divers, dont aucun nñ€ℱest le produit de lñ€ℱart de bùtir. De mÃÂȘme aussi le géomÚtre ne sñ€ℱoccupe ni des accidents de ce genre dont les figures sont le sujet, ni de la différence quñ€ℱil peut y avoir entre le triangle réalisé et le triangle qui a la somme de ses trois angles égale à deux angles droits. Et cñ€ℱest avec raison quñ€ℱon en use ainsi lñ€ℱaccident nñ€ℱa, en quelque sorte, quñ€ℱune existence nominale. Ce nñ€ℱest donc pas à tort, sous un point de vue, que Platon a rangé dans la classe du non-ÃÂȘtre lñ€ℱobjet de la Sophistique. Cñ€ℱest lñ€ℱaccident, en effet, que les sophistes ont pris, de préférence à tout, si je puis dire, pour le texte de leurs discours. Ils se demandent sñ€ℱil y a différence ou identité entre musicien et grammairien, entre Coriscus musicien et Coriscus, si tout ce qui est, mais nñ€ℱest pas de tout temps, est devenu ; et, par suite, si celui qui est musicien est devenu grammairien, ou celui qui est grammairien, musicien ; et toutes les autres questions analogues. Or, lñ€ℱaccident semble quelque chose qui diffÚre peu du non-ÃÂȘtre, comme on le voit à de pareilles questions. Il y a bien pour tous les ÃÂȘtres dñ€ℱune autre sorte, devenir et destruction, mais non pas pour lñ€ℱÃÂȘtre accidentel. Nous devons dire toutefois, autant quñ€ℱil nous sera possible, quelle est la nature de lñ€ℱaccident, et quelle est sa cause dñ€ℱexistence peut-ÃÂȘtre verra-t-on par cela mÃÂȘme pourquoi il nñ€ℱy a pas de science de lñ€ℱaccident. Parmi les ÃÂȘtres, les uns restent dans le mÃÂȘme état, toujours et nécessairement, non pas de cette nécessité qui nñ€ℱest que la violence, mais de celle quñ€ℱon définit lñ€ℱimpossibilité dñ€ℱÃÂȘtre autrement ; tandis que les autres nñ€ℱy restent ni nécessairement, ni toujours, ni ordinairement voilà le principe, voilà la cause de lñ€ℱÃÂȘtre accidentel. Ce qui nñ€ℱest ni toujours, ni dans le plus grand nombre de cas, cñ€ℱest ce que nous nommons accident. Fait-il grand vent et froid dans la canicule, nous disons que cñ€ℱest accidentel ; nous nous servons dñ€ℱun autre terme sñ€ℱil fait alors de la chaleur et de la sécheresse. Cñ€ℱest quñ€ℱici cñ€ℱest ce qui a toujours lieu, ou du moins ordinairement, et que là cñ€ℱest le contraire. Cñ€ℱest un accident que lñ€ℱhomme soit blanc, car il ne lñ€ℱest ni toujours, ni ordinairement ; mais ce nñ€ℱest point accidentellement quñ€ℱil est animal. Que lñ€ℱarchitecte produise la santé, ce nñ€ℱest quñ€ℱun accident non plus [1027a] il nñ€ℱest pas dans la nature de lñ€ℱarchitecte, mais dans celle du médecin de produire la santé ; cñ€ℱest accidentellement que lñ€ℱarchitecte est médecin. Et le cuisinier, tout en ne visant quñ€ℱau plaisir, peut bien composer quelque mets utile à la santé ; mais ce résultat ne provient point de lñ€ℱart culinaire aussi disons-nous que cñ€ℱest un résultat accidentel ; le cuisinier quelquefois y arrive, mais non pas absolument. Il est des ÃÂȘtres qui sont les produits de certaines puissances les accidents ne sont, au contraire, les produits dñ€ℱaucun art, ni dñ€ℱaucune puissance déterminée. Cñ€ℱest que ce qui est ou devient accidentellement, ne peut avoir quñ€ℱune cause accidentelle. Il nñ€ℱy a pas nécessité ni éternité pour tout ce qui est ou devient la plupart des choses ne sont que souvent ; il faut donc quñ€ℱil y ait un ÃÂȘtre accidentel. Ainsi, le blanc nñ€ℱest musicien ni toujours, ni ordinairement. Or, cela arrive quelquefois ; cela est donc un accident ; sinon, tout serait nécessaire. De sorte que la cause de lñ€ℱaccidentel, cñ€ℱest la matiÚre, en tant que susceptible dñ€ℱÃÂȘtre autre quñ€ℱelle nñ€ℱest ordinairement. De deux choses lñ€ℱune ou bien il nñ€ℱy a rien qui soit ni toujours, ni ordinairement, ou bien cette supposition est impossible. Il y a donc quelque autre chose, les effets du hasard et les accidents. Mais nñ€ℱy a-t-il que le souvent dans les ÃÂȘtres, et nullement le toujours, ou bien y a-t-il des ÃÂȘtres éternels ? Cñ€ℱest un point que nous discuterons plus tard. On voit assez quñ€ℱil nñ€ℱy a pas de science de lñ€ℱaccident. Toute science a pour objet ce qui arrive toujours ou dñ€ℱordinaire. Comment sans cela ou apprendre soi-mÃÂȘme, ou enseigner aux autres ? Il faut, pour quñ€ℱil y ait science, la condition du toujours ou du souvent. Ainsi Lñ€ℱhydromel est ordinairement bon pour la fiÚvre. Mais on ne pourra marquer lñ€ℱexception, et dire quand il ne lñ€ℱest pas, à la nouvelle lune, par exemple ; car, mÃÂȘme à la nouvelle lune, il est bon ou bien dans tous les cas, ou bien dans le plus grand nombre des cas. Or, cñ€ℱest lñ€ℱaccident qui est lñ€ℱexception. Voilà pour la nature de lñ€ℱaccident, pour la cause qui le produit, et pour lñ€ℱimpossibilité dñ€ℱune science de lñ€ℱÃÂȘtre accidentel. Chapitre 3 Il est clair que les principes et les causes des accidents se produisent et se détruisent, sans quñ€ℱil y ait réellement, dans ce cas, ni production, ni destruction. Sñ€ℱil nñ€ℱen était pas ainsi, si la production et la destruction de lñ€ℱaccident avaient nécessairement une cause non-accidentelle, alors tout serait nécessaire. Telle chose sera-t-elle ou non ? Oui, si telle chose a lieu ; sinon, non. Et cette chose aura lieu, si une autre a lieu elle-mÃÂȘme. En poursuivant de la sorte, et en retranchant toujours du temps dñ€ℱun temps fini, évidemment on arrivera à lñ€ℱinstant actuel. [1027b] Ainsi donc, tel homme mourra-t-il de maladie, ou de mort violente ? De mort violente sñ€ℱil sort de la ville il sortira sñ€ℱil a soif, il aura soif à une autre condition. De cette façon on arrive à un fait actuel, ou à quelque fait accompli déjà . Par exemple, il sortira sñ€ℱil a soif il aura soif sñ€ℱil mange des mets salés ; ce dernier fait est ou nñ€ℱest pas. Cñ€ℱest donc nécessairement que cet homme mourra ou ne mourra pas de mort violente. Si lñ€ℱon remonte aux faits accomplis, le mÃÂȘme raisonnement sñ€ℱapplique encore ; car il y a déjà dans lñ€ℱÃÂȘtre donné la condition de ce qui sera à savoir, le fait qui sñ€ℱest accompli. Tout ce qui sera, sera donc nécessairement. Ainsi, cñ€ℱest nécessairement que lñ€ℱÃÂȘtre qui vit, mourra ; car il y a déjà en lui la condition nécessaire, par exemple, la réunion des éléments contraires dans le mÃÂȘme corps. Mais mourra-t-il de maladie ou de mort violente ? La condition nécessaire nñ€ℱest pas encore remplie ; elle ne le sera que si telle chose a lieu. Il est donc évident que lñ€ℱon remonte ainsi à un principe, lequel ne se ramÚne plus à aucun autre. Cñ€ℱest là le principe de ce qui arrive dñ€ℱune maniÚre indéterminée ce principe, aucune cause ne lñ€ℱa produit lui-mÃÂȘme. Mais à quel principe, et à quelle cause amÚne une telle réduction ; est-ce à la matiÚre, à la cause finale ou à celle du mouvement ? Cñ€ℱest ce quñ€ℱil nous faudra examiner avec le plus grand soin. Sur lñ€ℱÃÂȘtre accidentel, tenons-nous-en à ce qui précÚde nous avons suffisamment déterminé quels sont ses caractÚres. Quant à lñ€ℱÃÂȘtre en tant que vrai, et au non-ÃÂȘtre en tant que faux, ils ne consistent que dans la réunion et la séparation de lñ€ℱattribut et du sujet, en un mot, dans lñ€ℱaffirmation ou la négation. Le vrai, cñ€ℱest lñ€ℱaffirmation de la convenance du sujet et de lñ€ℱattribut, la négation de leur disconvenance. Le faux est la contrepartie de cette affirmation et de cette négation. Mais comment se fait-il que nous concevions ou réunis ou séparés lñ€ℱattribut et le sujet et quand je parle de réunion ou de séparation, jñ€ℱentends une réunion qui produise, non pas une succession dñ€ℱobjet, mais un ÃÂȘtre un ? Cñ€ℱest ce dont il ne sñ€ℱagit point présentement. Le faux ni le vrai ne sont point dans les choses, comme, par exemple, si le bien était le vrai, et le mal, le faux. Ils nñ€ℱexistent que dans la pensée ; encore, les notions simples, la conception des pures essences, ne produisent-elles rien de semblable dans la pensée. Nous aurons plus tard à nous occuper de lñ€ℱÃÂȘtre et du non-ÃÂȘtre en tant que vrai et faux. Quñ€ℱil nous suffise dñ€ℱavoir remarqué que la convenance ou la disconvenance du sujet et de lñ€ℱattribut existe dans la pensée et non dans les choses, et que lñ€ℱÃÂȘtre en question nñ€ℱa pas dñ€ℱexistence propre ; car, ce que la pensée réunit au sujet ou en sépare, peut ÃÂȘtre ou bien lñ€ℱessence, ou bien la qualité, ou bien la quantité, ou tout autre mode de lñ€ℱÃÂȘtre laissons donc de cÎté lñ€ℱÃÂȘtre en tant que vrai, comme nous avons fait pour lñ€ℱÃÂȘtre accidentel. En effet, la cause de celui-ci est indéterminée ; celle de lñ€ℱautre nñ€ℱest quñ€ℱune modification de la pensée. [1028a] Lñ€ℱun et lñ€ℱautre ont pour objets les divers genres de lñ€ℱÃÂȘtre, et ils ne manifestent, ni lñ€ℱun ni lñ€ℱautre, quelque nature particuliÚre dñ€ℱÃÂȘtre. Passons-les donc tous les deux sous silence, et occupons-nous de lñ€ℱexamen des causes et des principes de lñ€ℱÃÂȘtre lui-mÃÂȘme en tant quñ€ℱÃÂȘtre ; et rappelons-nous quñ€ℱen déterminant le sens des termes de la philosophie, nous avons établi que lñ€ℱÃÂȘtre se prend sous plusieurs acceptions. Livre 7 Chapitre 1 Ce mot dñ€ℱÃƠtre peut recevoir plusieurs acceptions, comme lñ€ℱa montré lñ€ℱanalyse que nous en avons faite antérieurement, en traitant des sens divers de ce mot. ÃƠtre peut signifier, dñ€ℱune part, la substance de la chose et son existence individuelle ; dñ€ℱautre part, il signifie quñ€ℱelle a telle qualité, telle quantité, ou tel autre des différents attributs de cette sorte. Du moment que lñ€ℱÃƠtre peut sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©noncer sous tant de formes, il est clair que lñ€ℱÃƠtre premier entre tous est celui qui exprime ce quñ€ℱest la chose, cñ€ℱest-à -dire son existence substantielle. Ainsi, quand nous voulons désigner la qualité dñ€ℱune chose, nous disons quñ€ℱelle est bonne ou mauvaise ; et alors nous ne disons pas plus que sa longueur est de trois coudées que nous ne disons quñ€ℱelle est un homme. Tout au contraire, si nous voulons exprimer ce quñ€ℱest la chose elle-mÃÂȘme, nous ne disons plus quñ€ℱelle est blanche, ou chaude, ou de trois coudées ; nous disons simplement que cñ€ℱest un homme, ou un Dieu. Toutes les autres espÚces de choses ne sont appelées des ÃÂȘtres que parce que les unes sont des quantités de lñ€ℱÃƠtre ainsi conçu ; les autres, des qualités ; celles-ci, des affections ; celles-là , telle autre modification analogue. Aussi, lñ€ℱon peut se demander si chacune de ces façons dñ€ℱÃÂȘtre, quñ€ℱon désigne par ces mots Marcher, Se bien porter, Sñ€ℱasseoir, sont bien de lñ€ℱÃƠtre ou nñ€ℱen sont pas ; et la mÃÂȘme question se représente pour toutes les autres classes quñ€ℱon vient dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©numérer. Aucun de ces ÃÂȘtres secondaires nñ€ℱexiste naturellement en soi, et ne peut ÃÂȘtre séparé de la substance individuelle ; et ceci doit paraÃtre dñ€ℱautant plus rationnel que lñ€ℱÃƠtre réel, cñ€ℱest ce qui marche, cñ€ℱest ce qui se porte bien, cñ€ℱest ce qui est assis. Et ce qui fait surtout que ce sont là des ÃÂȘtres, cñ€ℱest quñ€ℱil y a sous tout cela un ÃÂȘtre déterminé, qui leur sert de sujet. Ce sujet, cñ€ℱest précisément la substance et lñ€ℱindividu, qui se montre clairement dans la catégorie qui y est attribuée. Sans cette premiÚre condition, on ne pourrait pas dire que lñ€ℱÃÂȘtre est bon, ou quñ€ℱil est assis. Ainsi donc, il est bien clair que cñ€ℱest uniquement grùce à cette catégorie de la substance, que chacun des autres attributs peut exister. Et par conséquent, lñ€ℱÃƠtre premier, qui nñ€ℱest pas de telle ou telle maniÚre particuliÚre, mais qui est simplement lñ€ℱÃƠtre, cñ€ℱest la substance individuelle. Le mot Premier peut, il est vrai, ÃÂȘtre pris lui-mÃÂȘme en plusieurs sens ; mais la substance nñ€ℱen est pas moins le premier sens de lñ€ℱÃƠtre, quñ€ℱon le considÚre dñ€ℱailleurs sous quelque rapport que ce soit, la définition, la connaissance, le temps, et la nature. Pas un seul des autres attributs de lñ€ℱÃƠtre ne peut exister séparément ; il nñ€ℱy a que la substance toute seule qui le puisse. Dñ€ℱabord, cñ€ℱest bien cela quñ€ℱest le primitif sous le rapport de la définition ; car de toute nécessité, dans la définition dñ€ℱune chose quelconque, la définition mÃÂȘme de la substance est toujours implicitement comprise. Ajoutez que, quel que soit lñ€ℱÃÂȘtre dont il sñ€ℱagit, nous ne croyons le connaÃtre que quand nous savons, par exemple, que cñ€ℱest un homme, ou que cñ€ℱest du feu. [1028b] Et alors, nous le connaissons bien plus que quand nous savons seulement quñ€ℱil a telle qualité, ou telle quantité, ou quñ€ℱil est dans tel lieu. Pour ces notions mÃÂȘmes, nous les comprenons dñ€ℱautant mieux que nous savons quel est lñ€ℱÃÂȘtre qui a telle quantité, ou telle qualité. On le voit donc cette question agitée depuis si longtemps, agitée encore aujourdñ€ℱhui, cette question toujours posée, et toujours douteuse de la nature de lñ€ℱÃƠtre, revient à savoir ce quñ€ℱest la substance. Les uns prétendent que lñ€ℱÃƠtre, cñ€ℱest lñ€ℱunité ; pour les autres, cñ€ℱest la pluralité ; pour ceux-ci, les ÃÂȘtres sont limités ; pour ceux-là , ils sont infinis. Mais quant à nous, notre recherche principale, notre recherche premiÚre, et nous pourrions presque dire, notre unique recherche, cñ€ℱest de savoir ce quñ€ℱest lñ€ℱÃƠtre considéré sous le point de vue que nous avons indiqué. Chapitre 2 Cñ€ℱest surtout aux corps que la substance individuelle semble appartenir le plus évidemment. Or, cñ€ℱest ainsi que lñ€ℱon qualifie de Substances, les animaux, les plantes, leurs différentes parties, et aussi les corps de la nature, tels que le feu, lñ€ℱeau, la terre, et tous les autres éléments de ce genre, avec tout ce qui en fait partie, ou tout ce qui en est composé, soit quñ€ℱon les considÚre à lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tat de fraction, soit à lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tat de totalité par exemple, le ciel et les parties du ciel, étoiles, lune, soleil. Sont-ce bien là les seules substances ? Y en a-t-il dñ€ℱautres encore ? Ou bien ne sont-ce mÃÂȘme pas du tout des substances ? Les vraies substances ne sont-elles pas toutes différentes ? Cñ€ℱest ce quñ€ℱil faut examiner. Des philosophes ont pensé que les limites du solide, surface, ligne, point, unité, sont des substances véritables, et quñ€ℱelles en sont plus réellement que le corps lui-mÃÂȘme et le solide. Dñ€ℱautres ont cru quñ€ℱen dehors des choses sensibles, il nñ€ℱy a rien quñ€ℱon puisse appeler substance ; dñ€ℱautres, au contraire, ont supposé quñ€ℱil y a en outre bien des substances, et qui le sont mÃÂȘme dñ€ℱautant plus quñ€ℱelles sont éternelles. Ainsi, Platon a fait des Idées et des ÃƠtres mathématiques deux substances, et il nñ€ℱa placé quñ€ℱau troisiÚme rang la substance des corps sensibles. Speusippe a également admis plusieurs substances, en commençant par lñ€ℱunité ; il supposait des principes pour chaque espÚce de substance, un principe des nombres, un principe des grandeurs, un principe de lñ€ℱñme ; et cñ€ℱest de cette façon quñ€ℱil multiplie les substances. Dñ€ℱautres philosophes encore ont soutenu que les Idées et les nombres sont de mÃÂȘme nature, et que tout le reste ne fait quñ€ℱen dériver, les lignes et les sur faces, et mÃÂȘme jusquñ€ℱà la substance du ciel et jusquñ€ℱaux choses sensibles. Pour éclaircir toutes ces questions, il nous faut examiner ce quñ€ℱil y a dñ€ℱexact ou dñ€ℱerroné dans ces systÚmes, quelles sont les vraies substances, sñ€ℱil y a ou sñ€ℱil nñ€ℱy a pas de substances en dehors des substances sensibles ; et alors, nous nous demanderons ce quñ€ℱelles sont. Puis en supposant quñ€ℱil existe quelque substance séparée, pourquoi et comment elle lñ€ℱest. Enfin, nous rechercherons sñ€ℱil nñ€ℱy a aucune substance possible en dehors des substances que nos sens nous révÚlent. Mais auparavant, il nous faut esquisser ce que cñ€ℱest que la substance. Chapitre 3 Le mot Substance peut présenter tout au moins quatre sens principaux, si ce nñ€ℱest davantage. Ainsi, dans chaque chose, la notion de substance semble sñ€ℱappliquer à lñ€ℱessence, qui fait que la chose est ce quñ€ℱelle est, à lñ€ℱuniversel, au genre, et, en quatriÚme lieu, au sujet. Par Sujet, on doit entendre ce à quoi tout le reste est attribué, sans quñ€ℱil soit jamais réciproquement lñ€ℱattribut dñ€ℱune autre chose. Cñ€ℱest donc du sujet quñ€ℱil faut tout dñ€ℱabord noua occuper. [1029a] Le sujet, en effet, semble ÃÂȘtre plus particuliÚrement substance. Sous ce rapport, on lñ€ℱappelle dñ€ℱabord la matiÚre ; puis à un autre point de vue, on lñ€ℱappelle la forme ; et en troisiÚme et dernier lieu cñ€ℱest le composé que constituent, toutes deux réunies, la forme et la matiÚre. La matiÚre, cñ€ℱest par exemple lñ€ℱairain ; la forme, cñ€ℱest la figure que revÃÂȘt la conception de lñ€ℱartiste ; et lñ€ℱensemble quñ€ℱelles produisent en se réunissant, cñ€ℱest, en fin de compte, la statue. Par conséquent si la forme, qui donne lñ€ℱespÚce, est antérieure à la matiÚre, et si elle est davantage de lñ€ℱÃƠtre, par la mÃÂȘme raison elle doit ÃÂȘtre antérieure au composé, qui sort de la réunion des deux. Nous avons donc maintenant un aperçu de ce quñ€ℱest la substance ; et nous savons quñ€ℱelle nñ€ℱest jamais lñ€ℱattribut de quoi que ce soit, et quñ€ℱau contraire cñ€ℱest à elle que se rapportent tous les attributs divers. Mais nous ne devons pas nous contenter de cette esquisse, qui nñ€ℱest pas tout à fait suffisante. Elle est dñ€ℱabord assez obscure en elle-mÃÂȘme ; et de plus, cñ€ℱest alors la matiÚre qui devient la substance ; car, si la matiÚre nñ€ℱest pas la substance mÃÂȘme, on ne voit plus quelle autre substance il pourrait y avoir. Tout le reste a disparu, et il nñ€ℱy a plus rien absolument qui subsiste. Tout le reste, en effet, ne représente que les affections des corps, leurs actions, leurs puissances. Longueur, largeur, profondeur, ce ne sont que des quantités ; ce ne sont pas des substances ; car la quantité et la substance ne se confondent pas ; et, loin de là , la substance est bien plutÎt le sujet primordial auquel toutes ces modifications appartiennent. Si lñ€ℱon retranche successivement longueur, largeur, profondeur, nous ne voyons pas quñ€ℱil reste quoi que ce soit, si ce nñ€ℱest précisément lñ€ℱobjet que limitaient et déterminaient ces trois dimensions. Ainsi, en se mettant à ce point de vue, il nñ€ℱy a plus que la matiÚre toute seule qui puisse ÃÂȘtre prise pour la substance. Mais quand je dis MatiÚre, cñ€ℱest la matiÚre en soi, celle qui nñ€ℱest, ni un objet individuel, ni une quantité, ni aucun des modes qui servent à déterminer lñ€ℱÃƠtre. Il faut bien quñ€ℱil y ait quelque chose à quoi sñ€ℱappliquent tous ces attributs, et dont la façon dñ€ℱÃÂȘtre soit tout à fait différente de chacune des catégories. En effet, tout le reste est attribué à la substance, qui elle-mÃÂȘme est lñ€ℱattribut de la matiÚre ; et par conséquent, ce terme dernier nñ€ℱest en soi, ni un individu, ni une quantité, ni rien de pareil. Ce sont encore moins les négations de tout cela ; car les négations nñ€ℱont quñ€ℱune existence indirecte et accidentelle. On voit donc quñ€ℱen adoptant ces théories, on arrive à reconnaÃtre la matiÚre pour la substance. Mais cette théorie est insoutenable, puisque le caractÚre éminent de la substance, cñ€ℱest dñ€ℱÃÂȘtre séparée, et dñ€ℱÃÂȘtre quelque chose de distinct et dñ€ℱindividuel. Aussi, à ce point de vue, la forme et le composé que constituent la forme et la matiÚre, sembleraient avoir plus de droit que la matiÚre à représenter la substance. Cependant, il faut laisser de cÎté la substance formée de ces deux éléments, je veux dire, le résultat que composent la matiÚre et la forme combinées. Cette substance est postérieure, et elle nñ€ℱa rien dñ€ℱobscur ; la matiÚre est à peu prÚs aussi claire ; mais cñ€ℱest à la troisiÚme substance, celle de la forme, quñ€ℱil faut nous attacher ; car elle est la plus difficile à comprendre. Mais, comme on est dñ€ℱaccord pour reconnaÃtre que, parmi les choses sensibles, il y en a qui sont des substances, cñ€ℱest à celles-là que nos recherches vont sñ€ℱadresser tout dñ€ℱabord. Chapitre 4 [1029b] Au début, nous avons indiqué tous les sens oÃÂč le mot Substance peut ÃÂȘtre pris ; et lñ€ℱun de ces sens nous a semblé ÃÂȘtre celui oÃÂč Substance veut dire que la chose est ce quñ€ℱelle est. Cñ€ℱest cette derniÚre question quñ€ℱil faut étudier, en cherchant à arriver ensuite à quelque chose de plus notoire. La science, en effet, sñ€ℱacquiert toujours en partant de notions qui, de leur nature, sont moins notoires, pour sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lever à des notions qui, par leur nature, le sont davantage. Cñ€ℱest quñ€ℱil en est de la science comme de la conduite dans la vie pratique, oÃÂč, partant du bien des individus, on doit faire que le bien général devienne aussi le bien de chaque particulier. De mÃÂȘme ici, nous partons de notions qui nous sont personnellement plus connues, pour atteindre des notions qui, étant notoires par leur nature, finissent par le devenir aussi pour nous. Mais les connaissances quñ€ℱon a personnellement, et tout dñ€ℱabord, sont souvent bien légÚres et bien peu nettes ; elles nñ€ℱont que peu ou point de réalité. Et cependant, cñ€ℱest en partant de ces connaissances si insuffisantes, mais qui nous sont personnelles, quñ€ℱon doit tùcher dñ€ℱatteindre à la connaissance absolue des choses, oÃÂč lñ€ℱon ne peut parvenir quñ€ℱen prenant le point de départ que nous venons dñ€ℱindiquer. Dñ€ℱabord, disons quelques mots, à un point de vue tout rationnel, pour faire comprendre que lñ€ℱessence propre de chaque chose, et ce qui la fait ÃÂȘtre ce quñ€ℱelle est, cñ€ℱest ce quñ€ℱelle est dite En soi. Ainsi, vous ÃÂȘtes éclairé et instruit ; mais ce nñ€ℱest pas précisément ÃÂȘtre Vous ; car ce nñ€ℱest pas en vous-mÃÂȘme que vous ÃÂȘtes instruit. Ce que vous ÃÂȘtes essentiellement, cñ€ℱest en vous seul que vous lñ€ℱÃÂȘtes. Mais ceci nñ€ℱest pas applicable à tous les cas. ÃƠtre en soi, selon cette acception, ce nñ€ℱest pas ÃÂȘtre à la maniÚre que la surface est blanche, puisque lñ€ℱÃƠtre de la surface nñ€ℱest pas du tout lñ€ℱÃƠtre du blanc. Lñ€ℱessence nñ€ℱest pas non plus le composé des deux termes réunis la surface blanche. Et pourquoi ? Cñ€ℱest que la surface, qui est à définir, est comprise dans sa définition. Ainsi, la définition essentielle oÃÂč la chose définie elle-mÃÂȘme ne figure pas, cñ€ℱest là vraiment la définition, qui explique pour chaque chose ce quñ€ℱelle est En soi. Si donc ÃÂȘtre une surface blanche était la mÃÂȘme chose quñ€ℱÃÂȘtre une surface polie, il sñ€ℱensuivrait que le Blanc et le Poli seraient absolument identiques, et ne seraient quñ€ℱune seule et mÃÂȘme chose. Mais il y a également des composés dans les autres catégories ; car, dans chacune, il y a toujours un sujet ; et, par exemple, il y a un sujet pour la qualité, pour le temps, pour le lieu, pour le mouvement. DÚs lors, il faut voir si la définition de lñ€ℱessence, telle quñ€ℱon lñ€ℱapplique a chacun de ces sujets, se retrouve aussi dans les composés. Par exemple, si lñ€ℱon définit lñ€ℱHomme blanc, il faut voir sñ€ℱil y a une définition essentielle de ce composé lñ€ℱHomme blanc. Représentons, si nous voulons, cette définition, par le mot Manteau. Mais alors quñ€ℱest-ce que cñ€ℱest que dñ€ℱÃÂȘtre un manteau ? Ce composé dñ€ℱHomme blanc nñ€ℱest pas certainement non plus une de ces choses dont on peut dire quñ€ℱelles sont en elles-mÃÂȘmes, et par elles-mÃÂȘmes. Ou bien, lñ€ℱexpression de Nñ€ℱÃÂȘtre pas En soi ne peut-elle pas avoir un double sens ? Dans lñ€ℱun, on fait une addition à la chose à définir, tandis que, dans lñ€ℱautre, on ne fait pas cette addition. Ici, le défini ne sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©nonce quñ€ℱen étant adjoint à une chose autre que lui ; et par exemple, si lñ€ℱon avait à définir le blanc, ce serait commettre cette faute que de donner la définition dñ€ℱHomme blanc. Là au contraire, le défini est accompagné dñ€ℱun autre terme, qui est ajouté ; et si, comme nous venons de le dire, Manteau signifiait Homme blanc, on définirait le manteau, comme si lñ€ℱon avait simplement le Blanc. Lñ€ℱHomme blanc est bien quelque chose dans le blanc ; [1030a] mais sa définition essentielle nñ€ℱest pas dñ€ℱÃÂȘtre blanc. Lñ€ℱessence, dans le cas oÃÂč la définition dñ€ℱHomme blanc est Manteau, est-elle quelque chose de réel, quelque chose dñ€ℱabsolu ? Ou bien nñ€ℱy a-t-il pas la dñ€ℱessence ? Lñ€ℱessence dñ€ℱune chose, cñ€ℱest dñ€ℱÃÂȘtre ce quñ€ℱelle est. Mais quand une chose est lñ€ℱattribut dñ€ℱune autre, cñ€ℱest quñ€ℱelle nñ€ℱest pas quelque chose dñ€ℱindividuel et dñ€ℱindépendant. Ainsi, lñ€ℱHomme blanc nñ€ℱest pas une chose individuelle, puisque cette individualité indépendante appartient uniquement aux substances. Par conséquent, il nñ€ℱy a dñ€ℱessence individuelle que pour les choses dont lñ€ℱexplication est une définition. Or, il nñ€ℱy a pas de définition par cela seul que le nom de la chose aurait le mÃÂȘme sens quñ€ℱelle. Autrement toutes les appellations nominales seraient autant de définitions, puisque le nom dñ€ℱune chose se confondrait alors avec lñ€ℱexplication quñ€ℱon en donnerait ; et, à ce compte, le mot seul dñ€ℱIliade serait une définition tout entiÚre. Mais la définition nñ€ℱest réelle que si elle sñ€ℱadresse à un primitif. Et les primitifs sont toutes les choses quñ€ℱon peut désigner, sans que la chose en question soit attribuée à une autre. Aussi, la définition essentielle, exprimant que le primitif est ce quñ€ℱil est, nñ€ℱappartiendra à aucune des espÚces qui ne font pas partie du genre ; elle nñ€ℱappartiendra quñ€ℱaux seules espÚces qui y sont comprises ; car, dans la désignation de ces espÚces, on nñ€ℱa besoin dñ€ℱimpliquer, ni leur participation à un autre ÃÂȘtre, ni une modification quelconque, ni une attribution accidentelle. Mais mÃÂȘme, pour chacune des autres catégories, lñ€ℱappellation indiquera ce quñ€ℱelles expriment, du moment que le nom indique que telle chose est à . telle autre, ou bien, si, à la place dñ€ℱune appellation simple, il y en a une plus exacte et plus complÚte. Mais il nñ€ℱy aura là , ni définition, ni explication, de ce quñ€ℱest essentiellement la chose. Cñ€ℱest que le mot Définition aussi bien que celui dñ€ℱEssence peut avoir plusieurs acceptions. En effet, ce quñ€ℱest la chose peut, en un sens, signifier la substance, et aussi tel ou tel objet individuel ; mais, en un autre sens, il exprime indistinctement chacune des attributions quantité, qualité, et le reste. De mÃÂȘme que lñ€ℱÃƠtre appartient à toutes ces catégories, sans leur appartenir dñ€ℱune maniÚre semblable, puisquñ€ℱil est primitif dans lñ€ℱune, et quñ€ℱil nñ€ℱest que consécutif dans les autres ; de mÃÂȘme ce quñ€ℱest la chose, lñ€ℱessence, ne sñ€ℱapplique dñ€ℱune maniÚre absolue quñ€ℱà la substance ; mais elle peut aussi, sous certains rapports, sñ€ℱappliquer au reste des catégories. Cñ€ℱest quñ€ℱen effet on peut aussi demander, pour la qualité, par exemple, ce quñ€ℱelle est ; et la qualité devient alors de lñ€ℱÃƠtre, sans quñ€ℱelle en soit absolument. Et de mÃÂȘme pour le Non-ÃÂȘtre, on dit quelquefois logiquement quñ€ℱil Est, sans que ce soit dñ€ℱune maniÚre absolue, mais seulement en tant que Non-ÃÂȘtre. De mÃÂȘme encore, pour la qualité. Il faut donc, pour chaque chose, bien voir le nom quñ€ℱon doit lui donner ; mais il faut voir, avec non moins dñ€ℱattention, ce quñ€ℱest réellement la chose. Et comme ici ce dont on parle est fort clair, on peut dire que lñ€ℱÃƠtre appartiendra également à tous ces termes ; mais il appartiendra premiÚrement et absolument à la substance ; et en sous-ordre, il appartiendra au reste, de mÃÂȘme que lñ€ℱexistence individuelle appartiendra au reste aussi, non pas dñ€ℱune maniÚre absolue, mais en tant quñ€ℱelle peut appartenir à la qualité et à la quantité. Il faut, en effet, que tout cela, ou ne soit de lñ€ℱÃƠtre que par homonymie, ou bien que ce ne soit de lñ€ℱÃƠtre quñ€ℱautant quñ€ℱon y ajoute, ou quñ€ℱon en retranche quelque chose, de mÃÂȘme que lñ€ℱinintelligible est encore de lñ€ℱintelligible. Le vrai en ceci est de ne considérer lñ€ℱÃƠtre de ces choses, ni comme une simple homonymie, ni comme un mÃÂȘme ÃÂȘtre ; mais il faut le prendre comme on le fait pour le mot Médical, qui se rapporte bien à une seule et mÃÂȘme chose, mais qui nñ€ℱa pas un seul et mÃÂȘme sens, et quñ€ℱon ne confond pas sous une vague homonymie. [1030b] Ainsi, un corps, une opération, un instrument, sñ€ℱappellent Médical ; mais ce nñ€ℱest pas là une homonymie ; ce nñ€ℱest pas là non plus une seule et mÃÂȘme chose ; mais cñ€ℱest à une seule et mÃÂȘme notion que tout cela se rapporte. Du reste, il nñ€ℱy a guÚre dñ€ℱimportance à se servir ici de lñ€ℱexpression quñ€ℱon voudra. Ce quñ€ℱil y a dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©vident, cñ€ℱest que la définition qui explique la chose dñ€ℱune maniÚre primitive et absolue, et qui dit ce quñ€ℱelle est essentiellement, ne sñ€ℱadresse quñ€ℱaux substances ; et que, si la définition sñ€ℱapplique aussi aux autres catégories, ce nñ€ℱest pas primitivement. En effet, cela mÃÂȘme étant admis, il ne sñ€ℱensuit pas nécessairement quñ€ℱil y ait définition par cela seul que lñ€ℱexplication donnée signifie la mÃÂȘme chose. Il faut encore que ce soit une explication dñ€ℱun certain genre ; cñ€ℱest-à -dire, quñ€ℱil faut que lñ€ℱexplication sñ€ℱapplique à une chose qui soit Une, non pas simplement Une en tant que continue, comme lñ€ℱest lñ€ℱIliade, par exemple, ou comme le sont des choses qui se tiennent entre elles, par un lien commun, mais à une chose qui soit Une dans tous les sens oÃÂč lñ€ℱUn se comprend ; et lñ€ℱUn a autant dñ€ℱacceptions que lñ€ℱÃƠtre peut en avoir. Or, lñ€ℱÃƠtre désigne un objet substantiel ; mais il désigne encore la quantité, la qualité, etc. ; et voilà comment on peut tout à la fois donner une explication et une définition de ce que signifient ces deux mots réunis, Homme, Blanc ; et quñ€ℱà un autre point de vue, on peut expliquer et définir séparément le Blanc, et la Substance Homme. Chapitre 5 Si lñ€ℱon nie que lñ€ℱexplication complexe dñ€ℱune chose soit une véritable définition, il est bien difficile de savoir dans quels cas la définition est possible, pour les termes qui ne sont pas simples, mais qui sont accouplés deux à deux. Car nécessairement on doit expliquer la chose avec le développement quñ€ℱon y a joint. Je prends pour exemples le Nez et la Courbure, et le Camus, qui se forme de la combinaison des deux termes Nez et Courbure, puisque Camus est une certaine chose dans une autre chose. Or, la Courbure et le Camus ne sont pas des attributs accidentels du nez ; mais ils se rapportent au nez essentiellement et en soi. lls ne sont pas au nez comme la blancheur est à Callias, ou à lñ€ℱhomme, parce que Callias, qui a pour attribut indirect dñ€ℱÃÂȘtre homme, est blanc. Mais ils sont au nez comme la notion de mùle se rapporte à celle dñ€ℱAnimal, comme lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©gal se rapporte à la notion de quantité, et comme sont toutes les attributions dont on dit quñ€ℱelles sont essentiellement En soi. Les attributs essentiels sont ceux dans lesquels se trouve comprise lñ€ℱexplication, ou le nom, de la chose dont les attributs sont les modes, et quñ€ℱon ne peut expliquer séparément de lñ€ℱobjet lui-mÃÂȘme. La blancheur peut ÃÂȘtre exprimée sans lñ€ℱidée dñ€ℱhomme, tandis quñ€ℱil est bien impossible dñ€ℱexprimer lñ€ℱidée de Femelle ou de Mùle sans lñ€ℱidée dñ€ℱAnimal. Ainsi, pour ces attributs complexes, ils nñ€ℱont, ni essence, ni définition ; ou sñ€ℱils en ont, cñ€ℱest tout autrement, ainsi que nous lñ€ℱavons dit antérieurement. Mais ici se présente une autre difficulté. Si un nez Courbé et un nez Camus sont la mÃÂȘme chose, dÚs lors Camus et Courbé sont également identiques. Mais si lñ€ℱon nie cela, parce quñ€ℱil est impossible de soutenir que le Camus existe en soi et sans la chose dont il est une affection, et si lñ€ℱon soutient, au contraire, que le Camus est la courbure du nez, alors, ou il nñ€ℱest pas possible de jamais dire que le nez est Camus ; ou, si on le dit, on sñ€ℱexpose à répéter deux fois la mÃÂȘme idée Nez-nez courbé, puisque Nez Camus signifiera Nez-nez courbé. Il est donc absurde de soutenir que ces attributs ont une définition essentielle ; et si lñ€ℱon suppose quñ€ℱils en ont une, ce sera se perdre dans lñ€ℱinfini ; car Nez-nez courbé pourra aussi avoir un autre attribut. [1031a] Il faut donc en conclure quñ€ℱil nñ€ℱy a vraiment de définition que pour la substance. Sñ€ℱil y en a pour les autres catégories, cñ€ℱest uniquement par voie dñ€ℱaddition, comme on le voit quand on veut définir la qualité ou lñ€ℱimpair. Il est impossible, en effet, de définir lñ€ℱimpair sans lñ€ℱidée du nombre, pas plus quñ€ℱon ne définit lñ€ℱidée de femelle sans lñ€ℱidée dñ€ℱanimal. Par Voie dñ€ℱaddition, jñ€ℱentends les cas oÃÂč, comme dans ceux quñ€ℱon vient de citer, lñ€ℱon répÚte deux fois la mÃÂȘme chose. Si cela est vrai, il nñ€ℱy aura pas davantage de définition pour les termes accouplés, comme ils le sont quand on dit le Nombre impair, au lieu de dire simplement lñ€ℱImpair. Mais on ne prend pas garde que les expressions dont on se sert sont inexactes. Sñ€ℱil y a des définitions mÃÂȘme pour ces termes combinés, les conditions en sont du moins toutes différentes. Ou bien, comme nous lñ€ℱavons dit, il faut reconnaÃtre que le mot Définition peut se prendre en plusieurs acceptions, ainsi que le mot dñ€ℱEssence. Par conséquent, dans un sens, il nñ€ℱy aura de définition pour aucun de ces termes, et il nñ€ℱy aura de définition essentielle absolument que pour les seules substances ; mais dans un autre sens, il pourra y en avoir. En résumé, la définition est évidemment lñ€ℱexplication de lñ€ℱessence indiquant que la chose est ce quñ€ℱelle est ; et lñ€ℱessence ainsi comprise appartient aux substances, ou exclusivement, ou du moins, à titre supérieur, primitivement et absolument. Chapitre 6 Lñ€ℱessence dñ€ℱune chose, lñ€ℱessence qui fait que la chose est ce quñ€ℱelle est, et la chose elle-mÃÂȘme, sont-elles toujours identiques, ou sont-elles différentes ? Cñ€ℱest une question que nous avons à examiner, et qui nous sera de quelque utilité dans notre étude de la substance. Il ne semble pas quñ€ℱune chose puisse jamais différer de sa substance propre, et lñ€ℱessence qui fait que chaque chose est ce quñ€ℱelle est, sñ€ℱappelle sa substance. Mais, pour les attributions qui ne sont quñ€ℱaccidentelles, on peut croire que la substance et lñ€ℱessence sont différentes ; car lñ€ℱHomme-blanc, par exemple, est autre chose que lñ€ℱessence de lñ€ℱhomme qui est blanc. Mais, si Homme et Homme blanc sont la mÃÂȘme chose, lñ€ℱÃÂȘtre de lñ€ℱHomme et lñ€ℱÃÂȘtre de lñ€ℱHomme blanc seront la mÃÂȘme chose aussi, puisque, dit-on, Homme se confond avec Homme blanc, de telle sorte quñ€ℱÃÂȘtre Homme blanc et ÃÂȘtre Homme sont des choses identiques. Mais ne peut-on pas soutenir quñ€ℱil nñ€ℱest pas du tout nécessaire que les attributs accidentels soient identiques avec lñ€ℱessence ? En effet, les extrÃÂȘmes ne sñ€ℱidentifient pas toujours avec lñ€ℱessence de la mÃÂȘme façon ; mais on peut croire que, sñ€ℱils peuvent sñ€ℱidentifier, cñ€ℱest au moins dñ€ℱune maniÚre accidentelle ; comme, par exemple, ÃÂȘtre blanc serait la mÃÂȘme chose quñ€ℱÃÂȘtre instruit ; or cela nñ€ℱest pas soutenable. Mais pour les choses considérées en elles-mÃÂȘmes, est-il nécessaire que lñ€ℱessence et la substance soient toujours identiques, en supposant, par exemple, quñ€ℱil existe des substances qui soient antérieures à toutes les autres substances et à toutes les autres natures, dans le genre de ces substances que quelques philosophes ont appelées des Idées ? Si lñ€ℱon veut distinguer lñ€ℱessence du bien du bien réel, lñ€ℱessence de lñ€ℱanimal de lñ€ℱanimal réel, lñ€ℱessence de lñ€ℱÃƠtre de lñ€ℱÃƠtre réel, [1031b] alors il y a dñ€ℱautres substances et dñ€ℱautres Idées que celles dont on nous parle ; et ces autres substances seront les premiÚres, si lñ€ℱessence ne sñ€ℱapplique vraiment quñ€ℱà la substance. Si les essences sont distinctes et indépendantes des substances, alors il nñ€ℱy a plus de science possible pour les unes ; et les autres ne sont plus des ÃÂȘtres réels. Quand je dis Indépendantes et Distinctes, jñ€ℱentends que lñ€ℱessence du bien nñ€ℱest pas le bien réel, et que le bien réel nñ€ℱest pas davantage lñ€ℱessence du bien. La science dñ€ℱun objet quelconque consiste à savoir quelle en est lñ€ℱessence, qui fait que lñ€ℱobjet est ce quñ€ℱil est. Le bien et toutes les choses sans exception sont dans le mÃÂȘme cas ; et si le bien en soi nñ€ℱest pas le bien, lñ€ℱÃƠtre en soi non plus nñ€ℱest plus lñ€ℱÃƠtre, lñ€ℱunité en soi cesse dñ€ℱÃÂȘtre lñ€ℱunité. De deux choses lñ€ℱune ou toutes les essences sont soumises à la mÃÂȘme rÚgle, ou il nñ€ℱy en a pas une qui le soit ; et, par une conséquence forcée, du moment que lñ€ℱÃƠtre en soi nñ€ℱest plus lñ€ℱÃƠtre, tout le reste cesse du mÃÂȘme coup de pouvoir ÃÂȘtre identique. Ajoutez encore que, dans cette supposition, ce qui nñ€ℱa pas lñ€ℱessence du bien nñ€ℱest pas bon. DÚs lors, il faut nécessairement que le bien et lñ€ℱessence du bien soient une seule et unique chose, que le beau soit identique à lñ€ℱessence du beau, comme en un mot toutes les choses qui ne peuvent jamais ÃÂȘtre les attributs dñ€ℱune autre chose, mais qui sont en soi les premiÚres. Cette identité suffit du moment quñ€ℱelle existe, quand bien mÃÂȘme il nñ€ℱy aurait pas dñ€ℱIdées, et, à bien plus forte raison peut-ÃÂȘtre, sñ€ℱil y en a. Il nñ€ℱest pas moins clair que, sñ€ℱil existe des Idées du genre de celles quñ€ℱon suppose, le sujet dÚs lors cesse dñ€ℱÃÂȘtre une substance ; car ce sont les Idées qui sont nécessairement les substances, et elles ne sont jamais les attributs dñ€ℱun sujet, puisquñ€ℱalors elles nñ€ℱexisteraient que par simple participation. De toutes ces considérations, on peut conclure que la chose réelle et lñ€ℱessence de la chose forment une unité et une identité qui nñ€ℱa rien dñ€ℱaccidentel ; et que savoir une chose quelconque, cñ€ℱest savoir ce quñ€ℱest son essence. Lñ€ℱexposition que nous venons de faire prouve bien que lñ€ℱune et lñ€ℱautre ne sont absolument quñ€ℱune mÃÂȘme chose. Quant à lñ€ℱaccidentel, tels, par exemple, que les attributs de Blanc et dñ€ℱInstruit, il est impossible de dire avec vérité que, dans ce cas, la chose et son essence se confondent et ne font quñ€ℱun, parce que le mot dñ€ℱAccidentel peut se prendre en un double sens ; car pour le Blanc, par exemple, il y a dñ€ℱune part le sujet auquel cet accident est attribué ; et, dñ€ℱautre part, il y a cet accident lui-mÃÂȘme. Par conséquent, ici la chose et son essence sont identiques en un sens ; et en un autre sens, elles ne le sont pas. ÃƠtre Homme et ÃÂȘtre Homme-blanc ne sont pas des choses identiques, et il nñ€ℱy a identité que par lñ€ℱaffection spéciale du sujet. On verrait dñ€ℱailleurs aisément combien cette assertion est absurde, si lñ€ℱon donnait à chacune de ces prétendues essences, sujet et attribut, un nom particulier ; car, à cÎté de cette essence-là , il y en aurait une autre ; et, par exemple, sñ€ℱil sñ€ℱagissait de lñ€ℱessence du cheval, il y en aurait aussi une tout autre. Cependant, qui empÃÂȘche que, dans ce cas aussi, les essences ne soient immédiatement identiques à la substance, puisquñ€ℱon admet que lñ€ℱessence est une substance ? Mais non seulement il y a ici unité de la substance et de lñ€ℱessence ; mais la notion de lñ€ℱune et de lñ€ℱautre est absolument la mÃÂȘme, comme le fait bien voir ce quñ€ℱon vient dñ€ℱen dire ; [1032a] car il nñ€ℱy a rien dñ€ℱaccidentel à ce que lñ€ℱessence de lñ€ℱunité et lñ€ℱunité soient identiques. Si lñ€ℱon supposait une différence entre la substance et lñ€ℱessence, ce serait se perdre dans lñ€ℱinfini ; car il faudra toujours avoir, dñ€ℱune part, lñ€ℱessence de lñ€ℱunité, et dñ€ℱautre part, lñ€ℱunité ; et par conséquent, pour ces autres termes également, le raisonnement serait encore le mÃÂȘme. Il est donc évident que, quand il sñ€ℱagit de primitifs et de choses en soi, lñ€ℱessence de la chose et la chose elle-mÃÂȘme sont absolument une seule et unique notion. Les objections sophistiques quñ€ℱon peut élever contre cette thÚse, se réfuteraient de la mÃÂȘme maniÚre quñ€ℱon démontre que Socrate et lñ€ℱessence de Socrate sont tout-à -fait des choses identiques ; car il nñ€ℱy a ici aucune différence à mettre entre les interrogations que peuvent poser des Sophistes, et les solutions quñ€ℱon peut opposer victorieusement à devaines objections. En résumé, nous avons fait voir dans quel sens on peut dire que lñ€ℱessence se confond avec la substance, et en quel sens on peut dire quñ€ℱelle ne se confond pas avec elle. Chapitre 7 Parmi les phénomÚnes qui viennent à se produire, il y en a qui sont produits par la nature ; dñ€ℱautres sont le produit de lñ€ℱart ; dñ€ℱautres enfin sont spontanés et lñ€ℱeffet du hasard. Dñ€ℱailleurs, tout phénomÚne, qui se produit, est nécessairement produit par quelque chose ; il vient de quelque chose, et il est telle ou telle chose. Quand je dis Quelque chose, ce terme peut sñ€ℱappliquer également à toutes les catégories ici la substance, là la quantité, la qualité, le lieu, etc. Parmi les phénomÚnes qui se produisent, ceux quñ€ℱon appelle naturels sont précisément ceux dont la production vient de la nature. Ce dont est faite la chose qui se produit, cñ€ℱest ce que nous nommons sa matiÚre ; la cause par laquelle la chose est produite est un des ÃÂȘtres qui existent déjà naturellement. Un quelconque de ces ÃÂȘtres pris individuellement, cñ€ℱest un homme, une plante, ou telle autre chose de ce genre, que nous regardons éminemment comme des substances. Tout ce que produit la nature, ou tout ce que lñ€ℱart produit, a une matiÚre, parce quñ€ℱen effet chacun des produits de lñ€ℱart et de la nature peut ÃÂȘtre ou nñ€ℱÃÂȘtre pas ; et cñ€ℱest là précisément ce quñ€ℱest la matiÚre dans chacun dñ€ℱeux. Dñ€ℱune maniÚre générale, on appelle également du nom de Nature, et lñ€ℱorigine dñ€ℱoÃÂč lñ€ℱÃÂȘtre vient à sortir, et la forme quñ€ℱil revÃÂȘt ; car tout ÃÂȘtre qui se produit a une certaine nature, comme la plante ou lñ€ℱanimal ; et la cause par laquelle cet ÃÂȘtre est produit, cñ€ℱest sa nature, qui, sous le rapport de lñ€ℱespÚce et de la forme, est identique à lñ€ℱÃÂȘtre quñ€ℱelle produit ; seulement cette cause est alors dans un autre ÃÂȘtre. Cñ€ℱest ainsi que lñ€ℱhomme engendre et produit lñ€ℱhomme. Tels sont donc tous les phénomÚnes qui viennent de la nature. Quant aux autres, ce ne sont, à vrai dire, que des phénomÚnes produits par lñ€ℱhomme ; et tous les produits de ce genre viennent de lñ€ℱart, ou dñ€ℱune certaine faculté que lñ€ℱhomme possÚde, ou de son intelligence. Enfin, il y a des choses qui sont spontanées et qui viennent du hasard, à peu prÚs comme certains phénomÚnes de la nature ; car, dans le domaine de la nature, les mÃÂȘmes ÃÂȘtres naissent dñ€ℱun germe, ou naissent sans germe. Mais ce sont là des considérations que nous aborderons plus tard. [1032b] Les produits de lñ€ℱart sont les choses dont la forme est dans lñ€ℱesprit de lñ€ℱhomme ; et par forme, jñ€ℱentends ici lñ€ℱessence qui fait de chaque chose quñ€ℱelle est ce quñ€ℱelle est, et sa substance premiÚre. Car, à un certain point de vue, les contraires eux-mÃÂȘmes ont une forme identique ; la substance opposée est la substance de la privation ; et, par exemple, la santé est lñ€ℱopposé de la maladie ; car lñ€ℱabsence de la santé révÚle et constitue la maladie. La santé, cñ€ℱest la notion qui est dans lñ€ℱesprit du médecin, et qui est selon la science. La guérison, qui rend la santé, ne se produit que si le médecin se dit dñ€ℱabord dans sa pensée  Puisquñ€ℱil sñ€ℱagit de rendre la santé, il  faut nécessairement que telle chose se fasse pour que la santé soit rendue ; par exemple, il faut rétablir lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©quilibre des humeurs, et si je lñ€ℱobtiens, je rétablirai la chaleur. » Et cñ€ℱest en allant toujours ainsi de pensée en pensée, que le médecin arrive à lñ€ℱacte dernier quñ€ℱil doit réaliser lui-mÃÂȘme. Le mouvement qui vient de ces pensées successives et qui vise à guérir le malade, sñ€ℱappelle une opération, un produit de lñ€ℱart. Ainsi, à un certain égard, on peut dire que la santé vient de la santé, comme la maison vient de la maison, celle qui est matérielle venant de celle qui ne lñ€ℱest pas. Cñ€ℱest que la médecine et lñ€ℱarchitecture sont lñ€ℱidée et la forme, ici de la santé, et là de la maison. Or, ce que jñ€ℱappelle la substance sans matiÚre, cñ€ℱest précisément lñ€ℱessence qui fait que la chose est ce quñ€ℱelle est. De ces produits et de ces mouvements, lñ€ℱun se nomme la pensée ; lñ€ℱautre se nomme lñ€ℱexécution. Cñ€ℱest du principe et de lñ€ℱidée que part la pensée ; et le mouvement qui part du point extrÃÂȘme oÃÂč la pensée peut atteindre, cñ€ℱest lñ€ℱexécution. Cette observation sñ€ℱappliquerait également à tous les autres intermédiaires ; et, par exemple, pour que le malade guérisse, il faut quñ€ℱil retrouve lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©quilibre des humeurs. Mais quñ€ℱest-ce que retrouver lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©quilibre ? Cñ€ℱest telle ou telle chose ; et le malade arrivera à cet état, sñ€ℱil rétablit sa chaleur. Et quñ€ℱest-ce encore que la chaleur ? Cñ€ℱest telle ou telle chose. Or, il est possible, dñ€ℱune certaine façon, de rétablir la chaleur ; et voilà lñ€ℱopération derniÚre qui dépend du médecin. Ce qui agit ici et ce qui est le point de départ du mouvement de guérison, quand la guérison vient de lñ€ℱart du médecin, cñ€ℱest lñ€ℱidée quñ€ℱil a dans lñ€ℱesprit ; et si la guérison est spontanée, elle ne peut venir évidemment que de ce qui aurait été le principe dñ€ℱaction pour le médecin, agissant selon les rÚgles de lñ€ℱart. Dans lñ€ℱexemple de guérison indiqué par nous, cñ€ℱest la chaleur qui peut ÃÂȘtre considérée comme le principe ; or, cñ€ℱest par la friction quñ€ℱon produit la chaleur nécessaire. Ainsi donc, cñ€ℱest la chaleur, rétablie dans le corps, qui est un élément direct de la santé, ou qui est suivie dñ€ℱune succession plus ou moins longue de conséquences heureuses, dont la santé a besoin. Cñ€ℱest là le terme dernier, celui qui agit, et qui à ce titre est une partie, ou de la santé, ou de la maison, comme en font partie les pierres ; ou qui fait partie de toute autre chose. On le voit donc, il est impossible que rien puisse se produire ainsi quñ€ℱon lñ€ℱa dit, sñ€ℱil nñ€ℱy a pas quelque chose de préexistant. De toute évidence, cñ€ℱest quelque partie de la chose qui doit préexister ; or, la matiÚre est une partie de la chose ; et tout ensemble, elle lui est intrinsÚque, et cñ€ℱest elle qui devient quelque chose. [1033a] Mais la matiÚre fait-elle partie de la définition ? En est-elle un élément ? Si nous avons, je suppose, à parler de cercles dñ€ℱairain, nous pouvons de deux maniÚres dire ce quñ€ℱils sont. En parlant de leur matiÚre, nous disons quñ€ℱils sont dñ€ℱairain ; puis, en parlant de leur forme, nous disons quñ€ℱils ont telle ou telle figure ; et cñ€ℱest là le genre dans lequel le cercle rentre primitivement. Ainsi, le cercle dñ€ℱairain implique nécessairement la matiÚre dans sa définition. Par rapport à ce dont comme matiÚre vient la chose, cette chose, quand elle se produit, ne prend pas le nom mÃÂȘme de cette matiÚre, mais on dit quñ€ℱelle en est faite ; et, par exemple, on ne dit pas dñ€ℱune statue quñ€ℱelle est marbre, mais bien, quñ€ℱelle est de marbre. De mÃÂȘme, lñ€ℱhomme qui guérit ne reçoit pas le nom de lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tat dñ€ℱoÃÂč il vient ; et la raison de ceci, cñ€ℱest quñ€ℱil vient de la négation privative, et du sujet mÃÂȘme que nous appelons la matiÚre. Mais on peut dire tout à la fois que cñ€ℱest lñ€ℱhomme et le malade qui reviennent à la santé. Cependant, on dit plutÎt que cñ€ℱest de la privation que vient le guéri ; cñ€ℱest-à -dire que le guéri vient du malade, plutÎt quñ€ℱil ne vient de lñ€ℱhomme. Aussi, ne peut-on pas dire du malade quñ€ℱil est bien portant ; mais on le dit de lñ€ℱhomme et de lñ€ℱhomme bien portant. Dans les cas oÃÂč la privation est incertaine et nñ€ℱa pas de nom spécial, comme pour lñ€ℱairain, par exemple, quand on ignore la forme quelconque quñ€ℱil doit recevoir, ou pour la maison quand on ignore le plan que formeront les pierres et les poutres, dans ces cas-là il semble que les choses se produisent ; comme on vient de dire que la santé se produit en venant de la maladie. Aussi, de mÃÂȘme que, plus haut, la chose ne prenait pas précisément le nom de celle dñ€ℱoÃÂč elle sortait, de mÃÂȘme la statue, par exemple, si elle est en bois, nñ€ℱest pas appelée bois ; mais, par une dénomination un peu détournée, on dit quñ€ℱelle est de bois ; comme on dit quñ€ℱelle est dñ€ℱairain et non pas quñ€ℱelle est airain ; ou encore, quñ€ℱelle est de marbre, et non pas quñ€ℱelle est marbre ; et pour la maison, quñ€ℱelle est de briques, et non pas quñ€ℱelle est briques. Mais, si lñ€ℱon veut y regarder de prÚs, on ne peut pas mÃÂȘme dire que la statue est de bois, ou que la maison est de briques ; cñ€ℱest là une expression absolue quñ€ℱon ne saurait employer, puisquñ€ℱil faut que la chose dñ€ℱoÃÂč se forme lñ€ℱautre chose subisse un changement ; et quñ€ℱelle ne peut rester ce quñ€ℱelle est. Cñ€ℱest de là que vient la locution dont on est obligé de se servir. Chapitre 8 Tout ce qui se produit est produit par quelque chose, que jñ€ℱappelle le point de départ et le principe de la production. En mÃÂȘme temps, tout ce qui se produit vient de quelque chose, laquelle chose nñ€ℱest pas la privation, mais la matiÚre, dans le sens que nous avons déjà expliqué. Et enfin, tout ce qui se produit devient une certaine chose, sphÚre, cercle, ou tel autre objet analogue, quel quñ€ℱil puisse ÃÂȘtre. De mÃÂȘme quñ€ℱon ne peut pas faire le sujet matériel qui est lñ€ℱairain, de mÃÂȘme on ne fait pas davantage la sphÚre, si ce nñ€ℱest indirectement, et en tant que la sphÚre dñ€ℱairain est en réalité une sphÚre. Cñ€ℱest que faire une chose particuliÚre et individuelle, cñ€ℱest la faire en la tirant absolument du sujet. Je mñ€ℱexplique rendre rond un morceau dñ€ℱairain, par exemple, ce nñ€ℱest faire, ni la rondeur, ni la sphÚre ; cñ€ℱest faire quelque autre chose ; en dñ€ℱautres termes, si lñ€ℱon veut, cñ€ℱest donner cette forme de sphÚre à il un objet différent. Si lñ€ℱon faisait la sphÚre, on ne pourrait la faire apparemment quñ€ℱen la tirant dñ€ℱune autre chose également. [1033b] Ainsi, dans lñ€ℱexemple cité, on se proposait de faire une boule dñ€ℱairain, cñ€ℱest-à -dire de faire de ceci, qui est de lñ€ℱairain, cela qui est une sphÚre. Si donc on faisait aussi la forme, on ne pourrait la faire que de la mÃÂȘme maniÚre ; et dÚs lors, la série des productions successives se perdrait nécessairement dans lñ€ℱinfini. Il est donc évident quñ€ℱon ne produit pas et quñ€ℱon ne fait pas la forme, ni la figure que revÃÂȘt lñ€ℱobjet sensible, quel que soit le nom quñ€ℱon doive lui donner. Il nñ€ℱy a pas de production possible de la forme, pas plus quñ€ℱil nñ€ℱy en a pour lñ€ℱessence, qui fait que la chose est ce quñ€ℱelle est ; car la forme est ce qui est produit dans une autre chose, que dñ€ℱailleurs cette forme provienne, ou de la nature, ou de lñ€ℱart, ou de toute autre faculté de lñ€ℱhomme. Ici, lñ€ℱon fait quñ€ℱil existe une sphÚre dñ€ℱairain, cñ€ℱest-à -dire que lñ€ℱon compose cet objet nouveau, et de lñ€ℱairain, et de la forme de la sphÚre. Alors, on fait que telle forme soit donnée à telle chose ; et il se trouve que la chose nouvelle est une sphÚre dñ€ℱairain. Mais si lñ€ℱon admet que cñ€ℱest une production absolue qui donne naissance à la sphÚre, alors il faudra encore que la chose soit faite dñ€ℱune certaine autre chose ; car nécessairement ce qui se produit devra toujours ÃÂȘtre divisible, et que dñ€ℱune part il y ait ceci, et que, dñ€ℱautre part, il y ait cela ; je veux dire quñ€ℱil faudra quñ€ℱil y ait dñ€ℱun cÎté la matiÚre, et de lñ€ℱautre cÎté, quñ€ℱil y ait la forme. Si donc la sphÚre est bien une figure oÃÂč tous les points de la surface sont également éloignés du centre, on pourra y distinguer deux parties, lñ€ℱune qui sera ce dans quoi lñ€ℱon fait ce quñ€ℱon fait, lñ€ℱautre qui sera dans la premiÚre ; et le produit dans sa totalité sera la sphÚre dñ€ℱairain. Ce quñ€ℱon vient de dire fait donc bien voir que ce quñ€ℱon appelle la forme, ou la substance, ne se produit pas, à proprement parler ; que tout ce qui se produit, cñ€ℱest la rencontre des deux éléments qui en recevront leur appellation ; que, dans tout phénomÚne qui vient à se produire, il y a préalablement de la matiÚre, et que le résultat total se compose, partie de matiÚre, et partie, de forme. Se peut-il donc quñ€ℱil existe une sphÚre en dehors des sphÚres que nous voyons, une maison en dehors des matériaux qui la composent ? Si lñ€ℱÃÂȘtre réel devait exister à cette condition, il ne pourrait jamais exister, parce que lñ€ℱespÚce, ou la forme, nñ€ℱexprime quñ€ℱune qualité. Elle nñ€ℱest pas lñ€ℱobjet particulier et déterminé ; mais de tel objet qui existe, elle fait et produit tel autre objet doué de certaine qualité ; et, une fois que cet objet a été produit, il est doué dñ€ℱune qualité quñ€ℱil nñ€ℱavait pas auparavant. Lñ€ℱensemble, ou le Tout composé de la matiÚre et de la forme, est Callias ou Socrate, tout aussi bien quñ€ℱexiste cette sphÚre dñ€ℱairain que nous avons sous les yeux. Lñ€ℱhomme et lñ€ℱanimal sont absolument au mÃÂȘme titre que la sphÚre dñ€ℱairain. Ainsi donc, il est clair que les causes des espÚces, nom que quelques philosophes appliquent aux Idées, en admettant mÃÂȘme quñ€ℱil puisse y avoir quoi que ce soit en dehors des individus, sont parfaitement inutiles pour expliquer les phénomÚnes qui se produisent, et pour expliquer les substances. Il nñ€ℱest pas moins clair que les Idées ne pourraient jamais ÃÂȘtre des substances par elles-mÃÂȘmes et en soi. Dans certains cas, il est tout aussi évident que lñ€ℱÃÂȘtre qui engendre est pareil à lñ€ℱÃÂȘtre engendré, sans cependant quñ€ℱils soient numériquement un seul et mÃÂȘme ÃÂȘtre. Entre eux, il nñ€ℱy a quñ€ℱune unité dñ€ℱespÚce, comme ou le voit pour les ÃÂȘtres que produit la nature ; et cñ€ℱest ainsi quñ€ℱun homme engendre et produit un homme. Ce qui nñ€ℱempÃÂȘche pas quñ€ℱil nñ€ℱy ait parfois des phénomÚnes contre nature par exemple, un cheval produisant un mulet. Et encore, dans ces cas, les choses se passent à peu prÚs de mÃÂȘme ; car le genre le plus proche qui pourrait ÃÂȘtre commun au cheval et à lñ€ℱñne, nñ€ℱa pas reçu de nom spécial, et ces deux animaux pourraient bien avoir quelque chose qui tint du mulet. [1034a] En résumé, on doit reconnaÃtre quñ€ℱil nñ€ℱest nullement besoin de faire de lñ€ℱIdée, ou espÚce, une sorte de modÚle et dñ€ℱexemplaire. Cñ€ℱest surtout pour les ÃÂȘtres du genre de ceux quñ€ℱon vient de nommer quñ€ℱil en faudrait, puisque ce sont eux surtout qui sont des substances. Mais pour eux, il suffit que lñ€ℱÃÂȘtre générateur agisse, et quñ€ℱil devienne cause de la forme déposée dans la matiÚre. Le composé total nñ€ℱest que telle ou telle forme réalisée dans les chairs et les os, qui forment, ou Callias, ou Socrate. Le composé est autre matériellement, puisque la matiÚre est autre dans chacun dñ€ℱeux ; mais, en espÚce, le composé est le mÃÂȘme, puisque lñ€ℱespÚce est indivisible. Chapitre 9 Cñ€ℱest une question de savoir comment il se fait que certaines choses peuvent à la fois ÃÂȘtre produites par lñ€ℱart, et ÃÂȘtre spontanées par exemple, la santé, tandis que dñ€ℱautres choses ne le peuvent pas par exemple, la maison. En voici la cause. Dans les produits de lñ€ℱart, soit que lñ€ℱart les fasse, soit simplement quñ€ℱil les transforme, la matiÚre qui domine et commence la production, et qui est toujours une partie intrinsÚque de la chose, est tantÎt capable de se mouvoir par elle seule, et tantÎt nñ€ℱen est pas capable. MÃÂȘme la matiÚre qui se meut peut tantÎt se donner tel mouvement spécial, et tantÎt ne peut pas se le donner. Ainsi, bien des choses qui peuvent se mouvoir spontanément ne peuvent pas cependant se donner tel autre mouvement particulier, comme serait de se mouvoir en cadence. De là vient que, toutes les fois que la matiÚre est de la mÃÂȘme nature que celle des pierres, par exemple, qui forment la maison, il est impossible que les choses aient une certaine espÚce de mouvement, à moins quñ€ℱelles ne le reçoivent du dehors. Mais elles peuvent néanmoins avoir un mouvement dñ€ℱune autre espÚce et se mouvoir, par exemple, comme le feu. Cñ€ℱest là ce qui fait que certaines choses ne pourraient se produire sans lñ€ℱaide de lñ€ℱartiste qui les fait, tandis que dñ€ℱautres peuvent sñ€ℱen passer ; car elles seront mises en mouvement par des ÃÂȘtres qui nñ€ℱont pas le moindre rapport avec lñ€ℱart, et qui peuvent ÃÂȘtre mus eux-mÃÂȘmes, ou par dñ€ℱautres ÃÂȘtres auxquels lñ€ℱart est également étranger, ou ÃÂȘtre mus dans une de leurs parties quelconque, si ce nñ€ℱest dans leur totalité. Ce quñ€ℱon vient de dire doit nous faire voir quñ€ℱen un sens toutes les choses qui se produisent, viennent de choses qui leur sont homonymes, comme cela se passe pour les ÃÂȘtres naturels, ou dñ€ℱune partie homonyme, comme la maison vient de la maison, ou de lñ€ℱintelligence de lñ€ℱartiste, puisque lñ€ℱart cñ€ℱest la forme, ou dñ€ℱune partie quelconque de la chose, ou dñ€ℱun ÃÂȘtre qui possÚde cette partie, à moins que les choses ne se produisent accidentellement. La cause premiÚre de lñ€ℱaction de lñ€ℱart est toujours une partie essentielle de la chose. Ainsi, la chaleur déployée par le mouvement de friction produit dans le corps la chaleur, qui est elle-mÃÂȘme la santé, ou une partie de la santé, ou qui du moins a pour conséquence une partie de la santé, ou la santé tout entiÚre. Et voilà comment on peut dire que ce qui fait la santé est ce qui a la chaleur pour conséquence, ou pour attribut. Ainsi donc, de mÃÂȘme que, dans les syllogismes, cñ€ℱest la définition substantielle qui est le principe de tout le reste, puisque les syllogismes doivent toujours partir de lñ€ℱessence réelle des choses, de mÃÂȘme ici toutes les productions de lñ€ℱart partent dñ€ℱun certain principe. Les ÃÂȘtres que produit la nature sont absolument dans le mÃÂȘme cas. Ainsi, le germe agit dans les choses naturelles tout à fait comme lñ€ℱartiste dans les choses de lñ€ℱart. Le germe renferme en puissance lñ€ℱespÚce ; [1034b] et lñ€ℱÃÂȘtre dñ€ℱoÃÂč vient le germe lui-mÃÂȘme, est en quelque sorte homonyme à celui qui en sort. Si je dis En quelque sorte, cñ€ℱest que les choses ne se passent pas toujours comme elles se passent quand un homme vient dñ€ℱun homme, puisque dñ€ℱun homme peut venir aussi une femme ; et cñ€ℱest là ce qui fait quñ€ℱun mulet ne peut venir dñ€ℱun mulet. Il nñ€ℱy a dñ€ℱexception que si lñ€ℱÃÂȘtre en question est incomplet et infirme. Toutes les choses qui se produisent spontanément agissent comme on vient de le voir ; et ce sont toutes celles dont la matiÚre peut se donner à elle-mÃÂȘme un mouvement propre, analogue à celui que le germe lui-mÃÂȘme détermine. Quand les choses ne sont pas dans ce cas, elles ne peuvent jamais ÃÂȘtre produites que par une cause extérieure à elles. Non seulement la discussion que nous venons dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tablir, en ce qui regarde la substance, nous démontre que la forme ne peut pas ÃÂȘtre produite ; mais le mÃÂȘme raisonnement sñ€ℱapplique également à tous les primitifs, je veux dire, la quantité, la qualité et toutes les autres catégories. De mÃÂȘme quñ€ℱon produit bien la sphÚre dñ€ℱairain, mais quñ€ℱon ne peut produire ni la sphÚre ni lñ€ℱairain, puisque cñ€ℱest aprÚs lñ€ℱairain que la sphÚre est produite, et quñ€ℱil faut toujours nécessairement que la matiÚre et la forme préexistent, de mÃÂȘme il se passe précisément quelque chose de pareil pour la substance, pour la qualité, pour la quantité, et en un mot pour toutes les catégories sans exception. En effet, ce nñ€ℱest pas précisément la qualité qui est produite ; mais cñ€ℱest le bois, par exemple, qui reçoit telle qualité. Ce nñ€ℱest pas la quantité qui est produite davantage ; mais cñ€ℱest le bois, ou lñ€ℱanimal, qui acquiert tel volume, ou telle quantité. Seulement, ceci peut faire voir quelle est la condition propre de la substance ; cñ€ℱest que toujours il faut nécessairement quñ€ℱil existe, avant elle, une autre substance complÚte et réelle, qui la fasse ce quñ€ℱelle est, comme lñ€ℱanimal fait lñ€ℱanimal, si cñ€ℱest un animal qui est produit, tandis que cette condition nñ€ℱest pas nécessaire pour la quantité ou la qualité, qui nñ€ℱont besoin que dñ€ℱÃÂȘtre en simple puissance. Chapitre 10 Toute définition est une explication dñ€ℱune certaine chose, et toute explication a des parties diverses. Mais comme lñ€ℱexplication est à la chose totale, quñ€ℱelle fait connaÃtre, dans le mÃÂȘme rapport quñ€ℱune de ses parties est à une partie de cette chose, on sñ€ℱest demandé sñ€ℱil faut nécessairement que lñ€ℱexplication des parties se retrouve dans lñ€ℱexplication du Tout, ou sñ€ℱil nñ€ℱy a là rien de nécessaire. On peut répondre que, pour certains cas, il semble bien que la définition des parties est comprise dans la définition du Tout ; pour certains autres, cela nñ€ℱest pas. Ainsi, la définition du cercle ne contient pas celle de ses segments, tandis que la définition de la syllabe implique celle des lettres qui la forment. Cependant, le cercle se divise en segments, tout aussi bien que la syllabe se divise en ses lettres. Autre question encore. Si les parties sont antérieures au Tout, lñ€ℱangle aigu, étant une partie de lñ€ℱangle droit, comme le doigt est une partie de lñ€ℱanimal, il sñ€ℱensuivrait que lñ€ℱangle aigu est antérieur à lñ€ℱangle droit, dont il est une partie ; et le doigt, antérieur à lñ€ℱhomme, à qui il appartient. Mais il semble que ce sont au contraire lñ€ℱhomme et lñ€ℱangle droit qui sont antérieurs ; car cñ€ℱest dñ€ℱeux quñ€ℱest tirée lñ€ℱexplication de leurs parties ; et les choses sont toujours antérieures, quand elles nñ€ℱont pas réciproquement besoin des autres. Mais le mot Partie ne peut-il pas ÃÂȘtre pris en plusieurs sens divers ? La partie, prise en une premiÚre acception, cñ€ℱest ce qui sert à mesurer la quantité. Mais je laisse ce premier sens de cÎté ; et je considÚre plutÎt ce que sont les parties dont la substance peut se composer. [1035a] Si, dans la substance, on distingue la matiÚre, puis la forme, et en troisiÚme lieu, le composé total quñ€ℱelles constituent, si la matiÚre est de la substance, tout aussi bien que le sont la forme et le composé des deux, la matiÚre est un certain point de vue une partie de la chose ; à un autre point de vue, elle ne lñ€ℱest pas ; et les parties ne sont que des éléments dñ€ℱoÃÂč sort la définition de la forme. Par exemple, la chair nñ€ℱest pas une partie de la définition de la courbure ; car elle est précisément la matiÚre oÃÂč a lieu cette courbure ; mais elle est une partie de la Camusité du nez. Lñ€ℱairain est bien aussi une partie de la statue totale et réelle ; mais il nñ€ℱest pas une partie de la statue considérée dans sa forme spécifique. En effet, cñ€ℱest la forme quñ€ℱon doit exprimer ; et chaque chose est dénommée en tant quñ€ℱelle a telle ou telle forme. La matiÚre, au contraire, ne peut jamais ÃÂȘtre exprimée en soi. Cñ€ℱest là ce qui fait que la définition du cercle nñ€ℱimplique pas celle des segments, tandis que la définition de la syllabe implique celle des lettres, parce que les lettres, élément du langage, sont ici des parties de la forme et nñ€ℱen sont pas la matiÚre. Au contraire, les segments sont des parties matérielles des cercles sur lesquels on les prend, bien quñ€ℱils soient plus voisins de la forme que lñ€ℱairain ne peut lñ€ℱÃÂȘtre, quand la rondeur vient à sñ€ℱy produire. Il y a des cas néanmoins oÃÂč les lettres ne feront pas mÃÂȘme toujours partie de la définition de la syllabe par exemple, on nñ€ℱy pourrait faire entrer les lettres tracées sur la cire, ni les lettres articulées dans lñ€ℱair. Les lettres alors ne sont des parties de la syllabe que parce quñ€ℱelles en sont la matiÚre sensible. Cñ€ℱest que la ligne, tout en cessant dñ€ℱÃÂȘtre ce quñ€ℱelle était, si elle est divisée en deux moitiés, lñ€ℱhomme, en cessant dñ€ℱÃÂȘtre homme si on le divise en os, muscles et chairs, ne se composent pas cependant de ces éléments divers comme parties intégrantes de leur substance, mais seulement comme parties de leur matiÚre. Ces éléments sont bien des parties du composé que constituent la forme et la matiÚre réunies ; mais ce ne sont pas précisément des parties de la forme et du défini ; et cñ€ℱest là ce qui fait quñ€ℱils nñ€ℱentrent pas dans les définitions de la forme. Ainsi donc, la définition des parties de ce genre entrera quelquefois dans la définition de la chose ; dñ€ℱautres fois, elle ne devra pas y entrer, là oÃÂč ce nñ€ℱest pas la définition du composé quñ€ℱon donne. Cñ€ℱest là ce qui fait que certaines choses sont formées des principes mÃÂȘmes dans lesquels elles se dissolvent, et que certaines autres ne sñ€ℱen forment pas. Tous les éléments qui, réunis dans le composé, sont de la forme et de la matiÚre, comme le Camus, ou la sphÚre dñ€ℱairain, se dissolvent et se perdent dans ces éléments mÃÂȘmes ; et la matiÚre en est une partie. Mais toutes les choses qui ne sont pas impliquées dans la matiÚre, et qui sont immatérielles en tant quñ€ℱelles sont les définitions de la forme, celles-là ne se résolvent et ne se perdent jamais dans leurs parties, ou du moins ne sñ€ℱy résolvent pas de cette maniÚre. Ainsi, pour ces choses, les éléments subordonnés sont des principes et des parties du composé ; mais ils ne peuvent ÃÂȘtre ni principes ni parties de la forme. Voilà comment la statue dñ€ℱargile se résout en argile, la sphÚre dñ€ℱairain se résout en airain, et Callias se résout en chair et en os. Voilà comment encore le cercle se résout et disparaÃt dans ses segments, parce quñ€ℱil a en lui quelque chose qui est impliqué dans la matiÚre ; [1035b] car le cercle, soit quñ€ℱon le prenne dñ€ℱune maniÚre absolue, soit quñ€ℱil sñ€ℱagisse des cercles considérés chacun dans sa réalité, est dénommé par simple homonymie, puisque les cercles particuliers et individuels nñ€ℱont pas un nom qui leur soit spécial. Ce que nous avons dit jusquñ€ℱici suffit à faire voir le vrai. Cependant nous allons revenir sur nos pas pour rendre ceci encore plus net. Toutes les parties de la définition et les éléments dans lesquels la définition se divise, toutes ces parties, ou du moins quelques-unes, soient antérieures à la forme et au Tout. La définition de lñ€ℱangle droit ne se divise pas dans la définition de lñ€ℱangle aigu ; mais cñ€ℱest au contraire la notion de lñ€ℱangle aigu qui emprunte la notion de lñ€ℱangle droit, puisque, pour définir lñ€ℱangle aigu, il faut nécessairement employer la définition de lñ€ℱangle droit, et quñ€ℱon dit, en effet, que lñ€ℱangle aigu est plus petit que lñ€ℱangle droit. Cñ€ℱest là également le rapport du cercle au demi-cercle, le demi-cercle se définit par le cercle, comme le doigt se définit par le corps total auquel il appartient, puisque le doigt nñ€ℱest quñ€ℱune certaine partie de lñ€ℱhomme. Par conséquent, tout ce qui fait partie dñ€ℱune chose comme matiÚre, et tous les éléments matériels dans lesquels les choses se divisent, sont autant dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©léments postérieurs ; mais tout ce qui entre dans la définition, et dans la substance que la définition détermine, tout cela ou presque tout cela est ultérieur. Prenons pour exemple lñ€ℱñme dans les animaux. Elle est lñ€ℱessence de lñ€ℱÃÂȘtre animé ; et, pour le corps oÃÂč elle réside, elle est la substance qui entre dans sa définition ; elle est la forme du corps, et lñ€ℱessence qui fait quñ€ℱil est ce quñ€ℱil est. De là vient quñ€ℱon ne peut pas définir convenablement une partie quelconque du corps, sans définir aussi la fonction de lñ€ℱñme, qui, dñ€ℱailleurs, nñ€ℱexiste pas sans la sensibilité. Ainsi, toutes les parties de lñ€ℱñme, ou du moins quelques-unes, sont antérieures au composé tout entier, qui est lñ€ℱanimal ; et il en est de mÃÂȘme pour tout autre cas. Mais le corps et les parties du corps sont postérieures à la substance de lñ€ℱñme ; et ce nñ€ℱest pas du tout cette substance, cñ€ℱest le composé de lñ€ℱñme et du corps, qui se divise en ces parties, qui en sont la matiÚre. Ainsi, en un sens, ces parties matérielles sont antérieures au composé ; et, en un autre sens, elles ne le sont point. Cñ€ℱest quñ€ℱelles ne peuvent pas exister séparément de lui ; car un doigt nñ€ℱest pas en tout état de cause le doigt dñ€ℱun ÃÂȘtre animé ; et, par exemple, le doigt dñ€ℱun cadavre nñ€ℱest pas un doigt, si ce nñ€ℱest par simple homonymie. Il y a néanmoins des parties qui coexistent avec lñ€ℱñme ; ce sont les parties maÃtresses, et celles oÃÂč résident primitivement la définition de lñ€ℱÃÂȘtre et sa substance. Cñ€ℱest, par exemple, le coeur et le cerveau, si toutefois ils jouent ce rÎle, bien quñ€ℱil importe peu dñ€ℱailleurs que ce soit lñ€ℱun ou lñ€ℱautre. Lñ€ℱhomme, le cheval, et toutes les entités de mÃÂȘme ordre nñ€ℱexistent que dans les individus ; la substance réelle nñ€ℱest pas un universel ; ce qui existe réellement, cñ€ℱest un Tout qui se compose de telle notion ou de telle matiÚre, et quñ€ℱon prend comme universel. Lñ€ℱindividu, par exemple Socrate, est formé de lñ€ℱextrÃÂȘme matiÚre ; et tous les individus sont dans le mÃÂȘme cas. Ainsi donc, la forme aussi a des parties, jñ€ℱentends la forme considérée comme essence, exprimant que la chose est ce quñ€ℱelle est. Le Tout réel, composé de la forme et de la matiÚre mÃÂȘme, a des parties également ; mais il nñ€ℱy a que les parties de la forme qui soient des parties de la définition et de la notion ; or, la notion sñ€ℱapplique à lñ€ℱuniversel. [1036a] Lñ€ℱessence du cercle et le cercle, lñ€ℱessence de lñ€ℱñme et lñ€ℱñme, sont la mÃÂȘme chose et se confondent. Mais le composé, par exemple, ce cercle individuel et particulier, que jñ€ℱai sous les yeux, ce cercle soit réel et sensible, soit purement intelligible, et par intelligibles jñ€ℱentends les cercles mathématiques, comme par sensibles jñ€ℱentends les cercles dñ€ℱairain ou de bois, ces composés réels et individuels ne sont pas connus par définition ; on ne les connaÃt que par la pensée, ou par le. témoignage des sens. Une fois que nous sortons de la réalité actuelle, nous ne savons plus au juste sñ€ℱils existent ou nñ€ℱexistent pas ; mais nous pouvons toujours les dénommer et les connaÃtre, si nous le voulons, par leur notion universelle. En soi, la matiÚre derniÚre est inconnue ; mais lñ€ℱon peut y distinguer la matiÚre sensible et la matiÚre intelligible. La matiÚre sensible, cñ€ℱest de lñ€ℱairain, du bois, en un mot, toute matiÚre qui peut ÃÂȘtre mue. La matiÚre intelligible est celle qui se trouve bien dans les objets sensibles, mais non point en tant que sensibles ; et ce sont, par exemple, les entités mathématiques. On vient de voir ce que nous disons des rapports du Tout et de la partie, de ce quñ€ℱil y a dñ€ℱantérieur et de postérieur dans lñ€ℱun et dans lñ€ℱautre. Si lñ€ℱon vient à nous demander, pour la ligne droite, pour le cercle, pour lñ€ℱanimal, sñ€ℱils sont antérieurs aux parties dans lesquelles ils se divisent et qui les composent, nous répondrons quñ€ℱil nñ€ℱy a ici rien dñ€ℱabsolu. Si le mot dñ€ℱñme, en effet, signifie la forme de lñ€ℱÃÂȘtre animé, si lñ€ℱñme de chaque individu est la forme de chaque individu, si le cercle est la mÃÂȘme chose que la forme du cercle, si lñ€ℱangle droit est la mÃÂȘme chose que la forme de lñ€ℱangle droit et la substance de lñ€ℱangle droit, il faut répondre quñ€ℱil y a ici quelque chose de postérieur ; et il faut dire à quoi cñ€ℱest postérieur. Le Tout est postérieur, par exemple, aux éléments de la définition et aux éléments de tel angle droit matériel ; car lñ€ℱangle droit matériel, cñ€ℱest lñ€ℱangle en airain, lñ€ℱangle droit, tout aussi bien que celui qui est formé de lignes particuliÚres de chaque triangle. Mais lñ€ℱangle immatériel est postérieur aux éléments qui entrent dans la définition, tandis quñ€ℱil est antérieur aux parties dont se compose un angle droit particulier ; absolument parlant, il ne lñ€ℱest pas. Si, au contraire, lñ€ℱñme est autre chose que lñ€ℱÃÂȘtre animé et nñ€ℱest pas lñ€ℱÃÂȘtre animé, il faut répondre alors que quelques-unes de ses parties sont antérieures à lñ€ℱanimal, et que dñ€ℱautres ne le sont pas, ainsi que nous lñ€ℱavons exposé. Chapitre 11 On fait bien de se demander quelles sont ici les parties de la forme, et quelles sont celles qui se rapportent non à la forme, mais au composé. Tant que ce point nñ€ℱest pas éclairci, il nñ€ℱest pas possible de définir exactement quoi que ce soit, puisque la définition ne sñ€ℱadresse quñ€ℱà lñ€ℱuniversel et à la forme spécifique. Il en résulte quñ€ℱà moins de voir clairement quelles parties sont matérielles et quelles parties ne le sont pas, il est impossible aussi dñ€ℱavoir une notion claire de la chose quñ€ℱon veut définir. Toutes les fois que la forme peut sñ€ℱadjoindre à des choses dñ€ℱespÚce différente, comme le cercle qui peut sñ€ℱadjoindre indifféremment à lñ€ℱairain, à la pierre ou au bois, la solution est évidente, attendu que, ni lñ€ℱairain, ni la pierre, ne font partie de lñ€ℱessence du cercle, puisque le cercle peut en ÃÂȘtre séparé. MÃÂȘme quand cette séparation ne serait pas aussi visible que dans ce cas, rien nñ€ℱempÃÂȘcherait quñ€ℱil nñ€ℱen fût encore tout à fait ainsi ; et, par exemple, alors mÃÂȘme que les cercles quñ€ℱon verrait seraient tous en airain, [1036b] lñ€ℱairain ne ferait pas pour cela partie de la forme. Il est vrai quñ€ℱil est difficile à notre esprit de faire cette abstraction ; et, par exemple, la forme de lñ€ℱhomme se présente toujours à nous accompagnée de chairs, dñ€ℱos et de parties analogues. Sont-ce là aussi des parties de la forme et de la définition de lñ€ℱhomme ? Ou ne faut-il pas dire quñ€ℱelles nñ€ℱen sont pas des parties, mais seulement la matiÚre, et que, comme ces parties ne sñ€ℱappliquent pas à un autre ÃÂȘtre que lñ€ℱhomme, nous sommes impuissants à les en séparer ? Néanmoins cette séparation semble possible ; et le seul point obscur, cñ€ℱest de savoir dans quels cas elle lñ€ℱest. Aussi, il y a des philosophes qui soulÚvent une objection, et qui prétendent quñ€ℱil ne faut pas définir le cercle et le triangle par des lignes et par la continuité de la surface, mais quñ€ℱil faut considérer tout cela absolument comme on considÚre les chairs et les os dans lñ€ℱhomme ; lñ€ℱairain et la pierre, dans le cercle. Ces philosophes réduisent donc tout à des nombres ; et pour eux, la définition de la ligne se confond avec celle du nombre Deux. Cñ€ℱest que, parmi les partisans des Idées, les uns soutiennent que le nombre Deux représente la ligne en soi ; dñ€ℱautres disent seulement que le nombre Deux, cñ€ℱest lñ€ℱIdée de la ligne ; car, selon eux, il y a parfois identité entre lñ€ℱIdée et lñ€ℱobjet de lñ€ℱIdée. Et ici, par exemple, Deux et lñ€ℱIdée de Deux sont la mÃÂȘme chose. Mais ce nñ€ℱest plus le cas pour la ligne. Il résulte certainement de cette théorie quñ€ℱune multitude de choses, dont lñ€ℱespÚce est évidemment différente, nñ€ℱont plus alors quñ€ℱune seule Idée ; et cñ€ℱest là aussi lñ€ℱerreur des Pythagoriciens. On peut tout aussi bien ne faire quñ€ℱune seule Idée pour toutes choses ; il nñ€ℱy a plus dñ€ℱIdées distinctes ; et, grùce à ce procédé, tout finit par se réduire à lñ€ℱunité. Nous avons donc montré les difficultés que présente la théorie des définitions, et nous en avons exposé la cause. Aussi, nñ€ℱavons-nous que faire de réduire ainsi tous les ÃÂȘtres et de supprimer la matiÚre. Évidemment, il y a des choses qui ne sont que des qualités dans un sujet ; et dñ€ℱautres sont des substances qui existent de telle ou telle façon. La comparaison relative à lñ€ℱanimal, dont le jeune Socrate se servait habituellement, nñ€ℱest pas trÚs juste. Il dévie du vrai, et il donne à supposer que lñ€ℱhomme pourrait exister sans les parties qui le forment, comme le cercle existe sans lñ€ℱairain. Mais, pour lñ€ℱhomme, le cas nñ€ℱest pas du tout pareil. Lñ€ℱanimal est quelque chose qui tombe sous nos sens ; et il serait bien impossible de le définir sans la notion du mouvement, et, par conséquent, sans des parties qui aient une certaine disposition. Ainsi, la main, absolument parlant, nñ€ℱest pas une partie de lñ€ℱhomme ; elle est uniquement la main en tant quñ€ℱelle est animée, et quñ€ℱelle peut remplir la fonction qui lui est propre ; si elle nñ€ℱest pas animée et vivante, ce nñ€ℱest plus une partie de lñ€ℱhomme. Mais, dans les Mathématiques, pourquoi les définitions des parties nñ€ℱentrent-elles pas dans la définition du Tout ? Et, par exemple, pourquoi les demi-cercles ne sont-ils pas des parties de la définition du cercle ? Cñ€ℱest que les demi-cercles ne sont pas des objets qui tombent sous lñ€ℱobservation sensible. Ou bien, nñ€ℱest-ce pas là une circonstance indifférente ? Car il y a matiÚre mÃÂȘme pour certaines choses qui ne sont pas perçues par les sens ; [1037a] et, en général, tout ce qui nñ€ℱest pas lñ€ℱessence de la chose en est la matiÚre. On ne doit pas admettre quñ€ℱil y ait des parties pour le cercle pris au sens universel ; il nñ€ℱy en a que pour les cercles considérés individuellement, ainsi que nous lñ€ℱavons antérieurement indiqué. Car la matiÚre, avons-nous dit, est sensible ou intelligible. Donc, évidemment aussi, lñ€ℱñme est la substance premiÚre, et le corps est la matiÚre. Lñ€ℱhomme, ou lñ€ℱÃÂȘtre composé des deux, cñ€ℱest-à -dire de lñ€ℱñme et du corps, est universel. Socrate ou Coriscus, si lñ€ℱñme est ce quñ€ℱon vient de dire, se présente sous un double aspect on peut le considérer, ou comme une ùme, ou comme le composé de lñ€ℱñme et du corps. Si on veut le considérer dñ€ℱune maniÚre absolue et en soi, il y a, dñ€ℱun cÎté telle ùme, et, dñ€ℱun autre cÎté, tel corps, dans la relation de lñ€ℱuniversel au particulier. Quant à savoir si, en dehors de la matiÚre de ces substances, il y a encore une substance différente, et sñ€ℱil convient de chercher quelle est cette substance autre que celles-là , les nombres, par exemple, ou quelque chose dñ€ℱanalogue, cñ€ℱest une question quñ€ℱon étudiera plus loin. Cñ€ℱest pour éclaircir cette question que nous essayons de définir mÃÂȘme les substances sensibles, bien que, dans une certaine mesure, lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tude des substances, telles que nos sens nous les montrent, fasse partie de la Physique et de la Philosophie seconde. Cñ€ℱest quñ€ℱen effet ce nñ€ℱest pas seulement la matiÚre que le physicien doit étudier ; cñ€ℱest encore, et à plus juste titre, la matiÚre telle que la définition nous la donne. Or, pour les définitions, il lui importe de savoir comment les éléments dont la définition se forme, sont des parties de la chose, et comment la définition en arrive à représenter une notion unique. Évidemment, la chose à définir elle-mÃÂȘme est Une ; mais ce qui fait quñ€ℱelle est Une, tout en ayant des parties, cñ€ℱest ce que nous rechercherons plus tard. Ainsi donc, nous avons expliqué ce quñ€ℱest lñ€ℱessence qui fait que la chose est ce quñ€ℱelle est, dñ€ℱune maniÚre générale, pour tous les cas ; nous avons également montré ce que cñ€ℱest quñ€ℱÃÂȘtre En soi et pour soi ; et comment, dans certains cas, la définition de lñ€ℱessence renferme les parties du défini, et comment, dans dñ€ℱautres cas, elle ne les renferme pas. Enfin, nous avons établi que, dans la définition de lñ€ℱessence, ne peuvent pas figurer les parties qui y seraient comprises comme matiÚre ; car alors ce ne sont plus les parties de lñ€ℱessence substantielle, mais bien les parties du composé résultant de lñ€ℱunion de la matiÚre et de la forme. On peut, pour le composé, soutenir tout à la fois quñ€ℱil y a, et quñ€ℱil nñ€ℱy a pas, de définition. Quand la substance est réunie à la matiÚre, il nñ€ℱy a pas moyen de la définir, puisque la matiÚre est indéterminée ; mais pour la substance premiÚre, la définition est possible ; et cñ€ℱest ainsi que la définition de lñ€ℱñme est celle de lñ€ℱhomme. La substance est la forme intrinsÚque qui, en sñ€ℱunissant à la matiÚre, produit la substance totale et composée, comme est, par exemple, la courbure du nez. Cñ€ℱest, en effet, de cette courbure et du nez que résulte le nez camus, et ce quñ€ℱon appellerait la Camusité ; mais lñ€ℱidée de nez se trouve impliquée deux fois dans cette expression  Le nez camus. » Dans la substance combinée comme est le nez camus, ou comme est Callias, il y a bien aussi de la matiÚre intégrante ; lñ€ℱessence et lñ€ℱindividualité se confondent dans quelques cas, [1037b] comme on le voit pour les substances premiÚres par exemple, pour la courbure et lñ€ℱidée de la courbure, si toutefois la courbure est une substance premiÚre. Par substance premiÚre, jñ€ℱentends celle qui nñ€ℱest pas appelée ainsi, parce quñ€ℱune autre chose est dans une autre chose, qui est son sujet et sa matiÚre. Mais toutes les fois que lñ€ℱon ne considÚre que la matiÚre, ou une combinaison quelconque de la matiÚre, le composé ne peut ÃÂȘtre identifié à la substance, à moins que ce ne soit par une unité tout accidentelle comme, par exemple, on peut confondre Socrate et la qualité de savant que Socrate peut avoir ; car il nñ€ℱy a là quñ€ℱune identité toute indirecte. Chapitre 12 Dñ€ℱabord, complétons ici tout ce que nous avons pu omettre dans les Analytiques, en ce qui concerne la définition, et réparons nos lacunes. La question, que nous avons discutée dans cet ouvrage, intéresse de trÚs prÚs nos études sur la substance je veux dire, cette question qui consiste à rechercher comment il se peut que le défini, dont lñ€ℱexplication nous est fournie par la définition, forme une unité. Prenons, par exemple, la définition de lñ€ℱhomme, et supposons que cette définition soit  Animal bipÚde ». Comment cette expression est-elle Une ? Et comment ne se dédouble-t-elle pas en animal et en bipÚde ? Quand on parle dñ€ℱHomme et de Blancheur, il y a là une pluralité, si lñ€ℱun de ces termes nñ€ℱest pas à lñ€ℱautre ; mais il y a une unité du moment que lñ€ℱun est à lñ€ℱautre, et que le sujet Homme reçoit une modification quelconque En ce cas, lñ€ℱunité sñ€ℱaccomplit, et lñ€ℱon dit  Lñ€ℱhomme blanc ». Mais ici au contraire, lñ€ℱun des deux termes ne participe pas de lñ€ℱautre ; car le genre ne peut pas participer jamais aux différences, puisque, si cela était, le mÃÂȘme objet recevrait à la fois les contraires, les différences qui affectent le genre étant contraires entre elles. Mais en supposant mÃÂȘme que le genre pût participer aux différences, la question resterait toujours la mÃÂȘme, du moment que les différences sont multiples, comme celles-ci terrestre, bipÚde, sans ailes. Comment tous ces Termes peuvent-ils former une unité, et non une pluralité ? Ce nñ€ℱest certes pas parce quñ€ℱils sont des attributs de lñ€ℱÃÂȘtre en question ; car à ce compte tous les termes accumulés, quels quñ€ℱils fussent, constitueraient une unité. Mais il nñ€ℱen faut pas moins que tout ce qui entre dans la définition forme un tout unique, puisque la définition est une explication qui est Une et qui exprime une substance. Par conséquent, cette explication ne doit sñ€ℱappliquer quñ€ℱà un seul et mÃÂȘme ÃÂȘtre, puisque la substance, ainsi que nous lñ€ℱavons dit, désigne une seule chose et une chose individuelle. Occupons-nous dñ€ℱabord des définitions qui procÚdent par divisions successives. Il nñ€ℱy a dans la définition absolument rien autre que le genre primordial dont il sñ€ℱagit, et que ses différences ; les autres termes ne sont que des genres subordonnés, composés du genre premier avec les différences quñ€ℱon y adjoint. Supposons que le genre premier soit lñ€ℱanimal ; le second genre à la suite, cñ€ℱest lñ€ℱanimal bipÚde ; puis lñ€ℱanimal bipÚde, sans ailes. Et ainsi de suite, en multipliant les genres tant quñ€ℱon voudra. [1038a] Au fond, le nombre des termes nñ€ℱimporte guÚre, que ce nombre soit grand ou petit, ou bien seulement quñ€ℱils se réduisent à deux. De ces deux termes, lñ€ℱun sera le genre, lñ€ℱautre sera la différence ; et ainsi, dans Animal BipÚde, Animal sera le genre ; BipÚde sera la différence, qui y est jointe. Si donc le genre ne peut point absolument exister en dehors des espÚces dans lesquelles il se divise, ou mÃÂȘme sñ€ℱil existe en dehors dñ€ℱelles, mais uniquement comme leur matiÚre ; car, par exemple, le langage est tout ensemble genre et matiÚre, et ses différences forment ses espÚces diverses et les éléments divers qui le composent, il est clair que la définition nñ€ℱest que lñ€ℱexplication qui ressort des différences. Cñ€ℱest quñ€ℱil faut diviser, avec le mÃÂȘme soin, la différence de la différence ; et par exemple, en supposant quñ€ℱune différence de lñ€ℱanimal soit quñ€ℱil est  Pourvu de pieds », il faut bien voir, en outre, quelle est la différence de lñ€ℱanimal Pourvu de pieds, en tant que pourvu de pieds. Par conséquent, il ne faudrait pas dire que la différence de lñ€ℱanimal pourvu de pieds, cñ€ℱest dñ€ℱavoir des ailes ou de ne pas avoir dñ€ℱailes, distinction qui est exacte sans doute, mais quñ€ℱon ne fait cependant que par simple incapacité de faire autrement. Ce que lñ€ℱon recherchera, cñ€ℱest si lñ€ℱanimal Pourvu de pieds a le pied divisé, ou sñ€ℱil est solipÚde ; car ce sont là les différences du pied, puisque la division du pied est une maniÚre dñ€ℱÃÂȘtre que les pieds peuvent présenter. Il faut donc continuer toujours à procéder de cette façon jusquñ€ℱà ce quñ€ℱon arrive à ne plus trouver de différences. Alors les espÚces du pied sont aussi nombreuses que le sont les différences elles mÃÂȘmes ; et le nombre des espÚces dñ€ℱanimaux pourvus de pieds est égal à celui des différences trouvées. Si tout cela est bien exact, on doit voir que la derniÚre différence sera bien lñ€ℱessence de la chose et sa définition. En définissant, il faut prendre garde aux répétitions quñ€ℱon peut commettre et qui seraient fort inutiles. Cñ€ℱest cependant ce qui arrive quelquefois ; et quand on dit, par exemple, que lñ€ℱanimal Pourvu de pieds est bipÚde, cela revient tout à fait à dire que lñ€ℱanimal qui a des pieds a deux pieds ; et, quoique la division soit dans ce cas fort exacte, on se répÚte plusieurs fois, et autant de fois quñ€ℱil y a de différences. Sñ€ℱil nñ€ℱy a quñ€ℱune seule différence de la différence, cñ€ℱest la derniÚre qui est lñ€ℱespÚce et lñ€ℱessence de la chose. Mais si lñ€ℱon fait des divisions avec de purs accidents, et quñ€ℱon divise, par exemple, lñ€ℱanimal Pourvu de pieds en blanc et en noir, alors il y a autant de différences que de sections diverses. On peut donc conclure que la définition dñ€ℱune chose est la notion de cette chose tirée de ses différences ; et parmi ces différences, cñ€ℱest la notion tirée de la derniÚre, en supposant toujours quñ€ℱon suive la ligne directe. Cñ€ℱest ce dont on se convaincrait, en essayant dñ€ℱintervertir lñ€ℱordre oÃÂč se succÚdent ces définitions, et quñ€ℱon dit, par exemple, que la définition de lñ€ℱhomme cñ€ℱest Animal à deux pieds, pourvu de pieds. Lñ€ℱindication de Pourvu de pieds serait bien superflue aprÚs quñ€ℱon aurait déjà dit A deux pieds. Dñ€ℱailleurs, dans la substance, il nñ€ℱy a pas dñ€ℱordre ; car comment imaginer en elle que telle partie est postérieure, et telle autre antérieure ? Nous bornons ici les premiÚres considérations que nous voulions exposer sur les définitions par divisions successives. Chapitre 13 [1038b] Puisque nous nous proposons dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tudier la substance, reprenons les choses dñ€ℱun peu plus haut. De mÃÂȘme que le sujet est appelé du nom de substance, de mÃÂȘme ce nom désigne encore lñ€ℱessence, qui fait que la chose est ce quñ€ℱelle est ; il désigne aussi le composé résultant de la matiÚre et de la forme, et enfin, lñ€ℱuniversel. Déjà nous avons expliqué les deux premiers de ces termes, lñ€ℱessence et le sujet ; et nous avons dit que le sujet peut ÃÂȘtre considéré sous deux points de vue, ou comme tel ÃÂȘtre individuel, par exemple, lñ€ℱÃÂȘtre animé, qui est le sujet des modifications quñ€ℱil subit ; ou comme la matiÚre, qui est dans la réalité actuelle et complÚte que la chose représente. Pour quelques philosophes, cñ€ℱest surtout lñ€ℱuniversel qui a le caractÚre de cause ; et, à leurs yeux, lñ€ℱuniversel est le véritable principe. Occupons-nous donc aussi de lñ€ℱuniversel. Selon nous, il est impossible quñ€ℱaucun universel puisse jamais ÃÂȘtre une substance. En effet, la substance premiÚre de tout ÃÂȘtre, quel quñ€ℱil soit, est celle qui ne peut appartenir à aucun autre que lui, tandis que lñ€ℱuniversel est au contraire un terme commun, puisquñ€ℱon appelle précisément Universel ce qui, de sa nature, peut appartenir à plusieurs. De quoi donc lñ€ℱuniversel pourrait-il ÃÂȘtre la substance ? Il ne peut ÃÂȘtre que la substance de tous les ÃÂȘtres subordonnés, ou nñ€ℱÃÂȘtre la substance dñ€ℱaucun. De tous, ce nñ€ℱest pas possible ; et sñ€ℱil lñ€ℱest dñ€ℱun seul, tout le reste sera ce mÃÂȘme ÃÂȘtre également, puisque les ÃÂȘtres dont la substance est Une et dont lñ€ℱessence est Une, sont aussi un seul et mÃÂȘme ÃÂȘtre. Dñ€ℱautre part, on a défini la substance  Ce qui nñ€ℱest jamais lñ€ℱattribut dñ€ℱun sujet » ; mais lñ€ℱuniversel est toujours lñ€ℱattribut dñ€ℱun sujet. Il ne peut pas ÃÂȘtre dans lñ€ℱobjet comme y est lñ€ℱessence ; mais il peut y ÃÂȘtre impliqué comme lñ€ℱanimal est implicitement compris dans lñ€ℱhomme, dans le cheval, etc. Par conséquent, on doit voir quñ€ℱil aura pour lñ€ℱuniversel une sorte de définition. Peu importe, dñ€ℱailleurs, que lñ€ℱon ne mentionne pas tous les éléments qui entrent dans la substance. Animal nñ€ℱen sera pas moins la substance de quelque chose, comme lñ€ℱhomme est la substance de cet homme individuel dans lequel il se trouve. Cela revient donc tout à fait au mÃÂȘme, lñ€ℱuniversel sera substance ; et comme lñ€ℱAnimal, il sera la substance de lñ€ℱespÚce dans laquelle il se trouve, en tant quñ€ℱil lui appartient en propre. Il est, en outre, impossible et absurde quñ€ℱune chose qui est tel ÃÂȘtre individuel et telle substance, si elle se compose de certains éléments, ne vienne pas de substances, ou quñ€ℱelle vienne non pas de la catégorie de lñ€ℱessence, mais de la catégorie de la qualité ; car alors la qualité, qui nñ€ℱest pas substance, serait antérieure à la substance, et à lñ€ℱindividuel. Or, cela est bien impossible, puisque, ni en notion, ni en temps, ni en production, il ne se peut pas que les modes soient antérieurs à la substance qui les éprouve ; autrement, les modes seraient séparables du sujet. Autre argument. Dans Socrate, par exemple, qui est déjà une substance, il y aurait une autre substance, de telle sorte quñ€ℱil serait la substance de deux ÃÂȘtres à la fois. Si lñ€ℱHomme est une substance, et si tous les termes employés comme celui-là sont des substances, il en résulte quñ€ℱaucun des éléments qui entrent dans la définition, ne peut plus ÃÂȘtre substance de quoi que ce soit, ni exister en dehors des individus, ni se trouver dans un autre ÃÂȘtre que les individus. Je veux dire, par exemple, quñ€ℱil nñ€ℱy a pas dñ€ℱAnimal en dehors des animaux individuels, pas plus que nñ€ℱexiste séparément aucun des éléments qui font partie des définitions. En se plaçant à ce point de vue, on doit reconnaÃtre quñ€ℱaucun des termes pris universellement nñ€ℱest de la substance, quñ€ℱaucun attribut commun ne représente telle chose particuliÚre, [1039a] et quñ€ℱil ne représente que telle qualité. Sinon, cñ€ℱest soulever une foule dñ€ℱobjections, et spécialement lñ€ℱobjection du TroisiÚme homme. Voici encore un argument qui prouve bien ce que nous disons. Il est impossible quñ€ℱune substance se compose de substances qui seraient en elle à lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tat dñ€ℱactualité complÚte, à lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tat dñ€ℱEntéléchie. Ainsi, deux choses, qui actuellement sont complÚtement réelles, ne peuvent jamais ÃÂȘtre une seule et mÃÂȘme chose effectivement et actuellement. Mais si elles ne sont deux quñ€ℱen puissance, elles pourront ÃÂȘtre une seule et mÃÂȘme chose ; par exemple, le double se compose bien de deux moitiés ; mais cñ€ℱest seulement en puissance, puisque lñ€ℱactualité réelle et complÚte des moitiés les isolerait dans des ÃÂȘtres différents. Il en résulte que, si la substance est Une, elle ne peut se composer de substances qui seraient en elle ; et cñ€ℱest en ce sens que Démocrite a parfaitement raison de soutenir quñ€ℱil est impossible que jamais deux choses deviennent une seule chose, ni quñ€ℱune seule chose en devienne deux, puisque, dans son systÚme, ce sont les grandeurs indivisibles, les atomes, qui sont les substances. Il est de toute évidence quñ€ℱil en sera de mÃÂȘme encore pour le nombre, si le nombre, comme le prétendent quelques philosophes, nñ€ℱest quñ€ℱune collection dñ€ℱunités ; car, ou bien Deux nñ€ℱest pas Un, ou bien Un nñ€ℱest pas actuellement et réellement dans Deux. Mais cette conclusion mÃÂȘme ne laisse pas que de présenter des difficultés. Si, en effet, il est impossible que la substance se compose jamais dñ€ℱuniversaux, parce que les universaux nñ€ℱexpriment quñ€ℱune qualité et non point une chose particuliÚre et individuelle, et si jamais non plus une substance ne peut ÃÂȘtre composée de substances réelles et effectives, il sñ€ℱensuit que toute substance est indécomposable, et que, par suite, il ne peut y avoir non plus de définition pour une substance quelconque. Tout le monde convient cependant, et il y a bien longtemps quñ€ℱon lñ€ℱa dit, que la définition ne sñ€ℱadresse quñ€ℱà la substance seule, ou, tout au moins, sñ€ℱadresse surtout à la substance. Et voilà maintenant quñ€ℱon démontre que ce nñ€ℱest pas mÃÂȘme à la substance que la définition sñ€ℱapplique ; avec cette théorie, il nñ€ℱy aurait plus définition de rien. Ou bien ne doit-on pas plutÎt dire quñ€ℱil y aura définition de la substance en un sens, et quñ€ℱen un autre sens il nñ€ℱy en aura pas ? Cñ€ℱest ce qui sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©claircira davantage par ce qui va suivre. Chapitre 14 Toute la discussion précédente fait voir clairement oÃÂč en arrivent les philosophes qui, prenant les Idées pour les substances, les regardent comme séparées des choses, et qui en mÃÂȘme temps cependant soutiennent que lñ€ℱespÚce vient du genre et des différences. Si, en effet, les Idées existent, et, si lñ€ℱanimal, par exemple, est dans lñ€ℱhomme et dans le cheval, de deux choses lñ€ℱune ou lñ€ℱanimal est, dans lñ€ℱun et dans lñ€ℱautre, Cheval et Homme, une seule et mÃÂȘme chose numériquement, ou cñ€ℱest une chose différente. Mais la définition de ces deux ÃÂȘtres prouve clairement que cñ€ℱest une seule et mÃÂȘme chose, puisquñ€ℱen expliquant lñ€ℱanimal, soit dans le cheval, soit dans lñ€ℱhomme, on en donne absolument la mÃÂȘme explication. Si donc il y a un homme qui existe en soi et à lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tat de séparation absolue, il faut nécessairement aussi que les deux éléments dont il se compose, Animal et BipÚde, expriment un ÃÂȘtre réel, quñ€ℱils soient également séparés, et quñ€ℱils soient des substances. Il sñ€ℱensuit que lñ€ℱAnimal sera aussi une substance. Si lñ€ℱAnimal est identique dans le cheval et dans lñ€ℱhomme, identique de cette identité que vous avez de vous-mÃÂȘme à vous-mÃÂȘme, comment alors lñ€ℱanimal sera-t-il Un dans des ÃÂȘtres absolument séparés ? [1039b] Et comment cet animal ne sera-t-il pas séparé aussi de lui-mÃÂȘme ? Dñ€ℱautre part, si lñ€ℱanimal est du genre bipÚde et polypÚde, il en résulte une conséquence insoutenable cñ€ℱest quñ€ℱalors il aura simultanément les contraires, tout en restant un seul et mÃÂȘme ÃÂȘtre. Si lñ€ℱanimal ne participe pas du bipÚde, comment alors comprend-on quñ€ℱon puisse dire de lui quñ€ℱil est bipÚde ou terrestre ? Si lñ€ℱon prétend que tout cela se combine, que tout cela se touche et se confond, on peut affirmer que ce sont là autant dñ€ℱimpossibilités manifestes. Peut-ÃÂȘtre, dira-t-on encore, que lñ€ℱanimal est différent dans chaque individu. Alors, il sñ€ℱensuit quñ€ℱil y aura, sans exagération, un nombre infini dñ€ℱÃÂȘtres dont lñ€ℱanimal sera la substance, puisque ce nñ€ℱest pas indirectement et par accident que lñ€ℱhomme se compose de lñ€ℱanimal. DÚs lors, lñ€ℱanimal en soi serait une foule dñ€ℱÃÂȘtres ; car lñ€ℱanimal qui est dans chaque individu serait une substance, puisque lñ€ℱindividu nñ€ℱest pas lñ€ℱattribut dñ€ℱun autre. Si cela nñ€ℱest pas, lñ€ℱhomme alors viendrait de cet autre ÃÂȘtre, et cet autre ÃÂȘtre serait le genre de lñ€ℱhomme. Par suite aussi, tous les éléments dont lñ€ℱhomme se compose seraient autant dñ€ℱIdées ; mais il est bien impossible dñ€ℱÃÂȘtre à la fois lñ€ℱIdée de tel ÃÂȘtre, et la substance de tel autre ÃÂȘtre. Ainsi, lñ€ℱanimal en soi sera chaque animal contenu dans les animaux particuliers. Mais alors dñ€ℱoÃÂč viendront ces animaux particuliers, et comment pourront-ils venir de lñ€ℱanimal en soi ? Comment comprendre que ce mÃÂȘme animal, qui sera substance particuliÚre, pourra exister en dehors de lñ€ℱanimal en soi ? Toutes ces difficultés se représentent pour les choses sensibles ; et mÃÂȘme, elles y sont encore bien plus grandes. Si donc il est impossible quñ€ℱil en soit ainsi, il est clair quñ€ℱil nñ€ℱy a pas, pour les choses que nos sens perçoivent, une Idée, à la façon que supposent certains philosophes. Chapitre 15 La substance se présente sous deux aspects différents le composé qui la constitue, et la notion qui lñ€ℱexplique. Jñ€ℱentends par là quñ€ℱil y a, dñ€ℱune part, la substance qui est la notion mÃÂȘme de lñ€ℱobjet combinée avec la matiÚre ; et, dñ€ℱautre part, cette notion seule, prise dñ€ℱune maniÚre absolue. Toutes les substances du premier genre sont sujettes à périr, parce quñ€ℱelles se produisent à un certain moment ; mais la pure et simple notion ne peut jamais ÃÂȘtre détruite, par la raison quñ€ℱelle ne se produit jamais dñ€ℱune maniÚre générale et essentielle. Ainsi, la maison ne se produit pas ; ce qui se produit, cñ€ℱest une maison particuliÚre. Les substances de cette espÚce sont, ou ne sont pas, sans quñ€ℱil y ait pour elles ni production ni destruction. Ainsi quñ€ℱon lñ€ℱa démontré, personne ne les engendre, ni ne les fait. Cñ€ℱest là encore ce qui explique comment, pour les substances sensibles et individuelles, il nñ€ℱy a ni définition ni démonstration possible, attendu quñ€ℱelles renferment une matiÚre dont la nature propre est de pouvoir ÃÂȘtre ou nñ€ℱÃÂȘtre pas. Aussi, toutes les choses individuelles et particuliÚres sont-elles périssables. Si donc la démonstration ne sñ€ℱadresse quñ€ℱà des choses nécessaires, si la définition doit toujours ÃÂȘtre scientifique. Il en résulte que, de mÃÂȘme que la science ne peut pas ÃÂȘtre tantÎt science et tantÎt ignorance, et que cñ€ℱest la simple opinion qui peut seule présenter de telle alternatives, et que, de mÃÂȘme quñ€ℱil nñ€ℱy a ni science ni définition, mais uniquement opinion de ce qui peut ÃÂȘtre autrement quñ€ℱil nñ€ℱest ; [1040a] de mÃÂȘme évidemment, il nñ€ℱy a ni définition ni démonstration pour les substances sensibles. La raison en est que, du moment oÃÂč les objets qui périssent viennent à échapper à la sensation, ils restent parfaitement inconnus de ceux mÃÂȘmes qui en ont la science ; et les notions qui les concernent ont beau rester les mÃÂȘmes dans lñ€ℱesprit, il nñ€ℱy a plus moyen, ni de les définir, ni de les démontrer. Aussi, faut-il bien se dire, quand on veut définir un objet individuel, que la définition quñ€ℱon en essaie peut toujours ÃÂȘtre contestée, parce quñ€ℱil est impossible de le définir. Certes, on ne peut pas non plus définir aucune Idée. Lñ€ℱIdée, prétend-on, est chose individuelle, et elle est séparée. Pour elle aussi, il est nécessaire que la notion quñ€ℱon en donne se compose de mots. Or ces mots ne sont pas lñ€ℱoeuvre de celui qui fait la définition ; car alors ils seraient inintelligibles. Les mots reçus sont des termes communs à tous les ÃÂȘtres quñ€ℱils désignent ; et, nécessairement, ils sñ€ℱappliquent à dñ€ℱautres ÃÂȘtres quñ€ℱà lñ€ℱÃÂȘtre en question. Par exemple, si, pour vous définir, on allait dire que vous ÃÂȘtes maigre, que vous ÃÂȘtes blanc ou que vous ÃÂȘtes de telle ou telle façon, tout cela pourrait tout aussi bien sñ€ℱappliquer à un autre quñ€ℱà vous. Que si lñ€ℱon objecte que tous ces attributs, pris séparément, peuvent bien sñ€ℱappliquer à plusieurs ÃÂȘtres différents, mais que, réunis, ils ne sñ€ℱappliquent quñ€ℱà tel ÃÂȘtre seul, on peut répondre dñ€ℱabord quñ€ℱil y en a toujours au moins deux auxquels ils peuvent sñ€ℱappliquer, et que, par exemple, Animal bipÚde sñ€ℱapplique à la fois aux deux ÃÂȘtres, à lñ€ℱAnimal dñ€ℱabord, et ensuite au BipÚde. Mais il en est également ainsi des Idées, quñ€ℱon fait éternelles, et mÃÂȘme il y a nécessité que, pour elles, il en soit ainsi, puisquñ€ℱelles sont antérieures au composé total, et quñ€ℱelles en font partie. Bien plus, elles en sont séparées, si lñ€ℱon admet que lñ€ℱHomme est séparé aussi. Ou bien aucun des deux termes nñ€ℱest séparé, ou bien ils le sont tous les deux. Si aucun nñ€ℱest séparé, il nñ€ℱy aura plus de genre en dehors des espÚces ; et, sñ€ℱils sont séparés, la différence le sera comme eux. En outre, les Idées éternelles sont antérieures en existence, et elles ne disparaissent pas en mÃÂȘme temps que les ÃÂȘtres périssables. On peut dire encore quñ€ℱil y aura des Idées venant dñ€ℱautres Idées ; et comme celles dñ€ℱoÃÂč sortent les premiÚres sont les plus simples, il faudra que les termes dñ€ℱoÃÂč vient lñ€ℱIdée puissent ÃÂȘtre les attributs dñ€ℱune foule de choses ; par exemple, Animal et BipÚde seront de ces attributs. Autrement, comment les ÃÂȘtres seront-ils connus ? Et alors, on arrivera à une Idée qui ne pourra plus ÃÂȘtre lñ€ℱattribut que dñ€ℱun seul ÃÂȘtre. Mais ce nñ€ℱest pas là du tout la théorie ; et, tout au contraire, nñ€ℱy a pas dñ€ℱIdée qui ne se communique. Répétons-le donc lñ€ℱerreur vient de ce quñ€ℱil nñ€ℱy a pas de définition possible, quand il sñ€ℱagit de choses éternelles, surtout de celles qui sont uniques en leur genre le soleil et la lune, par exemple. En ceci on se trompe de deux maniÚres dñ€ℱabord, en ajoutant, à la définition du soleil, des épithÚtes qui peuvent ÃÂȘtre omises sans que le soleil cesse, pour cela, dñ€ℱÃÂȘtre ce quñ€ℱil est, comme lorsquñ€ℱon dit de lui  quñ€ℱil fait le tour de dñ€ℱune terre » ou  quñ€ℱil se cache pendant la nuit ». Car, dñ€ℱaprÚs cette théorie, il nñ€ℱy aurait donc plus de soleil, si le soleil venait à sñ€ℱarrÃÂȘter, ou à resplendir pendant la nuit. Or, cñ€ℱest une conception absurde de croire quñ€ℱil ne puisse plus y avoir de soleil, puisque le mot Soleil exprime une substance. En second lieu, on se trompe encore en prenant des attributs qui peuvent sñ€ℱappliquer aussi à un corps autre que le soleil ; car, sñ€ℱil y avait un autre soleil que le nÎtre, qui eût les mÃÂȘmes attributs, il serait évidemment aussi un soleil. La définition serait donc commune à plusieurs ÃÂȘtres à la fois ; [1040b] or le soleil était supposé un ÃÂȘtre individuel, tout aussi bien que le sont Cléon ou Socrate. Mais pourquoi, parmi les partisans des Idées, nñ€ℱen est-il pas un qui se hasarde à donner la définition de lñ€ℱIdée ? Sñ€ℱils tentaient de le faire, ils sentiraient bien vite la vérité de ce que nous venons de dire. Chapitre 16 On doit voir aussi que, de toutes ces prétendues substances, la plupart nñ€ℱexistent guÚre quñ€ℱà lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tat de simples possibilités, comme sont, par exemple, les parties des animaux, qui ne peuvent jamais exister séparément de lñ€ℱanimal entier. Que si on les en sépare, elles nñ€ℱexistent plus dÚs lors que comme matiÚre, terre, feu, air, etc.. Aucune de ces parties ne forme à elle seule un tout, et cñ€ℱest absolument comme est un tas de minerai avant quñ€ℱil ne soit fondu, et avant quñ€ℱil ne se forme une unité de tous les fragments qui le composent. Ce seraient surtout les parties des ÃÂȘtres animés, et les parties de lñ€ℱñme, qui pourraient sembler tout prÚs dñ€ℱÃÂȘtre à la fois, et en réalité actuelle, et en puissance, quand elles ont en elles les principes du mouvement partant dñ€ℱun certain point de leurs flexions ; et lñ€ℱon sait quñ€ℱil y a des animaux qui vivent encore aprÚs quñ€ℱon les a divisés. Mais cependant toutes ces parties ne sont encore quñ€ℱen puissance, quand elles appartiennent à un Tout, qui est naturellement Un et continu, et sans que cette unité soit le résultat dñ€ℱune violence ou dñ€ℱune connexion factice ; car alors cette contrainte nñ€ℱest plus quñ€ℱune sorte de mutilation. Mais comme lñ€ℱUn se confond absolument avec lñ€ℱÃƠtre, et comme la substance de lñ€ℱun est Une aussi, et que les choses dont la substance est numériquement Une forment une unité numérique, il sñ€ℱensuit évidemment que ni lñ€ℱUn ni lñ€ℱÃƠtre ne peuvent ÃÂȘtre la substance des choses, de mÃÂȘme quñ€ℱils ne peuvent pas ÃÂȘtre davantage, ni un élément ni un principe. Or, ce que nous voulons dans nos recherches, cñ€ℱest précisément de remonter jusquñ€ℱà ce principe, afin de le ramener à quelque chose de plus connu. Toutefois, lñ€ℱÃƠtre et lñ€ℱUn seraient la substance des choses plutÎt encore quñ€ℱils ne seraient leur principe, leur élément et leur cause. Mais lñ€ℱUn et lñ€ℱÃƠtre ne peuvent pas ÃÂȘtre la substance, par cette autre raison que la substance ne peut jamais ÃÂȘtre rien de commun. La substance nñ€ℱappartient à quoi que ce soit, si ce nñ€ℱest à elle-mÃÂȘme, et à ce qui la possÚde, en tant quñ€ℱelle en est la substance. Ajoutez que lñ€ℱUn, sñ€ℱil est en plusieurs lieux, ne peut pas du moins y ÃÂȘtre simultanément, tandis que ce qui est commun peut ÃÂȘtre à tous dans une foule de lieux à la fois. Ceci démontre donc clairement quñ€ℱaucun des universaux ne peut exister séparément des individus, et que les partisans des Idées ont en partie raison, quand ils les font séparées, attendu que ce sont des substances, et quñ€ℱen partie ils ont tort, quand ils soutiennent que lñ€ℱUn est lñ€ℱIdée dans une pluralité. Leur erreur vient de ce quñ€ℱils ne sont pas en état dñ€ℱexpliquer ce que sont leurs substances impérissables, en dehors des substances sensibles et particuliÚres. Sous le rapport de lñ€ℱespÚce, ils les font absolument pareilles aux ÃÂȘtres périssables, aux substances que nous connaissons, et quand ils disent  Lñ€ℱhomme mÃÂȘme, le cheval mÃÂȘmeñ€© », ils ne font quñ€ℱajouter ce mot mÃÂȘme aux ÃÂȘtres que la sensation nous fait connaÃtre. Cependant, quand bien mÃÂȘme nous nñ€ℱaurions pas vu les Astres, [1041a] je me figure quñ€ℱils nñ€ℱen seraient pas moins des substances éternelles, indépendamment de celles que nous aurions connues. Par conséquent, ici non plus nous nñ€ℱavons pas besoin de savoir ce que sont les Astres pour affirmer quñ€ℱil est absolument nécessaire quñ€ℱil en existe. En résumé, on voit clairement quñ€ℱaucun terme universel ne peut ÃÂȘtre une substance, et quñ€ℱil est impossible quñ€ℱune substance, qui est Une, puisse se composer dñ€ℱautres substances. Chapitre 17 Essayons maintenant de prendre en quelque sorte un point de vue nouveau, et faisons comprendre comment on doit exprimer la substance et expliquer ce quñ€ℱelle est. Peut-ÃÂȘtre ce que nous disons éclaircira- aussi ce quñ€ℱon doit penser de cette substance spéciale, qui est séparée des substances sensibles. La substance étant un principe et une cause, ce sera là notre point de départ. Quand on cherche le pourquoi des choses, on le cherche toujours sous cette forme de savoir pourquoi telle chose est à telle autre chose. Si, en effet, on se demandait pourquoi lñ€ℱhomme instruit est un homme instruit, ce serait, ou rechercher précisément ce quñ€ℱon vient de dire, pourquoi lñ€ℱhomme est instruit, ou est telle autre chose. Chercher pourquoi la chose elle-mÃÂȘme est ce quñ€ℱelle est, cñ€ℱest une bien vaine recherche, puisquñ€ℱil faut toujours préalablement connaÃtre avec pleine évidence ce quñ€ℱest la chose, et quñ€ℱelle est. Et, par exemple, il faut savoir tout dñ€ℱabord quñ€ℱil y a une éclipse de lune. Or, pour lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©clipse mÃÂȘme, il nñ€ℱy a de possible quñ€ℱun simple énoncé affirmant quñ€ℱelle est ce quñ€ℱelle est, et une seule cause applicable à tous les cas ; par exemple, on dit que lñ€ℱhomme est homme, et que lñ€ℱinstruit est instruit. Cñ€ℱest que toute chose, on peut dire, est indivisible par rapport à elle-mÃÂȘme ; et cñ€ℱest précisément ce que nous entendions quand nous disions quñ€ℱelle est Une. Il est vrai que cette réponse peut sñ€ℱappliquer à tout, et elle est par trop concise. Mais ce quñ€ℱon peut justement se demander, cñ€ℱest pourquoi lñ€ℱhomme est telle espÚce dñ€ℱÃÂȘtre. Évidemment, si lñ€ℱon ne peut pas rechercher pourquoi cet homme est homme, on peut rechercher pourquoi telle chose est à telle autre chose. Quant au fait mÃÂȘme que la chose est à telle chose, il doit ÃÂȘtre évident ; et sans cette condition, il nñ€ℱy a pas de recherche possible. Ainsi, lñ€ℱon se demande  Pourquoi tonne-t-il ? » et lñ€ℱon répond  Parce quñ€ℱil y a du bruit dans les nuages. » Et, de cette façon, ce quñ€ℱon cherche, cñ€ℱest une chose attribuée à une autre chose ; et lñ€ℱon dit pourquoi des objets tels que des poutres et des pierres deviennent une maison. Il est évident que ce quñ€ℱon cherche alors, cñ€ℱest la cause ; en dñ€ℱautres termes, cñ€ℱest lñ€ℱessence, pour parler comme le veut la raison. Dans certains cas, la cause quñ€ℱon cherche, cñ€ℱest la fin, ou le but, en vue duquel la chose est faite, comme on peut se le demander pour une maison, pour un lit ; dans dñ€ℱautres cas, la cause est le principe initial du mouvement ; car ce principe peut ÃÂȘtre aussi une cause. Ce dernier genre de cause est celui quñ€ℱon cherche, surtout quand il sñ€ℱagit de la production et de la destruction des choses, tandis que lñ€ℱautre sñ€ℱapplique aussi à leur existence. La recherche est surtout obscure, quand ce ne sont pas des termes dont lñ€ℱun est lñ€ℱattribut de lñ€ℱautre ; par exemple, si lñ€ℱon se demande [1041b]  Quñ€ℱest-ce que lñ€ℱhomme ? », parce quñ€ℱalors lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©nonciation est absolue, et quñ€ℱon nñ€ℱajoute pas que lñ€ℱhomme est telle ou telle chose. Mais il faut rectifier et préciser la question ; ou sinon, cñ€ℱest ne rien rechercher que de rechercher dans ces conditions ce que devient la chose. Comme on doit connaÃtre lñ€ℱexistence de la chose, qui est une condition préalable, il est clair que lñ€ℱon cherche uniquement pourquoi la matiÚre est faite de telle ou telle façon. On se demande, par exemple, pourquoi telles ou telles choses forment une maison. Pourquoi est-ce là une maison ? Cñ€ℱest parce que la chose a tout ce qui constitue essentiellement une maison. Pourquoi est-ce un homme ? Parce quñ€ℱil a le corps constitué de telle maniÚre. Ainsi, cela revient à rechercher la cause de la matiÚre, cñ€ℱest-à -dire, la forme qui fait que la chose est ce quñ€ℱelle est, en dñ€ℱautres termes, lñ€ℱessence. Il sñ€ℱensuit que, pour les ÃÂȘtres pris au sens absolu, il nñ€ℱy a rien à rechercher, ni rien à apprendre ; mais quñ€ℱil y a une tout autre voie pour arriver à les connaÃtre. Lñ€ℱÃÂȘtre est ici composé de telle maniÚre que le tout forme une complÚte unité, non pas comme le tas de minerai en forme une, mais à la façon de la syllabe ; car la syllabe nñ€ℱest pas seulement les lettres qui la forment ; BA ne se confond pas avec les lettres B et A, qui la composent, non plus que la chair ne se confond pas avec le feu et la terre, qui la constituent. Ce qui le prouve bien, cñ€ℱest que, quand les composés viennent à se dissoudre, il y a des choses qui cessent dñ€ℱÃÂȘtre, par exemple, la chair et la syllabe, tandis que les lettres, le feu et la terre, subsistent toujours. La syllabe est donc quelque chose de spécial ; elle nñ€ℱest pas seulement les lettres, voyelle et consonne ; mais elle est autre chose encore. La chair nñ€ℱest pas uniquement le feu et la terre, le chaud et le froid combinés ; elle est quelque chose de plus. Si lñ€ℱon admet quñ€ℱil faut nécessairement que ce quelque chose lui-mÃÂȘme soit, ou un élément, ou un composé dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©léments, on voit quñ€ℱen le supposant dñ€ℱabord un élément, le raisonnement quñ€ℱon vient de faire reste le mÃÂȘme ; et, par suite, la chair se formera de ce quelque chose, plus, du feu et de la terre, et encore de quelque autre élément ; et lñ€ℱon irait ainsi à lñ€ℱinfini. Que si, au lieu dñ€ℱÃÂȘtre un élément, ce quelque chose vient dñ€ℱun élément, il est clair quñ€ℱil ne vient pas dñ€ℱun seul élément, mais dñ€ℱun plus grand nombre dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©léments que nñ€ℱen a la chose en question ; et lñ€ℱon ferait alors le mÃÂȘme raisonnement que nous venons de faire sur la chair et sur la syllabe. Il semblerait donc quñ€ℱil y a quelque chose de ce genre, qui nñ€ℱest pas un élément, mais qui est cause quñ€ℱici cñ€ℱest de la chair qui se forme, et là une syllabe ; et de mÃÂȘme ainsi pour tout autre objet. Or, cñ€ℱest là précisément la substance pour chaque chose ; cñ€ℱest la premiÚre cause de son ÃÂȘtre. Mais comme, parmi les choses, les unes ne sont pas des substances, et quñ€ℱil nñ€ℱy a de vraies substances que celles que la nature forme et constitue selon ses lois, on pourrait bien croire, avec quelques philosophes, que cñ€ℱest la nature mÃÂȘme de la chose qui en est la substance, et que la substance nñ€ℱest pas un élément, mais un principe. Quant à lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément, cñ€ℱest la matiÚre intrinsÚque dans laquelle la chose se dissout, comme A et B sont les éléments de la syllabe BA. Livre 8 Chapitre 1[modifier] [1042a] Maintenant, il faut tirer les conséquences de tout ce que nous avons exposé, et, aprÚs en avoir résumé les parties principales, mettre fin à cette étude. Lñ€ℱobjet de nos investigations, avons-nous dit, ce sont les causes, les principes et les éléments des substances. Parmi les substances il en est sur lñ€ℱexistence desquelles tout le monde est dñ€ℱaccord ; il en est dñ€ℱautres, au contraire, qui ne figurent que dans quelques systÚmes particuliers. Les substances que tout le monde admet, ce sont les substances naturelles, telles que le feu, la terre, lñ€ℱeau et les autres corps simples ; puis, les plantes et leurs parties ; puis encore, les animaux et les parties des animaux ; et enfin, le ciel et les parties du ciel. Les substances simples, que quelques philosophes reconnaissent, ce sont les Idées et les entités mathématiques ; mais, à ne consulter que la raison, il y a encore certainement dñ€ℱautres substances, qui sont lñ€ℱessence et le sujet. Cñ€ℱest aussi, en se plaçant à un autre point de vue, que le genre peut sembler ÃÂȘtre plus substance que les espÚces, et lñ€ℱuniversel lñ€ℱÃÂȘtre plus que les individus. Or, les Idées elles-mÃÂȘmes rentrent dans lñ€ℱuniversel et dans le genre ; car cñ€ℱest au mÃÂȘme titre quñ€ℱon peut les prendre pour des substances. Mais comme lñ€ℱessence, qui fait que la chose est ce quñ€ℱelle est, peut en ÃÂȘtre regardée comme la substance, et que lñ€ℱexplication de lñ€ℱessence, cñ€ℱest la définition, nous avons dû, pour ce motif, étudier la définition et analyser ce que veut dire ÃÂȘtre En soi. Puis, comme la définition nñ€ℱest quñ€ℱune explication, et que toute explication a des parties, il nous a été également nécessaire dñ€ℱexaminer ce que cñ€ℱest que la partie, et quelles parties doivent entrer dans la substance, quelles parties nñ€ℱy entrent pas ; et si les parties qui sont dans la substance doivent se retrouver également dans la définition. Cñ€ℱest à la suite que nous avons démontré que, ni lñ€ℱuniversel, ni le genre, ne sont de la substance. Quant aux Idées et aux entités mathématiques, cñ€ℱest plus tard que nous nous en occuperons, puisquñ€ℱil y a des philosophes qui soutiennent quñ€ℱelles existent en dehors des substances sensibles. Pour le moment, nous nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tudierons que les substances qui ne sont contestées par personne. Ce sont les substances sensibles ; et toutes les substances sensibles ont de la matiÚre. La substance, cñ€ℱest le sujet, le support des qualités. A un point de vue, cñ€ℱest la matiÚre ; et à un autre point de vue. cñ€ℱest la notion. Quand je dis la MatiÚre, jñ€ℱentends cette partie des ÃÂȘtres qui, nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tant pas actuellement telle chose individuelle et déterminée, lñ€ℱest cependant en puissance. Et dñ€ℱautre part, la notion de lñ€ℱobjet, et sa forme, cñ€ℱest ce qui, étant une réalité particuliÚre, est séparable pour la raison. En troisiÚme lieu, il faut distinguer le Tout, que compose la réunion de la matiÚre et de la forme ; il nñ€ℱy a que lui qui soit susceptible de production et de destruction, et qui soit absolument séparable ; car, parmi les substances que la raison conçoit, les unes sont séparables, et les autres ne le sont pas. Il est évident que la matiÚre est de la substance, puisque, dans tous les changements opposés les uns aux autres, il faut toujours un sujet qui supporte ces changements. Par exemple, sñ€ℱagit-il du changement de lieu, il faut un sujet, qui soit tantÎt ici, et tantÎt ailleurs, et en un autre point. Sñ€ℱil sñ€ℱagit dñ€ℱun changement dñ€ℱaccroissement, il faut un sujet qui ait, tantÎt telle dimension, et qui ensuite devienne, ou plus petit, ou plus grand. Sñ€ℱagit-il dñ€ℱun changement par altération, il faut un sujet qui puisse ÃÂȘtre actuellement en santé, et, plus tard, ÃÂȘtre malade. [1042b] Enfin, la mÃÂȘme observation sñ€ℱapplique à la substance ; il y faut un sujet qui maintenant se produise et qui plus tard disparaisse, un sujet qui soit actuellement sujet en tant quñ€ℱÃÂȘtre réel et spécial, et qui, plus tard, soit sujet par privation. Les autres changements sont la suite de ce dernier genre de changement ; mais celui-là nñ€ℱest la conséquence, ni dñ€ℱun seul, ni de deux des autres changements ; car il nñ€ℱy a pas de nécessité, parce quñ€ℱun objet a une matiÚre qui change de lieu, quñ€ℱil ait aussi, et par cela seul, une matiÚre qui puisse, et se produire, et périr. Cñ€ℱest du reste dans la Physique quñ€ℱa été expliquée la différence dñ€ℱune production absolue à une production qui nñ€ℱest pas absolue. Chapitre 2[modifier] Puisquñ€ℱon est dñ€ℱaccord pour reconnaÃtre quñ€ℱune certaine substance est sujet et matiÚre ; et que cette substance nñ€ℱexiste quñ€ℱen puissance, nous nñ€ℱavons plus quñ€ℱà exposer ce quñ€ℱest la substance effective et réelle des choses sensibles. Démocrite semble croire quñ€ℱil nñ€ℱy a que trois différences possibles dans les choses. Selon lui, en effet, le corps, qui est le sujet, est, sous le rapport de la matiÚre, un et identique ; mais les différences que le corps présente sont lñ€ℱArrangement, en dñ€ℱautres termes, la forme ; la Tournure, en dñ€ℱautres termes, la position ; et enfin, le Contact, en dñ€ℱautres termes, lñ€ℱordre. Quant à nous, il nous semble quñ€ℱil y a, bien dñ€ℱautres différences que celles-là . Ainsi, les choses se distinguent, tantÎt par la combinaison de la matiÚre, comme toutes celles qui viennent dñ€ℱun mélange, ainsi quñ€ℱen vient lñ€ℱhydromel ; tantÎt par une jointure, comme pour un coffre ; tantÎt par un lien, comme pour le faisceau ; tantÎt par un collage, comme pour le livre ; tantÎt les choses diffÚrent par plusieurs de ces conditions réunies. Quelquefois, cñ€ℱest la position seule qui les distingue, comme le seuil de la porte et son chevet, qui nñ€ℱont absolument que la position de différente. Dñ€ℱautres fois, cñ€ℱest le temps qui est différent, comme il lñ€ℱest pour le dÃner et pour le déjeuner. Dñ€ℱautres fois encore, cñ€ℱest le lieu, comme pour les vents qui soufflent de différents points. Les choses diffÚrent aussi par certaines modifications que subissent les objets sensibles dureté, mollesse ; densité, rareté ; sécheresse, humidité. Les unes nñ€ℱont entre elles quñ€ℱun petit nombre de ces différences ; les autres les ont toutes. Les unes les ont en excÚs ; les autres les ont en défaut. Par suite, il est évident que lñ€ℱexistence, ou lñ€ℱÃƠtre, sñ€ℱexprime sous autant dñ€ℱaspects divers. En effet, telle pierre est un seuil, parce quñ€ℱelle est posée à telle place ; et pour elle, ÃƠtre signifie simplement quñ€ℱelle est placée de telle maniÚre ; ÃƠtre de la glace, ce nñ€ℱest quñ€ℱavoir telle densité. Pour certaines choses, leur ÃÂȘtre est déterminé par toutes ces différences, quand ces choses sont, ou mélangées, ou combinées, ou reliées entre elles, ou solidifiées, ou quñ€ℱelles se distinguent mutuellement par les autres différences quñ€ℱon vient dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©numérer, comme se distinguent la main et le pied. Il faut donc bien saisir les genres divers des différences ; car ce sont elles qui deviennent les principes de lñ€ℱÃƠtre. Ainsi, les choses qui se distinguent par le plus et le moins, par les qualités de dense et de rare, et par toutes les autres conditions analogues, ne sont toutes en définitive quñ€ℱexcÚs ou défaut. Si une chose se distingue par sa forme, par sa surface, qui peut ÃÂȘtre rude ou polie, toutes ces conditions spéciales se rapportent au droit ou au courbe. Pour dñ€ℱautres choses, lñ€ℱÃƠtre ne consistera que dans le mélange ; et alors, le Non-ÃÂȘtre consistera pour elles dans un état opposé à celui-là . [1043a] Il ressort clairement de ceci que, la substance étant, pour chaque chose, la cause qui fait quñ€ℱelle existe, cñ€ℱest dans ces différences quñ€ℱil faut chercher quelle est la cause qui donne à chaque chose sa façon dñ€ℱÃÂȘtre. La substance nñ€ℱest proprement aucune de ces différences, ni mÃÂȘme la réunion de deux ou de plusieurs. Cependant il y a, dans chacune dñ€ℱelles, quelque chose qui correspond à la substance. Et de mÃÂȘme que, dans les substances particuliÚres, cñ€ℱest lñ€ℱattribut qui détermine la matiÚre qui est lñ€ℱacte mÃÂȘme de la chose, sa réalité actuelle, de mÃÂȘme, et à plus forte raison, en est-il ainsi dans les autres définitions. Par exemple, si cñ€ℱest un seuil de porte quñ€ℱon veuille définir, on dira que cñ€ℱest du bois ou de la pierre posés de telle façon ; si cñ€ℱest une maison, on dira que ce sont des briques et des bois disposés selon tel arrangement. Mais ne définit-on pas aussi certaines choses par le but auquel elles doivent servir ? Si cñ€ℱest de la glace quñ€ℱon définit, on dit quñ€ℱelle est de lñ€ℱeau prise, ou solidifiée, de telle maniÚre ; sñ€ℱil sñ€ℱagit dñ€ℱun accord musical, on dit que cñ€ℱest une certaine combinai son de lñ€ℱaigu et du grave. MÃÂȘme remarque pour toute autre définition. Ceci montre bien évidemment que, pour une matiÚre différente, lñ€ℱacte est différent aussi, de mÃÂȘme que la définition. Ici combinaison, là mélange, ou telle autre des différences dont il vient dñ€ℱÃÂȘtre parlé. Aussi, lorsque, voulant définir ce quñ€ℱest une maison, on dit que ce sont des pierres, des briques, des bois, on ne fait là que parler de la maison en puissance, puisque tout cela nñ€ℱest que de la matiÚre ; mais quand on définit la maison en disant quñ€ℱelle est un abri destiné à couvrir les choses et les personnes, ou en ajoutant tel autre détail analogue, on définit lñ€ℱacte mÎme de la maison, son existence actuelle. Si lñ€ℱon réunit les deux définitions, cñ€ℱest-à -dire lñ€ℱacte et la matiÚre, on définit la troisiÚme substance composée de lñ€ℱunion de lñ€ℱun et de lñ€ℱautre. La définition qui procÚde ainsi par les différences, semble donc la définition de la forme et de lñ€ℱacte ; celle qui procÚde, au contraire, par lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©numération des éléments intrinsÚques de la chose, est plutÎt la définition de la matiÚre. Telles étaient les définitions quñ€ℱapprouvait Archytas ; cñ€ℱest-à -dire, celles qui se composent des deux procédés réunis. Par exemple, quñ€ℱest-ce quñ€ℱun temps serein ? Cñ€ℱest le calme dans la masse de lñ€ℱair. Dñ€ℱune part, lñ€ℱair est la matiÚre ; et dñ€ℱautre part, le calme est lñ€ℱacte et lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tat substantiel. Quñ€ℱest ce que la bonace ? Cñ€ℱest la tranquillité de la mer tout unie. Le sujet en tant que matiÚre, cñ€ℱest la mer ; lñ€ℱacte et la forme, cñ€ℱest lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©galité du niveau des eaux. On doit voir, dñ€ℱaprÚs ce qui précÚde, ce que cñ€ℱest que la substance sensible, et de quelle façon elle existe ici la matiÚre ; et là , la forme, quand il sñ€ℱagit de lñ€ℱacte de la chose ; enfin, la troisiÚme substance, qui est le composé des deux premiÚres, à savoir de la forme et de la matiÚre. Chapitre 3[modifier] Il faut prendre garde que, dans quelques cas, on ne voit pas bien si le nom de la chose exprime la substance composée de la forme et de la matiÚre, ou sñ€ℱil exprime lñ€ℱacte et la forme. Par exemple, on ne voit pas si le mot Maison signifie, en commun et tout ensemble, un abri formé de briques, de bois et de pierres, arrangés dans telle disposition ; ou si ce mot signifie seulement lñ€ℱacte et la forme, cñ€ℱest-à -dire que la maison est un abri. Pour la ligne, il y aurait de mÃÂȘme à savoir si ce mot représente Deux en longueur, ou sñ€ℱil représente simplement Deux. Enfin, pour le mot dñ€ℱAnimal, il faut savoir sñ€ℱil doit signifier une ùme dans un corps, ou simplement une ùme ; car cñ€ℱest lñ€ℱñme qui est la substance et lñ€ℱacte dñ€ℱun corps. Le mot dñ€ℱAnimal peut sñ€ℱappliquer également aux deux, non pas comme exprimant une seule notion, mais comme se rapportant à une seule et mÃÂȘme chose. Ces distinctions peuvent, à dñ€ℱautres points de vue, nñ€ℱÃÂȘtre pas sans importance. Mais elles nñ€ℱont aucun intérÃÂȘt pour notre étude sur la substance sensible ; [1043b] car lñ€ℱessence, qui fait que la chose est ce quñ€ℱelle est, ne consiste que dans la forme et dans lñ€ℱacte. En effet, lñ€ℱñme et lñ€ℱessence de lñ€ℱñme, cñ€ℱest la mÃÂȘme chose ; mais lñ€ℱessence de lñ€ℱhomme et lñ€ℱhomme ne sont pas identiques, à moins quñ€ℱon ne veuille donner à lñ€ℱñme le nom dñ€ℱhomme ; et alors lñ€ℱidentité serait vraie à certain égard ; et à certain autre, elle ne le serait pas. Cñ€ℱest quñ€ℱà y regarder de prÚs, on ne peut pas trouver que la syllabe se compose seulement de lettres et dñ€ℱune combinaison de lettres, de mÃÂȘme que la maison nñ€ℱest pas seulement un nombre de briques et un certain arrangement de ces briques. Et lñ€ℱon a raison de penser ainsi ; car la combinaison elle-mÃÂȘme et le mélange lui-mÃÂȘme ne sont pas formés des matériaux dont on fait la combinaison ou le mélange. Il en est absolument de mÃÂȘme pour tous les autres cas, oÃÂč les choses ne se confondent pas davantage. Ainsi, un seuil de porte est ce quñ€ℱil est par sa position ; mais la position ne vient pas du seuil ; cñ€ℱest bien plutÎt le seuil qui vient dñ€ℱelle. Lñ€ℱhomme nñ€ℱest pas non plus lñ€ℱAnimal et le BipÚde ; mais comme ce nñ€ℱest là que de la matiÚre, il doit y avoir encore quelque autre chose en dehors de tout cela, qui ne soit pas un élément, et qui ne vienne pas non plus dñ€ℱun élément quelconque. Cñ€ℱest là précisément la substance, et lñ€ℱon désigne ce quelque chose quand on retranche la matiÚre. Si donc cñ€ℱest là réellement la cause de lñ€ℱÃƠtre et que ce soit bien sa substance, il faut que nos philosophes appellent du nom de substance ce quelque chose. Cette substance doit ÃÂȘtre éternelle, ou du moins elle doit ÃÂȘtre périssable sans périr, et se produire sans ÃÂȘtre produite. Ailleurs, nous avons démontré que lñ€ℱon ne peut jamais créer lñ€ℱespÚce, que lñ€ℱespÚce nñ€ℱest pas engendrée, mais quñ€ℱelle est mise dans telle ou telle chose ; et quñ€ℱil nñ€ℱy a de production véritable que pour le Tout, qui est composé de lñ€ℱunion de la matiÚre et de la forme. Quant à savoir si les substances des ÃÂȘtres périssables peuvent en ÃÂȘtre séparées, cñ€ℱest une question qui demeure encore obscure. Tout ce quñ€ℱon peut affirmer clairement, cñ€ℱest que cet isolement est impossible pour certaines Idées, et, par exemple, pour toutes celles qui ne peuvent exister en dehors des ÃÂȘtres particuliers, comme est une maison, comme est un vase. Mais peut-ÃÂȘtre doit-on dire aussi que ce ne sont pas là des substances, et que ces deux objets nñ€ℱen sont pas plus que toutes les choses que la nature ne fait pas ; car la nature seule, on peut le soutenir avec vérité, est vraiment la substance dans les choses périssables. De là , on peut tirer une réponse décisive à la question que soulevaient les disciples dñ€ℱAntisthÚne, et des esprits aussi peu éclairés que les leurs, quand ils prétendaient quñ€ℱil est impossible de définir lñ€ℱessence des choses, parce que la définition nñ€ℱest quñ€ℱune dénomination un peu plus longue, et quñ€ℱon ne peut tout au plus quñ€ℱindiquer la qualité de la chose. Cñ€ℱest ainsi, par exemple, quñ€ℱon définit lñ€ℱargent en disant ce quñ€ℱil nñ€ℱest pas, et en lñ€ℱassimilant au plomb. Il y a donc une substance quñ€ℱon peut définir et déterminer ; cñ€ℱest la substance composée et concrÚte, quñ€ℱelle soit dñ€ℱailleurs sensible ou rationnelle. Mais il nñ€ℱest pas possible de définir les primitifs dont cette substance est formée, puisque lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©noncé de la définition exprime toujours que telle chose est attribuée à telle chose ; et que, par suite, il faut que, dñ€ℱun cÎté, il y ait la matiÚre, et que de lñ€ℱautre cÎté, il y ait la forme. Ceci nous montre encore comment, si les substances sont des nombres, elles ne peuvent lñ€ℱÃÂȘtre que de cette façon, et non comme des collections dñ€ℱunités, ainsi que le prétendent certains philosophes. La définition, en effet, est un nombre, si lñ€ℱon veut, puisquñ€ℱelle est divisible, et quñ€ℱelle se réduit en éléments indivisibles, les explications ne pouvant pas ÃÂȘtre infinies ; le nombre est aussi dans ces conditions. On peut dire encore que, de mÃÂȘme que, si lñ€ℱon retranche, ou si lñ€ℱon ajoute, la parcelle la plus petite possible aux éléments dont le nombre est formé, le nombre cesse aussitÎt dñ€ℱÃÂȘtre ce quñ€ℱil était, pour devenir autre ; [1044a] de mÃÂȘme, la définition et lñ€ℱessence cessent également dñ€ℱÃÂȘtre ce quñ€ℱelles étaient, pour peu quñ€ℱon leur enlÚve, ou quñ€ℱon leur ajoute, quoi que ce soit. Il faut, en outre, quñ€ℱil y ait, dans le nombre, quelque chose qui lui donne son unité ; mais on ne nous dit pas ce qui donne cette unité au nombre, bien quñ€ℱon la lui reconnaisse. Ou, en effet, le nombre nñ€ℱa pas dñ€ℱunité, ou il nñ€ℱen a que comme en a un monceau dñ€ℱobjets réunis ; or si le nombre a de lñ€ℱunité, il faut nous dire la cause qui, de cette pluralité, fait une unité. De mÃÂȘme aussi, la définition est Une ; mais nos philosophes ne nous disent pas davantage pour elle ce qui constitue son unité incontestable. Du reste, on conçoit sans peine leur embarras ; car cñ€ℱest par la mÃÂȘme raison que, pour le nombre ; et la substance est Une aussi de la mÃÂȘme maniÚre. Mais elle nñ€ℱest pas, ainsi quñ€ℱils le prétendent, une sorte de monade ou de point ; loin de là , son unité consiste en ce quñ€ℱelle est une réalité complÚte et une nature individuelle. Et de mÃÂȘme encore que le nombre nñ€ℱest, ni plus, ni moins, ce quñ€ℱil est, de mÃÂȘme non plus la substance, considérée dans sa forme, nñ€ℱest ce quñ€ℱelle est, ni plus, ni moins ; et si elle a du moins et du plus, ce nñ€ℱest que quand elle est mÃÂȘlée à la matiÚre. Pour le moment, nous nous bornerons à ce que nous venons de dire sur la production et la destruction de ce quñ€ℱon appelle les substances, nous contentant dñ€ℱavoir montré comment la production et la destruction sont, ou ne sont pas, possibles, et quels sont les rapports du nombre et de la définition. Chapitre 4[modifier] Pour ce qui regarde la substance matérielle, il faut bien remarquer que, mÃÂȘme en supposant que tout vienne dñ€ℱun mÃÂȘme élément primitif, ou des mÃÂȘmes éléments considérés comme primitifs, et quñ€ℱune mÃÂȘme matiÚre soit le principe de tous les phénomÚnes qui se produisent, néanmoins chaque chose a sa matiÚre propre. Par exemple, la matiÚre premiÚre du phlegme, ce sont les particules douces ou grasses ; la matiÚre premiÚre de la bile, ce sont les particules amÚres, ou telles autres particules de ce genre. Mais il se peut aussi que ces éléments divers viennent dñ€ℱune seule et mÃÂȘme source. Il peut y avoir, pour un seul et mÃÂȘme objet, plus dñ€ℱune matiÚre, à condition que lñ€ℱune des deux matiÚres vienne de lñ€ℱautre. Par exemple, le phlegme pourrait venir du doux et du graisseux, si la graisse elle-mÃÂȘme vient du doux ; mais lñ€ℱon ne dit du phlegme quñ€ℱil vient de la bile, que si le phlegme peut se résoudre dans la bile, comme en sa matiÚre premiÚre. Cñ€ℱest quñ€ℱen effet, quand on dit quñ€ℱune chose vient dñ€ℱune autre, cette expression peut avoir deux sens et signifier, ou que la chose vient immédiatement de lñ€ℱautre, ou quñ€ℱelle en vient seulement aprÚs que cette seconde chose a été dissoute en son principe. Il est possible encore que, la matiÚre restant une et la mÃÂȘme, les choses deviennent tout autres sous lñ€ℱinfluence de la cause qui les met en mouvement ainsi, dñ€ℱun morceau de bois, on peut faire un lit ou un coffre. Pour certaines choses, la matiÚre est nécessairement autre, parce que les choses sont autres aussi. Par exemple, une scie ne peut jamais ÃÂȘtre faite de bois, et la cause motrice qui fait la scie y serait bien impuissante ; car jamais avec de la laine, ou du bois, on ne pourra faire une scie qui coupe. Si donc on peut faire la mÃÂȘme chose avec une matiÚre autre, il est clair que lñ€ℱart ou le principe qui crée alors le mouvement doit ÃÂȘtre aussi le mÃÂȘme ; car si la matiÚre est différente, ainsi que le moteur, il faut que le produit soit également différent. Quand on recherche la cause dñ€ℱune chose, comme le mot Cause a plusieurs acceptions diverses, il faut énumérer toutes les causes qui peuvent ÃÂȘtre celles de lñ€ℱobjet en question. Par exemple, quelle est la cause qui, en tant que matiÚre, produit lñ€ℱhomme ? Ce sont les flux mensuels de la mÚre. Quelle cause, en tant que cause motrice, produit lñ€ℱhomme ? Cñ€ℱest la semence du pÚre. Quelle cause, en tant que cause formelle ? Cñ€ℱest sa forme et son espÚce. Quelle cause, en tant que cause finale ? Cñ€ℱest son but. Il est possible, dñ€ℱailleurs, que ces deux derniÚres causes se réunissent et nñ€ℱen fassent quñ€ℱune. [1044b] Il ne faut en outre recourir quñ€ℱaux causes les plus prochaines. Si lñ€ℱon demande quelle est la matiÚre de lñ€ℱhomme, il ne faut pas répondre la terre ou le feu ; mais il faut indiquer la matiÚre propre et spéciale à lñ€ℱÃÂȘtre dont on sñ€ℱoccupe. Voilà donc bien la méthode quñ€ℱil faut suivre, en ce qui concerne les substances qui sont naturelles, et celles qui sont produites, si lñ€ℱon veut procéder réguliÚrement, puisque ce sont là les diverses espÚces de causes, et que toujours ce sont les causes quñ€ℱil nous faut connaÃtre. Mais quand les substances, tout en étant naturelles, sont éternelles aussi, la question est toute différente. Il y a, en effet, de ces ÃÂȘtres qui probablement nñ€ℱont pas de matiÚre, ou dont la matiÚre nñ€ℱest pas comme celle que nous voyons, mais est simplement soumise au mouvement dans lñ€ℱespace. Les phénomÚnes qui, tout en étant produits par la nature, nñ€ℱont pas cependant de substance, nñ€ℱont pas non plus de matiÚre ; ou plutÎt, dans ces phénomÚnes, cñ€ℱest le sujet mÃÂȘme du phénomÚne qui en est la substance. Par exemple, en cherchant la cause de lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©clipse, on demande quelle est sa matiÚre ? Mais là , il nñ€ℱy a pas de matiÚre ; il nñ€ℱy a là que la lune subissant ce phénomÚne. La cause qui met ici la lumiÚre en mouvement et qui la dérobe, cñ€ℱest la terre ; et quant au pourquoi du phénomÚne, il nñ€ℱy en a peut-ÃÂȘtre pas. Enfin, en ce qui concerne la cause formelle, cñ€ℱest la définition de lñ€ℱobjet qui la donne. Mais cette définition elle-mÃÂȘme reste obscure, tant quñ€ℱon nñ€ℱy joint pas lñ€ℱindication précise de la cause. Quñ€ℱest-ce donc que lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©clipse ? Cñ€ℱest la disparition de la lumiÚre. Si lñ€ℱon ajoute que cette occultation vient de lñ€ℱinterposition de la terre entre le soleil et la lune, cette explication alors renferme la cause du phénomÚne quñ€ℱon étudie. On ignore, dans le phénomÚne du sommeil ; quelle est la partie qui est primitivement affectée. Sans doute, on sait bien ce que cñ€ℱest que lñ€ℱanimal qui lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©prouve ; soit ; mais lñ€ℱanimal, dans laquelle de ses parties est-il affecté ? Quelle est cette partie qui est affectée la premiÚre ? Est-ce le cÅ“ur, ou un autre organe ? Mais encore, par quoi cet organe est-il affecté ? Puis, quelle est lñ€ℱaffection propre de cet organe, qui nñ€ℱest pas lñ€ℱaffection de lñ€ℱanimal tout entier ? Dira-t-on que le sommeil est une immobilité dñ€ℱun certain genre ? Cñ€ℱest vrai ; mais cette immobilité mÃÂȘme nñ€ℱa lieu quñ€ℱautant que la partie premiÚre souffre elle-mÃÂȘme une certaine affection. Chapitre 5[modifier] On a vu quñ€ℱil y a des choses qui sont ou qui ne sont pas, sans quñ€ℱil nñ€ℱy ait cependant pour elles, ni production, ni destruction tels sont, par exemple, les points mathématiques, si toutefois on peut dire que les points existent. Dñ€ℱune maniÚre générale, les espÚces et les formes sont dans le mÃÂȘme cas, puisquñ€ℱen effet ce nñ€ℱest pas le Blanc lui-mÃÂȘme qui devient, mais que cñ€ℱest le bois qui devient blanc. Or, comme tout ce qui devient vient de quelque chose et devient quelque chose, il sñ€ℱensuit que tous les contraires ne peuvent pas sans exception venir les uns des autres. Et ainsi, cñ€ℱest dñ€ℱune façon toute différente que de noir lñ€ℱhomme devient blanc, et que le blanc vient du noir. Il nñ€ℱy a pas non plus de matiÚre pour toute espÚce de choses ; mais il nñ€ℱy en a que pour les choses qui peuvent se produire et se changer les unes dans les autres, tandis que, pour celles qui sont, ou ne sont pas, sans éprouver de changement, il nñ€ℱy a pas de matiÚre. En ceci, une question assez difficile se présente cñ€ℱest de savoir comment, en ce qui regarde les contraires, se comporte la matiÚre de chaque objet. Par exemple, si le corps se porte bien en puissance et que la maladie soit le contraire de la santé, est-ce que les deux, santé et maladie, sont en puissance dans le corps ? Est-ce que lñ€ℱeau est en puissance vinaigre et vin ? Ou bien, lñ€ℱeau est-elle la matiÚre de lñ€ℱun, selon son état naturel et sa forme spécifique, tandis quñ€ℱelle nñ€ℱest la matiÚre de lñ€ℱautre que par privation, et par destruction contre nature ? Mais on peut se demander aussi pourquoi le vin nñ€ℱest pas la matiÚre du vinaigre, ni mÃÂȘme le vinaigre en puissance, bien que ce soit du vin que vienne le vinaigre. Peut-on dire encore que le vivant soit un mort en puissance ? Ou bien ne lñ€ℱest-il pas ? Mais les destructions ne sont-elles pas toujours accidentelles ? [1045a] La matiÚre de lñ€ℱÃÂȘtre vivant devient-elle, par la destruction, la puissance et la matiÚre du mort, comme lñ€ℱeau devient celle du vinaigre ? Car lñ€ℱun vient de lñ€ℱautre, comme du jour vient la nuit. Toutes les choses qui se changent ainsi les unes dans les autres doivent revenir à leur matiÚre ; et, par exemple, si le vivant vient du mort, il faut dñ€ℱabord que le mort retourne à sa matiÚre pour devenir ensuite un ÃÂȘtre animé ; et le vinaigre doit se changer en eau, qui, à son tour, devient du vin. Chapitre 6[modifier] Mais, pour revenir à la question que nous avons soulevée sur les définitions et sur les nombres, à quelle cause tient leur unité ? En effet, pour toutes les choses composées de plusieurs parties, et oÃÂč le Tout quñ€ℱelles forment nñ€ℱest pas simplement un amas, mais oÃÂč il y a un total qui est quelque chose indépendamment des parties, il faut bien quñ€ℱil y ait une cause à lñ€ℱunité quñ€ℱelles présentent. Ainsi, dans les corps, cñ€ℱest tantÎt le contact qui fait leur unité ; tantÎt, cñ€ℱest leur viscosité, ou telle autre condition analogue. Quant à la définition, lñ€ℱunité de lñ€ℱexplication quñ€ℱelle fournit ne consiste pas dans lñ€ℱenchaÃnement fies parties, comme y consiste lñ€ℱIliade ; mais cette explication est une, parce quñ€ℱelle sñ€ℱadresse à un seul et unique objet. Quelle est, par exemple, la cause qui fait lñ€ℱunité de lñ€ℱhomme, qui fait quñ€ℱil est un et non plusieurs, comme le seraient lñ€ℱAnimal et le BipÚde ? Question qui peut surtout se poser, sñ€ℱil est vrai, comme le prétendent quelques philosophes, quñ€ℱil y ait un Animal en soi, et un BipÚde en soi. Pourquoi, en effet, lñ€ℱhomme ne serait-il pas ces deux choses à la fois, puisque les individus hommes doivent lñ€ℱÃÂȘtre aussi par participation ? Et pourquoi ne viendrait-il pas, non dñ€ℱun seul ÃÂȘtre en soi, mais de deux, lñ€ℱAnimal en soi et le bipÚde en soi ? Lñ€ℱhomme alors ne serait plus un ; mais il serait plusieurs, bipÚde et animal tout ensemble. Il est donc clair quñ€ℱavec cette méthode, habituelle à nos philosophes, de définir les choses et de les exprimer, il nñ€ℱest pas possible de répondre à la question et de la résoudre. Mais sñ€ℱil faut distinguer, comme nous le soutenons, la matiÚre et la forme dñ€ℱune part, et dñ€ℱautre part la puissance et lñ€ℱactualité, la question que nous cherchions à résoudre nñ€ℱoffre plus de difficulté sérieuse. En effet, la difficulté est absolument la mÃÂȘme que si lñ€ℱon allait définir un vÃÂȘtement en disant que cñ€ℱest de lñ€ℱairain arrondi, puisque le nom mÃÂȘme représenterait la définition de la chose ; et que la question serait également de savoir ce que serait lñ€ℱunité de la rondeur et de lñ€ℱairain. Mais il nñ€ℱy a plus de difficulté quand on dit que lñ€ℱun est la matiÚre, et que lñ€ℱautre est la forme. Quelle est donc la cause qui fait que ce qui était en puissance passe à lñ€ℱacte, si ce nñ€ℱest lñ€ℱagent qui a réalisé la chose, dans les cas oÃÂč la production est possible ? Il nñ€ℱy a pas dñ€ℱautre cause ici que celle qui fait que la sphÚre qui est en puissance devient une sphÚre en acte, une sphÚre réelle ; et cñ€ℱest là uniquement, comme nous lñ€ℱavons vu, lñ€ℱessence propre de lñ€ℱun et de lñ€ℱautre, de lñ€ℱhomme et de la sphÚre. Cñ€ℱest quñ€ℱen fait de matiÚre, il faut distinguer la matiÚre intelligible et la matiÚre sensible ; et dans toute définition, il y a dñ€ℱun cÎté la matiÚre, et, de lñ€ℱautre cÎté, il y a lñ€ℱacte, comme dans cette définition  Le cercle est une figure plane, etc. » Mais pour les choses qui nñ€ℱont pas de matiÚre, ni intelligible ni sensible, on a immédiatement lñ€ℱunité que chacune dñ€ℱelles représente essentiellement, [1045b] cñ€ℱest-à -dire, un ÃÂȘtre substantiel et particulier, une qualité, une quantité. Et voilà comment on ne fait jamais entrer dans les définitions, ni lñ€ℱÃƠtre, ni lñ€ℱUn. On y donne immédiatement lñ€ℱessence de la chose, qui la fait ÃÂȘtre ce quñ€ℱelle est ; et lñ€ℱon y fait entrer son unité tout aussi bien que son existence réelle. Il nñ€ℱy a donc, pour toutes ces choses, aucune autre cause qui en constitue lñ€ℱunité, ni aucune autre qui leur confÚre lñ€ℱexistence ; chacune dñ€ℱelles est immédiatement un ÃÂȘtre réel et une unité, sans que, pour elles, lñ€ℱexistence et lñ€ℱunité consistent seulement dans le genre, et sans quñ€ℱelles soient séparées et indépendantes des individus. Pour résoudre cette mÃÂȘme question, il y a des philosophes qui nous parlent de participation, sans dñ€ℱailleurs nous expliquer la cause de cette participation, ni mÃÂȘme nous dire ce quñ€ℱils entendent par ce mot. Dñ€ℱautres nous parlent de lñ€ℱassociation de lñ€ℱñme, comme Lycophron, qui nous dit que la science est lñ€ℱassociation du savoir et de lñ€ℱñme ; comme dñ€ℱautres nous assurent que la vie est la combinaison et lñ€ℱenchaÃnement de lñ€ℱñme avec le corps. La mÃÂȘme explication pourrait sñ€ℱappliquer ù tout ; et, par exemple, se bien porter serait lñ€ℱassociation, ou lñ€ℱenchaÃnement, ou la combinaison, de lñ€ℱñme et de la santé ; un triangle dñ€ℱairain serait la combinaison de lñ€ℱairain et du triangle ; un objet blanc serait la combinaison de la surface et de la blancheur. Ce qui produit cette erreur, cñ€ℱest que nos philosophes veulent trouver une définition qui unifie la puissance et lñ€ℱacte, et quñ€ℱils cherchent en mÃÂȘme temps une différence entre les deux. Mais, ainsi que nous lñ€ℱavons dit, la matiÚre derniÚre et la forme des choses se confondent ; seulement, lñ€ℱune est en puissance, et lñ€ℱautre est en acte. Cñ€ℱest tout à fait la mÃÂȘme recherche que de demander la cause de lñ€ℱÃÂȘtre qui est Un, et de demander la cause qui le fait ÃÂȘtre Un. Toute chose est Une ; et, à un certain point de vue, lñ€ℱÃÂȘtre en puissance et lñ€ℱÃÂȘtre en acte nñ€ℱen font également quñ€ℱun. En résumé, il nñ€ℱy a donc pas dñ€ℱautre cause de lñ€ℱunité que la cause motrice, qui fait passer lñ€ℱÃÂȘtre de la puissance à lñ€ℱacte. Mais pour toutes les choses qui nñ€ℱont pas de matiÚre, elles sont toujours absolument et simplement ce quñ€ℱelles sont. Livre 9 Chapitre 1[modifier] [1045b] Nous avons antérieurement traité de lñ€ℱÃƠtre compris au sens primordial de ce mot, cñ€ℱest-à -dire de la substance, à laquelle se rapportent toutes les autres catégories de lñ€ℱÃƠtre. Cñ€ℱest, en effet, par leur rapport à la substance que toutes les autres espÚces dñ€ℱÃÂȘtres, quantité, qualité et tous les modes dénommés de la mÃÂȘme maniÚre, sont appelés aussi du nom dñ€ℱÃƠtres. Tous ils impliquent la notion de la substance, ainsi que nous lñ€ℱavons établi dans nos premiÚres études. Mais comme lñ€ℱÃƠtre est, dñ€ℱune part, tantÎt un objet individuel, tantÎt une qualité ou une quantité, et que, dñ€ℱautre part, lñ€ℱÃƠtre peut exister aussi, ou en simple puissance, ou en réalité complÚte et actuelle, il nous faut analyser ce que cñ€ℱest que la puissance et la parfaite réalité, ou Entéléchie. Nous nous occuperons dñ€ℱabord de cette sorte de puissance qui mérite éminemment ce nom, bien quñ€ℱen ce moment, il ne soit peut-ÃÂȘtre pas trÚs utile de lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tudier pour le but que nous nous proposons ; [1046a] car la puissance et lñ€ℱacte sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tendent fort au-delà de ces ÃÂȘtres qui ne sont considérés que comme soumis au mouvement. Mais en traitant de cette espÚce de puissance dans les définitions que nous allons donner de lñ€ℱactualité, nous nous expliquerons aussi sur les autres espÚces de puissance. Nous avons déjà montré ailleurs que les mots de Puissance et de Pouvoir se prennent en plusieurs sens ; mais nous laisserons ici à cÎté toutes ces puissances qui ne sont ainsi animées que par pure homonymie ; car il y en a qui ne reçoivent cette dénomination que par suite dñ€ℱune certaine ressemblance par exemple, les Puissances en géométrie ; et lñ€ℱon dit en parlant des choses quñ€ℱelles sont, géométriquement, possibles ou impossibles, par cela seul quñ€ℱelles sont ou ne sont pas dñ€ℱune certaine façon. Mais toutes les puissances qui se rapportent à la mÃÂȘme espÚce sont toutes aussi des principes ; et leur dénomination se rattache à une seule notion premiÚre de puissance qui peut ÃÂȘtre définie  Le principe du changement dans un autre en tant quñ€ℱautre. » Ainsi, dñ€ℱune part, la puissance de souffrir quelque chose est celle qui, dans lñ€ℱÃÂȘtre mÃÂȘme qui souffre, est le principe du changement quñ€ℱun autre lui fait subir en tant quñ€ℱautre. Mais dñ€ℱautre part, il y a aussi, dans lñ€ℱÃÂȘtre, un état dñ€ℱimpossibilité qui fait quñ€ℱil nñ€ℱest point altéré en pire, et nñ€ℱest pas détruit par un autre en tant quñ€ℱautre, qui agit sur lui comme principe du changement. On voit quñ€ℱen effet, dans toutes ces définitions, se trouve impliquée la notion de la puissance, au sens premier de ce mot. Dñ€ℱailleurs, ces puissances mÃÂȘmes sont ainsi dénommées, soit parce que lñ€ℱÃÂȘtre fait simplement quelque chose ou souffre quelque chose, soit parce que cñ€ℱest en bien quñ€ℱil agit ou quñ€ℱil souffre lñ€ℱaction. Par conséquent, dans la notion de ces derniÚres puissances, se trouve, on peut dire, implicitement comprises les notions des puissances antérieures. Il est donc évident que, en un sens, ce nñ€ℱest quñ€ℱune seule et unique puissance que celle dñ€ℱagir et de souffrir ; car on peut dire dñ€ℱune chose quñ€ℱelle est douée de puissance, soit quñ€ℱelle puisse elle-mÃÂȘme souffrir une action, soit quñ€ℱelle puisse agir sur une autre, en lui faisant souffrir une action quelconque. Mais, en un autre sens, on peut dire aussi que cette puissance dñ€ℱagir et de souffrir est différente. Lñ€ℱune de ces puissances, en effet, est dans lñ€ℱÃÂȘtre qui souffre ; car cet ÃÂȘtre souffre ce quñ€ℱil souffre, soit parce quñ€ℱil a en lui un certain principe, soit parce que sa matiÚre mÃÂȘme est un certain principe de sujétion ; de plus, il souffre différemment selon les ÃÂȘtres différents qui agissent sur lui. Ainsi, la graisse mÃÂȘme peut devenir inflammable, et une matiÚre molle peut ÃÂȘtre écrasée ; et lñ€ℱon pourrait citer de ces exemples en foule. Lñ€ℱautre puissance est dans lñ€ℱagent ; et, par exemple, la chaleur est dans ce qui échauffe ; lñ€ℱart de la construction est dans lñ€ℱartiste qui construit. Aussi, jamais un ÃÂȘtre, tant quñ€ℱil reste dans la nature qui lui est propre, ne peut rien souffrir lui-mÃÂȘme de lui-mÃÂȘme, attendu quñ€ℱil est Un nécessairement, et quñ€ℱil nñ€ℱest pas autre. Lñ€ℱImpuissance et lñ€ℱImpuissant, cñ€ℱest la privation, qui est le contraire de la puissance, telle que nous venons de lñ€ℱanalyser ; et par suite, la puissance et lñ€ℱimpuissance se disent toujours de la mÃÂȘme chose et sous le mÃÂȘme rapport. Dñ€ℱailleurs, la privation se prend en plusieurs acceptions diverses. Elle sñ€ℱapplique à lñ€ℱÃÂȘtre qui nñ€ℱa pas une certaine qualité ; à lñ€ℱÃÂȘtre qui ne lñ€ℱa pas lorsque par nature il devrait lñ€ℱavoir, qui ne lñ€ℱa pas du tout, ou ne lñ€ℱa pas au temps oÃÂč sa nature devrait la lui assurer, ou qui ne lñ€ℱa pas dñ€ℱune certaine maniÚre ; et, par exemple, qui ne lñ€ℱa pas du tout, ou qui ne lñ€ℱa que dñ€ℱune façon insuffisante, à quelque degré que ce soit. Enfin, dans certains cas, on dit aussi que les ÃÂȘtres éprouvent une privation, quand cñ€ℱest une force majeure qui leur ravit les propriétés que naturellement ils devraient avoir. Chapitre 2[modifier] Comme, parmi les principes du genre de ceux dont nous venons de parler, les uns se trouvent dans des ÃÂȘtres sans vie, et que les autres se trouvent dans des ÃÂȘtres animés, en leur ùme, et dans cette partie de lñ€ℱñme qui possÚde la raison, [1046b] il sñ€ℱensuit évidemment que, parmi les puissances aussi, les unes sont irraisonnables, et que les autres sont douées de raison. Cñ€ℱest là ce qui fait quñ€ℱon appelle puissances, ou facultés, tous les arts et toutes les sciences qui produisent quelque chose ; car ce sont là aussi des principes qui déterminent le changement dans un autre en tant quñ€ℱautre. Les puissances douées de raison restent toutes identiquement les mÃÂȘmes par rapport aux deux contraires. Mais les puissances irrationnelles nñ€ℱen produisent absolument chacune quñ€ℱun seul ; ainsi la chaleur ne fait quĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©chauffer, tandis que lñ€ℱart de la médecine peut sñ€ℱappliquer tout à la fois à la maladie et à la santé. La cause en est que la science est une notion rationnelle, et que cñ€ℱest la mÃÂȘme notion qui nous fait connaÃtre, et la chose, et sa privation. Seulement ce nñ€ℱest pas tout à fait sous le mÃÂȘme aspect. En un sens, la notion sñ€ℱapplique aux deux à la fois ; mais, en un autre sens aussi, elle sñ€ℱapplique davantage à ce qui est son objet propre. Il en résulte nécessairement que ces sortes de sciences font également connaÃtre les deux contraires ; mais elles sñ€ℱappliquent en soi et directement à lñ€ℱun des deux, tandis que ce nñ€ℱest pas en soi quñ€ℱelles se rapportent à lñ€ℱautre. Ici donc, on a la notion essentielle de lñ€ℱun des contraires, tandis que, pour lñ€ℱautre, la notion nñ€ℱest en quelque sorte quñ€ℱaccidentelle et indirecte- Cñ€ℱest par négation et par ablation quñ€ℱalors la science nous montre le contraire, puisque la privation primordiale, cñ€ℱest précisément le contraire de la chose ; cñ€ℱest-à -dire, lñ€ℱablation et la disparition de lñ€ℱautre contraire. Cñ€ℱest que les contraires ne peuvent jamais coexister dans le mÃÂȘme objet, tandis que la science est une puissance, parce quñ€ℱelle a la raison en partage, et que lñ€ℱñme a le principe du mouvement. Loin de là un objet sain, par exemple, ne produit exclusivement que la santé ; le chaud ne produit exclusivement que la chaleur ; le froid ne produit que le refroidissement. Mais, quand on sait les choses, on produit à son gré lñ€ℱun ou lñ€ℱautre contraire. La notion des deux se trouve dans lñ€ℱñme, qui a lñ€ℱinitiative du mouvement, bien quñ€ℱelle ne sñ€ℱy trouve pas de la mÃÂȘme maniÚre. Par suite, lñ€ℱñme, en réunissant les deux contraires dans le mÃÂȘme centre, les mettra lñ€ℱun et lñ€ℱautre en mouvement, par la vertu du mÃÂȘme principe. Voilà comment les puissances qui agissent par raison, font tout lñ€ℱopposé des puissances irrationnelles, parce que les contraires sont alors contenus dans un seul principe, qui est la raison. Il est également évident que la puissance de faire bien, suppose toujours la puissance simple de faire, ou de souffrir, tandis que cette derniÚre ne suppose pas toujours lñ€ℱautre ; car nécessairement pour faire bien, il faut aussi, tout dñ€ℱabord, faire ; tandis que, quand on fait simplement, il nñ€ℱy a pas de nécessité absolue quñ€ℱon fasse bien. Chapitre 3[modifier] Il y a quelques philosophes qui prétendent, comme les Mégariques, que lñ€ℱon nñ€ℱa de puissance absolument quñ€ℱau moment oÃÂč lñ€ℱon agit ; et que là oÃÂč lñ€ℱon nñ€ℱagit pas, on nñ€ℱa pas non plus de puissance. Ils soutiennent, par exemple, que celui qui ne construit pas ne peut pas construire, mais que celui qui construit est le seul qui ait la puissance de construire, au moment oÃÂč il construit. Et de mÃÂȘme, pour tout le reste. Il nñ€ℱest pas difficile de voir toutes les conséquences insoutenables de cette théorie. En effet, il sñ€ℱensuivrait évidemment quñ€ℱil nñ€ℱy a plus de constructeur, du moment que le constructeur ne construit pas. Et cependant, on entend toujours par Constructeur celui qui est en état de pouvoir construire. La mÃÂȘme remarque sñ€ℱappliquerait également à tout autre art. Si donc il est impossible de posséder les arts de ce genre quand on ne les a pas appris, de soi-mÃÂȘme ou de quelquñ€ℱun, [1047a] et sñ€ℱil nñ€ℱest pas moins impossible de ne plus les posséder sans quñ€ℱon ne les ait perdus, ou par un simple oubli, ou par une affection quelconque, ou par lñ€ℱeffet du temps, car ce nñ€ℱest pas que la chose elle-mÃÂȘme ait disparu puisque lñ€ℱart subsiste toujours, il faudrait en conclure que, dÚs que lñ€ℱartiste cesserait de pratiquer lñ€ℱart, il ne le posséderait plus. Mais alors, par quelle acquisition soudaine peut-il tout à coup se mettre à travailler et à construire ? MÃÂȘme objection pour ce qui regarde les choses inanimées. Par exemple, à ce compte, ni le froid, ni le chaud, ni le doux, en un mot aucun objet sensible, nñ€ℱexisteraient plus du moment que nous ne les sentirions plus. Ainsi, cñ€ℱest au systÚme de Protagoras quñ€ℱen reviennent nos philosophes. Par la mÃÂȘme raison, aucun ÃÂȘtre sensible nñ€ℱaura la faculté de sentir, quand il ne sent pas, et quñ€ℱil nñ€ℱagit pas actuellement. Mais si lñ€ℱon appelle aveugle lñ€ℱÃÂȘtre qui nñ€ℱa pas la vue, dont la nature a doué sa race, et qui ne lñ€ℱa pas à . lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©poque oÃÂč la nature voudrait quñ€ℱil lñ€ℱeût, il sñ€ℱensuivra, dñ€ℱaprÚs cette théorie, que les mÃÂȘmes hommes pourront plusieurs fois par jour ÃÂȘtre aveugles ou sourds. Autre objection. Si lñ€ℱon entend par Impossible ce qui a été privé de sa puissance, il en résulte que ce qui nñ€ℱa pas été produit sera impuissant à se produire jamais. Mais dire que ce qui ne peut pas se produire est ou sera, cñ€ℱest une énorme erreur, puisque le mot dñ€ℱImpossible ne signifiait que cette impossibilité. Par conséquent, ces théories suppriment le mouvement et la production des choses. Par exemple, ce qui a été assis restera toujours assis ; 2 ne se relÚvera plus une fois quñ€ℱil se sera assis, attendu que ce qui ne peut actuellement se relever est dans lñ€ℱimpuissance de se relever jamais. Mais si ce sont là des doctrines quñ€ℱon ne peut défendre, il est clair que la puissance et lñ€ℱacte sont des choses trÚs différentes, tandis que ces systÚmes les identifient et les confondent. Ce nñ€ℱest pas une distinction de petite importance quñ€ℱils risquent ainsi dñ€ℱeffacer. Ce qui est trÚs concevable, cñ€ℱest quñ€ℱune chose, qui peut ÃÂȘtre, ne soit pas, et quñ€ℱune chose, qui peut ne pas ÃÂȘtre, soit cependant. De mÃÂȘme encore, dans toutes les autres catégories ; et, par exemple, un ÃÂȘtre qui est capable de marcher peut ne marcher pas, et un ÃÂȘtre qui est capable de ne pas marcher peut, au contraire, marcher fort bien. Or, lñ€ℱon dit dñ€ℱun ÃÂȘtre quñ€ℱil a une certaine puissance, ou faculté, sñ€ℱil nñ€ℱy a pour lui aucune impossibilité dñ€ℱagir, quand la puissance quñ€ℱon lui attribue doit passer réellement à lñ€ℱacte. Voici ce que je veux dire cñ€ℱest que, si, par exemple, quelquñ€ℱun a la faculté de sñ€ℱasseoir, et sñ€ℱil a lñ€ℱoccasion de le faire, il nñ€ℱy ait pour lui aucune impossibilité à sñ€ℱasseoir effectivement. MÃÂȘme remarque, sñ€ℱil sñ€ℱagit dñ€ℱÃÂȘtre mû ou de mouvoir, de se tenir debout ou de mettre quelque chose debout, dñ€ℱÃÂȘtre ou de nñ€ℱÃÂȘtre pas, de se produire ou de ne pas se produire. Le mot dñ€ℱActe, appliqué à la réalisation complÚte dñ€ℱune chose, a été emprunté surtout des mouvements, pour ÃÂȘtre transporté de là à tout le reste, attendu que cñ€ℱest surtout le mouvement qui paraÃt ÃÂȘtre un acte réel. Voilà pourquoi on nñ€ℱattribue jamais le mouvement aux choses qui ne sont pas, bien quñ€ℱon leur attribue dñ€ℱautres catégories. Ainsi, lñ€ℱon dit bien, des choses qui ne sont pas, quñ€ℱelles sont intelligibles, ou quñ€ℱelles sont désirables ; mais on ne dit jamais dñ€ℱelles quñ€ℱelles sont en mouvement ; et cela, parce que, nñ€ℱexistant pas en fait, elles seraient en fait de cette maniÚre. Cñ€ℱest que, parmi les choses qui ne sont pas, quelques-unes sont en puissance ; [1047b] mais on ne peut pas dire quñ€ℱelles sont, parce quñ€ℱelles ne sont pas complÚtement en acte, en Entéléchie. Chapitre 4[modifier] Si donc le possible, tel que nous lñ€ℱentendons, nñ€ℱest possible quñ€ℱen tant que, par la suite, il pourrait se réaliser, il est évident quñ€ℱon ne peut pas dire avec vérité dñ€ℱune chose quñ€ℱon regarde comme possible, quñ€ℱelle ne se réalisera jamais, puisque alors la notion véritable de lñ€ℱimpossible nous échapperait. Je cite un exemple, et je dis que cñ€ℱest comme si lñ€ℱon soutenait que la diagonale peut ÃÂȘtre mesurée, mais que cependant elle ne le sera pas ; et quñ€ℱon pensùt quñ€ℱil nñ€ℱy a rien dñ€ℱimpossible en cela, attendu que rien nñ€ℱempÃÂȘche, en effet, quñ€ℱune chose qui peut ÃÂȘtre, ou qui peut se produire, ne soit point, ou ne se produise jamais. Or des données que nous venons de poser, cñ€ℱest-à -dire en admettant cette hypothÚse quñ€ℱune chose qui nñ€ℱest pas mais peut ÃÂȘtre, est, en effet, ou sñ€ℱest produite, il nñ€ℱen résulte pas nécessairement la moindre impossibilité. Mais évidemment il est de toute impossibilité de prétendre que la diagonale est commensurable, puisque mesurer la diagonale est chose absolument impossible. Lñ€ℱexplication de ceci, cñ€ℱest quñ€ℱil ne faut pas confondre lñ€ℱerreur et lñ€ℱimpossibilité. Si je dis, en effet, que vous vous tenez actuellement debout, ce peut bien ÃÂȘtre une erreur ; mais il nñ€ℱy a là rien dñ€ℱimpossible. On voit non moins clairement que, si A étant, B doit nécessairement ÃÂȘtre, du moment oÃÂč A est possible, B doit nécessairement ÃÂȘtre possible aussi ; car sñ€ℱil nñ€ℱy avait pas nécessité quñ€ℱil fût possible, rien nñ€ℱempÃÂȘcherait quñ€ℱil fût impossible. Soit donc A possible. DÚs quñ€ℱil est possible que A existe, si lñ€ℱon admet que A est en effet, il nñ€ℱen résulte aucune impossibilité. Mais il faut alors nécessairement que B existe aussi ; or, on le supposait impossible. Admettons, puisquñ€ℱon le veut, quñ€ℱil soit impossible. Si B est impossible, A doit lñ€ℱÃÂȘtre nécessairement ; et il est nécessaire également que B le soit. Mais A était supposé possible ; et, par conséquent, B lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait ainsi que lui. Si donc A est possible, B ne peut pas manquer de lñ€ℱÃÂȘtre, puisque A et B étaient dans cette relation que, A étant, B devait ÃÂȘtre nécessairement. Si A et B ont ce rapport entre eux, il est impossible que B soit comme on le dit. Il sñ€ℱensuit que A et B ne se rapportent pas non plus lñ€ℱun à lñ€ℱautre de la maniÚre quñ€ℱon le prétendait. Et si A étant possible, il sñ€ℱensuit que B doit nécessairement lñ€ℱÃÂȘtre comme lui, du moment que A existe, il faut nécessairement que B existe pareillement. En effet, ce quñ€ℱon voulait dire en affirmant quñ€ℱil y avait nécessité que B fût possible du moment que A était possible, cñ€ℱest quñ€ℱil suffit que A soit possible, quñ€ℱil le soit à . un certain moment et dñ€ℱune certaine maniÚre, pour que B le soit nécessairement aussi, au mÃÂȘme moment et de la mÃÂȘme maniÚre que lñ€ℱest A. Chapitre 5[modifier] De toutes les puissances, ou facultés, que nous pouvons posséder, les unes sont naturelles et innées, comme les facultés des sens ; les autres viennent de lñ€ℱexercice et de lñ€ℱhabitude, comme le talent du joueur de flûte ; dñ€ℱautres encore résultent dñ€ℱun apprentissage, comme les arts quñ€ℱon acquiert par lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tude. Pour les facultés qui sont le fruit de lñ€ℱhabitude et de la réflexion, il faut nécessairement, pour les acquérir, que les ÃÂȘtres aient été antérieurement en acte. Mais pour celles qui ne viennent pas de cette source, comme pour celles qui ne sont pas passives, cette disposition antérieure nñ€ℱest pas nécessaire. [1048a] Le possible est toujours possible relativement à une certaine chose, dans un certain moment, dñ€ℱune certaine façon, cñ€ℱest-à -dire, avec toutes les circonstances que comporte sa définition entiÚre. Or, il y a des ÃÂȘtres doués de raison qui ont lñ€ℱinitiative du mouvement ; et les facultés de ceux-là sñ€ℱexercent rationnellement. Mais il y a aussi des ÃÂȘtres privés de raison ; et leurs facultés, ou puissances, sñ€ℱexercent sans que la raison intervienne. Les premiÚres de ces facultés sont de toute nécessité dans un ÃÂȘtre animé ; les autres peuvent exister à la fois, soit dans les ÃÂȘtres animés, soit dans les ÃÂȘtres sans vie. Pour les ÃÂȘtres sans vie, il y a nécessité, du moment que le patient et lñ€ℱagent se rencontrent, comme ils le peuvent, que lñ€ℱun agisse et que lñ€ℱautre souffre. Mais pour les facultés rationnelles, ce nñ€ℱest pas une condition nécessaire. En effet, toutes les facultés irraisonnables ne sont faites que pour produire, chacune, lñ€ℱaction unique qui leur est propre, tandis que les facultés rationnelles sont capables des contraires. Cependant, on ne peut pas dire que, par suite, ces facultés iront jusquñ€ℱà produire les deux contraires à la fois, puisque cñ€ℱest dñ€ℱune absolue impossibilité. Mais il y aura toujours nécessairement un des principes qui lñ€ℱemportera, et qui restera le maÃtre je veux dire que ce sera, ou le désir, ou la préférence réfléchie. Quel que soit donc lñ€ℱobjet du désir, on le satisfera toujours souverainement, quand on sera en mesure de le pouvoir, et quñ€ℱon sera à portée du patient qui doit souffrir lñ€ℱaction. Par conséquent, pour tout ÃÂȘtre qui peut agir rationnellement, il y a nécessité quñ€ℱil fasse la chose quñ€ℱil désire, du moment quñ€ℱil a la puissance de la faire, et quñ€ℱil la fasse dans la mesure oÃÂč il a cette puissance. Or, on a la puissance dñ€ℱagir, dÚs que le patient est présent, et quñ€ℱil est dans les conditions voulues. Si toutes ces conditions ne se rencontrent pas. on ne pourra point faire la chose. Il est bien entendu, dñ€ℱailleurs, sans quñ€ℱon ait besoin de lñ€ℱajouter, quñ€ℱil faut aussi quñ€ℱil nñ€ℱy ait aucun empÃÂȘchement extérieur ; car lñ€ℱÃÂȘtre a la puissance de faire dans la mesure mÃÂȘme oÃÂč cette puissance existe. Ce nñ€ℱest pas un pouvoir absolu quñ€ℱil possÚde ; mais ce pouvoir dépend de certaines circonstances, parmi lesquelles sont compris aussi les obstacles que le dehors peut opposer, puisque ces obstacles suppriment, pour la chose, quelques-unes des conditions essentielles de sa définition. Aussi, on aurait beau vouloir tout à la fois les deux choses et désirer les faire, on nñ€ℱen fera pas deux simultanément, pas plus quñ€ℱon ne fera les contraires ; car ce nñ€ℱest pas de cette façon quñ€ℱon en a la puissance simultanée ; il nñ€ℱexiste pas de puissance qui soit en état de les faire toutes deux à la fois, puisquñ€ℱon ne fait jamais les choses que comme on a la puissance de les faire. Chapitre 6[modifier] AprÚs avoir étudié la puissance qui est relative au mouvement, analysons lñ€ℱacte lui-mÃÂȘme ; et montrons ce que nous entendons par lñ€ℱActe, et ce quñ€ℱil est dans ses modifications diverses. Ces divisions,, en effet, ; nous feront voir clairement, et du mime coup, que le possible nñ€ℱest pas simplement, pour nous, ce qui naturellement peut mouvoir une autre chose ou ÃÂȘtre mû par elle, soit absolument, soit clans une certaine mesure, mais aussi que le mot Possible a, selon nous, une seconde signification. Aussi bien, dans nos études, avons-nous déjà touché ces sujets. Lñ€ℱacte dñ€ℱune chose veut dire quñ€ℱelle nñ€ℱest pas dans cet état oÃÂč nous disons dñ€ℱelle quñ€ℱelle est en simple puissance. Or, nous disons dñ€ℱune chose quñ€ℱelle est en puissance, quand nous disons, par exemple, que la statue dñ€ℱun HermÚs est dans le bois, comme la moitié dñ€ℱune ligne est dans la ligne entiÚre, parce quñ€ℱelle pourrait en ÃÂȘtre tirée. On dit de mÃÂȘme de quelquñ€ℱun quñ€ℱil est savant, mÃÂȘme lorsquñ€ℱil ne pratique pas actuellement la science, mais parce quñ€ℱil pourrait la pratiquer à un certain moment. Le sens que nous voulons donner au mot dñ€ℱActe deviendra manifeste par lñ€ℱinduction appliquée aux exemples particuliers, sans, dñ€ℱailleurs, quñ€ℱon puisse prétendre arriver en tout cela à une définition trÚs spéciale, et sans vouloir plus que des analogies générales. Lñ€ℱacte, cñ€ℱest, par exemple, le rapport de lñ€ℱouvrier qui construit effectivement à celui qui peut construire ; [1048b] le rapport de lñ€ℱhomme qui est éveillé à celui qui dort ; le rapport de lñ€ℱhomme qui regarde à celui qui ferme les yeux, tout en ayant le sens de la vue. Cñ€ℱest encore le rapport de lñ€ℱobjet tiré de la matiÚre à la matiÚre elle-mÃÂȘme ; enfin, cñ€ℱest le rapport de ce qui est travaillé à ce qui ne lñ€ℱest pas. Des deux membres de cette différence, que lñ€ℱun soit, pour nous, lñ€ℱActe tel que nous le définissons, et que lñ€ℱautre soit simplement le Possible. Du reste, toutes choses ne sont pas en acte de la mÃÂȘme maniÚre, et elles ne le sont quelquefois que proportionnellement, comme lorsquñ€ℱon dit que, de mÃÂȘme que telle chose est dans telle chose ou relativement à telle chose, de mÃÂȘme une seconde chose est dans telle autre, ou relativement à telle autre. Car tantÎt lñ€ℱacte, cñ€ℱest le mouvement selon la puissance ; tantÎt, cñ€ℱest lñ€ℱexistence, par rapport à une matiÚre quelconque. Quant à lñ€ℱinfini et au vide, et aux choses de cet ordre, on leur applique les mots dñ€ℱActe et de Puissance Dans un autre sens quñ€ℱà la plupart des ÃÂȘtres, quand, par exemple, on dit dñ€ℱun ÃÂȘtre quñ€ℱil voit, ou quñ€ℱil marche, ou quñ€ℱil est vu. Ces choses, en effet, peuvent ÃÂȘtre vraies, ou dñ€ℱune maniÚre absolue, ou seulement à un moment donné. On dit dñ€ℱune chose, tantÎt quñ€ℱelle est visible, parce quñ€ℱelle est vue effectivement ; et tantÎt, on le dit parce quñ€ℱelle pourrait ÃÂȘtre vue. Mais on ne dit pas de lñ€ℱinfini quñ€ℱil est en puissance parce quñ€ℱil pourrait avoir effectivement une existence séparée et individuelle, mais seulement parce quñ€ℱil peut ÃÂȘtre conçu comme tel par la pensée. En effet, cñ€ℱest parce que la division de lñ€ℱinfini ne peut jamais sñ€ℱarrÃÂȘter quñ€ℱon admet quñ€ℱun acte de ce genre est en puissance ; mais ce nñ€ℱest pas parce quñ€ℱil est séparé réellement. Jamais les actions qui ont une limite ne sont elles-mÃÂȘmes un but ; elles sont seulement des moyens pour arriver au but poursuivi. Par exemple, quand on cherche à se faire maigrir, cñ€ℱest la maigreur qui est le but. Mais, si les choses qui font maigrir sont bien alors dans une sorte de mouvement, elles ne sont pas cependant la fin que le mouvement doit atteindre ; cette tendance à la maigreur nñ€ℱest pas une action ; ou du moins, ce nñ€ℱest pas une action complÚte, parce que cette action nñ€ℱest pas le but. Le but véritable, cñ€ℱest lñ€ℱaction oÃÂč est implicitement comprise la fin quñ€ℱon se propose. Lñ€ℱaction est complÚte, par exemple, quand on dit  Il voit, ou il a vu » ; elle lñ€ℱest aussi quand on dit  Il réfléchit, il pense, il a pensé. » Elle ne lñ€ℱest pas quand on dit  Il apprend, ou il a appris, » pas plus quñ€ℱelle ne lñ€ℱest quand on dit  Il se guérit, ou il sñ€ℱest guéri ; il est heureux, ou il a été heureux ; il est bien, ou il a été bien. » Sñ€ℱil nñ€ℱen était pas ainsi, il faudrait quñ€ℱon cessùt dñ€ℱÃÂȘtre ce quñ€ℱon est, comme cela a lieu quand on maigrit. Mais ici ce changement ne se produit pas ; on vit actuellement heureux, et lñ€ℱon a vécu heureux antérieurement. Aussi faut-il appeler ces phénomÚnes, les uns des mouvements, les autres des actes. Tout mouvement est incomplet, comme le sont lñ€ℱamaigrissement, lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tude, la marche, la construction. Ce sont là néanmoins autant de mouvements ; mais ces mouvements sont incomplets ; car ce nñ€ℱest pas dans un seul et mÃÂȘme moment quñ€ℱon marche et quñ€ℱon a marché, quñ€ℱon bùtit et quñ€ℱon a bùti, quñ€ℱon devient quelque chose et quñ€ℱon est devenu, quñ€ℱon meut ou quñ€ℱon a mû soi-mÃÂȘme. Évidemment, cñ€ℱest un autre ÃÂȘtre qui meut, et un autre qui est mû. Au contraire, cñ€ℱest la mÃÂȘme chose quñ€ℱon peut tout à la fois voir et avoir vue, quñ€ℱon pense et quñ€ℱon a pensée. Ici, cñ€ℱest ce que jñ€ℱappelle un acte ; et là , ce que jñ€ℱappelle un mouvement. Dñ€ℱaprÚs tout ce que nous venons de dire, et ce quñ€ℱon pourrait encore y ajouter, on doit se rendre assez bien compte de ce que cñ€ℱest que dñ€ℱÃÂȘtre en acte, dñ€ℱÃÂȘtre actuellement. Chapitre 7[modifier] Essayons de préciser les cas oÃÂč lñ€ℱon peut dire dñ€ℱune chose quñ€ℱelle est en puissance, et les cas oÃÂč elle nñ€ℱy est pas ; car elle ne peut pas y ÃÂȘtre à un moment quelconque indifféremment. [1049a] Par exemple, lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément de la terre est-il ou nñ€ℱest-il pas en puissance un homme ? La question pourrait surtout ÃÂȘtre faite quand lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément de la terre est changé déjà en liqueur prolifique ; mais, mÃÂȘme dans ce cas, on ne saurait nier quñ€ℱil nñ€ℱy ait tel moment oÃÂč cette transformation ne puisse pas encore avoir lieu. Il en est en ceci comme en médecine. Tout ÃÂȘtre sans exception ne peut pas ÃÂȘtre guéri par le médecin, pas plus quñ€ℱil ne lñ€ℱest au hasard ; mais il y a tel ÃÂȘtre qui peut guérir, et lñ€ℱon dit alors que cet ÃÂȘtre est guéri en puissance. Pour tout ce que la pensée peut faire passer de la simple puissance à la réalité actuelle et complÚte, on peut dire quñ€ℱil suffit de le vouloir, pourvu toutefois quñ€ℱaucun obstacle extérieur ne sñ€ℱy oppose. Mais ici, pour reprendre lñ€ℱexemple de lñ€ℱÃÂȘtre qui est guéri, il faut que ce soit en lui quñ€ℱil nñ€ℱy ait absolument rien qui sñ€ℱoppose à sa guérison. MÃÂȘme remarque quand on dit dñ€ℱune maison quñ€ℱelle est en puissance. Cela signifie quñ€ℱelle se réalisera, sñ€ℱil nñ€ℱy a rien, dans celui qui lñ€ℱa conçue, ni dans la matiÚre dont elle sera faite, qui sñ€ℱoppose à ce que la maison se produise ; et sñ€ℱil nñ€ℱy a rien, ni à ajouter, ni à retrancher, ni à changer, pour que la maison soit en puissance. On peut en dire encore autant de toutes les choses qui ont en dehors dñ€ℱelles-mÃÂȘmes le principe de leur production, et également de celles qui, ayant ce principe intérieurement en elles, se réalisent, sñ€ℱil nñ€ℱy a pas dñ€ℱobstacle extérieur qui les en empÃÂȘche. Ainsi, la liqueur prolifique nñ€ℱest pas encore en puissance, puisque auparavant il faut quñ€ℱelle soit déposée dans un autre ÃÂȘtre, et quñ€ℱelle y subisse un changement. Cñ€ℱest seulement lorsque, tout en conservant le mÃÂȘme principe, elle est dans le lieu oÃÂč elle doit ÃÂȘtre, quñ€ℱelle est alors réellement en puissance ; et, pour quñ€ℱil en soit ainsi, il est besoin pour elle dñ€ℱun autre principe. On peut également dire de la terre quñ€ℱelle nñ€ℱest pas encore la statue en puissance, puisquñ€ℱil faut que préalablement elle se change en airain. Lñ€ℱobjet que nous dénommons nñ€ℱest pas, on peut dire, la chose mÃÂȘme ; mais il est fait de cette chose ; et, par exemple, le coffre nñ€ℱest pas bois, mais il est de bois ; de mÃÂȘme le bois nñ€ℱest pas terre, mais il est de terre. Si la terre à son tour nñ€ℱest pas, au mÃÂȘme titre, un objet différent, et si elle est elle-mÃÂȘme dénommée dñ€ℱaprÚs un objet dñ€ℱoÃÂč elle sort, cñ€ℱest toujours cet objet ultérieur qui est absolument en puissance. Ainsi, le coffre nñ€ℱest pas en terre ; il nñ€ℱest pas terre non plus ; mais il est en bois. Cñ€ℱest quñ€ℱen effet le bois est coffre, en puissance ; il est la matiÚre absolue du coffre pris lui-mÃÂȘme absolument ; de mÃÂȘme aussi que tel bois particulier est la matiÚre de tel coffre particulier. Sñ€ℱil y a un terme primitif, qui ne soit plus dénommé par dérivation dñ€ℱaprÚs une autre chose, et qui ne soit plus fait en cette chose, cñ€ℱest quñ€ℱon est arrivé à la matiÚre premiÚre. Si, par exemple, on dit que la terre est dñ€ℱair, et que lñ€ℱair ne soit pas le feu, mais quñ€ℱil soit fait de feu, le feu est alors la matiÚre premiÚre, en tant quñ€ℱil est tel objet individuel et telle substance. Précisément, ce qui fait la différence entre lñ€ℱuniversel et le sujet, cñ€ℱest que lñ€ℱun est un objet particulier, et que lñ€ℱautre ne lñ€ℱest pas. Ainsi, par exemple, le sujet qui subit les modifications, cñ€ℱest lñ€ℱhomme, son corps, son ùme ; et la modification, cñ€ℱest lñ€ℱinstruction, la blancheur, etc. Lñ€ℱinstruction pénétrant dans le sujet, on ne dit pas que le sujet est lñ€ℱinstruction, mais on dit quñ€ℱil est instruit. On ne dit pas davantage que lñ€ℱhomme est la blancheur ; on dit quñ€ℱil est blanc ; pas plus quñ€ℱon ne dit quñ€ℱil est la marche et le mouvement ; mais on dit quñ€ℱil marche et quñ€ℱil se meut, comme on disait tout à lñ€ℱheure que lñ€ℱobjet est de telle ou telle chose. Dans tous les cas de ce genre, le terme dernier, cñ€ℱest la substance ; dans tous ceux qui ne sont pas de la substance, mais oÃÂč il sñ€ℱagit dñ€ℱune certaine forme, et oÃÂč il y a un attribut spécial, le terme dernier est la matiÚre et la substance matérielle. Cñ€ℱest que lñ€ℱon a bien raison de déterminer lñ€ℱobjet, dont on dit quñ€ℱil est fait de telle chose, par la matiÚre qui le compose et par les qualités quñ€ℱil a ; car la matiÚre et les qualités quñ€ℱelle peut avoir [1049b] sont indéterminées. En résumé, nous avons exposé dans quels cas il faut dire quñ€ℱune chose est en puissance, et dans quels cas elle nñ€ℱy est pas. Chapitre 8[modifier] Dñ€ℱaprÚs ce que nous avons dit plus haut, sur les acceptions diverses du mot dñ€ℱAntérieur, on doit bien voir que lñ€ℱacte est antérieur à la puissance. Et quand je dis Puissance, je nñ€ℱentends pas parler uniquement de cette puissance déterminée que nous avons appelée le principe du changement dans un autre en tant quñ€ℱautre ; mais je veux parler, en général, de tout principe quelconque de mouvement, ou dñ€ℱinertie. La nature en est aussi au mÃÂȘme point ; car elle appartient au mÃÂȘme genre que la puissance ; et elle aussi est un principe de mouvement. Seulement, ce nñ€ℱest pas dans un autre ; cñ€ℱest dans lñ€ℱÃÂȘtre lui-mÃÂȘme, en tant quñ€ℱil est ce quñ€ℱil est. Pour toute puissance ainsi entendue, lñ€ℱacte est antérieur, à la fois, pour la raison et substantiellement. Sous le rapport du temps, lñ€ℱacte est tantÎt antérieur, et tantÎt, il ne lñ€ℱest pas. Il est facile de voir que, au point de vue de la raison, lñ€ℱacte est antérieur à la puissance ; car lñ€ℱidée premiÚre de puissance sñ€ℱattache exclusivement à ce qui est en état de passer à lñ€ℱacte. En effet, on nñ€ℱappelle Constructeur que celui qui est en état de pouvoir construire ; on nñ€ℱappelle Voyant que celui qui peut voir ; Visible, que ce qui peut ÃÂȘtre vu ; et ainsi de mÃÂȘme pour tout le reste. Par conséquent, la notion rationnelle de lñ€ℱacte est nécessairement antérieure à celle de puissance ; et la connaissance de lñ€ℱacte est nécessairement aussi antérieure à la connaissance du possible. Sous le rapport du temps, voici comment lñ€ℱacte est antérieur à la puissance ; cñ€ℱest que lñ€ℱÃÂȘtre qui produit un autre ÃÂȘtre, identique en espÚce, si ce nñ€ℱest numériquement, est antérieur à cet ÃÂȘtre. Je veux dire que, relativement à cet homme individuel qui existe actuellement, relativement à ce pain que jñ€ℱai sous les yeux, relativement à ce cheval, relativement à cet ÃÂȘtre qui voit, la matiÚre, le blé et lñ€ℱÃÂȘtre capable de voir sont chronologiquement antérieurs. Les éléments qui, en puissance, sont déjà lñ€ℱhomme, le pain et lñ€ℱÃÂȘtre voyant, nñ€ℱexistent pas encore en acte et en fait. Mais il y a dñ€ℱautres ÃÂȘtres actuels dñ€ℱoÃÂč ils sont sortis et qui, sous le rapport du temps, doivent les avoir précédés ; car, si toujours cñ€ℱest de lñ€ℱÃÂȘtre en puissance que vient lñ€ℱÃÂȘtre en acte, ce nñ€ℱest que grùce à lñ€ℱinfluence préalable dñ€ℱun ÃÂȘtre qui lui-mÃÂȘme est en acte également. Ainsi, un homme vient dñ€ℱun homme, le musicien vient du musicien, quelque agent primitif étant toujours la cause du mouvement, et le moteur devant toujours exister antérieurement en acte. Dans nos études sur la substance, il a été démontré que tout phénomÚne, qui se produit, vient de quelque chose sous lñ€ℱaction de quelque chose, et que la chose produite doit ÃÂȘtre dñ€ℱune espÚce identique à la cause dñ€ℱoÃÂč elle sort. Cñ€ℱest là ce qui fait quñ€ℱil semble impossible dñ€ℱÃÂȘtre constructeur, si lñ€ℱon nñ€ℱa déjà rien construit, dñ€ℱÃÂȘtre joueur de lyre, si lñ€ℱon nñ€ℱa déjà joué de la lyre, puisque celui qui apprend à jouer de la lyre apprend à en jouer en en jouant. Et de mÃÂȘme pour tous les artistes. De là , est venue cette assertion sophistique, à savoir quñ€ℱil nñ€ℱest pas besoin de posséder une science pour faire tout ce que cette science doit enseigner ; car, dit-on, celui qui apprend une chose ne la possÚde point. Sans doute ; mais comme, pour tout phénomÚne qui se produit, il faut un phénomÚne qui lñ€ℱait précédé, et comme, pour tout ce qui se meut, en général il y a un mouvement antérieur, principe qui a été prouvé dans notre Traité du Mouvement, [1050a] il sñ€ℱensuit que, mÃÂȘme lorsquñ€ℱon apprend une chose, on la sait déjà en partie nécessairement. Ainsi donc, ces considérations nous montrent encore quñ€ℱà ce point de vue lñ€ℱacte est antérieur à la puissance, sous le rapport de la génération et du temps. Mais il ne lñ€ℱest pas moins sous le rapport de la substance. Dñ€ℱabord, on peut remarquer que les ÃÂȘtres qui sont postérieurs en génération sont, au contraire, antérieurs par lñ€ℱespÚce et par la substance. Ainsi, lñ€ℱhomme fait est antérieur à lñ€ℱenfant ; lñ€ℱhomme est antérieur au germe dñ€ℱoÃÂč il vient ; car lñ€ℱun a la forme, que lñ€ℱautre nñ€ℱa pas encore. Cñ€ℱest que tout phénomÚne qui se produit tend, et se dirige, vers un principe et vers une fin. Le principe, cñ€ℱest le pourquoi de la chose, et la production nñ€ℱa lieu quñ€ℱen vue de la fin poursuivie. Or, cette fin, cñ€ℱest lñ€ℱacte ; et la puissance nñ€ℱest compréhensible quñ€ℱen vue de lñ€ℱacte. Cñ€ℱest quñ€ℱen effet ce nñ€ℱest pas pour avoir la vue que les animaux voient ; mais, au contraire, ils ont la vue afin de voir. De mÃÂȘme, on ne possÚde la faculté de construire que pour construire effectivement ; on nñ€ℱa la faculté de spéculer scientifiquement que pour se livrer à la spéculation ; mais on ne spécule pas la faculté de spéculer, à moins quñ€ℱon nñ€ℱen soit encore à sñ€ℱexercer. Or, de ceux mÃÂȘme qui sñ€ℱexercent à la spéculation scientifique, on ne peut pas dire encore quñ€ℱils spéculent, si ce nñ€ℱest dñ€ℱune certaine façon ; et ils nñ€ℱont pas mÃÂȘme besoin de spéculer pour se livrer à leur étude. Quant à la matiÚre, elle est aussi en puissance, puisquñ€ℱelle peut arriver à la forme ; mais lorsquñ€ℱelle est en acte, cñ€ℱest quñ€ℱelle est déjà douée de la forme quñ€ℱelle doit avoir. De mÃÂȘme encore pour toutes les autres choses, mÃÂȘme pour celles dont la fin propre est un mouvement. Aussi, la nature agit-elle absolument comme ces maÃtres qui, aprÚs sñ€ℱÃÂȘtre assurés que leurs élÚves sont effectivement savants, pensent avoir atteint leur but. Si les choses, en effet, ne se passaient point ainsi, on retrouverait ici lñ€ℱHermÚs de Pauson ; et pas plus pour la science que pour cette statue, on ne saurait si elle est dedans ou dehors. Cñ€ℱest lñ€ℱÅ“uvre qui est ici la fin ; et lñ€ℱacte, cñ€ℱest lñ€ℱÅ“uvre mÃÂȘme, lñ€ℱÅ“uvre actuelle. Voilà comment le mot mÃÂȘme dñ€ℱActe est tiré de lñ€ℱaction qui exécute lñ€ℱÅ“uvre, et quñ€ℱil exprime la tendance à la réalisation complÚte de la chose. Il y a des cas oÃÂč la fin derniÚre est lñ€ℱusage ; et cñ€ℱest ainsi que la fin de la vue, cñ€ℱest la vision, lñ€ℱorgane de la vue nñ€ℱayant pas dñ€ℱautre fonction possible que la vision mÃÂȘme. Dans dñ€ℱautres cas, il y a quelque chose de produit en dehors de lñ€ℱacte ; ainsi, pour la faculté de construire, il se produit la maison, outre lñ€ℱacte mÃÂȘme qui la construit. Dans le cas de la vision, il nñ€ℱy en a pas moins une fin ; mais dans le cas de la maison édifiée, la fin est plus marquée que la puissance. Ainsi, lñ€ℱaction de construire se manifeste dans la chose construite ; cette action se produit, et elle existe, en mÃÂȘme temps que la maison. Donc, toutes les fois quñ€ℱil se produit quelque réalité, en dehors mÃÂȘme de lñ€ℱusage de la faculté, lñ€ℱacte se montre dans la chose qui a été faite, comme lñ€ℱacte de bùtir se montre dans le bùtiment, comme le tissage se montre dans le tissu. Il en est de mÃÂȘme pour une foule dñ€ℱautres choses, et lñ€ℱon peut dire, dñ€ℱune maniÚre générale, que le mouvement se montre dans le mobile qui est mû. Mais, pour les choses oÃÂč il ne se produit pas une oeuvre qui subsiste en dehors de lñ€ℱacte mÃÂȘme, lñ€ℱacte est tout entier dans les ÃÂȘtres exclusivement. Cñ€ℱest ainsi que la vision est dans celui qui voit ; la spéculation est dans lñ€ℱesprit de celui qui spécule, comme la vie est dans Pûmes On peut mÃÂȘme en dire autant du bonheur ; [1050b] car il est aussi une vie, et une vie dñ€ℱun certain genre. Par conséquent, il est de toute évidence que la substance et la forme sont une sorte dñ€ℱacte. Mais ce quñ€ℱil faut conclure non moins clairement de ces considérations, cñ€ℱest que substantiellement lñ€ℱacte est antérieur à la puissance, et quñ€ℱainsi que nous lñ€ℱavons démontré, il y a toujours un acte qui chronologiquement est antérieur à un autre, jusquñ€ℱà ce quñ€ℱon arrive enfin à lñ€ℱacte mÃÂȘme du moteur premier et éternel. Ce qui prouve peut-ÃÂȘtre encore mieux la vérité de ce que nous disons sur la supériorité de lñ€ℱacte, cñ€ℱest que les choses éternelles sont, sous le rapport de la substance, antérieures aux choses périssables, et que rien de ce qui est éternel nñ€ℱest en puissance. Et en voici la raison. Toute puissance comprend à la fois les deux termes de la contradiction ; car ce qui ne peut pas ÃÂȘtre ne saurait appartenir à quoi que ce soit. Mais tout ce qui est possible peut aussi nñ€ℱÃÂȘtre pas en acte. Donc, ce qui est simplement possible peut ÃÂȘtre ou nñ€ℱÃÂȘtre pas ; et, de cette maniÚre, une mÃÂȘme chose peut ÃÂȘtre et ne pas ÃÂȘtre. DÚs lors, il est trÚs possible que ce qui peut ne pas ÃÂȘtre ne soit point. Or, ce qui peut nñ€ℱÃÂȘtre point est périssable, ou dñ€ℱune maniÚre absolue, ou de cette façon oÃÂč nous disons de lui quñ€ℱil peut ne pas ÃÂȘtre, ou relativement au lieu, ou à la quantité, ou à la qualité. Mais il est périssable absolument lorsquñ€ℱil est périssable dans sa substance mÃÂȘme. Ainsi, il nñ€ℱy a jamais de chose absolument impérissable qui puisse ÃÂȘtre absolument en puissance ; mais rien ne sñ€ℱoppose à ce quñ€ℱelle soit en puissance à certains égards, par exemple, sous le rapport de la qualité ou du lieu. Toutes les choses éternelles sont donc actuelles. Quant aux choses nécessaires, elles ne peuvent pas non plus ÃÂȘtre en puissance, puisque ce sont là les principes premiers, et que si les principes nñ€ℱexistaient pas, rien ne pourrait exister sans eux. A plus forte raison, le mouvement nñ€ℱa-t-il pas la puissance dñ€ℱÃÂȘtre ou de nñ€ℱÃÂȘtre pas, sñ€ℱil sñ€ℱagit dñ€ℱun mouvement éternel ; et sñ€ℱil sñ€ℱagit dñ€ℱun mobile qui soit éternellement mû, ce nñ€ℱest pas non plus en puissance quñ€ℱil est mû, si ce nñ€ℱest pour le point dñ€ℱoÃÂč il part, et pour celui oÃÂč il se dirige. Rien nñ€ℱempÃÂȘche dñ€ℱailleurs que sa matiÚre ne soit en puissance. Cñ€ℱest ainsi que le soleil, les astres et le ciel entier sont toujours en acte ; et il nñ€ℱest pas à craindre que ce mouvement doive sñ€ℱarrÃÂȘter jamais, comme le redoutent les philosophes de la nature. Ces grands corps ne se fatiguent pas de leur action ; car, pour eux, le mouvement nñ€ℱest pas, comme pour les ÃÂȘtres périssables, subordonné à la possibilité de la contradiction, qui pourrait leur rendre fatigante la continuité de leur mouvement. Cñ€ℱest, en effet, quand la substance dñ€ℱune chose est matiÚre et puissance, et quñ€ℱelle nñ€ℱest pas en acte, que cette défaillance peut avoir lieu. Mais les corps mÃÂȘme qui sont sujets au changement, comme la terre et le feu, se rapprochent des corps impérissables, et ils les imitent. En effet la terre et le feu sont toujours en acte, parce quñ€ℱils ont en soi, et par eux-mÃÂȘmes, le mouvement qui les anime. Quant aux autres puissances, elles supposent toutes, dñ€ℱaprÚs ce que nous en avons dit, lñ€ℱalternative des contraires ; car ce qui peut produire telle sorte de mouvement peut aussi ne pas le produire. Cñ€ℱest là ce qui se passe dans les cas oÃÂč la raison peut intervenir ; mais, quant aux puissances irrationnelles, il faut quñ€ℱelles soient présentes, ou ne le soient pas, pour déterminer lñ€ℱun ou lñ€ℱautre contraire, tout en restant les mÃÂȘmes. Si donc il y avait des natures, ou des substances, du genre de celles quñ€ℱimaginent les partisans par trop logiques des Idées, il y aurait un ÃÂȘtre possédant la science plutÎt quñ€ℱil nñ€ℱy aurait de science en soi ; il existerait un ÃÂȘtre qui serait mû plutÎt quñ€ℱil nñ€ℱy aurait de mouvement en soi ; car ces ÃÂȘtres seraient alors bien davantage des actes et des réalités, [1051a] tandis que la science et le mouvement nñ€ℱen seraient que des puissances. Concluons donc que lñ€ℱacte est évidemment antérieur à la puissance, et à tout principe qui peut produire un changement quelconque. Chapitre 9[modifier] Lñ€ℱacte dñ€ℱune puissance louable et bonne est toujours meilleur et plus louable quñ€ℱelle ; voici ce qui le prouve. Tout ce qui nñ€ℱest quñ€ℱà lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tat de simple puissance peut réaliser égarement les contraires. Ainsi, lñ€ℱÃÂȘtre dont on dit quñ€ℱil peut ÃÂȘtre en santé, est aussi le mÃÂȘme ÃÂȘtre qui peut ÃÂȘtre malade ; et il a ces deux possibilités à la fois ; car cñ€ℱest une seule et mÃÂȘme puissance que celle de se bien porter ou dñ€ℱÃÂȘtre malade, dñ€ℱÃÂȘtre en repos ou en mouvement, de bùtir la maison ou de lñ€ℱabattre, dñ€ℱÃÂȘtre bùtie ou dñ€ℱÃÂȘtre abattue. Ainsi, la faculté de pouvoir les contraires est simultanée. Mais ce qui est impossible, cñ€ℱest que les contraires eux-mÃÂȘmes le soient. Les actes ne peuvent pas coexister davantage, attendu quñ€ℱon ne peut pas, par exemple, ÃÂȘtre tout à la fois malade et bien portant. Il y a donc nécessité que lñ€ℱun de ces contraires soit le bien ; mais la puissance sñ€ℱapplique indifféremment aux deux à la fois, ou ne sñ€ℱapplique mÃÂȘme à aucun des deux. Lñ€ℱacte est donc au-dessus de la puissance. Par une suite nécessaire, quand il sñ€ℱagit du mal, lñ€ℱaccomplissement de la chose et lñ€ℱacte valent moins que la simple puissance ; car le pouvoir comprend à la fois les deux contraires. Le mal nñ€ℱexiste donc pas indépendamment des choses réelles ; car le mal est par sa nature postérieure à la puissance. Aussi, dans les choses de principes comme dans les choses éternelles, nñ€ℱy a-t-il point de mal, point de faute, point de corruption ; car la corruption fait certainement partie du mal. Cñ€ℱest aussi par lñ€ℱactualité et la réalisation quñ€ℱon trouve les propriétés des figures géométriques, puisque cñ€ℱest en divisant ces figures quñ€ℱon arrive à comprendre leurs propriétés. Si elles étaient toujours décomposées, elles seraient toujours dñ€ℱune pleine évidence ; mais, quand elles ne sont pas décomposées, elles ne sont évidentes quñ€ℱen puissance. Par exemple, pourquoi le triangle a-t-il ses angles égaux à deux droits ? Cñ€ℱest que tous les angles faits dñ€ℱun seul cÎté dñ€ℱune mÃÂȘme ligne équivalent à deux droits. Si lñ€ℱon élÚve une droite sur un cÎté du triangle, il suffit dñ€ℱun coup dñ€ℱÅ“il pour que sur-le-champ la démonstration soit de toute évidence. Pourquoi lñ€ℱangle inscrit dans le demi-cercle est-il toujours un angle droit ? Cñ€ℱest que, dÚs quñ€ℱon remarque que les trois lignes sont égales, deux qui sont la base et une perpendiculaire élevée du centre, on voit immédiatement la solution, pour peu quñ€ℱon sache de géométrie. Par conséquent, il est de toute évidence que cñ€ℱest en réalisant les choses qui ne sont quñ€ℱen puissance, quñ€ℱon arrive à les comprendre ; et cela tient à ce que la pensée est un acte de réalisation. Donc, en résumé, la puissance vient de lñ€ℱacte ; et cñ€ℱest pour cela quñ€ℱon connaÃt les choses en les faisant. Lñ€ℱacte considéré numériquement est, dñ€ℱailleurs, postérieur à la puissance, sous le point de vue de la production. Chapitre 10[modifier] Parmi les acceptions diverses oÃÂč lñ€ℱon prend lñ€ℱÃƠtre et le Non-ÃÂȘtre, exprimés, tantÎt selon les formes des catégories, et tantÎt selon la puissance ou lñ€ℱacte de ces formes, ou selon les contraires, [1051b] lñ€ℱÃƠtre, pris dans son acception éminente, cñ€ℱest le vrai ou le faux. Or, la vérité, ou lñ€ℱerreur, pour les choses ne consiste quñ€ℱà les réunir, ou à les diviser. On est dans le vrai, si lñ€ℱon pense que de qui est divisé est divisé, que ce qui est réuni est réuni ; on est dans le faux, quand on a une pensée qui est le contraire de ce que les choses sont, ou ne sont pas ; et ce quñ€ℱon dit alors est vrai ou faux. Expliquons ce que nous entendons par là . Ce nñ€ℱest pas, parce que nous croyons sincÚrement que vous ÃÂȘtes blanc, que vous lñ€ℱÃÂȘtes ; au contraire, parce que vous ÃÂȘtes réellement blanc, en lñ€ℱaffirmant nous sommes dans le vrai. Comme il y a évidemment des choses qui sont toujours réunies et ne peuvent ÃÂȘtre séparées, que dñ€ℱautres sont toujours séparées et ne peuvent ÃÂȘtre réunies, que dñ€ℱautres encore peuvent ÃÂȘtre les deux contraires, ÃƠtre, cñ€ℱest ÃÂȘtre composé et ÃÂȘtre Un ; Nñ€ℱÃÂȘtre pas, cñ€ℱest ne pas ÃÂȘtre composé et ÃÂȘtre plusieurs. Il sñ€ℱensuit que, pour les choses qui peuvent ÃÂȘtre, ou ne pas ÃÂȘtre, le mÃÂȘme jugement devient vrai ou faux ; la mÃÂȘme énonciation le devient également ; et à cet égard, on est indifféremment, tantÎt dans le vrai, tantÎt dans le faux. Mais pour les choses qui ne peuvent ÃÂȘtre autrement quñ€ℱelles ne sont, il nñ€ℱy a pas, tantÎt vérité, tantÎt erreur ; les jugements concernant ces choses-là sont toujours vrais et toujours faux. Quant à celles qui ne sont pas combinées, quñ€ℱentend-on pour elles par ÃÂȘtre, ou nñ€ℱÃÂȘtre pas ? Pour elles, quñ€ℱest-ce que le vrai et le faux ? Le composé nñ€ℱexistant pas, il nñ€ℱest plus possible de dire que la chose est, quand il y a combinaison, et quñ€ℱelle nñ€ℱest pas, quand il y a séparation, comme on dit que le bois est blanc, ou que le diamÚtre est incommensurable. Cñ€ℱest que, pour les choses de ce genre, le vrai et le faux ne sont plus ce quñ€ℱils sont pour les autres. Mais ne peut-on pas croire que, de mÃÂȘme que la vérité est différente pour ses choses, lñ€ℱÃƠtre varie également ? Il nñ€ℱen est pas moins certain que là aussi, dñ€ℱun cÎté est le vrai, et de lñ€ℱautre cÎté, est le faux. Mais percevoir ces choses et les énoncer, voilà le vrai dans ce cas ; car il ne faut pas confondre lñ€ℱaffirmation et la simple énonciation ; et ne pas les percevoir, cñ€ℱest les ignorer. ici, il ne peut pas y avoir dñ€ℱerreur sur lñ€ℱexistence de la chose, si ce nñ€ℱest indirectement. Il en est absolument de mÃÂȘme pour les substances non combinées ; à leur égard, il nñ€ℱy a pas dñ€ℱerreur possible, puisquñ€ℱelles sont toutes en acte et non pas en puissance. Autrement, elles pourraient se produire et se détruire ; mais, en ce moment, lñ€ℱÃÂȘtre mÃÂȘme ne se produit pas et il ne périt pas non plus, parce que alors il devrait venir de quelque autre ÃÂȘtre. Ainsi, pour les choses qui existent individuellement et actuellement, il nñ€ℱy a pas de chance possible dñ€ℱerreur. Seulement, on les pense, ou on ne les pense pas ; pour elles, on examine uniquement ce quñ€ℱelles sont, cñ€ℱest-à -dire si elles sont, ou ne sont pas, telles ou telles choses. Quand lñ€ℱÃƠtre est pris pour le vrai et que le Non-ÃÂȘtre est pris pour le faux, il y a, dñ€ℱune part, vérité, si lñ€ℱon réunit convenablement les choses ; il y a erreur, si on ne les réunit pas convenablement. Mais quant à lñ€ℱÃÂȘtre Un, sñ€ℱil est, il est telle chose ; ou sñ€ℱil nñ€ℱest pas telle chose, cñ€ℱest quñ€ℱil nñ€ℱest pas du tout. [1052a] La vérité, cñ€ℱest la pensée quñ€ℱon en a ; mais le faux nñ€ℱest pas possible non plus que lñ€ℱerreur ; cñ€ℱest une pure ignorance, qui ne ressemble pas dñ€ℱailleurs à la cécité ; car, pour que ce fût de la cécité, il faudrait quñ€ℱon ne possédùt mÃÂȘme pas la faculté de lñ€ℱentendement. Il est encore évident que, pour les choses qui sont immobiles, il ne peut jamais y avoir une erreur de temps, du moment quñ€ℱon admet leur immobilité. Ainsi, on ne sñ€ℱimaginera jamais, à moins quñ€ℱon ne suppose au triangle la possibilité de changer, que tantÎt il a, et tantÎt nñ€ℱa pas, ses angles égaux à deux droits, puisque alors il faudrait quñ€ℱil changeùt. Tout ce quñ€ℱon peut croire de la chose immobile, cñ€ℱest quñ€ℱelle est ou quñ€ℱelle nñ€ℱest pas. Par exemple, on croira que jamais aucun nombre pair ne peut ÃÂȘtre premier ; ou bien, on croira que tels nombres pairs sont premiers, et que tels autres ne le sont pas. Mais cette incertitude nñ€ℱest pas mÃÂȘme possible pour lñ€ℱÃÂȘtre qui est Un numériquement, puisque ici lñ€ℱon ne peut plus penser quñ€ℱune partie existe, et que lñ€ℱautre partie nñ€ℱexiste pas. On sera seulement, ou dans le vrai, ou dans le faux, dÚs quñ€ℱil sñ€ℱagit dñ€ℱune chose qui reste toujours ce quñ€ℱelle est. Livre 10 Chapitre 1[modifier] Dans ce que nous avons dit plus haut des acceptions diverses de certains mots, nous avons établi que le mot dñ€ℱUnité a des significations multiples. Parmi ces significations diverses, il est quatre nuances que nous avons particuliÚrement distinguées, comme exprimant lñ€ℱunité dñ€ℱune maniÚre primordiale et essentielle, et non dñ€ℱune façon accidentelle et indirecte. Ainsi, lñ€ℱon appelle Un tout ce qui est continu, ou dñ€ℱune maniÚre absolue, ou qui du moins lñ€ℱest éminemment par sa nature propre, et non point seulement par un simple contact ou par un simple lien. Parmi les continus eux-mÃÂȘmes, celui-là est plus Un et est antérieur aux autres continus, dont le mouvement est le plus indivisible et le moins complexe. On appelle encore Un, et à plus juste titre, ce qui compose un tout, et présente une certaine forme et une certaine figure, surtout si lñ€ℱÃÂȘtre a cette totalité par sa nature particuliÚre, et quñ€ℱil ne lñ€ℱait pas forcément, comme le ferait un collage, un clou, un nÅ“ud, mais quñ€ℱil porte en lui-mÃÂȘme la cause de sa continuité. Pour quñ€ℱil en soit ainsi, il faut que le mouvement de ce continu soit unique et indivisible, dans lñ€ℱespace et dans le temps. Par conséquent, quand un objet a naturellement en lui-mÃÂȘme la cause premiÚre de son mouvement premier, par exemple, en fait de translation, la cause dñ€ℱun mouvement circulaire, il est clair que cet objet-là est une grandeur Une, dans lñ€ℱacception primordiale de ce mot. Ainsi donc, il y a des choses qui sont Unes à la façon dont nous venons de parler, ou comme continu, ou comme tout ; mais il y a aussi des choses qui sont Unes, parce quñ€ℱelles reçoivent une seule et mÃÂȘme définition. Or, les choses qui ont une définition identique sont celles dont la notion rationnelle est Une, cñ€ℱest-à -dire, dont la notion est indivisible ; et il nñ€ℱy a de notion indivisible que pour ce qui est indivisible en espÚce ou en nombre. Lñ€ℱindivisible numérique est lñ€ℱÃÂȘtre particulier individuel ; lñ€ℱindivisible en espÚce est ce qui est indivisible dans lñ€ℱobjet connu, et pour la science qui le connaÃt. Donc, lñ€ℱunité premiÚre peut se définir précisément Ce qui, dans les ÃÂȘtres substantiels, est cause de lñ€ℱunité quñ€ℱils présentent. Voilà donc les acceptions principales du mot dñ€ℱUnité. Cñ€ℱest dñ€ℱabord le continu, qui lñ€ℱest par sa nature propre ; puis, cñ€ℱest le Tout ; puis encore, cñ€ℱest lñ€ℱindividu, et enfin lñ€ℱuniversel. Pour que toutes ces unités soient bien des unités, il faut, pour les unes, que leur mouvement soit indivisible, et, pour les autres, que ce soit leur notion, ou leur définition, qui ne puisse pas ÃÂȘtre divisée. [1052b] On remarquera, dñ€ℱailleurs, quñ€ℱon ne doit jamais confondre les objets quñ€ℱon appelle Uns avec lñ€ℱessence mÃÂȘme de lñ€ℱunité et sa définition. Lñ€ℱUn a toutes les acceptions que nous avons énumérées ; et tout ÃÂȘtre est appelé Un, du moment quñ€ℱon peut lui appliquer une de ces nuances. Mais lñ€ℱessence, ou définition, de lñ€ℱunité sñ€ℱapplique, tantÎt à une des nuances énumérées plus haut, tantÎt à tout autre objet qui se rapprocherait encore davantage du mot dñ€ℱUnité, tandis que les autres ne sont Uns quñ€ℱen puissance. Il en est ici comme des mots dñ€ℱÉlément et de Cause, selon quñ€ℱon sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tudie, soit à définir les choses réelles qui sont des causes ou des éléments, soit, à définir simplement ces deux noms. Ainsi, en un sens le feu est un élément ; et peut-ÃÂȘtre lñ€ℱinfini, ou quelque chose dñ€ℱanalogue, est-il aussi lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément en soi ; mais, en un autre sens, le feu nñ€ℱest pas lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément. En effet, lñ€ℱessence du feu et lñ€ℱessence de lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément ne sont pas identiques. Le feu est un élément, en tant quñ€ℱil est une certaine chose réelle et une certaine nature ; mais le nom mÃÂȘme dñ€ℱÉlément signifie que le feu reçoit cet attribut, parce que le feu en est composé, comme de son primitif intrinsÚque. MÃÂȘme observation pour les mots de Cause, dñ€ℱUnité, et tous autres mots analogues. Cñ€ℱest là ce qui fait quñ€ℱon peut dire quñ€ℱÃÂȘtre essentiellement Un, cñ€ℱest ÃÂȘtre indivisible, cñ€ℱest ÃÂȘtre un objet réel, inséparable, soit à lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©gard du lieu, soit à lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©gard de la forme, soit par la pensée, soit mÃÂȘme comme formant un tout et un ÃÂȘtre défini. Mais, par-dessus tout, lñ€ℱUnité est ce qui constitue la mesure premiÚre des choses en chaque genre, et éminemment, dans le genre de la quantité ; car cñ€ℱest de là que la notion dñ€ℱUnité sñ€ℱest étendue à tout le reste, puisque cñ€ℱest par la mesure que la quantité se révÚle. La quantité, en tant que quantité, se fait connaÃtre, soit par lñ€ℱunité, soit par le nombre ; et cñ€ℱest par lñ€ℱunité quñ€ℱun nombre quelconque est connu. Par conséquent, toute quantité, en tant que quantité, est appréciée au moyen de lñ€ℱunité ; et le primitif qui fait connaÃtre la quantité est précisément lñ€ℱunité mÃÂȘme. Voilà pourquoi cñ€ℱest lñ€ℱunité qui est le principe du nombre, en tant que nombre. De là vient aussi que, dans toutes les autres choses, on appelle mesure ce qui les fait primitivement connaÃtre ; et la mesure de chaque chose en particulier est lñ€ℱunité, soit en longueur, soit en largeur, en profondeur, en poids, en vitesse. Le poids et la vitesse sñ€ℱappliquent indifféremment aux contraires, attendu que chacun de ces termes peut avoir deux sens. Pesant, par exemple, signifie tout à la fois, et ce qui a de la pesanteur dñ€ℱune façon générale, et ce qui a une plus grande pesanteur. De mÃÂȘme aussi, la vitesse est appliquée à ce qui a un mouvement de vitesse quelconque, et à ce qui a un mouvement de plus grande vitesse. Cñ€ℱest quñ€ℱen effet le corps qui a un mouvement plus lent a encore quelque vitesse, et que le plus léger des corps a néanmoins aussi quelque pesanteur. Dans tout cela, la mesure, ou le principe, est toujours quelque chose qui est Un et indivisible. Et, par exemple, dans les mesures linéaires, cñ€ℱest le pied qui est considéré comme insécable, parce quñ€ℱen toutes espÚces de choses, la mesure quñ€ℱon cherche est une chose Une et indivisible ; en dñ€ℱautres termes, une chose simple et absolue, soit en qualité, soit en quantité. La mesure à laquelle il paraÃt quñ€ℱil nñ€ℱy a rien à enlever, rien à ajouter, voilà la mesure exacte. Aussi est-ce particuliÚrement la mesure du nombre qui est de la plus grande exactitude, [1053a] puisquñ€ℱon admet que lñ€ℱunité numérique est absolument indivisible à tous les points de vue ; et que, dans tout le reste, on ne fait guÚre quñ€ℱimiter et reproduire lñ€ℱunité de nombre. En effet, sur la longueur dñ€ℱun stade, sur le poids dñ€ℱun talent, et généralement sur une quantité plus grande, une addition ou un retranchement peuvent se dissimuler bien mieux que sur une quantité moindre. Ainsi, lñ€ℱon prend toujours pour mesure ce à quoi on ne peut primitivement, ni rien Îter, ni rien ajouter, sans quñ€ℱaussitÎt les sens ne sñ€ℱen aperçoivent, soit pour les matiÚres liquides, soit pour les matiÚres sÚches, soit pour les poids, soit pour les étendues ; et lñ€ℱon ne croit connaÃtre la quantité dñ€ℱune chose que quand ou la connaÃt par cette mesure évidente. Il en est encore de mÃÂȘme pour le mouvement. On le mesure par le mouvement absolu, cñ€ℱest-à -dire, celui qui est le plus rapide possible, attendu que cñ€ℱest ce mouvement qui a la moindre durée. Aussi, en astronomie, cette unité est-elle le principe et la mesure quñ€ℱon emploie. On y suppose que le mouvement du ciel est uniforme, et quñ€ℱil est le plus rapide de tous les mouvements ; et cñ€ℱest dñ€ℱaprÚs celui-là quñ€ℱon juge ensuite tous les autres. En musique, cñ€ℱest le diÚse qui est la mesure, parce que cñ€ℱest le plus petit intervalle possible ; et dans les mots du langage, cñ€ℱest la lettre. Dans tous ces cas, lñ€ℱunité nñ€ℱest pas quelque terme commun à tous ; mais cñ€ℱest lñ€ℱunité telle que nous lñ€ℱavons expliquée. Cependant, la mesure nñ€ℱest pas toujours une unité numérique ; elle est parfois multiple. Par exemple, deux diÚses sont la mesure en musique, non pas quñ€ℱon puisse les entendre ; mais ils sont nécessaires en théorie ; de mÃÂȘme, dans le langage, il faut plusieurs sons qui nous servent de mesure. Le diamÚtre, le cÎté, et toutes les grandeurs se mesurent également par deux. Lñ€ℱunité est donc la mesure de toutes choses, parce que nous connaissons de quoi se compose la substance en la divisant, en quantité, ou en espÚce. Ce qui rend lñ€ℱunité indivisible, cñ€ℱest que le primitif est indivisible en toutes choses. Mais tout ce qui est indivisible ne lñ€ℱest pas de la mÃÂȘme maniÚre, témoin le pied et la monade. Ainsi, la monade est absolument indivisible, tandis que le pied se partage en indivisibles, qui finissent par échapper à notre perception, ainsi que nous lñ€ℱavons déjà expliqué ; car on peut dire que tout continu est divisible. Dñ€ℱailleurs, la mesure est toujours du mÃÂȘme genre que les objets quñ€ℱelle sert à mesurer. Cñ€ℱest une grandeur qui mesure les grandeurs ; et, si lñ€ℱon veut descendre dans le détail, une largeur est la mesure de la largeur, une longueur de la longueur, un son des sons, un poids du poids, une monade des monades. Cñ€ℱest bien de cette façon quñ€ℱil faut entendre les choses, et il ne faudrait pas croire que ce soit un nombre qui est la mesure des nombres. Cependant, on semblerait pouvoir le dire, du moment que la mesure est semblable à lñ€ℱobjet mesuré. Mais au fond la ressemblance nñ€ℱexiste pas ici ; et ce serait se tromper, autant que si lñ€ℱon allait prétendre que ce sont des monades, et non pas la monade, qui sont la mesure des monades, puisque le nombre lui-mÃÂȘme est déjà une somme de monades. Cñ€ℱest par la mÃÂȘme méprise que nous disons que la science et la sensation sont la mesure des choses. Il est bien vrai que nous connaissons les choses par leur intermédiaire ; mais la sensation et la science sont mesurées plutÎt quñ€ℱelles ne mesurent. En ceci, il nous arrive précisément de savoir les choses comme nous savons quelle est la taille que nous avons, lorsquñ€ℱune autre personne venant nous mesurer, elle a porté tant de fois la coudée sur notre corps. Cñ€ℱest Protagoras qui prétend que lñ€ℱhomme est la mesure universelle des choses ; mais quand il dit lñ€ℱhomme, cela revient à dire lñ€ℱhomme qui sait, lñ€ℱhomme qui sent ; [1053b] et il les désigne tous deux, parce que lñ€ℱun a la science, et lñ€ℱautre, la sensation, que nous prenons pour la mesure des objets. En ne disant rien au fond, il semble cependant que ce soit là énoncer quelque vérité extrÃÂȘmement merveilleuse. En résumé, on peut voir clairement que lñ€ℱunité, si lñ€ℱon se borne à considérer le nom qui la définit, est surtout une sorte de mesure, et que cette mesure sñ€ℱapplique éminemment à la quantité, et ensuite à la qualité. Pour remplir ce rÎle, la mesure doit ÃÂȘtre indivisible, ici en quantité, et là en qualité. Lñ€ℱunité est donc indivisible, soit dñ€ℱune maniÚre absolue, soit tout au moins en tant quñ€ℱelle est lñ€ℱunité. Chapitre 2[modifier] Quant à lñ€ℱessence et à la nature de lñ€ℱunité, il nous faut reprendre la recherche que nous avons effleurée plus haut dans nos Questions, et nous demander ce quñ€ℱest lñ€ℱunité en elle-mÃÂȘme, et quelle est lñ€ℱidée que nous devons nous en faire. Lñ€ℱunité est-elle par elle-mÃÂȘme une substance réelle, comme lñ€ℱont cru les Pythagoriciens dñ€ℱabord, et comme Platon le crut aprÚs eux ? Ou bien plutÎt, nñ€ℱy a-t-il pas une nature servant de support à lñ€ℱunité ? Et ne faut-il pas, pour parler plus clairement de lñ€ℱunité, se rapprocher davantage des philosophes physiciens, pour qui lñ€ℱunité est tantÎt lñ€ℱAmour, tantÎt lñ€ℱAir, et tantÎt lñ€ℱInfini ? Sñ€ℱil est impossible que jamais un universel quelconque soit une substance réelle, ainsi que nous lñ€ℱavons démontré dans nos études sur la Substance et sur lñ€ℱÃƠtre ; sñ€ℱil nñ€ℱest pas possible non plus que lñ€ℱuniversel soit une substance, en ce sens quñ€ℱil formerait une sorte dñ€ℱunité en dehors de la pluralité, puisque lñ€ℱuniversel nñ€ℱest quñ€ℱun terme commun ; et si, enfin, il nñ€ℱest quñ€ℱun simple attribut, il est tout aussi clair que lñ€ℱunité ne peut pas ÃÂȘtre non plus une substance ; car lñ€ℱÃƠtre et lñ€ℱUn sont, de tous les attributs, ceux qui sont les plus généraux. Il sñ€ℱensuit que les genres ne sauraient ÃÂȘtre des natures, et des substances séparées de tout le reste, et que lñ€ℱunité ne peut pas davantage ÃÂȘtre un genre ; et cela, par les mÃÂȘmes raisons qui font que lñ€ℱÃƠtre, non plus que la substance universelle, nñ€ℱen est pas un davantage. On peut ajouter que ceci doit sñ€ℱappliquer de mÃÂȘme à tout nécessairement. Lñ€ℱÃƠtre et lñ€ℱUn ont autant dñ€ℱacceptions diverses lñ€ℱun que lñ€ℱautre ; et de mÃÂȘme que, dans lñ€ℱordre des qualités, tout aussi bien que dans lñ€ℱordre des quantités. lñ€ℱUn est une certaine chose, et quñ€ℱil y a en outre une certaine nature, il est évident aussi quñ€ℱil faut, dñ€ℱune maniÚre générale, étudier lñ€ℱUn comme on étudie lñ€ℱÃƠtre, sans se contenter de dire, dñ€ℱune maniÚre insuffisante, que la nature de lñ€ℱUn est dñ€ℱÃÂȘtre ce quñ€ℱelle est. Certainement, pour les couleurs, lñ€ℱUn est une couleur ; et, par exemple, cñ€ℱest le blanc, si lñ€ℱon admet que cñ€ℱest du blanc et du noir que se forment toutes les autres couleurs, le noir étant la privation du blanc, comme lñ€ℱobscurité est la privation de la lumiÚre ; car lñ€ℱobscurité nñ€ℱest que cela. Par exemple, si les ÃÂȘtres étaient des couleurs, les ÃÂȘtres formeraient aussi un certain nombre. Mais un nombre de quoi ? Évidemment un nombre de couleurs ; et lñ€ℱunité serait alors une unité de certaine espÚce ; ce serait, par exemple, le blanc. De mÃÂȘme encore, si les ÃÂȘtres étaient des sons, ils seraient toujours un nombre ; mais ce serait un nombre de diÚses ou dñ€ℱintervalles musicaux, et leur essence ne serait pas le nombre. Lñ€ℱunité serait, dans ce cas, quelque chose dont lñ€ℱessence ne serait pas dñ€ℱÃÂȘtre une unité, mais dñ€ℱÃÂȘtre un diÚse. [1054a] De mÃÂȘme encore, si les articulations du langage étaient les éléments des choses, les ÃÂȘtres seraient encore un nombre de sons, et lñ€ℱunité serait une lettre, une voyelle ou une consonne. Si cĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©taient des figures rectilignes qui formassent les ÃÂȘtres, lñ€ℱÃÂȘtre serait un nombre de figures, et lñ€ℱUn serait le triangle. MÃÂȘme raisonnement pour tous les autres genres. On le voit donc quoique, dans les modifications que les choses peuvent offrir, qualités, quantités, mouvement, il y ait des nombres, et que, dans toutes aussi, il y ait une certaine unité, on y distingue cependant leur nombre et lñ€ℱunité de chacune dñ€ℱelles, sans que dñ€ℱailleurs ce nombre soit la substance de la chose. Il en résulte quñ€ℱil doit en ÃÂȘtre absolument de mÃÂȘme pour la catégorie des substances, puisque cñ€ℱest là une condition qui sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tend à tout. Ainsi, dans tout genre quelconque, lñ€ℱunité est bien une nature dñ€ℱune certaine espÚce, sans que cependant lñ€ℱunité soit jamais à elle seule la nature de quoi que ce soit. Mais, de mÃÂȘme que, dans lñ€ℱordre des couleurs, lñ€ℱunité quñ€ℱon y peut chercher est aussi une couleur, qui est Une et particuliÚre, de mÃÂȘme aussi, pour lñ€ℱordre de la substance, on ne peut chercher dans la substance quñ€ℱune substance Une aussi, et individuelle ; et cñ€ℱest là toute lñ€ℱunité elle-mÃÂȘme. Ce qui prouve bien quñ€ℱà certains égards lñ€ℱÃƠtre et lñ€ℱUn se confondent, cñ€ℱest dñ€ℱabord que lñ€ℱunité accompagne et suit, toujours les catégories diverses tout comme lñ€ℱÃƠtre, et quñ€ℱelle nñ€ℱest cependant non plus dans aucune, ni dans la catégorie qui exprime ce quñ€ℱest substantiellement la chose, ni dans celle qui exprime sa qualité, mais que lñ€ℱUn y est absolument comme y est lñ€ℱÃƠtre. En second lieu, ce qui prouve lñ€ℱidentité de lñ€ℱÃƠtre et de lñ€ℱUn, cñ€ℱest quñ€ℱon nñ€ℱajoute absolument aucun attribut de plus à lñ€ℱhomme en disant Un homme, de mÃÂȘme que le mot ÃƠtre nñ€ℱajoute rien à la substance, à la qualité, à la quantité ; et que ÃÂȘtre Un revient tout à fait à dire que lñ€ℱÃƠtre est particulier et individuel. Chapitre 3[modifier] Il y a plusieurs nuances dñ€ℱopposition entre lñ€ℱunité et la pluralité ; et lñ€ℱune de ces nuances est celle oÃÂč lñ€ℱunité et la pluralité sont opposées lñ€ℱune à lñ€ℱautre., comme le sont lñ€ℱindivisible et le divisible ; et cñ€ℱest ainsi quñ€ℱon appelle pluralité ce qui est divisé ou est divisible, tandis quñ€ℱon appelle unité ce qui est indivisible ou nñ€ℱest pas divisé. Or, les oppositions étant au nombre de quatre, et lñ€ℱUnité et la Pluralité ne pouvant ÃÂȘtre considérées comme privation lñ€ℱune de lñ€ℱautre, lñ€ℱunité et la pluralité ne peuvent ÃÂȘtre contraires entre elles, ni comme la contradiction, ni comme les termes appelés Relatifs. Mais lñ€ℱunité sñ€ℱexprime et se démontre par son contraire, lñ€ℱindivisible par le divisible, attendu que la pluralité est plus accessible à nos sens, comme le divisible lñ€ℱest plus aussi que lñ€ℱindivisible. Par suite, la pluralité est, par sa notion, antérieure à lñ€ℱindivisible, à cause de la perception que nous en avons. Quant à lñ€ℱunité, ses caractÚres sont, ainsi que nous les avons décrits dans la Classification des Contraires, lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©galité, la similitude et lñ€ℱidentité ; ceux de la pluralité sont, la diversité, la dissemblance et lñ€ℱinégalité. Le mot dñ€ℱIdentité peut présenter plusieurs nuances ; et la premiÚre de de ces nuances, cñ€ℱest lñ€ℱidentité numérique, comme nous la nommons quelquefois. Puis, il y a lñ€ℱidentité de ce qui est Un, à la fois sous le rapport de la notion et du nombre. Et cñ€ℱest ainsi, par exemple, que vous ÃÂȘtes Un et identique à vous-mÃÂȘme ; cñ€ℱest lñ€ℱidentité de ce qui est Un spécifiquement et matériellement. En troisiÚme lieu, les choses sont identiques encore quand la définition de leur substance premiÚre est Une et la mÃÂȘme. [1054b] Par exemple, toutes les lignes droites égales sont appelées identiques, de mÃÂȘme que le sont entre eux les quadrangles égaux, à angles égaux, quoique dñ€ℱailleurs ils puissent ÃÂȘtre aussi nombreux quñ€ℱon le voudra. Dans tous ces cas, cñ€ℱest leur égalité qui constitue leur unité. On appelle Semblables les choses qui, sans ÃÂȘtre identiquement les mÃÂȘmes, et tout en ayant entre elles une différence quant à leur substance constitutive, sont de la mÃÂȘme espÚce. Par exemple, un quadrangle plus grand est semblable à un plus petit ; et les droites inégales sont semblables entre elles ; mais si elles sont semblables, elles ne sont pas cependant tout à fait identiques et les mÃÂȘmes. On nomme encore Semblables les choses dñ€ℱespÚce identique, et qui, susceptibles de plus et de moins, ne présentent cependant ni de moins ni de plus. Les choses sont encore appelées Semblables quand elles ont une mÃÂȘme qualité, et quñ€ℱelles sont en outre dñ€ℱune seule et mÃÂȘme espÚce. Par exemple, de deux objets dont lñ€ℱun est trÚs blanc et lñ€ℱautre moins blanc, on dit quñ€ℱils sont semblables par cela seul que lñ€ℱespÚce de leur couleur est Une et mÃÂȘme. On appelle encore Semblables des choses qui ont plus de points dñ€ℱidentité que de différence, soit dñ€ℱune maniÚre absolue, soit du moins dans lñ€ℱapparence quñ€ℱon a sous les yeux. Ainsi, lñ€ℱon dit que lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tain est semblable à lñ€ℱargent, et que lñ€ℱor ressemble au feu, par sa couleur jaune et rougeùtre. Par une conséquence évidente, les expressions dñ€ℱAutre et de Dissemblable ont également plusieurs acceptions. Lñ€ℱAutre est opposé au MÃÂȘme, parce que tout relativement à tout est, ou le mÃÂȘme, ou autre. Lñ€ℱexpression dñ€ℱAutre sñ€ℱemploie encore lorsque entre deux choses la matiÚre nñ€ℱest pas la mÃÂȘme, mais que la définition est pareille. Cñ€ℱest ainsi que vous ÃÂȘtes Autre que votre voisin, et que votre voisin est Autre que vous. Il y a de plus une troisiÚme acception du mot Autre à lñ€ℱusage des Mathématiques. Ainsi, toutes les fois quñ€ℱon peut appliquer lñ€ℱappellation dñ€ℱUn et dñ€ℱÃƠtre, on peut appliquer de la mÃÂȘme maniÚre lñ€ℱappellation dñ€ℱAutre ou dñ€ℱIdentique, pour tout dans son rapport avec tout. Car il nñ€ℱy a pas précisément de contradiction entre MÃÂȘme et Autre. Aussi cette expression dñ€ℱAutre ne peut-elle pas sñ€ℱappliquer à des choses qui ne sont pas, et quñ€ℱon nie, puisque de celle-là on dit seulement quñ€ℱelles ne sont pas les mÃÂȘmes. Mais le mot dñ€ℱAutre sñ€ℱapplique toujours à ce qui est, parce que lñ€ℱUn et lñ€ℱÃƠtre ne peuvent de leur nature quñ€ℱÃÂȘtre Un, ou nñ€ℱÃÂȘtre pas Un. Voilà donc comment les expressions dñ€ℱAutre et de MÃÂȘme peuvent ÃÂȘtre opposées entre elles. Il ne faut pas dñ€ℱailleurs confondre Différent et Autre. Lñ€ℱAutre et lñ€ℱobjet relativement auquel il est autre, ne sont nécessairement Autres quñ€ℱen un seul point particulier, puisque lñ€ℱobjet est dans tout ce quñ€ℱil est Autre ou Identique. Au contraire, un objet qui est Différent de quelque autre objet en diffÚre à un certain égard ; et il y a, par conséquent, un certain mÃÂȘme point relativement auquel les deux objets offrent de la différence. Ce point dñ€ℱidentité est, ou le genre, ou lñ€ℱespÚce. Cñ€ℱest quñ€ℱen effet ce qui est différent ne peut jamais différer que par le genre ou lñ€ℱespÚce par le genre, quand les deux objets nñ€ℱont pas une matiÚre commune, et quñ€ℱil nñ€ℱy a pas entre eux possibilité de génération réciproque de lñ€ℱun par lñ€ℱautre ; comme, par exemple, tous les objets qui appartiennent à une autre classe de catégorie ; par lñ€ℱespÚce, pour les objets qui ont le mÃÂȘme genre. On entend ici par le genre ce en quoi les objets qui diffÚrent, reçoivent, sous le rapport de la substance, la mÃÂȘme appellation. Les contraires sont différents, et lñ€ℱopposition par contraires nñ€ℱest quñ€ℱune sorte de différence. Que tout ce que nous venons dñ€ℱexposer soit exact, cñ€ℱest ce dont on peut se convaincre par lñ€ℱinduction. Toutes les choses qui sont différentes entre elles paraissent aussi ÃÂȘtre les mÃÂȘmes à certains égards ; et non seulement elles sont Autres dñ€ℱune maniÚre générale, mais tantÎt elles sont Autres par le genre, tantÎt elles sont dans la mÃÂȘme classe de catégorie, [1055a] de telle sorte quñ€ℱelles sont à la fois Autres dans le mÃÂȘme genre et les MÃÂȘmes par le genre. Mais nous avons expliqué ailleurs à quelles conditions les choses sont dñ€ℱun mÃÂȘme genre, ou dñ€ℱun genre Autre. Chapitre 4[modifier] Comme les choses qui diffÚrent entre elles peuvent offrir plus ou moins de différence, il doit dÚs lors y avoir une différence qui soit la plus grande différence possible. Celle-là , je lñ€ℱappelle la Contrariété, lñ€ℱopposition des contraires. On peut sñ€ℱassurer par lñ€ℱinduction que cñ€ℱest bien là , en effet, la plus grande de toutes les différences possibles. Cñ€ℱest que les choses qui sont de genre différent nñ€ℱont pas moyen de marcher les unes vers les autres ; elles ont toujours de plus en plus de distance entre elles, et elles ne sont jamais susceptibles de se rencontrer. Mais, quand les choses ne diffÚrent quñ€ℱen espÚces, elles peuvent naÃtre et venir des contraires, qui sont les points extrÃÂȘmes. Or, la distance des extrÃÂȘmes est la plus grande quñ€ℱon puisse imaginer ; et cñ€ℱest précisément celle que les contraires nous présentent. Ce quñ€ℱil y a de plus grand dans chaque genre peut ÃÂȘtre regardé comme parfait et fini. Car le plus grand est ce qui ne peut ÃÂȘtre surpassé ; et le parfait, le fini, cñ€ℱest ce en dehors de quoi il nñ€ℱy a plus rien à concevoir. La différence parfaite et finie atteint une fin, de mÃÂȘme que lñ€ℱon dit, de tout ce qui atteint sa fin, quñ€ℱil est fini et parfait. En dehors de la fin, il nñ€ℱy a plus rien ; car en toute chose, la fin est le dernier ternie ; elle comprend et renferme tout le reste. Aussi, nñ€ℱy a-t-il plus rien en dehors de la fin ; et le fini, le parfait, nñ€ℱa-t-il plus besoin de quoi que ce soit. Ceci donc montre bien que la contrariété est une différence finie et parfaite. Mais, comme le mot Contraires peut ÃÂȘtre entendu dans plusieurs acceptions diverses, la différence sera conséquemment parfaite dans la mesure oÃÂč le sont les contraires eux-mÃÂȘmes. Ceci posé, il est évident quñ€ℱun seul et unique contraire ne peut avoir plusieurs contraires. Cñ€ℱest quñ€ℱen effet il nñ€ℱest pas possible quñ€ℱil y ait quelque chose de plus extrÃÂȘme que lñ€ℱextrÃÂȘme. Il nñ€ℱest pas davantage possible quñ€ℱune seule et unique distance ait plus de deux extrémités. Dñ€ℱune maniÚre générale, si la contrariété est une différence, comme toute différence ne peut avoir que deux ternies, il sñ€ℱensuit que la différence parfaite et finie doit également nñ€ℱen avoir que deux. Il faut, en outre, que toutes les autres définitions des contraires sñ€ℱappliquent aussi avec vérité à cette différence, puisque la différence parfaite et finie est celle qui diffÚre le plus. Or, il ne peut pas y avoir dñ€ℱautres différences que celles du genre et de lñ€ℱespÚce, puisquñ€ℱil a été démontré quñ€ℱil nñ€ℱy a pas de différence possible pour des choses qui sont hors du genre. Ainsi, la différence la plus grande possible est précisément dans le genre ; et les termes qui, dans un mÃÂȘme genre, diffÚrent le plus, ce sont les contraires ; leur plus grande différence est la différence parfaite et finie. Les choses qui, dans un mÃÂȘme sujet capable de les recevoir, diffÚrent le plus, sont contraires entre elles ; car les contraires ont une seule et mÃÂȘme matiÚre. On appelle encore contraires les choses qui diffÚrent le plus dans la mÃÂȘme puissance, dans la mÃÂȘme possibilité dñ€ℱÃÂȘtre ; car il nñ€ℱy a quñ€ℱune seule et unique science pour un seul et unique genre, dans les choses oÃÂč la différence parfaite est la plus grande possible. La premiÚre des Contrariétés, cñ€ℱest celle de la possession et de la privation. Mais il ne faut pas entendre ici toute privation sans exception ; car ce mot a bien des sens ; il ne faut comprendre que la privation parfaite et finie. Cñ€ℱest de ces deux contraires, privation et possession, que tous les autres tirent leur appellation les uns, parce quñ€ℱils possÚdent telle ou telle qualité ; les autres, parce quñ€ℱils agissent ou tendent à agir ; dñ€ℱautres enfin, parce quñ€ℱils acquiÚrent, ou perdent, les contraires en question, ou des contraires différents. Si lñ€ℱon comprend sous le nom dñ€ℱOpposés, la contradiction, la privation, la contrariété et les relatifs, [1055b] la premiÚre de toutes ces oppositions, cñ€ℱest la contradiction ; car il nñ€ℱy a pas dñ€ℱintermédiaire possible pour la contradiction, tandis quñ€ℱil put y en avoir pour les contraires ; et cñ€ℱest par là évidemment que la contradiction doit ÃÂȘtre distinguée des contraires. Quant à la privation, elle est bien une sorte de contradiction ; car, lorsquñ€ℱun objet ne peut jamais avoir une certaine qualité, ou quĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tant fait naturellement pour lñ€ℱavoir, il ne lñ€ℱa pas, il en est privé, soit dñ€ℱune maniÚre absolue, soit dñ€ℱune certaine maniÚre, qui limite la privation quñ€ℱil subit. Ici aussi, les acceptions du mot Privation sont nombreuses, comme nous lñ€ℱavons démontré ailleurs. Par conséquent, la privation est une contradiction, ou une impuissance, de certaine espÚce déterminée, ou impliquée dans le sujet mÃÂȘme qui la subit. Il nñ€ℱy a donc pas de moyen terme dans la contradiction. Loin de là , il est possible quñ€ℱil y en ait dans certains cas de privation. Ainsi, tout est égal, ou nñ€ℱest pas égal ; mais tout nñ€ℱest pas égal ou inégal, lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©galité ou lñ€ℱinégalité nñ€ℱayant lieu que dans lñ€ℱobjet qui est dñ€ℱabord susceptible dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©galité. Si donc les productions matérielles des choses viennent des contraires, et si elles viennent toujours, soit de lñ€ℱespÚce et de la possession effective de lñ€ℱespÚce, soit dñ€ℱune certaine privation de lñ€ℱespÚce et de la forme, il en résulte évidemment que toute Contrariété est bien une sorte de privation, mais que cependant toute privation nñ€ℱest pas absolument une Contrariété. Cette distinction tient à ce que le mot Privé, appliqué à un objet, peut avoir de nombreuses acceptions. Les termes extrÃÂȘmes dñ€ℱoÃÂč viennent les changements sont des contraires proprement dits ; et cñ€ℱest ce dont on peut sñ€ℱassurer par lñ€ℱinduction. Toute opposition par contraires présente la privation de lñ€ℱun des deux contraires ; mais tous les cas ne sont pas identiques. Ainsi, lñ€ℱinégalité est la privation de lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©galité ; la ressemblance est la privation de la dissemblance, comme le vice est la privation de la vertu. Mais voici la différence, que nous avons déjà signalée. Tel objet est simplement et absolument privé de telle ou telle qualité ; tel autre nñ€ℱen est privé quñ€ℱà un certain moment, et à un certain égard, par exemple, à un certain ùge, ou dans une partie maÃtresse, ou dans toutes les parties. Voilà comment, dans certains cas, il y a des intermédiaires possibles lñ€ℱhomme, par exemple, pouvant nñ€ℱÃÂȘtre, ni bon, ni mauvais ; et comment, dans certains cas, il ne peut pas y avoir aucun intermédiaire par exemple, il faut nécessairement quñ€ℱun nombre soit pair, ou impair. Enfin, il y a aussi des contraires qui ont un sujet déterminé, et dñ€ℱautres qui nñ€ℱen ont pas. En résumé, on voit que toujours lñ€ℱun des deux contraires est énoncé sous forme de privation de lñ€ℱautre. Cela suffit quand il sñ€ℱagit des primitifs et des genres des contraires, tels que sont lñ€ℱunité et la pluralité ; et cñ€ℱest à ceux-là que se ramÚnent définitivement tous les autres. Chapitre 5[modifier] Comme cñ€ℱest toujours un seul contraire qui est opposé à un seul contraire, on peut se demander comment lñ€ℱunité peut ÃÂȘtre opposée à la pluralité, et comment lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©gal est opposé au grand et au petit. Dans une opposition, on énonce toujours laquelle des deux qualités la chose possÚde par exemple, on dit que la chose est blanche, ou noire ; quñ€ℱelle est blanche, ou quñ€ℱelle nñ€ℱest pas blanche. Mais nous ne disons pas que lñ€ℱobjet est un homme, ou quñ€ℱil est blanc, à moins que nous ne le disions dans une hypothÚse particuliÚre, comme, par exemple, quand on demande si Cléon est venu, ou si cñ€ℱest Socrate. Cette derniÚre forme dñ€ℱinterrogation nñ€ℱest nécessaire dans aucun genre dñ€ℱopposition ; mais voici dñ€ℱoÃÂč elle est venue. Il nñ€ℱy a que les opposés qui ne puissent pas coexister ; et cñ€ℱest là ce quñ€ℱon admet aussi dans la forme dñ€ℱexpression quñ€ℱon emploie, quand on demande lequel des deux est venu ; [1056a] car sñ€ℱil se pouvait quñ€ℱils vinssent tous les deux à la fois, la question ne serait que ridicule. Mais si effectivement ils ont pu venir tous deux en mÃÂȘme temps, ou, retombe alors également dans lñ€ℱantithÚse de lñ€ℱunité et de la pluralité, et lñ€ℱon demande par exemple  Sont-ils venus tous les deux ? Ou est-ce un seul des deux qui est venu ? » Ainsi, dans les opposés, il sñ€ℱagit toujours dñ€ℱune alternative quñ€ℱon examine entre deux termes ; mais ce terme cherché peut ÃÂȘtre plus grand, ou plus petit, ou égal. Ceci admis, quelle est la nature de lñ€ℱopposition de lñ€ℱÉgal relativement aux deux termes de plus Grand et de plus Petit ? LĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©gal ne peut pas ÃÂȘtre contraire à lñ€ℱun des deux seulement, et il ne peut pas lñ€ℱÃÂȘtre davantage aux deux à la fois. Pourquoi, en effet, serait-il contraire plutÎt au plus grand, ou plutÎt au plus petit ? Mais, en outre, lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©gal est encore contraire à lñ€ℱinégal ; de telle sorte quñ€ℱil aurait de cette façon plusieurs contraires, au lieu dñ€ℱun seul. Mais si lñ€ℱinégal a le mÃÂȘme sens à la fois par rapport aux deux, cñ€ℱest quñ€ℱil est opposé aussi aux deux. Cette solution alors vient à lñ€ℱappui des philosophes qui prétendent que lñ€ℱinégal est le nombre Deux. Mais il en résulte que, de cette façon, une seule et unique chose serait contraire à deux choses, ce qui est impossible. Dñ€ℱun autre cÎté, on pourrait croire que lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©gal est lñ€ℱintermédiaire du grand et du petit. Mais une contrariété ne peut évidemment jamais ÃÂȘtre un intermédiaire, et il suffit pour sñ€ℱen convaincre de consulter la définition. En effet, la contrariété ne saurait ÃÂȘtre parfaite et finie, si elle est lñ€ℱintermédiaire entre deux choses ; et cñ€ℱest plutÎt elle-mÃÂȘme qui contiendrait un intermédiaire. Reste donc à dire que cette opposition de lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©galité est, ou une négation, ou une privation. Il est clair que cette opposition ne peut avoir lieu relativement à lñ€ℱun des deux seulement ; car pourquoi serait-elle applicable plutÎt au grand quñ€ℱau petit ? Elle est donc la négation privative des deux à la fois. Voilà pourquoi lñ€ℱalternative doit toujours ÃÂȘtre posée pour les deux, et jamais pour lñ€ℱun des deux séparément. Et par exemple, on ne dira pas Lñ€ℱobjet est-il plus grand, ou est-il égal ? Est-il égal, ou est-il plus petit ? Mais il faudra toujours énoncer les trois termes. Toutefois, ce nñ€ℱest pas là une privation absolument nécessaire ; car ce qui nñ€ℱest, ni plus grand, ni plus petit, nñ€ℱest pas toujours égal ; mais cette égalité nñ€ℱa lieu que dans les choses qui sont capables par leur nature dñ€ℱÃÂȘtre grandes ou petites. Ainsi, lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©gal est ce qui nñ€ℱest, ni grand, ni petit, lorsque naturellement il devrait ÃÂȘtre lñ€ℱun ou lñ€ℱautre ; et cñ€ℱest alors quñ€ℱil est opposé aux deux, comme leur négation privative. De là vient aussi quñ€ℱil est bien un intermédiaire, comme ce qui nñ€ℱest, ni bon, ni mauvais, est lñ€ℱintermédiaire du mauvais et du bon ; mais on nñ€ℱa pas créé là de nom spécial. Cñ€ℱest que chacun des deux termes a plusieurs acceptions différentes, et que le sujet qui les reçoit nñ€ℱest pas Un. On dit bien plutÎt alors que le sujet nñ€ℱest, ni blanc, ni noir. MÃÂȘme en ceci, il nñ€ℱy a pas un intermédiaire unique ; mais les couleurs auxquelles sñ€ℱapplique privativement cette négation, sont, à certains égards, déterminées, puisque nécessairement la couleur est brune, jaune, ou de telle autre nuance de ce genre, déterminée précisément. Par conséquent, ce nñ€ℱest pas une objection sérieuse que de dire que, à ce compte, tout pourrait également ÃÂȘtre qualifié dñ€ℱintermédiaire, et quñ€ℱainsi on pourrait soutenir, par exemple, quñ€ℱentre une chaussure et une main, il y a un intermédiaire qui nñ€ℱest, ni main, ni chaussure, de mÃÂȘme que ce qui nñ€ℱest, ni bon, ni mauvais, est lñ€ℱintermédiaire du bien et du mal ; et lñ€ℱon en conclurait que tout peut avoir, de la mÃÂȘme façon, un intermédiaire quelconque. Mais cette conséquence nñ€ℱa rien de nécessaire, puisque la négation simultanée des opposés nñ€ℱa lieu que pour les choses oÃÂč il y a un intermédiaire véritable, et un certain intervalle naturel. [1056b] Or il nñ€ℱy a pas cette différence entre une main et une chaussure ; les deux objets dont on fait ici des négations simultanées, sont dans des genres différents ; et, par suite, ils nñ€ℱont pas un seul et mÃÂȘme sujet. Chapitre 6[modifier] On peut se poser les mÃÂȘmes questions en ce qui concerne lñ€ℱunité et la pluralité ; car si lñ€ℱon admet que la pluralité soit opposée à lñ€ℱunité dñ€ℱune façon absolue, on sñ€ℱexpose à quelques difficultés insurmontables. Alors lñ€ℱunité deviendrait le Peu, ou le petit nombre, puisque la pluralité est opposée aussi au petit nombre. Puis, le nombre Deux deviendrait une pluralité, puisque le double est plusieurs fois lñ€ℱUn ; et que cñ€ℱest là ce qui fait que lñ€ℱon dit que Deux est le double. Ainsi, lñ€ℱunité devient le Peu ; car relativement à quoi, si ce nñ€ℱest relativement à lñ€ℱUn et au Peu, le nombre Deux serait-il une pluralité ? Pourrait-il lñ€ℱÃÂȘtre relativement à autre chose, puisquñ€ℱil nñ€ℱy a rien de plus petit que Un et Deux ? De plus, si le rapport du long et du court, dans les étendues, est le mÃÂȘme que le rapport du Beaucoup et du Peu, dans les nombres, ce qui est Beaucoup est également un grand nombre, de mÃÂȘme quñ€ℱun grand nombre est pareillement du Beaucoup. Si donc on laisse de cÎté la différence que peut présenter un continu indéterminé, on doit dire que le Peu deviendra comme une sorte de pluralité. Par conséquent, lñ€ℱunité deviendrait aussi une pluralité dñ€ℱun certain genre, puisquñ€ℱelle aussi est du Peu. Cñ€ℱest là une conséquence nécessaire, du moment que Deux est considéré comme une pluralité. Mais il se peut fort bien que parfois lñ€ℱon confonde le grand nombre et le Beaucoup, et que parfois aussi on les distingue par exemple, en parlant de lñ€ℱeau, on peut dire quñ€ℱil y en a beaucoup ; mais on ne peut pas dire quñ€ℱelle est en grand nombre. Dans toutes ces choses, quand elles sont divisibles, on dit, en un premier sens, quñ€ℱelles sont Beaucoup, sñ€ℱil y en a une quantité plus considérable, soit absolument parlant, soit dñ€ℱune maniÚre relative ; et de mÃÂȘme, le Peu désigne, dans les mÃÂȘmes conditions une quantité, qui est moindre. Mais en un second sens, le Beaucoup est numérique, et alors le Beaucoup nñ€ℱest jamais opposé quñ€ℱà lñ€ℱunité. Cñ€ℱest que nous établissons entre lñ€ℱunité et la pluralité le mÃÂȘme rapport quñ€ℱon établit entre lñ€ℱunité et les choses Unes, entre le blanc et les choses blanches, les objets mesurés, ou mesurables, et la mesure quñ€ℱon leur applique. De cette mÃÂȘme façon, on peut dire du multiple quñ€ℱil est une pluralité ; car tout nombre quelconque est une pluralité aussi, parce quñ€ℱil est composé dñ€ℱunités ; et que, tout nombre ayant lñ€ℱunité pour mesure, on doit le considérer comme lñ€ℱopposé de lñ€ℱunité, et non pas comme lñ€ℱopposé du Peu. Cñ€ℱest donc encore de la mÃÂȘme maniÚre que Deux est une pluralité ; mais il nñ€ℱest pas pluralité en tant quñ€ℱil serait une quantité supérieure, soit relativement, soit absolument ; seulement Deux est la premiÚre pluralité. Absolument parlant, Deux est Peu, cñ€ℱest à dire un petit nombre, puisque cñ€ℱest la premiÚre pluralité qui est la moindre pluralité possible. Aussi, Anaxagore sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©carte-t-il de la vérité quand il dit que  Toutes choses étaient confondues, infinies en nombre, infinies en petitesse ». Au lieu de dire  Infinies en petitesse », il aurait dû dire ÂEn nombre infiniment petit ;» car alors les choses ne sont pas infinies, puisque le Peu, le petit nombre, ne sñ€ℱentend pas de lñ€ℱunité, comme on lñ€ℱaffirme quelquefois, mais du nombre Deux. Lñ€ℱunité et la pluralité dans les nombres, lñ€ℱunité et la multiplicité, sñ€ℱopposent lñ€ℱun à lñ€ℱautre comme la mesure sñ€ℱoppose à lñ€ℱobjet mesurable ; et leur opposition est comme celle des relatifs, qui ne sont pas des relatifs en soi et essentiellement. Nous avons exposé, ailleurs, que les relatifs peuvent ÃÂȘtre relatifs de deux maniÚres dñ€ℱabord, ils peuvent ÃÂȘtre pris comme contraires ; puis, ils peuvent ÃÂȘtre dans le mÃÂȘme rapport que la science soutient avec lñ€ℱobjet su, cñ€ℱest-à -dire, parce quñ€ℱune autre chose tire son appellation du rapport quñ€ℱelle a avec eux. [1057a] Mais rien ne sñ€ℱoppose à ce que lñ€ℱunité ne soit plus petite que quelque autre chose, par exemple, que le nombre Deux ; car une chose, pour ÃÂȘtre plus petite quñ€ℱune autre, nñ€ℱest pas Peu par cela seul. La multiplicité est comme le genre du nombre, puisque le nombre nñ€ℱest quñ€ℱune multiplicité, dont lñ€ℱunité est la mesure. En un sens, lñ€ℱunité et le nombre sont opposés, non pas à la façon des contraires, mais à la façon que nous venons dñ€ℱexposer pour certains relatifs ; ils sont opposés en tant que lñ€ℱun est la mesure, et que lñ€ℱautre est le mesurable. Cñ€ℱest là ce qui fait que tout ce qui peut ÃÂȘtre Un nñ€ℱest pas nombre pourtant par exemple, sñ€ℱil sñ€ℱagit de quelque chose dñ€ℱindivisible. Toutefois, le rapport de la science à lñ€ℱobjet su, dont on vient de parler, ne répond pas tout à fait à celui de lñ€ℱunité et de la pluralité ; car la science peut sembler une mesure, et lñ€ℱobjet su peut représenter lñ€ℱobjet mesuré. Mais si toute science évidemment est lñ€ℱobjet su, tout objet su nñ€ℱest pas réciproquement la science, attendu que, en un certain sens, la science est mesurée par lñ€ℱobjet su. Mais quant à la pluralité, elle nñ€ℱest pas le contraire de Peu ; car le contraire de Peu, cñ€ℱest Beaucoup, comme une pluralité qui en surpasse une autre, est le contraire de la pluralité surpassée. La pluralité nñ€ℱest pas non plus absolument le contraire de lñ€ℱunité ; seulement, la pluralité sñ€ℱoppose à lñ€ℱunité, ainsi quñ€ℱon lñ€ℱa déjà dit, parce quñ€ℱelle est divisible, tandis que lñ€ℱunité est indivisible ; et la pluralité est le relatif de lñ€ℱunité, comme la science est le relatif de lñ€ℱobjet su, quand on la considÚre comme un nombre ; mais cñ€ℱest lñ€ℱobjet su qui est lñ€ℱunité et la mesure. Chapitre 7[modifier] Comme il peut y avoir un intermédiaire entre les contraires, et quñ€ℱil y en a réellement pour quelques-uns, il faut nécessairement que les intermédiaires viennent des contraires, puisque, toujours, les intermédiaires et les choses dont ils sont les intermédiaires sont dans le mÃÂȘme genre. Par intermédiaires, nous entendons toutes les modifications par lesquelles doit, de toute nécessité, passer dñ€ℱabord le changement de ce qui change. Ainsi, par exemple, quand on veut monter de la note la plus basse à la plus haute, quelque peu de temps quñ€ℱon y mette, il faut passer dñ€ℱabord par les sons intermédiaires. Il en est de mÃÂȘme sñ€ℱil sñ€ℱagit des couleurs, ou, pour aller du blanc au noir, il faut préalablement passer par le rouge brun et le gris, avant dñ€ℱarriver au noir. MÃÂȘme observation pour tous les autres intermédiaires. On ne pourrait pas, dñ€ℱailleurs, changer dñ€ℱun genre à un autre, si ce nñ€ℱest dñ€ℱune maniÚre indirecte ; et, par exemple, changer du genre de la couleur au genre de la figure. Il sñ€ℱensuit quñ€ℱil faut que les intermédiaires soient dans le mÃÂȘme genre les uns que les autres, et dans le mÃÂȘme genre que les choses dont ils sont les intermédiaires. Ceci nñ€ℱempÃÂȘche pas que les intermédiaires ne soient toujours intermédiaires entre certains termes opposés ; car cñ€ℱest seulement entre des opposés que le changement, pris en soi, peut avoir lieu. Il nñ€ℱest donc pas possible quñ€ℱil y ait des intermédiaires sñ€ℱil nñ€ℱy a pas dñ€ℱopposés, puisquñ€ℱalors il y aurait un changement qui ne viendrait pas dñ€ℱopposés. Or, parmi les opposés, la contradiction nñ€ℱa pas dñ€ℱintermédiaires possibles ; car la contradiction nñ€ℱest pas autre chose quñ€ℱune antithÚse, ou opposition, dont lñ€ℱune des deux parties sñ€ℱapplique nécessairement à lñ€ℱobjet quelconque dont il sñ€ℱagit, sans quñ€ℱil y ait aucun intermédiaire possible entre les deux, puisque lñ€ℱune dit Oui, et que lñ€ℱautre dit Non. Quant aux autres Opposés, ce sont, ou les relatifs, ou les privatifs, ou les contraires. Les relatifs, quand ils ne sont pas des contraires entre eux, nñ€ℱont pas dñ€ℱintermédiaires non plus ; et le motif, cñ€ℱest quñ€ℱils ne sont pas alors dans le mÃÂȘme genre. [1057b] En effet, quel intermédiaire pourrait-on découvrir entre la science et lñ€ℱobjet su ? Mais il y a des intermédiaires entre le grand et le petit. Que si les Intermédiaires sont dans un seul et mÃÂȘme genre, comme nous lñ€ℱavons établi, et sñ€ℱils sont placés entre des contraires, il faut nécessairement aussi quñ€ℱils soient composés de ces mÃÂȘmes contraires. En effet, ou les contraires relÚveront dñ€ℱun genre supérieur, ou il nñ€ℱy a pas de genre au-dessus dñ€ℱeux. Sñ€ℱil existe un genre qui soit tel quñ€ℱil y ait quelque chose dñ€ℱantérieur aux contraires, les différences contraires antérieures seront celles qui auront formé les contraires comme espÚces du genre, puisque les espÚces viennent du genre et des différences. Supposons, par exemple, que les contraires soient le blanc et le noir. Le blanc est la couleur qui fait discerner les objets ; le noir est celle qui les fait confondre ; donc ces différences, de faire discerner ou de faire confondre les objets, seront les premiÚres de toutes ; et ce seront là aussi les premiers de tous les contraires, opposés les uns aux autres. Dñ€ℱailleurs, les contraires qui diffÚrent ainsi entre eux, sont les plus contraires de tous. Quant aux autres contraires et aux intermédiaires, ils se composeront du genre et des différences. Ainsi, pour reprendre lñ€ℱexemple des couleurs, toutes celles qui sont intermédiaires entre le blanc et le noir, doivent tirer leur appellation du genre, qui est ici le genre Couleur, et de certaines différences. Mais ces nouvelles différences ne seront pas les premiers contraires. Autrement, chaque couleur intermédiaire ne serait que, ou blanche, ou noire. Donc, ces différences sont autres ; et elles seront intermédiaires entre les premiers contraires. Or, ici les premiÚres différences sont, ou la propriété de faire discerner les objets, ou la propriété de les faire confondre. Ainsi, il faut rechercher, entre ces premiers contraires, qui ne sont pas contraires en genre, de quel genre est celui dñ€ℱentre eux dñ€ℱoÃÂč viennent leurs intermédiaires. Cñ€ℱest que, en effet, il faut nécessairement que les choses comprises dans le mÃÂȘme genre, soient formées de parties qui ne peuvent se composer génériquement des contraires, ou quñ€ℱelles ne puissent elles-mÃÂȘmes en ÃÂȘtre composées. Or, les contraires ne peuvent jamais se composer les uns des autres réciproquement ; et, cñ€ℱest là ce qui en fait des principes. Quant aux intermédiaires, ou ils sont tous hors dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tat de se composer les uns des autres, ou ils peuvent tous sñ€ℱen composer. Mais il peut sortir des contraires quelque élément nouveau ; et, par conséquent, le changement passera par ce quelque chose dñ€ℱintermédiaire, avant dñ€ℱarriver aux contraires. Ce quelque chose tiendra plus ou moins de lñ€ℱun des deux contraires quelconque ; et cñ€ℱest là ce qui eu fera aussi lñ€ℱintermédiaire obligé de ces contraires. Donc, tous les intermédiaires subséquents seront composés des contraires aussi ; car ce qui est plus lñ€ℱun, ce qui est moins lñ€ℱautre, doit ÃÂȘtre composé jusquñ€ℱà certain point des éléments mÃÂȘmes dont on dit quñ€ℱil participe plus on moins. En résumé, comme, dans un mÃÂȘme genre, il nñ€ℱy a point de termes qui puissent ÃÂȘtre antérieurs aux contraires, il en résulte que toujours les intermédiaires doivent provenir des contraires. Par conséquent, tous les termes inférieurs, les contraires aussi bien que les intermédiaires, descendent des contraires primordiaux. Donc, on doit voir que les intermédiaires sont toujours dans le mÃÂȘme genre, quñ€ℱils sont des intermédiaires de contraires, et que tous ils sont composés des contraires sans exception. Chapitre 8[modifier] Lñ€ℱÃÂȘtre qui est autre en espÚce lñ€ℱest relativement à un certain ÃÂȘtre, dans une certaine relation ; et cette relation doit ÃÂȘtre commune aux deux ÃÂȘtres comparés. Par exemple, sñ€ℱil sñ€ℱagit dñ€ℱun animal qui soit autre en espÚce, il faut que les deux ÃÂȘtres soient des animaux. Ainsi, il y a nécessité que les ÃÂȘtres qui diffÚrent en espÚce soient dans le mÃÂȘme genre. Ce que je nomme Genre est précisément ce qui fait quñ€ℱon appelle dñ€ℱun nom identique les deux ÃÂȘtres que lñ€ℱon compare cñ€ℱest ce qui reçoit la différence essentiellement et non par accident, [1058a] soit quñ€ℱon le considÚre comme matiÚre, soit quñ€ℱon le considÚre de toute autre façon. Dñ€ℱailleurs, il ne faut pas seulement que le caractÚre commun se retrouve dans les deux ÃÂȘtres, et que, par exemple, ils soient tous deux des animaux ; il faut en outre, que, dans chacun dñ€ℱeux, ce mÃÂȘme animal, tout en restant ce quñ€ℱil est, soit autre ; par exemple, dñ€ℱune part le cheval, et dñ€ℱautre part, lñ€ℱhomme. Cñ€ℱest grùce à cette qualité commune que les deux ÃÂȘtres différeront lñ€ℱun de lñ€ℱautre, sous le rapport de lñ€ℱespÚce ; pris en soi, lñ€ℱun sera tel animal, et lñ€ℱautre, tel animal aussi ; et je le répÚte, dñ€ℱun cÎté le cheval, de lñ€ℱautre cÎté lñ€ℱhomme. Ce sera donc nécessairement cette différence qui constituera la variété autre du genre ; et je donne à cette différence du genre le nom de Variété, parce que cñ€ℱest elle qui fait que ce mÃÂȘme genre varie et quñ€ℱil est autre. Cette différence est donc une contrariété, une opposition par contraires ; et lñ€ℱon peut sñ€ℱen convaincre au moyen de lñ€ℱinduction. Toutes les choses, en effet, se divisent en des termes opposés ; et il a été également démontré que les contraires sont dans le mÃÂȘme genre, puisque nous avons dit que la contrariété est !a différence parfaite et finie. Or, la différence spécifique est toujours la relation dñ€ℱune chose à une autre, de telle sorte que cette mÃÂȘme relation de différence et le genre se retrouvent dans les deux ÃÂȘtres. De là vient que les contraires sont toujours dans la mÃÂȘme classe de catégorie, parce que, différents en espÚce, mais non en genre, ils sont éloignés le plus possible lñ€ℱun de lñ€ℱautre ; leur différence est parfaite, et elle ne peut appartenir simultanément à lñ€ℱun et à lñ€ℱautre. Donc, la différence est une contrariété ; car ÃÂȘtre autre en espÚce veut dire simplement que des espÚces individuelles, qui sont dans le mÃÂȘme genre, sont à titre de contraires opposées entre elles, Mais lñ€ℱon dit que deux ÃÂȘtres sont dñ€ℱespÚce identique, lorsque, pris individuellement, ils nñ€ℱont pas entre eux dñ€ℱopposition à titre de contraires. En effet, les oppositions par contraires se produisent dans la division et dans les intermédiaires, avant dñ€ℱen arriver aux individus. Par suite, il est évident que, relativement à ce quñ€ℱon appelle le genre, aucune des espÚces qui conviennent en genre, ne peuvent, ni lui ÃÂȘtre identiques, ni différer de lui spécifiquement. La matiÚre, en effet, est exprimée par la négation ; mais le genre est la matiÚre de la chose dont on dit quñ€ℱil est le genre, non pas genre au sens de race, comme on le dit en parlant des Héraclides, mais comme ce qui fait partie de la nature de la chose. Il ne peut non plus y avoir, ni identité, ni différence dñ€ℱespÚce, pour les choses qui ne sont pas dans le mÃÂȘme genre ; elles sont alors dans un genre différent. Or ce sont les choses de genre identique qui peuvent différer en espÚce ; car il faut nécessairement que la différence soit une contrariété relativement à ce qui diffÚre dñ€ℱespÚce ; et cette différence ne se trouve jamais que dans les choses comprises sous le mÃÂȘme genre. Chapitre 9[modifier] On pourrait se demander comment il se fait que la femme ne diffÚre pas spécifiquement de lñ€ℱhomme, bien que cependant le féminin et le masculin soient contraires, et que la différence ici soit une contrariété. On peut aussi se demander, dñ€ℱune maniÚre générale, pourquoi, dans les animaux, le mùle et la femelle ne sont pas différents dñ€ℱespÚce, quoique cette différence de sexe soit essentielle dans lñ€ℱanimal, et quñ€ℱelle nñ€ℱy soit pas accidentelle, comme la couleur noire ou blanche, mais que ce soit en tant quñ€ℱanimal que lñ€ℱanimal est mùle ou femelle. Cette question revient à peu prÚs à celle-ci Comment se fait-il que telle contrariété produise pour les ÃÂȘtres une différence dñ€ℱespÚce, et que telle autre contrariété nñ€ℱen produise pas ? Ainsi, lñ€ℱanimal qui marche sur terre, et lñ€ℱanimal qui vole, sont autres en espÚce, tandis que la couleur blanche ou noire ne constitue pas une espÚce différente. Cela vient-il de ce que, dans un cas, il sñ€ℱagit des modifications propres du genre, tandis que, dans lñ€ℱautre cas, ces modifications y sont beaucoup moins intéressées ? Puis, comme il faut distinguer, dñ€ℱune part, la définition de la chose, et dñ€ℱautre part, sa matiÚre, [1058b] ne pourrait-on pas dire que les contrariétés qui sont comprises dans la définition, produisent une différence dñ€ℱespÚce, et que celles qui ne sont comprises que dans lñ€ℱensemble matériel, nñ€ℱen produisent pas ? Aussi, la couleur blanche, ou la couleur noire, de lñ€ℱhomme ne produit-elle pas une différence spécifique ; et il nñ€ℱy attrait pas de différence dñ€ℱespÚce de lñ€ℱhomme blanc à lñ€ℱhomme noir, quand bien mÃÂȘme on donnerait à chacun dñ€ℱeux un nom séparé. En effet, la matiÚre ici, cñ€ℱest lñ€ℱhomme ; mais la matiÚre ne produit pas de différence ; car les hommes individuels ne sont pas des espÚces de lñ€ℱhomme. Cñ€ℱest que les chairs et les os qui forment tel ou tel individu ont beau ÃÂȘtre différents, le composé est autre sans doute, mais ce nñ€ℱest pas en espÚce quñ€ℱil est autre, attendu que, dans la définition des individus, il nñ€ℱy a point de contrariété ; cñ€ℱest seulement un autre individu. Le nom de Callias est lñ€ℱappellation attribuée à la matiÚre ; et si lñ€ℱon dit de lñ€ℱhomme quñ€ℱil est blanc, cñ€ℱest parce que Callias est blanc. Donc lñ€ℱhomme nñ€ℱest blanc quñ€ℱaccidentellement. De mÃÂȘme encore, un cercle en airain et un triangle en bois, non plus quñ€ℱun triangle en airain et un cercle en bois, ne diffÚrent pas dñ€ℱespÚce à cause de leur matiÚre ; mais ils diffÚrent entre eux, parce quñ€ℱil y a une contrariété dans leur définition essentielle. Mais nñ€ℱest-ce pas la matiÚre, qui, à certains égards étant autre, tantÎt ne fait pas que les ÃÂȘtres aussi soient autres en espÚce, et qui tantÎt le fait ? Pourquoi tel cheval est-il dñ€ℱune espÚce différente que tel homme ? Cependant, de part et dñ€ℱautre, la matiÚre est également comprise dans les définitions de ces ÃÂȘtres. Est-ce parce quñ€ℱil y a contrariété dans leur définition ? Car il est bien vrai quñ€ℱil y a une contrariété entre lñ€ℱhomme blanc et le cheval noir. Mais la véritable contrariété est dans lñ€ℱespÚce de tous deux, et non pas parce que lñ€ℱun est blanc et que lñ€ℱautre est noir ; car, fussent-ils blancs lñ€ℱun et lñ€ℱautre, ils nñ€ℱen seraient pas moins certainement dñ€ℱespÚce différente. Quant au sexe, mùle ou femelle, ce sont là des affections propres de lñ€ℱanimal ; mais ces affections ne touchent pas lñ€ℱessence ; elles ne sont que dans la matiÚre et dans le corps. Le mÃÂȘme germe produit les deux sexes ; et cñ€ℱest une simple modification qui, de tel ÃÂȘtre, fait un mùle, et de tel autre, une femelle. En résumé, nous avons exposé ce que cñ€ℱest quñ€ℱÃÂȘtre dñ€ℱune autre espÚce, et comment tels ÃÂȘtres diffÚrent dñ€ℱespÚce, et comment tels autres ÃÂȘtres ne présentent pas cette différence. Chapitre 10[modifier] Comme les contraires sont autres en espÚce, et comme le périssable et lñ€ℱimpérissable sont des contraires, puisque la privation est une impuissance définie, il faut nécessairement que le périssable et lñ€ℱimpérissable soient de genres différents. Nous ne les avons considérés jusquñ€ℱà présent que comme des appellations universelles ; et dÚs lors, il pourrait sembler que ce nñ€ℱest pas une nécessité que tout impérissable et que tout périssable soient spécifiquement autres, pas plus quñ€ℱil nñ€ℱest nécessaire que le blanc et le noir soient dñ€ℱespÚces différentes. Le mÃÂȘme ÃÂȘtre, en effet, peut à la fois ÃÂȘtre fun et lñ€ℱautre, tant quñ€ℱil sñ€ℱagit de termes universels ; et, par exemple, lñ€ℱhomme peut ÃÂȘtre tout ensemble blanc et noir ; et mÃÂȘme pour ce qui concerne les individus, un seul et mÃÂȘme homme peut ÃÂȘtre, mais non pas à la fois, noir et blanc. Le blanc et le noir nñ€ℱen sont pas moins contraires lñ€ℱun à lñ€ℱautre. Or, parmi les contraires, les uns nñ€ℱappartiennent quñ€ℱaccidentellement à certains ÃÂȘtres, comme les contraires dont nous venons de parler, et bon nombre dñ€ℱautres. Mais il en est dñ€ℱautres aussi qui ne peuvent pas ÃÂȘtre de simples accidents ; et cñ€ℱest de ceux-là que font partie le périssable et lñ€ℱimpérissable. [1059a] Rien, en effet, nñ€ℱest périssable par simple accident, attendu que lñ€ℱaccident peut également ÃÂȘtre, ou ne pas ÃÂȘtre, tandis que la qualité de périssable est un attribut absolument nécessaire de toutes les choses auxquelles cette qualité est attribuée. Autrement, le mÃÂȘme ÃÂȘtre serait périssable et impérissable, si le périssable peut aussi ne pas lui ÃÂȘtre attribué. Ainsi, le périssable, dans chacun des ÃÂȘtres qui doivent périr, est lñ€ℱessence de ces ÃÂȘtres, ou fait nécessairement partie de leur essence. MÃÂȘme raisonnement pour lñ€ℱimpérissable. Lñ€ℱun et lñ€ℱautre sont des nécessités au mÃÂȘme titre ; et par suite, en tant que primitifs, le périssable et lñ€ℱimpérissable offrent lñ€ℱantithÚse quñ€ℱon signale entre eux. Il faut donc absolument quñ€ℱils soient de genres différents. Une conséquence non moins claire de ceci, cñ€ℱest quñ€ℱil nñ€ℱest pas possible dñ€ℱadmettre les idées, ou espÚces, au sens oÃÂč les admettent quelques philosophes ; car alors, dñ€ℱune part, lñ€ℱhomme serait périssable, et de lñ€ℱautre, lñ€ℱhomme serait impérissable. Pourtant, on soutient que les Idées, ou espÚces, sont spécifiquement identiques aux individus, et quñ€ℱelles ne sont pas simplement homonymes avec eux. Mais la différence de genre sépare les ÃÂȘtres plus que la différence dñ€ℱespÚce. Livre 11 Chapitre 1[modifier] Que la philosophie soit précisément la science des principes, cñ€ℱest une vérité qui ressort de ce que nous avons dit, en discutant les théories relatives aux principes que dñ€ℱautres philosophes ont exposées. Mais on peut se demander si la philosophie est une science unique, ou si plutÎt elle ne se forme pas de plusieurs sciences. Si elle ne forme quñ€ℱune seule science, on doit se rappeler quñ€ℱil nñ€ℱy a jamais quñ€ℱune seule et unique science pour les contraires. Or, les principes ne sont pas contraires entre eux. Dñ€ℱun autre cÎté, si la philosophie ne forme pas une seule et unique science, quelles sont les sciences dont elle se compose ? Une autre question, cñ€ℱest de savoir si cñ€ℱest à une seule science, ou à plusieurs sciences, quñ€ℱil appartient dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tudier les principes de la démonstration. Si cñ€ℱest lñ€ℱaffaire dñ€ℱune seule et mÃÂȘme science, pourquoi celle-ci plutÎt que toute autre ? Si cñ€ℱest le fait de plusieurs, quelles sont ces sciences diverses ? Autre question encore Cette unique science sñ€ℱadresse-t-elle à toutes les substances, ou ne sñ€ℱy adresse-t-elle pas ? Si ce nñ€ℱest pas à toutes quñ€ℱelle sñ€ℱadresse, il est bien difficile de déterminer celles auxquelles elle sñ€ℱadresse particuliÚrement. Dñ€ℱautre part, si, étant unique, elle sñ€ℱapplique à toutes les substances, on a peine à comprendre comment une seule et mÃÂȘme science pourrait sñ€ℱappliquer à des substances si multiples. En outre, on peut se demander si cette science se borne aux substances mÃÂȘmes, ou si elle sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tend jusquñ€ℱà leurs accidents ; car, sñ€ℱil y a démonstration pour les accidents, il nñ€ℱy en a pas pour les substances. Sñ€ℱil y a là deux sciences différentes, quñ€ℱest-ce que chacune dñ€ℱelles ? Et laquelle des deux est la philosophie ? La philosophie démonstrative est celle qui sñ€ℱoccupe des accidents, tandis que la philosophie des principes sñ€ℱoccupe des substances. Mais ce nñ€ℱest pas non plus, sur les causes énumérées par nous dans la Physique, que devra porter la science que nous cherchons ici. Ainsi, elle ne considÚre pas le pourquoi des choses. Ce pourquoi, cñ€ℱest le bien ; et on ne trouve manifestement le bien que dans les choses pratiques, et dans les ÃÂȘtres doués de mouvement. Cñ€ℱest le bien qui est le premier moteur. Cñ€ℱest ainsi précisément quñ€ℱagit la fin ; et le premier moteur ne peut pas se rencontrer dans les immobiles. En un mot, il sñ€ℱagit de voir si la science que nous cherchons sñ€ℱapplique, ou ne sñ€ℱapplique pas, aux substances sensibles, et à quelles autres elle pourrait sñ€ℱappliquer. [1059b] Si cñ€ℱest à dñ€ℱautres substances quñ€ℱelle sñ€ℱapplique, ce ne peut ÃÂȘtre quñ€ℱà des Idées, ou à des ÃÂȘtres mathématiques. Mais il est de toute évidence que les Idées nñ€ℱexistent point ; et si, par hasard, on veut en admettre lñ€ℱexistence, on nñ€ℱen a pas moins à rechercher comment il nñ€ℱen est pas des autres choses, pour lesquelles il y a des Idées, comme il en est pour les entités mathématiques. Je veux dire que lñ€ℱon place les ÃÂȘtres mathématiques entre les Idées et les choses sensibles, et quñ€ℱon en fait une sorte de troisiÚme ordre dñ€ℱÃÂȘtres, entre les Idées et les choses qui frappent ici-bas nos sens. Mais le troisiÚme homme nñ€ℱexiste pas ; le troisiÚme cheval nñ€ℱexiste pas, outre lñ€ℱIdée du cheval en soi et outre les individus chevaux que nous voyons. Mais sñ€ℱil nñ€ℱen est pas à cet égard ainsi quñ€ℱon le prétend, à quel objet sñ€ℱadressent alors les études du mathématicien ? Certes ce nñ€ℱest pas aux choses sensibles ; car aucune des choses perceptibles à nos sens nñ€ℱest comme celles dont sñ€ℱoccupent les sciences mathématiques. On ne peut pas dire davantage que la science cherchée par nous sñ€ℱoccupe des ÃÂȘtres mathématiques, puisque pas un de ces ÃÂȘtres nñ€ℱest isolé de la matiÚre. Mais elle ne sñ€ℱoccupe pas non plus des substances sensibles, puisquñ€ℱelles sont périssables. Dñ€ℱune maniÚre générale, on peut se demander à quelle science il appartient de rechercher quelle est la matiÚre des choses mathématiques. Ce nñ€ℱest pas à la Physique, puisque toutes les recherches du Physicien se bornent à étudier les ÃÂȘtres qui ont en eux le principe de leur mouvement, ou de leur inertie. Ce nñ€ℱest pas davantage lñ€ℱobjet de la science qui étudie la démonstration et la théorie de la science, puisque ce sont là exclusivement les matiÚres dont elle sñ€ℱoccupe. Reste donc que ce soit la philosophie telle que nous lñ€ℱentendons, qui étudie la matiÚre des Mathématiques. Une question quñ€ℱon peut également soulever, cñ€ℱest de savoir si la science ici cherchée, en sñ€ℱoccupant des principes, sñ€ℱoccupe aussi de ce que quelques philosophes appellent les éléments ; et tous les philosophes admettent que les éléments se trouvent dans les composés quñ€ℱils forment. Ce qui paraÃt le plus probable, cñ€ℱest que notre science est la science des universaux ; car toute définition, toute science, repose sur des termes universaux, et ne descend pas jusquñ€ℱaux termes derniers. A ce point de vue, notre science sñ€ℱappliquerait donc aux genres primordiaux. Or, ces genres ce sont lñ€ℱÃƠtre et lñ€ℱUn. Cñ€ℱest que, en effet, ce sont ces deux genres primordiaux quñ€ℱon peut surtout regarder comme embrassant tous les ÃÂȘtres, et comme représentant surtout des principes, puisque, par leur nature, ils sont les primitifs. Eux une fois détruits, tout le reste disparaÃt en mÃÂȘme temps quñ€ℱeux, puisque tout, sans exception, est ÃƠtre et est Un. Mais si lñ€ℱon en fait des genres, il y a nécessité que les différences doivent en participer aussi ; or, il nñ€ℱest pas de différence qui puisse participer du genre ; et, considérés de cette façon, lñ€ℱÃƠtre et lñ€ℱUn ne peuvent plus du tout passer pour des genres, ni pour des principes. Ajoutez que ce qui est plus simple est plus principe que ce qui est moins simple ; et les derniers termes, dans chaque genre, sont plus simples que les genres mÃÂȘmes, attendu que ces termes derniers sont des individus, et que les genres se divisent toujours en espÚces multiples et différentes. Il semblerait donc que les espÚces sont des principes plutÎt que les genres. Mais, en tant que les espÚces disparaissent à la suite des genres, ce sont les genres qui devraient plutÎt ÃÂȘtre considérés comme des principes ; car on doit regarder comme principe ce qui entraÃne avec soi la perte de tout le reste. [1060a] Voilà les questions quñ€ℱon peut se poser, sans en compter encore bien dñ€ℱautres, qui sont analogues à celles-là . Chapitre 2[modifier] Une question quñ€ℱon doit agiter aussi, cñ€ℱest de savoir sñ€ℱil y a, ou sñ€ℱil nñ€ℱy a pas, dñ€ℱautres ÃÂȘtres que les individus, et si cñ€ℱest des individus que sñ€ℱoccupe la science que nous cherchons ici. Mais les individus sont en nombre infini. En dehors dñ€ℱeux, il nñ€ℱy a plus que les genres et les espÚces. Or, les espÚces et les genres ne constituent, ni les uns, ni les autres, la science que nous demandons ; et nous avons déjà dit pourquoi il est impossible quñ€ℱils soient lñ€ℱobjet de cette science. Cñ€ℱest que, en effet, nous avons à nous demander si, à cÎté et en dehors des substances que nous révÚlent nos sens, il existe une substance isolée de toutes celles que nous voyons ; ou bien, si ce ne sont pas plutÎt les substances sensibles qui sont seules des réalités, et les objets de la philosophie. Nous semblons bien, en effet, chercher une autre substance que les choses sensibles ; et le but que nous nous proposons, cñ€ℱest de voir sñ€ℱil nñ€ℱexiste pas quelque chose qui soit essentiellement séparé des choses sensibles, et nñ€ℱappartienne à aucune dñ€ℱelles. Mais si, à cÎté des substances perceptibles à nos sens, il existe quelque substance différente de celles-là , il reste à savoir en dehors de quelles substances sensibles il faut la placer. Pourquoi, par exemple, faudrait-il la supposer en dehors des hommes plutÎt quñ€ℱen dehors des chevaux, ou de tels autres animaux, ou mÃÂȘme en dehors de telles choses sans vie ? Certes, admettre quñ€ℱà cÎté des substances sensibles et périssables, il y ait dñ€ℱautres substances, qui sont en nombre égal et qui sont éternelles, cñ€ℱest tomber dans une erreur qui brave toute raison. Mais si, dñ€ℱautre part, le principe que nous cherchons à cette heure nñ€ℱest pas isolé des corps, quel autre principe mériterait dñ€ℱÃÂȘtre adopté mieux que la matiÚre ? La matiÚre, en effet, nñ€ℱexiste pas en acte ; elle nñ€ℱexiste quñ€ℱen puissance. Il est bien vrai aussi que lñ€ℱespÚce et la forme sembleraient ÃÂȘtre un principe plus particuliÚrement encore que la matiÚre ; mais lñ€ℱespÚce et la forme peuvent périr. Donc, il semblerait quñ€ℱil ne se peut pas absolument quñ€ℱil y ait une substance éternelle qui soit isolée, et qui existe en soi. Mais cñ€ℱest une impossibilité quñ€ℱil nñ€ℱy en ait pas ; car tout le monde, y compris mÃÂȘme les philosophes les plus distingués, admet quñ€ℱil y a un principe et une substance de ce genre. Et comment y aurait-il un ordre quelconque dans les choses, sñ€ℱil nñ€ℱy avait pas quelque chose dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©ternel, de séparé et de permanent ? Dñ€ℱun autre cÎté, sñ€ℱil existe une substance et un principe qui ait la nature que nous signalons ici, et que ce principe unique sñ€ℱapplique à tout, aux choses périssables aussi bien quñ€ℱaux choses éternelles, il sñ€ℱagit de comprendre comment, ce principe universel, étant identique pour tout, il se peut que, parmi les choses placées sous le mÃÂȘme principe, les unes soient éternelles et les autres ne le soient pas. Cñ€ℱest là quelque chose dñ€ℱincompréhensible. Mais sñ€ℱil y a un principe différent pour les choses périssables, et un principe différent pour les choses éternelles, nous pouvons nous demander, avec un égal embarras, si le principe des ÃÂȘtres périssables est éternel comme lñ€ℱautre. Comment, en effet, le principe mÃÂȘme nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tant pas éternel, les ÃÂȘtres qui relÚvent de ce principe pourraient-ils ÃÂȘtre éternels ? Si le principe est périssable, il y a dÚs lors un autre principe, puis un troisiÚme aprÚs ce second, et ainsi de suite à lñ€ℱinfini. Dñ€ℱun autre cÎté, si lñ€ℱon admet pour principes ceux qui semblent ÃÂȘtre plus particuliÚrement des principes immobiles, je veux dire lñ€ℱUn et lñ€ℱÃƠtre, on peut se demander dñ€ℱabord [1060b] comment, si chacun dñ€ℱeux nñ€ℱest pas un ÃÂȘtre déterminé et une substance, ces principes pourront ÃÂȘtre séparés et exister en soi. Or, ce sont précisément des principes de ce genre, éternels et premiers, que nous cherchons. Mais si lñ€ℱUn et lñ€ℱÃƠtre expriment tous les deux quelque individualité et une substance, alors tous les ÃÂȘtres sans exception sont des substances, puisque lñ€ℱÃƠtre est un attribut de tous, et que lñ€ℱUn est lñ€ℱattribut dñ€ℱun certain nombre. Mais prétendre que tous les ÃÂȘtres sont des substances, cñ€ℱest une erreur. Dñ€ℱautre part, quand on prend lñ€ℱunité pour le premier principe, qui est alors une substance, et quand, de lñ€ℱunité et de la matiÚre, on fait dñ€ℱabord sortir le nombre, auquel on accorde dñ€ℱÃÂȘtre la substance des choses, comment peut-on sñ€ℱimaginer que cette théorie soit vraie ? Comment concevoir que lñ€ℱunité soit dans la Dyade, et dans chacun des nombres composés ? Sur ce point difficile, on se tait ; et il faut convenir quñ€ℱil nñ€ℱest pas aisé dñ€ℱen dire quelque chose. Que si lñ€ℱon prend pour principes les lignes et ce qui dérive des lignes, je veux dire les surfaces les plus simples quñ€ℱelles forment, on sñ€ℱexpose à cette objection, que les lignes ne sont pas des substances isolées, que ce sont des sections et des divisions, les lignes étant des divisions de surfaces, les surfaces des divisions de corps, comme les points sont des divisions de lignes ; ce sont en outre des limites de toutes ces mÃÂȘmes choses, corps, surfaces, etc. Mais tout cela est dans dñ€ℱautres ÃÂȘtres, et il nñ€ℱy a jamais là de substances séparées. Et puis, comment concevoir lñ€ℱunité et le point à lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tat de substances ? Pour toute substance, il y a génération et devenir ; pour le point, il nñ€ℱy en a pas, puisque le point nñ€ℱest quñ€ℱune division. Une autre cause de doute, cñ€ℱest que toujours la science sñ€ℱappuie sur des universaux et sur telle qualité précise, tandis que la substance nñ€ℱest pas un universel, et quñ€ℱelle est bien plutÎt quelque chose dñ€ℱindividuel et de séparé. Par conséquent, sñ€ℱil est vrai que la science sñ€ℱapplique aux principes, comment le principe peut-il ÃÂȘtre substance ? On peut demander encore Existe-t-il, ou nñ€ℱexiste-t-il pas, quelque chose en dehors de lñ€ℱensemble du composé matériel ? Par Ensemble, jñ€ℱentends la matiÚre et ce qui lñ€ℱaccompagne. Sñ€ℱil nñ€ℱy arien en dehors de lñ€ℱensemble, alors tous les ÃÂȘtres qui sont matériels sont destinés à périr ; et sñ€ℱil y a quelque chose qui subsiste, ce ne peut ÃÂȘtre que lñ€ℱespÚce et la forme. Pour quels ÃÂȘtres cette séparation est-elle possible, pour quels ÃÂȘtres ne lñ€ℱest-elle pas, cñ€ℱest ce quñ€ℱil est bien difficile de déterminer ; car il y a des choses oÃÂč manifestement la forme ne peut pas ÃÂȘtre séparée par exemple, sñ€ℱil sñ€ℱagit de la forme dñ€ℱune maison. Autre question encore Les principes sont-ils les mÃÂȘmes en espÚce et en nombre ? Sñ€ℱils se réduisent à un seul en nombre, alors tous les ÃÂȘtres sont identiques entre eux. Chapitre 3[modifier] La science quĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tudie le philosophe est donc la science de lñ€ℱÃƠtre en tant quñ€ℱÃƠtre, de lñ€ℱÃƠtre entendu dans toute sa généralité, et non pas partiellement. Or, le mot dñ€ℱÃƠtre a bien des sens divers, et il ne se prend pas en une seule acception. Si cñ€ℱest une simple homonymie, et sñ€ℱil nñ€ℱy a point quelque qualité commune, alors lñ€ℱÃƠtre ne peut se ranger sous une seule et mÃÂȘme notion scientifique ; car il nñ€ℱy a point, dans ce cas, de genre unique pour des ÃÂȘtres ainsi rapprochés ; mais ils sont lñ€ℱobjet dñ€ℱune seule et mÃÂȘme science, si lñ€ℱappellation dñ€ℱÃƠtre sñ€ℱapplique à quelque chose de commun. Il en est, ce semble, des acceptions diverses du mot ÃƠtre comme de celles des mots Médical et Hygiénique. Chacun de ces termes a des nuances trÚs diverses. [1061a] Tous deux on les emploie, tantÎt pour exprimer quelque chose qui est relatif à la médecine ou à lñ€ℱhygiÚne, tantÎt pour un autre point de vue, Mais chacun dñ€ℱeux se rapporte toujours à la mÃÂȘme chose. Ainsi, lñ€ℱon dit dñ€ℱun argument quñ€ℱil est médical, comme on le dit dñ€ℱun bistouri, parce que lñ€ℱun est tiré de la science de la médecine, et que lñ€ℱautre lui est utile. MÃÂȘme remarque sur le mot dñ€ℱHygiénique, qui signifie, tantÎt ce qui manifeste la santé, tantÎt ce qui la procure. Il en est aussi de mÃÂȘme pour tous les autres mots ; et le mot dñ€ℱÃƠtre sñ€ℱapplique également à tout, avec les nuances quñ€ℱon vient dñ€ℱindiquer. Ainsi, il suffit quñ€ℱune chose quelconque soit une affection, une qualité, une disposition, un mouvement, ou tout autre attribut analogue, de lñ€ℱÃƠtre en tant quñ€ℱÃƠtre, pour quñ€ℱon dise do cette chose quñ€ℱelle Est, et pour quñ€ℱon lñ€ℱappelle ÃƠtre. De mÃÂȘme que, pour toutes ces espÚces dñ€ℱÃƠtre, les dénominations diverses peuvent se ramener à une seule acception commune, de mÃÂȘme toutes les contrariétés se ramÚneront aux différences primordiales et aux oppositions de lñ€ℱÃƠtre, soit quñ€ℱon prenne le nombre et lñ€ℱunité, soit quñ€ℱon prenne la ressemblance et la dissemblance, pour les différences fondamentales de lñ€ℱÃƠtre, soit quñ€ℱon en choisisse encore dñ€ℱautres. Admettons que ce soient les différences qui ont été indiquées par nous. Il importe peu, dñ€ℱailleurs, que lñ€ℱon ramÚne toutes ces nuances de ce qui est, à lñ€ℱÃƠtre ou à lñ€ℱUn, puisque lñ€ℱÃƠtre et lñ€ℱUn, sñ€ℱils ne sont pas identiques et sñ€ℱils sont autres, peuvent du moins se prendre réciproquement lñ€ℱun pour lñ€ℱautre. Lñ€ℱÃƠtre, en effet, est Un à certains égards, et lñ€ℱUn est aussi lñ€ℱÃƠtre. Comme il nñ€ℱy a toujours quñ€ℱune seule et mÃÂȘme science pour comprendre les contraires, il sñ€ℱensuit que lñ€ℱappellation de chacun dñ€ℱeux se fait par privation. Cela nñ€ℱempÃÂȘche pas, dñ€ℱailleurs, que lñ€ℱon se demande avec raison comment la privation est possible, pour certains contraires qui ont des intermédiaires par exemple, pour lñ€ℱinjuste et le juste. Cñ€ℱest que, pour tous les contraires de ce genre, il ne faut pas appliquer la privation à la notion tout entiÚre, mais seulement à la derniÚre espÚce. Par exemple, si lñ€ℱhomme juste est celui qui est disposé à obéir docilement aux lois, lñ€ℱinjuste ne sera pas absolument privé de la notion totale de justice ; mais, comme il ne manquera aux lois quñ€ℱà certains égards, cñ€ℱest aussi dans cette mesure que la privation lui sera applicable. Le raisonnement serait le mÃÂȘme pour tout autre cas. Cñ€ℱest comme le mathématicien, qui ne considÚre, dans ses théories, que des abstractions, puisque cñ€ℱest en retranchant toutes les conditions sensibles quñ€ℱil étudie les choses. Ainsi, il ne tient compte, ni de la légÚreté, ni de la dureté des corps, ni des qualités contraires à celles-là ; il néglige également la chaleur, le froid, et les autres oppositions que nos sens perçoivent. Il ne conserve que la quantité et le continu, ici en une seule dimension, là en deux, ailleurs en trois, et les affections propres de ces entités, en tant quñ€ℱelles sont quantitatives et continues ; il ne regarde absolument rien dñ€ℱautre. TantÎt, il compare les natures et les positions respectives de ces choses, les unes à lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©gard des autres, et leurs attributs spéciaux ; [1061b] tantÎt, il en étudie la commensurabilité et lñ€ℱincommensurabilité ; tantÎt, il considÚre leurs rapports proportionnels. Nous nñ€ℱen disons pas moins que la géométrie est la seule et unique science qui sñ€ℱoccupe de toutes ces diverses questions. Nous en faisons tout autant pour lñ€ℱÃƠtre. En étudier les accidents en tant quñ€ℱÃƠtre, étudier les oppositions quñ€ℱil peut présenter en tant quñ€ℱÃƠtre, cñ€ℱest le fait dñ€ℱune seule science, qui nñ€ℱest pas autre que la philosophie. Ainsi, lñ€ℱon peut affirmer que les études de la Physique ne sñ€ℱappliquent pas aux choses en tant quñ€ℱelles existent, mais bien plutÎt en tant quñ€ℱelles sont soumises au mouvement. De mÃÂȘme encore, la Dialectique et la Sophistique sñ€ℱoccupent bien de certains accidents des choses et des ÃÂȘtres, mais non pas en tant quñ€ℱÃÂȘtres, et elles nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tudient pas lñ€ℱÃƠtre lui-mÃÂȘme en tant quñ€ℱÃƠtre, 2 nñ€ℱy a donc en résumé que le philosophe qui considÚre les choses, que nous venons de dire, en tant quñ€ℱelles sont. Par conséquent, lñ€ℱÃƠtre, quelque multiples que soient ses acceptions, sñ€ℱapplique toujours à quelque chose dñ€ℱUn et de commun, comme sñ€ℱy appliquent également les contraires, puisquñ€ℱils se réduisent toujours aux premiÚres oppositions et aux premiÚres différences de lñ€ℱÃƠtre. Ainsi, il est possible de comprendre toutes ces notions sous une seule science ; et de cette façon, se trouve résolue la question que nous avions soulevée dÚs le principe, cñ€ℱest-à -dire, la question de savoir comment une seule et unique science pouvait comprendre tant de choses si nombreuses et de genres si différents. Chapitre 4[modifier] Comme on le voit, le mathématicien se sert des notions communes, pour son point de vue particulier ; mais le rÎle de la Philosophie premiÚre, cñ€ℱest de remonter jusquñ€ℱaux principes de ces notions. En effet, quand on dit que, si de quantités égales on retranche une quantité égale, les restes sont encore égaux, cñ€ℱest là un axiome qui sñ€ℱapplique à toutes les quantités sans exception. Mais les Mathématiques admettent, cet axiome sans examen ; et elles y appuient leurs théories, concernant une partie quelconque de la matiÚre qui leur est propre et, par exemple, les lignes, les angles, les nombres, ou telles autres quantités de ce genre. Ce nñ€ℱest pas en tant quñ€ℱÃÂȘtres que la science mathématique les étudie, mais cñ€ℱest en tant que chacune dñ€ℱelles est continue, dans une, deux ou trois dimensions. Quant à la Philosophie, elle ne considÚre pas les nuances particuliÚres de lñ€ℱÃƠtre, ni les accidents qui sñ€ℱy rapportent ; elle ne considÚre, dans chacune de ces entités, que lñ€ℱÃƠtre en tant quñ€ℱÃƠtre. La Physique en est absolument au mÃÂȘme point que la science mathématique ; si elle étudie les affections et les principes des ÃÂȘtres, cñ€ℱest en tant quñ€ℱils se meuvent, et non pas en tant quñ€ℱils sont des ÃÂȘtres. Mais nous avons dit que la science premiÚre des ÃÂȘtres est celle qui les étudie en tant quñ€ℱÃÂȘtres et substances, et non pas en tant quñ€ℱils sont encore autre chose. Par conséquent, la Physique et les Mathématiques ne sont que des parties de la Philosophie. Chapitre 5[modifier] Il y a, dans les choses, un principe sur lequel on ne peut se tromper jamais, et qui nécessairement fait toujours le contraire, cñ€ℱest-à -dire, qui est toujours essentiellement vrai. Ce principe, cñ€ℱest quñ€ℱune seule et mÃÂȘme chose ne peut jamais, en un seul et mÃÂȘme moment donné, ÃÂȘtre et nñ€ℱÃÂȘtre pas ; [1062a] et cette vérité sñ€ℱapplique à tout ce qui présente des oppositions de cette forme. Pour les axiomes de cet ordre, il nñ€ℱy a pas absolument de démonstration possible, si ce nñ€ℱest pour réfuter celui qui les nie ; car il ne serait pas possible de faire remonter le raisonnement à un principe plus certain que celui-là . Il le faudrait, cependant, pour que lñ€ℱon fÃt une démonstration véritable et absolue. Mais, pour réfuter celui qui soutient que les deux membres de la contradiction sont également vrais, et pour lui démontrer quñ€ℱil se trompe, il faudra prendre une proposition qui, au fond, sera identique à celle-ci, que la mÃÂȘme chose ne peut pas dans le mÃÂȘme temps ÃÂȘtre et nñ€ℱÃÂȘtre point, et choisir cette seconde proposition, de maniÚre quñ€ℱelle ne paraisse pas tout dñ€ℱabord ÃÂȘtre identique. Cñ€ℱest seulement ainsi quñ€ℱon pourra réfuter celui qui soutiendrait que les deux termes de la contradiction sont également vrais dñ€ℱun seul et mÃÂȘme objet. Or, quand on cherche à tomber dñ€ℱaccord sur quelque raisonnement commun, il faut bien quñ€ℱon se comprenne mutuellement en un certain point ; car, sans cette condition, comment serait-il possible de se communiquer réciproquement ce quñ€ℱon pense ? Ainsi, il faut dñ€ℱabord que chacun des mots dont on se sert ait un sens connu, que ce mot exprime une seule et unique chose, et non plusieurs à la fois, au lieu dñ€ℱune seule, et que, sñ€ℱil a par hasard plusieurs sens, on sache précisément celui dont on entend se servir. Or, celui qui soutient que telle chose est et nñ€ℱest pas tout à . la fois, celui-là nie précisément ce quñ€ℱil affirme ; et, par conséquent, il nie que le mot quñ€ℱil emploie signifie ce quñ€ℱil signifie ; ce qui est complÚtement impossible et absurde. Ainsi, puisque dire que telle chose est Cela signifie quelque chose, il est de toute impossibilité que la contradiction puisse ÃÂȘtre vraie de cette mÃÂȘme chose. Bien plus, si le mot a un sens et que lñ€ℱassertion soit vraie, il faut nécessairement que la chose existe aussi. Or, quand une chose est nécessaire, elle ne peut plus nñ€ℱÃÂȘtre point. Donc, les affirmations et les négations opposées ne peuvent pas ÃÂȘtre vraies de la mÃÂȘme chose. Ajoutez que, si lñ€ℱaffirmation nñ€ℱest pas plus vraie que la négation, on nñ€ℱest pas plus dans le vrai quand on dit que tel ÃÂȘtre est un homme, que quand on dit quñ€ℱil nñ€ℱest pas un homme. On ne paraÃt pas mÃÂȘme ÃÂȘtre, ni plus, ni moins dans la vérité, quand on dit que lñ€ℱhomme nñ€ℱest pas un cheval, que quand on dit quñ€ℱil nñ€ℱest pas un homme. Par conséquent, on dira également la vérité en soutenant que le cheval est identique à lñ€ℱhomme, du moment que lñ€ℱon a admis que les propositions opposées sont également vraies. Il en résulte que le mÃÂȘme ÃÂȘtre est homme et cheval à la fois, ou tel autre animal quelconque. On peut donc affirmer quñ€ℱil nñ€ℱy a pas de démonstration absolue contre de telles propositions, bien quñ€ℱon puisse faire une démonstration contre celui qui soutient de telles doctrines. En interrogeant Héraclite lui-mÃÂȘme par cette méthode, on lñ€ℱaurait bien vite réduit à avouer que jamais les propositions opposées ne peuvent ÃÂȘtre vraies à la fois des mÃÂȘmes choses ; et cñ€ℱest parce quñ€ℱil ne comprenait pas trÚs bien ses propres assertions quñ€ℱil avait adopté cette opinion étrange. Mais si la maxime quñ€ℱil soutenait est vraie, lñ€ℱopinion mÃÂȘme quñ€ℱil défendait ne peut plus lñ€ℱÃÂȘtre [1062b] à savoir que la mÃÂȘme chose peut, dans un seul et mÃÂȘme moment, ÃÂȘtre et nñ€ℱÃÂȘtre pas. En effet, de mÃÂȘme que, en divisant les propositions, lñ€ℱaffirmation nñ€ℱest pas plus vraie que la négation, de mÃÂȘme, pour les deux propositions réunies et assemblées, de maniÚre à ce que le composé ne fasse en quelque sorte quñ€ℱune seule affirmation, la négation nñ€ℱest pas plus vraie que lñ€ℱensemble mis sous forme affirmative. Enfin, si lñ€ℱon ne peut rien affirmer avec vérité, cñ€ℱest une erreur manifeste dñ€ℱaffirmer quñ€ℱil nñ€ℱest pas possible de faire une seule affirmation vraie. Si cela est exact, cñ€ℱest une maniÚre de résoudre la difficulté que soulÚvent ceux qui font de telles objections, et qui rendraient toute discussion absolument impossible. Chapitre 6[modifier] Le systÚme de Protagoras ne sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©loigne pas beaucoup de celui quñ€ℱon vient de réfuter, quand il soutient que lñ€ℱhomme est la mesure de toutes choses ; car ceci revient à dire que les choses sont réellement ce quñ€ℱelles paraissent à chacun de nous. Sñ€ℱil en est ainsi, cñ€ℱest dire, sous une autre forme, que les mÃÂȘmes choses sont et ne sont pas, quñ€ℱelles sont à la fois bonnes et mauvaises, et que, à tous égards, les affirmations les plus opposées sont identiques, puisque bien souvent ce qui paraÃt bon à ceux-ci paraÃt mauvais à ceux-là , et que la mesure des choses est, dit-on, le jugement individuel de chacun de nous. Il serait facile de résoudre cette difficulté en remontant à lñ€ℱorigine mÃÂȘme dñ€ℱune pareille doctrine. TantÎt, on a cru quñ€ℱelle venait de celle des philosophes Naturalistes ; tantÎt, on en a trouvé la source dans cette observation, à savoir, que tout le monde ne sent pas les choses de la mÃÂȘme maniÚre, et que, par exemple, telle chose est douce au goût des uns, et est tout le contraire au goût des autres. Il est certain, en effet, quñ€ℱune opinion commune à presque tous les philosophes Naturalistes, cñ€ℱest que rien ne vient de rien, et que tout vient de quelque chose qui existe déjà . Ainsi donc, une chose ne devient pas blanche si elle est déjà complÚtement blanche, et si elle nñ€ℱa rien du tout qui ne soit blanc. Mais quand nous voyons quñ€ℱun objet est devenu blanc, il doit, selon eux, venir de ce qui nñ€ℱest pas blanc, pour pouvoir devenir blanc. Par conséquent, selon ces philosophes, il viendrait quelque chose du Non ÃƠtre, si lñ€ℱon nñ€ℱadmettait pas que le Blanc et le Non-blanc sont une seule et mÃÂȘme chose. Il nñ€ℱest pas trÚs difficile de répondre à cette objection. En se reportant à ce qui a été dit dans la Physique, on peut voir comment toutes les choses qui se produisent viennent du Non-ÃÂȘtre, et comment elles viennent de lñ€ℱÃƠtre. Ce serait une naïveté de prÃÂȘter une égale attention aux deux opinions, et aux arguments quñ€ℱenfante lñ€ℱimagination des uns et des autres, dans ces discussions. Il est dñ€ℱabord de toute évidence que les uns, ou les autres, doivent ÃÂȘtre dans lñ€ℱerreur nécessairement. Et il suffit pour sñ€ℱen convaincre dñ€ℱobserver les faits qui frappent nos sens. Jamais, en effet, la mÃÂȘme chose ne saurait paraÃtre, telle à ceux-ci, et le contraire à ceux-là , [1063a] que quand, chez les uns ou chez les autres, lñ€ℱorgane qui perçoit les saveurs quñ€ℱon vient dñ€ℱindiquer, a subi quelque altération, ou est atteint de quelque infirmité. Sñ€ℱil en est ainsi, il faut bien admettre que les uns sont alors la mesure des choses, et que les autres ne sauraient lñ€ℱÃÂȘtre. Jñ€ℱen dis tout autant du bien et du mal, du beau et du laid, et de toutes les notions de mÃÂȘme ordre. Il en est de ceci comme il en est lorsquñ€ℱon se met le doigt sous le globe de lñ€ℱoeil, et que, au lieu dñ€ℱun seul objet, on en voit deux, Il y a donc deux objets, puisquñ€ℱil en paraÃt deux, en effet, ; mais, lñ€ℱinstant dñ€ℱaprÚs, il nñ€ℱy en a plus quñ€ℱun, puisquñ€ℱen réalité, si lñ€ℱon ne presse pas lñ€ℱorgane, lñ€ℱobjet paraÃt unique, comme il lñ€ℱest effectivement. Dñ€ℱailleurs, il est souverainement absurde de prétendre fonder le jugement de la vérité sur des objets qui sont soumis à un changement perpétuel, sous nos regards, et qui ne demeurent jamais un seul instant dans le mÃÂȘme état. On ne doit chercher à trouver la vérité que dans les choses qui sont éternellement les mÃÂȘmes, et qui ne subissent jamais le moindre changement. Tels sont, par exemple, les corps célestes. Ils ne sont pas, tantÎt dñ€ℱune façon, et tantÎt dñ€ℱun aspect différent et variable ; ils sont éternellement les mÃÂȘmes, et ils ne subissent jamais la loi du changement. Dñ€ℱautre part, si le mouvement existe, et si le mobile qui est mû doit passer toujours dñ€ℱun point, dñ€ℱoÃÂč il part, à un point oÃÂč il arrive, il faudrait, dñ€ℱaprÚs ces doctrines, que le mobile fût encore dans le point dñ€ℱoÃÂč il se meut, et quñ€ℱen mÃÂȘme temps il nñ€ℱy fût plus ; il faudrait quñ€ℱil se mût vers un point, et quñ€ℱen mÃÂȘme temps il y fût déjà arrivé. Mais ces philosophes eux-mÃÂȘmes doivent reconnaÃtre que les deux parties de la contradiction ne peuvent pas ÃÂȘtre vraies à la fois ; et si les choses de ce monde sont dans un flux perpétuel, et dans un mouvement incessant, sous le rapport de la quantité, et quñ€ℱon admette ce systÚme tout faux quñ€ℱil est, pourquoi les choses ne seraient-elles pas immobiles sous le rapport de la qualité ? En effet, leur argument principal pour affirmer que les deux parties de la contradiction peuvent sñ€ℱappliquer également à la mÃÂȘme chose, est tiré de cette supposition que la quantité nñ€ℱest pas permanente dans les corps, et quñ€ℱun mÃÂȘme corps peut avoir quatre coudées, et, ensuite, ne les avoir plus. Mais la substance des choses se rapporte à leur qualité, qui est dñ€ℱune nature définie, tandis que la quantité est indéterminée de sa nature, Autre objection. Pourquoi, quand le médecin leur prescrit tel aliment, le prennent-ils volontiers ? Car, selon eux, oÃÂč serait la raison de croire que ce soit du pain, plutÎt que de croire le contraire ? Par suite, il leur devrait ÃÂȘtre indifférent de manger, ou de ne pas manger. Et cependant, ils prennent bien la nourriture que le médecin leur prescrit, parce quñ€ℱils croient quñ€ℱils sont dans le vrai, quoiquñ€ℱils dussent se garder de le faire, si, comme ils le prétendent, il nñ€ℱy a pas dans les choses sensibles une nature qui persiste absolument, et si elles sont toutes livrées à un mouvement et à un flux perpétuels. Dñ€ℱailleurs, si nous-mÃÂȘmes nous changeons sans cesse, et si nous ne restons jamais les mÃÂȘmes un seul instant, pourquoi sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tonner que les choses ne nous semblent jamais les mÃÂȘmes, ainsi quñ€ℱelles ne le semblent pas non plus aux malades ? [1063b] Quand on est malade, comme la disposition, oÃÂč lñ€ℱon est varie sans cesse, avec lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tat de la santé, les objets que perçoit la sensibilité nñ€ℱapparaissent plus de la mÃÂȘme maniÚre. Pourtant, ce nñ€ℱest pas un motif pour que les objets eux-mÃÂȘmes éprouvent le plus léger changement ; seulement, ils causent aux malades des sensations différentes, et qui ne sont plus du tout les mÃÂȘmes. Il en est peut-ÃÂȘtre nécessairement encore ainsi, pour le mouvement dont nous parlons ici, quand nous le ressentons. Mais si nous ne changions pas personnellement et si nous restions les mÃÂȘmes, il y aurait dÚs lors quelque chose de permanent pour nous. Quant aux philosophes qui soulÚvent, dñ€ℱune façon toute gratuite, ces difficiles questions, on ne peut guÚre les réfuter du moment quñ€ℱils ne posent pas un principe, dont ils ne demandent plus la raison ; car cñ€ℱest à cette seule condition quñ€ℱil peut y avoir raisonnement et démonstration. En ne posant aucun principe, comme ils le font, on empÃÂȘche toute discussion et tout raisonnement quelconque. Il nñ€ℱy a donc point à raisonner avec de tels adversaires. Mais quant à ceux qui élÚvent des doutes sérieux, il est assez aisé de répondre aux difficultés qui causent lñ€ℱincertitude dans leur esprit. On peut tirer la réponse à leur faire de ce que nous avons déjà dit ; car ce qui résulte clairement de nos explications antérieures, cñ€ℱest que jamais les affirmations opposées ne peuvent ÃÂȘtre vraies dñ€ℱune mÃÂȘme chose, dans un seul et mÃÂȘme moment, non plus que les contraires, puisquñ€ℱils sñ€ℱexpriment sous forme privative. Cñ€ℱest ce qui est de toute évidence, quand on prend la peine dñ€ℱanalyser à fond la théorie des contraires. Par la mÃÂȘme raison, il ne se peut pas que jamais les intermédiaires puissent nñ€ℱÃÂȘtre appliqués quñ€ℱà un seul et mÃÂȘme terme. Par exemple, si lñ€ℱobjet est blanc, et que nous disions quñ€ℱil nñ€ℱest, ni blanc, ni noir, nous sommes dans le faux ; car il en résulterait que le mÃÂȘme objet serait blanc, et quñ€ℱil ne le serait pas. Il nñ€ℱy a quñ€ℱune seule des deux assertions accouplées qui soit vraie de lñ€ℱobjet ; et cñ€ℱest la contradiction du blanc. Ainsi, il est également impossible dñ€ℱÃÂȘtre dans le vrai, soit quñ€ℱon suive Héraclite, soit quñ€ℱon suive Anaxagore. Si lñ€ℱon sñ€ℱen tient à leur doctrine, on est amené à attribuer les contraires à un seul et mÃÂȘme objet. Quand on dit, en effet, que tout est dans tout, en partie du moins, on nñ€ℱaffirme pas plus dñ€ℱune chose quñ€ℱelle est douce que lñ€ℱon nñ€ℱaffirme quñ€ℱelle est amÚre, ou quñ€ℱon ne lui prÃÂȘte telle autre qualité contraire, de quelque ordre que ce soit. La conséquence est inévitable, du moment que tout est dans tout, non pas seulement en puissance, mais en réalité actuelle et parfaitement distincte. Par la mÃÂȘme raison, il nñ€ℱest pas possible que toutes les assertions soient fausses, ni quñ€ℱelles soient toutes vraies. Dñ€ℱabord, on vient de voir toutes les difficultés quñ€ℱentraÃne cette doctrine, et que nous avons énumérées. Ensuite, si toutes les assertions sont fausses sans exception, cette assertion elle-mÃÂȘme quñ€ℱon énonce nñ€ℱest pas plus vraie que les autres ; et enfin, si toutes les assertions sont vraies, celui qui dit quñ€ℱelles sont toutes fausses ne peut pas non plus ÃÂȘtre dans le faux. Chapitre 7[modifier] Toute science sñ€ℱapplique à rechercher des principes et des causes, en ce qui concerne les objets qui rentrent dans son domaine. [1064a] Cñ€ℱest ce que font la médecine, la gymnastique, et toutes les autres sciences, soit les sciences productrices, soit les sciences mathématiques. Chacune dñ€ℱelles sans exception, aprÚs sñ€ℱÃÂȘtre tracé un cadre relatif à un certain genre dñ€ℱobjets, sñ€ℱoccupe de son objet propre, en admettant que cet objet existe, et quñ€ℱil est réel. Mais elle ne lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tudie pas en tant quñ€ℱÃƠtre, attendu quñ€ℱil y a une science spéciale qui, en dehors des autres sciences, sñ€ℱoccupe de cette question. Chacune des sciences quñ€ℱon vient dñ€ℱindiquer, acceptant à un certain point de vue lñ€ℱexistence de son objet, dans chaque genre particulier, essaie ensuite de montrer, avec plus ou moins dñ€ℱexactitude, toutes les autres conditions de cet objet. Les unes acceptent lñ€ℱexistence de lñ€ℱobjet, en sñ€ℱen rapportant au témoignage des sens ; les autres supposent cette existence dñ€ℱaprÚs certaines hypothÚses ; et cette simple induction suffit pour faire voir quñ€ℱelles ne donnent point de véritable démonstration, ni de la substance, ni de lñ€ℱexistence réelle. Quant à la science de la nature, on reconnaÃt évidemment quñ€ℱelle nñ€ℱest, ni une science pratique, ni une science qui arrive à produire telles ou telles choses. Pour la science qui produit quelque chose, le principe du mouvement est dans lñ€ℱagent producteur, et non dans le résultat produit ; et alors, cñ€ℱest un art dñ€ℱune certaine espÚce, ou telle autre faculté de produire. De mÃÂȘme non plus pour la science pratique, le mouvement nñ€ℱest pas dans lñ€ℱobjet pratiqué ; il est plutÎt dans les ÃÂȘtres qui pratiquent. Mais la science du physicien sñ€ℱapplique à des ÃÂȘtres qui ont en eux-mÃÂȘmes le principe de leur mouvement ; et cela seul suffit à montrer que la Physique, la science de la nature, nñ€ℱest point une science pratique, ni une science productrice, mais quñ€ℱelle est simplement théorique et observatrice ; car il faut nécessairement quñ€ℱelle soit dans une de ces trois classes. Mais comme il nñ€ℱy a pas de science qui ne connaisse, dans une certaine mesure, lñ€ℱexistence de son objet, et qui ne sñ€ℱen serve comme de son principe, il faut se bien fixer sur la maniÚre dont le physicien doit envisager cette existence, et se demander sñ€ℱil doit la considérer, ou comme on considÚre la notion de Camus, ou comme on considÚre la notion de Creux. La notion de Camus implique toujours, quand on la définit, la matiÚre de la chose, tandis que la notion de Creux est indépendante de la matiÚre. La qualité de Camus ne peut, en effet, sñ€ℱappliquer jamais quñ€ℱà un nez ; et la définition de cette qualité comprend. toujours la notion de nez, puisque le Camus nñ€ℱest quñ€ℱun nez creusé dñ€ℱune certaine façon. Il est donc évident que, quand on parle de la chair, de lñ€ℱoeil, ou de telles autres parties du corps, on fait toujours entrer lñ€ℱidée de la matiÚre dans la définition quñ€ℱon en donne. Mais comme il y a une science qui étudie lñ€ℱÃƠtre en tant quñ€ℱÃƠtre, et séparé de la matiÚre, il nous faut voir si cette science est identique à la science de la nature, ou si plutÎt elle nñ€ℱen est pas différente. Comme on vient de le dire, la Physique sñ€ℱoccupe des ÃÂȘtres qui ont en eux-mÃÂȘmes le principe de leur mouvement. La science mathématique est bien aussi une science dñ€ℱobservation théorique ; mais les ÃÂȘtres quñ€ℱelle étudie, sñ€ℱils sont immobiles, ne sont pas cependant séparés de la matiÚre. Il faut donc quñ€ℱil y ait une autre science, distincte de ces deux-là , qui étudie lñ€ℱÃƠtre immobile et indépendant, si toutefois il existe une substance de ce genre. Jñ€ℱentends par là une substance isolée et immobile, telle que nous essaierons de la prouver ; et sñ€ℱil existe au inonde une nature de ce genre, cñ€ℱest en elle aussi que sera le divin ; en dñ€ℱautres termes, cñ€ℱest le premier principe, le principe souverain. [1064b] On le voit donc, il y a trois genres principaux de sciences dñ€ℱobservation théorique la Physique, les Mathématiques et la Théologie. Ainsi, les sciences théoriques sont les plus hautes de toutes les sciences ; et parmi celles qui viennent dñ€ℱÃÂȘtre indiquées, la plus haute encore, cñ€ℱest la derniÚre nommée, attendu quñ€ℱelle sñ€ℱapplique à ce quñ€ℱil y a de plus grand parmi les ÃÂȘtres. Une science est supérieure, ou inférieure, selon lñ€ℱobjet propre de ses études. Cñ€ℱest une question de savoir si la science de lñ€ℱÃƠtre en tant quñ€ℱÃƠtre est, ou nñ€ℱest pas, une science universelle. Parmi les sciences mathématiques, chacune sñ€ℱattache à un genre dñ€ℱÃÂȘtres déterminé ; la science universelle doit sñ€ℱappliquer à tous les ÃÂȘtres sans exception. Si donc les substances physiques étaient les premiÚres parmi les ÃÂȘtres, il sñ€ℱensuivrait que la Physique serait aussi la premiÚre des sciences. Mais sñ€ℱil y a une autre substance, une autre nature, séparée et immobile, il faut nécessairement que la science qui étudie cette substance, soit antérieure à la Physique, et antérieure en tant quñ€ℱuniverselle. Chapitre 8[modifier] Comme le mot dñ€ℱÃƠtre, exprimé dñ€ℱune maniÚre absolue, peut recevoir plusieurs acceptions, dont lñ€ℱune sñ€ℱapplique à lñ€ℱÃƠtre pris en un sens accidentel, il nous faut tout dñ€ℱabord étudier lñ€ℱÃƠtre qui nñ€ℱest ÃƠtre que de cette derniÚre façon. Un premier point qui est évident, cñ€ℱest quñ€ℱil nñ€ℱest pas une seule des sciences, reconnues pour telles, qui sñ€ℱoccupe de lñ€ℱaccident. Ainsi, par exemple, lñ€ℱarchitecture, dont lñ€ℱobjet est de construire nos maisons, ne se préoccupe pas de savoir si les habitants de la maison quñ€ℱelle a construite y éprouveront de la douleur ou du plaisir. Lñ€ℱart du tisserand, lñ€ℱart du corroyeur, lñ€ℱart du cuisinier mÃÂȘme, nñ€ℱont pas davantage de ces préoccupations, qui ne les regardent pas. Chacune de ces sciences ne doit exclusivement songer quñ€ℱà son objet propre. Cñ€ℱest là leur fin spéciale. Elles nñ€ℱont pas à considérer, par exemple, comment lñ€ℱindividu est à la fois musicien et grammairien ; pas plus quñ€ℱelles nñ€ℱont à considérer si, étant musicien dñ€ℱabord, il est devenu grammairien ensuite, pour posséder à la fois ces deux qualités, quñ€ℱil nñ€ℱavait pas antérieurement ; car lorsquñ€ℱune chose existe sans, exister toujours, cñ€ℱest quñ€ℱelle est devenue telle quñ€ℱelle est ; et voilà comment lñ€ℱindividu a pu devenir tout ensemble musicien et grammairien. Ce sont là des recherches auxquelles ne se livre aucune des sciences véritables ; et ces questions nñ€ℱoccupent guÚre que la Sophistique, qui est la seule, en effet, à appliquer son attention à lñ€ℱaccident. Aussi, Platon nñ€ℱañ€“t-il pas tort, quand il dit que la Sophistique perd son temps à sñ€ℱoccuper du Non-ÃÂȘtre, en dñ€ℱautres termes, de ce qui nñ€ℱest pas. Pour se convaincre quñ€ℱil nñ€ℱy a pas de science possible de lñ€ℱaccident, on nñ€ℱa quñ€ℱà prendre la peine de voir ce que cñ€ℱest réellement que lñ€ℱaccident. Nous avons reconnu que, parmi les choses, il y en a qui sont toujours et de toute nécessité ; et je nñ€ℱentends pas ici cette nécessité qui nñ€ℱest que le résultat dñ€ℱune violence, mais celle que nous faisons intervenir dans les choses de démonstration. Il y a aussi des choses qui ne sont que dans la plupart des cas, ou qui mÃÂȘme, sans ÃÂȘtre dans la pluralité des cas, ne sont, ni toujours, ni nécessairement, mais comme le veut le hasard. Par exemple, il peut faire froid dans le temps de la Canicule ; mais le froid dans cette, saison nñ€ℱest pas dñ€ℱune nécessité constante ; il nñ€ℱest pas mÃÂȘme ordinaire à cette époque de lñ€ℱannée ; seulement, il peut parfois sñ€ℱy produire. [1065a] Donc lñ€ℱaccident est ce qui nñ€ℱest, ni toujours, ni nécessairement, ni mÃÂȘme dans les cas les plus fréquents. Du moment que lñ€ℱaccident est bien ce quñ€ℱon vient de dire, on voit nettement pourquoi il nñ€ℱy a pas de science possible de lñ€ℱaccident. Toute science sñ€ℱapplique à quelque chose qui est, ou toujours, ou le plus ordinairement ; et lñ€ℱaccident nñ€ℱest, ni dñ€ℱune façon, ni de lñ€ℱautre. Par suite ; il nñ€ℱest pas moins clair quñ€ℱil nñ€ℱy a, pour lñ€ℱÃƠtre par accident, ni les mÃÂȘmes principes, ni les mÃÂȘmes causes que pour lñ€ℱÃƠtre en soi ; car alors tout sans exception serait nécessaire. Il est facile de le voir. En effet, si, telle chose étant, telle autre chose est, et que, cette seconde étant, une troisiÚme soit aussi, non pas arbitrairement, mais de toute nécessité, la chose dont la premiÚre était cause sera également de toute nécessité ; et ainsi de suite, jusquñ€ℱà la chose qui sera regardée comme étant causée la derniÚre. Or on supposait quñ€ℱelle nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait quñ€ℱun accident. Ainsi, tout ne serait que nécessité ; et, par conséquent, tout ce qui peut ÃÂȘtre dñ€ℱune façon, ou dñ€ℱune autre, tout ce qui peut indifféremment se produire, ou ne pas se produire du tout, serait retranché du nombre des choses possibles. Cette conclusion est inévitable, en supposant mÃÂȘme que la cause ne soit pas encore réellement, mais quñ€ℱelle soit simplement en voie de se produire ; car tout alors deviendra encore absolument nécessaire. Supposons, par exemple, quñ€ℱune éclipse doive avoir lieu demain, si tel phénomÚne se produit aprÚs un autre qui le précÚde, et si cet autre encore se produit aprÚs un troisiÚme. Ceci admis, si, dñ€ℱun temps déterminé, on retranche le temps qui doit sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©couler, depuis lñ€ℱinstant oÃÂč lñ€ℱon est jusquñ€ℱau lendemain, on arrive à un fait présent et actuel ; et comme celui-là existe bien réellement, tout ce qui doit venir aprÚs lui devient nécessaire aussi ; tout alors est soumis à une absolue nécessité. Lñ€ℱÃƠtre pris comme étant vrai, et comme étant accidentel, a deux aspects ou il vient dñ€ℱune combinaison de la pensée, dans laquelle il nñ€ℱest quñ€ℱune modification ; et par cela mÃÂȘme, il nñ€ℱy a pas à chercher ses principes, puisquñ€ℱon ne recherche des principes que pour lñ€ℱÃƠtre qui est en dehors de la pensée et séparé dñ€ℱelle ; ou bien, lñ€ℱÃƠtre nñ€ℱest pas nécessaire, mais il est indéterminé ; et jñ€ℱentends ici parler de lñ€ℱÃƠtre qui nñ€ℱest accidentel que dans la minorité des cas. Pour lñ€ℱÃƠtre ainsi compris, les causes sont sans ordre et sans nombre. Mais pour les choses de la nature, ou pour celles qui viennent de lñ€ℱintelligence, il y a toujours un pourquoi ; et il nñ€ℱy a de hasard que quand une de ces choses vient à se produire accidentellement. De mÃÂȘme, en effet, que lñ€ℱÃƠtre est, ou en soi, ou accidentel, de mÃÂȘme la cause a aussi ces deux caractÚres. Le hasard est cause accidentelle dans les choses oÃÂč peut agir notre préférence, en vue dñ€ℱune certaine fin. Et voilà comment lñ€ℱintelligence et le hasard sñ€ℱappliquent au mÃÂȘme objet, puisque, sans intelligence, il nñ€ℱy a pas de préférence possible. Aussi, les causes dñ€ℱoÃÂč peuvent sortir les choses de hasard sont-elles indéfinies. Le hasard échappe, et reste obscur, au calcul de lñ€ℱhomme ; et il nñ€ℱest cause quñ€ℱaccidentellement ; absolument parlant, il nñ€ℱest cause de rien. Le hasard est bon ou mauvais, selon que ce qui en résulte est bon ou mauvais. Cñ€ℱest un malheur, cñ€ℱest une infortune, selon lñ€ℱimportance des cas. [1065b] Mais comme jamais ce qui est accidentel ne peut ÃÂȘtre antérieur à ce qui est en soi, les causes ne le sont pas davantage. Si donc lñ€ℱon admet que cñ€ℱest le hasard, et mÃÂȘme le spontané, qui sont les causes du ciel, on peut affirmer que la cause antérieure, cñ€ℱest lñ€ℱintelligence et la nature. Chapitre 9[modifier] On peut distinguer ce qui est exclusivement en acte, ce qui est en puissance, et, en troisiÚme lieu, ce qui est tout ensemble en puissance et en acte. On peut appliquer ces distinctions à lñ€ℱÃƠtre, à la quantité, et à tout le reste. Mais il nñ€ℱy a pas de mouvement possible en dehors des choses ; car le changement ne peut avoir lieu que dans les catégories de lñ€ℱÃƠtre ; et il nñ€ℱy a rien de commun entre elles, pas plus que le changement nñ€ℱa lieu dans une seule et mÃÂȘme catégorie. Chacune dñ€ℱelles peut sñ€ℱappliquer à toutes les choses de deux façons par exemple, dans lñ€ℱÃƠtre, on peut distinguer sa forme et sa privation ; dans la qualité, on peut distinguer, par exemple, le blanc et le noir ; dans la quantité, le complet et lñ€ℱincomplet ; dans la translation, le haut et le bas ; ou, sous un autre point de vue, le léger et le lourd. Par conséquent, il y a, pour le mouvement et le changement, autant dñ€ℱespÚces quñ€ℱil y en a pour lñ€ℱÃƠtre lui-mÃÂȘme. Lñ€ℱÃƠtre se divisant dans chacun de ses genres, ici en puissance, et là en acte parfait, en Entéléchie, jñ€ℱappelle mouvement lñ€ℱacte du possible en tant que possible. Que ce soit là une définition exacte, voici ce qui le prouve. Quñ€ℱil sñ€ℱagisse, par exemple, dñ€ℱune chose à construire, en tant quñ€ℱelle peut se construire, nous disons que cette chose est en acte du moment quñ€ℱelle est construite ; cñ€ℱest précisément la construction. MÃÂȘme observation pour lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tude des choses quñ€ℱon apprend ; pour la guérison dñ€ℱune maladie, pour la rotation des corps, pour la marche, pour le saut, pour la vieillesse, et pour la maturité de vigueur que lñ€ℱñge viril peut donner. Il y a donc mouvement quand lñ€ℱEntéléchie est la mÃÂȘme que la puissance, et le mouvement nñ€ℱexiste, ni auparavant, ni aprÚs. Lñ€ℱEntéléchie de lñ€ℱÃƠtre en puissance, de lñ€ℱÃÂȘtre possible, qui devient par cette Entéléchie un ÃÂȘtre actuel, soit quñ€ℱil se meuve lui-mÃÂȘme, soit quñ€ℱil devienne autre en tant que mobile, cñ€ℱest ce quñ€ℱon nomme le mouvement. Par cette expression  En tant que », voici ce que jñ€ℱentends. Lñ€ℱairain, par exemple, est en puissance la statue ; et cependant, ce nñ€ℱest pas parce quñ€ℱil y a Entéléchie de lñ€ℱairain en tant quñ€ℱairain, quñ€ℱil y a mouvement. Ce nñ€ℱest pas la mÃÂȘme chose dñ€ℱÃÂȘtre de lñ€ℱairain, ou dñ€ℱavoir une certaine puissance, puisque, si cĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait la mÃÂȘme chose absolument, dñ€ℱaprÚs notre définition, lñ€ℱEntéléchie de lñ€ℱairain serait un mouvement. Pour se bien convaincre que ce nñ€ℱest pas la mÃÂȘme chose, on nñ€ℱa quñ€ℱà regarder aux contraires. On accorde bien que pouvoir ÃÂȘtre en santé et pouvoir ÃÂȘtre malade, ce nñ€ℱest pas du tout la mÃÂȘme chose ; autrement, ÃÂȘtre en santé ou ÃÂȘtre malade, ce serait tout un. Ce qui est vrai, cñ€ℱest que le sujet qui est bien portant, ou qui est malade, que ce soit par la lymphe ou par le sang, reste identique et quñ€ℱil est Un ; mais, comme ce nñ€ℱest pas la mÃÂȘme chose, pas plus que la couleur nñ€ℱest identique à lñ€ℱobjet quñ€ℱelle rend visible, la réalisation du possible en tant que possible, cñ€ℱest le mouvement. On voit donc clairement que cette réalisation est bien le mouvement, et quñ€ℱil y a mouvement quand cette réalisation se produit, en tant quñ€ℱelle est ce quñ€ℱelle est, et quñ€ℱil nñ€ℱy a de mouvement, ni avant, ni aprÚs. Toute chose, en effet, peut, tantÎt ÃÂȘtre en acte, et tantÎt nñ€ℱy ÃÂȘtre pas. [1066a] Considérons, par exemple, une chose à construire, en tant quñ€ℱelle est à construire. Lñ€ℱacte de la chose qui peut ÃÂȘtre construite, en tant quñ€ℱelle peut ÃÂȘtre construite, cñ€ℱest la construction. Or, la construction, cñ€ℱest, ou lñ€ℱacte lui-mÃÂȘme, ou la maison. Mais, du moment que la maison est faite, la chose à construire nñ€ℱest plus, puisque ce qui était à construire est construit. Donc nécessairement, la construction, cñ€ℱest lñ€ℱacte ; et la construction est bien un mouvement. On appliquerait la mÃÂȘme définition à toutes les autres espÚces de mouvements. Ce qui montre bien que cette définition du mouvement est exacte, ce sont les théories que dñ€ℱautres en ont essayées, et cñ€ℱest aussi la difficulté de le définir autrement que nous ne le faisons. Dñ€ℱabord, ou ne saurait placer le mouvement dans un autre genre que celui oÃÂč nous le mettons nous-mÃÂȘmes ; et, sur ce point, nous en appelons aux systÚmes quñ€ℱon a tentés. Les uns font du mouvement une hétérogénéité, une inégalité, ou le Non-ÃÂȘtre Mais, dans tout cela, le mouvement nñ€ℱest pas nécessaire ; et le changement ne tend pas plus vers ces termes, ou nñ€ℱen vient pas plus que des contraires. Ce qui a pu donner à . croire que le mouvement se trouve dans ces notions, cñ€ℱest que le mouvement fait lñ€ℱeffet de quelque chose dñ€ℱindéterminé. Les principes de la série correspondante sont indéterminés également, parce quñ€ℱils sont privatifs ; car aucun de ces principes nñ€ℱest, ni substance, ni qualité, non plus quñ€ℱil nñ€ℱest aucune des autres catégories. Ce qui fait que le mouvement doit nous paraÃtre indéterminé, cñ€ℱest quñ€ℱon ne saurait le placer, ni dans la puissance, ni dans la réalité actuelle des choses ; la quantité en simple puissance ne paraÃt pas avoir le mouvement, pas plus que la qualité en acte. Le mouvement cependant doit bien ÃÂȘtre un acte ; mais cñ€ℱest un acte incomplet. Cela tient à ce que le possible est lñ€ℱincomplet lui-mÃÂȘme, relativement à la chose en acte. Voilà comment il est si difficile de se rendre un compte précis du mouvement. Il faut donc classer le mouvement, ou dans la privation, ou dans la puissance, ou dans lñ€ℱacte pur et simple. Mais aucune de ces solutions ne paraÃt acceptable ; et il ne reste quñ€ℱà répéter ce quñ€ℱon vient de dire, que le mouvement est bien un acte, mais non pas lñ€ℱacte tel quñ€ℱon le définit dñ€ℱordinaire, difficile sans doute à discerner, mais néanmoins pouvant ÃÂȘtre réel. Il est évident, de plus, que le mouvement a lieu dans le mobile qui est mû, puisquñ€ℱil est lñ€ℱacte de la chose à mouvoir, par la chose capable de donner le mouvement ; et que lñ€ℱacte de cette chose motrice nñ€ℱest pas différent, puisquñ€ℱil faut nécessairement que le mouvement soit lñ€ℱEntéléchie, ou lñ€ℱacte, des deux à la fois. ÃƠtre capable de mouvoir, cñ€ℱest une simple puissance ; mouvoir effectivement, cñ€ℱest un acte. Le moteur agit sur la chose à mouvoir. Par conséquent, il nñ€ℱy a également pour les deux quñ€ℱun acte unique, de mÃÂȘme quñ€ℱil nñ€ℱy a quñ€ℱun mÃÂȘme intervalle dñ€ℱUn à Deux, et de Deux à Un, comme entre la montée et la descente, et de la descente à la montée. Seulement, la maniÚre dñ€ℱÃÂȘtre nñ€ℱest pas unique, ni la mÃÂȘme. Cñ€ℱest là tout à fait le rapport qui existe entre le moteur, et le mobile qui est mû. Chapitre 10[modifier] Lñ€ℱinfini est dñ€ℱabord ce qui ne peut pas du tout ÃÂȘtre parcouru, attendu que cñ€ℱest, par sa nature, quñ€ℱil ne peut pas lñ€ℱÃÂȘtre, de mÃÂȘme que, par nature, la voix est invisible. Ou bien, lñ€ℱinfini est ce dont le cours est sans terme, ou ce dont on ne trouve le terme quñ€ℱà grande peine, ou ce qui, devant avoir un terme naturel, nñ€ℱa cependant en fait, ni terme, ni limite ; enfin, lñ€ℱinfini peut ÃÂȘtre infini, soit par addition, soit par retranchement, ou par les deux à la fois. [1066b] Lñ€ℱinfini peut bien ÃÂȘtre quelque chose de séparé ; et pourtant, il échappe absolument à la perception sensible. Si, en effet, il nñ€ℱest, ni grandeur, ni nombre, et que son essence soit dñ€ℱÃÂȘtre lñ€ℱinfini, sans que ce soit là pour lui un simple accident, dés lors il sera indivisible, puisque le divisible est toujours nécessairement un nombre, ou une grandeur. Sñ€ℱil est indivisible, il nñ€ℱest pas infini, à moins que ce ne soit à la façon dont on dit de la voix quñ€ℱelle est invisible. Mais ce nñ€ℱest pas ordinairement ainsi quñ€ℱon lñ€ℱentend ; nous-mÃÂȘmes nous ne le considérons pas ainsi ; et nous ne le concevons que comme ne pouvant jamais ÃÂȘtre parcouru tout entier. Mais comment lñ€ℱinfini peut-il exister en soi, sans quñ€ℱil y ait une grandeur ni un nombre, dont lñ€ℱinfini soit une affection et un mode ? Dñ€ℱautre part, si lñ€ℱinfini nñ€ℱexiste que comme accident, il ne saurait ÃÂȘtre un élément des ÃÂȘtres en tant quñ€ℱinfini, pas plus que lñ€ℱinvisible nñ€ℱest un élément de la voix, bien que cependant la voix soit réellement invisible. Ce qui nñ€ℱest pas moins évident, cñ€ℱest que lñ€ℱinfini ne saurait jamais ÃÂȘtre actuel ; car la partie quñ€ℱon en détacherait, quelle quñ€ℱelle fût, serait infinie, puisque faire partie de lñ€ℱinfini ou ÃÂȘtre infini, cñ€ℱest la mÃÂȘme chose, du moment que lñ€ℱinfini est une substance, et nñ€ℱest jamais attribuable à un sujet. Ainsi, lñ€ℱinfini est indivisible ; ou sñ€ℱil est divisible et partageable, il lñ€ℱest à lñ€ℱinfini. Mais il est impossible que plusieurs infinis soient un mÃÂȘme et seul infini. De mÃÂȘme que lñ€ℱair est une partie de lñ€ℱair, de mÃÂȘme lñ€ℱinfini est une partie de lñ€ℱinfini, si lñ€ℱinfini est une substance et un principe. Donc, lñ€ℱinfini est impartageable et indivisible. Mais il est impossible que rien de ce qui est actuel et en Entéléchie soit infini ; car alors, lñ€ℱinfini serait nécessairement une quantité. Donc, lñ€ℱinfini nñ€ℱexiste quñ€ℱaccidentellement. Or, nous avons vu quñ€ℱun principe ne peut jamais ÃÂȘtre un accident ; mais ce qui est principe alors, cñ€ℱest lñ€ℱÃÂȘtre mÃÂȘme dont il est une qualité accidentelle lñ€ℱair, par exemple, ou le nombre pair. Jusquñ€ℱà présent, notre étude sur lñ€ℱinfini est restée toute générale ; maintenant, il faut montrer que lñ€ℱinfini ne peut faire partie des choses que nos sens perçoivent. Si la définition du corps est exacte, quand on dit que le corps est ce qui est limité par des surfaces, il sñ€ℱensuit quñ€ℱil ne peut pas y avoir de corps, ni sensible, ni intelligible, qui soit infini, pas plus quñ€ℱil ne peut y avoir de nombre séparé et infini ; car un nombre, ou ce qui a un nombre, peut toujours se compter. Au point de vue physique, la démonstration est la mÃÂȘme. Lñ€ℱinfini ne peut ÃÂȘtre, ni composé, ni simple. Il nñ€ℱest pas composé, puisque les éléments sont en nombre limité ; les éléments contraires doivent se faire équilibre, et lñ€ℱun des deux ne saurait ÃÂȘtre infini, sans que celui des deux éléments dont la puissance serait moindre en quoi que ce fût, ne fût à lñ€ℱinstant détruit par lñ€ℱautre, qui serait infini et absorberait le fini. Mais il nñ€ℱest pas moins impossible que les deux éléments du composé soient infinis, puisque le corps est précisément ce qui a des dimensions en tous sens, et que lñ€ℱinfini est sans dimensions finies ; de telle sorte que, si lñ€ℱinfini était un corps, il devrait ÃÂȘtre infini en tous sens. Dñ€ℱun autre cÎté, lñ€ℱinfini ne saurait ÃÂȘtre davantage un corps Un et simple, ni ÃÂȘtre, comme on le prétend quelque fois, en dehors des éléments, quñ€ℱon en fait cependant sortir. Évidemment, il ne peut pas y avoir de corps de ce genre en dehors des éléments, puisque les corps se résolvent dans lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément, ou dans les éléments, dñ€ℱoÃÂč ils sortent. Or, il ne semble pas quñ€ℱen dehors des éléments simples, il puisse exister un pareil corps, qui serait, [1067a] ou le feu, ou tel autre élément ; car, à moins que lñ€ℱun dñ€ℱeux ne soit infini, il ne se peut pas que le tout, fût-il fini, soit, ou devienne, un de ces éléments, comme Héraclite prétend que lñ€ℱunivers entier devient feu. MÃÂȘmes objections contre lñ€ℱUnité, que les Physiciens admettent en dehors des éléments ; car tout changement vient du contraire ; et par exemple, le froid vient du chaud. De plus, le corps sensible doit ÃÂȘtre en un lieu quelconque ; et le lieu est le mÃÂȘme pour la partie, et pour le tout auquel elle appartient, pour la terre entiÚre, ou pour une motte de terre. Par conséquent, si la partie est homogÚne au Tout, ou elle sera immobile, ou elle sera toujours poussée et en mouvement. Mais cñ€ℱest là une chose impossible ; car pourquoi irait-elle en haut plutÎt quñ€ℱen bas ? En tel lieu, plutÎt quñ€ℱen tel autre ? Une motte de terre, par exemple, oÃÂč ira-t-elle ? Dans quel lieu restera-t-elle en repos ? Car le lieu du corps qui lui est homogÚne est partout. Donc elle occupera aussi le lieu tout entier. Mais comment ? Quñ€ℱest-ce que son inertie et son mouvement ? Ou bien, sera-t-elle partout en repos ? Et alors elle ne pourra jamais se mouvoir. Ou bien, sera-t-elle partout en mouvement ? Alors, elle ne sera jamais en repos. Si la partie est hétérogÚne, les lieux le sont aussi. Dñ€ℱabord, en ce cas, le corps du Tout nñ€ℱest plus Un, si ce nñ€ℱest par la contiguïté des parties. De plus, les parties seront finies ou infinies en espÚces. Mais elles ne peuvent ÃÂȘtre finies. Les unes seront donc infinies ; les autres ne le seront pas, puisque le Tout est infini, que dñ€ℱailleurs ce soit du feu, ou que ce soit de lñ€ℱeau. Mais cñ€ℱest alors la destruction des contraires. Si les parties sont infinies et simples, les lieux seront infinis également ; et alors, les éléments seront infinis comme eux. Mais si cñ€ℱest impossible et que les lieux soient finis, le Tout le sera nécessairement aussi. En un mot, il ne se peut pas que le corps soit infini, non plus que le lieu des corps, si tout corps sensible doit avoir pesanteur, ou légÚreté. En effet, le corps sera porté au centre ou en haut ; mais il est impossible que lñ€ℱinfini soit affecté, soit en entier, soit dans une moitié, soit dans une de ses parties quelconque. En effet, comment le diviser ? OÃÂč seront dans lñ€ℱinfini le haut, le bas, lñ€ℱextrémité, le milieu ? Ajoutez que tout corps perceptible a un lieu, et que le lieu nñ€ℱa que six espÚces. Or, il est impossible quñ€ℱelles se trouvent dans un corps infini ; et dñ€ℱune maniÚre générale, si le lieu ne peut ÃÂȘtre infini, il ne se peut pas davantage que le corps le soit non plus, puisque le corps est nécessairement quelque part. Mais,  Quelque part » signifie, ou en haut, ou en bas, ou telle autre des positions connues ; et elles ont toutes une limite finie. Dñ€ℱailleurs, lñ€ℱinfini nñ€ℱest pas identique, ni en grandeur, ni en mouvement, ni en temps, comme si cĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait une seule nature. Le postérieur ne se comprend que par sa relation avec lñ€ℱantérieur ; et par exemple, le mouvement ne se comprend que par rapport à une grandeur, dans laquelle lñ€ℱÃÂȘtre change de lieu, sñ€ℱaltÚre, ou sñ€ℱaccroÃt et le temps ne se mesure que par le mouvement. Chapitre 11[modifier] [1067b] Tout ce qui vient à changer change, tantÎt dñ€ℱune façon accidentelle et indirecte, comme lorsquñ€ℱon dit dñ€ℱun musicien quñ€ℱil marche ; tantÎt, cñ€ℱest en un sens absolu quñ€ℱon dit dñ€ℱune chose quñ€ℱelle change, quand une de ses parties seulement vient à changer en elle. Cette derniÚre nuance sñ€ℱapplique, par exemple, à tout ce qui se divise en parties différentes. Et cñ€ℱest ainsi que lñ€ℱon dit de tout notre corps, quñ€ℱil va bien, par cela seul que notre Å“il est guéri. Mais il existe un mobile qui se meut primitivement et par lui-mÃÂȘme ; cñ€ℱest ce quñ€ℱon peut appeler le mobile en soi. Les mÃÂȘmes nuances peuvent sñ€ℱappliquer au moteur. Ainsi, tel moteur ne meut que par accident ; tel autre meut partiellement ; tel autre enfin meut en soi. Il y a aussi un moteur premier ; et il y a également un premier mobile, qui est met dans un certain temps, partant dñ€ℱun certain point et se dirigeant vers tel autre point. Quant aux espÚces, aux modes, et au lieu vers lesquels se dirige tout ce qui est mû, ce sont là des termes immobiles, tout comme sont immobiles aussi la science et la chaleur. Ce nñ€ℱest pas la chaleur mÃÂȘme qui est un mouvement ; cñ€ℱest lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©chauffement. Le changement, qui nñ€ℱest pas accidentel, ne se trouve pas en toutes choses ; il nñ€ℱest précisément que dans les contraires, dans les intermédiaires, et dans la contradiction. On peut sñ€ℱen convaincre par lñ€ℱinduction et lñ€ℱanalyse. Ainsi, lñ€ℱobjet qui est soumis au changement change en passant dñ€ℱun sujet à un sujet, de ce qui nñ€ℱest pas sujet à ce qui nñ€ℱest pas sujet non plus, de ce qui nñ€ℱest pas sujet à ce qui est sujet, et enfin de ce qui est sujet à ce qui nñ€ℱest pas sujet. Le sujet que je veux indiquer ici, cñ€ℱest ce qui est exprimé par lñ€ℱaffirmation. Il en résulte quñ€ℱil nñ€ℱy a nécessairement que trois changements possibles, parce quñ€ℱil ne peut pas y avoir changement de ce qui nñ€ℱest pas sujet à ce qui nñ€ℱest pas sujet ; car alors il nñ€ℱy a là , ni contraire, ni contradiction, puisquñ€ℱil nñ€ℱy a pas lieu à une opposition quelconque. Le changement de ce qui nñ€ℱest pas sujet en un sujet contradictoire est une génération absolue, si le changement est absolu ; partielle, si le changement est partiel. Le changement dñ€ℱun sujet en ce qui nñ€ℱest pas sujet, est une destruction absolue, si le changement est absolu ; partielle, si le changement est partiel. Si le Non-ÃÂȘtre peut sñ€ℱentendre en plusieurs sens, et si ce qui est composé ou divisé par la pensée ne peut se mouvoir, ce qui nñ€ℱest quñ€ℱen puissance ne le peut pas davantage. En effet, ce qui est en puissance est lñ€ℱopposé de ce qui est dñ€ℱune maniÚre absolue ; car le Non-blanc, le Non-bon peuvent bien encore avoir un mouvement accidentel, puisque lñ€ℱÃÂȘtre qui nñ€ℱest pas blanc pourrait ÃÂȘtre un homme ; mais ce qui, absolument parlant, nñ€ℱest pas telle ou telle chose réelle, ne peut pas non plus se mouvoir de quelque façon que ce soit. Cñ€ℱest quñ€ℱil est impossible que le Non-ÃÂȘtre se meuve. Par suite, et si cela est vrai, il devient impossible aussi de dire que la génération soit un mouvement, puisque cñ€ℱest le Non-ÃÂȘtre qui sñ€ℱengendre et devient. Mais si le plus souvent le Non-ÃÂȘtre ne devient quñ€ℱaccidentellement, il nñ€ℱen est pas moins exact de dire que le Non-ÃÂȘtre sñ€ℱapplique à ce qui devient dñ€ℱune maniÚre absolue. On peut faire les mÃÂȘmes observations concernant le repos du Non-ÃÂȘtre. Ce sont là les difficultés qui se présentent ici ; et il faut y ajouter cette autre difficulté que tout ce qui est mû est dans un lieu, tandis que le Non-ÃÂȘtre nñ€ℱa pas de lieu possible, puisque alors il existerait quelque part. La destruction nñ€ℱest pas davantage un mouvement ; car le contraire dñ€ℱun mouvement, cñ€ℱest un autre mouvement ou le repos, tandis que la destruction est le contraire de la génération. [1068a] Mais, comme tout mouvement est un changement de certaine espÚce, et que les changements sont au nombre de trois, ainsi quñ€ℱon lñ€ℱa vu, et comme les changements relatifs à la destruction et à la génération ne sont pas des mouvements, et quñ€ℱils ne sont que les termes de la contradiction, il résulte de tout ceci quñ€ℱil nñ€ℱy a de changement possible que dñ€ℱun sujet à un sujet ; et les sujets ne sont que des contraires, ou des intermédiaires. Ajoutez quñ€ℱon peut prendre la privation pour un contraire, quoiquñ€ℱelle puisse sñ€ℱexprimer aussi sous forme affirmative, comme dans ces mots, par exemple Nu, Édenté, Noir. Chapitre 12[modifier] Si les catégories se divisent en substance, qualité, lieu, action, souffrance, relation, quantité, il nñ€ℱy a nécessairement de mouvement que dans trois dñ€ℱentre elles qualité, quantité, lieu. Il nñ€ℱy en a pas pour la substance, parce quñ€ℱil nñ€ℱy a rien de contraire à la substance. Il nñ€ℱy en a pas non plus pour la relation ; car, lñ€ℱun des deux relatifs ne changeant point, il peut nñ€ℱÃÂȘtre pas vrai que lñ€ℱautre ne change pas non plus. Donc, dans les relatifs, le mouvement nñ€ℱest quñ€ℱaccidentel. Il nñ€ℱy a pas davantage de mouvement dans les catégories de lñ€ℱaction et de la souffrance, ni dans le moteur et le mobile, parce quñ€ℱil nñ€ℱy a pas de mouvement de mouvement, ni génération de génération ; en un mot, il nñ€ℱy a pas changement de changement. Cette expression  Mouvement de mouvement » peut sñ€ℱentendre de deux maniÚres. Et dñ€ℱabord, le mouvement pourrait alors sñ€ℱappliquer à un sujet, comme on dit dñ€ℱun homme quñ€ℱil est mû lorsquñ€ℱil change du blanc au noir. Ce serait en ce mÃÂȘme sens quñ€ℱon pourrait dire du mouvement quñ€ℱil change, quñ€ℱil sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©chauffe, quñ€ℱil se refroidit, quñ€ℱil se déplace, quñ€ℱil sñ€ℱaccroÃt. Mais cela est impossible ; car le changement ne peut pas ÃÂȘtre pris pour un sujet. En second lieu, le changement de changement pourrait sñ€ℱentendre dans ce sens que le sujet serait changé par le changement en une autre espÚce ; de mÃÂȘme que lñ€ℱhomme peut changer de la maladie à la santé. Mais cela mÃÂȘme nñ€ℱest alors possible quñ€ℱaccidentellement. En effet, tout mouvement nñ€ℱest quñ€ℱun changement dñ€ℱun état en un autre état, comme cela est pour la production et pour la destruction ; seulement, les changements entre les opposés ne sont pas des mouvements. Cñ€ℱest donc en mÃÂȘme temps que lñ€ℱon change de la santé à la maladie ; et de ce changement mÃÂȘme en un autre. Il est, par suite, évident, que si lñ€ℱon a été malade, cñ€ℱest quñ€ℱauparavant on aura éprouvé un changement quelconque ; car on peut ÃÂȘtre aussi en repos. Et ce nñ€ℱest pas toujours un changement quelconque quñ€ℱon subit ; ce changement aussi tend à aller dñ€ℱun certain état vers un autre état. Ce serait donc la guérison qui serait opposée à la maladie, mais uniquement parce quñ€ℱelle est accidentelle. Cñ€ℱest ainsi quñ€ℱon change en passant du souvenir à lñ€ℱoubli, parce que le sujet, en qui sont lñ€ℱoubli et la maladie, change pour arriver, ici à la science ; et là , à la santé. Mais ce serait se perdre dans lñ€ℱinfini sñ€ℱil y avait changement de changement, production de production. Quand un mouvement ultérieur a lieu, il faut nécessairement que le mouvement antérieur ait eu lieu aussi. Par exemple, si une production absolue a eu lieu de quelque façon que ce soit, lñ€ℱÃÂȘtre qui devient dñ€ℱune maniÚre absolue sñ€ℱest produit ; et [1068b] par conséquent, si lñ€ℱÃÂȘtre qui devient dñ€ℱune maniÚre absolue nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait pas encore, il était du moins quelque chose qui se produisait, ou qui était antérieurement produit. Or, si ce dernier ÃÂȘtre venait à se produire, cñ€ℱest que ce qui se produisait alors existait déjà auparavant. Mais comme dans les choses infinies, il nñ€ℱy a pas de terme premier, il nñ€ℱy en aura pas ici ; et il nñ€ℱy aura pas davantage de ternie subséquent. Il est donc impossible que quelque-chose se produise, que quelque-chose se meuve, que quelque-chose puisse changer. Ajoutez que, pour un mÃÂȘme objet, il y aurait alors un mouvement contraire, et aussi le repos, la génération et la destruction. Et par conséquent, au moment mÃÂȘme oÃÂč ce qui naÃt vient de naÃtre, il est détruit ; car il ne se produit, ni à ce moment, ni plus tard, puisquñ€ℱil faut ÃÂȘtre dñ€ℱabord pour ÃÂȘtre détruit. Il faut, de plus, quñ€ℱil y ait une matiÚre pour ce qui se produit et pour ce qui change. Quelle sera donc cette matiÚre ? Et de mÃÂȘme que ce qui sñ€ℱaltÚre est, ou un corps, ou une ùme, de mÃÂȘme la chose qui se produit ici sera-t-elle un mouvement ou une production ? Quel est le point oÃÂč tend le mouvement ? Car il faut que le mouvement de telle chose, partant de tel point pour se diriger vers tel autre point, soit quelque chose et ne soit pas le mouvement. Mais comment tout cela est-il possible ? Il nñ€ℱy aura point, par exemple, étude dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tude, pas plus quñ€ℱil nñ€ℱy a génération de génération, Puis donc que le mouvement nñ€ℱappartient, ni à la substance, ni à la relation, ni à lñ€ℱaction, ni à la souffrance, il ne reste plus quñ€ℱà le placer dans la qualité, dans la quantité, et dans le lieu ; car dans chacune de ces catégories, il y a opposition par contraires. Quand je parle de qualité, je nñ€ℱentends pas la qualité qui se trouve dans la substance, ni la qualité dans la différence, mais je veux parler de la qualité affective, celle qui fait quñ€ℱon dit dñ€ℱun ÃÂȘtre quñ€ℱil est affecté de telle façon, ou quñ€ℱil ne lñ€ℱest pas. On entend par immobile, ou ce qui ne peut pas absolument ÃÂȘtre mis en mouvement, ou ce qui nñ€ℱy est mis quñ€ℱà grand-peine, en beaucoup de temps, ou ce qui ne sñ€ℱy met que trÚs lentement, ou enfin ce qui, étant fait de sa nature pour se mouvoir, ne peut se mouvoir cependant, ni comme la nature le veut, ni dans le lieu quñ€ℱelle veut, ni de la façon quñ€ℱelle veut. La seule chose vraiment immobile est ce que jñ€ℱappelle le repos. En effet, le repos est le contraire du mouvement ; et il est la privation du mouvement pour la chose qui peut le recevoir. On dit que les choses ont ensemble un seul et mÃÂȘme lieu, quand elles sont dans un mÃÂȘme lieu primitif ; et lñ€ℱon dit quñ€ℱelles ont un lieu séparé, quand elles sont dans un lieu différent. Les choses sont dites se toucher, quand leurs extrémités sont assemblées. Lñ€ℱintermédiaire est le point oÃÂč naturellement doit passer dñ€ℱabord ce qui change, avant dñ€ℱarriver au terme dernier, oÃÂč change ce qui naturellement change dñ€ℱune maniÚre Continue. Par contraire, en fait de lieu, on entend ce qui est le plus éloigné en ligne droite. Une chose est dite consécutive à une autre, quand, venant aprÚs le point de départ et le principe, soit par sa position, soit par son espÚce, ou par telle autre détermination, elle nñ€ℱa aucun intermédiaire entre elle et les choses comprises dans le mÃÂȘme genre. La chose est dite encore consécutive, quand elle vient à la suite sans interruption par exemple, les lignes suivent la ligne, les unités suivent lñ€ℱunité, la maison suit la maison. Rien nñ€ℱempÃÂȘche dñ€ℱailleurs quñ€ℱil nñ€ℱy ait un autre intermédiaire ; car ce qui vient ensuite vient à la suite de quelque chose, et est un terme postérieur à quelque chose. Ainsi, Un ne vient pas aprÚs Deux, et la nouvelle lune ne vient pas aprÚs le second quartier du mois. [1069a] On dit dñ€ℱune chose quñ€ℱelle est contiguÃ, quand elle vient à la suite des choses quñ€ℱelle touche sans intermédiaire. Mais comme tout changement se passe dans les opposés, comme les opposés sont les, contraires et la contradiction, et comme il nñ€ℱy a pas de terme moyen dans la contradiction, il est évident que lñ€ℱintermédiaire doit ÃÂȘtre compris parmi les contraires. Le continu est quelque chose de contigu, et qui touche à la chose. On dit dñ€ℱune chose quñ€ℱelle est continue, lorsque les extrémités de chacune des deux choses qui se touchent, et se suivent, deviennent une seule et mÃÂȘme chose. Par conséquent, on voit que le continu nñ€ℱest possible que pour les choses qui peuvent naturellement former, par le contact, un tout unique. On voit aussi que le premier de ces termes est le conséquent ; car ce qui ne fait que venir ensuite ne touche pas, tandis quñ€ℱau contraire ce qui est conséquent et continu touche la chose. Mais il ne suffit pas de toucher pour ÃÂȘtre continu. Pour les choses oÃÂč il nñ€ℱy a pas de contact possible, il nñ€ℱy a pas non plus de combinaison ; et cñ€ℱest là ce qui fait que le point nñ€ℱest pas identique à lñ€ℱunité. Pour les points, il y a contact ; il nñ€ℱy en a pas pour les unités ; pour elles, il y a seulement succession. Aussi, il y a des intermédiaires pour les points ; il nñ€ℱy en a pas de possible pour les unités. Livre 12 Chapitre 1[modifier] La substance est lñ€ℱobjet de nos études, puisque ce sont les principes et les causes des substances que nous recherchons. Si, en effet, lñ€ℱon considÚre une chose quelconque formant un tout, la premiÚre partie dans ce tout est la substance ; et si lñ€ℱon considÚre lñ€ℱordre de succession, cñ€ℱest la substance encore qui est la premiÚre, quand on se place à cet autre point de vue. La qualité et la quantité ne viennent quñ€ℱaprÚs elle ; et mÃÂȘme, à parler dñ€ℱune maniÚre absolue, la qualité et la quantité ne sont pas mÃÂȘme des ÃÂȘtres ; ce ne sont que des qualifications et des mouvements, qui nñ€ℱont pas plus de réalité que nñ€ℱen peuvent avoir le Non-blanc ou le Non-droit. Nous disons néanmoins de la qualité et de la quantité quñ€ℱelles Sont, comme nous le disons aussi du Non-blanc. Il faut ajouter que, à part la substance, rien de tout le reste nñ€ℱest séparé ; et les théories des anciens philosophes nous le font bien voir, puisquñ€ℱils recherchaient les principes de la substance, ses éléments et ses causes. De nos jours, les philosophes prennent plus particuliÚrement les universaux pour des substances ; car ce sont des termes universels que les genres, quñ€ℱils regardent surtout comme des principes et des substances, parce que leurs doctrines sont purement logiques. Les anciens, au contraire, adoptaient de préférence pour principes les substances particuliÚres, le feu, la terre, par exemple, sans sñ€ℱoccuper de trouver un corps commun. Or, il y a trois substances lñ€ℱune sensible ; et, dans celle-ci, on distingue la substance éternelle et la substance périssable. Tout le monde est dñ€ℱaccord sur cette derniÚre, qui comprend, par exemple, les plantes et les animaux. Lñ€ℱautre est la substance éternelle, pour laquelle il faut savoir si elle nñ€ℱa quñ€ℱun élément unique, ou si ses éléments sont multiples. Enfin, il existe une autre substance immobile ; et quelques philosophes soutiennent quñ€ℱelle est séparée. Les uns la partagent en deux ; dñ€ℱautres nñ€ℱy voient quñ€ℱune nature unique, comprenant les espÚces et les entités mathématiques ; tandis que dñ€ℱautres encore nñ€ℱadmettent absolument, comme substances, que les seuls ÃÂȘtres mathématiques. Les deux premiÚres substances relÚvent de la Physique, attendu quñ€ℱelles sont sujettes au mouvement. [1069b] Mais la derniÚre appartient à une autre science, puisque elle nñ€ℱa aucun principe commun avec le reste. Chapitre 2[modifier] La substance sensible est soumise au changement ; or, le changement vient toujours, soit dñ€ℱopposés, soit de termes intermédiaires. Il ne vient pas, cependant, de tous les opposés sans exception ; car on ne peut pas dire du son quñ€ℱil soit blanc ; mais le changement vient du contraire. Il faut donc nécessairement quñ€ℱil existe quelque chose qui change, pour passer dñ€ℱun contraire à lñ€ℱautre, puisque ce ne sont pas les contraires eux-mÃÂȘmes qui peuvent changer. Remarquons, en outre, que ce quelque chose demeure et subsiste, tandis que le contraire ne subsiste pas. Ainsi, il doit y avoir, outre les contraires, un troisiÚme terme, qui nñ€ℱest autre que la matiÚre. Mais nous avons vu que les changements sont au nombre de quatre, selon quñ€ℱils se passent dans la substance, dans la qualité, dans la quantité, ou dans le lieu. La production absolue, ou la destruction, est le changement relatif à la substance ; lñ€ℱaccroissement et le décroissement se rapportent à la quantité ; la modification se rapporte à la qualité ; et enfin, le changement relatif au lieu est le déplacement. Donc, les changements se font toujours entre les contraires, dans chaque genre. Ainsi, ce qui change, cñ€ℱest nécessairement la matiÚre, qui est susceptible dñ€ℱÃÂȘtre lñ€ℱun ou lñ€ℱautre des contraires indifféremment. Mais, lñ€ℱÃƠtre se présentant sous deux aspects, tout changement est le passage de lñ€ℱÃƠtre en puissance à lñ€ℱÃƠtre actuel ; et, par exemple, cñ€ℱest le passage de ce qui est blanc en puissance à ce qui est blanc effectivement. MÃÂȘme remarque pour lñ€ℱaccroissement et le dépérissement. Par conséquent, non seulement toutes choses peuvent venir accidentellement du Non-ÃÂȘtre ; mais en outre, on peut dire que toutes viennent de lñ€ℱÃƠtre, avec cette nuance toutefois que cñ€ℱest de lñ€ℱÃƠtre qui est en puissance, et qui nñ€ℱest pas actuel. Voilà ce que signifie lñ€ℱUnité dñ€ℱAnaxagore ; et cñ€ℱest là la meilleure interprétation de son axiome, à savoir que  Tout était confondu ». Voilà ce que signifie le Mélange dñ€ℱEmpédocle et dñ€ℱAnaximandre ; ou, comme le dit Démocrite,  Tout était confondu en puissance, mais non pas effectivement ». Ainsi, tous ces philosophes touchaient de bien prÚs. à la théorie de la matiÚre. Donc, tout ce qui change a une matiÚre ; mais cñ€ℱest une matiÚre autre que celle des choses éternelles, qui ne sont point engendrées, et qui ont un mouvement de simple translation. Cette matiÚre, non sujette à la génération, va dñ€ℱun lieu à un autre. On peut dñ€ℱailleurs se demander de quelle sorte de Non-ÃÂȘtre peut venir la génération, puisque le Non-ÃÂȘtre peut sñ€ℱentendre de trois maniÚres. Il y a dñ€ℱabord le Non-ÃÂȘtre en puissance, qui, du reste, ne peut pas indifféremment produire la premiÚre chose venue, mais seulement lñ€ℱun venant de lñ€ℱautre. Il ne suffit pas de dire que toutes choses étaient ensemble et confondues ; car elles diffÚrent par leur matiÚre, et lñ€ℱon peut se demander Comment sont-elles devenues infinies, au lieu de se réduire à lñ€ℱunité ? Et cñ€ℱeût été facile, puisque lñ€ℱIntelligence aussi était Une. Par conséquent, si la matiÚre est Une, il nñ€ℱa pu se produire en acte que lñ€ℱÃƠtre dont la matiÚre était dñ€ℱabord en puissance. Ainsi, il y a trois causes, de mÃÂȘme quñ€ℱil y a trois principes ; deux dñ€ℱentre eux forment lñ€ℱopposition des contraires dñ€ℱune part, la définition avec lñ€ℱespÚce ; dñ€ℱautre part, la privation ; le troisiÚme principe est la matiÚre. Chapitre 3[modifier] AprÚs ce qui précÚde, il nous faut dire que, ni la matiÚre, ni la forme, ne peuvent ÃÂȘtre produites ; je veux dire, la matiÚre et la forme derniÚre. En effet, tout changement change quelque chose, par quelque chose, et en quelque chose [1070a] Par quelque chose, cñ€ℱest le premier moteur ; Quelque chose, cñ€ℱest la matiÚre ; et En quelque chose, cñ€ℱest la forme. Le devenir se perdrait dans lñ€ℱinfini, si ce nñ€ℱest pas seulement lñ€ℱairain qui devient sphérique, et quñ€ℱil faille encore que la forme sphérique devienne aussi, et que lñ€ℱairain lui-mÃÂȘme ait à devenir. Il faut donc nécessairement un point dñ€ℱarrÃÂȘt. Puis, il est certain que toute substance vient dñ€ℱune substance qui porte le mÃÂȘme nom quñ€ℱelle, soit dans les choses que produit la nature et qui sont des substances, soit dans une foule dñ€ℱautres choses ; car les choses sont le produit, ou de lñ€ℱart, ou de la nature, ou du hasard, ou de leur propre spontanéité. Lñ€ℱart est un principe qui agit dans un objet autre que lui ; la nature, au contraire, est un principe dans lñ€ℱobjet mÃÂȘme ; et cñ€ℱest ainsi quñ€ℱun homme produit un homme. Quant aux autres causes, ce sont les privations de celles-là . On peut distinguer trois substances dñ€ℱabord la matiÚre, qui est quelque chose de distinct, apparaissant à nos sens ; car tout ce qui est Un au contact, sans que ce soit une simple connexion, est matiÚre ou sujet ; ensuite, la nature à laquelle aboutit le changement, qui est la forme spéciale de lñ€ℱÃƠtre et sa maniÚre dñ€ℱÃÂȘtre quelconque ; enfin, la troisiÚme substance formée des deux premiÚres, et qui est la substance individuelle, comme, par exemple, Socrate, Callias. Dans certains cas, la forme nñ€ℱexiste pas en dehors de la substance composée, qui la revÃÂȘt. Ainsi, la forme de la maison nñ€ℱexiste pas en dehors de la maison, si ce nñ€ℱest dans lñ€ℱart qui la construit. Pour les choses de cet ordre, il nñ€ℱy a, ni production, ni destruction possible ; et cñ€ℱest dñ€ℱune autre maniÚre que les choses sont, ou ne sont pas, comme la maison sans la matiÚre qui la forme, la santé, et tout autre produit de lñ€ℱart. Mais si la production et la destruction ont lieu quelque part, cñ€ℱest dans les choses de la nature. Aussi, Platon ne se trompe-t-il pas quand il dit quñ€ℱil y a autant dñ€ℱIdées quñ€ℱil y a de choses dans la nature, si, toutefois, il y a des Idées différentes pour des choses telles que le feu, la chair, la tÃÂȘte, etc. Tout est matiÚre dans le monde ; et la matiÚre derniÚre est la matiÚre de la substance par excellence. Les causes motrices doivent donc ÃÂȘtre considérées comme antérieures à ce quñ€ℱelles meuvent. Mais les causes qui ne sont que des définitions sont simultanées à lñ€ℱobjet défini. Par exemple, du moment que lñ€ℱhomme est sain et bien portant, la santé existe aussi ; et la figure de la boule dñ€ℱairain est simultanée à la boule elle-mÃÂȘme. Y a-t-il, sous tout cela, quelque chose de permanent, cñ€ℱest ce quñ€ℱil faut voir ; car cñ€ℱest une chose trÚs possible dans certains cas ; et, par exemple, on peut croire que lñ€ℱñme est quelque chose de ce genre, si ce nñ€ℱest lñ€ℱñme tout entiÚre, du moins cette partie de lñ€ℱñme qui est lñ€ℱentendement ; car peut-ÃÂȘtre lñ€ℱñme tout entiÚre ne peut-elle avoir cette propriété. Il est donc bien clair que, pour ces choses-là , lñ€ℱexistence des Idées nñ€ℱa rien de nécessaire, puisque lñ€ℱhomme produit lñ€ℱhomme, et que lñ€ℱindividu produit lñ€ℱindividu. On peut faire une remarque pareille pour les choses que les arts produisent, puisque lñ€ℱart de la médecine est la définition mÃÂȘme et la notion de la santé. Chapitre 4[modifier] Les causes et les principes sont, en un sens, différents pour les différents objets ; et en un sens, ils ne le sont pas, si lñ€ℱon se borne à parler des causes dñ€ℱune maniÚre générale, et quñ€ℱon admette que cñ€ℱest, par simple analogie, que les principes sont identiques pour tous les ÃÂȘtres. Ainsi, lñ€ℱon pourrait se demander si, en effet, les principes sont autres, ou sñ€ℱils sont les mÃÂȘmes pour les substances et pour les relatifs, et appliquer à chacune des autres catégories des considérations semblables. Mais, en ceci, il serait insensé de croire à lñ€ℱidentité des principes pour toutes les choses, puisquñ€ℱon arriverait à dire que les relatifs et la substance viennent de principes tout pareils. [1070b] En ce cas, comment lñ€ℱidentité serait-elle possible ? En dehors de la substance et des autres catégories, il nñ€ℱy a rien qui puisse ÃÂȘtre commun. Or, lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément est antérieur aux objets dont il est lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément Mais la substance ne saurait ÃÂȘtre lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément des relatifs, pas plus quñ€ℱaucun des relatifs ne peut ÃÂȘtre lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément de la substance Encore une fois, comment pourrait-il se faire que les éléments de toutes choses fussent les mÃÂȘmes, puisquñ€ℱil est de tout point impossible que jamais aucun des éléments puisse sñ€ℱidentifier avec le composé, que forment les éléments mÃÂȘmes ? Ainsi, les lettres B et A ne sont pas identiques à la syllabe BA, quñ€ℱelles forment Parmi les choses purement intelligibles, il nñ€ℱy en a pas davantage qui puissent ÃÂȘtre des éléments, comme seraient, par exemple, lñ€ℱUn ou lñ€ℱÃƠtre, puisque lñ€ℱÃƠtre et lñ€ℱUn se retrouvent dans tous les composés Aucune des choses intelligibles ne peut ÃÂȘtre, ni substance, ni relation ; et cependant, il faudrait nécessairement quñ€ℱelles le fussent Donc, les éléments ne sont pas les mÃÂȘmes pour toutes choses ; ou plutÎt, ainsi que nous venons de le dire, ils sont en partie les mÃÂȘmes, et en partie ils ne le sont pas lis peuvent bien, par exemple, ÃÂȘtre les mÃÂȘmes pour les corps sensibles, oÃÂč la forme est, tantÎt le chaud, et, en un autre sens, le froid, cñ€ℱest-à -dire la privation du chaud. La matiÚre est ce qui, en puissance, est primitivement en soi le froid et le chaud. Mais le chaud et le froid sont des substances, ainsi que les composés qui en viennent, et dont ils sont les principes. Et si du froid et du chaud, il sort quelque chose qui soit Un, comme la chair et lñ€ℱos, qui en viennent, il faut nécessairement que le produit que forment le chaud et le froid, soit différent dñ€ℱeux. Ainsi, pour ces corps, les éléments et les principes sont les mÃÂȘmes. Mais pour dñ€ℱautres corps, ils sont différents. Il est donc impossible de dire en ce sens que les principes sont identiques pour tous les corps. Mais il y a entre eux une analogie pareille à celle qui fait dire que les principes sont au nombre de trois la forme, la privation et la matiÚre, bien que chacun de ces trois termes varie dans chaque genre particulier par exemple, dans la couleur, cñ€ℱest le blanc , le noir et la surface ; cñ€ℱest la lumiÚre, lñ€ℱobscurité et lñ€ℱair, dont les composés sont la nuit et le jour. Mais comme les causes ne sont pas seulement internes, et que, en outre, elles peuvent ÃÂȘtre extérieures aux objets, comme lñ€ℱest le moteur, il est évident quñ€ℱil y a une différence entre le principe et lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©lément. Tous les deux sont également des causes ; et le mot Principe peut avoir les diverses acceptions que nous venons dñ€ℱindiquer. Mais ce qui produit le mouvement ou le repos, est bien aussi un principe et une substance. Ainsi, par analogie, on peut compter trois éléments, et quatre causes, ou principes différents, dans les différents ÃÂȘtres ; et la cause premiÚre, telle que le moteur, peut varier dñ€ℱun objet à un autre Santé, maladie, corps ; dans cet ordre dñ€ℱidées, le moteur, cñ€ℱest la médecine ; arrangement, désordre dñ€ℱun certain genre, pierres de taille, le moteur, cñ€ℱest lñ€ℱart de lñ€ℱarchitecte. Telles sont les nuances dñ€ℱacception quñ€ℱon peut distinguer dans le mot Principe. Mais comme le moteur, pour les hommes qui existent dans la nature, cñ€ℱest lñ€ℱhomme, et que, pour les hommes purement intelligibles, le moteur, cñ€ℱest la forme ou le contraire de la forme, il y a trois causes, si lñ€ℱon veut, quoiquñ€ℱon puisse aussi en compter quatre. En effet, la santé, à certains égards, se confond avec la médecine ; la forme de la maison se confond avec lñ€ℱarchitecture, qui la construit ; lñ€ℱhomme produit lñ€ℱhomme. Puis, en dehors de ces objets, et comme étant le premier de tous ces moteurs, il y a le moteur qui met tout en mouvement dans lñ€ℱobjet entier. Chapitre 5[modifier] Comme, parmi les choses, les unes peuvent avoir une existence séparée, et que les autres ne le peuvent pas, ce sont les premiÚres qui sont les substances ; [1071a] et ce qui fait que les substances sont les causes de tout le reste, cñ€ℱest que, sans les substances, les modes des choses et leurs mouvements ne sauraient exister. Il se peut ensuite que les substances soient lñ€ℱñme avec le corps, ou lñ€ℱintelligence et le désir, ou le corps tout seul. Sous un autre point de vue, les principes sont les mÃÂȘmes par analogie tels sont lñ€ℱacte et la puissance ; ce qui nñ€ℱempÃÂȘche pas que lñ€ℱacte et la puissance ne soient différents, selon les différents objets, et quñ€ℱils ne sñ€ℱy comportent différemment. Ainsi, dans certains cas, cñ€ℱest la mÃÂȘme chose qui est, tantÎt en acte, et tantÎt en puissance ; et ces diversités peuvent se retrouver, par exemple, pour le vin, pour la chair, pour lñ€ℱhomme. Ceci rentre alors dans les causes énumérées par nous. Ainsi, la forme est en acte, quand il existe un ÃÂȘtre qui peut ÃÂȘtre séparé, ou quand existe le composé qui résulte des deux. La privation, cñ€ℱest lñ€ℱobscurité, ou cñ€ℱest la maladie. La matiÚre nñ€ℱest quñ€ℱen puissance, puisquñ€ℱelle nñ€ℱest que ce qui peut devenir indifféremment lñ€ℱun ou lñ€ℱautre des contraires. Lñ€ℱacte et la puissance diffÚrent encore dñ€ℱune autre maniÚre, dans les choses dont la matiÚre nñ€ℱest pas la mÃÂȘme, et quand leur forme, au lieu dñ€ℱÃÂȘtre la mÃÂȘme, est différente aussi. Par exemple, la cause qui produit lñ€ℱhomme, ce sont les éléments, cñ€ℱest-à -dire le feu et la terre, en tant quñ€ℱils sont la matiÚre ; cñ€ℱest, en outre, sa forme propre ; et aussi, tel autre ÃÂȘtre extérieur, notamment le pÚre qui lñ€ℱa engendré. Mais, outre ces causes, on peut dire encore que la cause de lñ€ℱhomme, cñ€ℱest le soleil et le cercle oblique que le soleil décrit. Ce ne sont là , ni la matiÚre, ni la forme de lñ€ℱhomme, ni la privation, ni rien qui lui soit homogÚne ; mais ce sont ses principes moteurs. Il faut remarquer encore quñ€ℱil y a des causes qui peuvent recevoir une appellation universelle, et dñ€ℱautres auxquelles une telle appellation ne sñ€ℱapplique pas. Ainsi, les premiers principes de toutes choses, ce sont le primitif actuel et la forme ; à un autre égard, cñ€ℱest ce qui est en puissance, ou le possible. Mais les universaux ne sont pas des principes, attendu que lñ€ℱindividuel seul peut ÃÂȘtre le principe des individus. Homme est bien lñ€ℱuniversel de lñ€ℱhomme, mais ce nñ€ℱest jamais tel ou tel homme ; tandis que cñ€ℱest Pélée qui est réellement le principe dñ€ℱAchille ; cñ€ℱest votre pÚre qui est votre principe ; et cñ€ℱest tel B qui est le principe de telle syllabe BA ; si B est universel et absolu, BA lñ€ℱest également. De plus, les espÚces sont les principes des substances. Cñ€ℱest que les causes et les éléments diffÚrent, ainsi quñ€ℱon lñ€ℱa dit, pour les choses qui ne sont pas dans le mÃÂȘme genre les couleurs et les sons, par exemple, ou bien aussi la substance et la quantité. Les principes ne se confondent que par analogie. Ils sont encore différents mÃÂȘme pour des choses qui sont de la mÃÂȘme espÚce ; non pas quñ€ℱalors ils diffÚrent spécifiquement, mais ils diffÚrent en ce sens quñ€ℱil y a un principe distinct pour chaque individu. Et, par exemple, la matiÚre dont vous ÃÂȘtes fait, votre forme et votre moteur, ne sont, ni ma matiÚre, ni ma figure, ni mon moteur. On ne pourrait les identifier que par leur définition générale. Quant à savoir quels sont les principes et les éléments des substances, des relatifs, des qualités, et sñ€ℱils sont différents ou sñ€ℱils sont identiques, il est évident que, si lñ€ℱon ne consulte que leurs acceptions multiples, ils peuvent ÃÂȘtre les mÃÂȘmes pour chaque chose ; mais que, si lñ€ℱon y fait les distinctions nécessaires, ils ne sont plus les mÃÂȘmes, et quñ€ℱils sont autres. Ils ne sont identiques quñ€ℱen ce sens quñ€ℱils sont les principes de tout, ou le sont au moins par analogie, en tant quñ€ℱils sont la matiÚre, la forme, la privation, et le moteur en toutes choses. En un autre sens encore, on peut regarder les causes des substances comme les causes de tout, puisque tout est détruit dÚs que les substances sont détruites. La cause aussi est le primitif en acte, en Entéléchie. Cñ€ℱest encore de cette façon que se présentent les autres primitifs, tels, que les contraires, qui ne peuvent ÃÂȘtre pris, ni comme des genres, ni en plusieurs acceptions. Enfin, les matiÚres, dans toutes les choses, peuvent ÃÂȘtre considérées également comme des causes. [1071b] Nous avons donc expliqué ce que sont les principes des choses sensibles. et quel en est le nombre ; et nous avons dit aussi comment ils sont les mÃÂȘmes, et comment ils sont différents. Chapitre 6[modifier] Nous avons reconnu quñ€ℱil y a trois substances, dont deux sont physiques, et dont la troisiÚme est immobile. Maintenant nous allons démontrer, pour cette derniÚre, que, de toute nécessité, il nñ€ℱy a quñ€ℱune substance éternelle qui puisse ÃÂȘtre immobile. Les substances, en effet, sont les premiers des ÃÂȘtres ; et si toutes les substances étaient périssables, tout absolument serait périssable comme elles. Mais il est impossible que le mouvement naisse, ou quñ€ℱil périsse, puisquñ€ℱil est éternel, ainsi que nous lñ€ℱavons établi. Le temps ne peut pas davantage commencer ni finir, puisquñ€ℱil ne serait pas possible quñ€ℱil y eût, ni dñ€ℱAvant, ni dñ€ℱAprÚs, si le temps nñ€ℱexistait pas. Ajoutons que le mouvement est continu de la mÃÂȘme maniÚre que le temps peut lñ€ℱÃÂȘtre aussi ; car, ou le temps se confond identiquement avec le mouvement, ou il est un de ses modes. Or, le mouvement ne peut ÃÂȘtre continu que dans lñ€ℱespace ; et le seul mouvement qui, dans lñ€ℱespace, puisse ÃÂȘtre continu, cñ€ℱest le mouvement circulaire. Mais lñ€ℱÃÂȘtre capable de mouvoir, ou capable de faire quelque chose, a beau exister, sñ€ℱil nñ€ℱagit pas actuellement dans une certaine mesure, il ne peut pas y avoir de mouvement, puisquñ€ℱil se peut fort bien que ce qui a la puissance dñ€ℱagir nñ€ℱagisse pas. Il serait donc bien inutile de supposer des substances éternelles, et nous nous abstiendrions de le faire, comme dñ€ℱautres supposent, les Idées, sñ€ℱil ne devait pas y avoir un principe qui fût en état de produire le changement. Mais ce principe lui-mÃÂȘme, non plus que toute autre substance, quñ€ℱon supposerait en dehors des Idées, ne suffit pas ; car, si cette substance nñ€ℱagit pas, le mouvement sera impossible. Et mÃÂȘme elle agirait, que ce nñ€ℱest encore rien, si sa substance nñ€ℱest quñ€ℱen puissance ; car alors, le mouvement ne sera pas éternel, puisque ce qui nñ€ℱest quñ€ℱen puissance peut aussi nñ€ℱÃÂȘtre pas. Il doit donc exister un principe dont lñ€ℱessence soit dñ€ℱÃÂȘtre en acte. De plus, il faut que de telles substances soient sans matiÚre ; car ce sont les substances sans matiÚre qui doivent ÃÂȘtre éternelles, sñ€ℱil y a quelque chose dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©ternel au monde. Donc, elles sont en acte. Mais ici on soulÚve un doute, et lñ€ℱon dit  Il semble que tout ce qui est en acte doit ÃÂȘtre aussi en puissance, tandis que tout ce qui est possible nñ€ℱest pas toujours actuel. Par conséquent, la puissance est antérieure à lñ€ℱacte. » Que si lñ€ℱon admet cela, pas un seul ÃÂȘtre ne pourra plus exister ; car il est trÚs concevable que quelque chose ait la puissance dñ€ℱÃÂȘtre, sans ÃÂȘtre cependant encore. Mais, si comme le disent les Théologues, cñ€ℱest de la Nuit que tout vient, ou si, avec les Naturalistes, nous supposons quñ€ℱau début toutes choses étaient confondues ensemble, lñ€ℱimpossibilité est la mÃÂȘme ; car, dñ€ℱoÃÂč pourra venir le mouvement, sñ€ℱil nñ€ℱy a pas actuellement de cause qui le produise ? Certes, ce nñ€ℱest pas la matiÚre qui se donne à elle-mÃÂȘme le mouvement ; cñ€ℱest, par exemple, lñ€ℱart de lñ€ℱarchitecte, qui le lui communique. Ce ne sont pas davantage les menstrues, ce nñ€ℱest pas la terre qui donneront non plus le mouvement ; mais cñ€ℱest la liqueur séminale et le germe. De là vient que quelques philosophes ont affirmé que lñ€ℱacte est éternel, comme Leucippe et Platon, attendu, disent-ils, quñ€ℱil faut que le mouvement subsiste toujours. Mais ces philosophes ne nous apprennent pas pourquoi le mouvement a lieu, ni quel il est ; ils ne nous apprennent pas non plus comment il est ce quñ€ℱil est, et ils ne remontent pas davantage jusquñ€ℱà sa cause. Rien, en effet, ne se meut au hasard ; mais il faut quñ€ℱil y ait quelque chose qui subsiste éternellement ; de mÃÂȘme quñ€ℱil y a, sous nos yeux, des choses qui sont mises en mouvement par leur nature, ou qui sont mues toujours par force de telle ou telle maniÚre, ou qui le sont par lñ€ℱintelligence de lñ€ℱhomme, ou par tel autre principe que nous pouvons observer. On peut se demander aussi Quel est le premier de tous les mouvements ? Cñ€ℱest là un point dñ€ℱune importance incalculable. Et pourtant, Platon lui-mÃÂȘme ne peut dire que ce soit le principe qui, comme il lñ€ℱaffirme quelquefois, [1072a] se donne le mouvement à lui-mÃÂȘme. Car, à lñ€ℱentendre, lñ€ℱñme est postérieure au Ciel, ou contemporaine du Ciel. Mais supposer que la puissance est antérieure à lñ€ℱacte, c Lesarrasin se cultive en plein soleil, Ă  la chaleur, dans un sol pauvre, lĂ©ger, sableux, caillouteux. Date de semis du sarrasin. C'est au printemps que vous sĂšmerez le sarrasin aprĂšs les derniĂšres gelĂ©es printaniĂšres lorsque la terre se sera bien rĂ©chauffĂ©e, vers mi-mai, Ă  raison de 50g/10mÂČ. Conseil d’entretien et de culture du sarrasin. A part un peu de binage pour dĂ©sherber Liste de plantes et fleurs qui poussent dans un pot ou une jardiniĂšre Les plantes ne peuvent pas toutes se cultiver en pot ou en jardiniĂšre, que ce soit Ă  cause de l'Ă©talement des racines, ou simplement parce qu'elles ne donnent pas un bon rĂ©sultat dĂ©coratif. Quandplanter les pommes de terre 'Annabelle'. Installez cette variĂ©tĂ© de pomme de terre en terre suffisamment rĂ©chauffĂ©e, Ă  partir de la mi-avril et jusqu'en mai. Au sud, vous pourrez la planter un peu avant, Ă  partir de la fin mars. Couvrez si le temps reste frais le matin, pendant deux semaines. DĂ©butPage prĂ©cedentePage suivanteFin Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201849 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201540 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201348 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201208 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  200939 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  200413 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  200147 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  195954 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  195706 PrĂ©paration mentale Il faut se prĂ©parer pendant que tu as du tempsJe sais pas commentMoi oui Passe Mp si tu veux !Tu peux me l'expliquer ici si ça te dĂ©range pas stp ?Sans problĂšme ça risque juste de polluer le topic Tu dois apprendre Ă  respirer et respirer correctement en toute circonstance. Pour ça il faut t’infliger des stress en situation contrĂŽlĂ©e afin d’apprendre Ă  stresser correctement et donc concrĂštement Ă  respirer correctement en toute es obligĂ© de crĂ©er des situations factices car ça permet une libĂ©ration totale sur les consĂ©quences au dĂ©but Ensuite tu peux aussi mĂ©diter. J’utilise une technique mais plusieurs sont bonnes pas petit bambou hein ! le tout Ă©tant de travailler ton mental comme une gymnastique Bien entendu il te faudra aussi un minimum d’entraĂźnement physique de n’importe quel type car un corps en mauvais Ă©tat fait un mental en mauvais Ă©tat Dans la mĂȘme lignĂ©e il te faudra apprendre Ă  dĂ©tendre tes muscles car la souplesse c’est la jeunesse. Un muscle tendu est une rĂ©ponse Ă  un stress pour ĂȘtre prĂȘt la fois d’aprĂšs mais a force d’accumuler on pete la machine VoilĂ  un rĂ©sumĂ©Ok merci mĂȘme si j'avais l'impression que tu trollais ai dĂ©butAbsolument pas je suis trĂšs sĂ©rieux Ton corps et tout le reste sont adaptĂ©s Ă  ta vie actuelle. Des gros changements extĂ©rieurs vont impliquer de grandes perturbations. Te prĂ©parer Ă  ça est la meilleure façon de te prĂ©parer Ă  profiter et ne pas faire n’importe quoi Croire que ce que tu vas recevoir est seulement un cadeau est une erreur. C’est un cadeau si tu es Ă  la hauteur sinon ce sera potentiellement un drameMerci pour ton message mec mĂȘme si je pense que ce que je vais recevoir est tellement bon que ca pourra jamais devenir un drame No problem mais garde Ă  l’esprit qu’il faut toujours du reculProfite au max ;Merci mec c'est gentil Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201901 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201816 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201654 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201616 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201244 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201059 Apprend Ă  cultiver des fruits et lĂ©gumesÇa peut toujours servir d'avoir la main verte LolIl n'a pas tort. S'occuper en plantant des fruits et lĂ©gumes, c'est pas mal long et ennuyant !C'est long ? Tant mieux, ça t'occupera. C'est ennuyant ? Au bout d'un moment, lorsque tu jouis d'un bien-ĂȘtre matĂ©riel, tu finis aussi par t'ennuyer... il faut s'y habituer d'Ă©pouser la meilleure femme du monde est bien plus jouissive Ă  mes yeux que de jardinerOue bah redescend alors Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  194610 En pĂ©tantMais pourquoi jerry Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201851 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201800 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201648 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201624 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201517 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  195520 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  195407 Go te cultiver en attendant khey Livres, films, musiques, peu importe ce qui est ton dada J'ai chopĂ© un problĂšme au cerveau qui a dĂ©truit ma concentration/mĂ©morisation donc c'est chaud Je serai guerit quand la pĂ©riode du 1er post entrera mais pour l'instant nonSans indiscrĂ©tion, de quel type de problĂšme s'agit-il ? Sinon, un sport natation, football ou combat. Ca n'a aucun nom car je suis le seul au monde a souffrir de ça Ah, dommage. Je n'avais pas cernĂ© le te promets que je ne troll absolument pas mec, j'aimerais bien te l'expliquer mais ça va me decridibiliserJ'ai le bon soupçon donc je vais te croire, est-ce que tu peux donner plus de dĂ©tails ? Je ne jugerai pasEn gros j'ai priĂ© Dieu pour guerir d'une maladie incurable TDAH et je suis presque guerit sauf que ca s'est pas passĂ© comme prĂ©vu Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202009 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201901 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201816 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201654 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201616 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201244 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201059 Apprend Ă  cultiver des fruits et lĂ©gumesÇa peut toujours servir d'avoir la main verte LolIl n'a pas tort. S'occuper en plantant des fruits et lĂ©gumes, c'est pas mal long et ennuyant !C'est long ? Tant mieux, ça t'occupera. C'est ennuyant ? Au bout d'un moment, lorsque tu jouis d'un bien-ĂȘtre matĂ©riel, tu finis aussi par t'ennuyer... il faut s'y habituer d'Ă©pouser la meilleure femme du monde est bien plus jouissive Ă  mes yeux que de jardinerOue bah redescend alorsComment ça redescend ? Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201901 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201816 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201654 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201616 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201244 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201059 Apprend Ă  cultiver des fruits et lĂ©gumesÇa peut toujours servir d'avoir la main verte LolIl n'a pas tort. S'occuper en plantant des fruits et lĂ©gumes, c'est pas mal long et ennuyant !C'est long ? Tant mieux, ça t'occupera. C'est ennuyant ? Au bout d'un moment, lorsque tu jouis d'un bien-ĂȘtre matĂ©riel, tu finis aussi par t'ennuyer... il faut s'y habituer d'Ă©pouser la meilleure femme du monde est bien plus jouissive Ă  mes yeux que de jardinerComme le sentiment de bien-ĂȘtre, la jouissance est Ă©phĂ©mĂšre. C'est pour cela qu'il faut se focaliser sur des choses essentielles. Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202046 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201851 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201800 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201648 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201624 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201517 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  195520 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  195407 Go te cultiver en attendant khey Livres, films, musiques, peu importe ce qui est ton dada J'ai chopĂ© un problĂšme au cerveau qui a dĂ©truit ma concentration/mĂ©morisation donc c'est chaud Je serai guerit quand la pĂ©riode du 1er post entrera mais pour l'instant nonSans indiscrĂ©tion, de quel type de problĂšme s'agit-il ? Sinon, un sport natation, football ou combat. Ca n'a aucun nom car je suis le seul au monde a souffrir de ça Ah, dommage. Je n'avais pas cernĂ© le te promets que je ne troll absolument pas mec, j'aimerais bien te l'expliquer mais ça va me decridibiliserJ'ai le bon soupçon donc je vais te croire, est-ce que tu peux donner plus de dĂ©tails ? Je ne jugerai pasEn gros j'ai priĂ© Dieu pour guerir d'une maladie incurable TDAH et je suis presque guerit sauf que ca s'est pas passĂ© comme prĂ©vuÇa se guĂ©rit un TDAH ? wtf Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202106 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201901 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201816 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201654 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201616 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201244 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201059 Apprend Ă  cultiver des fruits et lĂ©gumesÇa peut toujours servir d'avoir la main verte LolIl n'a pas tort. S'occuper en plantant des fruits et lĂ©gumes, c'est pas mal long et ennuyant !C'est long ? Tant mieux, ça t'occupera. C'est ennuyant ? Au bout d'un moment, lorsque tu jouis d'un bien-ĂȘtre matĂ©riel, tu finis aussi par t'ennuyer... il faut s'y habituer d'Ă©pouser la meilleure femme du monde est bien plus jouissive Ă  mes yeux que de jardinerComme le sentiment de bien-ĂȘtre, la jouissance est Ă©phĂ©mĂšre. C'est pour cela qu'il faut se focaliser sur des choses essentielles. Bah elle durera autant de temps que j'aurai ces biens non ? Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  193151 Je devrais bientĂŽt - Etre riche au point d'avoir tout ce que je veux - Epouser la femme la plus pure et plus belle du monde - Prison pour ma famille qui m'a fais du mal - Quitter la France pour un des meilleurs pays du monde - Devenir un 10/10Cependant j'ai beaucoup de mal Ă  patienter en attendant les rĂ©compenses qui m'attendent...un conseil ?Ne te fait pas trop d'illusions sur une "meilleure vie", Ă©panouis toi avec ce que t'as. Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202134 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202046 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201851 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201800 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201648 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201624 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201517 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  195520 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  195407 Go te cultiver en attendant khey Livres, films, musiques, peu importe ce qui est ton dada J'ai chopĂ© un problĂšme au cerveau qui a dĂ©truit ma concentration/mĂ©morisation donc c'est chaud Je serai guerit quand la pĂ©riode du 1er post entrera mais pour l'instant nonSans indiscrĂ©tion, de quel type de problĂšme s'agit-il ? Sinon, un sport natation, football ou combat. Ca n'a aucun nom car je suis le seul au monde a souffrir de ça Ah, dommage. Je n'avais pas cernĂ© le te promets que je ne troll absolument pas mec, j'aimerais bien te l'expliquer mais ça va me decridibiliserJ'ai le bon soupçon donc je vais te croire, est-ce que tu peux donner plus de dĂ©tails ? Je ne jugerai pasEn gros j'ai priĂ© Dieu pour guerir d'une maladie incurable TDAH et je suis presque guerit sauf que ca s'est pas passĂ© comme prĂ©vuÇa se guĂ©rit un TDAH ? wtfNon c'est incurable mais Dieu a fais un miracle me concernant ! Voila pourquoi j'ai dis que j'ai peur d'ĂȘtre decridibiliser Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202207 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  193151 Je devrais bientĂŽt - Etre riche au point d'avoir tout ce que je veux - Epouser la femme la plus pure et plus belle du monde - Prison pour ma famille qui m'a fais du mal - Quitter la France pour un des meilleurs pays du monde - Devenir un 10/10Cependant j'ai beaucoup de mal Ă  patienter en attendant les rĂ©compenses qui m'attendent...un conseil ?Ne te fait pas trop d'illusions sur une "meilleure vie", Ă©panouis toi avec ce que t' compliquĂ© car je vis une Ă©preuve des plus difficile que j'ai eu depuis un long moment en ce moment Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202104 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202009 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201901 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201816 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201654 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201616 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201244 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201059 Apprend Ă  cultiver des fruits et lĂ©gumesÇa peut toujours servir d'avoir la main verte LolIl n'a pas tort. S'occuper en plantant des fruits et lĂ©gumes, c'est pas mal long et ennuyant !C'est long ? Tant mieux, ça t'occupera. C'est ennuyant ? Au bout d'un moment, lorsque tu jouis d'un bien-ĂȘtre matĂ©riel, tu finis aussi par t'ennuyer... il faut s'y habituer d'Ă©pouser la meilleure femme du monde est bien plus jouissive Ă  mes yeux que de jardinerOue bah redescend alorsComment ça redescend ?Rien de ce qui ne vaut la peine en ce monde ne s'obtient sans effort Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202154 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202106 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201901 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201816 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201654 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201616 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201244 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201059 Apprend Ă  cultiver des fruits et lĂ©gumesÇa peut toujours servir d'avoir la main verte LolIl n'a pas tort. S'occuper en plantant des fruits et lĂ©gumes, c'est pas mal long et ennuyant !C'est long ? Tant mieux, ça t'occupera. C'est ennuyant ? Au bout d'un moment, lorsque tu jouis d'un bien-ĂȘtre matĂ©riel, tu finis aussi par t'ennuyer... il faut s'y habituer d'Ă©pouser la meilleure femme du monde est bien plus jouissive Ă  mes yeux que de jardinerComme le sentiment de bien-ĂȘtre, la jouissance est Ă©phĂ©mĂšre. C'est pour cela qu'il faut se focaliser sur des choses essentielles. Bah elle durera autant de temps que j'aurai ces biens non ?Il est probable que tu en finisses las. Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202234 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202134 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202046 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201851 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201800 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201648 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201624 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201517 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  195520 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  195407 Go te cultiver en attendant khey Livres, films, musiques, peu importe ce qui est ton dada J'ai chopĂ© un problĂšme au cerveau qui a dĂ©truit ma concentration/mĂ©morisation donc c'est chaud Je serai guerit quand la pĂ©riode du 1er post entrera mais pour l'instant nonSans indiscrĂ©tion, de quel type de problĂšme s'agit-il ? Sinon, un sport natation, football ou combat. Ca n'a aucun nom car je suis le seul au monde a souffrir de ça Ah, dommage. Je n'avais pas cernĂ© le te promets que je ne troll absolument pas mec, j'aimerais bien te l'expliquer mais ça va me decridibiliserJ'ai le bon soupçon donc je vais te croire, est-ce que tu peux donner plus de dĂ©tails ? Je ne jugerai pasEn gros j'ai priĂ© Dieu pour guerir d'une maladie incurable TDAH et je suis presque guerit sauf que ca s'est pas passĂ© comme prĂ©vuÇa se guĂ©rit un TDAH ? wtfNon c'est incurable mais Dieu a fais un miracle me concernant ! Voila pourquoi j'ai dis que j'ai peur d'ĂȘtre decridibiliserCasse pas les couilles le TDAH c'est pas une maladie c'est une autre façon d'ĂȘtre Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202342 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202104 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202009 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201901 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201816 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201654 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201616 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201244 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201059 Apprend Ă  cultiver des fruits et lĂ©gumesÇa peut toujours servir d'avoir la main verte LolIl n'a pas tort. S'occuper en plantant des fruits et lĂ©gumes, c'est pas mal long et ennuyant !C'est long ? Tant mieux, ça t'occupera. C'est ennuyant ? Au bout d'un moment, lorsque tu jouis d'un bien-ĂȘtre matĂ©riel, tu finis aussi par t'ennuyer... il faut s'y habituer d'Ă©pouser la meilleure femme du monde est bien plus jouissive Ă  mes yeux que de jardinerOue bah redescend alorsComment ça redescend ?Rien de ce qui ne vaut la peine en ce monde ne s'obtient sans effortBah en quoi ça contredit le fait que je vais epouser la femme la plus pure et belle Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202415 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202154 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202106 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201901 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201816 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201654 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201616 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201244 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201059 Apprend Ă  cultiver des fruits et lĂ©gumesÇa peut toujours servir d'avoir la main verte LolIl n'a pas tort. S'occuper en plantant des fruits et lĂ©gumes, c'est pas mal long et ennuyant !C'est long ? Tant mieux, ça t'occupera. C'est ennuyant ? Au bout d'un moment, lorsque tu jouis d'un bien-ĂȘtre matĂ©riel, tu finis aussi par t'ennuyer... il faut s'y habituer d'Ă©pouser la meilleure femme du monde est bien plus jouissive Ă  mes yeux que de jardinerComme le sentiment de bien-ĂȘtre, la jouissance est Ă©phĂ©mĂšre. C'est pour cela qu'il faut se focaliser sur des choses essentielles. Bah elle durera autant de temps que j'aurai ces biens non ?Il est probable que tu en finisses las. Franchement j'espĂšre pas et je doute fort Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202234 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202134 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202046 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201851 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201800 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201648 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201624 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201517 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  195520 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  195407 Go te cultiver en attendant khey Livres, films, musiques, peu importe ce qui est ton dada J'ai chopĂ© un problĂšme au cerveau qui a dĂ©truit ma concentration/mĂ©morisation donc c'est chaud Je serai guerit quand la pĂ©riode du 1er post entrera mais pour l'instant nonSans indiscrĂ©tion, de quel type de problĂšme s'agit-il ? Sinon, un sport natation, football ou combat. Ca n'a aucun nom car je suis le seul au monde a souffrir de ça Ah, dommage. Je n'avais pas cernĂ© le te promets que je ne troll absolument pas mec, j'aimerais bien te l'expliquer mais ça va me decridibiliserJ'ai le bon soupçon donc je vais te croire, est-ce que tu peux donner plus de dĂ©tails ? Je ne jugerai pasEn gros j'ai priĂ© Dieu pour guerir d'une maladie incurable TDAH et je suis presque guerit sauf que ca s'est pas passĂ© comme prĂ©vuÇa se guĂ©rit un TDAH ? wtfNon c'est incurable mais Dieu a fais un miracle me concernant ! Voila pourquoi j'ai dis que j'ai peur d'ĂȘtre decridibiliserJe suis moi-mĂȘme croyant, donc il y a peu de chance que tu te dĂ©crĂ©dibilises, et quand bien mĂȘme, osef khey. Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202418 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202234 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202134 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202046 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201851 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201800 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201648 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201624 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201517 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  195520 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  195407 Go te cultiver en attendant khey Livres, films, musiques, peu importe ce qui est ton dada J'ai chopĂ© un problĂšme au cerveau qui a dĂ©truit ma concentration/mĂ©morisation donc c'est chaud Je serai guerit quand la pĂ©riode du 1er post entrera mais pour l'instant nonSans indiscrĂ©tion, de quel type de problĂšme s'agit-il ? Sinon, un sport natation, football ou combat. Ca n'a aucun nom car je suis le seul au monde a souffrir de ça Ah, dommage. Je n'avais pas cernĂ© le te promets que je ne troll absolument pas mec, j'aimerais bien te l'expliquer mais ça va me decridibiliserJ'ai le bon soupçon donc je vais te croire, est-ce que tu peux donner plus de dĂ©tails ? Je ne jugerai pasEn gros j'ai priĂ© Dieu pour guerir d'une maladie incurable TDAH et je suis presque guerit sauf que ca s'est pas passĂ© comme prĂ©vuÇa se guĂ©rit un TDAH ? wtfNon c'est incurable mais Dieu a fais un miracle me concernant ! Voila pourquoi j'ai dis que j'ai peur d'ĂȘtre decridibiliserCasse pas les couilles le TDAH c'est pas une maladie c'est une autre façon d'ĂȘtreBien sĂ»r que si c'est une maladie Il manque des bouts de cerveau cortex prefontal et le cerveau est plus petit et j'en passe Une vrai catastrophe destructrice cette maladie Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202539 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202342 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202104 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202009 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201901 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201816 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201654 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201616 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201244 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201059 Apprend Ă  cultiver des fruits et lĂ©gumesÇa peut toujours servir d'avoir la main verte LolIl n'a pas tort. S'occuper en plantant des fruits et lĂ©gumes, c'est pas mal long et ennuyant !C'est long ? Tant mieux, ça t'occupera. C'est ennuyant ? Au bout d'un moment, lorsque tu jouis d'un bien-ĂȘtre matĂ©riel, tu finis aussi par t'ennuyer... il faut s'y habituer d'Ă©pouser la meilleure femme du monde est bien plus jouissive Ă  mes yeux que de jardinerOue bah redescend alorsComment ça redescend ?Rien de ce qui ne vaut la peine en ce monde ne s'obtient sans effortBah en quoi ça contredit le fait que je vais epouser la femme la plus pure et belleJ'te dis juste que mĂȘme si t'epouse une telle idĂ©e, ça sera juste pour te faire astiquer la nouille et ça te changera en rien Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202705 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202418 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202234 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202134 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  202046 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201851 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201800 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201648 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201624 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  201517 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  195520 Le 15 aoĂ»t 2022 Ă  195407 Go te cultiver en attendant khey Livres, films, musiques, peu importe ce qui est ton dada J'ai chopĂ© un problĂšme au cerveau qui a dĂ©truit ma concentration/mĂ©morisation donc c'est chaud Je serai guerit quand la pĂ©riode du 1er post entrera mais pour l'instant nonSans indiscrĂ©tion, de quel type de problĂšme s'agit-il ? Sinon, un sport natation, football ou combat. Ca n'a aucun nom car je suis le seul au monde a souffrir de ça Ah, dommage. Je n'avais pas cernĂ© le te promets que je ne troll absolument pas mec, j'aimerais bien te l'expliquer mais ça va me decridibiliserJ'ai le bon soupçon donc je vais te croire, est-ce que tu peux donner plus de dĂ©tails ? Je ne jugerai pasEn gros j'ai priĂ© Dieu pour guerir d'une maladie incurable TDAH et je suis presque guerit sauf que ca s'est pas passĂ© comme prĂ©vuÇa se guĂ©rit un TDAH ? wtfNon c'est incurable mais Dieu a fais un miracle me concernant ! Voila pourquoi j'ai dis que j'ai peur d'ĂȘtre decridibiliserCasse pas les couilles le TDAH c'est pas une maladie c'est une autre façon d'ĂȘtreBien sĂ»r que si c'est une maladie Il manque des bouts de cerveau cortex prefontal et le cerveau est plus petit et j'en passe Une vrai catastrophe destructrice cette maladieÇa vient de quoi ? wtf DĂ©butPage prĂ©cedentePage suivanteFin Victime de harcĂšlement en ligne comment rĂ©agir ?
Cest aussi le cas des plantes dont les graines se détachent facilement, tombent au sol et échappent à la récolte. Tous ces caractÚres inadaptés aux conditions de l'agriculture étaient des caractÚres favorables dans les conditions naturelles. En conséquence, les céréales domestiquées présentent un syndrome de domestication caractérisé par l'absence de dormance, des
Comment faire pousser des cacahuĂšte ? culture en intérieur C’est pour la mauvaise germination s’obtient trés vite en qqs jours avec des températures dans le sol de 26°C à 30°C. Autant dire que c’est plus chaud que l’appartement! Pour y parvenir tous les moyens sont bons depuis la miniserre chauffée et éclairée jusqu’au simple pot qu’on pose prÚs du radiateur ou mÃÂȘme chacun d’inventer en fonction de ce qu’il est d’arriver à ces températures; en dessous de 22° les risques que la graine pourissent sont élevés. Il faut placer les graines dans un pot ou tout autre récipient que l’on remplie de terre sableuse ou de terreau aditionné de sable. Attention! si vous employez du terreau pur, n’arrosez pas trop car le terreau peut devenir asphyxiant pour les taille du pot doit ÃÂȘtre suffisante3 plantes dans un volume de 1 litre sont suffisants. c’est ce qui offre la meilleure biomasse . Avec plus de plantes on a un peu plus de feuillage, mais les plants sont plus petits et donc on a un peu gaspillé des graines. Avec un seul pied, on a une belle plante, mais beaucoup plus de place est nécessaire, et en général en appartement c’est ce qui manque le plus ! La bonne gestion de l’arrosage est importante trop ça meurt, pas assez ça ne pousse pas. Voici ce que je conseille et qui fonctionne bien Recouvrir les graines d’un ou deux cm de terre et arroser trés copieusement; par la suite, lorsque les graines auront germé, il faudra limiter, les arrosages et ne mettre de l’eau que lorsque le dessus de la terre est sec à ce moment, le fond de la terre est encore humide DeuxiÚme point trés important la lumiÚre. Elle doit ÃÂȘtre aussi vive que possible car ce sont des plantes de plein soleil, mÃÂȘme si elle acceptent une ombre modérée lorsqu’elles sont plus solutions; soit elles sont placées contre une fenÃÂȘtreau sud, soit on leur met au dessus à qqs cms un néon lumiÚre du jour ou horticole. On a tout intÃÂȘret à éclairer entre 12 et 15 heures par jour pour une croissance optimale. On peut mÃÂȘme garder un éclairage continu pendant les 15 premiers jours; pas au delà car l’effet s’inverse et la plante ne pousse plus. Comme tous les ÃÂȘtres vivants elle a besoin de repos ! dés qu’elle est éclairer la photosynthÚse démare En trois semaines, les plantes peuvent ÃÂȘtre consommées par les chenilles; comme elles ne mangent pas les bourgeons, la plante peut continuer de pousser aprés le premier broutage; ensuite elle n’est plus guÚre bonne qu’à faire du compost. . Comment faire germer des cacahuĂšte ou arachide dans du coton ? Je vais vous montrer comment faire pousser et germer des cacahuĂštes aussi appellĂ©es Arachis hypogaea aussi appelée cacahuÚte, pois de terre, pistache de terre, ou pinotte, L’arachide est une plante annuelle à fleurs jaunes de 20 à 90 cm de hauteur. Les feuilles sont composées à 2 ou 3 paires de folioles membraneuses, ovales. Elles sont munies à leur base de stipules engainantes. Pour commencer, acheter des arachide non grillĂ©e trĂ©s important, les cacahuĂštes achetĂ©es dans un super marchĂ© ne germeront pas. Il faut les acheter soit dans animalerie car les pĂ©roquets mangent des arachides ou alors dans les Ă©piceries orientales. Mettez deux ou trois arachides sur du coton et mouillĂ© le coton comme sur la photo. Mouiller le coton pour qu’il soit toujours humide. Au bout de quelques jours 3 Ă  4 , vous verrez que les graines commencent Ă  germer .C’est ler moment de les mettre en terre. Prener un pot d’au moins 30 cm Ă  40 cm de diamĂštre et mouiller bien la terre .Il faut mouiller la terre avant car sinon en arrosant vos graine vont s’enfoncer dans le pot. Faire un trou avec la main et mettre les graines d’arachide Ă  2 Ă  3 cm de profondeur. Un mois plus tard, les premiĂšre feuilles apparaissent. Elles ressemblent a du trĂšfle. Nous vous inquiĂštez pas c’est assez long Ă  pousser , arroser rĂ©guliĂšrement blosque la terre devient sĂšche. Les plants ont 3 mois, maintenant il faut attendre les premiĂšres fleurs jaunes qui vont s’enterrer et donner la cacahuĂšte avec son Ă©corce mais il faut encore attendre. Nous sommes maintenant au mois d’octobre, les feuilles sont complĂštement fanĂ©es. C’est le moment de rĂ©colter nos arachides. En fait, il suffit juste de dĂ©raciner le plant. O peux vor trois arachides dans les racines du plant. Et voila cette plantation a fait un heureux !!! La vidĂ©o de l’activitĂ© " comment faire pousser une cacahuĂšte Toutes les Ă©tapes de l’activitĂ© avec plus d’images sur "comment faire pousser un haricot dans du coton"
boobz CannaWeedeur. CannaWeedeur. 1. 457 messages. Posté (e) juin 11, 2006. Non les plante en out rentre en flo un peut avant septembre quand meme. Mais bon si on n'a un belle été ca ira, moi je les est mi en mai mais bon ca fait qu'une semaine qu'il fait beau donc c'est comme si je venais de les mettre
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Cest en se plantant qu'on devient cultivĂ©. Euuuuhhh(Twitter) 25 J’aime Commenter Partager. Pour afficher ou ajouter un commentaire, identifiez-vous Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire Plus d’articles de la mĂȘme personne. Tout voir
Le Solanum, originaire du Chili et du PĂ©rou, est une plante vigoureuse qui produit une longue floraison tout l’étĂ© et parfois jusqu’aux premiĂšres gelĂ©es. Il est particuliĂšrement apprĂ©ciĂ© pour la gĂ©nĂ©rositĂ© de sa floraison. Le Solanum se cultive en pleine terre sous les climats doux. Il est toutefois trop frileux pour vivre en extĂ©rieur toute l’annĂ©e dans le reste de l’hexagone. Il est possible de le cultiver en pot, mais devra ĂȘtre protĂ©gĂ© du froid hivernal. Type de pot, substrat, technique de plantation, entretien et hivernage
 Voici tous nos conseils pour cultiver un Solanum en pot. Quand et comment planter un Solanum en pot ? Quand planter un Solanum ? Les plantes vendues en conteneur peuvent ĂȘtre plantĂ©es toute l’annĂ©e, hors pĂ©riode de gel. Vous pouvez fĂȘter l’arrivĂ©e du printemps en plantant un Solanum en pot entre avril et mai. De croissance rapide, il aura vite fait de couvrir votre espace et vous de pouvoir en profiter dĂšs l’étĂ©. Comment planter un Solanum ? Sortez la plante de son pot avec prĂ©caution pour ne pas casser les branches Ă  la base. Faites tremper la motte dans un grand volume d’eau afin de bien l’humecter. Disposez une couche de drainage au fond du pot billes d’argiles, graviers
. Versez votre substrat de façon Ă  pouvoir y poser la motte, sachant que le sommet de celle-ci doit arriver Ă  environ 3 cm du haut du pot, puis disposez votre Solanum au centre. Essayer de courber les tiges sur quelques centimĂštres dans le sol avant qu’elles grimpent sur le support pour que l’enracinement soit meilleur. Attacher ou aider les tiges Ă  bien s’accrocher Ă  leur support. Comblez avec le reste du mĂ©lange et tassez lĂ©gĂšrement au poing tout autour. Arrosez abondamment, en plusieurs fois si nĂ©cessaire, pour bien humidifier l’ensemble du substrat. Paillez jusqu’en haut du pot, afin de limiter l’évaporation et la pousse des adventices. L’avantage d’un paillage organique chanvre, lin, BRF est qu’il nourrit la plante en se dĂ©composant. → Si vous optez pour une mise en place sur une terrasse ou un balcon, pensez Ă  choisir l’emplacement de votre pot avant de procĂ©der Ă  la plantation. L’ensemble peut ĂȘtre lourd et difficile Ă  manipuler une fois l’opĂ©ration terminĂ©e et vous aurez Ă  le mettre Ă  l’abri dans une vĂ©randa en hiver. Vous pouvez Ă©galement installer votre Solanum Ă  l’annĂ©e dans un jardin d’hiver oĂč vous bĂ©nĂ©ficierez d’une floraison plus longue. Quel type de pot choisir ? Pour que votre solanum se sente Ă  l’aise, choisissez un pot d’au minimum 30 litres, soit l’équivalent de 30 Ă  40 cm de diamĂštre. Vous pourrez changer pour un pot plus grand au fur et Ă  mesure de son dĂ©veloppement. Le solanum n’aimant pas l’humiditĂ© stagnante, un pot avec un drainage incorporĂ© est nĂ©cessaire. Si vous ĂȘtes en rĂ©gion au climat chaud ou doux, sans gelĂ©es hivernales en dessous de -2 °C, vous pouvez installer un pot en terre cuite ou Ă©maillĂ©e. En dehors de ses contrĂ©es clĂ©mentes, il faudra hiverner votre pot, et par consĂ©quent choisir un pot que vous pourrez dĂ©placer facilement. Un pot en rĂ©sine sera plus lĂ©ger qu’un pot en terre. Toujours prĂ©fĂ©rer les pots en terre. La solution du pot en rĂ©sine permet d’allĂ©ger le poids lors du dĂ©placement de la plante Quel type de substrat choisir ? Peu exigeant, le solanum pousse dans tout sol ordinaire. CultivĂ© en pot, il nĂ©cessite un bon substrat pour garantir une belle floraison gĂ©nĂ©reuse. Si vous disposez d’une bonne terre de jardin Composez un mĂ©lange constituĂ© pour moitiĂ© de terre de jardin et moitiĂ© de terreau de qualitĂ©. Ajoutez deux Ă  trois poignĂ©es de compost. Ajouter un engrais spĂ©cial arbres et arbustes, car la terre s’épuise rapidement. Si vous n’avez pas accĂšs Ă  de la terre de jardin, utilisez un terreau spĂ©cial arbuste, et ajoutez du compost ou un engrais pour potĂ©es ou arbustes. Quels solanum choisir ? Le Solanum crispum Glasnevin’ Les solanum grimpants sont trĂšs vigoureux. Une seule plante peut couvrir une pergola de 4m2 en une saison. Ce faux Jasmin dĂ©veloppe de longs rameaux souples presque volubiles, qui peuvent facilement ĂȘtre palissĂ©s. Les fleurs Ă©toilĂ©es mauve Ă  cƓur jaune sont groupĂ©es en bouquets lĂąches. En fin de floraison des fruits blanc-jaune trĂšs dĂ©coratifs apparaissent. Placez le Solanum crispum Glasnevin’ en bac sur une terrasse pour profiter de son parfum intense. En hiver, il doit ĂȘtre remisĂ© dans une vĂ©randa ou une serre tempĂ©rĂ©e Ă  16°C avec beaucoup de lumiĂšre. Si vous le rentrez Ă  la maison, veillez Ă  lui offrir une hygromĂ©trie Ă©levĂ©e, car le feuillage et les fleurs flĂ©trissent rapidement dans une atmosphĂšre sĂšche. Vaporisez-le avec de l’eau non calcaire pour Ă©viter les attaques d’araignĂ©es rouges. Le Solanum jasminoĂŻdes Cette belle liane est persistante en climat doux. Le Solanum jasminoĂŻdes produit tout l’étĂ© une succession de grappes de petites fleurs Ă©toilĂ©es mauve. Elles s’épanouissent sur un feuillage Ă©lĂ©gant qui rappelle celui du jasmin. C’est une plante parfaite pour les jardins de bord de mer. Elle nĂ©cessite des arrosages copieux et espacĂ©s au cours de l’étĂ© pour soutenir sa floraison. Les jardiniers plus continentaux l’adopteront dans un grand pot Ă  remiser en hiver. Le Solanum jasminoides Album’ C’est une plante grimpante gracieuse d’une grande gĂ©nĂ©rositĂ©. Le Solanum jasminoidesAlbum’ forme de nombreuses grappes de petites fleurs blanches en Ă©toiles lĂ©gĂšrement parfumĂ©es qui se succĂšdent de juin jusqu’aux premiĂšres gelĂ©es. Elle est originaire des zones tropicales et subtropicales d’AmĂ©rique du Sud, plus prĂ©cisĂ©ment du sud du BrĂ©sil et de l’Équateur. Plus rustique qu’il n’y paraĂźt, elle repart de la souche aprĂšs de courtes gelĂ©es de l’ordre de -12°C. Trois solanum florifĂšres grimpants. À gauche S. jasminoides album, au centre S. jasminoides, Ă  droite S. Glasnevin’ Le Solanum rantonetti Ce solanum plutĂŽt arbustif peut ĂȘtre conduit sur tige comme un rosier. Cet arbuste buissonnant se couvre en Ă©tĂ© d’une multitude de petites fleurs rondes bleu violet qui se renouvellent sans cesse jusqu’aux premiĂšres gelĂ©es. On l’appelle Gentiane en Arbre en raison de la couleur intense de ses fleurs. RĂ©putĂ© pour sa floribonditĂ© le Solanum rantonetti ne cesse de fleurir en Ă©tĂ©, ce n’est que tard en automne qu’il stoppe sa floraison, souvent Ă  cause du gel. Le feuillage plus commun est ovale, ondulĂ© sur la bordure, de couleur vert tendre, il est persistant, mais peut ĂȘtre caduc s’il est exposĂ© aux gelĂ©es. Le Solanum rantonetti est une plante gĂ©live rustique jusqu’à -5°C, trĂšs adaptĂ©e au climat mĂ©diterranĂ©en. Il sera rĂ©servĂ© exclusivement Ă  la culture en pot sous climat froid et remisĂ© dans un local hors gel pendant l’hiver. Le Solanum rantonetti est surnommĂ© Gentiane en arbre pour le bleu intense de ses fleurs Comment entretenir votre solanum en pot ? L’arrosage Le Solanum aime avoir un substrat frais et bien drainĂ©, mais tolĂšre mal l’excĂšs d’eau. Lorsqu’il est en pleine terre, le Solanum peut supporter une sĂ©cheresse passagĂšre, mais pas en pot. Arrosez dĂšs que le sol devient sec. En cas de fortes chaleurs, arrosez abondamment 1 Ă  2 fois par semaine. Utilisez Ă©galement un paillage au pied de votre Solanum pour Ă©viter une Ă©vaporation trop rapide de l’eau et un assĂšchement de la terre. Durant l’hiver votre Solanum aura besoin d’un arrosage sans excĂšs, uniquement s’il est remisĂ© dans les rĂ©gions froides ou s’il n’y a pas eu de pluies depuis 2 Ă  3 semaines en rĂ©gions chaudes. Le rempotage et les apports en engrais Plante trĂšs gourmande, apportez-lui en dĂ©but de saison, un engrais riche en potasse Ă  diffusion lente. Le tuteurage et l’hivernage Plante sarmenteuse plus que grimpante, il faudra lui prĂ©voir un support fils de fer, pergola, etc. sur lequel le Solanum jasminoides pourra enrouler ses tiges volubiles. Le Solanum n’est pas un vrai grimpant, mais ses tiges souples arrivent Ă  se faufiler entre les mailles d’un grillage.
\n c est en se plantant qu on devient cultivé
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