Doncle philosophe aurait en plus de la conscience de son ignorance le seul souci de la vĂ©ritĂ© et une prĂ©disposition Ă  la chercher qui pourrait ĂȘtre la capacitĂ© Ă  s’étonner ou une sorte de savoir confus que les choses ne sont pas nĂ©cessairement ce qu’elles semblent ĂȘtre, qu’il n’y a rien d’évident. Il est vrai que nous avons d’autres soucis que celui
"La vĂ©ritĂ© est dans la contradiction." Friedrich Hegel L’erreur, fondement de
 la vĂ©ritĂ© scientifique Avertissement, nous ne voulons discuter ici ni des fausses sciences, ni des para-sciences, ni des pseudo-sciences, ni des magies, ni des conceptions religieuses des sciences, ni des menteurs et des trafiquants de la science, ni de la notion de fraude en sciences, ni de la bonne foi ou de la mauvaise foi dans l’erreur, ni mĂȘme du caractĂšre limitĂ© des capacitĂ©s de l’homme en sciences et des difficultĂ©s de la connaissance, mais au contraire des succĂšs de la connaissance au cours du fonctionnement normal, courant, habituel de la science, celui fonctionne Ă  partir d’erreurs et pour parvenir Ă  d’autres erreurs, tout en n’ayant jamais cessĂ© de chercher la vĂ©ritĂ©. Nous ne dĂ©veloppons pas ici une conception qui soutienne l’importance du doute mĂ©thodologique, de la confrontation Ă  l’expĂ©rience ou de la compatibilitĂ© avec les autres connaissances, de la nĂ©cessitĂ© de se remettre en question, ni de toute autre conception de type moral sur la dĂ©marche scientifique. Nous ne discutons pas ici des critĂšres de vĂ©rification des preuves, ni des conceptions diverses de la vĂ©ritĂ©. Nous ne cherchons pas non plus Ă  opposer la notion de recherche de la vĂ©ritĂ© aux conceptions philosophiques des diverses sociĂ©tĂ©s, et Ă  relativiser ainsi la science, ni Ă  dĂ©velopper un quelconque scepticisme Ă  son Ă©gard, ni encore Ă  soutenir un pragmatisme qui pousse Ă  affirmer que la vĂ©ritĂ© absolue ne serait pas un but de la science qui devrait se contenter de vĂ©ritĂ©s partielles et locales. Nous ne voulons pas discuter des oppositions entre vĂ©ritĂ© et rĂ©alitĂ©, entre vĂ©ritĂ© et mensonge, entre vĂ©ritĂ© et possibilitĂ©, etc
 Non, nous voulons simplement discuter du caractĂšre Ă  notre avis indispensable, incontournable et positif de l’erreur en sciences, mĂȘme si ce n’est bien entendu pas le cas de n’importe quelles erreurs ni Ă  tout moment au sein du processus de la science
 LIRE AUSSI Qu’est-ce que la vĂ©ritĂ© ? Qu’est-ce que la science ? La vĂ©ritĂ© scientifique est-elle dans les faits ? Qu’est-ce que le phĂ©nomĂšne » ? La science et l’expĂ©rience Contre l’éclectisme, le relativisme et le scepticisme Contre l’empirisme La dialectique est-elle indispensable Ă  la pensĂ©e scientifique Faut-il une philosophie en sciences ? L’importance des paradigmes en sciences La science est-elle rĂ©futable ? La science est-elle mathĂ©matique ? La mystification de la matiĂšre L’objectivitĂ© du monde matĂ©riel Pourquoi la matiĂšre Ă©chappe Ă  l’intuition et au bon sens Il ne saurait y avoir de vĂ©ritĂ© premiĂšre. Il n’y a que des erreurs premiĂšres. » Gaston Bachelard La vĂ©ritĂ© est un mensonge rectifiĂ©. » Gaston Bachelard Parfois le mensonge explique mieux que la vĂ©ritĂ© ce qui se passe dans l’ñme. » Maxime Gorki La vĂ©ritĂ© est dans la contradiction. » Friedrich Hegel En fait de vĂ©ritĂ©s inutiles, l’erreur n’a rien de pire que l’ignorance. » Jean-Jacques Rousseau Pour le bon sens commun comme dans la conception de bien des auteurs, notamment celle des scientifiques, la vĂ©ritĂ© scientifique serait diamĂ©tralement opposĂ©e Ă  l’erreur et, comme telle, Ă  combattre attentivement, Ă  dĂ©masquer, Ă  effacer, Ă  dĂ©noncer
 Ainsi raisonnait notamment Descartes qui affirmait que "Il est certain que nous ne prendrons jamais le faux pour le vrai tant que nous ne jugerons que de ce que nous apercevons clairement et distinctement." Certains en sont mĂȘme restĂ©s Ă  l’idĂ©e qu’une vĂ©ritĂ© scientifique serait aussi indiscutable que un plus un Ă©gale deux » ! Elle devrait ĂȘtre fondĂ©e sur des certitudes de prĂ©fĂ©rence Ă©tayĂ©es mathĂ©matiquement et que l’on ne devrait jamais plus remettre en question. Ces personnes pensent que le progrĂšs des sciences irait de vĂ©ritĂ©s en vĂ©ritĂ©s, qu’elle progresse de maniĂšre continue ou saccadĂ©e, par rĂ©volutions scientifiques ou par petits progrĂšs, thĂ©oriques comme expĂ©rimentaux. Ils pensent qu’il n’y aurait jamais de retour en arriĂšre vers des thĂšses abandonnĂ©es pendant longtemps et que l’on croyait dĂ©finitivement rejetĂ©es. Ils n’ont pas conscience de fonder leur conception de la science dĂ©jĂ  sur une erreur la science ne peut pas progresser sans se hasarder sur des hypothĂšses comme le soulignait Henri PoincarĂ© et aller jusqu’au bout de leur examen, quitte Ă  se hasarder dans des impasses. Mais, en progressant ainsi, la science ne se trompe pas elle ne peut pas faire autrement que d’explorer et d’inventer des voies quitte Ă  trouver qu’elles ne sont pas les bonnes. La science progresse d’erreur en erreur et non de vĂ©ritĂ© en vĂ©ritĂ©. Jamais nous ne disposons de vĂ©ritĂ© indiscutable en sciences, ne serait-ce que parce que nos possibilitĂ©s d’accĂ©der aux informations sur le monde sont limitĂ©es par les moyens techniques de notre Ă©poque. On ne voit pas les mĂȘmes choses avec un microscope qu’avec un microscope Ă  effet tunnel ! On ne trouve les mĂȘmes rĂ©sultats sur les propriĂ©tĂ©s de la matiĂšre dans un tube Ă  essais que dans un accĂ©lĂ©rateur de particules ! Et les images que nous pouvons nous donner du fonctionnement du monde matĂ©riel dĂ©pendent dĂ©jĂ  des connaissances issues de ces moyens d’observation. Ainsi, nous sommes capables d’observer plus avant dans la matiĂšre, vers le plus petit, le plus loin dans l’espace, le plus Ă©nergĂ©tique, le mouvement le plus rapide, le plus en temps court au fur et Ă  mesure des Ă©poques. Et cela change considĂ©rablement ce que l’on voit mais aussi notre vision du monde, c’est-Ă -dire nos conceptions de la matiĂšre. L’exemple de la physique quantique est lĂ  pour nous montrer que le plus petit n’est pas une rĂ©duction de ce qui se passe Ă  niveau plus grand en taille, ce n’est pas une simple rĂ©duction
 Un monde hiĂ©rarchiquement infĂ©rieur peut avoir des fonctionnements et des lois complĂštement diffĂ©rentes de ce qu’elles sont au niveau supĂ©rieur. Le monde Ă  l’échelle quantique de la taille d’une action correspondant Ă  un ou Ă  un petit nombre de quanta de Planck ne fonctionne pas du tout sur le modĂšle que nous concevons pour la matiĂšre Ă  notre Ă©chelle. Le monde du vide quantique fonctionne encore sur un tout autre mode que celui des particules dites Ă©lĂ©mentaires. Par exemple, la mĂ©canique classique avec vitesse et position ne fonctionne que pour tout ce qui est plus grand que notre Ă©chelle dite macroscopique mais pas au niveau quantique. Et le temps lui-mĂȘme, avec son Ă©coulement en une seul sens n’existe plus du tout dans le vide quantique ! Il y a de vĂ©ritables sauts entre les diffĂ©rents niveaux emboitĂ©s qui constituent le monde. Il est certes possible d’étudier des phĂ©nomĂšnes impliquant essentiellement un seul niveau et c’est ce qui permet de raisonner suivant une conception en oubliant les autres. On peut ainsi continuer Ă  utiliser la mĂ©canique classique ou l’électromagnĂ©tisme classique dans certains domaines. Mais il faut quand mĂȘme savoir que l’on a choisi, en agissant ainsi, de faire abstraction de toute une partie de la rĂ©alitĂ©, d’échelle beaucoup plus grande ou beaucoup plus petite que ce soit en termes de distance, de temps, d’énergie. De la mĂȘme maniĂšre, on peut tout Ă  fait vivre et agir efficacement sur terre en considĂ©rant que la terre est plate sans trop se tromper. Il peut mĂȘme ĂȘtre bien plus faux de raisonner Ă  notre Ă©chelle Ă  partir de l’idĂ©e que la terre est ronde. Le mensonge » de la terre plate est une vĂ©ritĂ© pour celui qui construit un immeuble, qui utilise pour cela un niveau Ă  bulle indiquant les verticales et les horizontales. Les verticales, prises pour deux lieux peu Ă©loignĂ©s, sont considĂ©rĂ©es par le bĂątisseur comme des parallĂšles. Pourtant, nous savons maintenant que ces verticales sont fondĂ©es sur la gravitation qui attire toutes les masses vers le centre de gravitĂ© de la terre et donc loin d’ĂȘtre des parallĂšles, ces droites se rencontrent toutes en un mĂȘme point !!! Et pourtant, Ă  notre Ă©chelle, cette erreur thĂ©oriquement totalement fausse, est une vĂ©ritĂ© pratique, car les techniques de construction du BĂątiment ne peuvent avoir une plus grande prĂ©cision. Il serait mĂȘme absurde de chercher une prĂ©cision plus grande pour deux parallĂšles. De telles erreurs », qui sont en mĂȘme temps en quelque sorte des vĂ©ritĂ©s, ne sont pas des exceptions ou des cas particuliers. On est sans cesse dans la situation du bĂątisseur qui fonctionne sur la base d’approximations et d’images partiellement ou totalement erronĂ©es mais qui fonctionnent bien. Nous sommes sans cesse amenĂ©s Ă  nĂ©gliger » des Ă©lĂ©ments de niveau infĂ©rieur. On peut se dire que ce n’est pas grave puisque cela n’entraĂźne pas d’erreurs trop importantes sur le plan pratique. On appelle cela le pragmatisme. Malheureusement, en sciences comme dans d’autres domaines, cette philosophie prĂ©tendument plus terre Ă  terre et donc plus proche de la rĂ©alitĂ©, ne l’est pas. En effet, le fait de nĂ©gliger » des Ă©lĂ©ments plus petits en temps plus court ou plus rapides change complĂštement notre vision du monde et les lois Ă  y appliquer. Ainsi, Ă  notre Ă©chelle, le courant d’eau qui sort du robinet apparaĂźt comme un continuum. On parvient trĂšs bien Ă  s’en sortir en raisonnant ainsi et en comparant ce flot par volumes d’eau, comme si ce liquide Ă©tait continu et divisible Ă  volontĂ©. La molĂ©cule d’eau est suffisamment petite, et il y a un si grand nombre de molĂ©cules dans tout volume d’eau que nous considĂ©rons, que la continuitĂ© de ce courant de liquide suffit Ă  effectuer des calculs et des raisonnements Ă  notre Ă©chelle. Et pourtant, nous avons maintenant que l’eau du robinet, comme toute matiĂšre, ne peut exister que molĂ©cule par molĂ©cule, de maniĂšre tout Ă  fait discontinue. En raisonnant avec des volumes d’eau, on ne fait pourtant le plus souvent aucune erreur de raisonnement ni de calcul et pourtant l’image que nous utilisons est complĂštement fausse et mĂȘme contraire Ă  la rĂ©alitĂ© molĂ©culaire de la matiĂšre. Dans la rĂ©alitĂ©, ces volumes d’eau que nous utilisons dans les calculs existent-ils vraiment ? Non ! En effet, la notion de volume de l’eau comme d’autres matiĂšres n’a pas vraiment de sens car l’eau n’occupe pas de tels volumes. En effet, la molĂ©cule d’eau comme les autres molĂ©cules, loin d’occuper tout un volume laisse des grands vides entre deux molĂ©cules et d’autres grands vides au sein de la molĂ©cule. Donc un volume d’eau est d’abord un volume de vide ! Cependant le calcul de la quantitĂ© d’eau par volumes fonctionne parfaitement Ă  notre Ă©chelle d’expĂ©rience, d’observation et de mesure. Il ne suffit pas de dire que du volume Ă  la molĂ©cule, on a une autre vision qui gagne en prĂ©cision. En effet, en passant d’une vision Ă  l’autre, on change complĂštement d’image, de raisonnements, de lois et de conception, pour ne pas dire de philosophie. On passe d’une matiĂšre considĂ©rĂ©e comme continue, divisible par exemple Ă  l’infini, Ă  une matiĂšre discontinue et mĂȘme discrĂšte, avec une quantitĂ© minimale de base, la molĂ©cule d’eau dont toute quantitĂ© d’eau ne peut qu’ĂȘtre un multiple. C’est un changement radical et pas seulement une amĂ©lioration de la prĂ©cision de la description. Le petit n’est pas identique au grand, avec juste un changement d’échelle. La raison fondamentale du saut entre la petite Ă©chelle et la grande Ă©chelle provient du fait que le petit n’est seulement une brique Ă©lĂ©mentaire du grand, comme on le croyait autrefois selon une vision rĂ©ductionniste du monde qui l’imaginait comme un jeu de Lego. La grande Ă©chelle est un niveau Ă©mergent issu de la petite Ă©chelle, ce qui est trĂšs diffĂ©rent d’un jeu de construction. Emergent signifie que la matiĂšre a grande Ă©chelle n’est pas un objet qui existerait par lui-mĂȘme, serait toujours identique Ă  lui-mĂȘme et obĂ©irait Ă  une loi selon laquelle le tout est la somme des parties ». Quiconque a vu un vase se rompre peut ĂȘtre parfaitement persuadĂ© que le tout est la somme des parties et que si on divisait ce vase en parties encore plus Ă©lĂ©mentaires, en particules par exemple, il en serait de mĂȘme. Et c’est cela qui s’est rĂ©vĂ©lĂ© complĂštement faux. Cela marche assez bien Ă  notre Ă©chelle, dans les phĂ©nomĂšnes les plus courants de matiĂšre Ă  notre Ă©chelle. Cela ne marche plus du tout dĂšs qu’on approche de l’échelle quantique. Quiconque examine de la matiĂšre Ă  notre Ă©chelle, par exemple cette table, est persuadĂ© qu’elle est toujours identique Ă  elle-mĂȘme et qu’il ne lui arrive rien si on n’y touche pas. Il peut croire que c’est toujours la mĂȘme matiĂšre et donc qu’elle doit sans doute toujours ĂȘtre constituĂ©e des mĂȘmes particules mais cela est faux. Car les particules Ă©lĂ©mentaires ne sont pas assimilables Ă  des objets fixes, pas plus qu’aucune matiĂšre Ă  l’échelle quantique. L’étude de toute matiĂšre Ă  l’échelle quantique donne une rĂ©ponse fondamentalement opposĂ©e Ă  de telles assertions. La matiĂšre change sans cesse Ă  petite Ă©chelle au point que l’on ne peut pas suivre le mĂȘme Ă©lectron » ni le mĂȘme proton » comme on peut suivre dans le temps la mĂȘme table » ou le mĂȘme vase ». On ne peut d’ailleurs pas distinguer deux particules du mĂȘme type, comme deux Ă©lectrons ou deux protons, si elles sont dans une zone proche. Dans le vide quantique, on ne peut mĂȘme pas distinguer une particule de matiĂšre du vide qui l’entoure au plus prĂšs. En effet, particules de matiĂšre et particules du vide toutes proches Ă©changent sans cesse leur rĂŽle, la matiĂšre devenant du vide et inversement. Quelle image de la matiĂšre dit vrai et quelle image est une erreur ? Celle Ă  notre Ă©chelle ? Celle Ă  l’échelle des Ă©toiles, des galaxies, des amas de galaxies, des superamas ? Celle Ă  l’échelle des quanta de matiĂšre par exemple des particules dites Ă©lĂ©mentaires ? Celle Ă  l’échelle dite virtuelle du vide quantique ? Celle Ă  l’échelle dite virtuel de virtuel qui fonde le vide quantique ? On ne saurait rĂ©pondre par vrai ou faux aux questions les plus fondamentales des sciences l’atome existe-t-il ? l’éther existe-t-il ? le temps existe-t-il ? la force en physique existe-t-elle ? la matiĂšre est faite d’ondes ? la lumiĂšre est faite d’ondes ? la matiĂšre est faite d’objets ? La raison n’en est pas notre ignorance mais le manque de validitĂ© scientifique de toute philosophie du vrai ou faux ». Il n’y a pas d’un cĂŽtĂ© une vĂ©ritĂ© et de l’autre un mensonge. Il y a une diffĂ©rence de point de vue qui est rendue possible par le caractĂšre intrinsĂšquement contradictoire de la rĂ©alitĂ©. Ce sont ces contradictions rĂ©elles qui permettent des visions diverses. Ainsi, un mammifĂšre qui se dĂ©place sur terre a une certaine vision des forces qui s’exercent sur son corps et de la maniĂšre de les combattre pour se dĂ©placer sur terre. Un insecte ou tout animal trĂšs petit aura une toute autre vision de ces forces et, pour lui, la tension superficielle de l’eau aura une bien plus grande importance que la gravitation. Nous ne cherchons pas ainsi Ă  relativiser ce que nous dit la matiĂšre. Nous cherchons Ă  souligner que les points de vue coexistent parce que la matiĂšre contient les deux termes de la contradiction. Nous n’avons pas Ă  choisir entre la matiĂšre-onde et la matiĂšre-corpuscule, entre la matiĂšre dire virtuelle du vide et la matiĂšre dite rĂ©elle, entre la matiĂšre-Ă©nergie, se dĂ©plaçant Ă  la vitesse de la lumiĂšre, et la matiĂšre de masse inerte, se dĂ©plaçant Ă  vitesse limitĂ©e. En effet, les uns et les autres coexistent au point de pouvoir s’échanger, se combiner, se transformer, etc
 Il ne s’agit donc nullement d’en tirer une leçon en termes de relativisme, ni de pragmatisme, ni de scepticisme mais de conception dialectique du rĂ©el, ce qui est bien diffĂ©rent. Les niveaux hiĂ©rarchiques coexistent de maniĂšre dialectique contradictoires et combinĂ©s. Ondes et corpuscules, quantique et relativitĂ©, mascroscopique et microscopique s’opposent et se composent
 La progression des idĂ©es scientifiques est tout aussi dialectique. L’histoire des sciences est pleine de va et vient entre des idĂ©es considĂ©rĂ©es comme vraies et des idĂ©es considĂ©rĂ©es comme fausses. Par exemple, on a longtemps cru que la principale erreur de Newton rĂ©sidait dans sa conception de la lumiĂšre fondĂ©e sur des corpuscules discontinuitĂ© alors que, durant de longues annĂ©es, la science de la lumiĂšre a pu progresser considĂ©rablement en se fondant sur la continuitĂ© des ondes. La physique quantique, dĂ©veloppĂ©e Ă  partir de l’effet photoĂ©lectrique d’Einstein, a donnĂ© le coup de grĂące Ă  cette idĂ©e continue de la lumiĂšre. Peu aprĂšs, la physique quantique donnait aussi le coup de grĂące Ă  l’idĂ©e inverse selon laquelle la matiĂšre ne connaissait pas de lois continues du type ondes », avec la dĂ©couverte de Louis de Broglie des ondes de matiĂšre
 L’opposition diamĂ©trale des ondes et des corpuscules avait vĂ©cu. Et d’autres oppositions diamĂ©trales allaient suivre, toujours grĂące Ă  la physique quantique, dont l’opposition entre matiĂšre et lumiĂšre, l’opposition entre matiĂšre et vide. La relativitĂ© allait dĂ©truire aussi l’opposition diamĂ©trale entre matiĂšre et lumiĂšre, entre passĂ© et futur, entre matiĂšre et Ă©nergie
 La vĂ©ritĂ© et l’erreur, peut-on dĂ©crire ainsi les dĂ©veloppements de la science ? La physique de Newton est-elle une erreur » par rapport Ă  la physique de la relativitĂ© d’Einstein ? La relativitĂ© restreinte est-elle une erreur » par rapport Ă  la relativitĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©e ? Les diffĂ©rents niveaux de la physique quantique sont-ils des vĂ©ritĂ©s ou des erreurs les uns par rapport aux autres ? Qui reprocherait, par exemple, Ă  Bohr ou Ă  Rutherford leur image de l’atome dite planĂ©taire, aujourd’hui abandonnĂ©e, dans lequel on considĂ©rait que les Ă©lectrons tournaient autour du noyau atomique Ă  la maniĂšre de planĂštes tournant autour du soleil. On sait aujourd’hui que cette image est fausse et rendrait impossible la stabilitĂ© de la matiĂšre, des Ă©lectrons tournant perdraient trĂšs rapidement leur Ă©nergie et tomberaient sur le noyau. Cela n’a pas empĂȘchĂ© cette image d’ĂȘtre encore souvent prĂ©sentĂ©e et d’avoir permis de raisonner sur des niveaux de couches de l’atomes et d’interprĂ©ter du coup les Ă©missions et absorptions de photons comme des sauts d’électrons d’une couche Ă  une autre de l’atome, idĂ©e qui allait fonder la physique quantique. C’est loin d’ĂȘtre un cas exceptionnel. Les exemples oĂč une erreur a Ă©tĂ© Ă  la base d’un progrĂšs fondamental sont lĂ©gion, dans le passĂ© lointain de la science comme Ă  l’époque moderne, de l’idĂ©ologie chinoise d’un monde fondĂ© sur une boule dans un cube qui a donnĂ© naissance Ă  la notion des trois dimensions Ă  l’alchimie qui a conduit Ă  la chimie et qui a Ă©tĂ© finalement vĂ©rifiĂ©e par la transmutation nuclĂ©aire des atomes. On peut citer Ă  l’époque moderne l’erreur du grand physicien Fermi, pour laquelle il a obtenu le prix Nobel. Fermi a en effet cru produire deux nouveaux Ă©lĂ©ments, dont les numĂ©ros d’ordre sont 93 et 94, Ă©lĂ©ments auxquels il a donnĂ© le nom d’ausĂ©nium et d’hespĂ©rium", expliquait ainsi l’acadĂ©mie des Nobel pour justifier son choix. ProblĂšme ces Ă©lĂ©ments n’ont jamais existĂ© dans l’expĂ©rience du chercheur, Fermi s’étant trompĂ© dans son interprĂ©tation. Ce qui ne l’empĂȘchera pas de recevoir le prix Nobel de physique le 12 dĂ©cembre 1938, pour son expĂ©rience menĂ©e en 1934. Quatre annĂ©es sans contradiction scientifique auront suffi pour faire d’une hypothĂšse fausse une "dĂ©couverte scientifique". Il faudra attendre le tout dĂ©but de l’annĂ©e 1939, lorsque deux chercheurs allemands reproduisent l’expĂ©rience d’Enrico Fermi, pour faire la lumiĂšre sur son travail. Et s’apercevoir que s’il avait bien commis une erreur concernant "l’ausĂ©nium" et "l’hespĂ©rium", le chercheur italien avait en revanche fait une dĂ©couverte bien plus importante sans le savoir son expĂ©rience est tout simplement Ă  l’origine de la dĂ©couverte de la fission nuclĂ©aire
 Une erreur trĂšs productive ! Dans La Recherche, Une vision corrosive du progrĂšs scientifique » Dans La Structure des rĂ©volutions scientifiques, Kuhn conclut ainsi - Ă  titre provisoire, il est vrai " Pour ĂȘtre plus prĂ©cis, il se peut que nous soyons amenĂ©s Ă  abandonner l’idĂ©e que les changements de paradigme rapprochent sans cesse les scientifiques et ceux qui les suivent de la vĂ©ritĂ©. "
 Si Kuhn admet que le progrĂšs puisse exister dans les sciences, il dĂ©nie que ce progrĂšs tende vers aucun but, quel qu’il soit. Il emploie frĂ©quemment la mĂ©taphore de l’évolution biologique d’aprĂšs lui, le progrĂšs scientifique ressemblerait Ă  l’évolution telle que la concevait Darwin, c’est-Ă -dire Ă  un processus non dirigĂ© vers un but quelconque. D’aprĂšs lui, la nĂ©cessitĂ© de rĂ©soudre les problĂšmes scientifiques constitue le moteur de la sĂ©lection naturelle des thĂ©ories. Dans une pĂ©riode de science normale, finissent par surgir des problĂšmes insolubles dans le cadre des thĂ©ories existantes. D’oĂč une prolifĂ©ration d’idĂ©es nouvelles ; parmi elles, les mieux adaptĂ©es Ă  la rĂ©solution de ces problĂšmes survivent. Certes, Kuhn reconnaĂźt que les thĂ©ories de Maxwell ou d’Einstein sont meilleures que celles qui les prĂ©cĂ©daient, tout comme les mammifĂšres se sont rĂ©vĂ©lĂ©s plus douĂ©s que les dinosaures pour survivre aux effets des impacts de comĂštes. Mais l’apparition future de nouveaux problĂšmes les verra remplacĂ©es par de nouvelles thĂ©ories, plus adaptĂ©es Ă  la rĂ©solution de ces problĂšmes, et ainsi de suite, sans qu’il s’en dĂ©gage aucune amĂ©lioration d’ensemble
 Il est Ă©galement vrai que les scientifiques immergĂ©s dans une pĂ©riode de science normale Ă©prouvent les plus grandes difficultĂ©s Ă  comprendre les travaux produits par leurs prĂ©dĂ©cesseurs au cours des rĂ©volutions scientifiques prĂ©cĂ©dentes. Nous sommes le plus souvent incapables de ressentir a posteriori la rupture conceptuelle produite pendant une rĂ©volution. Par exemple, un physicien d’aujourd’hui a bien du mal Ă  lire les Principia de Newton, mĂȘme dans une traduction moderne du latin. Il a ainsi fallu des annĂ©es au grand astrophysicien Subrahmanyan Chandrasekhar pour transposer le raisonnement des Principia sous une forme accessible Ă  un physicien actuel. De fait, les participants d’une rĂ©volution scientifique vivent quasiment dans deux mondes diffĂ©rents ils appartiennent Ă  la fois Ă  la pĂ©riode antĂ©rieure de science normale, en voie d’effondrement, et Ă  la nouvelle, qu’ils ne comprennent pas encore complĂštement. VoilĂ  pourquoi il est beaucoup moins difficile, pour des scientifiques travaillant dans une pĂ©riode de science normale, de comprendre les thĂ©ories d’un paradigme antĂ©rieur sous leur forme achevĂ©e, parvenue Ă  maturité  On peut en dire autant de notre conception de l’électrodynamique de James Clerk Maxwell. Le TraitĂ© sur l’électricitĂ© et le magnĂ©tisme publiĂ© en 1873 par Maxwell est lui aussi d’accĂšs difficile pour un physicien moderne. Il repose en effet sur l’idĂ©e que les champs Ă©lectriques et magnĂ©tiques expriment des tensions dans un corps, l’éther, Ă  l’existence duquel nous ne croyons plus aujourd’hui. De ce point de vue, Maxwell est lui aussi prĂ©maxwellien. Oliver Heaviside, qui donna Ă  la thĂ©orie de Maxwell sa formalisation moderne, disait que Maxwell n’était qu’à moitiĂ© maxwellien. La thĂ©orie maxwellienne - c’est-Ă -dire la thĂ©orie de l’électricitĂ©, du magnĂ©tisme et de la lumiĂšre fondĂ©e sur les travaux de Maxwell - n’atteignit sa forme achevĂ©e dĂ©barrassĂ©e de sa rĂ©fĂ©rence Ă  l’éther qu’en 1900, et c’est cette derniĂšre que nous enseignons Ă  nos Ă©tudiants. Ils suivent ensuite des cours de mĂ©canique quantique, oĂč ils apprennent que la lumiĂšre est constituĂ©e de particules appelĂ©es photons et que les Ă©quations de Maxwell ne sont que des approximations. Mais cela ne les empĂȘche nullement de continuer Ă  comprendre l’électrodynamique maxwellienne et Ă  y recourir en cas de besoin. En rĂ©sumĂ©, c’est l’évaluation des thĂ©ories une fois parvenues Ă  maturitĂ©, et non au moment de leur naissance, qui permet de dĂ©finir ce qu’est le progrĂšs scientifique
 Naturellement, Kuhn sait que les physiciens actuels utilisent la thĂ©orie newtonienne de la gravitation ou la thĂ©orie maxwellienne de l’électricitĂ© et du magnĂ©tisme comme de bonnes approximations, dĂ©ductibles de thĂ©ories plus exactes. Mais nous ne les considĂ©rons certainement pas comme purement et simplement fausses, dans le sens oĂč sont fausses la thĂ©orie du mouvement d’Aristote et sa conception du feu comme un Ă©lĂ©ment le phlogistique. Dans son livre sur la rĂ©volution copernicienne, Kuhn lui-mĂȘme dĂ©crit, sans en paraĂźtre embarrassĂ©, comment certains Ă©lĂ©ments constitutifs des thĂ©ories scientifiques survivent dans celles qui les supplantent
 si notre thĂ©orie actuelle des particules Ă©lĂ©mentaires le " modĂšle standard " a enregistrĂ© des succĂšs stupĂ©fiants, les physiciens contemporains ne sont pas fermement attachĂ©s Ă  la vision de la nature sur laquelle elle repose. Le modĂšle standard est une thĂ©orie des champs, en ceci qu’il considĂšre les constituants Ă©lĂ©mentaires de la nature comme des champs - c’est-Ă -dire des conditions d’un espace, en dehors de toute considĂ©ration sur la matiĂšre qu’il contient -, plutĂŽt que comme des particules. Ces vingt derniĂšres annĂ©es, on s’est aperçu que toute thĂ©orie fondĂ©e sur la mĂ©canique quantique et la relativitĂ© prend l’aspect d’une thĂ©orie des champs lorsque les expĂ©riences sont rĂ©alisĂ©es Ă  des Ă©nergies suffisamment basses. Et la plupart des physiciens considĂšrent aujourd’hui le modĂšle standard comme une " thĂ©orie des champs effective ", fournissant Ă  basse Ă©nergie une approximation d’une thĂ©orie fondamentale encore inconnue, qui ne fait peut-ĂȘtre aucunement appel Ă  des champs. Si ce modĂšle standard constitue le paradigme de la science normale actuelle, il comporte plusieurs Ă©lĂ©ments ad hoc , dont au moins dix-huit constantes numĂ©riques, telles la masse et la charge de l’électron, qu’il a fallu ajuster arbitrairement pour faire coller la thĂ©orie aux expĂ©riences. Et, de plus, le modĂšle standard n’incorpore pas la gravitation. Les thĂ©oriciens savent donc qu’il leur faut dĂ©couvrir une thĂ©orie plus satisfaisante, dont le modĂšle standard actuel ne deviendra qu’une bonne approximation. De leur cĂŽtĂ©, les expĂ©rimentateurs travaillent d’arrache-pied Ă  dĂ©couvrir des donnĂ©es qui entreraient en contradiction avec les prĂ©dictions du modĂšle standard. On a par exemple rĂ©cemment annoncĂ© les rĂ©sultats d’une expĂ©rience souterraine effectuĂ©e au Japon les particules appelĂ©es neutrinos possĂ©deraient des masses, dont la version originale du modĂšle standard nĂ©glige de tenir compteI. Or, si l’on a entamĂ© la recherche de ces masses il y a dĂ©jĂ  de nombreuses annĂ©es, c’est entre autres Ă  partir de ce soupçon quelle que soit la future thĂ©orie appelĂ©e Ă  dĂ©passer notre modĂšle standard actuel, elle a de bonnes chances d’impliquer l’existence de faibles masses pour les neutrinos. Pierre BarthĂ©lemy Le Nobel de Physique rĂ©compensait une incroyable erreur
 » En 1938, c’est l’immense chercheur italien Enrico Fermi qui reçoit la distinction suprĂȘme pour, je cite, "sa dĂ©couverte de nouveaux Ă©lĂ©ments radioactifs, dĂ©veloppĂ©s par l’irradiation des neutrons, et sa dĂ©couverte Ă  ce propos des rĂ©actions de noyaux, effectuĂ©es au moyen des neutrons lents". Le communiquĂ© explicite cette dĂ©couverte ainsi “Fermi a en effet rĂ©ussi Ă  produire deux nouveaux Ă©lĂ©ments, dont les numĂ©ros d’ordre sont 93 et 94, Ă©lĂ©ments auxquels il a donnĂ© le nom d’ausĂ©nium et d’hespĂ©rium.” Seulement voilĂ , d’ausĂ©nium et d’hespĂ©rium il n’y avait en rĂ©alitĂ© point dans l’expĂ©rience du savant transalpin. Fermi s’était trompĂ© dans son interprĂ©tation et il avait nĂ©anmoins eu le prix Nobel pour la dĂ©couverte de deux Ă©lĂ©ments imaginaires... Pour comprendre cette erreur, il faut replonger dans les annĂ©es 1930, Ăšre des pionniers du noyau atomique. L’histoire illustre Ă  merveille la maniĂšre dont la science se trompe, se corrige et, ce faisant, s’amĂ©liore. Que fait Enrico Fermi dans l’expĂ©rience qui lui vaut ce Nobel, relatĂ©e en 1934 dans Nature ? A l’époque, on ne connaĂźt pas d’élĂ©ment chimique dont le noyau contienne davantage de protons que l’uranium 92 et le chercheur italien se demande s’il est possible de synthĂ©tiser des Ă©lĂ©ments plus lourds. Son idĂ©e est de profiter de la radioactivitĂ© bĂȘta qu’il vient de modĂ©liser et grĂące Ă  laquelle un neutron peut se transformer en proton ou le contraire. Pour son expĂ©rience, Fermi part de l’idĂ©e qu’en bombardant de neutrons des noyaux d’uranium, ceux-ci vont finir par absorber un neutron qui, sous l’effet la radioactivitĂ© bĂȘta, se transformera en proton. Le noyau aura finalement gagnĂ© un proton, ce qui aura "transmutĂ©" l’uranium Ă  92 protons en Ă©lĂ©ment nouveau Ă  93 protons que Fermi appellera ausĂ©nium. AprĂšs une nouvelle Ă©tape, celui-ci se mĂ©tamorphosera en Ă©lĂ©ment Ă  94 protons nommĂ© hespĂ©rium. La difficultĂ© de l’expĂ©rience consiste Ă  dĂ©tecter la prĂ©sence de ces nouveaux Ă©lĂ©ments. Fermi ne les identifie pas chimiquement il se contente de constater que l’expĂ©rience produit deux "choses" radioactives dont les caractĂ©ristiques sont inconnues. Pour lui, c’est la preuve, certes indirecte, mais la preuve quand mĂȘme, qu’il a synthĂ©tisĂ© deux nouveaux Ă©lĂ©ments. Comme l’explique Martin Quack, chercheur Ă  l’Ecole polytechnique fĂ©dĂ©rale de Zurich, dans l’article qu’il a rĂ©cemment consacrĂ© Ă  cette histoire publiĂ© par Angewandte Chemie International Edition, Enrico Fermi est au dĂ©part plutĂŽt prudent dans sa formulation. Mais les annĂ©es passant et rien ne venant contredire cette interprĂ©tation, cette prudence s’estompe et l’on considĂšre le rĂ©sultat comme acquis, d’autant que la stature scientifique de l’Italien est immense. La chimiste allemande Ida Noddack tente bien d’avancer que le niveau de preuve n’est pas suffisant, mais personne ne tient vraiment compte de ses objections. Un magnifique cas d’école de l’aveuglement des experts. Tout se prĂ©cipite Ă  la fin 1938, comme dans un thriller scientifique oĂč le temps se condense et s’accĂ©lĂšre. Le 12 dĂ©cembre, Enrico Fermi reçoit Ă  Stockholm son prix Nobel des mains du roi de SuĂšde. Il en profite pour fuir aux Etats-Unis, la situation de son Ă©pouse, qui est juive, Ă©tant de plus en plus prĂ©caire dans l’Italie mussolinienne. Une semaine plus tard, le 19, le chimiste allemand Otto Hahn, qui a, avec Fritz Strassmann, reproduit l’expĂ©rience de Fermi, envoie ses rĂ©sultats Ă  sa consƓur Lise Meitner les produits de l’expĂ©rience ne sont pas des Ă©lĂ©ments superlourds. Au contraire, cela ressemble Ă  des isotopes inconnus d’élĂ©ments plus lĂ©gers, notamment du baryum 56 protons. Mais comment diable de l’uranium peut-il donner du baryum ? Pendant les vacances de NoĂ«l, Lise Meitner discute avec son neveu, Otto Frisch de la possibilitĂ© thĂ©orique qu’un noyau d’uranium se brise pour donner des noyaux plus lĂ©gers. Ils Ă©crivent un article en ce sens qui sera publiĂ© en fĂ©vrier 1939. Ce qu’avait rĂ©alisĂ© Enrico Fermi sans le comprendre, c’était la premiĂšre expĂ©rience de fission nuclĂ©aire ! Le coupable Ă©tait dans l’uranium. Le minerai naturel d’uranium contient deux isotopes de cet Ă©lĂ©ment. Le premier, l’uranium 238 92 protons + 146 neutrons est de trĂšs loin le plus courant puisqu’il reprĂ©sente plus de 99 % du minerai. Le second, l’uranium 235 92 protons + 143 neutrons est beaucoup plus rare 0,7 % au point qu’on peut le considĂ©rer comme une impuretĂ©. C’est lui qui est fissile et que l’on emploie dans de nombreux rĂ©acteurs nuclĂ©aires. Et c’est aussi lui qui se trouvait dans la bombe atomique d’Hiroshima. Dans l’expĂ©rience de Fermi, le bombardement de neutrons n’a, contrairement Ă  ce qu’espĂ©rait le savant italien, rien fait aux atomes d’uranium 238. En revanche, il a provoquĂ© la fission des noyaux d’uranium 235. Les produits nouveaux qu’a dĂ©tectĂ©s l’Italien Ă©taient des produits de fission, des Ă©lĂ©ments plus lĂ©gers, inconnus sous cette forme radioactive, comme le baryum 140. Enrico Fermi mĂ©ritait sans doute un Nobel et il est dommage qu’il l’ait reçu pour une expĂ©rience mal interprĂ©tĂ©e et pas assez approfondie. DĂšs qu’il apprit la dĂ©couverte de Hahn et Strassmann, dĂ©but 1939, il modifia son discours de rĂ©ception du prix pour intĂ©grer ce nouveau rĂ©sultat, preuve d’une grande honnĂȘtetĂ© intellectuelle. Les deux chercheurs allemands reçurent le Nobel de chimie 1944 pour la fission nuclĂ©aire Lise Meitner Ă©tant scandaleusement oubliĂ©e dans l’histoire et, d’une certaine maniĂšre, pour avoir corrigĂ© l’erreur de Fermi. Ce dernier rĂ©alisa, en collaboration avec Leo Szilard, la premiĂšre pile atomique en 1942, c’est-Ă -dire la premiĂšre rĂ©action nuclĂ©aire en chaĂźne contrĂŽlĂ©e de l’histoire. Et, bien sĂ»r, Fermi travailla pour le projet Manhattan qui mena Ă  la bombe atomique. Quant aux Ă©lĂ©ments 93 et 94, le neptunium et le plutonium, ils furent bel et bien produits selon le processus qu’avait prĂ©vu Fermi. En 1951, on donna donc de nouveau un prix Nobel de chimie Ă  ceux qui les avaient mis en Ă©vidence, mais cette fois-ci pour de vrai Glenn Seaborg et Edwin McMillan. Trois-quarts de siĂšcle aprĂšs le Nobel de l’erreur, l’histoire vient rappeler que la science a deux versants insĂ©parables, le cĂŽtĂ© crĂ©atif et le cĂŽtĂ© critique. Comme le souligne Martin Quack dans son article, "la composante crĂ©ative s’engage dans de nouvelles idĂ©es et dans des avenues inexplorĂ©es .... Elle se vend bien grĂące au terme chic de "nouveau". Cependant, la composante critique est tout aussi importante que la composante crĂ©ative. Elle interroge le rĂ©sultat "nouveau", soumettant ses faiblesses Ă  une critique sĂ©vĂšre, rĂ©pĂ©tant et testant les rĂ©sultats dans de longues enquĂȘtes impliquant un dur labeur. Souvent elle rejette ou corrige le rĂ©sultat original et mĂšne parfois Ă  une dĂ©couverte encore plus frappante." VĂ©rifier les rĂ©sultats des autres a des airs austĂšres et tristes de police scientifique mais conduit parfois Ă  la rĂ©volution. Martin Andler La science au risque de l’erreur » Henri PoincarĂ© et le problĂšme Ă  trois corps Quand, en mai 1885, le mathĂ©maticien Gösta Mittag-Leffler 1846-1927 annonce qu’un prix en l’honneur d’Oscar II, roi de SuĂšde et de NorvĂšge, Ă  l’occasion de son soixantiĂšme anniversaire, serait dĂ©cernĂ© en 1888 Ă  l’auteur d’un article original de mathĂ©matiques, son opĂ©ration de promotion des mathĂ©matiques est bien organisĂ©e. DĂ©jĂ , ce talentueux professeur Ă  l’universitĂ© de Stockholm, mathĂ©maticien reconnu un peu partout en Europe, notamment en Allemagne oĂč il a fait ses Ă©tudes, et en France oĂč il vient rĂ©guliĂšrement, est parvenu, grĂące au soutien du roi, Ă  lancer une revue mathĂ©matique prestigieuse, Acta Mittag-Leffler a rĂ©uni un jury prestigieux, comprenant, outre lui-mĂȘme, deux trĂšs grands mathĂ©maticiens, certes en fin de carriĂšre, mais qui assurent une grande publicitĂ© au prix, l’Allemand Karl Weierstrass 1815-1898 et le Français Charles Hermite 1822-1901. Il est clair que Mittag-Leffler a, d’emblĂ©e, un candidat pour le prix son ami, le jeune mais dĂ©jĂ  cĂ©lĂšbre mathĂ©maticien français Henri PoincarĂ© 1854-1912. Et en effet, le jury dĂ©cide de lui attribuer le prix de deux mille cinq cents couronnes l’annonce en est faite le 20 janvier 1889, jour de l’anniversaire d’Oscar II. Le texte de PoincarĂ© est envoyĂ© Ă  l’imprimeur ; Mittag Leffler est assistĂ©, pour Acta Mathematica, par un secrĂ©taire de rĂ©daction qui est un jeune Ă©tudiant prometteur de vingt-six ans, Lars Phragmen. En relisant les Ă©preuves, Phragmen dĂ©couvre une erreur ! On notera Ă  ce propos que l’étudiant n’a, en fin de compte, pas hĂ©sitĂ© Ă  mettre en question l’autoritĂ© du professeur en sciences, les arguments d’autoritĂ© sont hors de propos. La suite est rocambolesque, car le mĂ©moire a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© imprimĂ© et quelques exemplaires ont circulĂ©. PoincarĂ© doit rembourser les frais d’impression pour un montant supĂ©rieur au prix reçu, et de son cĂŽtĂ©, Mittag-Leffler doit retrouver la trace de tous les exemplaires contenant la dĂ©monstration fausse et les rĂ©cupĂ©rer. Mais surtout il faut corriger l’erreur, ce que PoincarĂ© parvient Ă  faire en quelques mois d’effort acharnĂ©, en avril 1890 ; c’est lĂ  que la science reprend le dessus sur l’anecdote. Pour en situer l’enjeu, nous devons entrer dans les mathĂ©matiques elles-mĂȘmes. Le mĂ©moire de PoincarĂ© portait sur le problĂšme Ă  trois corps » ; il s’agissait de comprendre les mouvements relatifs de trois astres trois corps, typiquement une Ă©toile et deux planĂštes, ou une Ă©toile, une planĂšte et une lune. Ces trois astres s’attirent mutuellement selon la loi de l’attraction universelle de Newton. S’il n’y a que deux astres, le mouvement est simple Ă  dĂ©crire, les lois de Kepler s’appliquent les trajectoires des deux astres sont elliptiques autour d’un foyer, centre de gravitĂ© de l’ensemble. Newton lui-mĂȘme en a fait le calcul Ă  partir de ses lois. Si l’on nĂ©glige l’action mutuelle des deux petits astres, lĂ  encore le calcul complet est possible, et on trouve Ă  nouveau les orbites elliptiques. En premiĂšre approximation, il est lĂ©gitime de le faire l’attraction de VĂ©nus sur la Terre est de l’ordre de deux millioniĂšmes de l’attraction du Soleil sur la Terre. Mais la thĂ©orie ne permet pas de dire si cette infime attraction ne va pas changer complĂštement l’évolution du systĂšme Ă  long terme. Car, contrairement au problĂšme Ă  deux corps, on ne sait pas, Ă  la fin du XIXe siĂšcle, rĂ©soudre les Ă©quations pour le problĂšme Ă  trois corps ! Au dĂ©but du XXIe siĂšcle, on n’a toujours pas de rĂ©ponse complĂšte, mais les travaux de PoincarĂ© ont permis un saut dĂ©cisif dans la comprĂ©hension du problĂšme. Avant mĂȘme l’affaire du prix, PoincarĂ© avait engagĂ© l’étude des Ă©quations du type de celles que l’on rencontre en mĂ©canique cĂ©leste, lors de l’étude du mouvement des astres par exemple, dans une voie tout Ă  fait diffĂ©rente de ses prĂ©dĂ©cesseurs. Les mathĂ©maticiens du XIXe siĂšcle avaient consacrĂ© beaucoup d’énergie Ă  rĂ©soudre complĂštement ces Ă©quations, appelĂ©es diffĂ©rentielles », dans de nombreux cas fort intĂ©ressants. Mais vers la fin du XIXe siĂšcle il devenait de plus en plus clair qu’on ne pourrait jamais rĂ©soudre toutes ces Ă©quations. Ce que PoincarĂ© lança, c’est ce que l’on appelle maintenant la thĂ©orie qualitative » des Ă©quations diffĂ©rentielles, qui permet de donner des rĂ©sultats prĂ©cis sur l’évolution du systĂšme sans pour autant avoir calculĂ© prĂ©cisĂ©ment tous les dĂ©tails
 Dans le mĂ©moire proposĂ© pour le prix, PoincarĂ© s’est intĂ©ressĂ© Ă  un cas particulier du problĂšme Ă  trois corps le problĂšme des trois corps rĂ©duit, correspondant Ă  la situation Ă©toile/planĂšte/satellite, oĂč ‱ 1° les trois corps restent dans un plan fixe ; ‱ 2° l’étoile et la planĂšte dĂ©crivent des trajectoires circulaires coplanaires autour de leur centre de gravitĂ© commun ; ‱ 3° le satellite est supposĂ© de masse m nulle. Un exemple physique de cette situation Soleil /Terre /satellite artificiel. Pour formaliser la situation, il introduit un espace de dimension 4, l’espace des phases. Il Ă©tudie pour commencer une situation mathĂ©matique encore plus simple, oĂč l’on suppose que la planĂšte est elle aussi de masse p nulle. Dans cette situation trĂšs simplifiĂ©e, la planĂšte et le satellite tournent autour de l’étoile, que l’on peut supposer fixe ; mais les pĂ©riodes de rĂ©volution sont en gĂ©nĂ©ral diffĂ©rentes, ce qui entraĂźne que les positions relatives de la planĂšte et du satellite apparaissent comme Ă©tant arbitraires. La deuxiĂšme Ă©tape de la dĂ©marche de PoincarĂ© consiste Ă  voir comment la situation mathĂ©matique Ă©volue lorsqu’on fait varier le rapport ” entre la masse p de la planĂšte et la masse e de l’étoile de zĂ©ro Ă  un nombre positif petit pour fixer les idĂ©es, le rapport des masses entre Terre et Soleil est de trois millioniĂšmes. C’est dans cette deuxiĂšme Ă©tape que PoincarĂ© commet une erreur sĂ©rieuse ; non seulement sa dĂ©monstration est fausse, mais le rĂ©sultat l’est Ă©galement. Comme le rĂ©sume F. BĂ©guin,9 ce rĂ©sultat affirme que les trajectoires qui ont un certain mouvement rĂ©gulier dans le passĂ©, mais dont le mouvement s’est ensuite dĂ©rĂ©glĂ©, finissent par “rentrer dans le droit chemin” et retrouver leur mouvement rĂ©gulier initial. En fait, PoincarĂ© sera obligĂ© de constater, dans la version corrigĂ©e de son mĂ©moire, celle qui paraĂźtra dans Acta Mathematica en novembre 1890, que les situations dans les deux directions du temps sont diffĂ©rentes et que la situation est bien plus complexe. C’est de cette observation que l’on peut dater le dĂ©but de la thĂ©orie du chaos ». Si cette thĂ©orie du chaos est effectivement en germe dĂšs le mĂ©moire de 1890, elle ne se dĂ©veloppe vĂ©ritablement que bien plus tard. Le mot de chaos lui-mĂȘme n’est utilisĂ© dans les mathĂ©matiques et les sciences physiques qu’à partir du milieu des annĂ©es 1970 ; il acquiert, Ă  la fin des annĂ©es 1970 et dans les annĂ©es 1980, le statut de concept nomade » qui tend Ă  obscurcir son importance ; fondamentalement, il permet en effet de rĂ©concilier dĂ©terminisme et imprĂ©dictibilitĂ©. Depuis la fameuse confĂ©rence du mĂ©tĂ©orologue Edward Lorenz en 1972 PrĂ©dictibilitĂ© le battement d’ailes d’un papillon au BrĂ©sil peut-il provoquer une tornade au Texas ? », jusqu’au personnage du roman 1990 et du film 1993 Jurassic Park, Ian Malcolm, spĂ©cialiste de la thĂ©orie du chaos, les exemples, du plus au moins sĂ©rieux, de l’intervention de ce nouveau concept abondent. Comme le montrent Aubin et Dahan,10 l’histoire qui va de PoincarĂ© Ă  la thĂ©orie du chaos est longue et complexe, mĂȘlant dĂ©veloppements conceptuel, politique et progrĂšs technique ; ce n’est pas le lieu d’y entrer ici. Ce qui nous intĂ©resse est comprendre comment l’erreur peut survenir, pourquoi elle est intĂ©ressante et, Ă  l’occasion de cette analyse, dĂ©crire certains aspects du processus de mathĂ©matisation. Il s’agit donc d’un point de vue purement internaliste, appropriĂ© dans ce contexte. Analyser le mouvement des planĂštes par des Ă©quations dĂ©duites des lois de Newton n’est Ă©videmment pas, Ă  la fin du XIXe siĂšcle, novateur. L’innovation de PoincarĂ©, dans ses travaux des annĂ©es 1880, consiste Ă  regarder le problĂšme avec une vision gĂ©omĂ©trique trĂšs Ă©laborĂ©e. La formulation initiale fait apparaĂźtre trois points reprĂ©sentant les trois corps, qui se dĂ©placent dans un plan ; on est donc dans une gĂ©omĂ©trie de dimension 2. On peut tracer leurs trajectoires possibles, mais ces dessins n’apportent rapidement pas grand-chose. Ce que fait PoincarĂ©, dans ce problĂšme comme dans les autres du mĂȘme type, est d’introduire un nouvel espace, qui n’est pas prĂ©sent dans notre perception initiale du problĂšme, mais le reprĂ©sente de maniĂšre efficace. Dans le cas du problĂšme Ă  trois corps rĂ©duit, on peut supposer que l’étoile est fixe, et que l’on dĂ©crit le satellite au moyen de ses coordonnĂ©es dans un repĂšre mobile centrĂ© sur l’étoile et dont le premier axe suit la trajectoire de la planĂšte. Dans ce repĂšre, tout se passe comme si Ă©toile et soleil Ă©taient immobiles. L’état du satellite est entiĂšrement dĂ©fini par sa position, naturellement, mais aussi par sa vitesse. Il faut donc quatre paramĂštres, deux pour la position, deux pour la vitesse, d’oĂč des considĂ©rations gĂ©omĂ©triques dans un espace de dimension 4. On appelle cet espace, espace des phases de l’équation. Il y a lĂ  l’archĂ©type du geste crĂ©ateur du mathĂ©maticien donner naissance Ă  un espace oĂč les concepts mathĂ©matiques vont se dĂ©ployer, mais qui n’est pas prĂ©sent aprioridans la question choix de l’espace des phases est dans une certaine mesure arbitraire, seule compte sa commoditĂ© pour reprĂ©senter la situation. Le deuxiĂšme geste du mathĂ©maticien est de faire varier une quantitĂ© qui ne varie pas ; en l’occurrence, c’est la masse fixe de la planĂšte qui devient variable pour le mathĂ©maticien. Ici, la transgression est plus marquĂ©e, car le formalisme mathĂ©matique s’oppose Ă  la rĂ©alitĂ© physique. En revanche, ce formalisme est d’une redoutable efficacitĂ©. Efficace, mais risquĂ©, puisque c’est prĂ©cisĂ©ment lĂ  que PoincarĂ© commet une erreur ! Ayant sous-estimĂ© la complexitĂ© de l’entrelacs entre les trajectoires, il a, trop rapidement, accordĂ© une rĂ©gularitĂ© trop forte Ă  la dĂ©pendance mathĂ©matique du mouvement par rapport au paramĂštre ” techniquement, il a pensĂ© que cette dĂ©pendance Ă©tait analytique, alors qu’elle n’était qu’infiniment diffĂ©rentiable. Cette erreur rendait fausse sa conclusion.
Citationsfrançaises la vraie science est une ignorance qui se sait explication : La nature apprend Ă  l'homme Ă  nager lorsqu'elle fait couler son bateau. Cherchez ici une citation ou un auteur Proverbes; Dictons; Auteurs; ThĂšmes; ThĂšmes voir tous; Toux; Plus; Tout; Vers; Homme; Hommes; ĂȘtre; Voix; Sens; Amour; Jour; Jours; Amis; Gens; Comme; Auteurs voir
ï»ż6 Science sans conscience n’est que ruine de l’ñme » quelle est la signification de cette cĂ©lĂšbre citation de Rabelais ? En quoi la morale doit-elle accompagner le savoir ? InterprĂ©tation. François Rabelais 1494-1553 est un Ă©crivain français humaniste de la Renaissance. Il est notamment l’auteur de Pantagruel et Gargantua. C’est dans Pantagruel que Rabelais emploie son cĂ©lĂšbre aphorisme science sans conscience n’est que ruine de l’ñme. » Le chapitre 8 de cet ouvrage est une Ă©mouvante lettre de Gargantua Ă  son fils Pantagruel, dans laquelle il l’encourage Ă  poursuivre et parfaire sa formation humaniste C’est pourquoi, mon fils, je t’engage Ă  employer ta jeunesse Ă  bien progresser en savoir et en vertu. 
 J’entends et je veux que tu apprennes parfaitement les langues. 
 Qu’il n’y ait pas d’étude scientifique que tu ne gardes prĂ©sente en ta mĂ©moire. Des arts libĂ©raux gĂ©omĂ©trie, arithmĂ©tique et musique, je t’en ai donnĂ© le goĂ»t quand tu Ă©tais encore jeune, Ă  cinq ou six ans, continue. 
 De l’astronomie, apprends toutes les rĂšgles. 
 Du droit civil, je veux que tu saches par cƓur les beaux textes, et que tu me les mettes en parallĂšle avec la philosophie. Et quant Ă  la connaissance de la nature, je veux que tu t’y donnes avec soin. 
 Puis relis soigneusement les livres des mĂ©decins grecs, arabes et latins, sans mĂ©priser les Talmudistes et les Cabalistes, et, par de frĂ©quentes dissections, acquiers une connaissance parfaite de l’autre monde qu’est l’homme. Et quelques heures par jour commence Ă  lire l’Écriture sainte. 
 En somme, que je voie en toi un abĂźme de science car, maintenant que tu deviens homme et te fais grand, il te faudra quitter la tranquillitĂ© et le repos de l’étude pour apprendre la chevalerie et les armes afin de dĂ©fendre ma maison. 
 Mais – parce que, selon le sage Salomon, Sagesse n’entre pas en Ăąme malveillante et que Science sans Conscience n’est que ruine de l’ñme – tu dois servir, aimer et craindre Dieu, et mettre en lui toutes tes pensĂ©es et tout ton espoir ; et par une foi nourrie de charitĂ©, tu dois ĂȘtre uni Ă  lui, en sorte que tu n’en sois jamais sĂ©parĂ© par le pĂ©chĂ©. MĂ©fie-toi des abus du monde ; ne prends pas Ă  cour les futilitĂ©s, car cette vie est transitoire, mais la parole de Dieu demeure Ă©ternellement. Sois serviable pour tes prochains, et aime-les comme toi-mĂȘme. RĂ©vĂšre tes prĂ©cepteurs. Fuis la compagnie de ceux Ă  qui tu ne veux pas ressembler, et ne reçois pas en vain les grĂąces que Dieu t’a donnĂ©es. Et, quand tu t’apercevras que tu as acquis tout le savoir humain, reviens vers moi, afin que je te voie et que je te donne ma bĂ©nĂ©diction avant de mourir. Mon fils, que la paix et la grĂące de Notre Seigneur soient avec toi. Amen. D’Utopie, ce dix-sept mars, Ton pĂšre, Gargantua. Dans cette lettre, Gargantua propose Ă  son fils un programme exhaustif et encyclopĂ©dique il l’encourage Ă  accumuler une somme de savoirs. Mais il prĂ©cise que cette accumulation de savoirs doit s’accompagner de vertu » elle doit se faire au service de la sagesse. Il met en garde Pantagruel contre la dĂ©rive qui consisterait Ă  profiter de cette connaissance pour soi-mĂȘme, au lieu de la mettre au service de Dieu et d’autrui. Voyons prĂ©cisĂ©ment ce que signifie la cĂ©lĂšbre citation de Rabelais. Rabelais fait donc la distinction entre la science c’est la somme des savoirs qu’il est possible d’acquĂ©rir et de cumuler, la conscience c’est le fait d’utiliser ces savoirs Ă  b

Avantpropos. La culture de l’ignorance. Avant-propos. L’ignorance qui se sait, qui se juge et qui se condamne, ce n’est pas une entiĂšre ignorance : pour l’ĂȘtre, il faut qu’elle s’ignore soi-mĂȘme. 1 L es travaux acadĂ©miques sur la question de l’ignorance se sont multipliĂ©s depuis une quinzaine d’annĂ©es : on dispose

Que prĂ©fĂ©rez-vous ? Vivre en ne sachant pas ou vivre en ayant des rĂ©ponses qui pourraient ĂȘtre fausses ? PlĂ©thore de thĂ©ories, ou de modĂšles, sont "vraux" - vrai jusqu’au moment oĂč ils deviennent faux. Est-ce problĂ©matique ? AprĂšs tout la science est basĂ©e, au dĂ©part, sur l’ignorance. Pourtant, comme le dĂ©clarait le mathĂ©maticien et philosophe Bertrand Russell "Ce que les hommes veulent en fait, ce n’est pas la connaissance, c’est la certitude." Et comme le souligne le scientifique Christophe Galfard "La science n’est pas de la politique et la nature se fiche pas mal de mes opinions, ou de celles de n’importe qui d’autre, d’ailleurs." "L’ennui dans ce monde, c’est que les idiots sont sĂ»rs d’eux et les gens sensĂ©s pleins de doutes," Bertrand Russell "Vous voyez, une chose est que je peux vivre avec le doute et l’incertitude, et ne pas savoir. Je pense qu’il est beaucoup plus intĂ©ressant de vivre ne sachant pas que d’avoir des rĂ©ponses qui pourraient ĂȘtre fausses," explique le scientifique Richard Phillips Feynman, avant de rajouter "J’ai des rĂ©ponses approximatives, et des croyances possibles et des degrĂ©s diffĂ©rents de certitude sur diffĂ©rentes choses, mais je ne suis absolument sĂ»r de rien et il y a beaucoup de choses dont je ne connais rien, comme par exemple si cela signifie quelque chose de demander pourquoi nous sommes ici, et ce que la question pourrait signifier. Je pourrais y rĂ©flĂ©chir un peu et si je ne peux pas rĂ©pondre, alors je passe Ă  autre chose, mais je n’ai pas Ă  avoir une rĂ©ponse, je ne me sens pas effrayĂ© en ne sachant pas, en Ă©tant perdu dans un univers mystĂ©rieux sans avoir d’objet, ce qui est le cas pour ce que je peux en dire. Cela ne me fait pas peur." Une thĂ©orie est censĂ©e faire avancer la science plutĂŽt qu'Ă  la dĂ©finir pour l’éternitĂ© / "Les hommes naissent ignorants et non stupides. C'est l'Ă©ducation qui les rend stupides," Bertrand Russell "La science moderne repose sur le constat latin ignoramus, “nous ne savons pas”. Elle postule que nous ne savons pas tout," explique Yuval Noah Harari dans son livre Sapiens, avant de renchĂ©rir "De maniĂšre encore plus critique, elle accepte que ce que nous croyons savoir pourrait bien se rĂ©vĂ©ler faux avec l’acquisition de nouvelles connaissances. Il n’est pas de thĂ©orie, d’idĂ©e ou de concept sacrĂ© qu’on ne puisse remettre en question ... La RĂ©volution scientifique a Ă©tĂ© non pas une rĂ©volution du savoir, mais avant tout une rĂ©volution de l’ignorance. La grande dĂ©couverte qui l’a lancĂ©e a Ă©tĂ© que les hommes ne connaissant pas les rĂ©ponses Ă  leurs questions les plus importantes." De la faillibilitĂ© de nos sens Pour Christophe Galfard, "nos sens sont nos fenĂȘtres sur le monde, mais ce ne sont que de minuscules hublots donnant sur une immense mer qui nous est inconnue ... Nos sens sont adaptĂ©s Ă  notre Ă©chelle, Ă  notre taille, Ă  notre survie. Ils nous permettent de voir, de sentir, de toucher, de goĂ»ter notre environnement, ce monde, cette rĂ©alitĂ© dans laquelle nous vivons. Mais cette rĂ©alitĂ© Ă  laquelle nos sens ont accĂšs n'est pas l'ensemble de ce qui existe." Article rĂ©digĂ© par McGulfin / Fabien Salliou Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire
Laremise en question de ce qui nous est transmis dans le mensonge nous permet d’augmenter notre capacitĂ© Ă  juger et Ă  distinguer la part de vrai dans ce qui se prĂ©sente comme faux. En reconnaissant ce qui est recevable, nous sommes amenĂ©s Ă  Ă©largir notre propre connaissance de la vĂ©ritĂ©. Nous pouvons
Cet article a Ă©tĂ© publiĂ© pour la premiĂšre fois dans le magazine National Geographic. Le bureau d’Eugenio Alliata Ă  JĂ©rusalem Ă©voque n’importe quelle officine d’archĂ©ologue qui prĂ©fĂšre le travail de terrain. Sur les Ă©tagĂšres surchargĂ©es, des relevĂ©s de fouilles cĂŽtoient des mĂštres rubans et d’autres outils. Rien de bien diffĂ©rent des bureaux de tous les archĂ©ologues que j’ai pu rencontrer au Moyen-Orient, Ă  deux dĂ©tails prĂšs Alliata porte l’habit couleur chocolat des franciscains, et son quartier gĂ©nĂ©ral se trouve dans le monastĂšre de la Flagellation. Selon la tradition de l’Église, le monastĂšre fut bĂąti Ă  l’endroit mĂȘme oĂč JĂ©sus-Christ, condamnĂ© Ă  mort, fut flagellĂ© par les soldats romains et couronnĂ© d’épines. La tradition» voilĂ  un mot que l’on entend beaucoup dans cette partie du monde. Ici, des multitudes de touristes et de pĂšlerins sont attirĂ©s par les dizaines de sites qui, tradition oblige, sont considĂ©rĂ©s comme des Ă©tapes de la vie du Christ, de son lieu de naissance, Ă  BethlĂ©em, Ă  celui de sa mort, Ă  JĂ©rusalem. Selon l’Évangile de Jean, JĂ©sus guĂ©rit un paralytique dans la piscine de Bethesda, Ă  JĂ©rusalem, un bassin Ă  cinq portiques rĂ©servĂ© aux bains rituels. Beaucoup de spĂ©cialistes doutaient de la rĂ©alitĂ© du lieu, jusqu’au jour oĂč des archĂ©ologues en ont dĂ©couvert des preuves Ă©videntes, dissimulĂ©es sous les ruines de ces Ă©glises vieilles de plusieurs devenue journaliste que je suis le sait des cultures entiĂšres sont nĂ©es et mortes presque sans laisser de traces. Aussi, fouiller d’antiques paysages en quĂȘte de tessons de poterie qui Ă©claireraient la vie d’un seul personnage semble aussi vain que la chasse aux fantĂŽmes. Au monastĂšre de la Flagellation, le frĂšre Alliata accueille chacune de mes visites et de mes questions avec patience et perplexitĂ©. Professeur d’archĂ©ologie chrĂ©tienne et directeur du Studium Biblicum Franciscanum, il participe Ă  un projet franciscain vieux de sept siĂšcles, consistant Ă  entretenir et Ă  protĂ©ger les anciens sites religieux de Terre sainte – et, depuis le 19e siĂšcle, Ă  en dresser des relevĂ©s scientifiques. Le frĂšre Alliata ne semble pas prĂ©occupĂ© par ce que l’archĂ©ologie peut, ou ne peut pas, rĂ©vĂ©ler sur la figure centrale du christianisme Il serait trĂšs Ă©tonnant, voire Ă©trange, de trouver des preuves archĂ©ologiques de l’existence de quelqu’un qui aurait vĂ©cu il y a 2000 ans. Cela dit, on ne peut pas nier que JĂ©sus a laissĂ© une trace dans l’histoire. » Une IndonĂ©sienne, qui vient d’ĂȘtre baptisĂ©e dans le Jourdain, porte une robe reprĂ©sentant JĂ©sus Ă  l’issue du mĂȘme rite, voilĂ  2 000 ans. La foi chrĂ©tienne, nĂ©e dans une petite communautĂ© juive, est devenue la religion la plus pratiquĂ©e du monde, avec plus de 2 milliards de DE Simon Norfolk, Avec L’aimable Autorisation De YARDENITLes textes du Nouveau Testament sont, de loin, les traces les plus Ă©videntes et sans doute les plus controversĂ©es de son passage sur terre. Mais quel rapport existe-t-il entre le travail des archĂ©ologues et ces textes anciens, rĂ©digĂ©s dans la seconde moitiĂ© du ier siĂšcle de notre Ăšre, ainsi qu’avec les traditions qu’ils ont nourries ? La tradition vivifie l’archĂ©ologie, et l’archĂ©ologie vivifie la tradition, rĂ©pond le frĂšre Alliata. Parfois, elles concordent et, parfois, non. » Et il ajoute dans un sourire Ce n’est pas le moins intĂ©ressant. » ThĂ©ophile III, patriarche grec orthodoxe de JĂ©rusalem et de toute la Palestine, porte un encolpion mĂ©daillon serti de pierres prĂ©cieuses tĂ©moignant de sa foi. Je me suis lancĂ©e sur les pas de JĂ©sus afin de retracer son histoire telle que la racontent les auteurs des Évangiles et des gĂ©nĂ©rations d’érudits. J’espĂšre comprendre en quoi les textes chrĂ©tiens et les traditions correspondent aux dĂ©couvertes des archĂ©ologues, depuis un siĂšcle et demi que ceux-ci passent la Terre sainte au peigne fin. Mais, avant tout, une question explosive est-il possible que JĂ©sus-Christ n’ait jamais existĂ© ? Quelques sceptiques dĂ©fendent cette opinion avec vĂ©hĂ©mence, mais pas les savants, notamment les archĂ©ologues. Je ne connais aucun chercheur important qui doute du personnage historique de JĂ©sus, affirme Eric Meyers, archĂ©ologue et professeur Ă©mĂ©rite Ă  l’universitĂ© Duke. On pinaille sur des dĂ©tails depuis des siĂšcles, mais nulle personne sĂ©rieuse ne met en doute son existence. » Les chrĂ©tiens palestiniens dĂ©filent dans les rues de BethlĂ©em Ă  NoĂ«l, cĂ©lĂ©brĂ© par diffĂ©rentes confessions Ă  diffĂ©rentes dates catholiques et protestants le fĂȘtent le 25 dĂ©cembre, les chrĂ©tiens orthodoxes le 7 janvier et les chrĂ©tiens ArmĂ©niens le 6 janvier ou en Terre Sainte le 18 son de cloche auprĂšs de Byron McCane, archĂ©ologue et professeur d’histoire Je ne vois aucun autre personnage dont on nie l’existence alors qu’elle est si parfaitement Ă©tablie par les faits. » MĂȘme John Dominic Crossan, un ex-prĂȘtre qui coprĂ©side le Jesus Seminar, un groupe de travail de spĂ©cialistes des Ă©tudes bibliques plutĂŽt controversĂ©, estime que les sceptiques purs et durs vont trop loin. Certes, les miracles attribuĂ©s au Christ sont difficiles Ă  apprĂ©hender pour nos esprits modernes. Ce n’est pas une raison pour conclure que la vie de JĂ©sus de Nazareth relĂšve de la fable. On peut toujours dire qu’il marchait sur l’eau et que, comme personne n’en est capable, c’est la preuve qu’il n’a pas existĂ©, me dit Crossan. Mais il s’agit d’autre chose. Qu’il ait accompli certaines choses en GalilĂ©e, et d’autres Ă  JĂ©rusalem, et qu’il ait Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  mort pour ses actes, tout cela cadre parfaitement avec un certain scĂ©nario. » Les ruines de l’HĂ©rodion, l’une des forteresses Ă©levĂ©es par HĂ©rode le Grand sur une hauteur, tĂ©moignent du pouvoir Ă©crasant de l’Empire romain. Des chercheurs voient en JĂ©sus un rĂ©volutionnaire dont la vĂ©ritable mission Ă©tait de changer le rĂ©gime politique en place, et non de sauver les DE Simon Norfolk, PANORAMA COMPOSÉ DE 7 IMAGESLes chercheurs qui Ă©tudient la vie du Christ se divisent en deux Ă©coles il y a ceux pour qui le JĂ©sus des Évangiles, auteur de miracles, est le vĂ©ritable JĂ©sus, et il y a ceux pour qui le vĂ©ritable JĂ©sus c’est-Ă -dire l’homme qui a suscitĂ© le mythe est, certes, l’inspirateur des Évangiles, mais aussi un personnage dont la vĂ©ritĂ© apparaĂźtra grĂące aux recherches historiques et Ă  l’analyse des textes. Les deux camps considĂšrent l’archĂ©ologie comme leur qu’il soit ou ait Ă©tĂ© Dieu, un homme ou la plus grande supercherie littĂ©raire de tous les temps, la diversitĂ© et la dĂ©votion de ses disciples modernes Ă©clatent dans toute leur splendeur quand on arrive Ă  BethlĂ©em, l’antique citĂ© que l’on considĂšre comme son lieu de naissance. Sur la place Manger, je me joins Ă  un groupe de pĂšlerins du Nigeria que je suis jusqu’à l’entrĂ©e, plutĂŽt basse, de la basilique de la NativitĂ©, dont les hauts murs disparaissent sous des bĂąches et des Ă©chafaudages. La basilique est en cours de restauration. Des conservateurs nettoient les mosaĂŻques dorĂ©es du 12e siĂšcle de la suie des bougies qui ont brĂ»lĂ© ici depuis tout ce temps. Nous contournons avec prĂ©caution une partie du sol qui rĂ©vĂšle les plus anciens vestiges de l’église, construite dans les annĂ©es 330 sur ordre du premier empereur romain chrĂ©tien, Constantin. Cette synagogue des 2e - 5e siĂšcles, Ă  CapharnaĂŒm, a Ă©tĂ© en partie restaurĂ©e. Ses colonnes se dressent sur un Ă©difice plus ancien oĂč, Ă  en croire certains historiens, JĂ©sus se serait rendu. Non loin de lĂ , les archĂ©ologues ont dĂ©couvert une habitation vĂ©nĂ©rĂ©e par les premiers chrĂ©tiens. Il pourrait s’agir du domicile de l’apĂŽtre marches nous conduisent dans une grotte Ă©clairĂ©e Ă  l’électricitĂ©, devant une petite niche creusĂ©e dans le marbre. En ce lieu, une Ă©toile d’argent signale l’endroit mĂȘme oĂč, selon la tradition, est nĂ© JĂ©sus-Christ. Les pĂšlerins s’agenouillent pour baiser l’étoile et toucher de leur paume la pierre froide et polie. BientĂŽt, un responsable les presse d’avancer pour laisser la place Ă  de nouveaux arrivants. La basilique de la NativitĂ© est la plus vieille Ă©glise chrĂ©tienne encore en activitĂ©. Mais tout le monde ne s’accorde pas pour dire que JĂ©sus de Nazareth est nĂ© Ă  BethlĂ©em. Seuls deux Évangiles mentionnent sa naissance, et leurs rĂ©cits en sont fort diffĂ©rents. Des historiens soupçonnent les Ă©vangĂ©listes d’avoir fait naĂźtre JĂ©sus Ă  BethlĂ©em pour Ă©tablir un lien entre lui, paysan de GalilĂ©e, et une ville de JudĂ©e dont l’Ancien Testament annonçait qu’elle serait le berceau du Messie L’archĂ©ologie est fort peu loquace Ă  ce sujet. Quelle chance a-t-on de dĂ©terrer une quelconque preuve qu’un couple de paysans vivant il y a deux millĂ©naires aurait Ă©tĂ© l’acteur d’un tel Ă©vĂ©nement? Les fouilles dans la basilique et alentour n’ont rĂ©vĂ©lĂ© ni objet de l’époque, ni indice suggĂ©rant que le site Ă©tait sacrĂ© pour les premiers chrĂ©tiens. Le premier tĂ©moignage incontestable de vĂ©nĂ©ration remonte au 3e siĂšcle. OrigĂšne, un thĂ©ologien d’Alexandrie, observa À BethlĂ©em, on peut voir la grotte oĂč [JĂ©sus] est nĂ©. » Au dĂ©but du 4e siĂšcle, l’empereur Constantin envoya une dĂ©lĂ©gation en Terre sainte afin d’identifier les lieux associĂ©s Ă  la vie du Christ et de les sanctifier par la construction d’églises et de sanctuaires. Ayant localisĂ© ce qu’ils considĂ©raient ĂȘtre la grotte de la NativitĂ©, les dĂ©lĂ©guĂ©s y firent bĂątir une Ă©glise, ancĂȘtre de celle d’aujourd’hui. "Suivez-moi, et je vous ferai pĂȘcheurs d'hommes", a dĂ©clarĂ© JĂ©sus Ă  ses premiers disciples, des pĂȘcheurs dont la vie Ă©tait centrĂ©e sur la mer de GalilĂ©e. Ici, selon les Évangiles, JĂ©sus a miraculeusement calmĂ© une tempĂȘte, a marchĂ© sur l'eau et l'a bĂ©ni ses disciples avec des cargaisons de des chercheurs auxquels je me suis adressĂ©e ne se prononcent pas sur le lieu de naissance du Christ, faute de preuves matĂ©rielles. Selon eux, le vieil adage de l’archĂ©ologie est plus que jamais d’actualitĂ© L’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence. » La piste pour retrouver le vĂ©ritable JĂ©sus est bien plus fructueuse Ă  105 km de lĂ , en GalilĂ©e, rĂ©gion vallon nĂ©e du nord d’IsraĂ«l. JĂ©sus fut Ă©levĂ© Ă  Nazareth, une bourgade agricole. Les historiens qui voient en lui seulement un homme que ce soit un rĂ©formateur religieux, un rĂ©volutionnaire social, un prophĂšte de l’Apocalypse, voire un Juif fanatique tentent, en juxtaposant les donnĂ©es Ă©conomiques, politiques et sociales de la GalilĂ©e du 1er siĂšcle, de mieux comprendre quelles forces furent le terreau de cet homme et de sa mission. À cette Ă©poque, l’Empire romain est, de loin, l’acteur principal de la vie en GalilĂ©e. Les Romains avaient conquis la Palestine soixante ans avant la naissance de JĂ©sus, et presque tous les Juifs devaient subir le joug de Rome, symbolisĂ© par la lourdeur des taxes et l’adoration des idoles paĂŻennes. Selon beaucoup de chercheurs, les troubles sociaux profitĂšrent Ă  l’agitateur juif, qui se fit connaĂźtre en dĂ©nonçant riches et puissants, et prenant le parti des pauvres et des laissĂ©s-pour-compte. Mis au jour dans ce qui fut une synagogue de Magdala, la ville de Marie Madeleine, ce bloc sculptĂ© fi gurerait le Temple de JĂ©rusalem. PhotographiĂ© ici dans les rĂ©serves de l’AutoritĂ© des antiquitĂ©s d’IsraĂ«l, il pourrait avoir servi de table de lecture de la TorahD’autres avancent que l’influence de la culture grĂ©co-romaine a façonnĂ© un JĂ©sus moins juif et plus cosmopolite, hĂ©raut de la justice sociale. En 1991, un ouvrage fit sensation The Historical Jesus, de John Dominic Crossan. Sa thĂ©orie le vĂ©ritable JĂ©sus Ă©tait une sorte de sage itinĂ©rant, dont les paroles subversives et le style de vie, Ă  contre-courant des mƓurs de son Ă©poque, rĂ©sonnaient Ă©trangement avec la façon de vivre des cyniques. Ces derniers, d’une Ă©cole philosophique de la GrĂšce antique, n’étaient pas cyniques au sens moderne du mot, mais ne respectaient aucune convention sociale, comme le souci de rester propre, ou la quĂȘte de la richesse et du pouvoir. Crossan se fondait, d’une part, sur les dĂ©couvertes archĂ©ologiques rĂ©vĂ©lant que la GalilĂ©e, longtemps dĂ©crite comme une campagne reculĂ©e et une enclave juive isolĂ©e, Ă©tait bien plus urbanisĂ©e et romanisĂ©e Ă  l’époque de JĂ©sus que les spĂ©cialistes ne le croyaient, et, d’autre part, sur le fait que le domicile de JĂ©sus enfant se trouvait Ă  5 km de Sepphoris, la capitale romaine de la province. Les Évangiles ne mentionnent pas la ville, mais l’ambitieux programme de construction lancĂ© par le tĂ©trarque HĂ©rode Antipas aurait pu attirer des artisans qualifiĂ©s des villages alentour. Pour beaucoup, on peut tout Ă  fait penser que JĂ©sus, jeune artisan vivant prĂšs de Sepphoris, aurait pu y travailler, mettant la tradition religieuse qui Ă©tait la sienne Ă  l’épreuve de la vie. À la PĂąque juive, des Samaritains se rendent sur le mont Garizim qui, selon eux, abrite le vĂ©ritable site du temple de Dieu et non JĂ©rusalem. À l’époque de JĂ©sus, les Juifs considĂ©raient les Samaritains comme impies. JĂ©sus illustre pourtant l’amour du prochain dans la parabole du bon Samaritain ».Par une belle journĂ©e de printemps, je retrouve les archĂ©ologues Eric et Carol Meyers dans les ruines de Sepphoris. Le couple fouille l’immense site depuis trente-trois ans. Celui-ci est dĂ©sormais au cƓur d’un dĂ©bat passionnĂ© et thĂ©orique sur la judaĂŻtĂ© de la GalilĂ©e et, par extension, de JĂ©sus. Eric Meyers s’arrĂȘte devant un tas de colonnes. Ça a Ă©tĂ© drĂŽlement houleux », dit-il au souvenir des dĂ©bats pour savoir dans quelle mesure une ville hellĂ©nisĂ©e avait pu influencer un jeune paysan juif. Au faĂźte de la colline, il dĂ©signe des murs dĂ©gagĂ©s avec soin. Pour parvenir Ă  ces maisons, nous avons dĂ» creuser Ă  l’emplacement d’un bivouac de la guerre de 1948, avec notamment un obus syrien non explosĂ©. Et, sous la terre, nous sommes tombĂ©s sur les mikvaot ! » Au moins trente de ces bains juifs rituels parsĂšment le quartier rĂ©sidentiel de Sepphoris –soit la plus grande concentration de lieux privĂ©s jamais mise au jour par les archĂ©ologues. Outre de la vaisselle en pierre pour les rituels et l’absence d’os de porc interdit de consommation par la loi juive, elles prouvent que cette citĂ© d’une province de la Rome impĂ©riale Ă©tait demeurĂ©e juive au temps de l’adolescence de JĂ©sus. Ces dĂ©couvertes et d’autres indices issus de fouilles dans toute la GalilĂ©e ont conduit les chercheurs Ă  rĂ©viser leur opinion, m’explique Craig Evans, spĂ©cialiste des origines du christianisme GrĂące Ă  l’archĂ©ologie, on est passĂ© de JĂ©sus l’hellĂ©nisant cosmopolite Ă  JĂ©sus le Juif pratiquant –un changement considĂ©rable. » La chapelle copte de l’église du Saint SĂ©pulcre s’orne de scĂšnes de la vie du Christ. Plusieurs religions chrĂ©tiennes partagent le sanctuaire, non sans mĂ©fiance, chacune rĂ©clamant une partie de l’espace. Les clefs de l’église ont Ă©tĂ© confiĂ©es Ă  une famille musulmane de la 30 ans, JĂ©sus s’immergea dans le Jourdain avec Jean le Baptiste, l’agitateur et prophĂšte juif. Sa vie en fut bouleversĂ©e car, une fois baptisĂ©, Ă  en croire le Nouveau Testament, il vit l’Esprit de Dieu descendre sur lui comme une colombe», et la voix de Dieu se fit entendre Celui-ci est mon Fils bien-aimĂ©, en qui j’ai mis tout mon amour.» Cette rencontre avec le Seigneur marqua le dĂ©but de sa vie de prĂȘcheur et de guĂ©risseur. CapharnaĂŒm fut l’une de ses premiĂšres Ă©tapes. Cette ville de pĂȘcheurs se situe sur la rive nordouest du lac de TibĂ©riade. C’est lĂ  que JĂ©sus rencontra ses disciples initiaux et qu’il Ă©tablit son premier quartier gĂ©nĂ©ral ». De nos jours, les organisateurs d’excursions en Terre sainte dĂ©signent le lieu de pĂšlerinage qu’est devenu CapharnaĂŒm comme la ville de JĂ©sus ». Une haute barriĂšre mĂ©tallique entoure les lieux, propriĂ©tĂ© des franciscains. DerriĂšre se trouve une Ă©glise moderne, soutenue par huit piliers le MĂ©morial de Saint-Pierre, consacrĂ© en 1990 en l’honneur d’une des plus importantes dĂ©couvertes rĂ©alisĂ©es au 20e siĂšcle par les archĂ©ologues travaillant sur le JĂ©sus historique. JĂ©sus pria dans le jardin de GethsĂ©mani mot sans doute ­aramĂ©en signifiant pressoir Ă  huile » quelques heures avant son arrestation, selon les Évangiles. De nos jours, nombreux sont les pĂšlerins Ă  visiter cette oliveraie, situĂ©e Ă  l’extĂ©rieur de JĂ©rusalem, oĂč JĂ©sus connut la plus sombre nuit de son centre de l’édifice attire tous les regards. Au-delĂ  d’un garde-fou, Ă  travers un sol vitrĂ©, les visiteurs peuvent apercevoir les ruines d’une Ă©glise octogonale, bĂątie il y a 1 500 ans. Quand les archĂ©ologues franciscains ont fouillĂ© sous cette structure, en 1968, ils se sont rendu compte qu’elle avait Ă©tĂ© bĂątie sur les ruines d’une maison datant du ier siĂšcle. C’était la preuve que, en un court laps de temps, ce domicile privĂ© avait Ă©tĂ© transformĂ© en un lieu de rĂ©union public. Puis, vers la seconde moitiĂ© du 1er siĂšcle, quelques dĂ©cennies aprĂšs la crucifixion de JĂ©sus, les murs de pierre brute de ce domicile furent enduits de plĂątre, et tous les ustensiles de cuisine remplacĂ©s par des lampes Ă  huile – objets caractĂ©ristiques d’une communautĂ© prenant ses quartiers. Enfin, au 4e siĂšcle, Ă  l’époque oĂč le christianisme devint la religion officielle de l’Empire romain, la demeure fut transformĂ©e en une maison de culte soigneusement dĂ©corĂ©e. Depuis, elle est connue comme la maison de Pierre ». Il est impossible d’établir si le disciple y vĂ©cut effectivement, mais beaucoup de spĂ©cialistes estiment que ce n’est pas impossible. Il est dit dans les Évangiles que JĂ©sus guĂ©rit de la fiĂšvre la belle-mĂšre de Pierre, chez elle, Ă  CapharnaĂŒm. La nouvelle se rĂ©pandit aussitĂŽt et, le soir, une foule de malades se pressait devant sa porte. JĂ©sus guĂ©rit les malades et dĂ©livra ceux qui Ă©taient possĂ©dĂ©s par des dĂ©mons. L’os du talon d’un crucifiĂ© photo a Ă©tĂ© retrouvĂ© dans une tombe. Cela confirme que les crucifiĂ©s pouvaient ĂȘtre inhumĂ©s et que JĂ©sus aurait pu l’ĂȘtre. Les Romains crucifiaient de plusieurs rĂ©cits mettant en scĂšne des foules venant chercher la guĂ©rison auprĂšs de JĂ©sus confortent ce que l’archĂ©ologie nous dit de la Palestine du ier siĂšcle, une rĂ©gion oĂč des maladies telles que la lĂšpre ou la tuberculose Ă©taient monnaie courante. Je prends la direction du Sud, longeant le lac de TibĂ©riade, jusqu’à un kibboutz ferme communautaire qui, en 1986, fut le théùtre d’un Ă©vĂ©nement sensationnel. Le niveau du lac avait considĂ©rablement baissĂ© Ă  cause d’une grave sĂ©cheresse. Deux frĂšres du kibboutz ont remarquĂ© une forme qui ressemblait aux contours d’un bateau. Les archĂ©ologues qui l’ont examinĂ©e ont trouvĂ© des objets datant de l’époque romaine dans et prĂšs de la coque. Plus tard, le test au carbone 14 a confirmĂ© l’ñge du bateau il Ă©tait plus ou moins contemporain de JĂ©sus. Un ossuaire ornĂ©, ou boĂźte Ă  os, dĂ©couvert dans une tombe de JĂ©rusalem porte le nom de CaĂŻphe, une figure tristement cĂ©lĂšbre dans les rĂ©cits des Évangiles sur le procĂšs et l’exĂ©cution de JĂ©sus. S'il s'agit de CaĂŻphe, la dĂ©couverte confirmerait que les personnes qui jouaient un rĂŽle dans les histoires du Nouveau Testament Ă©taient rĂ©elles et non fictives », note l'archĂ©ologue Eric DE Simon Norfolk, Photo PRISE AU MUSÉE ISRAEL, À JERUSALEMPuis, il s’est mis Ă  pleuvoir. Le niveau du lac a remontĂ©. L’opĂ©ration de sauvetage du bateau qui s’est dĂ©roulĂ©e alors constitue un exploit archĂ©ologique. Un chantier qui, en temps normal, aurait durĂ© des mois pour ĂȘtre planifiĂ© et exĂ©cutĂ©, a pris exactement onze jours. Aujourd’hui, le prĂ©cieux bateau est le joyau du musĂ©e du kibboutz situĂ© non loin de l’endroit oĂč il a Ă©tĂ© dĂ©couvert. Large d’environ 2 m pour 8 m de long, il aurait pu embarquer treize hommes bien que rien n’indique que JĂ©sus et ses douze apĂŽtres l’aient utilisĂ©. Il ne paie pas de mine un squelette de planches qui eurent leur compte de rĂ©parations, jusqu’à ce que plus rien ou presque ne subsiste de l’original. Il a dĂ» ĂȘtre entretenu et rĂ©parĂ© jusqu’à ce que cela ne serve plus Ă  rien», constate John Dominic Crossan. Mais, aux yeux des historiens, ce bateau n’a pas de prix, souligne-t-il Quand je considĂšre les efforts qu’il a fallu dĂ©ployer pour le maintenir Ă  flot, j’en apprends beaucoup sur le niveau de vie des pĂȘcheurs galilĂ©ens Ă  l’époque de JĂ©sus. » Des foules de pĂšlerins originaires de divers pays convergent vers JĂ©rusalem Ă  PĂąques - un mĂ©lange potentiellement instable et une cible tentante pour les terroristes. Pour assurer la sĂ©curitĂ© et maintenir la paix, les forces de sĂ©curitĂ© israĂ©liennes se dĂ©ploient dans toute la ville, y compris le long de la cĂ©lĂšbre Via autre dĂ©couverte extraordinaire a eu lieu Ă  2 km au sud de l’endroit oĂč a Ă©tĂ© trouvĂ© le bateau, sur le site de l’ancienne Magdala, ville natale de Marie Madeleine, disciple de JĂ©sus. Les archĂ©ologues franciscains avaient commencĂ© Ă  mettre au jour une partie de la ville dans les annĂ©es 1970, mais la moitiĂ© nord restait enfouie. Puis, en 2004, le pĂšre Juan Solana, initialement envoyĂ© par le Vatican pour surveiller le fonctionnement d’un hĂŽtel pour pĂšlerins de JĂ©rusalem, a dĂ©cidĂ© de bĂątir une retraite pour les pĂšlerins de GalilĂ©e. Il a rĂ©coltĂ© de l’argent et achetĂ© des terrains sur les rivages du lac, dont des parcelles non encore fouillĂ©es de Magdala En 2009, avant que ne dĂ©butent les travaux, une mission d’archĂ©ologie prĂ©ventive est venue sur place, comme le veut la loi. Les sondages du sous-sol rocheux ont alors rĂ©vĂ©lĂ© les ruines enfouies d’une synagogue de l’époque de JĂ©sus –la premiĂšre du genre mise au jour en GalilĂ©e. La dĂ©couverte Ă©tait de premiĂšre importance, car elle rĂ©duisait Ă  nĂ©ant l’argument des sceptiques selon lequel les premiĂšres synagogues de GalilĂ©e apparurent plusieurs dĂ©cennies aprĂšs la mort de JĂ©sus –une thĂ©orie incompatible avec le portrait que les Évangiles dressent de lui, celui d’un Juif pratiquant qui prĂȘchait souvent et accomplissait ses miracles dans les synagogues. Les pĂšlerins orthodoxes Ă©thiopiens cĂ©lĂšbrent PĂąques au sommet de l'Ă©glise du Saint-SĂ©pulcre. Dans une longue dispute qui les oppose aux coptes Ă©gyptiens, les moines Ă©thiopiens occupent un monastĂšre sur le toit depuis plus de 200 ans pour faire valoir leur prĂ©tention Ă  une partie de l' DE Alessio RomenziLes fouilles ont livrĂ© des murs bordĂ©s de bancs preuve qu’il s’agissait d’une synagogue et un sol en mosaĂŻque. Au centre de la piĂšce reposait une pierre de la taille d’une cantine militaire, sculptĂ©e des principaux symboles sacrĂ©s du Temple de JĂ©rusalem. La dĂ©couverte de la pierre de Magdala, comme on l’appelle dĂ©sormais, a portĂ© un coup fatal Ă  la thĂ©orie naguĂšre trĂšs rĂ©pandue selon laquelle les GalilĂ©ens n’étaient que des rustauds impies, bien Ă©loignĂ©s du foyer spirituel d’IsraĂ«l. La poursuite des fouilles a permis de dĂ©couvrir toute une ville enfouie Ă  moins de 30 cm sous la surface. Les ruines Ă©taient si bien prĂ©servĂ©es que certains n’hĂ©sitĂšrent pas Ă  surnommer Magdala la PompĂ©i d’IsraĂ«l ». L’archĂ©ologue Dina Avshalom-Gorni me fait visiter le site. Elle me montre les vestiges de resserres, de bains rituels et d’un atelier oĂč, peutĂȘtre, on prĂ©parait et vendait le poisson. Je peux tout Ă  fait m’imaginer des femmes en train d’acheter du poisson dans le marchĂ© qui se trouve juste ici », me dit-elle en indiquant de la tĂȘte les fondations d’étals en pierre. Le pĂšre Solana nous rejoint. Je lui demande ce qu’il dit aux visiteurs voulant savoir s’il est arrivĂ© Ă  JĂ©sus de parcourir ces rues. On ne saurait rĂ©pondre Ă  cette question, admet-il, mais on doit garder Ă  l’esprit le nombre de fois oĂč les Évangiles mentionnent sa prĂ©sence dans une synagogue de GalilĂ©e. » Puis, tenant compte du fait que la synagogue de Magdala Ă©tait frĂ©quentĂ©e Ă  l’époque du ministĂšre de JĂ©sus et ne se trouvait qu’à quelques encablures de CapharnaĂŒm, Solana conclut Nous n’avons aucune raison de nier ou de douter que JĂ©sus ait frĂ©quentĂ© ce lieu. » À chaque Ă©tape de mon pĂ©riple en GalilĂ©e, les traces de pas tĂ©nues laissĂ©es par JĂ©sus semblent mieux se dessiner. Lors de mon retour Ă  JĂ©rusalem, elles prennent encore davantage de densitĂ©. Le Nouveau Testament dit que la citĂ© antique est le théùtre de bon nombre de miracles et d’épisodes parmi les plus spectaculaires. Si les rĂ©cits des quatre Évangiles divergent quant Ă  la naissance de JĂ©sus, ils sont bien plus proches au sujet de sa mort. AprĂšs ĂȘtre venu Ă  JĂ©rusalem pour assister Ă  la PĂąque, JĂ©sus est conduit devant le grand prĂȘtre CaĂŻphe, qui l’accuse de blasphĂšme et de menaces contre le Temple. CondamnĂ© Ă  mort par le procurateur romain Ponce Pilate, JĂ©sus est crucifiĂ© et enterrĂ© non loin de lĂ , dans un tombeau creusĂ© dans le roc. L’emplacement traditionnel de ce tombeau, dans ce qui est devenu l’église du Saint-SĂ©pulcre, est considĂ©rĂ© comme le lieu le plus sacrĂ© du christianisme. En 2016, je me suis rendue Ă  plusieurs reprises dans l’église pour me documenter sur la restauration historique de l’Édicule, le sanctuaire qui hĂ©berge le tombeau rĂ©putĂ© ĂȘtre celui de JĂ©sus. Aujourd’hui, pendant la semaine de PĂąques, je suis de retour. Debout, avec les pĂšlerins en vacances qui attendent leur tour pour pĂ©nĂ©trer ans le minuscule sanctuaire, je me souviens des nuits passĂ©es dans l’église vide au cĂŽtĂ© de l’équipe de scientifiques chargĂ©e de sa restauration. Je suis Ă©merveillĂ©e du nombre de dĂ©couvertes archĂ©ologiques faites Ă  JĂ©rusalem et ailleurs au cours des ans et qui rendent crĂ©dibles les Écritures. À quelques mĂštres seulement du tombeau du Christ, on trouve d’autres sĂ©pultures de la mĂȘme pĂ©riode creusĂ©es dans la roche. Cela prouve que cette Ă©glise, dĂ©truite et reconstruite deux fois, avait Ă©tĂ© bĂątie sur un cimetiĂšre juif. Je me souviens avoir Ă©tĂ© seule dans le tombeau aprĂšs que la dalle de marbre avait Ă©tĂ© momentanĂ© - ment retirĂ©e. J’étais submergĂ©e par l’émotion en contemplant l’un des plus impor - tants monuments de l’histoire humaine –une simple banquette de calcaire que les gens rĂ©vĂšrent depuis des millĂ©naires, une chose qui n’avait peut-ĂȘtre pas Ă©tĂ© vue depuis un millier d’annĂ©es. Un pĂšlerin s’incline sur la Pierre de l’onction, dans l’église du SaintSĂ©pulcre. C’est sur cette pierre qu’aurait Ă©tĂ© lavĂ© et prĂ©parĂ© le corps du Christ avant l’ lors de ma visite de PĂąques, me revoici Ă  l’intĂ©rieur du tombeau, pressĂ©e contre trois femmes russes. La dalle de marbre a Ă©tĂ© remise en place, protection indispensable du lit funĂ©raire contre tous les rosaires et cartes de priĂšre inlassablement dĂ©posĂ©s, sinon frottĂ©s, sur cette surface. La plus jeune des femmes implore JĂ©sus de guĂ©rir son fils Evgueni, atteint d’une leucĂ©mie. À l’extĂ©rieur, devant l’entrĂ©e, un prĂȘtre rappelle d’une voix forte que le temps accordĂ© pour notre visite est Ă©coulĂ©, d’autres pĂšlerins attendant leur tour. À regret, les trois femmes se relĂšvent et quittent les lieux, une Ă  une. Je les suis. Je me rends compte que, pour les croyants sincĂšres, les Ă©tudes entreprises par les chercheurs sur le JĂ©sus historique, le JĂ©sus terrestre, pure - ment humain, sont de peu d’effet. Cette quĂȘte produira d’innombrables thĂ©ories contradic - toires, des questions sans rĂ©ponse, des faits inconciliables. Mais, pour les vĂ©ritables croyants, la foi dans la vie, la mort et la rĂ©surrection du Fils de Dieu est amplement suffisante. Kristin Romey couvre les sujets civilisations et dĂ©couvertes archĂ©ologique pour le magazine et le site National Geographic. BasĂ© Ă  Londre, le photographe Simon Norfolk s'est spĂ©cialisĂ© dans la photographie d'architecture et de paysages.

Cest plus qu’une rĂ©pugnance, une simple a-version ou un dĂ©samour, le fait de nĂ©gliger ou de se dĂ©tourner. La dĂ©testation, comme haine, peut ĂȘtre de rĂ©pulsion mais aussi de destruction. Et cet affect rĂ©pond Ă  un Ă©vĂ©nement analogue. La science, comme entreprise de vĂ©ritĂ© et souci (peut-ĂȘtre naĂŻf) du bonheur ne peut que susciter amour et enthousiasme ; en tant

ActualitĂ© SantĂ© SantĂ© publique Par PubliĂ© le 13/05/2013 Ă  1343 Que croire ? Et qui croire ? Maladie de la vache folle, ondes Ă©lectromagnĂ©tiques, Sras, changement climatique, gaz de schiste Pour rĂ©pondre Ă  ces questions, l'Ihest vient d'Ă©diter Partager la science. L'illettrisme scientifique en question. Les controverses sont encore nombreuses aujourd'hui. Pas plus sans doute qu'elles ne l'Ă©taient dĂ©jĂ  au XIXe siĂšcle avec les polĂ©miques autour du gaz de ville, du train, de la voiture, des mĂ©dicaments... mais elles sont plus vastes, touchent plus de gens et suscitent des rĂ©actions parfois totalement interrogations du grand public, ces affrontements entre experts» envahissent les esprits et les mĂ©dias. C'est pour tenter de voir plus clair dans les rapports entre les sciences et la sociĂ©tĂ© que l'Institut des hautes Ă©tudes de science et de sociĂ©tĂ© Ihest vient de publier un ouvrage collectif regroupant plus d'une vingtaine de personnalitĂ©s venues de divers horizons, sous la coordination de Marie-Françoise Chevalier-Leguyader, la directrice de l'Ihest. La question, provocante, posĂ©e est Partager la science. L'illettrisme scientifique en question*.Dans ces pages, on comprend qu'au moins trois modes de pensĂ©e imparfaits se confrontent autour des questions de sciences et de sociĂ©tĂ© les gens n'y connaissent rien» ; on ne leur explique pas assez bien» ; on n'en sait pas assez pour ĂȘtre affirmatif». D'oĂč un profond divorce entre sciences et sociĂ©tĂ©. Des sismologues italiens n'ont-ils pas Ă©tĂ© rĂ©cemment condamnĂ©s en justice pour n'avoir pas prĂ©vu un sĂ©isme?
Perle rhĂ©torique»On reproche souvent aux scientifiques de rester dans leur tour d'ivoire ; pourtant, nombreux sont ceux qui font l'effort de vulgariser» leur science. Avec plus ou moins de bonheur, il est vrai. Les discours portant sur l'illettrisme scientifique attribuent souvent au public une ignorance sur des principes, mĂ©thodes ou rĂ©sultats scientifiques jugĂ©s importants. Mais que se passe-t-il en rĂ©gime de controverse, qu'en est-il si cette ignorance n'est pas seulement subie, mais bien activement produite?», Ă©crit ainsi le philosophe Mathias Girel, qui rappelle comment dans les annĂ©es 1950 l'industrie du tabac menait des campagnes de dĂ©sinformation pour discrĂ©diter les rĂ©sultats scientifiques prouvant la dangerositĂ© de leur prĂšs de nous, le physicien Étienne Klein affirme qu'il ne faut pas cesser de traduire l'intraduisible» et prend l'exemple de la pseudo-controverse» sur l'origine du changement climatique. Pour lui, on a pu entendre pendant des mois sur les ondes des assertions pseudo-scientifiques en apparence convaincantes, mais en rĂ©alitĂ© parfaitement fausses». Et de citer en exemple ce qu'il appelle une perle rhĂ©torique» d'un ancien ministre de l'Éducation nationale qui avait dĂ©clarĂ© Comment peut-on prĂ©tendre prĂ©voir le climat du prochain siĂšcle alors que les prĂ©visions mĂ©tĂ©orologiques ne vont pas au-delĂ  de quelques jours?»Bien d'autres questions sont abordĂ©es dans cet ouvrage, dont celles concernant la premiĂšre Ă©ducation et sa contribution Ă  la formation et Ă  l'acquisition d'une culture scientifique. Des exemples sont donnĂ©s pour les États-Unis, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le BrĂ©sil, la CorĂ©e ou les pays du Maghreb. Bien des progrĂšs sont encore Ă  rĂ©aliser.* Partager la science. L'illettrisme scientifique en question». Éditions Actes Sud/Ihest. Sattendant Ă  trouver Ă  la campagne calme et voluptĂ©, les six rĂ©fugiĂ©s gouteront surtout Ă  la lĂ©gendaire hospitalitĂ© d’un village français. L’occasion rĂȘvĂ©e de secouer les peurs et les prĂ©jugĂ©s pour Sophie et nos trois Vieux Fourneaux, promus consultants inattendus d'une campagne Ă©lectorale que Larquebuse, le maire de Montcoeur n’est pas prĂȘt d’oublier. Le concept de vĂ©ritĂ© », compris comme dĂ©pendant de faits qui dĂ©passent largement le contrĂŽle humain, a Ă©tĂ© l’une des voies par lesquelles la philosophie a, jusqu’ici, inculquĂ© la dose nĂ©cessaire d’ prestige de la science a longtemps tenu au fait qu’on lui confĂ©rait le pouvoir symbolique de proposer un point de vue surplombant sur le monde assise sur un refuge neutre et haut-placĂ©, sĂ»re d’elle-mĂȘme, elle semblait se dĂ©ployer Ă  la fois au cƓur du rĂ©el, tout prĂšs de la vĂ©ritĂ© et hors de l’humain. Cette image est aujourd’hui dĂ©passĂ©e. Nous avons compris que la science n’est pas un nuage lĂ©vitant calmement au-dessus de nos tĂȘtes elle pleut littĂ©ralement sur nous. Ses mille et une retombĂ©es pratiques, qui vont de l’informatique Ă  la bombe atomique en passant par les vaccins, les OGM et les lasers, sont diversement connotĂ©es et diversement apprĂ©ciĂ©es ici, ce que la science permet de faire rassure ; lĂ , ce qu’elle annonce angoisse. Tout se passe comme si ses discours, ses rĂ©alisations et ses avancĂ©es devaient constamment ĂȘtre interrogĂ©s, systĂ©matiquement mis en ballotage. 2Certes, cette situation n’est pas vraiment nouvelle ni spĂ©cialement postmoderne » Ă  bien regarder en arriĂšre, on constate que chaque fois que la science nous a permis d’agir librement sur des aspects de la rĂ©alitĂ© qui s’imposaient jusqu’alors Ă  nous comme un destin, l’angoisse de commettre un sacrilĂšge et la peur de sortir des contours de notre nature se sont exprimĂ©es de maniĂšre spectaculaire ainsi quand GalilĂ©e ouvrait Ă  l’intelligibilitĂ© d’un univers oĂč les mĂȘmes lois valaient sur la terre comme au ciel ; ou quand Darwin inscrivit l’homme dans la chaĂźne de l’évolution des espĂšces ; a fortiori quand, aujourd’hui, le gĂ©nie gĂ©nĂ©tique, la procrĂ©ation mĂ©dicalement assistĂ©e, les nanotechnologies ou la biologie synthĂ©tique nous permettent d’obtenir de la vie biologique des effets dont elle paraissait incapable. 3Reste que la puissance de dĂ©voilement de la science et l’impact des techno-sciences sur les modes de vie provoquent dĂ©sormais des rĂ©actions de rĂ©sistance qui semblent de plus en plus fortes, qu’elles soient d’ordre culturel, social ou idĂ©ologique ces rĂ©actions peuvent ĂȘtre le dĂ©sir de rĂ©affirmer son autonomie face Ă  un processus qui semble nous Ă©chapper ; ou bien l’envie de dĂ©fendre des idĂ©aux alternatifs contre la menace d’un modĂšle unique de comprĂ©hension ou de dĂ©veloppement ; ou bien encore la volontĂ© de rendre sa pertinence au dĂ©bat dĂ©mocratique quand la complexitĂ© des problĂšmes tend Ă  le confisquer au profit des seuls et sociĂ©tĂ© un rapport ambivalent4Notre rapport Ă  la science est Ă  l’évidence devenu ambivalent. Cela peut se voir sous forme condensĂ©e en mettant l’une en face de l’autre les deux rĂ©alitĂ©s suivantes d’une part, la science nous semble constituer, en tant qu’idĂ©alitĂ© c’est-Ă -dire en tant que dĂ©marche de connaissance d’un type trĂšs particulier qui permet d’accĂ©der Ă  des connaissances qu’aucune autre dĂ©marche ne peut produire, le fondement officiel de notre sociĂ©tĂ©, censĂ© remplacer l’ancien socle religieux nous ne sommes certes pas gouvernĂ©s par la science elle-mĂȘme, mais au nom de quelque chose qui a Ă  voir avec elle. C’est ainsi que dans toutes les sphĂšres de notre vie, nous nous trouvons dĂ©sormais soumis Ă  une multitude d’évaluations, lesquelles ne sont pas prononcĂ©es par des prĂ©dicateurs religieux ou des idĂ©ologues illuminĂ©s elles se prĂ©sentent dĂ©sormais comme de simples jugements d’ experts », c’est-Ă -dire qu’elles sont censĂ©es ĂȘtre effectuĂ©es au nom de savoirs et de compĂ©tences de type scientifique, et donc, Ă  ce titre, impartiaux et objectifs. Par exemple, sur nos paquets de cigarettes, il n’est pas Ă©crit que fumer dĂ©plaĂźt Ă  Dieu ou compromet le salut de notre Ăąme, mais que fumer tue ». Un discours scientifique, portant sur la santĂ© du corps, a pris la place d’un discours thĂ©ologique qui, en l’occurrence, aurait plutĂŽt portĂ© sur le salut de l’ñme. 5Mais d’autre part – et c’est ce qui fait toute l’ambiguĂŻtĂ© de l’affaire –, la science, dans sa rĂ©alitĂ© pratique, est questionnĂ©e comme jamais, contestĂ©e, remise en cause, voire marginalisĂ©e. Elle est Ă  la fois objet de dĂ©saffection de la part des Ă©tudiants les jeunes, dans presque tous les pays dĂ©veloppĂ©s, se destinent de moins en moins aux Ă©tudes scientifiques, de mĂ©connaissance effective dans la sociĂ©tĂ© nous devons bien reconnaĂźtre que collectivement, nous ne savons pas trop bien ce qu’est la radioactivitĂ©, en quoi consiste un OGM, ce que sont et oĂč se trouvent les quarks, ce qu’implique la thĂ©orie de la relativitĂ© et ce que dirait l’équation E = mc2 si elle pouvait parler, et, enfin et surtout, elle subit toutes sortes d’attaques, d’ordre philosophique ou politique. 6La plus importante de ces attaques me semble ĂȘtre le relativisme radical » cette Ă©cole philosophique ou sociologique dĂ©fend l’idĂ©e que la science a pris le pouvoir non parce qu’elle aurait un lien privilĂ©giĂ© avec le vrai », mais en usant et abusant d’arguments d’autoritĂ©. En somme, il ne faudrait pas croire Ă  la science plus qu’à n’importe quelle autre dĂ©marche de connaissance. Monsieur, personnellement, je ne suis pas d’accord avec Einstein
 »7Une anecdote m’a permis de prendre conscience de cette Ă©volution. RĂ©cemment, j’ai eu l’occasion de donner un cours de relativitĂ© et non de relativisme
 Ă  de futurs ingĂ©nieurs. Alors que je venais d’effectuer un calcul montrant que la durĂ©e d’un phĂ©nomĂšne dĂ©pend de la vitesse de l’observateur, un Ă©tudiant prit la parole Monsieur, personnellement, je ne suis pas d’accord avec Einstein ! » J’imaginai qu’il allait dĂ©fendre une thĂ©orie alternative, ou bien rĂ©inventer l’éther luminifĂšre, en tout cas qu’il allait argumenter. Mais il se contenta de dire Je ne crois pas Ă  cette relativitĂ© des durĂ©es que vous venez de dĂ©montrer, parce que je ne la
 sens pas ! » LĂ , j’avoue, j’ai Ă©prouvĂ© une sorte de choc ce jeune homme qui n’avait certainement pas lu Einstein avait suffisamment confiance dans son ressenti » personnel pour s’autoriser Ă  contester un rĂ©sultat qu’un siĂšcle d’expĂ©riences innombrables avait cautionnĂ©. Je dĂ©couvris Ă  cette occasion que lorsqu’elle se transforme en alliĂ©e objective du narcissisme, la subjectivitĂ© semble avoir du mal Ă  s’incliner devant ce qui a Ă©tĂ© objectivĂ© si ce qui a Ă©tĂ© objectivĂ© la dĂ©range ou lui dĂ©plaĂźt. 8On ne saurait donner Ă  cette anecdote une portĂ©e gĂ©nĂ©rale, mais elle me semble tout de mĂȘme indicatrice d’un changement de climat culturel qui explique au passage la facilitĂ© dĂ©concertante avec laquelle a pu se dĂ©velopper en France la vraie-fausse controverse sur le changement climatique. Aujourd’hui, notre sociĂ©tĂ© semble en effet parcourue par deux courants de pensĂ©e apparemment contradictoires. D’une part, on y trouve un attachement intense Ă  la vĂ©racitĂ©, un souci de ne pas se laisser tromper, une dĂ©termination Ă  crever les apparences pour atteindre les motivations rĂ©elles qui se cachent derriĂšre, bref une attitude de dĂ©fiance gĂ©nĂ©ralisĂ©e. Mais Ă  cĂŽtĂ© de ce dĂ©sir de vĂ©racitĂ©, de ce refus d’ĂȘtre dupe, il existe une dĂ©fiance tout aussi grande Ă  l’égard de la vĂ©ritĂ© elle-mĂȘme la vĂ©ritĂ© existe-t-elle ?, se demande-t-on. Si oui, peut-elle ĂȘtre autrement que relative, subjective, culturelle ? Ce qui est troublant, c’est que ces deux attitudes, l’attachement Ă  la vĂ©racitĂ© et la suspicion Ă  l’égard de la vĂ©ritĂ©, qui devraient s’exclure mutuellement, se rĂ©vĂšlent en pratique parfaitement compatibles. Elles sont mĂȘme mĂ©caniquement liĂ©es, puisque le dĂ©sir de vĂ©racitĂ© suffit Ă  enclencher au sein de la sociĂ©tĂ© un processus critique qui vient ensuite fragiliser l’assurance qu’il y aurait des vĂ©ritĂ©s sĂ»res [1]. 9Le fait que l’exigence de vĂ©racitĂ© et le dĂ©ni de vĂ©ritĂ© aillent de pair ne veut toutefois pas dire que ces deux attitudes fassent bon mĂ©nage. Car si vous ne croyez pas Ă  l’existence de la vĂ©ritĂ©, quelle cause votre dĂ©sir de vĂ©racitĂ© servira-t-il ? Ou – pour le dire autrement – en recherchant la vĂ©racitĂ©, Ă  quelle vĂ©ritĂ© ĂȘtes-vous censĂ© ĂȘtre fidĂšle ? Il ne s’agit pas lĂ  d’une difficultĂ© seulement abstraite ni simplement d’un paradoxe cette situation entraĂźne des consĂ©quences concrĂštes dans la citĂ© rĂ©elle et vient nous avertir qu’il y a un risque que certaines de nos activitĂ©s intellectuelles en viennent Ă  se dĂ©sintĂ©grer. 10GrĂące Ă  la sympathie intellectuelle quasi spontanĂ©e dont elles bĂ©nĂ©ficient, les doctrines relativistes contribuent Ă  une forme d’illettrisme scientifique d’autant plus pernicieuse que celle-ci avance inconsciente d’elle-mĂȘme. Au demeurant, pourquoi ces doctrines sĂ©duisent-elles tant ? Sans doute parce que, interprĂ©tĂ©es comme une remise en cause des prĂ©tentions de la science, un antidote Ă  l’arrogance des scientifiques, elles semblent nourrir un soupçon qui se gĂ©nĂ©ralise, celui de l’imposture Finalement, en science comme ailleurs tout est relatif. » Ce soupçon lĂ©gitime une forme de dĂ©sinvolture intellectuelle, de paresse systĂ©matique, et procure mĂȘme une sorte de soulagement dĂšs lors que la science produit des discours qui n’auraient pas plus de vĂ©racitĂ© que les autres, pourquoi faudrait-il s’échiner Ă  vouloir les comprendre, Ă  se les approprier ? Il fait beau n’a-t-on pas mieux Ă  faire qu’apprendre sĂ©rieusement la physique, la biologie ou les statistiques ? 11En 1905, Henri PoincarĂ© publiait un livre intitulĂ© La valeur de la science. Un siĂšcle plus tard, cette valeur de la science semble de plus en plus contestĂ©e, non pas seulement par les philosophes d’inspiration subjectiviste ou spiritualiste, toujours prompts Ă  exploiter ce qui ressemble de prĂšs ou de loin Ă  une crise » de la science, mais aussi par une partie de l’opinion. Dans cette mĂ©fiance Ă  l’égard du mode de pensĂ©e scientifique, peut-ĂȘtre faut-il lire une sorte de pusillanimitĂ© Ă  l’égard de la vĂ©ritĂ© et de ses consĂ©quences. On se souvient de ce que Musil disait d’Ulrich, le personnage principal de L’Homme sans qualitĂ©s, dont on devine qu’il aurait sans doute jetĂ© un regard sĂ©vĂšre sur nos façons de penser Pendant des annĂ©es, Ulrich avait aimĂ© la privation spirituelle. Il haĂŻssait les hommes incapables, selon le mot de Nietzsche, “de souffrir la faim de l’ñme par amour de la vĂ©ritĂ©â€ ; ceux qui ne vont pas jusqu’au bout, les timides, les douillets, ceux qui consolent leur Ăąme avec des radotages sur l’ñme et la nourrissent, sous prĂ©texte que l’intelligence lui donne des pierres au lieu de lui donner du pain, de sentiments qui ressemblent Ă  des petits pains trempĂ©s dans du lait. [2] »La science dit-elle le vrai » ?12EngagĂ©s dans une altercation sĂ©culaire, le doute et la certitude forment un couple turbulent mais insĂ©parable, dont les aventures taraudent la rĂ©flexion europĂ©enne depuis ses dĂ©buts le partage entre ce que l’on sait et ce que l’on croit savoir n’a pas cessĂ© de hanter les philosophes, et, de Socrate Ă  Wittgenstein en passant par Pyrrhon et Descartes, les critĂšres du vrai n’ont cessĂ© d’ĂȘtre auscultĂ©s et discutĂ©s. Ce qui est certain, est-ce ce qui a rĂ©sistĂ© Ă  tous les doutes ? Ou bien est-ce ce dont on ne peut pas imaginer de douter ? La vĂ©ritĂ© plane-t-elle au-dessus du monde ou est-elle dĂ©posĂ©e dans les choses et dans les faits ? Peut-on faire confiance Ă  la science pour aller l’y chercher ? 13Ces questions constituent d’inusables sujets de dissertation, ce qui ne les empĂȘche d’avoir une brĂ»lante actualitĂ© l’air du temps accuse dĂ©sormais la science d’ĂȘtre un rĂ©cit parmi d’autres et l’invite Ă  davantage de modestie, parfois mĂȘme Ă  rentrer dans le rang ». 14Mais dans le mĂȘme temps et c’est ce qui Ă©claire d’une autre maniĂšre l’ambivalence de la situation, les discours scientifiques aux accents triomphalistes prolifĂšrent une certaine biologie prĂ©tend bientĂŽt nous dire de façon intĂ©grale et dĂ©finitive ce qu’il en est vraiment de la vie ; et rĂ©guliĂšrement, des physiciens thĂ©oriciens aux allures de cadre supĂ©rieur de chez MĂ©phistophĂ©lĂšs affirment qu’ils sont en passe de dĂ©couvrir la ThĂ©orie du Tout » qui permettra une description Ă  la fois exacte et totalisante de ce qui est. Le physicien amĂ©ricain Brian Greene, par exemple, dĂ©clare attendre de la thĂ©orie des supercordes, actuellement Ă  l’ébauche, qu’elle dĂ©voile le mystĂšre des vĂ©ritĂ©s les plus fondamentales de notre Univers [3] ». Quant Ă  Stephen Hawking, il concluait l’un de ses livres par ces mots incroyables Si nous parvenons vraiment Ă  dĂ©couvrir une thĂ©orie unificatrice, elle devrait avec le temps ĂȘtre comprĂ©hensible par tout le monde dans ses grands principes, pas seulement par une poignĂ©e de savants. Philosophes, scientifiques et personnes ordinaires, tous seront capables de prendre part Ă  la discussion sur le pourquoi de notre existence et de notre univers. Et si nous trouvions un jour la rĂ©ponse, ce sera le triomphe de la raison humaine, qui nous permettrait alors de connaĂźtre la pensĂ©e de Dieu. [4] » La pensĂ©e de Dieu ? Bigre ! Comme s’il allait de soi que Dieu pense », et qu’une Ă©quation pourrait nous dire ce qu’Il pense
 15Aujourd’hui, s’agissant de sa capacitĂ© Ă  saisir la vĂ©ritĂ© des choses, la science se trouve manifestement tiraillĂ©e entre l’excĂšs de modestie et l’excĂšs d’enthousiasme. 16La vĂ©ritĂ©, un idĂ©al rĂ©gulateur ». – Einstein expliquait sa motivation inoxydable par son besoin irrĂ©sistible de s’évader hors de la vie quotidienne, de sa douloureuse grossiĂšretĂ© et de sa dĂ©solante monotonie [5] », et d’espĂ©rer ainsi dĂ©couvrir des vĂ©ritĂ©s scientifiques ». DĂ©tourner les chercheurs de cet idĂ©al rĂ©gulateur, de cette force motrice, reviendrait Ă  dĂ©tendre les ressorts de leur engagement, de leur volontĂ©, de leur motivation. Pour espĂ©rer avancer, ils doivent impĂ©rativement croire sinon Ă  l’accessibilitĂ© de la vĂ©ritĂ©, du moins Ă  la possibilitĂ© de dĂ©masquer les contre-vĂ©ritĂ©s. Et sans doute doivent-ils aussi adhĂ©rer implicitement Ă  une conception modĂ©rĂ©ment optimiste, selon laquelle la vĂ©ritĂ©, dĂšs lors qu’elle est dĂ©voilĂ©e, peut-ĂȘtre reconnue comme telle ; et, si elle ne se rĂ©vĂšle pas d’elle-mĂȘme, croire qu’il suffit d’appliquer la mĂ©thode scientifique pour finir par s’en approcher, voire la dĂ©couvrir personne ne veut passer sa vie Ă  effectuer un travail Ă  la Sisyphe. 17Pareille attitude, assez rĂ©pandue, ne signifie nullement que les chercheurs puissent trouver la vĂ©ritĂ©, mais au moins qu’ils la cherchent. Et s’ils la cherchent, c’est qu’ils ne l’ont pas encore trouvĂ©e. D’oĂč leurs airs tantĂŽt arrogants parce qu’à force de chercher, ils obtiennent des rĂ©sultats, font des dĂ©couvertes, accroissent leurs connaissances, tantĂŽt humbles parce que, du fait qu’ils continuent de chercher, ils ne peuvent jamais prĂ©tendre avoir bouclĂ© leur affaire. Dans son Ă©lan mĂȘme, l’activitĂ© scientifique a donc partie liĂ©e avec l’idĂ©e de vĂ©ritĂ© c’est bien elle qu’elle vise plutĂŽt que l’erreur. Pour autant, le lien science-vĂ©ritĂ© est-il exclusif ? La science a-t-elle le monopole absolu du vrai » ? Serait-elle la seule activitĂ© humaine qui soit indĂ©pendante de nos affects, de notre culture, de nos grands partis pris fondateurs, du caractĂšre contextuel de nos systĂšmes de pensĂ©e ? Tel semble ĂȘtre le grand dĂ©bat d’aujourd’hui. 18Quelques-unes des thĂšses en prĂ©sence. – Certains soutiennent qu’il n’y a pas d’autre saisie objective du monde que la conception scientifique le monde ne serait rien de plus que ce que la science en dit ; avec leur symbolisme purifiĂ© des scories des langues historiques, les Ă©noncĂ©s scientifiques dĂ©crivent le rĂ©el ; les autres Ă©noncĂ©s, qu’ils soient mĂ©taphysiques, thĂ©ologiques ou poĂ©tiques, ne font qu’exprimer des Ă©motions ; bien sĂ»r, cela est parfaitement lĂ©gitime, et mĂȘme nĂ©cessaire, mais il ne faut pas confondre les ordres. 19Aux antipodes de cette conception positiviste, d’autres considĂšrent que la vĂ©ritĂ© est surtout un mot creux, une pure convention. Elle ne saurait donc ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une norme de l’enquĂȘte scientifique, et encore moins comme le but ultime des recherches. Certains sociologues des sciences ont ainsi pu prĂ©tendre que les thĂ©ories scientifiques tenues pour vraies » ou fausses » ne l’étaient pas en raison de leur adĂ©quation ou inadĂ©quation avec des donnĂ©es expĂ©rimentales, mais seulement en vertu d’intĂ©rĂȘts purement sociologiques [6]
 En clair, il faudrait considĂ©rer que toutes nos connaissances sont conventionnelles et artificielles, donc gommer l’idĂ©e qu’elles pourraient avoir le moindre lien avec la rĂ©alitĂ©. 20Ces auteurs dĂ©noncent Ă©galement l’idĂ©ologie de l’objectivitĂ© scientifique, arguant que les chercheurs sont des gens partisans, intĂ©ressĂ©s, et que leurs jugements sont affectĂ©s par leur condition sociale, leurs ambitions ou leurs croyances. Selon eux, l’objectivitĂ© de la science devrait nĂ©cessairement impliquer l’impartialitĂ© individuelle des scientifiques eux-mĂȘmes elle serait une sorte de point de vue de nulle part, situĂ© au-dessus des passions, des intuitions et des prĂ©jugĂ©s. Or, avancent-ils, la plupart du temps, les chercheurs ne sont pas impartiaux. Par exemple, ils ne montrent guĂšre d’empressement Ă  mettre en avant les faiblesses de leurs thĂ©ories ou de leurs raisonnements. L’esprit scientifique, au sens idĂ©al du terme, serait donc introuvable, et la prĂ©tendue objectivitĂ© de la science ne serait que la couverture idĂ©ologique de rapports de forces dans lesquels la nature n’a pas vraiment son mot Ă  dire. Tout serait créé, et en dĂ©finitive, la physique en dirait moins sur la nature que sur les physiciens. 21La meilleure parade contre ce genre de raisonnements consiste sans doute Ă  faire remarquer que si l’objectivitĂ© de la science Ă©tait entiĂšrement fondĂ©e sur l’impartialitĂ© ou l’objectivitĂ© de chaque scientifique, nous devrions lui dire adieu. Nous vivons tous dans un ocĂ©an de prĂ©jugĂ©s et les scientifiques n’échappent pas Ă  la rĂšgle. S’ils parviennent Ă  se dĂ©faire de certains prĂ©jugĂ©s dans leur domaine de compĂ©tence, ce n’est donc pas en se purifiant l’esprit par une cure de dĂ©sintĂ©ressement. C’est plutĂŽt en adoptant une mĂ©thode critique qui permet de rĂ©soudre les problĂšmes grĂące Ă  de multiples conjectures et tentatives de rĂ©futation, au sein d’un environnement institutionnel qui favorise ce que Karl Popper appelait la coopĂ©ration amicalement hostile des citoyens de la communautĂ© du savoir ». Si consensus il finit par y avoir, celui-ci n’est donc jamais atteint qu’à la suite d’un dĂ©bat contradictoire ouvert. Ce consensus n’est pas lui-mĂȘme un critĂšre absolu de vĂ©ritĂ©, mais le constat de ce qui est, Ă  un moment donnĂ© de l’histoire, acceptĂ© par la majoritĂ© d’une communautĂ© comme une thĂ©orie susceptible d’ĂȘtre vraie. 22N’y a-t-il pas en outre quelque chose de bancal dans l’argumentation des relativistes les plus radicaux ? Car contrairement Ă  ce qui se passe avec l’histoire – oĂč la contestation de l’histoire officielle doit elle-mĂȘme s’appuyer sur l’histoire, c’est-Ă -dire sur de nouvelles donnĂ©es historiques – les dĂ©nonciations des sciences exactes ne se basent jamais sur des arguments relevant des sciences exactes. Elles s’appuient toujours sur l’idĂ©e Ă©tonnante qu’une certaine sociologie des sciences serait mieux placĂ©e pour dire la vĂ©ritĂ© des sciences que les sciences ne le sont pour dire la vĂ©ritĂ© du monde
 En somme, il faudrait se convaincre que la vĂ©ritĂ© n’existe pas, sauf lorsqu’elle sort de la bouche des sociologues des sciences qui disent qu’elle n’existe pas
 23Certes, nul n’ignore que, par exemple, des intĂ©rĂȘts militaires ont contribuĂ© Ă  l’essor de la physique nuclĂ©aire. Cela relĂšve d’ailleurs de la plus parfaite Ă©vidence la pĂ©riphĂ©rie de la science et son contexte social influencent son dĂ©veloppement. Mais de lĂ  Ă  en dĂ©duire que de tels intĂ©rĂȘts dĂ©termineraient, Ă  eux seuls, le contenu mĂȘme des connaissances scientifiques, il y a un pas qui me semble intellectuellement infranchissable. Car si tel Ă©tait le cas, on devrait pouvoir montrer que nos connaissances en physique nuclĂ©aire exprimeraient, d’une maniĂšre ou d’une autre, un intĂ©rĂȘt militaire ou gĂ©opolitique. Or, si l’humanitĂ© dĂ©cidait un jour de se dĂ©barrasser de toutes ses armes nuclĂ©aires, il est peu probable que cette dĂ©cision changerait ipso facto les mĂ©canismes de la fission de l’uranium ou du plutonium
L’efficacitĂ© de la science tiendrait-elle du miracle ?24Si l’atome et la physique quantique, pour ne prendre que ces deux exemples, n’étaient que de simples constructions sociales, il faudrait aussi expliquer par quelle succession de miracles » – oui, c’est le mot – on a pu parvenir Ă  concevoir des lasers. Si les lasers existent et fonctionnent, n’est-ce pas l’indice qu’il y a un peu de vrai » dans les thĂ©ories physiques Ă  partir desquelles on a pu les concevoir, de vrai » avec autant de guillemets que l’on voudra et un v » aussi minuscule qu’on le souhaitera ? En dĂ©finitive, le fait que les lasers fonctionnent n’est-il pas la preuve rĂ©trospective que Planck, Einstein et les autres avaient bel et bien compris deux ou trois choses non seulement Ă  propos d’eux-mĂȘmes ou de leur culture, mais – osons le dire – Ă  propos des interactions entre la lumiĂšre et la matiĂšre ? 25La sociologie des sciences a certainement raison d’insister sur l’importance du contexte dans la façon dont la science se construit. Mais faut-il tirer de ce constat, au bout du compte, des conclusions aussi relativistes que certaines des siennes ? Il est permis d’en douter. Car il serait difficile d’expliquer d’oĂč vient que les thĂ©ories physiques, telles la physique quantique ou la thĂ©orie de la relativitĂ©, marchent » si bien si elles ne disent absolument rien de vrai. Comment pourraient-elles permettre de faire des prĂ©dictions aussi merveilleusement prĂ©cises si elles n’étaient pas d’assez bonnes reprĂ©sentations de ce qui est ce serait trop dire cependant que d’en dĂ©duire qu’elles ne peuvent dĂšs lors qu’ĂȘtre vraies. En la matiĂšre, le miracle – l’heureuse coĂŻncidence – est trĂšs peu plausible. Mieux vaut donc expliquer le succĂšs prĂ©dictif des thĂ©ories physiques nous parlons ici de celles qui n’ont jamais Ă©tĂ© dĂ©menties par l’expĂ©rience en supposant qu’elles nous parlent de la nature, et qu’elles arrivent Ă  se rĂ©fĂ©rer, plus ou moins bien, Ă  cette rĂ©alitĂ©-lĂ . Et que, sans arguments complĂ©mentaires, nos affects, nos prĂ©jugĂ©s, nos intuitions ne sont guĂšre en mesure de les contester sur leur terrain de jeu. 26Reste bien sĂ»r que les sciences ne traitent vraiment bien que des questions
 scientifiques. Or celles-ci ne recouvrent pas l’ensemble des questions qui se posent Ă  nous. Du coup, l’universel que les sciences mettent au jour est, par essence, incomplet il n’aide guĂšre Ă  trancher les questions qui restent en dehors de leur champ. En particulier, il ne permet pas de mieux penser l’amour, la libertĂ©, la justice, les valeurs en gĂ©nĂ©ral, le sens qu’il convient d’accorder Ă  nos vies. L’universel que produisent les sciences ne dĂ©finit pas davantage la vie telle que nous aimerions ou devrions la vivre, ni ne renseigne sur le sens d’une existence humaine comment vivre ensemble ? Comment se tenir droit et au nom de quoi le faire ? De telles questions sont certes Ă©clairĂ©es par la science, et mĂȘme modifiĂ©es par elle – un homme qui sait que son espĂšce n’a pas cessĂ© d’évoluer et que l’univers est vieux d’au moins 13,7 milliards d’annĂ©es ne se pense pas de la mĂȘme façon qu’un autre qui croit dur comme fer qu’il a Ă©tĂ© créé tel quel en six jours dans un univers qui n’aurait que six mille ans –, mais leur rĂ©solution ne peut se faire qu’au-delĂ  de son horizon. Notes [*] Physicien, Directeur de recherche au CEA. [1] On trouvera une excellente analyse de ce paradoxe dans l’ouvrage de Bernard Williams, VĂ©ritĂ© et vĂ©racitĂ©, NRF Essais, Gallimard, 2006. [2] Robert Musil, L’Homme sans qualitĂ©s, traduit par Philippe Jaccottet, Seuil, vol. I, 2004, chap. XIII, p. 67-68. [3] Brian Greene, L’Univers Ă©lĂ©gant, trad. C. Laroche, Paris, Robert Laffont, 2000, p. 37. [4] Stephen Hawking, Une brĂšve histoire du temps, trad. I. Naddeo-Souriau, Paris, Flammarion, 1989, p. 213. [5] Albert Einstein, Autoportrait, Inter-Editions, 1980, p. 86. [6] Steven Shapin et Simon Schaffer Ă©crivent par exemple ceci En reconnaissant le caractĂšre conventionnel et artificiel de toutes nos connaissances, nous ne pouvons faire autrement que de rĂ©aliser que c’est nous-mĂȘmes, et non la rĂ©alitĂ©, qui sommes Ă  l’origine de ce que nous savons » LĂ©viathan et la pompe Ă  air. Hobbes et Boyle entre science et politique, tr. Thierry PiĂ©lat, Paris, Éditions La DĂ©couverte, 1993, p. 344. Scienceen questions, le samedi de 16h Ă  17h sur France Culture. Dans cette nouvelle Ă©mission dĂ©diĂ©e Ă  la science et Ă  ses spĂ©cialistes, Étienne Klein et ses invitĂ©s mettent en lumiĂšre les savoirs des scientifiques, les questions qu’ils se posent et les moyens mis en Ɠuvre pour trouver des rĂ©ponses. Accueil.
Cette semaine, on a appris qu’au QuĂ©bec, un naturopathe a conseillĂ© Ă  une maman, sur Facebook, d’insĂ©rer une poire rectale dans l’anus de son bĂ©bĂ© de trois semaines et demi pour lui faire un lavement. La raison ? La maman en question pensait qu’il avait mal au ventre parce qu’elle l’allaitait en suivant un rĂ©gime dĂ©tox. ProcĂ©der Ă  un lavement sur un bĂ©bĂ© aussi jeune est potentiellement trĂšs dangereux. C’est aussi illĂ©gal pour un naturopathe de proposer un tel traitement, comme comme l’ont reconnu le fautif et son employeur, la comĂ©dienne Jacynthe RenĂ©. J’invite le CollĂšge des mĂ©decins Ă  visiter le site de l’Association des naturopathes agréés du QuĂ©bec oĂč figure la dĂ©finition suivante La naturopathie est l’art et la science visant Ă  promouvoir un niveau de santĂ© optimal par le recours Ă  des moyens naturels et Ă©cologiques. Le naturopathe agréé perçoit l’individu dans sa globalitĂ©. Pour lui, les symptĂŽmes de la maladie sont des signaux d’alarme d’un dysfonctionnement dont il devra identifier la ou les origines. Il soigne en s’opposant aux causes vĂ©ritables d’un dĂ©sĂ©quilibre interne, sans rĂ©primer ou entraver les rĂ©actions de dĂ©fense et d’autorĂ©gulation de l’organisme. » Oui, vous avez bien lu. Il identifie des symptĂŽmes » et Il soigne » 
 mĂȘme si c’est illĂ©gal de le faire. Pourquoi laisse-t-on passer cette infraction Ă©vidente Ă  la Loi mĂ©dicale ? Parce que la naturopathie est une bĂ©quille bien pratique pour calmer la grogne populaire liĂ©e au manque d’accessibilitĂ© du systĂšme de santĂ© ? Parce que les moyens naturels », ce n’est pas si dangereux que ça ? Parce que laisser la population se faire berner par des charlatans, ce n’est pas grave ? Faux. Un problĂšme d’honnĂȘtetĂ© Soigner par la nature, c’est comme la tarte aux pommes difficile d’ĂȘtre contre. Mais procĂ©der Ă  un lavement ou suivre une cure dĂ©tox, ce n’est pas naturel. Nos intestins ne sont pas conçus pour qu’on y injecte quoi que ce soit, et notre corps n’a pas besoin d’un rĂ©gime pour Ă©liminer de quelconques toxines. Avaler des vitamines – qui sont pour la plupart produites par de grands industriels de la chimie comme BASF, soit dit en passant – ou prendre des comprimĂ©s homĂ©opathiques, ce n’est pas naturel non plus. C’est faire preuve d’une incroyable naĂŻvetĂ© ou d’aveuglement volontaire que de croire que les entreprises et les individus qui Ɠuvrent dans l’industrie des produits naturels sont nĂ©cessairement vertueux. Il suffit d’ailleurs de visiter leurs sites web pour constater que la transparence sur leurs sources d’approvisionnements, les procĂ©dĂ©s de production, les preuves de l’efficacitĂ© des traitements et la gouvernance n’est pas une vertu rĂ©pandue. Juste depuis le dĂ©but de cette annĂ©e, SantĂ© Canada a trouvĂ© dans des magasins au pays des herbes mĂ©dicinales contenant du Viagra, plusieurs autres bourrĂ©s de bactĂ©ries salmonelles, pseumonia et des multivitamines non homologuĂ©es dont l’étiquette invitait Ă  consommer des doses dangereuses de vitamines A et K et un autre produit ne contenant pas la dose indiquĂ©e. Dans la nature » que l’on nous vend, il y a aussi des plantes cultivĂ©es Ă  l’échelle industrielle avec moult engrais et pesticides, il y a des procĂ©dĂ©s d’extraction Ă©nergivores utilisant des solvants, il y a des rĂ©coltes illĂ©gales de plantes menacĂ©es et beaucoup, beaucoup, d’agents de remplissage comme du sucre, de l’amidon et de l’eau. Certes, il y a sans doute aussi de bons produits. Mais les exigences lĂ©gales sont tellement minces pour les producteurs, et ce qu’ils doivent inscrire sur les Ă©tiquettes de leurs produits est tellement peu dĂ©taillĂ©, qu’on ne peut juger de la qualitĂ© qu’en faisant confiance
 les yeux fermĂ©s. Les naturopathes prĂ©tendent souvent savoir distinguer les bons produits des mauvais, mais quelles preuves avons-nous de leur compĂ©tence? La naturopathie n’est pas une discipline encadrĂ©e par un ordre professionnel, contrairement Ă  la mĂ©decine, la pharmacie, la physiothĂ©rapie ou la psychologie. Il existe de multiples associations de naturopathes, qui sĂ©lectionnent leurs membres de toutes sortes de maniĂšres et reconnaissent des pelletĂ©es de formations dont on ne sait pas trop ce qu’elles valent car elles sont donnĂ©es par des organisations pour la plupart privĂ©es. Le seul moyen dont on dispose aujourd’hui pour juger de la qualification et de l’honnĂȘtetĂ© de tous ces gens, c’est de leur poser des questions et de faire ses propres recherches pour vĂ©rifier si ce qu’ils nous disent semble sensĂ©. La premiĂšre question Ă  poser, c’est celle de l’efficacitĂ© et de la sĂ©curitĂ© des traitements. Un problĂšme d’efficacitĂ© Une toute petite fraction des traitements promus par les naturopathes ont rĂ©ellement fait les preuves de leur efficacitĂ©. La plupart du temps, on profite de la crĂ©dulitĂ© des clients pour leur servir en guise de preuve des tĂ©moignages de gens satisfaits, l’endossement par des pseudo-sommitĂ©s multipliant les titres scientifiques ronflants et pas toujours vĂ©ridiques, ou alors de rares Ă©tudes Ă  la mĂ©thodologie douteuse. Quant aux Ă©tudes qui montrent que ces traitements ne sont pas plus efficaces que des placĂ©bos, on prĂ©fĂšre gĂ©nĂ©ralement les balayer sous le tapis ou agiter une quelconque thĂ©orie du complot pour les discrĂ©diter. C’est vrai, la nature est remplie de plantes aux vertus mĂ©dicinales qui peuvent avoir des effets sur l’organisme humain. Mais comment faut-il les utiliser pour qu’elles soient rĂ©ellement bĂ©nĂ©fiques et avec quelles prĂ©cautions? Ni l’industrie des produits naturels, ni les compagnies pharmaceutiques ne font beaucoup d’efforts pour qu’on y voie plus clair, avec de solides Ă©tudes Ă  grandes Ă©chelle qui risqueraient de mettre en pĂ©ril leurs affaires respectives. On manque cruellement de preuve. Un problĂšme de sĂ©curitĂ© Dans le livre Principles and Practices of Phytotherapy, une bible du traitement par les plantes Ă©crite par deux chercheurs spĂ©cialistes, un chapitre entier est consacrĂ© aux questions de sĂ©curitĂ©. En mĂ©decine, explique les auteurs, on considĂšre qu’il est impossible qu’une substance qui agit vĂ©ritablement sur l’organisme puisse ne pas avoir d’effets secondaires potentiellement indĂ©sirables. Les naturopathes, eux, considĂšrent que, mĂȘme s’il faut se mĂ©fier des effets secondaires des traitements, la trĂšs longue histoire du traitement par les plantes a permis de faire la preuve qu’il est possible qu’un extrait de plante puisse agir sans nuire. VoilĂ  une idĂ©e trĂšs sĂ©duisante
 mais qui n’est absolument pas prouvĂ©e, prĂ©viennent les auteurs. En effet, on sait que, pour diverses raisons, les effets indĂ©sirables des produits naturels ont rarement Ă©tĂ© rapportĂ©s Ă  travers l’histoire, et qu’ils continuent Ă  ĂȘtre sous-dĂ©clarĂ©s. Et que jusqu’à prĂ©sent, Ă  chaque fois qu’on a sĂ©rieusement Ă©tudiĂ© l’effet d’une plante, on a trouvĂ© que si elle peut ĂȘtre efficace pour soulager quelque chose, elle peut engendrer des effets indĂ©sirables. Ces effets peuvent ĂȘtre tout aussi sĂ©rieux que ceux que l’on attribue Ă  des mĂ©dicaments, quand les plantes contiennent des molĂ©cules trĂšs actives. Oui, on connait des plantes mĂ©dicinales qui ont causĂ© des cancers, des insuffisantes rĂ©nales sĂ©vĂšres et de sĂ©rieux problĂšmes au foie. Elles ne sont pas Ă  prendre Ă  la lĂ©gĂšre! Le jour oĂč les naturopathes proposeront des traitements Ă©prouvĂ©s, dont on maĂźtrisera la sĂ©curitĂ©, et qu’ils administreront dans un cadre rĂ©glementĂ©, on pourra leur faire confiance. On pourra mĂȘme rembourser les traitements grĂące Ă  l’assurance maladie. Mais en attendant, la plus grande prudence s’impose.
Lemot "ignorance" est utilisĂ© en deux significations. Tout d'abord, c'est un manque intellectuel de culture et d'ignorance. Quand une personne ne connaĂźt pas, par exemple, tout comme Sherlock Holmes, que la Terre tourne autour du Soleil. DeuxiĂšmement, la dĂ©finition de «l'ignorance» a un sens familier – de se comporter de maniĂšre
Forum Futura-Sciences les forums de la science MATIERE Chimie SĂ©paration glycĂ©rol  RĂ©pondre Ă  la discussion Affichage des rĂ©sultats 1 Ă  7 sur 7 23/12/2006, 10h58 1 SĂ©paration glycĂ©rol - Bonjour a tous, C'est mon premier message sur ce forum. Je suis passionnĂ© par la chimie et en fait chez moi. Je suis actuellement confrontĂ© a un problĂšme simple, J'ai fait l'hydrolyse basique d'une huile de cuisine commerciale dans le but d'obtenir du glycĂ©rol. J'ai donc pris un peu d'huile 10 mL et ajoutĂ© des pastilles de NaOH avec un peu d'eau et j'ai fait chauffer un bon momment j'ai obtenu 2 phases. supĂ©rieure apolaire et infĂ©rieure polaire. J'ai donc ajoutĂ© HCl jusqu' a obtenir un pH<7. J'ai sĂ©parĂ© et gardĂ© la phase supĂ©rieure contenant des grumeaux blancs et surement encore un peu d'huile Comment puis-je faire pour obtenir le glycĂ©rol "pur" Je dispose comme solvants -dichloromĂ©thane -cyclohexane -Ă©tOH -benzĂšne 30 mL -acĂ©tone -propan-2-ol -formol -Ă©ther acĂ©tique -alcool isoamylique -bientĂŽt de l'hexane Merci pour votre attention En vous souhaitant de joyeuses fĂȘtes de fin d'annĂ©e. Pierre - 23/12/2006, 17h11 2 felicha Re sĂ©paration glycĂ©rol les savonniers pratiquent ces rĂ©actions et sĂ©parent le sel sodique d'acide gras de la glycerine en ajoutant de l'eau et du chlorure de sodium. Ils obtiennent alors deux phase completement distinctes Une phase huileuse qui surnage et qui est le savon. Car les savons sont insolubles dans l'eau salĂ©e. Une phase aqueuse qui contient la glycerine et le sel. On sĂ©pare les deux couches par dĂ©cantation. Si tu es dans un labo, utilise un ballon de dĂ©cantation. L'eau est Ă©vaporĂ©e par chauffage et le sel prĂ©cipite. La glycerine est sĂ©parĂ©e des cristaux de sel par filtration et Ă©ventuellement distillee sous vide. Tu dois pouvoir trouver pas mal de renseignements en regardant la fabrication du savon. Une industrie qui existait deja dans l'antiquite. 23/12/2006, 20h29 3 Re sĂ©paration glycĂ©rol Je n'aime pas ĂȘtre dĂ©courageant. Mais je dois te dire que, hĂ©las, tu perds ton temps. Dans l'industrie on laisse l'huile et la solution de NaOH une nuit sous agitation Ă  froid, sans alcool. On doit obtenir une seule phase ! Sinon la rĂ©action n'a pas marchĂ©. On verse le tout dans de l'eau salĂ©e saturĂ©e le savon prĂ©cipite au fond. On filtre le savon. Il reste une solution d'eau salĂ©e contenant la glycĂ©rine. On Ă©vapore sous vide l'eau s'Ă©vapore la premiĂšre, et la gylcĂ©rine suit ensuite, et distille quand l'eau est toute Ă©vaporĂ©e. Il existe une mĂ©thode bien plus rapide et plus efficace pour saponifier l'huile en savon. Cela consiste Ă  faire une solution la plus concentrĂ©e possible de NaOH tu recouvre les grains de NaOH avec de l'eau, tu agites et tu attends que NaOH soit dissous. Tu rajoutes un volume double de NaOH, puis un peu d'alcool atuant que le volume de NaOH. Tu agites violemment. La rĂ©ction est immĂ©diate et il se forme une seule phase contenant le savon, l'alcool et la glycĂ©rine. le savon durcit trĂšs vite. mais tu ne peux pas rĂ©cupĂ©rer la glycĂ©rine ainsi. La distillation de la gylcĂ©rine est difficile. Car si on l'effectue Ă  pression ambiante, la glycĂ©rine se dĂ©compose en formant de l'acrolĂ©ine CH2CHCHO qui a une odeur Ă©pouvantable ! 28/12/2006, 15h25 4 Re sĂ©paration glycĂ©rol Merci de votre rĂ©ponse j'ai finalement extrait Ă  l'ether et ça a l'air de marcher A+ Pierre Aujourd'hui A voir en vidĂ©o sur Futura 19/07/2010, 10h57 5 Le Polak Re sĂ©paration glycĂ©rol Bonjour bonjour, Je remets le sujet au goĂ»t du jour, Je travail Ă  l'heure actuelle sur une solution riche en chlorure de sodium et en glycĂ©rine rĂ©sidus de la rĂ©action de saponification. Et je souhaiterais extraire la glycĂ©rine sans chauffer pas de dĂ©penses Ă©nergĂ©tiques. Ma question Ă©tant Existe-t-il des moyens pour extraire la glycĂ©rine sans effectuer une distillation sous vide ? Sachant que la glycĂ©rine est miscible dans l'eau, je pensais utiliser un floculant, mais un floculant pour la glycĂ©rine, j'ai jamais vu ! pour faire une dĂ©cantation. Merci bien ! 19/07/2010, 15h22 6 RuBisCO Re sĂ©paration glycĂ©rol Le Polak, tu viens de reposter le message de ta discussion On dirait que ces deux discussions sont identiques, cela risque de surcharger le forum si on met des topics en double. Comme cette discussion semble plus avancĂ© que l'autre, je propose de tous mettre dans celle-ci. Je mettrais le lien de ce post dans l'autre discussion. "La vraie science est une ignorance qui se sait." Montaigne 19/07/2010, 15h32 7 RuBisCO Re sĂ©paration glycĂ©rol Je me permet de remettre le lien que j'avais mis sur le prĂ©cĂ©dent topic "La vraie science est une ignorance qui se sait." Montaigne Sur le mĂȘme sujet Discussions similaires GlycĂ©rol Par mimi269 dans le forum Chimie RĂ©ponses 6 Dernier message 26/04/2008, 09h52 RĂ©ponses 2 Dernier message 09/12/2006, 13h05 glycĂ©rol Par LTHOMAS dans le forum Chimie RĂ©ponses 2 Dernier message 27/05/2006, 14h37 GlycĂ©rol Par Draune dans le forum Chimie RĂ©ponses 7 Dernier message 01/11/2005, 20h34 GlycĂ©rol Par Butter-Scotch-Tape dans le forum Chimie RĂ©ponses 4 Dernier message 06/04/2005, 11h41 Fuseau horaire GMT +1. Il est actuellement 02h22.
Lavraie science est une ignorance qui se sait. Facebook . Twitter. Pinterest. Email. La vraie science est une ignorance qui se sait. Michel De Montaigne. TAGS; michel-de-montaigne; Article prĂ©cĂ©dent Le bonheur ne se perçoit pas sans esprit et sans vigueur. Article suivant Les sciences humaines d’aujourd’hui sont plus que du domaine du savoir : dĂ©jĂ  des
Les citations cĂ©lĂšbres sur la science 2 Les citations, pensĂ©es et mots de cĂ©lĂ©britĂ©s Aucune science ne profite Ă  celui qui n'y prend goĂ»t. Fernando de Rojas ; La CĂ©lestine - XVIe siĂšcle. De tous les biens, la science est le plus grand, parce qu'on ne peut ni l'enlever Ă  autrui, ni l'acheter, et qu'elle est impĂ©rissable. Gustave Le Bon ; Les civilisations de l'Inde 1893 En matiĂšre de vraie science il y a autant Ă  dĂ©sapprendre qu'Ă  apprendre. Adolphe d'Houdetot ; Dix Ă©pines pour une fleur 1853 Il en est de la science comme de la santĂ© dont on ne connaĂźt jamais mieux le prix que lorsqu'on en a fait un mauvais usage. Adolphe d'Houdetot ; Dix Ă©pines pour une fleur 1853 La science, quand elle est bien digĂ©rĂ©e, n'est que du bon sens et de la raison. Stanislas Leszczynski ; Le philosophe bienfaisant 1764 La mĂ©moire est la facultĂ© qui retient les choses, c'est l'Ă©tui de la science. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Que peut le soleil des sciences sur les gens du monde et du bon ton ? Produire le mĂȘme effet que l'autre soleil sur les glaces du pĂŽle, les argenter et les dorer de ses rayons, mais non les pĂ©nĂ©trer. Jean-Paul Richter ; Les pensĂ©es et rĂ©flexions 1829 La science de quiconque ne croit savoir que ce qu'il sait se rĂ©duit Ă  bien peu de chose. Jean-Jacques Rousseau ; Émile, ou De l'Ă©ducation 1762 La science est une lanterne sourde, qui n'Ă©claire que celui la porte. Louis Joseph Mabire ; Le dictionnaire de maximes 1830 La plus belle de toutes les sciences est celle de l'Ă©ducation des hommes. Victor Cousin ; Les premiers essais de philosophie 1817 Les beaux-arts sont le langage des passions, les sciences celui de la vĂ©ritĂ©. CĂ©cile FĂ©e ; Les maximes et pensĂ©es 1832 L'Ă©tude des sciences positives dĂ©veloppe la passion du vrai, comme l'Ă©tude des beaux-arts dĂ©veloppe l'enthousiasme du beau. CĂ©cile FĂ©e ; Les maximes et pensĂ©es 1832 L'Ɠil est l'emblĂšme de la science. Quand il s'ouvre, il voit d'abord tout en lui ; le progrĂšs de la vision consiste Ă  reculer toujours plus l'objet, Ă  allonger le rayon de sa sphĂšre jusqu'aux Ă©toiles fixes, jusqu'Ă  l'infini. La science voit d'abord tout en Dieu ; son progrĂšs est de reculer toujours plus la cause derniĂšre, d'Ă©tendre la rĂ©gion des causes secondes, d'augmenter le diamĂštre de la sphĂšre divine. Henri-FrĂ©dĂ©ric Amiel ; Journal intime, le 9 mars 1851. Dans les recherches essentielles de science, d'affaires ou de vertu, l'esprit est Ă  la raison ce qu'est le fard Ă  la beautĂ© il flatte au premier coup d'Ɠil, dĂ©plaĂźt au second, et flĂ©trit Ă  la longue. François-Rodolphe Weiss ; Les principes philosophiques et moraux 1785 La vraie beautĂ© ne consiste pas Ă  s'orner le visage, mais Ă  enrichir son Ăąme de science. ThalĂšs de Milet ; Les sentences et adages et maximes - VIe s. av. On peut comparer la science Ă  une belle lampe qui n'Ă©claire qu'autant que la raison s'engage Ă  l'allumer. Jean-NapolĂ©on Vernier ; Les fables, pensĂ©es et poĂ©sies 1865 Si un peu de science Ă©loigne de la poĂ©sie, beaucoup de science y ramĂšne. Victor Cherbuliez ; Miss Rovel 1875 La science est vaste, la vie humaine est bien courte. HonorĂ© de Balzac ; La peau de chagrin 1831 La science est un cadran qui marque l'heure du progrĂšs accompli. Emile de Girardin ; Les questions de mon temps 1836-1846 La vĂ©ritable science est celle qui est cachĂ©e dans le sein, et qu'on produit au dehors quand on veut. Citation persane ; Les sentences et pensĂ©es persanes 1793 Il n'y a qu'une science Ă  enseigner aux enfants, c'est celle des devoirs de l'homme. Jean-Jacques Rousseau ; Émile, ou De l'Ă©ducation 1762 La science, aujourd'hui, cherchera une source d'inspiration au-dessus d'elle ou pĂ©rira. Simone Weil ; La pesanteur et la grĂące 1940-1942 L'Ɠuf vient-il de la poule ou la poule de l'Ɠuf ? VoilĂ  toute la science. HonorĂ© de Balzac ; La peau de chagrin 1831 II en est de la science comme de la beautĂ©, qui doit plutĂŽt se laisser deviner que se montrer. Simon de Bignicourt ; Les pensĂ©es et rĂ©flexions philosophiques 1755 Voulez-vous apprendre les sciences avec facilitĂ© ? Commencez par apprendre votre langue. Étienne Bonnot de Condillac ; Le traitĂ© des systĂšmes 1749 La science ne sert guĂšre qu'Ă  nous donner une idĂ©e de l'Ă©tendue de notre ignorance. FĂ©licitĂ© Robert de Lamennais ; Les pensĂ©es diverses 1854 Qui cherche la science cherche la douleur ; il y a de grandes souffrances dans une grande intelligence. Érasme ; L'Ă©loge de la folie 1521 Le doute est le commencement de la science. Jean-Baptiste de La Roche ; Les pensĂ©es et maximes 1843 Ce n'est pas des richesses, mais de la science que dĂ©pend le bonheur. Antoine Arnauld ; La logique ou L'art de penser 1683 L'ignorance vaut mieux que cette fausse science qui fait que l'on s'imagine savoir ce qu'on ne sait pas. Antoine Arnauld ; La logique ou L'art de penser 1683 La science la plus nĂ©cessaire Ă  la vie humaine, c'est de se connaĂźtre soi-mĂȘme. Jacques-BĂ©nigne Bossuet ; La charitĂ© fraternelle 1666 La science est comme la terre on n'en peut possĂ©der qu'un peu. Voltaire ; Les pensĂ©es philosophiques 1862 On n'est jamais plus ignorant que par la science des choses inutiles. Jean-Jacques de LingrĂ©e ; Les rĂ©flexions, pensĂ©es et maximes 1814 L'Ă©ducation ne donne pas la science, mais les instruments de la science. Nicolas Massias ; Le rapport de la nature Ă  l'homme 1823 La science est le trĂ©sor de l'esprit, le discernement en est la clĂ©. William de Britaine ; La prudence humaine 1689 Avec la science et l'amour, on fait le monde. Anatole France ; Le livre de mon ami 1885 Le philosophe donne Ă  ses Ă©lĂšves sa propre science ; l'apĂŽtre n'est que le tĂ©moin de celui qui sait tout. Adam Mickiewicz ; Les maximes et sentences 1798-1855 La science conduit au savoir ; l'opinion conduit Ă  l'ignorance. Hippocrate ; La loi, IV - IVe s. av. La mort par maladie met la science en Ă©chec, elle a quelque chose d'absurde et d'injuste. Sacha Guitry ; Les pensĂ©es, maximes et anecdotes 1992 La science est la recherche de la connaissance exacte des phĂ©nomĂšnes. Francis Parker Yockey ; Imperium 1948 .
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