MrJean Monnet of Cognac ». C’est ainsi que le magazine Fortune titrait son article consacré à la vie hors norme de Jean Monnet dont les éditions Pluriel viennent de rééditer les Livres Zone Critique tenait à rendre hommage à Jean d’Ormesson, à cet homme qui incarnait pour beaucoup une certaine idée de la littérature. Sa nonchalance érudite, son sourire facétieux et sa voix installée dans le paysage culturel français vont nous manquer. Cher Jean d’Ormesson, Vous nous aviez prévenus, Un jour je m’en irai sans avoir tout dit ». Et voilà que vous n’êtes plus. Voilà que vous n’êtes plus, et que les bras nous en tombent. Vous étiez mortel, Jean, mais vous étiez tant la France que nous l’avions oublié, et nous avions des doutes. Vous étiez si jeune avec votre tête chenue. Cher Jean d’Ormesson, vous nous aviez prévenus. Votre dernier livre semblait toujours le dernier c’était là votre jeu, ou peut-être votre prudence. Une inquiétude de seigneur, qui ne voulait pas partir sans quelques mots – au revoir et merci ». Voilà votre ultime pied-de-nez. Car vous êtes insolent, Jean d’Ormesson, et malicieux. Vous êtes parti sans aucun bruit, par une nuit claire de décembre. Comme un jeune homme qui fait le mur pour aller cueillir l’amour. Maintenant, vous riez sûrement de nous, là-haut, avec le Vieux qui joue aux dés. Vous étiez mortel, Jean. Mais l’amour est têtu, et nous n’avons pas cru. Vous aimiez toujours les bains de mer et les femmes, la Méditerranée et ses torpeurs solaires, les immensités de neige et la Suisse au crépuscule. Vous aimiez toutes ces choses, et mille autres choses encore. Nous pensions que lorsqu’un homme aime tant la vie, et se montre aussi doué pour la vie, il ne sait pas mourir. Puis vous étiez l’esprit français, et l’on connaît les forces de l’esprit, elles ne meurent pas. Oui, Monsieur d’Ormesson, vous pouvez dire que cette vie fut belle vous avez poussé Marguerite Yourcenar et Simone Veil sous la Coupole, vous avez vu le vieux monde qui finit et celui qui n’est pas encore. Vous avez écrit des livres sur les livres, sur les femmes, et sur la mer, sur Dieu, sur votre étonnement d’être là, et d’avoir une place au soleil. Sur l’existence humaine enfin, qui est extraordinaire. L’étonnement, vous en avez fait votre vertu philosophique, comme Jeanne Hersch, que vous aimiez tellement épatant » était votre mot préféré. Mais vous l’étiez, épatant, Monsieur d’Ormesson. Vous étiez la jeunesse à tous les âges de la vie, vous étiez la simplicité malgré votre excellence, malgré vos privilèges. A une époque où les privilèges sont mis en cause avec tout de violence, je les accumulais sur ma tête emportée par le vent ». Vous en souffriez parfois, car trop de privilèges engendrent toujours, aux dires des esprits chagrins, une normalité aux confins de la médiocrité ». Mais vous preniez de la hauteur, car l’essentiel », aimiez-vous rappeler, c’est de s’en foutre ». Votre mère vous avait donné trois préceptes Ne parle jamais de toi. Ne te fais pas remarquer. Réponds toujours aux lettres ». Et vous répondiez toujours aux lettres, cher Jean. Tout était bon pour vous écrire, parmi les jeunes gens de ma génération vous dire notre admiration, partager nos enthousiasmes, vous demander conseil, parfois un rendez-vous, simplement pour le bonheur de vous rencontrer, joie que nous nous irritions de voir réservée aux journalistes. Nous fûmes plus d’un à vous envoyer nos confessions. Ces messages, cachetés et postés avec inquiétude, ont toujours trouvé leur destinataire. Quinze jours après, nous recevions votre réponse du feutre bleu sur un beau papier blanc, une écriture bienveillante, qui nous souhaitait le meilleur, nous prévenait d’une dédicace à venir et nous indiquait des lectures, avec la générosité qui fait toujours les passeurs magnifiques. C’était le temps, le personnage principal de vos romans, plus encore que vous-même. Comme tous les hommes qui ont pour eux la modestie et la curiosité des choses inexplicables, vous saviez que l’enfant qui naît est assez vieux déjà pour mourir. Vous le saviez, mais vous redoutiez ces avertissements, cher Jean d’Ormesson, et vous fuyiez les clepsydres. Pas d’agenda, pas de montre, pas de téléphone portable ; pour le gentilhomme que vous étiez, les vulgaires horaires n’avaient pas force de loi. Léger, Jean d’Ormesson ? On a fait de vous l’écrivain du bonheur, mais cette gaieté était assortie d’une conscience tragique. Trop intelligent, Jean d’O, pour croire que nous étions dans le meilleur des mondes. La vie était à la fois une vallée de larmes, et une vallée de roses. Vous avez vécu pour vos lecteurs enfin, faut-il le rappeler ? Vous auriez pu faire vôtre cette phrase de Camus Un écrivain écrit en grande partie pour être lu ceux qui disent le contraire, admirons-les, mais ne les croyons pas ». Et vous disiez parfois que la plus belle chose qu’on vous ait rapportée, c’est ce vieil homme qui était mort à l’hôpital en serrant votre livre. Car vous étiez enfin ce formidable passeur, Jean d’Ormesson, et presque un personnage populaire. Qui songerait à vous reprocher votre omniprésence médiatique, quand on sait de quoi elle était le gage ? Aragon, Yourcenar, Chateaubriand, mais aussi Bernard Frank, Mauriac et Paul-Jean Toulet, sont entrés dans des millions de ménages français, parce qu’ils étaient comme vos amis, et nous voulions connaître vos amis. Adieu, cher Jean vous êtes immortel, puisque je pense à vous. Adieu Jean d’Ormesson, il faut conclure, et puis se taire » comme dit le vers de Toulet votre disparition – qui est un désastre, osons enfin l’écrire – nous découvre orphelins, mais orphelins aux mains pleines. C’est peut-être le propre des grands hommes, lorsqu’ils meurent, ils n’emportent pas tout. Vous laissez, Jean, des immensités Virgile, Dante, La gloire de l’empire, Homère, L’histoire du juif errant, Goethe et Le Vent du soir. Vous étiez terrifié à l’idée que l’on puisse un jour explorer votre intimité, et remuer les tiroirs. Rassurez-vous, Jean, la vraie vie, surtout la vôtre, c’est la littérature. Ayant perdu votre mère, vous écrivez en 1975 un petit texte dans Le Figaro, que vous terminez ainsi Mort où est ta victoire ? Ma mère est vivante puisque l’amour qui nous unit est vivant dans nos cœurs ». Adieu, cher Jean vous êtes immortel, puisque je pense à vous. Marion Bet Imprimer cet article Commentaires
Jeand’Ormesson : faits marquants de sa vie À ses débuts. Jean d’Ormesson, de son vrai nom Jean Bruno Wladimir François de Paule Lefèvre d’Ormesson, est né le 16 juin 1925 à Paris (VI). Son père André d’Ormesson est un ambassadeur de France et sa mère s’appelle Marie Henriette Isabelle Anisson du Perron. Faisant partie de la
Extrait du livre L’Enfant qui attendait écrit en 2009, Le train de la vie de Jean d’Ormesson est une magnifique métaphore de la vie. Le train de la vie – Jean d’Ormesson À la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos parents. Et on croit qu’ils voyageront toujours avec nous. Pourtant, à une station, nos parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyage… Au fur et à mesure que le temps passe, d’autres personnes montent dans le train. Et elles seront importantes notre fratrie, nos amis, nos enfants, même l’amour de notre vie. Beaucoup démissionneront même éventuellement l’amour de notre vie, et laisseront un vide plus ou moins grand. D’autres seront si discrets qu’on ne réalisera pas qu’ils ont quitté leurs sièges. Ce voyage en train sera plein de joies, de peines, d’attentes, de bonjours, d’au-revoirs et d’adieux. Le succès est d’avoir de bonnes relations avec tous les passagers pourvu qu’on donne le meilleur de nous-mêmes. On ne sait pas à quelle station nous descendrons, donc vivons heureux, aimons et pardonnons. Il est important de le faire car lorsque nous descendrons du train, nous ne devrons laisser que de beaux souvenirs à ceux qui continueront leur voyage. Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage fantastique. Aussi, merci d’être un des passagers de mon train. Et si je dois descendre à la prochaine station, je suis content d’avoir fait un bout de chemin avec vous. Pourquoi choisir ce texte pour une cérémonie laïque de mariage ? Ce texte puissant et inspirant insiste sur le sens à donner aux rencontres que la vie met sur notre chemin. Ode au souvenir, il constitue un bel hommage de gratitude aux personnes qui entrent dans notre vie, que ce soit juste pour faire un bout de chemin ensemble ou y rester longtemps. Ce texte de cérémonie laïque sera parfait si vous avez dû mal à poser vous-même vos mots dans un témoignage personnel aux mariés qui illuminent votre vie. Votre cérémonie laïque mérite d’être aussi magique que votre histoire d’Amour
Lechemin de fer passait près de chez lui et, d'aussi loin qu'il se souvenait, l'enfant guettait la longue chenille d'acier qui filait comme une flèche à travers la campagne. Ce qu'il souhaitait le plus au monde c'était de pouvoir, un jour, monter dans ce train. Mais, bientôt il tomba très malade et ses espoirs de prendre le train s'en Eté 2012, sur sa terrasse de Saint-Florent, en Corse, avec Jean-Marie Rouart. © Kasia Wandycz 22/09/2013 à 0845, Mis à jour le 05/12/2017 à 0813 Le plus ouvert des patriarches de la littérature française était aussi le plus secret. Pour son ami Jean-Marie Rouart, il avait tombé le masque en 2013. Jean-Marie Rouart. Vous êtes un phénomène atypique dans la société d’aujourd’hui, qui pourtant ne cesse de vous fêter, alors que socialement, culturellement, politiquement vous incarnez l’élite de l’élite et semblez en rupture avec elle. Etes-vous une exception dans l’exception française ? Jean d’Ormesson. Je crois profondément à l’égalité entre les êtres humains. J’ai eu de la chance dans la vie. Quand j’étais jeune, le mot “élite” me faisait rire et le seul mot de “réussite” me paraissait louche. Il me semblait qu’il y avait mieux à faire que de “réussir”. La réussite m’a rattrapé. J’y attache très peu d’importance. Ce qui compte, pour moi, ce sont les livres. Cette société actuelle vous l’aimez, bien qu’elle semble si différente de vous ? J’ai souvent envié le sort de ceux qui vivaient à Athènes au temps de Périclès. Mais le siècle de Périclès, entouré de tant de génies, est aussi l’époque de l’effroyable guerre du Péloponnèse. La société d’aujourd’hui manque sans doute de hauteur, de grandeur et de sens du prochain. En France, surtout, et en Europe, nous ne vivons pas une grande époque de l’Histoire. Je m’arrange de ce temps qui, comme par un miracle toujours renouvelé et en dépit de ce que nous appelons le “progrès” – et je suis de ceux qui y croient –, n’est pas meilleur que les autres. Mais pas pire non plus. Une sorte de moyenne et de médiocrité. La suite après cette publicité Qu’appréciez-vous le moins en elle ? L’imposture, relayée le plus souvent par la mode et élevée à la hauteur d’un sport national. J’ai souvent le sentiment qu’en politique, en art, en littérature, dans la vie quotidienne, on veut nous faire prendre les vessies pour des lanternes. La suite après cette publicité Etes-vous favorable au mariage pour tous ? Je suis pour l’extension aux homosexuels de la quasi-totalité des droits civiques, moraux, matériels, financiers qu’ils réclament à juste titre. Ma réserve à l’égard du “mariage pour tous” – quelle formule ridicule ! – est purement grammaticale. Les mots ont un sens. Le terme “mariage” a un sens précis. Il aurait fallu, comme en Allemagne, trouver un autre nom. Considérez-vous qu’il faille punir la Syrie ? Je crois qu’il est inutile et qu’il ne convient pas d’ajouter encore au malheur des Syriens. Je suis horrifié par Bachar El-Assad et, en même temps, sceptique sur les forces qui pourraient le remplacer elles me paraissent très proches de celles que nous avons combattues en Afghanistan et au Mali. La suite après cette publicité La suite après cette publicité Vous aimiez beaucoup Mitterrand, vous étiez très favorable à Sarkozy. Que pensez-vous de Hollande ? Hollande a pour lui une faible majorité à l’Assemblée nationale et au Sénat. Et il a contre lui une forte majorité de Français, excédés par les impôts, par les promesses non tenues, par l’insécurité, par le laxisme de la Place Vendôme et par l’incohérence et les perpétuels louvoiements du évoquez votre famille dans votre dernier livre. Celui dont vous parlez le moins, c’est votre père… J’ai beaucoup parlé de mon père, républicain, démocrate, janséniste, dans mes livres précédents. Nos relations étaient tendres et confiantes. Mais mon père est mort persuadé que j’étais un voyou. Ma conduite, l’idée que je me faisais des plaisirs de l’existence et des moyens pour y parvenir et, surtout, un épisode de ma vie sentimentale l’ont désespéré. C’est un remords dont j’ai parlé dans “Qu’ai-je donc fait”. Avez-vous reçu des gifles ? Des fessées ? Les fessées m’étaient données – dans les cas les plus graves, avec une brosse à cheveux – par ma gouvernante allemande que j’adorais et qui s’appelait Lala. Ni mon père ni ma mère n’ont jamais levé un doigt contre moi. Une fois, pourtant, j’ai reçu une gifle – assez douce – de mon père. C’est mon souvenir le plus ancien. Je dois avoir 6 ans. Je suis au balcon de la légation de France à Munich lorsque je vois passer, sous des drapeaux rouges frappés d’une sorte de croix noire et bizarre sur un centre blanc, un cortège de jeunes gens qui chantent – très bien – sous les applaudissements de la foule. Je me mets à applaudir moi-même. Et mon père me flanque une claque. En avez-vous donné à votre fille, Héloïse ? Avez-vous été un bon père ? Ai-je été un bon père ? J’ai pour ma fille une tendre affection septembre et même de l’admiration. Mais je crains d’avoir été un père guetté par le narcissisme et plus préoccupé de mes manuscrits que de ma fille, entièrement élevée par une mère digne de tous les éloges. Je n’ai évidemment jamais donné de fessée à ma fille. Dans votre livre, vous évoquez le château de Saint-Fargeau. Vous-même, vous sentez-vous aristocrate ? La généalogie, les quartiers de noblesse, ça vous intéresse ? La réponse aux deux questions est non. Cela dit, je suis fier de ma famille. Il s’agit simplement, dans les limites du possible, de ne pas en être trop image, votre légende, c’est le bonheur, un insolent bonheur. Pourtant, vous avez bien dû connaître des moments douloureux. “Il est indigne des grandes âmes de faire part des troubles qu’elles éprouvent.” Je ne suis pas une “grande âme”, mais je pense sur ce point comme Vauvenargues."L’idée de la mort ne m’occupe pas tout entier. Je l’ attends avec une humble espérance" De Gaulle a connu plusieurs fois la tentation du suicide. Et vous ? Je fais profession d’aimer la vie. Merci pour les roses et merci pour les épines. Avez-vous eu le sentiment d’être trahi ? Quand ? A quelle occasion ? Je n’ai jamais eu le sentiment d’être trahi par qui que ce soit. Ou alors, j’ai oublié. Vous êtes-vous jamais senti coupable ? Je passe la moitié de mon temps à me sentir coupable. Et l’autre moitié à oublier que je le suis. Vous avez la réputation d’être oecuménique et gentil. Vous est-il arrivé d’être cruel ? Même les gentils ont leurs cruautés. Ne jamais souffrir ou rarement, n’est-ce pas être armé pour faire souffrir les autres ? Je déteste la souffrance. Pour les autres comme pour moi. J’essaie de lutter – souvent sans succès – contre l’égoïsme et le narcissisme fréquents chez les écrivains. Pensez-vous à la postérité ? Je vis au présent. Demain est un autre jour. Je ne sais plus qui disait “Pourquoi ferais-je quelque chose pour la postérité ? Elle n’a rien fait pour moi.” De temps en temps, je rêve d’un jeune homme ou d’une jeune fille qui, trente ans après ma mort, tomberait sur un de mes livres. Vous avez eu un ancêtre révolutionnaire, Lepeletier de Saint- Fargeau, qui a voté la mort de Louis XVI ; quelle est votre part révolutionnaire ? Il y a évidemment des liens entre littérature et révolution. Tout livre digne de ce nom est, en un sens, une rébellion. Lepeletier a été au Panthéon. Et vous, en 2250, souhaiteriez-vous y être ? En 2250, en dépit de la formule de Barbey d’Aurevilly “Pour le climat, je préfère le ciel ; mais pour la compagnie, je préfère l’enfer”, je souhaiterais être au paradis. Qui, selon vous, dans les écrivains vivants, mérite d’y entrer ? Il m’est impossible de parler des vivants le temps seul jugera. Mais je m’intéresserai à ce temple le jour où les cendres de Péguy, catholique et socialiste, dreyfusard, mort pour la France et pour la République, écrivain de génie, y seront enfin déposées. Vous parlez beaucoup de Dieu. Vous sentez-vous plus catholique ou plus chrétien ? Je respecte et j’admire la religion catholique. J’espère mourir dans son sein, en croyant ravagé par le doute. Mais je me sens d’abord chrétien. Vous avez écrit que de tous les faux dieux, c’est le soleil que vous auriez pu adorer. Il y a un peu de païen chez vous ? J’aime le plaisir, le soleil, la lumière, la Toscane, les Pouilles, les îles grecques, la côte turque et les corps – y compris le mien. Je crois aussi que la vie n’est pas seulement une fête et qu’il y a au-dessus de nous quelque chose de sacré. Votre dernier livre a pourtant des accents testamentaires vivez-vous dans la conscience de la mort ? Je n’ai pas ressenti mon livre comme un testament. L’idée de la mort inéluctable est très loin de m’occuper tout entier. Je l’attends sans impatience et avec une humble espérance. La vie est peut-être faite pour apprendre à mourir, mais il faut d’abord la vivre. Dans votre roman, vous créez un beau personnage de femme, Marie. C’est aussi un livre qui véhicule beaucoup d’idées. Ce qui fait vivre les romans, ce sont les personnages Gargantua, Don Quichotte, Julien Sorel, Anna Karenine, le baron de Charlus, Aurélien – et même Arsène Lupin. Mais le roman moderne est en train de s’essouffler et de chercher des voies nouvelles. Je ne suis pas un romancier classique. Je ne suis peut-être même pas tout à fait un romancier. J’essaie de garder l’élan, l’impatience, l’attente fiévreuse du roman – qui manquaient tant dans le nouveau roman – et d’ouvrir d’autres chemins. Vous donnez le sentiment de n’avoir jamais souffert, d’être béni des dieux. Pourtant, vous avez connu récemment la maladie, la souffrance. Cela a-t-il changé votre vision des choses ? Bernard Frank, qui avait beaucoup de talent, m’a dit un jour “Tu ne seras jamais un grand écrivain parce que tu n’as pas assez souffert.” J’ai connu la souffrance, ces six ou sept derniers mois. Je ne suis pas sûr que la dose ait été suffisante pour me permettre d’accéder à la dignité redoutable de “grand écrivain” ! Comment imaginez-vous la France dans cent ans ? Je ne lis pas dans le marc de café. Toujours l’inattendu arrive. Une chose est sûre il y aura dans l’avenir des catastrophes inouïes – mais aussi, j’espère, encore un peu de bonheur. Nous avons le choix, dans l’avenir, entre une nouvelle renaissance fondée sur une science balisée par l’éthique et un retour à une sorte de Moyen Age en miettes, avec ses clans et sa brutalité et sans ses cathédrales. Il n’est pas impossible que nous entrions dans un temps d’affrontement et de violence. Mais le pire n’est pas toujours sûr. Je souhaite, dans cent ans, une France réconciliée dans une Europe unie et puissante.
LeTrain de la Vie est une magnifique métaphore pour résumer la vie : un train à bord duquel nous montons, mais dont nous ignorons la destination.
Texte de cérémonie pour s'inspirer ~ Le train de la vie Extrait du livre L’Enfant qui attendait écrit en 2009, Le train de la vie de Jean d’Ormesson est une magnifique métaphore de la vie. Des mots magnifiques qui nous invitent à aller à l’essentiel, à savourer l’instant présent et à exprimer notre gratitude pour les belles personnes qui illuminent nos vies.“A la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos on croit qu’ils voyageront toujours avec à une station, nos parents descendront du train,nous laissant seuls continuer le voyage…Au fur et à mesure que le temps passe,d’autres personnes montent dans le ils seront importants notre fratrie, amis, enfants,même l’amour de notre démissionneront même l’amour de notre vieet laisseront un vide plus ou moins seront si discretsqu’on ne réalisera pas qu’ils ont quitté leurs voyage en train sera plein de joies, de peines, d’attentes,de bonjours, d’au-revoir et d’ succès est d’avoir de bonnes relations avec tous les passagerspourvu qu’on donne le meilleur de ne sait pas à quelle station nous vivons heureux, aimons et pardonnons !Il est important de le faire, car lorsque nous descendrons du train,nous devrions ne laisser que des beaux souvenirs a ceux qui continuent leur voyage…Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage merci d’être un des passagers de mon si je dois descendre à la prochaine station,je suis content d’avoir fait un bout de chemin avec vous !Je veux dire à chaque personne qui lira ce texte que je vous remercie d’être dans ma vie et de voyager dans mon train. »
Largent tombe sur le monde, comme une vérole sur le pauvre peuple, bien après la pensée, bien après l'émotion, le cri, le rire, la parole, et après l'écriture. Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit de Jean d' Ormesson - Jean d'Ormesson. Bientôt, semées sous votre peau, les puces feront partie de votre corps.
A la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos on croit qu’ils voyageront toujours avec à une station, nos parents descendront du train,nous laissant seuls continuer le voyage…Au fur et à mesure que le temps passe,d’autres personnes montent dans le ils seront importants notre fratrie, amis, enfants,même l’amour de notre démissionneront même l’amour de notre vieet laisseront un vide plus ou moins seront si discretsqu’on ne réalisera pas qu’ils ont quitté leurs voyage en train sera plein de joies, de peines, d’attentes,de bonjours, d’au-revoir et d’ succès est d’avoir de bonnes relations avec tous les passagerspourvu qu’on donne le meilleur de ne sait pas à quelle station nous vivons heureux, aimons et pardonnons !Il est important de le faire, car lorsque nous descendrons du train,nous devrions ne laisser que des beaux souvenirs a ceux qui continuent leur voyage…Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage merci d’être un des passagers de mon si je dois descendre à la prochaine station,je suis content d’avoir fait un bout de chemin avec vous !Je veux dire à chaque personne qui lira ce texte que je vous remercie d’être dans ma vie et de voyager dans mon train. » Jean D’Ormesson

Letrain de vie. par Jean-Michel Bollet. Je n’ai jamais compris pourquoi le train de vie. Conduisait à la mort ; Mon cheval fut épris d’une route suivie. Sans peur et sans remords. Ainsi, c’est avec lui que je courus les plaines, Les déserts et les monts ; Nous faisions pénétrer d’entières brassées pleines.

Le train de ma vie A la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos Parents. On croit qu’ils voyageront toujours avec nous. Pourtant, à une station, nos Parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyage. Au fur et à mesure que le temps passe, d’autres personnes montent dans le train. Et elles seront importantes notre fratrie, nos amis, nos enfants, même l’amour de notre vie. Beaucoup démissionneront même éventuellement l’amour de notre vie, et laisseront un vide plus ou moins grand. D’autres seront si discrets qu’on ne réalisera pas qu’ils ont quitté leurs sièges. Ce voyage en train sera plein de joies, de peines, d’attentes, de bonjours, d’au revoir et d’adieux. Le succès est d’avoir de bonnes relations avec tous les passagers pourvu qu’on donne le meilleur de nous-mêmes On ne sait pas à quelle station nous descendrons, donc vivons heureux, aimons et pardonnons. Il est important de le faire car lorsque nous descendrons du train, nous ne devrons laisser que de beaux souvenirs à ceux qui continueront leur voyage. Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage fantastique. Aussi, merci d’être un des passagers de mon train. Et si je dois descendre à la prochaine station, je suis content d’avoir fait un bout de chemin avec vous.» ▬ Jean d’Ormesson aurait eu 97 ans ce 16 juin, l’écrivain nous a quittés le 5 décembre 2017. Envoyé par un ami A. D merci beaucoup
Letrain de la vie de Jean d’Ormesson, un texte puissant sur le sens de l'existence. À méditer ! - Vidéo Dailymotion Regarder en plein écran il y a 3 ans Le train de la vie de Jean d’Ormesson, un texte puissant sur le
“As far back as I can remember, I’ve always wanted to be Jean d’Ormesson.”Jean d’Ormesson m’a eu à l’usure. Du plus loin qu’il me souvienne, je l’ai toujours vu partout. Ses livres étaient dans la bibliothèque de ma mère, il passait à “Apostrophes” tous les vendredis, je le croisais chez le père d’Édouard Baer, j’ai même dîné chez lui quand sa fille vivait avec mon éditeur. Il me semble qu’il a incarné depuis 40 ans ce que doit être un écrivain français quelqu’un de brillant, aristocratique et élégant, qui dit du mal de lui-même et publie toujours le même livre. L’Académicien nous a reçu dans son hôtel particulier de Neuilly-sur-Seine, situé à deux cent mètres de l’endroit où je suis né. Je ne dis pas cela pour me vanter de mes origines sociales mais pour expliquer cette discussion en forme de retour aux sources, cette conversation mondaine qui tourne au bilan. Je considère que Jean d’Ormesson est injuste avec lui-même. C’est un faux paresseux, un faux dandy, allez savoir, peut-être même un vrai Whisky ? Porto ? Vodka ?GQ Je veux bien un whisky avec deux glaçons. C’est gentil. J’ai lu que vous avez été à Louis Le Grand, où j’étais élève en seconde, première et terminale, quelques années après vous. Est-ce que vous avez des souvenirs de mon lycée ?JdO Oui. Je dois vous dire que je n’ai jamais été à l’école. Je ne sais pas ce que c’est que l’école. Mon père était diplomate et m’a traîné derrière lui comme une valise en Allemagne, en Roumanie, au Brésil. Et jusqu’à 15 ans je n’ai pas été à l’ Vous avez eu la même enfance qu’Amélie Nothomb, dont le père est Exactement. Et à 15 ans, je suis rentré pour quelques mois à Paris et j’étais à Louis le Grand, j’avais 14 ans, j’étais en seconde. Et c’était en 1938 je Et après vous êtes allé à Henri J’y suis resté quelques mois et ceux dont je me souviens le mieux, c’est mon professeur de Français et surtout mon professeur d’Histoire. Mon professeur d’Histoire était quelqu’un de très célèbre. C’était Bidault. Et j’aimais beaucoup Bidault qui était directeur de l’Aube et était très anti-Munichois. C’était en 1938 et moi à 13 ou 14 ans, j’étais aussi très anti-Munichois. Et j’ai retrouvé Bidault beaucoup plus tard en 1944, à la libération de Paris. Mon frère était dans la Résistance et il m’a dit “à 17, 18 ans, tu pourrais faire quelque chose”. On m’a donné une mitraillette que l’on m’a retiré aussitôt vu l’usage que j’en faisais. Et on m’a donné à porter les brassards avec la croix de Lorraine. Et j’arrive à Saint-François Xavier, mon sac tombe et tous les brassards se répandent par terre. Je me suis dit que j’allais être fusillé, puis les Allemands sont passés et n’ont rien vu, les passants m’ont aidé à reprendre le sac et j’ai été porter tout ça à un chef de la Résistance inconnu, j’ai aussitôt reconnu Bidault qui se souvenait de moi. Donc Bidault a été mon Maître à Louis le Grand et j’ai préparé Normale à Henri JMG Le Clézio vient d’avoir le Prix Nobel de Littérature, personnellement, je trouve ses livres très emmerdants. Est-ce que vous ne pensez pas que c’est une punition de la légèreté, que ce soit toujours des auteurs très sérieux, très corrects politiquement, qui aient le Prix Nobel, et jamais des gens légers ?JdO D’abord, je vais vous dire, je suis très content de ce Prix Nobel parce que conformiste comme je suis, je suis très content que la France ait eu le Prix Nobel. La culture française a été attaquée en Amérique et voilà que nous avons deux Prix Nobel, c’est formidable. Un en médecine, l’autre avec Le Clézio en littérature, c’est épatant. Il succède à une lignée très brillante qui commence par Sully Prudhomme, le premier Prix Nobel, et le dernier est Claude Ensuite il y a eu Gao Xingjian, naturalisé français. Ce n’est pas non plus un joyeux Ceux de Prudhomme et de Claude Simon, ce n’est pas ma tasse de thé. Mais je suis probablement beaucoup plus consensuel que vous. J’avais lu “Le procès-verbal” avec beaucoup de plaisir. D’abord, Le Clézio est très beau…GQ Vous Non, il est mieux que Un genre de Viggo Mortensen en plus vieux et Alors je suis comme vous, je pense qu’il n’y a pas de grands écrivains sans légèreté. Je prends des exemples tout de suite naturellement, Cervantès est très très drôle, Homère, on ne va pas dire que l’Odyssée c’est pas amusant ! C’est formidablement amusant. Rabelais c’est amusant, je soutiens que Chateaubriand, c’est amusant…GQ Et Proust aussi…JdO Quant à Proust, dont les gens disent souvent qu’il est ennuyeux, je ne peux pas lire Proust sans éclater de rire ! C’est très drôle. Il y a une exception de quelqu’un que j’aime beaucoup et qui n’est pas très drôle, c’est Marguerite Yourcenar. Mais il y a beaucoup d’écrivains, eux, qui exagèrent. Je me rappelle que, je ne sais plus à propos de qui, on avait proposé pour un prix ou pour une élection à l’Académie, et je me souviens que quelqu’un avait dit, à propos de Claudel “c’est très bien, c’est très bien, mais il insiste trop sur le côté emmerdant.”GQ Alors Le Clézio c’est une littérature très très sérieuse…GQ Ma thèse c’est qu’on punit la légèreté. On la paie très cher la légèreté. Et en fait quand on vous lit, on voit que vous n’êtes pas du tout un écrivain léger, qu’en réalité c’est dans la vie que vous mettez un peu de superficialité, de frivolité, mais que vous avez fait Normale Sup rue d’Ulm, que vous êtes agrégé de philosophie, et vos livres parlent de Dieu, de la mort, de métaphysique… Vos livres sont plus sérieux que vous ne le laissez paraître !JdO Je vais me vanter un peu on disait à quelqu’un que j’admire beaucoup, et que vous admirez sûrement beaucoup aussi, qui est Toulet. On disait à Toulet “ce que vous faites est léger.” Et Toulet répondait “léger, léger, bien sur léger comme de la cendre.” C’est un écrivain qui a été très oublié et on a été quelques uns à le faire revivre. Je pourrais vous citer du Toulet…GQ … Toute l’après midi ? Mais on a pas le temps parce que vous avez un rendez-vous après. Qu’est ce que c’est d’ailleurs que ce rendez-vous qui est plus important que notre entrevue ?JdO Il n’y a pas de rendez-vous plus important que notre entrevue, mais ce sont des radios et des télés. Je suis en train de me livrer à ce que vous connaissez, qui est la Est ce qu’il faut faire de la promotion ? Certains auteurs ne la font pas du J’admire assez Le Clézio ou Modiano qui ne font rien. Les gens disent que j’adore la télévision, ce n’est pas vrai, je n’adore pas ça. Mais quand j’y suis, je ne vais pas bouder. Les gens sont d’une gentillesse Mais le danger c’est qu’ils sont tellement gentils que l’on pourrait passer sa vie à aller sur tous les plateaux expliquer qu’on est un Mais ce que je ne comprends pas chez Bernard-Henri Lévy, que j’aime bien, et chez Houellebecq, c’est qu’ils disent qu’ils sont persécutés. Ils ne sont pas persécutés, si ?GQ Non, mais très attaqués, beaucoup plus que Contrairement à Bernard-Henri Lévy, que j’aime bien, qui est charmant, je ne pense pas que la littérature soit une guerre. Je ne fais la guerre à personne et je pense que la littérature est d’abord un plaisir. Un plaisir d’un niveau très élevé, un plaisir qui demande des efforts, un plaisir différent que d’aller jouer aux courses ou d’aller dans une boîte de nuit, mais c’est un Toulet a écrit à la Villa Navarre qui était la maison de ma famille à Pau. Et il a écrit ce que j’ai aimé le plus au monde les femmes, l’alcool et les paysages ». Et je trouve ça marrant que ce soit dans cet ordre là. Vous êtes d’accord avec le premier et le dernier mais pas tellement l’alcool ?JdO Non pas l’alcool, mais vous savez, tous mes amis sont des C’est pour ça que vous me donnez un whisky pendant que vous buvez votre thé, c’est très aimable. Et pourquoi tant de sobriété finalement, vous auriez pu être un alcoolique mondain ?JdO Je suis déjà un homosexuel d’honneur. Je trouve ça Ca veut dire quoi “un homosexuel d’honneur” ?JdO J’ai trouvé ça dans Paul Veyne, j’admire beaucoup Paul Veyne et il a écrit un petit livre sur Michel Foucault. Il avait décerné à Veyne le titre d’ “homosexuel d’honneur”.GQ C’est honorifique mais on n’est pas obligé de Exactement. On n’est pas obligé de pratiquer. J’ai écrit très tard, après 30 ans. Pas parce que je ne connaissais pas la littérature, mais parce que je la connaissais un peu et que j’avais du mal à m’ajouter à nos amis à Flaubert, à Stendhal, à Proust, à Aragon. Et puis, j’ai fini par écrire sous les ricanements de nos camarades…GQ Et dans une indifférence quasi J’ai commencé parce que je voulais plaire à une fille, donc je dépose mon manuscrit chez Gallimard…GQ C’est L’Amour est un plaisir ?JdO Oui. Et puis j’attends, j’attends, une semaine, pas de réponse. J’ai appris après qu’il fallait attendre trois mois. Et je vais le déposer en face chez Julliard un samedi soir, le dimanche matin le téléphone sonne et c’est Julliard qui me dit “C’est un chef d’œuvre, c’est mieux que Sagan, on va faire un succès formidable”. Ca n’a pas été un succès formidable pour deux raisons. D’abord parce que c’était moins bien que Sagan et deuxièmement parce que j’avais contre moi une grande puissance qui était Le Figaro. On n’imprimait pas mon nom dans le Figaro parce que j’avais fait un article négatif sur Pierre Brisson, qui était, à l’époque, le directeur du La fameuse phrase “on ne peut à la fois être directeur du Figaro et avoir du talent” , qui est drôle surtout quand on l’est devenu par la suite, directeur du C’est quand même drôle. Ce qui m’amuse dans la vie, c’est ça ! Je me fiche du patron du Figaro, et quelques années après, je le deviens ! Autre exemple la famille de ma mère est ultra catholique, ultra conservatrice, et c’est dans cette famille-là que né Lepeletier de Saint Fargeau, qui est mon arrière grand-père direct par les femmes, qui était député de la noblesse à la Constituante, conventionnel, ami de Robespierre et il vote la mort du Roi. Et il est assassiné le jour de l’exécution du Roi, le 21 janvier 93 par un garde du roi indigné que quelqu’un qu’il avait vu si souvent à Versailles ait voté sa mort. Vous voyez les contradictions ?GQ Bien sur. Mais je reviens quand même sur La gloire de l’Empire. Parce qu’on vous reproche d’écrire toujours le même livre, et ce livre-là, c’est peut-être votre chef d’œuvre, un roman méconnu, à la Tolkien un peu, où vous réinventez tout un monde, un pays avec des cartes géographiques, une histoire fictive. Est-ce que finalement vous n’auriez pas eu peur d’être un écrivain d’avant garde ? Est-ce que vous n’avez pas choisi le succès pour être aimé, par facilité ?JdO Très bonne question. J’avais donc écrit ces livres chez Julliard. Et puis au bout de quatre livres qui n’avaient pas eu de succès, j’ai écrit un livre qui s’appelle Au revoir et merci, et ça voulait dire que j’ Vous pensiez honnêtement arrêter ?JdO Je le pensais. J’étais à ce moment-là à l’UNESCO où je m’occupais de travaux culturels sur le plan international, des congrès, des trucs comme ça, l’histoire, l’art, la philosophie … Et je me suis dit que ces sciences humaines feraient un formidable roman et j’ai écrit un roman de 800 pages. Julliard est mort, Grasset me demandait un livre, donc j’ai été l’apporté au neveu de Grasset qui s’appelait Bernard Privat, si vous l’avez connu. Il me dit “Tes premiers livres, c’était léger, amusant, c’était bien. Celui-là c’est terrible, très dur à lire, 800 pages, c’est difficile. On va le publier mais ne t’attends pas à un grand succès.” Furieux, je l’ai repris, je l’ai apporté chez Gallimard et il a fait 300 000 exemplaires. Et j’ai été élu à l’Académie, sur ce C’était en quelle année ?JdO En A l’âge de 47 ans. Ce qui a fait de vous le plus jeune écrivain élu à l Depuis le début du siècle, mais au 18ème il y avait beaucoup de gens qui étaient élu à 29 ans…GQ Enfin, 47 ans, c’est quand même assez rare aujourd’hui. Ca veut dire que moi qui ai 43 ans, il faudrait que je me Oui, oui, vite, vite !!!GQ êtes-vous un incompris ? Pensez-vous qu’il y a un malentendu entre votre œuvre et votre personne publique ?JdO Nous sommes tous incompris. Quand nous lisons les articles sur nous, naturellement quand ils sont mauvais nous sommes incompris et quand ils sont bons, souvent on se dit “ce n’est pas ça que je voulais dire.” Alors incompris je ne le suis sûrement pas et je ne vous conseille pas de penser que vous l’êtes. Parlons un peu de vous. Voulez-vous qu’on fasse les choses croisées ?GQ Mais avec plaisir. Parlez-moi de moi s’il vous 99 francs, c’est quand même… Malraux parlait de l’irruption du roman policier dans la littérature avec Faulkner. Vous c’est l’irruption de la publicité dans la littérature. C’est un événement sociologique et littéraire. Vous savez, il n’y a pas de succès qui n’ait pas un sens quand même. Ce qui est vrai c’est qu’on ne sait pas ce que la postérité Ca c’est une de vos grandes angoisses ?JdO Oui, c’est une angoisse. J’aimerais que dans 30 ans, les jeunes gens lisent…GQ Dans 30 ans vous vivrez toujours, d’abord !JdO Vous connaissez la réponse si belle de Woody Allen ? “Qu’est ce que vous voudriez que l’on dise de vous dans 100 ans ? Il est pas mal pour son âge.” C’est pas merveilleux ?GQ Bon vous m’obligez à lire la page 38 de Qu’ai-je donc fait ». À la page 38, vous dites “Qu’ai je donc fait ? La vie est dure, elle est cruelle. Il n’est pas exclu que la réponse soit rien ! A défaut de génie…”, autodénigrement par protection ?JdO Non, ce n’est pas de la fausse modestie. Je veux bien que l’on me dise que je suis insupportablement orgueilleux. C’est vrai que j’aurais voulu… je ne suis pas complètement paranoïaque, je sais que je ne suis pas Chateaubriand, ni Montaigne, ni Rimbaud. J’aurais beaucoup voulu être Barrès, et je ne suis pas sûr de l’être, c’est vrai, je ne suis pas sûr de l’ Alors vous voyez, vous aussi, tout comme Bernard Henri Lévy et Houellebecq, vous vous Non, je ne me plains pas du public et des médias. Ils m’ont servi. Si je me plains de quelqu’un, c’est de moi. C’est moi qui n’ai pas fait un livre suffisamment achevé, c’est moi qui n’ais pas travaillé assez, je n’ai pas suffisamment de talent, je ne suis pas sûr d’être Mauriac ou Anatole France. Ce serait merveilleux, ce serait un rêve. Vous aussi je suppose ?GQ C’est sûr que je pourrais signer “Le Culte du Moi” ! Non moi je voudrais recueillir vos conseils à un jeune gandin, à un pauvre type qui a eu du succès trop tôt et qui est angoissé autant que vous. Qu’est ce qu’il faudrait pour être à la fois léger, rigolo, s’amuser, tout en arrivant à se faire passer pour un écrivain ?JdO C’est très difficile parce qu’à notre époque, et ça n’a pas toujours été le cas, à notre époque un écrivain est malheureux. Il y a des écrivains qui n’ont pas été malheureux, La Fontaine a toujours été léger, éblouissant, brillant. Rimbaud a changé les Et Flaubert. Il faut souffrir ! Il faut rester seul !JdO Flaubert a changé les choses. Je dirais que la crise de 29 a changé les choses, le sida a changé les Et la crise de 2008 encore Oui, 2008 va changer les choses. Et c’est un grand paradoxe, le bonheur est une espèce de contrepoison au temps. Dans cette époque où il faut souffrir pour avoir du talent, c’est l’inverse, et c’est ce que j’appelle le cul de la fermière. C’est vrai que j’ai eu le beurre et l’argent du beurre, c’est-à-dire que j’ai eu une vie agréable, j’en ai profité, et en plus, je veux le cul de la fermière qui est la Vous dites “c’est foutu, toi comme moi Frédéric, tu souffriras toute ta vie, on ne te prendra jamais au sérieux parce que tu t’amuses trop”. C’est affreux ce que vous venez de me dire. Je suis fichu !JdO D’abord, mon cher Frédéric, tu as devant toi, je te tutoie, quelque chose de merveilleux devant toi, c’est vrai, tu as du temps devant toi. Et moi je n’ai plus beaucoup de temps. S’il y a une mélancolie en moi, c’est que le nombre d’années devant moi devient un peu Toi tu es né en 1925 et je suis né en 40 ans de différence, tu te rends compte…GQ Oui, mais moi je picole donc mon espérance de vie est plus On pourrait jouer Houellebecq-Lévy et Beigbeder-d’ Dans l’émission où on était sur Canal +, Denisot a conclu en disant vous devriez écrire un livre ensemble qui s’appellerait “99 ans”.JdO C’est une idée de génie. J’ai une formule que l’on utilisait beaucoup pour le mariage mais qu’on peut utiliser pour la vie, c’est il y a 40 mauvaises années à passer, après, c’est épatant. Tu vas voir, maintenant tu as devant toi tout le bonheur, ça va être délicieux, les gens vont te reconnaître de plus en plus, tu vas devenir sérieux, tu fais un entretien avec moi, c’est excellent pour toi, et excellent pour moi…GQ Surtout pour moi. Je recommence à vous vouvoyer… Je peux vous dire quelque chose ? J’ai l’impression que vous avez fait semblant d’être vieux très tôt, ce qui permet d’avoir la Et maintenant je retrouve une espèce d’adolescence. Peut-être que je retombe en enfance. C’est C’était une stratégie ou ce n’était pas calculé ?JdO Je te jure que rien n’est calculé. L’idée de raison m’est étrangère, l’idée de stratégie m’est Mais quand même, C’était très novateur. Parce qu’aujourd’hui, quand ils sont vieux, les écrivains ont envie d’être jeunes et voilà quelqu’un d’assez jeune qui très tôt s’est dit qu’il allait se faire passer pour vieux, entrer à l’Académie, porter des cravates en tricot, comme ça on serait gentil avec lui. Et à l’époque ça a très bien marché cette histoire. Même Bernard Frank a cessé de dire du mal de vous !JdO Il m’avait pris comme tête de turc, et je ne répondais jamais, et un beau jour…GQ Je veux vous faire souffrir un peu, rappelez- moi ce qu’il avait dit, la phrase la pire c’était je crois J’adore Jean d’Ormesson. Si seulement il n’écrivait pas de livres ».JdO Oui, un truc comme ça. Et alors évidemment, je ne répondais jamais, et un jour l’Observateur m’a demandé si je voulais répondre et j’ai dit oui, je vais répondre ! Et j’ai fait cet article, que vous avez peut-être lu, et qui était assez méchant et qui, je crois, l’a Aujourd’hui plus personne ne vous A mon âge !GQ Vous voyez, vous Tu verras, tu ne seras plus éreinté quand tu auras 70 ans. Essaye juste de ne pas en mourir !GQ Oui, il faut rester vivant, comme dit Houellebecq. Il y a dans ce livre Qu’ai je donc fait, un chapitre qui est intitulé une page rude à écrire », sur cette fameuse C » et c’est un basculement inédit chez vous dans la confession impudique. C’est assez inhabituel et je me disais êtes vous entrain de vous angotiser ?JdO De ?GQ De vous angotiser, de devenir Christine Angot ?JdO Non. Je vais te dire, cette histoire, dont je peux très difficilement parler…GQ Ca va, il y a C’était il y a 50 ans. Et tu le croiras si tu veux mais ça m’a terriblement marqué. D’abord parce que mon père est mort, bon, j’ai couché avec ma cousine germaine, c’est pas très grave, dans une famille…GQ C’était la femme de votre cousin ? Ça va, ce sont des choses qui arrivent !JdO Mais c’est pour ça que je raconte la famille, ce qu’était ce Un milieu très Naturellement la sexualité n’existait pas, la famille était très unie. D’ailleurs, je me suis très mal conduit, parce que non seulement je suis partie avec elle mais je suis Oh, ça va !JdO Non, c’est honteux. Et elle, elle est restée là !GQ C’est beau d’avoir encore un pincement au cœur très longtemps Et ça je l’ai évidemment beaucoup caché, je n’en parlais pas et j’ai eu besoin d’en Donc vous entrez dans cette zone qui est l’autobiographie exhibitionniste qui est la grande tendance, Catherine Millet, Christine Angot, Annie Ernaux…JdO Dieu m’en Ah mais moi j’aime beaucoup l’autobiographie. Vous n’allez pas nous faire un témoignage, une confession ?JdO Je vais te dire, on pourra peut-être dire que ce livre est une biographie non J’ai une anecdote un soir, avec Bernard-Henri Lévy, c’est authentique, nous avions bu pour fêter la sortie d’un de mes livres, je crois, L’Amour dure trois ans, et on est venu chanter l’Internationale sous vous fenêtres…JdO en chantant “Il n’est pas, de sauveurs suprêmes, Ni Dieu, ni César, ni tribun”GQ C’est authentique, on est venu ici à Neuilly avec Bernard-Henri Lévy et Jean-Paul Non. Je n’étais peut-être pas là, ou je dormais. Mais j’aurais bien chanté avec D’où vient cette tristesse gaie qui est dans vos livres. Vous dites “une fête en larmes” c’est un vers…JdO C’est Homère. C’est pas sublime ? Sûrement que j’ai un tempérament heureux, mais vous mettez le doigt dessus. L’histoire de C » a été dramatique pour moi, et avoir perdu le château de Saint-Fargeau a été une grande Vous étiez vraiment enraciné ? On a l’impression que vous aimez les voyages, la Grèce, l’Italie, et en fin de compte cet endroit là comptait tant que ça ?JdO Tu veux que je te dise quelque chose que je n’ai jamais dit ? En réalité, ça m’était assez égal. Je me rappelle que quand j’avais 15, 16 ans, je passais mes étés à Saint-Fargeau, et qu’est ce que je faisais ? J’allais me baigner dans l’étang, je faisais du vélo, et le soir j’entendais à la radio à Saint-Tropez. Et bien que je ne boive pas et que je ne danse pas beaucoup, ça me faisait formidablement envie, et moi j’étais coincé à Saint-Fargeau. L’idée d’être coincé là me tuait et je n’aurais jamais pu m’occuper de Saint-Fargeau. Mais j’ai vu la peine que ça faisait à ma mère. Ma mère était née là, sa mère était née là et morte là, son arrière grand-mère était née là et morte là, et ça continuait comme ça…GQ Et qu’est devenu Saint-Fargeau ?JdO Ce sont des étudiants qui l’ont repris. Un type qui s’appelle Guyot et qui le fait vivre en faisant visiter le château. C’est vrai que les visites ont explosé en partie grâce au…GQ Au livre puis au téléfilm, Au plaisir de Au plaisir de Dieu a été un grand succès puis ensuite il y a eu le téléfilm de Mazoyer, que j’ai adoré, qui est un type charmant. Et ça a été un succès. Il n’y avait que deux chaînes à cette Oui, je sais. Je l’ai vu quand j’étais Quand j’étais directeur au Figaro, c’est vieux, c’était il y a 30 ans, pas si vieux que ça, il n’y avait pas de téléphones portables. Il y avait deux chaînes seulement et on a fait 76% d’ Tout le monde regardait La France Cela faisait penser au Guépard, un Guépard Mon vieux, on a demandé à Burt Lancaster de faire le grand père et il a accepté. Il a demandé comme salaire 5 fois le budget initial. On a demandé à Laurence Olivier, qui a accepté, qui a demandé 3 fois le budget… En désespoir de cause on a trouvé le type qui meurt au début d’un film que j’adore qui est Les tontons flingueurs, Jacques Dumesnil. Tout le monde critiquait ce choix mais il a été Ce n’est pas sur la décadence mais sur l’arrivée de la modernité. C’est la fin d’une certaine Le grand complot de la modernité comme dit Michel Mohrt. En un sens, c’est l’inverse de 99 Une autre cause de votre éventuelle mélancolie, c’est que vous êtes un auteur métaphysique, et ça, dans tous les livres. Vous êtes quelqu’un qui finalement regrette de ne pas parvenir totalement à croire en Attends, il faut que je dise deux petites choses. D’abord, je passe pour un écrivain catholique, c’est une imposture, je ne suis pas un écrivain catholique, je suis agnostique, ce qui ne veut pas dire Vous savez que vous ne savez Et c’est très douloureux. Et la deuxième chose qu’on m’a beaucoup dite “vous avez beaucoup écrit de livres sur Dieu, finalement, est ce que vous y croyez, oui ou non ?”. J’ai écrit que je ne pouvais pas dire si j’y crois ou pas, on ne peut pas savoir. Nous sommes dans le temps comme les poissons sont dans l’eau. Les poissons ne pensent pas qu’il y a une autre possibilité que d’être dans l’eau et nous n’avons d’autre possibilité que d’être dans le temps. Or, nous sortirons du temps pour entrer dans l’éternité, ça c’est sûr. Nous serons tous dans l’éternité. Enfin nous n’y serons plus puisque nous ne serons plus. Mais quelque chose de nous aura passé dans l’éternité, ne serait ce que notre souvenir. Et toute la question est de savoir si cette éternité a un sens ou si elle n’en a Est-ce que ce n’est pas la littérature l’accès à l’éternité, d’une certaine façon. Votre Dieu, c’est la littérature. Finalement les choses sont simples. Il suffit de m’appeler et je vous explique Je vais te répondre sincèrement. Dieu sait que j’ai aimé les livres, mais la littérature ce n’est pas grand chose à côté de Dieu. La seule chose c’est qu’on ne sait pas s’il existe. Tu sais, la formule juive que j’aime tellement c’est “ce qu’il y a de plus important c’est Dieu, qu’il existe ou qu’il n’existe pas.”GQ Il y a aussi une jolie parabole avec les rabbins et le cocher dans le livre. Elle est bien, vous ne voulez pas me la raconter celle-là ?JdO Elle est merveilleuse. C’est le grand rabbin qui revient d’un enterrement, il a fait un discours magnifique et son assistant lui dit “Magnifique Rabbin”, et le rabbin lui dit “qu’est ce que je fais, rien du tout, je ne suis rien”, et son assistant se prend la tête dans les mains en criant “mais si vous n’êtes rien, alors que suis-je moi ? l’ombre de rien” et son second assistant dit à son tour “mais c’est horrible, si vous deux n’êtes rien alors moi je suis encore moins que rien, je ne suis que poussière” et le cocher tout à coup s’arrête, se retourne, les larmes coulent sur son visage, et lui dit “si le grand rabbin n’est rien, que son premier assistant est moins que rien et que son second n’est que poussière, qu’est ce que je suis moi pauvre cocher ?” et on entend la voix du rabbin assis dans la calèche qui s’écrie “mais pour qui il se prend celui-là!” C’est une histoire Rires. Mais je pense quand même que votre vrai Dieu a été la Oui, mon Dieu est la littérature. La seule chose…GQ C’est la chose en dehors des choses matérielles…JdO Dans le temps, dans le temps ! Pour la durée de ma vie, oui. Mais pour l’éternité… Ça nous fera une belle jambe dans l’éternité, d’avoir été, même, de grands Est ce que vous lisez encore vos contemporains ? J’ai lu dans ce livre que vous disiez “La littérature vivante je l’envoie se faire foutre avec beaucoup de gaieté”.JdO J’avais mis “La littérature vivante contemporaine, je lui chie dessus”. Et mon éditrice m’a dit vous ne pouvez pas mettre “je lui chie dessus” et j’ai dit “qu’elle aille se faire foutre”, voilà…GQ Dernier film vu ?JdO J’en ai vu un hier, formidable, sur TCM, de Billy Wilder, Assurance sur la mort. Avec Barbara Stanwyck et Edward G. Robinson sur un scénario de James M. Dernière chanson J’en ai entendu une tout à l’heure de quelqu’un que j’aime, que j’ai toujours bien aimé…GQ Carla Bruni ?JdO Je dois dire que je la connaissais un peu, je ne l’avais pas revue, et un jour dans une voiture, ma fille m’a fait entendre une chanson pour Raphaël et j’ai trouvé ça très Et vous trouvez qu’elle a une bonne influence sur son mari ?JdO Moi je crois. Je crois qu’elle lui a retiré un peu de beauté bling-bling, je crois qu’elle est très bonne à Oui, parce qu’il aurait pu faire beaucoup de tort à Neuilly à force. Il ne faut pas que Neuilly soit trop Neuilly doit être horrifié par Sarkozy. Il y a quelqu’un d’autre que j’aime beaucoup évidemment, c’est Julien Qui s’est fait tatouer…JdO “Marcel Duchamp” sur une épaule, “Jean d’Ormesson” sur l’autre. Et je trouve que c’est très bien, ce qu’il Le dernier restaurant où vous ayez dîné ?JdO Pendant des années, j’ai été déjeuner au restaurant avec des dames. Je crois que le meilleur restaurant de Paris, qui n’est pas donné d’ailleurs, c’est le Ah, c’est très bien. Et à déjeuner c’est très Et il y a beaucoup de bruit, mais je vais souvent là avec Michel Un bel hôtel que vous pourriez me conseiller ?JdO J’ai adoré les hôtels. J’aurais pu vivre d’hôtel en hôtel. J’aime les grands hôtels, j’aime beaucoup le Ritz, le Bristol, le Beau Rivage à Lausanne, qui était si cher à Nabokov. Les Trois Rois à Bâle. Précipite toi ! Va voir la Fondation Beyeler et va aux Trois Rois. Sinon il y a des tas de palaces à Ravello, en Italie. Le Caruso Belvedere à Ravello. Ça ce sont des grands hôtels mais il y a de petits hôtels qui sont charmants. J’hésite…GQ Attention, il ne faut pas trop donner les bons plans où l’on veut être tranquille. Donnez en juste un ! Allez…JdO A Symi, il y a de tout petits hôtels merveilleux. Une île grecque, proche de la côte turque. La plus méridionale des îles grecques s’appelle Kastellorizo. Il y avait 20 000 habitants et 18 000 sont partis pour l’Australie parce qu’ils n’avaient pas de travail. Il reste donc 2000 habitants et il y a un petit hôtel qui correspond à 2000 habitants et qui est quelque chose…GQ Mais il faut prendre deux avions, trois bateaux…JdO Il faut faire Paris-Athènes, Athène-Rhodes, Rhodes- Kastellorizo, ça prend trois jours !GQ Vous vous habillez où ?JdO De temps en temps je m’habille en jean, et de temps en temps, je fais une folie, je prends… Ce qu’il y a de mieux !GQ C’est quoi ? Charvet ? Hilditch ?JdO Oui, Charvet, Hilditch. Il faut un costume de Ah voilà. En même temps, il ne faut pas trop le dire, il faut que ça reste secret. Votre parfum ?JdO …..GQ Voyons Jean, vous êtes un sex-symbol, les filles rêvent de vous. Il me faut le parfum Jean d’ J’avais une eau de toilette qui était L’Eau de Lanvin. Et L’Eau de Lanvin a disparu et Bernard Lanvin continuait pour moi la production. Pour moi et pour quelques autres, il a continué pendant 10 Vous dites que la seule chose que vous retiendrez de toute votre vie c’est un escalier blanc et bleu dans les Pouilles. Je relis la fin de votre dernier livre “J’ai aimé l’eau, la lumière, le soleil, les matins d’été, les ports, la douceur du soir dans les collines, et une foule de détails sans le moindre intérêt, comme cet Olivier très rond dont je me souviens encore dans la baie de Fethiye.. ” C’est où ?JdO Fethiye, c’est sur la côte Turque entre Antalya et Bodrum. Il y a une baie sublime avec un olivier D’accord. Bodrum c’est le Saint-Tropez Non, c’est sauvage comme Plus Antalya, oui, mais pas cette baie-là. Et l’escalier blanc et bleu existe dans le Pouilles. Je ne me souviens plus si c’est à Ostuni ou à Villa FrancaGQ Donc je me suis trompé. Moi, je pensais à Tricase Porto. C’est un petit village au bord de la A côté. Vous connaissez les Pouilles ?Le téléphone sonne. Il prend C’est une charmante personneGQ Mais je veux en savoir plus. Mais ça ne s’arrête donc jamais ?JdO Si ça s’ Il y a quand même un moment où l’on se calme ?JdO Il reste des amies qui ont On suscite la pitié ?JdO Regarde l’état dans lequel est François C’est vrai ? J’ai lu ses livres sur Il ne quitte plus l’hôpital Il ne peut plus rentrer chez lui. Parles avec eux et tu te dis que tout va bien. Et puis tout d’un coup tout C’est Alzheimer ?JdO Quand ce n’est pas Alzheimer, c’est une maladie du langage où les mots viennent les uns à la place des C’est fou pour un écrivain, de ne plus connaître les C’est Il faut avoir de la chance en fait, la chance de passer au À travers la haine, à travers la maladie, à travers les Et d’essayer de n’en déclencher aucune. Est-ce que ce n’est pas quand on a eu de la chance au départ qu’on est finalement un peu abrité ?JdO J’ai eu évidemment une enfance protégée… On ne peut pas faire l’économie de la révolte. Et tu vois bien que moi, n’ayant pas été fasciste, n’ayant pas été trotskiste, je me suis dit qu’il fallait se rebeller d’une façon ou d’une autre et je suis parti avec ma cousine ! C’était pour marquer mon indépendance. On ne peut pas faire l’économie de la révolte…GQ C’est ça en fait ! C’est un élément central de votre vie dont vous ne parlez que Je l’ai caché, caché, caché…GQ Ta révolte c’était de foutre une espèce d’énorme bordel dans la J’ai foutu le bordel dans la famille. Tout le monde était en larmes. On a dit aux enfants que j’étais mort. Parce qu’on n’allait pas leur expliquer ça… Et 20 ans après, il y a 20 ans, je vois des neveux qui me disent “Oncle Jean, vous vivez !”GQ Mais ils n’avaient pas vu la télé ou quoi ?JdO Mais ils étaient tout petits, ils avaient 5 ou 6 ans et quand ils ont eu 18 ans ils ont compris que je C’est fou cette histoire. Parce que vu de l’extérieur, ça ne semble pas si grave. Ce sont des histoires très romanesques. D’autres partent avec la sœur de leur Ca c’est un peu plus L’amour est plus fort que tout. Et si cette histoire avec “C” n’a pas marché, je pense qu’il ne fallait pas hésiter une seconde. D’ailleurs on ne les prend pas, c’est comme ça ! On crève dernière question, c’était la fameuse question d’Arthur Cravan à Gide Monsieur d’Ormesson, où en sommes nous avec le temps ?JdO Evidemment, c’est Et vous connaissez la réponse de Gide ? Il donne l’ Il donne l’heure !GQ “il est six heures moins le quart”. Il paraît que c’est inventé par Si c’est inventé, c’est très brillant aussi. Lacitation la plus courte sur « train de vie » est : « On a les vices que son train de vie permet. » ( Jean Basile ). Quelle est la citation la plus belle sur « train de vie » ? La citation la plus belle sur « train de vie » est : « J'ai adapté mon train de vie à mes exigences. Je ne suis pas obligé de travailler coûte que coûte.
Culture Dans Paris Match », Françoise d'Ormesson revient sur son mariage avec l'écrivain, fondé sur la confiance, l'admiration et une grande liberté de mœurs… Jean, Françoise et Héloïse d'Ormesson une famille formidable ! © Masquelier / Ina Je n'ai pas vraiment eu de mari. Un sublime compagnon, qui m'a séduite pendant cinquante-cinq ans. Un enchanteur. Mais un mari, sûrement pas… » C'est ainsi que Françoise d'Ormesson résume avec recul et nostalgie sa relation avec l'écrivain, disparu il y a un an à l'âge de 92 ans. Une vie de couple qui n'avait rien d'académique, comme elle le détaille avec franchise dans une longue interview accordée à Paris Match, à l'occasion de la sortie du livre posthume de son époux, Un hosanna sans fin, achevé deux jours avant sa disparition. Pas fait pour le mariage Quand ils se rencontrent, à la fin des années 1950, Jean a 33 ans, Françoise 20 – elle est la fille de Ferdinand Béghin, l'empereur du sucre. Elle le trouve prétentieux, il la courtise, la séduit, mais la prévient qu'il n'est pas fait pour le mariage il tient trop à sa liberté, ses aventures, ses voyages… Ils se fiancent, puis rompent, se retrouvent, elle tombe enceinte d'Héloïse, il assume et l'épouse. On ne peut pas dire qu'il était fou de joie », se souvient-elle. Le mariage n'a rien changé à sa philosophie, poursuit-elle. À la maison, Jean ne s'occupait de rien. Absolument de rien ! L'idée même d'aller acheter une baguette de pain l'assommait. Cela lui rappelait sans doute le quotidien d'un couple… » Comme promis, Jean le lettré vit selon ses désirs et ses envies, jouissant de cette liberté qu'il chérit plus que tout. Il lui arrivait de partir sans prévenir en voyage ou en vacances avec des amis, raconte Françoise d'Ormesson dans Paris Match . J'étais sans nouvelles pendant une ou deux semaines, parfois davantage. [...] Je ne pouvais pas lui en vouloir, j'avais été prévenue. Il était là, pas là. C'était ainsi. » L'écrivain est connu pour avoir eu de nombreuses aventures, qui finissent par arriver aux oreilles de Françoise… Bien trop de gens étaient ravis de me les raconter ! Mais j'oublie très vite les choses désagréables. S'il m'arrivait d'être triste, je n'étais pas jalouse. » Elle-même reconnaît qu'elle a eu sa vie. J'ai été amoureuse plusieurs fois, mais je n'ai aimé qu'un seul homme, confie-t-elle. Les autres savaient que Jean était prioritaire. Mes histoires étaient, disons, des placebos. » Comme dans Jules et Jim Tous deux savaient pour l'autre, mais n'abordaient jamais la question. On ne parlait pas de ça, c'était notre seule et unique règle, explique Françoise d'Ormesson, dans Match. Notre couple n'avait rien de classique, de bourgeois… » À tel point que les aventures débouchent bien souvent sur des amitiés réciproques. Cela me fait penser à Jules et Jim, de François Truffaut, se souvient-elle. La commission de censure, dont Jean faisait partie, était vent debout et voulait faire interdire la sortie du film. Jean leur a dit Je ne comprends pas pourquoi, ça se passe exactement comme ça chez moi ! C'était une de ses plaisanteries. » Françoise dit ne rien regretter de cette relation bohème, mais intense, avec un homme qu'elle décrit comme attentionné, solaire et d'une remarquable éducation. Je ne riais pas tous les jours, reconnaît-elle aujourd'hui, mais je referais tout de la même façon. Je n'ai jamais eu le sentiment de vivre avec un monstre égoïste. Avec Jean, rien n'était jamais dramatique. À la moindre petite tension, je me trouvais idiote. On passait à autre chose. Lorsque Jean était là, il était vraiment là. » Et d'ajouter Il m'a fascinée jusqu'aux derniers moments de sa vie. » Je m'abonne Tous les contenus du Point en illimité Vous lisez actuellement Jean d'Ormesson sa veuve raconte leur drôle de couple 12 Commentaires Commenter Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point. Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.
\n\n \njean d ormesson le train de la vie
Jeand'Ormesson : A la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos parents. Et on croit qu’ils voyageront toujours avec nous. Pourtant, à une station, nos parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyage Au fur et à mesure que le temps passe, d’autres personnes montent dans le train.
News Bandes-annonces Casting Critiques spectateurs Critiques presse VOD Blu-Ray, DVD Spectateurs 3,1 71 notes dont 9 critiques noter de voirRédiger ma critique Synopsis L'existence de Jean d'Ormesson ressemble à un roman. Un roman solaire. Au soir de sa vie, l'écrivain se demande pourtant s'il a écrit le chef-d'œuvre qu'il portait en lui. Pour combler ce doute, il écrit sans répit. La dernière ligne posée, le livre achevé, son esprit vagabonde déjà à l'idée d'une nouvelle source d'inspiration. Un livre, encore un. Peut-être, le dernier. L'écriture n'est plus une fin, c'est un moyen. Une fuite en avant contre le temps. "MONSIEUR" est le récit d’un crépuscule, celui d’un homme, d’un monde. Une quête d’éternité. Bande-annonce 153 Dernières news 8 news sur ce film Acteurs et actrices Casting complet et équipe technique Critiques Presse L'Express La Croix Le Figaro Le Point Ouest France Télé 7 Jours Franceinfo Culture Le Journal du Dimanche Le Parisien Première Télé Loisirs Bande à part L'Obs Positif Cahiers du Cinéma Le Monde Chaque magazine ou journal ayant son propre système de notation, toutes les notes attribuées sont remises au barême de AlloCiné, de 1 à 5 étoiles. Retrouvez plus d'infos sur notre page Revue de presse pour en savoir plus. 16 articles de presse Critiques Spectateurs superbe film sur un mec extraordinaire qui aurait juste pu se contenter d'être bien écrivain et un homme d'exception. un homme de convicion qui a aimé la vie le soleil et les femmes entré de son vivant dans la pleiade et académicien qui recevait avec brio Madame chose que ces youtubeur rappeur et consort. La seule fois ou j'ai vu d'ormesson à la tv dans une émission il avait eu tres clairement des propos d'extreme droite ce qui ne me l'avait pas vraiment rendu sympathique et donc pas trop envie d'en savoir plus sur lui!!!!!! Très décevant, pour ma part. Nous entrons, en partie, dans l'intimité de Jean d'Ormesson. Mais sans profondeur et de façon latente et peu savoureuse. Je n'ai ressentie aucune émotion, aucune passion, aucune envie, rien. Le film est creux et sans histoire. Pourtant, son personnage principal aurait de quoi nous accrocher davantage qu'avec deux-trois petites phrases. Vu et avis le 20181210 Le film m’a bien plu. Il peut désarçonner car, je pense, il épouse la forme du badinage et c est quelque chose d un peu perdu sous cette forme. . C est une vision un peu personnelle mais pour moi le badinage est le fait de faire passer des idées sans en avoir l air, noyées au milieu de propos plus ou moins insignifiants. Badinage car je ne connais pas d autre mot pour dire sérieux sous couvert d ... Lire plus 9 Critiques Spectateurs Photos 13 Photos Secrets de tournage Note d'intention du réalisateur "Fait rare, Jean d’Ormesson fait partie des Grands » consacrés avant leur mort. C’était un mythe social vivant ». L’incarnation de l’esprit français. Tout du moins, d’une certaine France. Plus encore, Jean est le reflet d'une époque, celle du XXe siècle et de ses contradictions, et d’une rupture, celle d’un monde révolu et du nôtre. Un pied dans le passé, l’autre dans le présent, ses yeux étaient pourtant toujours tournés vers l’avenir. C’est Lire plus Un parcours hors normes Le présentateur d'Un jour, un destin était très proche de Jean d'Ormesson, disparu en décembre 2017 à l'âge de 92 ans. L'écrivain, membre de l'Académie française, fut directeur général du Figaro dans les années 70. Il signa plus d'une quarantaine de romans et fut Officier de l'ordre national du Mérite ainsi que Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres. Au cinéma, on avait pu le croiser dans Éloge de l'amour de&n Lire plus Comprendre qui est Jean d’Ormesson Monsieur résulte d’une envie comprendre qui est Jean d’Ormesson. Qui se cache derrière l'un des plus grands esprits français de notre époque ? Quid de l'aristocrate, de l'écrivain du bonheur, du séducteur invétéré ? Ce sont les failles et les faux-semblants du personnage qui ont confirmé l'envie de Laurent Delahousse de réaliser ce film. Il explique "Observer cet homme au crépuscule de son existence avec toute la gravité et la fragi Lire plus 6 Secrets de tournage Infos techniques Nationalité France Distributeur Mars Films Année de production 2018 Date de sortie DVD - Date de sortie Blu-ray - Date de sortie VOD - Type de film Long-métrage Secrets de tournage 6 anecdotes Box Office France 6 512 entrées Budget - Langues Français Format production - Couleur Couleur Format audio - Format de projection - N° de Visa 148473 Si vous aimez ce film, vous pourriez aimer ... Commentaires
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